Exode

Chapitres 33 et 34

L’Éternel refuse d’accompagner Israël au pays de la promesse. «Je ne monterai pas au milieu de toi, car tu es un peuple de cou roide; de peur que je ne te consume en chemin». (Vers. 3). Au commencement de ce livre, l’Éternel avait pu dire: «J’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu le cri qu’il a jeté à cause de ses exacteurs; car je connais ses douleurs». (Chap. 3:7). Mais maintenant il doit dire: «J’ai vu ce peuple, et voici, c’est un peuple de cou roide». Un peuple affligé est un objet de grâce, mais il faut qu’un peuple de cou roide soit humilié. Le cri d’Israël opprimé avait eu pour réponse la manifestation de la grâce; mais il faut que le chant d’Israël idolâtre rencontre une voix sévère de réprobation.

«Vous êtes un peuple de cou roide; je monterai en un instant au milieu de toi, et je te consumerai; et maintenant, ôte tes ornements de dessus toi, et je saurai ce que je ferai». (Vers. 5). Ce n’est que lorsque nous sommes réellement dépouillés de tous les ornements de la nature, que Dieu peut intervenir en notre faveur. Un pécheur nu peut être revêtu; mais un pécheur couvert d’ornements doit être dépouillé. Il faut que nous soyons dépouillés de tout ce qui appartient au moi, avant que nous puissions être revêtus de ce qui appartient à Dieu.

«Et les fils d’Israël se dépouillèrent de leurs ornements, à la montagne de Horeb». (Vers. 6). Ils étaient là, au pied de cette mémorable montagne; leurs fêtes et leurs chants avaient fait place à d’amères lamentations; ils étaient dépouillés de leurs ornements, et les tables du témoignage étaient réduites en pièces. Telle était leur condition, et Moïse se met immédiatement en devoir d’agir en conséquence. Il ne pouvait plus reconnaître le peuple comme un corps. L’assemblée s’était entièrement souillée, en élevant à la place de Dieu une idole de sa propre fabrication; un veau, au lieu de l’Éternel. «Et Moïse prit une tente, et la tendit pour lui hors du camp, loin du camp, et il l’appela la tente d’assignation». Le camp n’est donc plus reconnu comme le lien de la présence de Dieu. Dieu n’était plus là, et ne pouvait plus s’y trouver, car il avait été déplacé par une invention humaine. En conséquence, un nouveau centre de rassemblement fut formé. «Et tous ceux qui cherchaient l’Éternel sortirent vers la tente d’assignation qui était hors du camp». (Vers. 7).

Ceci renferme une précieuse vérité, que saisira promptement l’homme spirituel. La place que Christ occupe maintenant est «hors du camp» (Héb. 13:13). Il faut une grande soumission à la parole de Dieu pour savoir exactement ce qu’est réellement «le camp», et beaucoup d’énergie spirituelle pour en sortir, et plus encore, pour pouvoir, quand «on en est éloigné», agir envers ceux qui sont dans le camp, dans la puissance combinée de la sainteté et de la grâce: sainteté, qui sépare de la souillure du camp; grâce, qui nous rend capables d’agir en faveur de ceux qui sont dedans.

«Et l’Éternel parlait à Moïse face à face, comme un homme parle avec son ami; et Moïse retournait au camp; et son serviteur Josué, fils de Nun, jeune homme, ne sortait pas de l’intérieur de la tente». (Vers. 11). Moïse fait preuve d’un plus haut degré d’énergie spirituelle que Josué. Il est bien plus facile de se séparer, que d’agir comme il convient envers ceux qui sont dans le camp. «Et Moïse dit à l’Éternel: Regarde, tu me dis: fais monter ce peuple; et tu ne m’as pas fait connaître celui que tu enverras avec moi; et tu as dis: je te connais par nom, et tu as aussi trouvé grâce à mes yeux». (Vers. 12). Moïse supplie que la face de Dieu l’accompagne, comme preuve qu’il a trouvé grâce devant ses yeux. S’il était question de justice seulement, l’Éternel ne pourrait que consumer le peuple, car c’est «un peuple de cou roide». Mais dès qu’il s’agit de grâce, en rapport avec le médiateur, le fait même que c’est un peuple de cou roide devient un motif d’intercession pour demander la présence de l’Éternel. «Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, Seigneur, que le Seigneur marche, je te prie, au milieu de nous; car c’est un peuple de cou roide; et pardonne nos iniquités et nos péchés, et prends-nous pour héritage». (34:9). Ceci est d’une touchante beauté. «Un peuple de cou roide» avait besoin de la grâce illimitée et de l’inépuisable patience de Dieu. Lui seul pouvait le supporter.

«Et l’Éternel dit: Ma face ira, et je te donnerai du repos». (33:14). Quelle part précieuse! Quelle espérance bénie! La présence de Dieu avec nous, pendant toute la traversée du désert, et le repos éternel à la fin! La grâce qui répond à nos besoins présents, et la gloire pour notre part à venir! Oui, nos cœurs peuvent s’écrier: «Seigneur, c’est assez!»

Au chapitre 34, Dieu donne les secondes tables, non pas pour être brisées comme les premières, mais pour être cachées dans l’arche, au-dessus de laquelle, nous l’avons déjà remarqué, l’Éternel devait prendre place, comme Seigneur de toute la terre en gouvernement moral. «Et Moïse tailla deux tables de pierre comme les premières, et se leva de bon matin, et monta sur la montagne de Sinaï, comme l’Éternel le lui avait commandé, et prit en sa main les deux tables de pierre. Et l’Éternel descendit dans la nuée, et se tint là avec lui, et cria le nom de l’Éternel. Et l’Éternel passa devant lui, et cria: L’Éternel, l’Éternel! Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté et en vérité, gardant la bonté envers des milliers de générations, pardonnant l’iniquité, la transgression et le péché, et qui ne tient nullement celui qui en est coupable pour innocent, qui visite l’iniquité des pères sur les fils, et sur les fils des fils, sur la troisième et sur la quatrième génération!» (Vers. 4-7). Ici, il faut s’en souvenir, Dieu est vu dans son gouvernement du monde, et non tel qu’il se manifeste à la croix, tel qu’il apparaît en la face de Jésus Christ, et qu’il est proclamé dans l’évangile de sa grâce. Dieu, dans l’évangile, est dépeint par les paroles suivantes: «Et toutes choses sont du Dieu, qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ, et qui nous a donné le service de la réconciliation, savoir, que Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes, et mettant en nous la parole de la réconciliation». (2 Cor. 5:18, 19). Ne point «tenir pour innocent, et n’imputer point», présente deux idées de Dieu totalement différentes. «Visitant les iniquités et les ôtant» n’est pas la même chose; la première, c’est Dieu, agissant dans son gouvernement; la seconde, c’est Dieu, agissant dans l’évangile. Dans le chap. 3 de la 2e épître aux Corinthiens, l’apôtre met en opposition le ministère du chap. 34 de l’Exode, avec «le ministère» de l’évangile. Il vaut la peine d’étudier avec soin ce chapitre; on y voit que celui qui considère le caractère de Dieu, tel qu’il fut révélé à Moïse sur la montagne d’Horeb, comme l’expression du caractère que Dieu revêt dans l’évangile, ne peut avoir de celui-ci qu’une idée bien défectueuse. Je ne découvre, ni ne puis découvrir les profonds secrets du cœur du Père, ni dans la création, ni dans le gouvernement moral. L’enfant prodigue aurait-il trouvé sa place dans les bras de Celui qui se révéla sur le mont Sinaï? Assurément non. Mais Dieu s’est révélé lui-même dans la face de Jésus Christ; il a révélé tous ses attributs, en une divine harmonie, dans l’œuvre de la croix. Là, «la bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées» (Ps. 85:11). Le péché est entièrement ôté, et le pécheur qui croit, parfaitement justifié «par le sang de sa croix» (Col. 1:20).

Quand nous pouvons voir Dieu ainsi révélé, nous ne pouvons, comme Moïse, que «nous incliner jusqu’à terre et nous prosterner» (Vers. 8). C’est l’attitude qui convient à un pécheur pardonné et reçu dans la présence de Dieu.