Esther

Chapitre 7

Esther fait connaître son origine

L’heure du festin est arrivée; Assuérus réitère pour la troisième fois à Esther l’offre de la moitié de son royaume. Quoi qu’il arrive, elle peut avoir une pleine confiance, la promesse ayant été deux fois confirmée par la bouche du roi; aussi s’enhardit-elle tout à fait: «Si j’ai trouvé faveur à tes yeux, ô roi, et si le roi le trouve bon, qu’à ma demande il m’accorde la vie, et mon peuple à ma requête! Car nous sommes vendus, moi et mon peuple, pour être détruits et tués, et pour périr. Or si nous avions été vendus pour être serviteurs et servantes, j’aurais gardé le silence, bien que l’ennemi ne pût compenser le dommage fait au roi». Le moment est venu où l’épouse juive dévoile son origine devant la puissance gentile dont elle a gagné la faveur.

Nous avons ici la seconde phase de l’histoire d’Esther, de l’histoire du résidu. Dans la première, Esther est asservie aux nations; sa beauté et sa grâce ne font qu’accentuer encore cette servitude. Il lui est défendu de se faire connaître jusqu’à ce que la puissance d’iniquité, représentée par Haman, soit parvenue à son comble. Mais lorsque Mardochée, en qui nous avons vu un type de Christ, est attaqué par l’ennemi qui cherche à se défaire de lui; lorsque, déjà exalté par le pouvoir suprême, les desseins de l’adversaire contre lui semblent près de s’accomplir, Esther se dévoile et, ne pouvant laisser Haman remporter la victoire, proclame sa parenté avec le peuple de Dieu qu’elle appelle: «Mon peuple»; et cela, devant le souverain qui lui est infiniment favorable et la chérit. Elle a suivi, pour ainsi dire, tous les degrés par lesquels Mardochée a passé. Quand il était caché, elle-même l’était, tout en ayant une place de prédilection dans le cœur du souverain, et nul ne savait encore qu’elle fût juive. Quand Mardochée est exalté, avant d’acquérir la toute-puissance sur les nations — aussitôt Esther se fait connaître comme appartenant au peuple de Celui qui n’a pas encore en main le gouvernement des nations, mais qui est élevé aux yeux de tous, manifesté comme ayant droit à la dignité royale. Le temps assigné est venu; l’Éternel va se lever et avoir compassion de Sion (Ps. 102:14). L’heure a sonné; déjà la gloire de Mardochée s’est montrée avant que son gouvernement s’établisse; comment ne pas déclarer ouvertement qu’on appartient au peuple de Dieu?

La première manifestation de la gloire n’est pas encore l’établissement du règne. C’est d’elle, qu’il est dit en Zach. 2:8: «Après la gloire, il m’a envoyé, vers les nations qui ont fait de vous leur proie; car celui qui vous touche, touche la prunelle de son œil». C’est ainsi qu’après la gloire de Mardochée, Esther est reconnue comme l’épouse juive, et que les ennemis d’Israël deviennent la proie du peuple qu’ils avaient asservi. S’il s’était agi d’accroître encore la servitude d’Israël «en vendant le peuple comme esclaves», Esther aurait pu se taire, mais le peut-elle encore, quand son protecteur est élevé en dignité, et qu’il est question d’anéantir son peuple? C’est à ce moment-là qu’Haman l’Agaguite est jugé; ce sera aussi le moment où l’Antichrist, dans lequel Satan se personnifiera, sera précipité de sa hauteur et ira se briser dans l’abîme.

Après ces choses, nous allons voir la troisième phase de l’histoire d’Esther: la possession paisible du royaume, sous la puissance souveraine et sous l’administration de Mardochée, type de Christ auquel cette administration sera confiée; mais, dans notre chapitre, nous nous trouvons encore dans la seconde phase, celle où Esther obtient, en gage de ce qui lui a été promis, la vengeance sur l’ennemi: ce dernier est enfin dévoilé comme «l’Adversaire, l’Ennemi, le Méchant», noms donnés dans la Parole à Satan et à l’Antichrist. Il est trop tard pour lui; les angoisses assaillent cet homme qui avait cherché la mort du juste, et dont la folie avait été jusqu’à s’attaquer au protecteur d’Israël. La colère du roi ne s’apaise que lorsqu’Haman est pendu au gibet qu’il destinait à Mardochée. Ce jugement d’Haman est exécuté, comme le sera celui de l’Antichrist, avant que Dieu soit intervenu pour l’entière délivrance de son peuple; mais Esther (le résidu de Juda) est reconnue dans sa dignité royale et comme faisant partie du peuple de Dieu, avant que l’Antichrist soit précipité.