Éphésiens

Chapitre 5

V. 1

Le dernier verset du chapitre 4 nous impose l’obligation de bonté et de pardon envers tous les saints les uns par rapport aux autres, du fait que nous avons été pardonnés par Dieu à cause de Christ. Le premier verset du chapitre 5 nous entraîne un stade plus loin et un stade plus haut. Non seulement nous avons été pardonnés, mais nous avons été introduits dans la famille divine. Nous sommes des enfants de Dieu, et même des enfants bien-aimés. Il en découle que, comme de chers enfants, nous devons être des imitateurs de Dieu.

L’imitation qui nous est prescrite n’est pas artificielle, mais naturelle. Voici des enfants en train de jouer sur la place du marché. Ils jouent à une séance de cour imaginaire. Une petite fille vêtue d’une parure bon marché représente la reine; elle imite les manières de la reine du mieux qu’elle peut, mais cela reste très grossier et artificiel. Voici par ailleurs un petit garçon qui observe son père dans les moindres détails. Bientôt des amis sourient en voyant à quel point il ressemble à son père. Son imitation est en grande partie inconsciente, et entièrement naturelle, car il est effectivement le fils de son père, possédant sa vie et sa nature. Or c’est en tant qu’enfants de Dieu que nous sommes appelés à être imitateurs de Dieu.

 

V. 2

Nous devons marcher dans l’amour. Cela ne nous est pas naturel en tant qu’enfants d’Adam, mais cela nous est naturel en tant que nés de Dieu, car Dieu est amour. Marcher dans l’amour, c’est donc simplement manifester pratiquement la nature divine. C’est pourquoi il ajoute: «comme aussi le Christ nous a aimés», puisqu’en Christ on voyait la nature divine dans toute sa plénitude et toute sa perfection. D’ailleurs dans Son cas, c’est l’amour qui poussait à agir. Il s’est livré Lui-même pour nous en sacrifice à Dieu. En cela Il est seul, bien sûr, bien que nous ayons à aimer comme Lui a aimé. Il était le vrai holocauste, l’antitype de Lévitique 1.

 

V. 3-4

Or le vrai amour divin exclut les diverses sortes de mal qui proviennent de la chair. Ces choses ne doivent donc avoir aucune place parmi les saints, et elles ne doivent même pas être nommées parmi eux. Les choses telles que celles citées au verset 3 font appel à des instincts profondément enracinés dans la nature humaine déchue, et nous faisons bien non seulement de les éviter, mais aussi d’éviter la contamination provoquée par le fait d’y penser. Nous ne pouvons pas en parler sans y penser, même si c’est pour les condamner par nos propos. N’en parlons donc pas. Ne laissons pas non plus nos paroles descendre au niveau des paroles folles ou des plaisanteries. Un chrétien n’est ni un fou, ni un plaisantin; ne paraissons donc pas tels dans nos conversations. Les actions de grâce sont ce qui convient à la bouche de ceux qui sont pardonnés et qui sont devenus des enfants de Dieu.

 

V. 5-6

La manière ferme et tranchante dont l’apôtre trace une ligne de démarcation dans les versets 5 et 6 est tout à fait remarquable. Le royaume de Christ et de Dieu est caractérisé par la sainteté. Les profanes sont en dehors de ce royaume, et sujets à la colère de Dieu. Il ne fallait pas s’y tromper, car il y avait évidemment, alors comme maintenant, ceux qui désiraient brouiller cette distinction tranchée, et excuser l’impiété. D’autres passages indiquent qu’un vrai croyant peut tomber dans ces péchés, mais aucun vrai croyant n’est caractérisé par eux. Aucune personne caractérisée par ces péchés ne peut être considérée comme un vrai chrétien, quoi qu’elle puisse dire ou professer.

 

V. 7-8

L’attitude du vrai chrétien vis-à-vis de telles personnes doit être réglée par ceci: Quoi que ce soit qu’ils professent, ils n’ont aucune part au royaume de Dieu; nous qui avons un héritage dans le royaume, nous ne pouvons donc avoir aucune part avec eux. C’est ce que déclare si nettement le verset 7. Remarquez aussi que le dernier mot du verset est eux. Nous ne devons pas seulement éviter les péchés, mais aussi éviter toute participation avec les pécheurs. Il faut éviter aussi bien les personnes que les diverses formes de mal. La différence entre nous et eux est aussi grande et nette qu’entre la lumière et les ténèbres.

Nous étions autrefois ténèbres nous-mêmes. Or c’est là que réside le danger pour nous, car une des conséquences en est qu’il y en nous ce qui répond à l’appel des ténèbres. C’est pourquoi, moins nous avons à faire avec les ténèbres, mieux ce sera — que ce soit en rapport avec les pratiques de ténèbres, ou en rapport avec les personnes qui sont elles-mêmes ténèbres, et qui par conséquent les pratiquent. Nous qui croyons, nous sommes lumière dans le Seigneur, et par conséquent intolérants vis-à-vis des ténèbres; car il en est dans la grâce comme dans la nature. La lumière et les ténèbres ne peuvent pas coexister. Si la lumière apparaît, les ténèbres disparaissent. La lumière et les ténèbres s’excluent réciproquement.

Étant lumière dans le Seigneur, nous devons marcher comme des enfants de lumière. Nous devons être en pratique, ce que nous sommes en réalité. Notons soigneusement ceci car c’est une des caractéristiques des exhortations de l’évangile. La loi demandait aux hommes d’être ce qu’ils n’étaient pas. L’évangile exhorte les croyants à être ce qu’ils sont. Mais le fait d’être ainsi exhortés, montre qu’il existe un principe contraire. Cela implique que la chair, avec ses tendances, est encore dans le croyant. Tant que la chair est tenue en échec et en inactivité, ce que nous sommes réellement comme l’ouvrage de Dieu brillera au dehors.

 

V. 9-10

Le verset 9 explique que ce qui brillera au dehors, c’est «le fruit de la lumière» (et non «le fruit de l’Esprit» selon le Texte Reçu). Trois mots résument ce qu’est ce fruit: bonté, justice et vérité. Leur contraire: le mal, l’iniquité, le manque de réalité, devraient être entièrement exclus de nos vies. Marchant ainsi en enfants de lumière, nous éprouvons ce qui plaît à Dieu; nous l’éprouvons non par un processus de raisonnement, mais par une expérience pratique. Nous mettons les choses à l’épreuve, et ainsi nous apprenons expérimentalement pour nous-mêmes.

 

V. 11-14

On peut résumer la vie du croyant en ce qu’elle consiste à produire les fruits de la lumière, puisqu’il est un enfant de la lumière, tout en maintenant une séparation complète d’avec les œuvres infructueuses des ténèbres, car il ne fait plus partie des ténèbres. En vérité il doit même aller au-delà: il doit les reprendre. Ce verbe «reprendre» se retrouve au verset 13. Le sens n’en est pas exactement admonester ou réprimander, mais plutôt démasquer. Il s’agit donc de dévoiler, comme par la lumière, le vrai caractère des œuvres en question. Si un croyant brille dans son vrai caractère, toute sa vie aura cet effet, tout comme son Maître l’a fait au plus haut degré. Néanmoins, bien sûr, il peut y avoir de nombreuses occasions où des paroles de répréhension sont nécessaires.

Le passage que nous considérons fait reposer sur nous une responsabilité très solennelle. C’est justement là où les frictions et les ennuis avec le monde commencent. Les gens ne font généralement pas tellement d’objections au côté de bonté du christianisme: ils approuvent les paroles et actions bienveillantes. Les ennuis commencent quand la sainteté est maintenue, et la sainteté, comme ces versets le montrent, demande qu’il n’y ait aucune communion avec le mal — ni avec ceux qui font le mal (5:7), ni avec leurs œuvres (5:11). Quand un croyant marche dans le chemin de séparation qui lui est demandé ici, et qu’il se manifeste comme un enfant de lumière, il peut s’attendre à des tempêtes. Il en fut ainsi au degré suprême, pour notre Seigneur et Maître. «Dieu est amour» a toujours été un texte plus populaire que «Dieu est lumière».

La propriété spécifique de la lumière est de manifester tout ce qu’elle éclaire. La vérité des choses devient claire, et par conséquent celui qui pratique la vérité accueille volontiers et naturellement la lumière, tandis que celui qui fait le mal, hait la lumière et l’évite. Dieu est lumière en Lui-même; les croyants sont seulement «lumière dans le Seigneur», juste comme la lune n’est une lumière pour nous que pour autant que sa face soit éclairée par le soleil. Nous devons donc, comme la lune, demeurer dans la lumière de notre grand Luminaire, Christ lui-même. C’est ce qu’indique très clairement le verset 14.

Ce verset n’est pas une citation de l’Ancien Testament, bien qu’il soit probablement une allusion à Ésaïe 60:1. Nous sommes très facilement victimes du sommeil spirituel, tellement les influences du monde sont soporifiques. Alors nous devenons comme des hommes qui dorment parmi ceux qui sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. Nous sommes les vivants, et eux sont morts, et normalement il devrait y avoir une distinction très nette entre eux et nous. Si nous dormons parmi les morts, nous leur serons semblables. Nous sommes appelés à nous réveiller, et à nous lever pour être dans la lumière du soleil de Christ. C’est ainsi que nous sommes débarrassés de toute communion avec les œuvres infructueuses des ténèbres et que, étant nous-mêmes lumineux, le fruit de la lumière est manifesté en nous.

 

V. 15-18

Notre marche et notre conduite doivent alors être marquées par la sagesse, cette sagesse qui saisit toutes les opportunités d’un côté de servir le Seigneur, et d’un autre côté d’acquérir la compréhension de Sa volonté et de Son plaisir. L’essence même d’un bon service n’est pas simplement d’accomplir l’œuvre, mais de le faire selon la volonté de Celui que nous servons. Pour ceci, comme pour tout ce qui nous est commandé ici, nous devons être remplis de l’Esprit.

Chacun de nous, qui avons cru l’évangile de notre salut, avons reçu le don de l’Esprit Saint, comme nous l’avons vu en considérant le chapitre 1. Mais c’est différent d’être rempli de l’Esprit, et la responsabilité d’être rempli de l’Esprit nous incombe. Nous sommes exhortés à être remplis de l’Esprit, ce qui implique clairement que nous ne le sommes pas, en tout cas au moment où l’exhortation est adressée.

Le croyant rempli de l’Esprit est le sujet d’une extraordinaire élévation. Il est transporté hors de lui-même, centré sur Christ, et rendu capable pour le service de Dieu dans une puissance qui est plus qu’humaine. L’homme qui a bu trop de vin est transporté hors de lui-même d’une manière qui est totalement mauvaise. Par l’Esprit de Dieu nous pouvons être transportés hors de nous-mêmes d’une manière totalement bonne.

Nous avons des exemples de disciples remplis de l’Esprit dans les Actes (2:4; 4:8, 31; 7:55; 13:9). Ces références nous conduisent à penser qu’être rempli de l’Esprit était une expérience plutôt exceptionnelle, même au début des temps apostoliques. Pourtant, de toute évidence, c’est placé devant nous dans notre chapitre comme quelque chose à désirer par tout croyant, et à quoi tout croyant doit aspirer.

Ce n’est pas seulement une obligation, mais aussi un privilège merveilleux. Être rempli par Quelqu’un qui est une Personne divine, cela peut-il n’avoir guère d’intérêt? Cela signifie qu’Il a le contrôle de tout. Si nous prenons cette exhortation à cœur, nous demanderons alors naturellement: Comment puis-je être rempli? Qu’ai-je à faire pour être rempli de l’Esprit?

Ce n’est pas une petite question. Nous pouvons au moins dire ceci: c’est à nous d’enlever du chemin tous les obstacles. L’Esprit de Dieu est saint. De plus Il est sensible. Nous pouvons facilement L’attrister, même par des choses que nous nous permettons sans mauvaise conscience. Nous pouvons également être préoccupés par des choses que nous considérons comme inoffensives, et voilà qu’étant préoccupés, il n’y a plus de place pour que Lui nous occupe. Beaucoup de choses «inoffensives» sont à éliminer de ma vie et de la vôtre si nous voulons être remplis de l’Esprit.

 

V. 19-21

Les fruits qui découlent du fait d’être remplis de l’Esprit se trouvent aux versets 19 à 21. Le cœur est rempli de bonheur qui s’extériorise dans le chant. Il y a une heureuse acceptation de toutes choses, même des circonstances adverses, avec des actions de grâces au Père, au nom du Seigneur Jésus Christ; et en ce qui concerne nos relations les uns avec les autres, il y a un esprit d’acceptation et de soumission, tandis que la crainte de Dieu est toujours maintenue. Notre soumission l’un à l’autre ne doit pas se faire aux dépens d’une vraie soumission au Seigneur.

 

V. 22-33

Toutes ces exhortations détaillées depuis 4:17 jusqu’à 5:21 étaient applicables à tous les croyants. Nous commençons maintenant des exhortations spéciales, et au verset 22, l’apôtre se tourne vers les épouses. Pour elles l’exhortation tient en deux mots: «soyez soumises». Ceci découle naturellement de l’exhortation générale à la soumission du verset 21. La difficulté de la soumission, c’est qu’elle implique de ne pas revendiquer notre volonté propre. Il est assez clair, dans l’ordre de choses établi divinement pour ce monde, que la place attribuée à l’épouse est celle de la soumission. Sa place est typique de la position dans laquelle se trouve l’Église vis-à-vis de Christ. Tout comme Christ est «le Chef [ou: Tête] de l’assemblée», étant investi de toute autorité, et de tout capacité et de toute puissance pour diriger, de même le mari est «le chef [ou: tête] de la femme».

Hélas! En pratique, tout au long des siècles, l’église (comme corps professant) s’est bien éloignée de sa vraie position. L’église «est soumise au Christ» selon le plan divin; elle a été très insoumise dans sa conduite effective. Elle a agi pour elle-même, et a légiféré comme si elle était la tête et non le corps. De là vient la confusion dans les milieux ecclésiastiques, si évidente partout. Quand la femme, la femme même de Christ, met de côté l’autorité de son propre mari, des troubles similaires s’ensuivent.

La femme peut alléguer qu’elle a un mari affreux et incompétent! Et trop souvent il en est ainsi effectivement. Mais le remède à cela n’est pas de renverser l’ordre divin. L’église n’a certes pas une telle excuse, car elle a une Tête (= Chef) absolument parfaite, qui n’est pas seulement la Tête du corps, mais aussi le Sauveur du corps.

Parce que le mari humain, même croyant, est fréquemment très imparfait, et toujours quelque peu imparfait, une exhortation encore plus longue lui est adressée. En un mot, son devoir est d’aimer. Il est facile de voir que si le mari rend à sa femme tout l’amour qui lui est dû, elle n’aura pas beaucoup de difficulté à donner à son mari la soumission qui lui est due. De toute évidence, la responsabilité la plus grande est placée sur les épaules du mari. Il doit aimer, et elle doit être soumise, mais l’initiative repose sur lui.

Quand nous nous tournons de la responsabilité qui repose sur les épaules du mari, qui est le type, vers l’antitype qui, comme toujours, est vu en Christ, nous nous trouvons en présence de la perfection. L’initiative est effectivement venue de Lui, et Il l’a prise d’une manière tout à fait merveilleuse. Il n’a pas seulement aimé l’assemblée, mais Il s’est livré Lui-même pour elle. De plus Il a entrepris sa sanctification pratique, et sa purification, et Il se la présentera finalement à Lui-même en gloire dans une perfection qui Lui correspond parfaitement.

La présentation de l’assemblée rendue parfaite aura lieu dans la gloire future. Ce sera le don de Christ à Lui-même! Ce sera entièrement Son œuvre car Il a aimé, Il s’est livré Lui-même, Il a sanctifié, Il a purifié et, comme le verset 29 ajoute, Il a nourri, Il a chéri et, à la fin, Il se la présentera à Lui-même. Une œuvre des plus merveilleuses, et un triomphe des plus merveilleux, assurément! Gardons cet aspect des choses bien en vue, spécialement quand nous sommes découragés par les difficultés présentes dans l’assemblée, et que nous sommes tristement conscients de son état douloureux.

Or tous ces faits relatifs à Christ et à l’église, doivent éclairer les relations entre un mari croyant et sa femme croyante. La relation du mariage est, par conséquent, placée dans la lumière la plus haute possible, dans une lumière entièrement inconnue des croyants de l’Ancien Testament, ce qui explique le fait que nombre d’entre eux pratiquaient librement des choses totalement interdites pour nous aujourd’hui. Nous devons marcher dans cette lumière, et par conséquent le mari chrétien doit aimer sa femme comme il s’aime lui-même (ce n’est pas là une petite mesure!) et la femme doit révérer son mari.

Voyons encore brièvement trois autres points. Premièrement, ce mystère concerne Christ et l’assemblée, non pas une assemblée; il n’est pas question ici d’une assemblée locale, ni d’un certain nombre d’assemblées locales. C’est l’assemblée, un corps glorieux, et non pas l’assemblée vue comme un corps professant; c’est plutôt l’assemblée comme ce corps élu fruit du travail divin.

Deuxièmement, la pensée du corps est introduite ici, car il est parlé de nous qui constituons l’assemblée comme des «membres de Son corps». Mais la pensée principale du passage est celle de l’épouse, car la place de l’église est mise en avant comme le modèle des femmes chrétiennes. Nous soulignons ce point parce qu’on met parfois en avant le fait que l’assemblée soit le corps de Christ pour soutenir qu’elle ne peut pas prendre la place ni de fiancée ni d’épouse. Or le fait est que ce passage indique bien que l’assemblée [ou: église] a ces deux positions, de corps de Christ et d’épouse.

Ceci est rendu encore plus évident par le troisième point que nous soulignons. La création originelle d’Adam et Ève a été arrangée en vue de Christ et de l’assemblée, comme les versets 28 à 32 le montrent. Or Ève était la femme d’Adam, mais elle était aussi son corps, ayant été formée à partir d’une côte d’Adam. La côte d’Adam a sans doute provoqué beaucoup d’hilarité et de sarcasmes parmi les incrédules modernistes qui se disent chrétiens. Mais ce fait sert ici clairement de base au raisonnement. Il en est presque toujours ainsi. On est, ici dans le Nouveau Testament, en présence d’une allusion à cette histoire de l’Ancien Testament, que l’on a ridiculisée. On ne peut pas rejeter l’une sans rejeter aussi l’autre, si vous ajoutez de l’honnêteté et de l’intégrité mentales à votre modernisme. Quant à nous, nous acceptons de tout cœur ces deux faits.