Éphésiens

Chapitre 4

V. 1-2

En commençant le chapitre 4, nous reprenons le fil du sujet laissé par Paul à la fin du v. 1 du ch. 3. En relativement peu de mots, il a été placé devant nous l’appel du chrétien dans son élévation et sa plénitude selon les pensées et les propos de Dieu. De plus, cet appel a été déployé devant nous, non seulement dans ses rapports avec chacun de nous individuellement, mais aussi dans ce qui nous concerne tous ensemble collectivement ou comme assemblée. Maintenant vient une exhortation de caractère général recouvrant toutes les exhortations plus détaillées dont sont remplis les chapitres qui restent. L’apôtre savait très bien qu’il ne suffit pas de donner des instructions générales, mais qu’il est aussi nécessaire de traiter ces détails très intimes et non équivoques, qui atteignent tous les cœurs et les consciences. Que ceux qui annoncent la Parole aujourd’hui tiennent compte de ceci, et qu’ils soient aussi sages et courageux que l’apôtre.

Les exhortations contenues dans la première partie du ch. 4 jusqu’au v. 16 ont évidemment en vue notre appel, non comme individus, mais comme membres du corps de Christ, l’église. Combien il y a souvent des frictions dans les assemblées des saints! Un peu d’expérience de la vie d’assemblée suffira à nous en convaincre. Il y a donc ici un champ immense pour que soient cultivées les beautés et les grâces énumérées au v. 2. L’esprit humble ne pense rien de lui-même. La débonnaireté1, l’opposé de l’autoritarisme, est bien sûr le résultat direct de l’humilité. La longanimité, l’opposé de l’esprit irréfléchi si critique vis-à-vis des autres, est fille de l’humilité et de la débonnaireté. Quand toutes ces trois vertus sont en action, qu’il est simple et heureux de se supporter les uns les autres dans l’amour! Lions aussi l’amour avec ce que nous venons juste de voir au ch. 3. Enracinés et fondés dans l’amour, et sachant au moins quelque chose de l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance, nous sommes rendus capables par les yeux de l’amour de regarder tous les saints, même ceux qui, parmi eux, sont le moins aimables selon la nature.

1 J.N. Darby traduit ce mot par «douceur» en français, mais par «débonnaireté» dans sa version anglaise. Le mot à même racine que «débonnaire» en Matt. 11:29.

 

V. 3

Parmi les hommes nous voyons la tendance de l’amour à dégénérer en une sorte d’amabilité molle qui finit par trouver des excuses à toutes sortes de choses loin d’être droites. Il ne faut pas qu’il en soit ainsi parmi les saints, car une norme bien définie est placée devant nous. Nous avons à avoir un but autre qu’un simple consensus, car nous pourrions tous avoir une même pensée et avoir un accord le plus harmonieux possible, pour quelque chose d’entièrement erroné! Nous avons à avoir toute diligence pour garder l’unité de l’Esprit — non pas l’unité de Paul ou de Pierre, non pas la vôtre ni la mienne, mais bien plutôt l’unité que l’Esprit a produite. Nous n’avons pas fait l’unité, et nous ne pouvons pas rompre l’unité. L’Esprit l’a faite et nous avons à la garder d’une manière pratique dans le lien de la paix. Ce doit être notre effort constant. Notre réussite dans cet effort dépendra de la mesure dont nous sommes marqués par les belles caractéristiques mentionnées au v. 2.

 

V. 4-6

Si le v. 2 de notre chapitre nous donne les caractéristiques qui, une fois développées en nous, conduiront à garder l’unité de l’Esprit, les v. 4 à 6 nous donnent une série d’unités qui soutiennent fortement l’exhortation du v. 3. Le terme «un seul», ou «une seule», figure sept fois dans ces trois versets.

Nous avons d’abord l’unicité du corps de Christ, composé de tous les saints de la présente dispensation. Ce corps a été formé par le baptême du Saint Esprit et l’habitation du Saint Esprit, et tous les membres de ce corps partagent un seul appel, qui leur est commun, et qui a une seule espérance en vue. Rien d’irréel n’entre dans ce corps. Tout est vital ici dans la vie et l’énergie de l’Esprit.

Nous avons ensuite le Seigneur, et la foi et le baptême qui lui sont liés. L’unicité est marquée sur ces choses liées au Seigneur, pareillement à tout ce qui est relié avec l’Esprit — bien que certains puissent professer la foi et accepter le baptême, et ensuite se détourner pour n’être rien de plus que de simples professants.

Ensuite nous arrivons à Dieu le Père, et ici encore il est insisté auprès de nous sur l’unicité du fait que nous trouvons tous notre origine en Lui. Et en outre, bien qu’Il soit au-dessus de tout et partout, Il est en nous tous.

Dans ces sept unités, on trouve le fondement et le support de l’unité de l’Esprit, que nous sommes responsables de garder. Elle est soutenue de cette septuple manière qui est un témoignage bien net à son importance, comme aussi à notre faiblesse pour la garder. Nous sommes un, du fait de la présence et de l’action de l’Esprit de Dieu. Nous pouvons manquer à garder l’unité, néanmoins l’unité ne cesse d’exister, car elle subsiste dans l’énergie de Dieu.

D’un autre côté, si nous manquons à la garder, nous sommes de grands perdants, et le témoignage de Dieu en souffre. L’état si divisé du peuple de Dieu proclame à quel point affligeant nous avons manqué à cet égard, et il explique très largement la faiblesse, et le manque d’intelligence et de vigueur spirituelle qui prévalent. Nous ne pouvons pas redresser l’état présent de division, mais nous pouvons choisir comme objectif de poursuivre l’unité qui est de l’Esprit de Dieu avec toute humilité, débonnaireté, longanimité et patience. Seulement ce doit être l’unité de l’Esprit. Avoir l’objectif de garder une quelque autre unité, la votre, la mienne ou celle d’un d’autre, c’est manquer l’unité de l’Esprit.

 

V. 7-8

En outre, l’unité ne signifie pas une uniformité morte — le v. 7 en est un témoignage clair. Nous sommes tous un, mais à chacun de nous sont donnés à la fois le don et la grâce qui nous sont propres. Cette pensée conduit l’apôtre à faire référence à ces dons dont la nature spéciale demeure, qui ont été accordés par Christ monté au ciel comme preuve et manifestation de Sa victoire.

La citation du v. 8 est tirée du Ps. 68, un psaume qui célèbre prophétiquement la victoire divine sur les rois rebelles et sur tous Ses ennemis, qui inaugurera l’ère millénaire glorieuse. L’apôtre savait que la victoire qui doit alors être publiquement manifestée, a déjà été accomplie dans la mort, la résurrection et l’ascension de Christ. C’est pourquoi il s’empare des termes du Psaume et les applique à Christ monté au ciel avant qu’arrive le jour de la victoire millénaire. Ayant vaincu Satan dans la mort, sa dernière forteresse, Il est monté en haut, s’étant assujetti ceux qui avaient été les esclaves de Satan. Alors Il signale Sa victoire en accordant à ceux qui sont maintenant subjugués par Lui, des pouvoirs spirituels qui devraient suffire à faire Son œuvre, même s’ils sont encore dans le territoire où il est permis à Satan d’exercer ses ruses.

 

V. 9-10

Les v. 9 et 10 sont une parenthèse. Ils mettent en relief deux choses. La première est qu’avant qu’Il soit monté, Il est d’abord descendu dans la mort, où Il a vaincu la puissance de l’ennemi, et même le tombeau. La seconde, est qu’ayant achevé Sa victoire, Il a reçu l’exaltation suprême, en vue de remplir toutes choses.

«Au-dessus de tous les cieux» est une expression remarquable. En Marc 16 nous avons le Serviteur divin «élevé en haut dans le ciel». En Héb. 4 le «grand Souverain Sacrificateur a traversé les cieux». Ici l’homme victorieux «est monté au-dessus de tous les cieux». Les cieux des cieux sont à Lui, et ils le sont pour qu’Il puisse «remplir toutes choses» — une autre expression remarquable. Aujourd’hui aussi tout croyant devrait être rempli de l’Esprit comme nous le voyons un peu plus loin dans cette épître. Tout croyant rempli de l’Esprit est nécessairement rempli de Christ, et par conséquent Christ se découvre chez lui. Si nous sommes remplis de Christ, nous manifestons Son caractère. Le jour vient où Christ remplira toutes choses, et par conséquent toutes choses manifesteront Lui et Sa gloire. Le «toutes choses» dont il est parlé ici est bien sûr toutes choses qui d’une manière ou d’une autre sont sous Lui comme chef — toutes choses dans l’univers de bénédiction.

 

V. 11

Le v. 11 fait suite directement au v. 8. Les quatre grands dons sont spécifiés. Les apôtres sont les hommes envoyés pour établir l’église, et par qui, pour l’essentiel, les Écritures inspirées sont arrivées jusqu’à nous. Les prophètes sont des hommes suscités pour parler de la part de Dieu, transmettant Ses pensées — qu’ils le fassent par inspiration comme dans les premiers jours de l’église, ou non. Les évangélistes sont ceux qui diffusent dans le monde le grand message qui, une fois reçu, sert à sauver les hommes de la puissance de l’ennemi. Les pasteurs et docteurs (enseignants) sont ceux qui sont qualifiés pour instruire les croyants dans la vérité révélée, et à l’appliquer à leur état actuel, en sorte qu’ils soient nourris et maintenus en croissance et en santé spirituelle.

Le mot «pasteur» signifie simplement «berger», et les mots «pasteurs et docteurs» ne désignent pas deux dons, mais un seul. Que ceci soit pris à cœur par quiconque est doué dans ce sens. Personne ne peut bien agir comme pasteur sans faire un peu d’enseignement, mais il est possible pour un homme très doué de se concentrer sur l’enseignement au point de ne jamais se soucier d’agir en berger; en pratique ceci se révèle très dommageable tant pour lui que pour ses auditeurs.

 

V. 12-15

Les buts en vue desquels sont donnés les dons sont indiqués aux v. 12 à 15. Il faut que les saints soient perfectionnés, et qualifiés chacun pour prendre la place qui leur revient dans le corps de Christ. Le travail de ministre [celui qui exerce un don] doit se poursuivre, et ainsi le corps doit être édifié. Tout ceci doit continuer jusqu’à ce que le propos de Dieu quant au corps soit amené à l’achèvement. En attendant, les dons demeurent. Rappelons-nous que, dans ce passage, les dons ne sont pas exactement des pouvoirs conférés, mais plutôt les hommes qui possèdent ces pouvoirs et qui sont conférés comme dons à l’église. Les apôtres et les prophètes inspirés subsistent dans les Écritures qui nous sont parvenues par leur plume. Les prophètes non inspirés, en même temps que les évangélistes et pasteurs et docteurs, se trouvent encore dans l’église aujourd’hui.

Le but final en vue dans l’octroi de ces dons, est indiqué au v. 13. Il faut que nous arrivions à l’état «d’homme fait», et cela selon la mesure de ce qui est le propos de Dieu pour nous. Comme corps de Christ, nous avons à être Sa plénitude (voir 1:23), et il faut que nous arrivions à la mesure de la stature de cette plénitude. Nous y arriverons en étant un — cette unité qui découle de la foi pleinement saisie et du Fils de Dieu réellement connu.

Le but de Dieu en rapport avec les dons est à nouveau placé devant nous aux v. 14 et 15, mais cette fois on a le but immédiat, non pas le but final. C’est pour que nous soyons caractérisés par la croissance spirituelle, en sorte qu’au lieu d’être ballottés ça et là comme un bateau sans ancre, à la merci de faux docteurs, nous puissions tenir ferme la vérité dans l’amour, et que nous croissions de plus en plus en conformité avec Celui qui est notre tête.

 

V. 16

Ces buts soit finaux soit immédiats, sont très grands, très dignes de Dieu. Si nous les prenons en compte, nous ne nous étonnerons pas qu’en vue d’eux, Christ monté au ciel ait épanché ces dons spéciaux. Or le v. 16 complète l’histoire en montrant que l’accroissement et l’édification du corps qui sont le but présent, ne peuvent pas être obtenus seulement par le ministère de ces dons spéciaux, mais que chaque membre du corps a un rôle à jouer, aussi obscur que soit ce membre. Il en est dans le corps de Christ tout comme dans le corps humain qui a beaucoup de parties et de jointures, chacune d’elles fournissant quelque chose pour l’entretien, la croissance et le bien-être généraux.

Il est très important que nous gardions ceci présent à l’esprit, sinon nous tombons facilement dans une manière de pensée selon laquelle le bien général et la prospérité spirituelle de l’église dans son ensemble dépendent des actions et du service d’hommes ayant des dons, et qu’en conséquence quand l’état de choses est pauvre et faible, ou que les choses vont carrément de travers, nous pouvons commodément nous absoudre de toute responsabilité et blâme, laissant tout cela sur le dos des dons. Le fait est que l’action saine venant de chacun, jusqu’au plus petit et au moins en vue, est nécessaire pour la bonne santé de l’ensemble. Ayons tous pour but d’avancer nous-mêmes de manière qu’il y ait un accroissement du corps, pour l’édification de lui-même en amour. En vérité, l’intelligence est nécessaire, mais l’amour, l’amour Divin, est la grande force pour l’édification. Dieu nous aide tous à être remplis de l’amour divin.

 

V. 17-24

Avec le v. 17 nous arrivons à des instructions de détail. L’exhortation générale était au premier verset de notre chapitre, et elle avait un caractère positif. Ici la première injonction a un caractère négatif: ne pas marcher comme les hommes du monde. Les v. 18 et 19 nous font donner un coup d’œil dans la fosse boueuse et noire de l’iniquité des nations qui environnait les saints à Éphèse. Il y en a assez pour voir les mêmes caractéristiques hideuses exposées plus en détails dans l’épître de Paul aux Romains au ch. 1. Le monde Gentil du 20° siècle est-il meilleur? Nous craignons que non, même si le mal est plus habilement caché aux yeux de tout le monde. Il y a toujours et encore la vanité, allant de pair avec l’obscurité, l’ignorance, l’aveuglement, et par conséquent à l’aliénation de toute vie qui est de Dieu.

Or nous avons appris Christ. Nous seulement nous L’avons entendu, avec comme résultat que nous avons cru en Lui, mais nous avons été «instruits par Lui», ou «instruits en Lui» comme on peut aussi traduire le texte. Il est non seulement notre Docteur (Enseignant), mais notre Livre de Leçons. Il est non seulement notre Livre de Leçons, mais aussi notre Exemple. La vérité est en Jésus, c’est-à-dire que Lui-même, quand Il était sur la terre, était la parfaite manifestation de ce qui nous est commandé. Il a manifesté parfaitement la «justice et la sainteté de la vérité» dont parle le v. 24.

Ce que nous avons appris, concerne donc trois choses: la première a trait au fait d’avoir dépouillé le vieil homme, qui est entièrement corrompu; la deuxième à trait au renouvellement complet de l’esprit de notre entendement; la troisième a trait au fait d’avoir revêtu le nouvel homme qui est entièrement selon Dieu. Le dépouillement et le revêtement ne sont pas des choses que nous avons à faire, comme le laisserait entendre la version autorisée (anglaise) du roi Jacques, mais quelque chose que le vrai croyant a faite: «… d’avoir, vous,1 dépouillé… et d’avoir revêtu».

1 version J.N. Darby en anglais. La version autorisée (anglaise) du roi Jacques traduit «que vous dépouillez …».

Le «vieil homme» n’est pas Adam personnellement, mais plutôt la nature et le caractère Adamique. Ainsi aussi le «nouvel homme» n’est pas Christ personnellement, mais la nature et le caractère qui sont Siens. La justice et la sainteté qui en découlent, et sont en accord complet avec la vérité, Lui appartenaient entièrement en propre, et étaient comme une croissance naturelle. Pour nous, elles ne sont pas naturelles, mais elles nous sont étrangères, et en ce qui nous concerne il est parlé du nouvel homme comme ayant été créé. Rien d’autre qu’une création ne pouvait les produire, et rien moins qu’un renouvellement complet de l’esprit de notre entendement.

Mais ne nous trompons pas: tout ceci est ce à quoi en est arrivé un vrai croyant. Cela fait partie de l’essence même du vrai christianisme. Nous avons à être caractérisés par une marche entièrement différente du reste des nations à cause de ce grand changement qui a eu lieu, si nous avons entendu et appris de Christ — ce qui revient à dire: si nous Lui appartenons.

 

V. 25-32

L’apôtre continue en mettant le doigt sur des manifestations particulières du vieil homme que nous avons à dépouiller. Parce que le vieil homme a été dépouillé, nous avons à dépouiller tous ses caractères en détail. L’apôtre commence par le mensonge qui doit être dépouillé en faveur de la vérité. Le verset précédent avait mentionné la sainteté de la vérité comme marquant le nouvel homme, aussi avons-nous à dépouiller le mensonge qui caractérise le vieil homme. De plus la colère, le vol, les paroles déshonnêtes, et tous les maux similaires de la langue doivent être ôtés, et nous devons être caractérisés par la bonté et le pardon. Nous avons à pardonner aux autres comme nous avons été pardonnés nous-mêmes.

Dans ces derniers versets du chapitre, nous n’avons pas seulement ce que nous avons à ôter, mais ce que nous avons à revêtir. Non pas le mensonge, mais la vérité. Non pas voler, mais travailler pour avoir de quoi donner à d’autres. Non pas un langage corrompu, mais des paroles de grâce et d’édification. Non pas de la colère et de l’amertume et de la crierie, mais de la bonté et du pardon. Et tout ceci en vue de la grâce que Dieu nous a montrée à cause de Christ, et en vue de l’habitation de l’Esprit de Dieu.

Nous sommes scellés du Saint Esprit jusqu’au jour de la rédemption de nos corps et de tout l’héritage acheté par le sang de Christ. Il ne nous laissera pas, mais Il est très sensible à l’égard de la sainteté. Nous pouvons facilement l’attrister, et en conséquence perdre un temps les heureuses expériences qui résultent de Sa présence. Que Dieu nous aide à prendre très à cœur ces instructions pratiques, pour que nous ne marchions pas comme le monde, mais en justice, sainteté et vérité.