Deutéronome

Chapitre 33

«Et c’est ici la bénédiction dont Moïse, homme de Dieu, bénit les fils d’Israël, avant sa mort».

Il est intéressant et consolant de ne voir que bénédiction sans mélange dans les dernières paroles du législateur. Nous nous sommes arrêtés sur les allocutions diverses, les avertissements solennels et pressants qu’il adressait à la congrégation d’Israël; nous avons médité sur ce merveilleux cantique, dans les tons variés duquel nous avons entendu tour à tour l’expression de la grâce et du gouvernement: ici, ce ne sont que paroles les plus douces de bénédiction et de consolation, débordant du cœur même du Dieu d’Israël, et communiquant ses propres pensées d’amour relativement à son peuple, et nous laissant entrevoir son glorieux avenir.

Le lecteur remarquera sans doute une différence accentuée entre ces dernières paroles de Moïse et celles exprimées par Jacob, dans le chapitre 49 de la Genèse. Il est superflu de dire que ces deux passages, écrits par la même plume, sont tous deux divinement inspirés. Aussi, bien que différant, ils ne sont pas en contradiction, car il ne peut y en avoir entre deux passages du Livre de Dieu. C’est là une vérité capitale, un principe fondamental et vital, qui doit être fermement retenu et confessé en toute fidélité par chaque chrétien sincère et pieux, en face de tous les assauts insolents de l’incrédulité.

Nous n’entrerons pas ici dans une comparaison détaillée de ces deux chapitres; nous signalerons seulement le principal point de différence qu’il est facile de saisir à première vue. Jacob rappelle les actes de ses fils, actes souvent hélas! des plus tristes et des plus humiliants; Moïse présente, au contraire, les actes de la grâce divine en eux ou envers eux. Cela explique immédiatement la différence. Les méchantes actions de Ruben, de Siméon et de Lévi, sont rapportées par Jacob, mais entièrement omises par Moïse. Est-ce une contradiction? Non; mais, au contraire, une harmonie divine. Jacob a en vue ses fils, dans leur histoire personnelle, et Moïse dans leurs relations d’alliance avec l’Éternel. Jacob montre les manquements de l’homme, ses infirmités et ses péchés; Moïse fait ressortir la fidélité, la bonté et les compassions de Dieu. Jacob nous parle des actes des hommes et de leur jugement; Moïse présente, lui, les conseils de Dieu et la bénédiction sans mélange qui on découle. Grâce et gloire en soient à notre Dieu! Ses conseils, ses bénédictions et sa gloire sont au-dessus de tous les manquements de l’homme, de son péché et de sa folie. Sa volonté, à la fin s’accomplira tout entière, et pour toujours. Israël et les nations seront alors pleinement bénis, et se réjouiront ensemble de la riche bonté de Dieu. Ils proclameront sa louange d’un rivage à l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre (voyez Psaume 72).

Nous ne ferons guère que citer pour le lecteur les diverses bénédictions des tribus. Elles sont remplies de précieux enseignements et ne demandent pas beaucoup d’explications.

«Et il dit: L’Éternel est venu de Sinaï, et il s’est levé pour eux de Séhir; il a resplendi de la montagne de Paran, et est venu des saintes myriades; de sa droite sortit une loi de feu pour eux. Oui, il aime les peuples (ou les tribus); tous ses saints sont dans ta main, et ils se tiennent à tes pieds; ils reçoivent tes paroles» (vers. 1-3). Vrai secret d’une sécurité parfaite. Don béni! Trésor précieux. Toute parole qui sort de la bouche de l’Éternel est plus précieuse que des milliers de pièces d’or et d’argent; plus douce que le miel et les rayons de miel. — «Moïse nous a commandé une loi, héritage de la congrégation de Jacob; et il a été roi en Jeshurun, quand les chefs du peuple se réunirent ensemble avec les tribus d’Israël. Que Ruben vive et ne meure pas, et que ses hommes soient en petit nombre» (vers. 4-6).

Rien n’est rappelé ici du peu de fermeté de Ruben, rien de son péché. La grâce domine; les bénédictions découlent en riche abondance du cœur aimant de Celui qui prend plaisir à bénir et à s’entourer de cœurs remplis du sentiment de sa bonté.

«Et ceci pour Juda: et il dit Éternel, écoute la voix de Juda, et amène-le à son peuple; qu’il combatte de ses mains pour lui, et sois-lui en aide contre ses ennemis». Juda est la lignée royale. «Notre Seigneur a surgi de Juda», montrant ainsi d’une manière vraiment merveilleuse, comment la grâce divine s’élève dans toute sa majesté au-dessus du péché de l’homme, et triomphe glorieusement des circonstances qui révèlent l’absolue faiblesse de l’homme. «Juda engendra Pharès et Zara, de Thamar!» Qui, sinon le Saint Esprit, aurait écrit ces mots? Comme ils déclarent clairement que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées! Quelle main humaine aurait introduit Thamar dans la généalogie de notre adorable Seigneur et Sauveur Jésus Christ? Pas une seule. Le cachet de Dieu est empreint d’une manière frappante sur Matthieu 1:3, comme il l’est sur chaque verset du saint Volume, du commencement à la fin. Loué soit le Seigneur de ce qu’il en est ainsi: «Toi, Juda, tes frères te loueront; ta main sera sur la nuque de tes ennemis; les fils de ton père se prosterneront devant toi. Juda est un jeune lion. Tu es monté d’auprès de la proie, mon fils. Il se courbe, il se couche comme un lion, et comme une lionne; qui le fera lever? Le sceptre ne se retirera point de Juda, ni un législateur d’entre ses pieds, jusqu’à ce que Shilo vienne; et à lui sera l’obéissance des peuples. Il attache à la vigne son ânon, et au Cep excellent le petit de son ânesse; il lave dans le vin son vêtement, et dans le sang des raisins son manteau. Ses yeux sont rouges de vin, et ses dents blanches de lait» (Genèse 49:8-12).

«Et je vis dans la droite de celui qui était assis sur le trône, un livre, écrit au dedans et sur le revers, scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant, proclamant à haute voix: Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux? Et personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni au-dessous de la terre, ne pouvait ouvrir le livre ni le regarder. Et moi, je pleurais fort, parce que nul n’était trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder. Et l’un des anciens me dit: Ne pleure pas; voici, le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. Et je vis au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un agneau qui se tenait là, comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre» (Apoc. 5:1-6).

Combien la tribu de Juda est favorisée! Assurément, être signalé dans la lignée généalogique de laquelle notre Seigneur est issu, c’est un insigne honneur; et néanmoins nous savons — car notre Seigneur lui-même nous l’a dit — que c’est un privilège bien plus élevé et béni d’entendre la parole de Dieu et de la garder. Faire la volonté de Dieu et serrer ses précieux commandements dans nos cœurs, nous amène moralement plus près de Christ que le fait même d’être de sa parenté selon la chair (voyez Matt. 12:46-50).

«Et de Lévi il dit: Tes thummim (perfections) et tes urim (lumières) sont à l’homme de ta bonté, que tu as éprouvé à Massa, et avec lequel tu as contesté aux eaux de Meriba; qui dit de son père et de sa mère: Je ne l’ai point vu; et qui n’a pas reconnu ses frères, et n’a pas connu ses fils. Car ils ont gardé tes paroles et observé ton alliance. Ils enseigneront tes ordonnances à Jacob et ta loi à Israël; ils mettront l’encens sous tes narines et l’holocauste sur ton autel. Éternel! bénis sa force et que l’œuvre de ses mains te soit agréable! Brise les reins de ceux qui s’élèvent contre lui, et de ceux qui le haïssent, en sorte qu’ils ne puissent plus se relever» (vers. 8-11).

Le lecteur remarquera le fait que Siméon est omis ici, quoiqu’en Genèse 49, il soit si intimement associé à Lévi. «Siméon et Lévi sont frères. Leurs glaives ont été des instruments de violence. Mon âme, n’entre pas dans leur conseil secret; ma gloire, ne t’unis pas à leur assemblée! Car dans leur colère ils ont tué des hommes, et pour leur plaisir ils ont coupé les jarrets du taureau. Maudite soit leur colère, car elle a été violente; et leur furie, car elle a été cruelle! Je les diviserai en Jacob, et les disperserai en Israël.»

Or si nous comparons le passage de la Genèse avec celui du Deutéronome, nous observons deux choses, savoir: la responsabilité de l’homme d’un côté, et la souveraineté de Dieu de l’autre; nous y voyons, en outre, la nature et ses actes; la grâce et ses fruits. Jacob considère Siméon et Lévi liés l’un à l’autre par la nature, et reproduisant le caractère et les voies de la nature. Quant à ce qui les concerne individuellement, tous deux méritaient également la malédiction. Mais en Lévi, nous voyons le triomphe de la grâce souveraine; c’est par la grâce qu’il fut rendu capable, aux jours du veau d’or, de ceindre l’épée pour la gloire du Dieu d’Israël. «Et Moïse se tint à la porte du camp, et dit: À moi, quiconque est pour l’Éternel! Et tous les fils de Lévi se rassemblèrent vers lui. Et il leur dit: Ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël: Que chacun mette son épée sur sa cuisse; passez et revenez d’une porte à l’autre dans le camp, et que chacun de vous tue son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami. Et les fils de Lévi firent selon la parole de Moïse; et il tomba d’entre le peuple, ce jour-là, environ trois mille hommes. Et Moïse dit: Consacrez-vous aujourd’hui à l’Éternel, chacun dans son fils et dans son frère, afin de faire venir aujourd’hui sur vous une bénédiction» (Exode 32:26-29).

Où était Siméon dans cette occasion? Lui que nous voyons associé à Lévi au jour de la volonté propre, de la colère et du courroux cruel; pourquoi ne l’est-il plus au jour où il fallait se montrer décidé pour l’Éternel? Prêt à suivre son frère pour venger une insulte faite à la famille, pourquoi ne l’était-il pas aussi pour défendre l’honneur dû à Dieu, outragé comme il l’était alors par l’acte d’idolâtrie de la congrégation entière? Quelqu’un dirait-il que Siméon n’était pas responsable? Gardons-nous de poser pareille question. L’appel de Moïse s’adressait à toute la congrégation; Lévi seul y répondit, et c’est lui qui fut béni. Avoir soutenu la cause de Dieu, dans les jours sombres et mauvais, lui valut l’honneur de la sacrificature, dignité la plus élevée qui pût lui être conférée.

Dieu est souverain. Il fait ce qu’il lui plaît sans avoir à rendre compte à personne de ses voies. Si quelqu’un demandait: «Pourquoi le nom de Siméon est-il omis en Deutéronome 33?» la réponse la plus simple et la plus concluante est celle-ci «Ô homme, qui es-tu, qui contestes contre Dieu?» (Rom. 9:20).

En Siméon, nous voyons les actes de la nature jugés; en Lévi, les fruits de la grâce récompensés, et en tous deux la vérité de Dieu revendiquée et son nom glorifié. Cela a toujours été et sera toujours ainsi. L’homme est responsable et Dieu est souverain. Sommes-nous appelés à concilier ces deux propositions? Non, mais à les croire. Elles sont déjà conciliées en tant qu’elles paraissent côte à côte dans les pages inspirées. Cela suffit à toute âme pieuse; et quant à ceux qui contestent par incrédulité, ils auront bientôt la réponse à leurs objections1.

1 Pour plus de détails sur la tribu de Lévi, nous renvoyons le lecteur aux «Notes sur l’Exode», chap. 32, ainsi qu’aux «Notes sur les Nombres», chap. 3, 4 et 8.

«De Benjamin il dit: Le bien-aimé de l’Éternel, — il habitera en sécurité auprès de lui; l’Éternel le couvrira tout le jour, et il habitera entre ses épaules» (vers. 12).

Heureuse place pour Benjamin, comme aussi pour tout enfant de Dieu! Combien est précieuse cette pensée de pouvoir demeurer en toute sécurité dans la présence divine, dans une proximité consciente du vrai et fidèle Berger et Surveillant de nos âmes, abrités jour et nuit sous ses ailes protectrices.

Puissiez-vous, cher lecteur, chercher à connaître toujours plus le bonheur réel qui se trouve dans la place et la portion de Benjamin. Que la jouissance de la présence de Christ, le sentiment permanent de sa communion et de sa proximité, satisfassent seuls votre cœur. Soyez-en certain, c’est là votre heureux privilège. Que rien ne vous en prive. Demeurez près du Berger, reposez dans son amour, paissez dans ses gras pâturages, le long des eaux paisibles. Que le Seigneur nous donne de faire l’expérience, de ces précieuses bénédictions. Puissions-nous connaître la valeur inappréciable d’une profonde intimité personnelle avec Lui-même. Voilà ce dont on a si impérieusement besoin en ces jours, où l’on voit tant de connaissance intellectuelle de la vérité, mais si peu de connaissance du cœur et de vraie appréciation de Christ.

«Et de Joseph il dit: Son pays soit béni par l’Éternel de ce qu’il y a de plus précieux au ciel, de la rosée, et de ce qui vient des profondeurs qui gisent en bas; et du plus précieux des produits du soleil, et du plus précieux des produits des mois et de ce qui croît sur le sommet des montagnes d’ancienneté, et du plus précieux des collines éternelles; et du plus précieux de la terre et de sa plénitude. Et que la faveur de celui qui demeurait dans le buisson, vienne sur la tête de Joseph, sur le sommet de la tête de celui qui a été mis à part de ses frères! Sa magnificence est comme le premier-né de son taureau, et ses cornes sont des cornes de buffle. Avec elles, il poussera les peuples ensemble jusqu’aux bouts de la terre. Ce sont les myriades d’Éphraïm, et ce sont les milliers de Manassé» (vers. 13-17).

Joseph est un type très remarquable de Christ; c’est ce que nous avons vu dans nos études sur la Genèse. Le lecteur remarquera combien Moïse fait ressortir le fait qu’il a été séparé de ses frères. Il fut rejeté et mis dans la fosse. Il a passé, en figure, par les eaux profondes de la mort, et est ainsi parvenu à une position de dignité et de gloire. Il fut retiré du fond de la prison pour être gouverneur du pays d’Égypte, et devint le protecteur et le soutien de ses frères. Le fer a pénétré son âme et il a dû goûter l’amertume de la mort avant d’entrer dans la sphère de la gloire. Type frappant de Celui qui a été cloué à la croix, mis dans le tombeau, et qui siège maintenant sur le trône de la majesté dans le ciel.

On ne peut qu’être frappé en voyant l’abondance des bénédictions prononcées sur Joseph, par Moïse, dans notre chapitre, et par Jacob, dans le chapitre 49 de la Genèse. Il y a quelque chose de particulièrement beau dans les expressions de Jacob: «Joseph est une branche qui porte du fruit, une branche qui porte du fruit près d’une fontaine; ses rameaux poussent par-dessus la muraille. Les archers l’ont provoqué amèrement, et ont tiré contre lui, et l’ont haï; mais son arc est demeuré ferme, et les bras de ses mains sont souples par les mains du Puissant de Jacob. De là est le berger, la pierre d’Israël: du Dieu de ton père, et il t’aidera; et du Tout-Puissant, et il te bénira des bénédictions des cieux en haut, des bénédictions de l’abîme qui est en bas, des bénédictions des mamelles et de la matrice. Les bénédictions de ton père surpassent les bénédictions de mes ancêtres jusqu’au bout des collines éternelles; elles seront sur la tête de Joseph, et sur le sommet de la tête de celui qui a été mis à part de ses frères» (Gen. 49:22-26).

Quelle suite magnifique de bénédictions! Et toutes découlent des souffrances de Joseph et sont basées sur elles. Il est inutile d’ajouter que bientôt elles se réaliseront pour Israël. Les souffrances du vrai Joseph formeront le fondement impérissable des bénédictions futures de ses frères au pays de Canaan; et non seulement cela, mais leurs flots profonds et abondants couleront de ce pays si favorisé alors, quoique désert maintenant, et iront rafraîchir la terre entière. «Et il arrivera, en ce jour-là, que des eaux vives sortiront de Jérusalem» (Zach. 14:8). Quelle brillante perspective pour Jérusalem, le pays d’Israël, et pour toute la terre! Et quelle triste erreur de vouloir appliquer ces prophéties à l’économie de l’évangile ou à l’Église de Dieu! Combien cela est contraire au témoignage des Saintes Écritures, au cœur de Dieu et à l’esprit de Christ!

«Et de Zabulon il dit: Réjouis-toi, Zabulon, en ta sortie; et toi, Issacar, dans tes tentes! ils appelleront les peuples à la montagne; là ils offriront des sacrifices de justice, car ils suceront l’abondance des mers, et les trésors cachés du sable» (vers. 18-19).

Zabulon doit se réjouir en sa sortie, et Issacar en restant dans ses tentes. Il y aura joie au dehors et au dedans; il y aura aussi une puissance agissant envers d’autres, appelant les peuples à la montagne de l’Éternel pour offrir des sacrifices de justice. Tout cela basé sur le fait qu’eux-mêmes suceront l’abondance des mers et les trésors cachés. Il en est toujours ainsi en principe. Notre privilège constant est de nous réjouir dans le Seigneur, quoiqu’il en soit, et de puiser aux sources éternelles des trésors cachés qui se trouvent en Lui-même. Alors seulement nous serons dans l’état d’âme convenable pour en appeler d’autres à goûter et à voir combien le Seigneur est bon; et non seulement cela, mais nous pourrons présenter à Dieu ces sacrifices de justice qui Lui sont agréables.

«Et de Gad il dit: Béni soit celui qui élargit Gad. Il habite comme une lionne, et il déchire le bras, même le sommet de la tête. Et il s’est choisi la première partie du pays; car là était réservée la part du législateur; et il est allé avec les chefs du peuple; il a accompli avec Israël la justice de l’Éternel et ses jugements. Et de Dan il dit: Dan est un jeune lion, il s’élance de Basan. Et de Nephthali il dit: Nephthali, rassasié de faveurs et comblé de la bénédiction de l’Éternel, possède la mer et le Darôm! Et d’Aser il dit: Aser sera béni en fils; il sera agréable à ses frères, et il trempera son pied dans l’huile. Tes verrous seront de fer et d’airain, et ton repos comme tes jours. Nul n’est comme le Dieu de Jeshurun, qui est porté sur les cieux à ton secours, et sur les nuées dans sa majesté. Le Dieu d’ancienneté est ta demeure, et au-dessous de toi sont les bras éternels; il chasse l’ennemi devant toi, et il dit: Détruis! Et Israël habitera en sécurité, la source de Jacob, à part, dans un pays de froment et de moût, et ses cieux distilleront la rosée. Tu es bienheureux, Israël! Qui est comme toi, un peuple sauvé par l’Éternel, le bouclier de ton secours et l’épée de ta gloire? Tes ennemis dissimuleront devant toi, et toi, tu marcheras sur leurs lieux élevés» (vers. 20-29).

Vraiment, tout commentaire humain est inutile ici. Rien ne peut égaler le prix de la grâce que respirent ces dernières lignes de notre chapitre. Les bénédictions qu’il renferme, comme le cantique du chap. 32, commencent et se terminent avec Dieu et ses voies merveilleuses envers Israël. Cette magnifique conclusion du Deutéronome est réjouissante et rafraîchissante au-delà de toute expression. La grâce et la gloire y brillent d’un éclat tout particulier. Dieu sera encore glorifié en Israël, et Israël sera béni pleinement et à toujours en Dieu. Rien n’y peut mettre obstacle. Les dons et l’appel de Dieu sont sans repentir. Chaque iota ou trait de lettre des précieuses promesses faites à Israël, s’accomplira. Les dernières paroles du législateur le témoignent de la manière la plus claire et la plus certaine; n’eussions-nous même que les quatre derniers versets de ce précieux chapitre, ils suffiraient amplement pour prouver d’une manière incontestable la restauration future, la bénédiction, la prééminence et la gloire des douze tribus d’Israël dans leur propre pays.

Mais il est vrai aussi que des bénédictions prononcées sur Israël, le peuple de Dieu d’aujourd’hui peut tirer instruction, consolation et rafraîchissement. Oui, Dieu en soit béni, nous savons ce que c’est que d’être «rassasié de faveurs et comblé de la bénédiction de l’Éternel». Pour nous aussi, «le Dieu d’ancienneté est notre demeure, et au-dessous de nous sont les bras éternels». Nous pouvons dire tout cela et beaucoup plus encore; plus qu’Israël n’a dit ou ne dira jamais. Les bénédictions et les privilèges de l’Église sont célestes et spirituels, ce qui ne nous empêche pas de trouver des consolations dans les promesses faites à Israël. La grande erreur des chrétiens professants est d’appliquer exclusivement à l’Église ce qui concerne, d’une manière évidente, le peuple terrestre de Dieu. C’est pourquoi nous supplions encore une fois le lecteur chrétien d’être en garde contre cette erreur si sérieuse. Il ne doit nullement craindre de perdre aucune de ses bénédictions spéciales, en laissant à la postérité d’Abraham la place et la portion qui lui ont été assignées par les conseils et les promesses de Dieu. Au contraire, ce n’est qu’après avoir clairement saisi et reconnu cette vérité, que nous pouvons faire un usage intelligent des Écritures de l’Ancien Testament. Nous posons comme principe fondamental, qu’il est impossible de comprendre ou d’interpréter l’Écriture, si l’on n’a pas clairement discerné la grande différence qui existe entre Israël et l’Église de Dieu.