Deutéronome

Chapitre 32

«Et Moïse prononça aux oreilles de toute la congrégation d’Israël les paroles de ce cantique-ci, jusqu’à ce qu’elles fussent complètes». Ce n’est pas trop de dire que la portion du volume divin, placée ici devant nous, est d’entre les plus belles et les plus significatives, et qu’elle demande que nous la lisions avec prière et une sérieuse attention. Elle comprend la suite complète des dispensations de Dieu envers Israël, depuis la première jusqu’à la dernière, et offre le récit le plus solennel de leur péché, de la colère divine et du jugement. Mais, Dieu soit béni, ce cantique commence et finit avec Lui, et quelle riche et profonde bénédiction pour l’âme! S’il n’en était pas ainsi, et que nous eussions seulement l'affligeante histoire des voies de l’homme, nous en serions complètement accablés. Mais, dans ce magnifique cantique comme dans toute l’Écriture, nous commençons avec Dieu, et nous finissons avec Lui. C’est ce qui rassure l’esprit et nous rend capables de poursuivre l’histoire de l’homme avec une calme et sainte confiance, bien que tout se brise entre ses mains, comme aussi de remarquer les machinations de l’ennemi en opposition avec les conseils et les desseins de Dieu. Nous sommes rendus capables de voir l’entier manquement et la ruine complète de la créature, parce que nous savons avec certitude que Dieu restera Dieu en dépit de tout. Il aura la haute main à la fin, et alors tout sera et devra être bien. Dieu sera tout en tous; il n’y aura ni ennemi, ni mal, dans ce vaste univers de félicité, dont notre adorable Seigneur et Christ sera le soleil et le centre pour l’éternité. Mais revenons à notre cantique.

«Cieux, prêtez l’oreille, et je parlerai; et toi terre, écoute les paroles de ma bouche. Ma doctrine distillera comme la pluie; ma parole descendra comme la rosée, comme une pluie fine sur l’herbe tendre, et comme des ondées sur l’herbe mûre. Car je proclamerai le nom de l’Éternel. Attribuez la grandeur à notre Dieu!» (vers. 1-3).

Voilà où est le fondement solide et impérissable de toute chose. Quoi qu’il en soit, le nom de notre Dieu subsistera à toujours. Aucune puissance de la terre ou de l’enfer ne peut agir contre les desseins de Dieu, ni arrêter l’éclat de la gloire divine. Quel repos cela donne au cœur, au milieu de ce monde si sombre, captif du péché, et devant le succès apparent des desseins de l’ennemi. Notre refuge, notre ressource et notre consolation, se trouvent dans le nom de l’Éternel, notre Dieu, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. En vérité, ce nom précieux doit être toujours comme une rosée rafraîchissante et une douce pluie descendant sur nos cœurs; doctrine céleste et divine dont l’âme peut se nourrir, et qui la soutient en tout temps et dans toutes les circonstances.

«Il est le Rocher» — pas simplement un rocher. Il n’y a et ne peut y avoir d’autre Rocher que Lui. «Son œuvre est parfaite»; tout ce qui vient de sa main bénie porte le cachet d’une perfection absolue. Cette vérité sera bientôt rendue manifeste à toute créature intelligente. Elle l’est déjà pour la foi, et c’est une source de consolation divine pour tous les vrais croyants. La pensée seule de cette perfection distille comme de la rosée sur l’âme altérée. «Car toutes ses voies sont justice. C’est un Dieu fidèle, et il n’y a pas d’iniquité en Lui; il est juste et droit» (vers. 4). Les incrédules peuvent se railler ou, dans leur prétendue sagesse, essayer de critiquer les actes de Dieu, mais leur folie sera rendue manifeste à tous. «Que Dieu soit vrai et tout homme menteur, selon ce qui est écrit: En sorte que tu sois justifié dans tes paroles, et que tu aies gain de cause quand tu es jugé» (Rom. 3:4). Dieu aura finalement la haute main. Que l’homme prenne donc garde à ce qu’il fait en mettant en question ce que dit ou fait le Dieu Tout-Puissant, le seul vrai et seul sage. Il y a quelque chose de particulièrement beau dans les premières paroles de ce cantique. C’est un repos pour le cœur de savoir que, si l’homme et même le peuple de Dieu manquent et sont ruinés, nous avons affaire à Celui qui demeure fidèle, qui ne peut se renier Lui-même, dont les voies sont parfaites, et qui, lorsque l’ennemi aura fait tous ses efforts et mûri tous ses desseins de méchanceté, se glorifiera Lui-même, et introduira une bénédiction universelle et éternelle.

Il faut, il est vrai, que le jugement s’exécute sur les voies de l’homme. Dieu est forcé de prendre la verge de la discipline et de s’en servir parfois avec une sévérité terrible sur son propre peuple. Il ne peut tolérer le mal chez ceux qui portent son saint nom. Cela nous est montré avec une solennité toute particulière dans ce cantique. Les voies d’Israël y sont exposées sans ménagements ou restrictions; rien n’y est passé sous silence; tout est mis au jour avec précision et fidélité. Ainsi nous lisons: «Ils se sont corrompus à son égard, leur tache n’est pas celle de ses fils; c’est une génération tortue et perverse. Est-ce ainsi que vous récompensez l’Éternel, peuple insensé et dénué de sagesse? N’est-il pas ton père, qui t’a acheté? C’est lui qui t’a fait et qui t’a établi» (vers. 5-6).

Ici se fait entendre la première parole de reproche dans ce cantique, mais elle est aussitôt suivie par le plus précieux témoignage rendu à la bonté, la longanimité, la fidélité et les tendres compassions de l’Éternel, l’Élohim d’Israël, le Très-Haut, l’Élion de toute la terre. «Souviens-toi des jours d’autrefois, considérez les années de génération en génération; interroge ton père, et il te le déclarera, tes anciens, et ils te le diront. Quand le Très-Haut (Élion) partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils d’Adam il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël» (vers. 8).

Quel fait glorieux est déployé ici devant nos yeux, pourtant peu saisi ou pris en considération par les nations de la terre. On oublie que, dans l’établissement original des grandes limites nationales, le Très-Haut avait directement en vue «les fils d’Israël!» Le lecteur ferait bien de chercher à saisir ce fait si grand et si intéressant. En considérant la géographie et l’histoire au point de vue divin, nous trouvons que Canaan et la semence de Jacob sont pour Dieu le centre de tout sur la terre. Oui; Canaan, cette petite bande de terre située le long de la côte orientale de la Méditerranée, occupant une superficie de vingt-deux mille kilomètres carrés, les deux tiers environ de l’étendue de l’Irlande, est le centre de la géographie divine et les douze tribus d’Israël sont l’objet central de l’histoire de Dieu. Combien peu les géographes et les historiens y ont pensé! Ils ont décrit des pays et écrit l’histoire de nations qui, d’après leur étendue géographique et leur importance politique, dépassent de beaucoup la Palestine et son peuple, selon la pensée humaine, mais qui, aux yeux de Dieu, ne sont rien en comparaison de ce petit coin de terre qu’il daigne appeler son pays, et que, selon son propos arrêté, la postérité d’Abraham, son ami, doit hériter1.

1 Combien il est vrai que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, et que ses voies ne sont pas nos voies! L’homme attache de l’importance à de vastes territoires, à la force matérielle, aux ressources pécuniaires, aux armées bien disciplinées, à des flottes puissantes. Dieu, au contraire, ne tient nul compte de ces choses; elles Lui sont comme la poussière menue dans une balance. «Ne savez-vous pas? Ne l’avez-vous pas entendu? Cela ne vous a-t-il pas été déclaré dès le commencement? N’avez-vous pas, compris la fondation de la terre.… Lui, qui est assis au-dessus du cercle de la terre, et ses habitants sont comme des sauterelles, — qui étend les cieux comme une toile légère, et qui les déploie comme une tente pour y habiter; qui réduit ses chefs à néant, qui fait que les juges de la terre sont comme rien» (Ésaïe 40:21-23). Ces paroles nous font voir la raison morale pour laquelle en choisissant un pays pour centre de ses plans et de ses conseils sur la terre, l’Éternel n’en a pas pris un d’une vaste étendue, mais a préféré cette portion de terre de peu de valeur dans les pensées de l’homme. Mais quelle importance se rattache à ce petit pays Quels principes y ont été déployés! Quels événements y ont eu lieu! Quelles choses y ont été accomplies, et que de plans et de desseins y auront encore leur accomplissement! Il n’y a aucun endroit sur toute la terre qui intéresse autant le cœur de Dieu que le pays de Canaan et la ville, de Jérusalem. L’Écriture abonde en preuves à l’appui de cette assertion. Le temps approche rapidement où des faits palpables opéreront ce que le témoignage le plus clair des Écritures n’a pu faire, savoir: convaincre les hommes que le pays d’Israël était, est, et sera à toujours le centre terrestre de Dieu. Toutes les nations qui ont eu de l’importance, de l’intérêt, ou une place quelconque dans les pages inspirées, le doivent simplement à ce que, d’une manière ou d’une autre, elles ont été en relation avec le pays ou le peuple d’Israël. Combien peu les historiens le savent ou même s’en doutent! Mais assurément, toute âme qui aime Dieu devrait le savoir et y penser.

Nous ne pouvons nous arrêter sur ce sujet important, mais nous prions le lecteur de le considérer sérieusement. Il le trouvera pleinement développé et éclairci d’une manière frappante dans les écrits prophétiques de l’Ancien et du Nouveau Testament. «Car la portion de l’Éternel, c’est son peuple; Jacob est le lot de son héritage. Il le trouva dans un pays désert et dans la désolation des hurlements d’une solitude; il le conduisit çà et là; il prit soin de lui, il le garda comme la prunelle de son œil. Comme l’aigle éveille son nid, plane au-dessus de ses petits, étend ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes, l’Éternel seul l’a conduit, et il n’y a point eu avec lui de dieu étranger. Il l’a fait passer à cheval sur les lieux hauts de la terre; et il a mangé le produit des champs, et il lui a fait sucer le miel du rocher, et l’huile du roc dur; le caillé des vaches, et le lait des brebis, et la graisse des agneaux et des béliers de la race de Basan, et des boucs, avec la fine graisse du froment; et tu as bu le vin pur, le sang du raisin» (vers. 9-14).

Est-il nécessaire de dire que ces paroles s’appliquent dans le principe à Israël? L’Église, sans doute, peut en retirer de l’instruction et en profiter; mais l’appliquer à l’Église impliquerait une double erreur, erreur des plus sérieuses; ce ne serait rien moins que rabaisser l’Église d’un niveau céleste à un terrestre, et lui donner, sans y être autorisé, la place et la portion que Dieu a assignées à Israël. Qu’est-ce que l’Église de Dieu, le corps de Christ, a à faire avec l’établissement des nations de la terre? Absolument rien. L’Église, selon la pensée de Dieu, est étrangère, sur la terre. Sa portion, son espérance, sa patrie, son héritage, tout pour elle est céleste. On n’aurait jamais entendu parler de l’Église, qu’il n’y aurait aucune différence dans le courant de l’histoire de ce monde. Sa vocation, sa marche, sa destinée et son caractère tout entiers, ses principes et sa morale sont célestes, ou, du moins, devraient l’être. L’Église n’a rien à faire avec la politique de ce monde. Sa bourgeoisie est dans les cieux, d’où elle attend le Sauveur. En se mêlant aux affaires du monde, elle renie son Seigneur, sa vocation et ses principes. Son grand et saint privilège est d’être liée et moralement identifiée à un Christ rejeté, crucifié, ressuscité et glorifié. Elle n’a pas plus à faire avec le système actuel des choses, ou avec le courant de l’histoire de ce monde, que sa Tête glorifiée dans le ciel. En parlant de son peuple, Christ, notre Seigneur, dit: «Ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde» (Jean 17:16).

Ces paroles sont concluantes et déterminent notre position et notre chemin de la manière la plus précise et la plus définie. «Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4:17). Ce passage renferme une double vérité, savoir: notre parfaite acceptation devant Dieu et notre complète séparation d’avec le monde. Nous sommes dans le monde, mais pas du monde. Nous avons à le traverser comme des pèlerins et des étrangers attendant la venue de notre Seigneur, l’apparition de la brillante étoile du matin. Ce n’est donc pas à nous à prendre part aux affaires municipales ou politiques. Nous sommes appelés et exhortés à obéir aux puissances établies, à prier pour tous ceux qui sont élevés en autorité, à payer le tribut, et à ne devoir rien à personne; à être «sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d’une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie» (Phil. 2:15-16).

De tout ce qui précède, nous pouvons saisir quelque chose de l’immense importance pratique qu’il y a «d’exposer justement la parole de la vérité» (2 Tim. 2:15). Nous n’avons qu’une faible idée du tort fait, soit à la vérité de Dieu, soit aux enfants de Dieu, en confondant Israël avec l’Église, ce qui est terrestre avec ce qui est céleste. Cela est un obstacle à tout progrès dans la connaissance des Écritures, et nuit à l’intégrité de la marche chrétienne et du témoignage. On peut trouver cette assertion exagérée, mais nous avons vu nombre d’exemples qui en établissent la vérité; et nous avons désiré une fois de plus appeler l’attention du lecteur sur ce sujet. Poursuivons maintenant l’étude de notre chapitre.

Le verset 15 nous fait entendre une note très différente du cantique de Moïse. Jusqu’ici nous avons eu devant nous, Dieu, ses actes, ses desseins, ses conseils, ses pensées, son intérêt plein d’amour pour son peuple d’Israël, ses voies pleines de compassion envers lui. Tout y est rempli des plus riches bénédictions. Il n’y a point là de retour en arrière, et il ne pourrait y en avoir. Quand nous avons Dieu et ses voies devant nous, il n’y a aucun obstacle aux jouissances du cœur. Tout est perfection, perfection divine, absolue, et en la découvrant, nos cœurs sont remplis d’admiration, d’amour et de louange.

Mais il y a le côté de l’homme, et ici, hélas tout est manquement et désappointement. Ainsi, au verset 15 de notre chapitre, nous lisons «Mais Jeshurun s’est engraissé, et a regimbé: tu es devenu gras, gros, replet; et il a abandonné le Dieu qui l’a fait, et il a méprisé le Rocher de son salut. Ils l’ont ému à jalousie par des dieux étrangers; ils l’ont provoqué à colère par des abominations. Ils ont sacrifié aux démons qui ne sont point Dieu, à des dieux qu’ils ne connaissaient pas, dieux nouveaux, venus depuis peu, que vos pères n’ont pas révérés. Tu as oublié le Rocher qui t’a engendré, et tu as mis en oubli le Dieu qui t’a enfanté» (vers. 15-18). Nous trouvons dans ces paroles un solennel avertissement. Chacun de nous est en danger de suivre le sentier moral qu’elles indiquent. Entourés de toute manière des tendres et riches compassions de Dieu, nous sommes enclins à en faire usage pour nourrir un esprit de satisfaction propre. Nous nous servons des dons pour exclure le Donateur. En un mot, nous aussi, comme Israël, nous nous engraissons et nous regimbons. Nous oublions Dieu. Nous perdons le doux et précieux sentiment de sa présence et de sa parfaite suffisance, et nous nous tournons vers d’autres objets, comme Israël vers les faux dieux. Combien souvent nous oublions le Rocher qui nous a engendrés, le Dieu qui nous a enfantés, le Seigneur qui nous a rachetés! Et cette ingratitude est d’autant moins excusable en nous, que nos privilèges sont bien plus élevés que ceux d’Israël. Nous sommes amenés dans une position et dans une relation que le peuple terrestre ignorait totalement; nos privilèges et nos bénédictions sont de l’ordre le plus élevé; notre privilège est d’avoir communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ; nous sommes les objets de cet amour parfait qui n’a rien épargné pour nous introduire dans une position qui permet de dire de nous «Comme il est, Lui (Christ), nous sommes, nous aussi, dans ce monde». Rien ne peut surpasser la bénédiction qui se trouve là; l’amour divin même n’aurait pu faire davantage. Non seulement l’amour de Dieu nous a été manifesté dans le don et la mort de son Fils unique et bien-aimé, et dans le don de son Esprit; mais cet amour a été rendu parfait envers nous, en nous plaçant dans la même position que ce Bien-aimé sur le trône de Dieu. Tout cela est merveilleux et surpasse toute connaissance. Et pourtant, combien nous sommes portés à oublier Celui qui nous a aimés ainsi, qui a été en travail pour nous, et qui nous a bénis! Combien souvent nous glissons loin de Lui dans nos pensées et les affections de nos cœurs! Il ne s’agit pas ici seulement de ce qu’a fait l’église professante dans son ensemble; la question est plus intime; c’est là ce que nos pauvres misérables cœurs sont constamment enclins à faire. Nous oublions facilement Dieu pour nous tourner vers d’autres objets, et cela à notre sérieuse perte et à son déshonneur.

Voulons-nous savoir ce qu’en éprouve le cœur de Dieu? Désirons-nous nous en former une juste idée? Écoutons les paroles brûlantes que Moïse, dans son cantique, adresse au peuple égaré. Puissions-nous les écouter attentivement, de façon à en profiter réellement.

«Et l’Éternel l’a vu et les a rejetés, par indignation contre ses fils et ses filles. Et il a dit: Je leur cacherai ma face, je verrai quelle sera leur fin, car ils sont une génération perverse, des fils en qui il n’y a point de fidélité. Ils m’ont ému à jalousie par ce qui n’est point Dieu, ils m’ont provoqué à colère par leurs vanités; et moi, je les exciterai à la jalousie par ce qui n’est pas un peuple, je les provoquerai à la colère par une nation insensée. Car un feu s’est allumé dans ma colère, et il brûlera jusqu’au shéol le plus profond, et dévorera la terre et son rapport, et embrasera les fondements des montagnes. J’accumulerai sur eux des maux; j’épuiserai contre eux mes flèches. Ils seront consumés par la famine et rongés par des ardeurs dévorantes, et par une peste maligne; et j’enverrai contre eux la dent des bêtes, avec le venin de ce qui rampe dans la poussière. Au dehors l’épée, et au dedans la terreur, détruiront le jeune homme et la vierge, l’enfant qui tette et l’homme à cheveux blancs» (vers. 19-25).

Nous avons ici un exposé solennel des voies gouvernementales de Dieu, éminemment propre à faire ressortir la terrible vérité de Héb. 10:31: «C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant!» L’histoire d’Israël dans le passé, sa condition actuelle, et ce par quoi il devra passer dans l’avenir, tout s’accorde à prouver d’une manière éclatante que «notre Dieu est un feu consumant». Nulle nation sur la terre n’a été appelée à passer par une discipline aussi sévère que le peuple d’Israël. L’Éternel le leur rappelle dans ces paroles pénétrantes «Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités» (Amos 3:2). Aucune autre nation n’a jamais été appelée à jouir du privilège élevé d’une relation actuelle avec l’Éternel. Cette dignité était réservée à une seule nation; mais la dignité même de cette position était la base d’une solennelle responsabilité. Si les enfants d’Israël étaient appelés à être son peuple, ils devaient se conduire d’une manière digne d’une position aussi merveilleuse, ou bien endurer des châtiments plus terribles que jamais nation sous le soleil ait endurés. Les hommes peuvent raisonner là-dessus, et demander s’il convient au caractère d’un Dieu de bonté d’agir selon ce que nous trouvons aux versets 22-25 de notre chapitre. Mais toutes ces objections et tous ces raisonnements seront tôt ou tard trouvés n’être que folie. Il est parfaitement inutile à l’homme d’argumenter contre les actes solennels du gouvernement divin, ou contre la terrible sévérité de la discipline exercée envers le peuple élu de Dieu. Combien il est plus sage, meilleur et plus sûr, de se laisser avertir, par les faits de l’histoire d’Israël, à fuir la colère à venir et à saisir la vie éternelle et le plein salut révélé dans le précieux évangile de Dieu.

Quant à nous, chrétiens, il y a un immense profit à retirer du récit des voies de Dieu envers son peuple, et cela en apprenant par ses expériences combien nous avons besoin de marcher, dans notre haute et sainte position, avec humilité, dans la vigilance et la prière. Nous possédons, il est vrai, la vie éternelle; nous sommes les objets privilégiés de cette grâce magnifique qui règne par la justice en vie éternelle, par Jésus Christ, notre Seigneur; nous sommes membres du corps de Christ, les temples du Saint Esprit, et les héritiers de la gloire éternelle. Mais ces privilèges si élevés offrent-ils le moindre prétexte pour négliger la voix d’avertissement que l’histoire d’Israël fait retentir à nos oreilles? Nous autorisent-ils à marcher dans l’insouciance, et à mépriser les salutaires enseignements que nous donne cette histoire du peuple terrestre? Au contraire, nous sommes tenus de donner la plus sérieuse attention aux choses que le Saint Esprit a écrites pour notre instruction. Plus nos privilèges sont élevés, plus riches sont nos bénédictions, plus nos relations nous rapprochent de Dieu, plus aussi nous sommes dans l’obligation d’être fidèles, et de chercher en toutes choses à nous conduire de manière à être agréables à Celui qui nous a appelés à occuper la place la plus élevée et la plus riche en bénédiction, que son amour parfait pût nous accorder. Que le Seigneur, dans sa bonté infinie, nous accorde de peser ces choses en sa sainte présence, avec un cœur vrai et sincère, et de chercher sérieusement à le servir avec révérence et avec crainte!

Le verset 26 présente un point du plus profond intérêt en rapport avec l’histoire des dispensations divines envers Israël. «Je dirais: Je les disperserai, j’abolirai du milieu des hommes leur mémoire». Et pourquoi ne le fit-il pas? La réponse à cette question renferme une vérité d’une valeur et d’une importance infinies pour Israël, une vérité qui est à la base même de toutes ses bénédictions futures. Quant à ce qui les concernait, assurément ils méritaient que leur mémoire fût abolie du milieu des hommes, mais Dieu a ses pensées, ses conseils et ses desseins à Lui, à leur égard; de plus, il tient compte des pensées et des actes des nations relativement à son peuple. C’est ce qui ressort d’une manière bien remarquable au verset 27, où Dieu condescend à nous donner la raison pour laquelle il n’efface pas toute trace de ce peuple pécheur et rebelle: «Si je ne craignais la provocation de l’ennemi, que leurs adversaires ne s’y méprennent et qu’ils ne disent: Notre main est élevée, et ce n’est pas l’Éternel qui a fait tout cela».

Rien n’est plus touchant que la grâce qui respire dans ces paroles. Dieu ne permettra pas aux nations de traiter son pauvre peuple égaré comme s’il l’avait oublié. Il se servira bien d’elles comme de verge pour le châtier, mais du moment où, se livrant à leur propre animosité, elles tenteraient d’aller au-delà des limites qu’il a assignées, il brisera la verge et rendra manifeste à tous que c’est Lui-même qui agit envers le peuple qu’il n’a cessé d’aimer, et qu’il bénira finalement pour sa propre gloire.

Cette vérité est d’un prix inexprimable. Le propos arrêté de l’Éternel est d’enseigner à toutes les nations de la terre, qu’Israël a une place particulière dans son cœur et une position d’excellence sur la terre. Cela est incontestable. Les écrits des prophètes sont remplis de preuves qui établissent cette vérité. Si les nations l’oublient ou s’y opposent, c’est à leur détriment. C’est en vain qu’elles tenteront d’agir contre les conseils divins, car, certainement, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, confondra tout plan formé contre le peuple de son choix. Les hommes peuvent, dans leur orgueil et leur folie, s’imaginer que leur bras est puissant, mais ils apprendront que celui de Dieu l’est davantage.

Nous ne pouvons entrer plus loin dans l’étude de ce sujet si profondément intéressant; nous engageons le lecteur à le continuer pour lui-même à la lumière des Saintes Écritures. Il y trouvera profit et édification pour son âme. Il peut voir dans le magnifique cantique de Moïse, un abrégé de toutes les voies de Dieu envers Israël, et d’Israël à l’égard de Dieu, de cette histoire qui expose d’une manière si frappante les grands principes de la grâce, de la loi, du gouvernement et de la gloire.

Dans les versets 29 et suivants, nous avons un appel très touchant: «Oh! s’ils eussent été sages, ils eussent compris ceci, ils eussent considéré leur fin! Comment un seul en eût-il poursuivi mille, et deux en eussent-ils mis en fuite dix mille, si leur Rocher ne les avait pas vendus, et si l’Éternel ne les avait pas livrés? Car leur rocher n’est pas comme notre Rocher, et nos ennemis en sont juges. Car leur vigne est de la vigne de Sodome et du terroir de Gomorrhe; leurs raisins sont des raisins vénéneux, et leurs grappes sont amères; leur vin est un venin de monstres et un poison cruel d’aspic» (vers. 29-33). Terrible tableau de la condition morale d’un peuple! Mais c’est ainsi que Dieu voit l’état réel de ceux dont le rocher n’est pas comme le Rocher d’Israël. Un jour de vengeance viendra. Il est différé par la longanimité miséricordieuse de Dieu, mais il viendra; cela est aussi sûr qu’il y a un Dieu sur le trône du ciel. Un jour vient, dans lequel toutes ces nations qui ont agi orgueilleusement envers Israël, auront à répondre au tribunal du Fils de l’homme, à rendre compte de leur conduite, à entendre sa sentence solennelle, et à subir sa colère: «Cela n’est-il pas caché par devers moi, scellé dans mes trésors? À moi la vengeance et la rétribution, au temps où leur pied bronchera. Car le jour de leur calamité est proche, et ce qui leur est préparé se hâte. Car l’Éternel jugera son peuple, et se repentira en faveur de ses serviteurs, quand il verra que la force s’en est allée, et qu’il n’y a plus personne, homme lié ou homme libre. Et il dira: Où sont leurs dieux, le rocher en qui ils se confiaient, qui mangeaient la graisse de leurs sacrifices, et buvaient le vin de leurs libations? Qu’ils se lèvent, et qu’ils vous secourent, qu’ils soient une retraite pour vous! Voyez maintenant que c’est moi, moi, le Même, et il n’y a point de dieu à côté de moi; moi, je tue, et moi, je fais vivre; moi, je blesse, et moi, je guéris; et il n’y a personne qui délivre de ma main. Car je lève ma main aux cieux, et je dis: Je vis éternellement. Si j’aiguise l’éclair de mon épée et que ma main saisisse le jugement, je rendrai la vengeance à mes adversaires et je récompenserai ceux qui me haïssent. J’enivrerai mes flèches de sang, et mon épée dévorera de la chair; je les enivrerai du sang des tués et des captifs, de la tête des chefs de l’ennemi» (vers. 34-42).

Ici, nous avons la fin des terribles sentences de jugement, de colère et de vengeance, exprimées brièvement dans le cantique de Moïse, mais exposées largement dans tous les écrits prophétiques. Le lecteur pourra confronter avec beaucoup d’intérêt et de profit, Ézéchiel 38 et 39, où nous avons le jugement de Gog et Magog, le grand ennemi du nord qui s’élèvera à la fin contre le pays d’Israël, et trouvera là une fin ignominieuse et une complète destruction.

Dans Joël 3 aussi, se lisent des paroles de baume et de consolation pour l’Israël futur: «Car voici, en ces jours-là et en ce temps-là où je rétablirai les captifs de Juda et de Jérusalem, je rassemblerai toutes les nations, et je les ferai descendre dans la vallée de Josaphat, et là j’entrerai en jugement avec elles au sujet de mon peuple et de mon héritage, Israël, qu’elles ont dispersé parmi les nations; et elles ont partagé mon pays» (vers. 1-2).

Nous voyons ainsi comment la voix des prophètes s’harmonise parfaitement avec le cantique de Moïse, et comment, par le moyen de tous, le Saint Esprit démontre clairement et pleinement cette grande vérité de la restauration d’Israël, de sa suprématie et de sa gloire futures.

Combien est réjouissante la note qui termine notre cantique! Quel magnifique couronnement de tout l’édifice! Les nations hostiles sont jugées, de quelque manière qu’elles apparaissent sur la scène, que ce soit Gog et Magog, les Assyriens, ou le roi du Nord, — tous les ennemis d’Israël seront confondus et désignés pour la perdition éternelle, mais alors se font entendre ces douces paroles: «Réjouissez-vous, nations, avec son peuple; car il vengera le sang de ses serviteurs, et il rendra la vengeance à ses adversaires, et il pardonnera à sa terre, à son peuple» (vers. 43).

Ici prend fin ce cantique admirable. Il commence avec Dieu, se termine avec Lui, et résume d’une manière précise l’histoire passée, présente et future, de son peuple terrestre, Israël. Il nous montre les nations établies sur la terre en rapport direct avec les desseins de Dieu relativement à la semence d’Abraham. Il révèle aussi le jugement final de toutes ces nations qui ont agi et agiront encore en s’opposant à la postérité élue; puis enfin, quand Israël est pleinement restauré et béni, selon l’alliance faite avec les pères, les nations sauvées sont invitées à se réjouir avec le peuple de Dieu. Quelle gloire dans ce déploiement des vérités présentées à nos âmes dans ce chapitre 32 du Deutéronome! Comment ne pas s’écrier en les contemplant: «Dieu est le Rocher, son œuvre est parfaite!» Le cœur repose ainsi, quoi qu’il arrive, dans une sainte tranquillité. Tout, entre les mains de l’homme, se brise, tout ce qui est humain finit par tomber en ruines; mais «le Rocher» demeurera ferme à toujours, et toute «œuvre» provenant de la main divine brillera dans une perfection éternelle à la gloire de Dieu et pour la bénédiction parfaite de son peuple.

Tel est ce cantique de Moïse, son but, sa portée et son application. Il n’est pas nécessaire de faire remarquer au lecteur intelligent que l’Église de Dieu, le corps de Christ, ce mystère dont le bienheureux apôtre Paul a été fait ministre, ne trouvent pas de place dans ce cantique. Lorsque Moïse écrivait ces paroles, le mystère de l’Église était caché dans le sein de Dieu. Un esprit simple, enseigné exclusivement par les Écritures, verra clairement que le cantique de Moïse a pour thèse le gouvernement de Dieu, en rapport avec Israël et les nations; pour sphère, la terre; et pour centre, le pays de Canaan.

«Et Moïse vint, et prononça toutes les paroles de ce cantique aux oreilles du peuple, lui et Josué, fils de Nun. Et Moïse acheva de prononcer toutes ces paroles à tout Israël, et il leur dit: Appliquez votre cœur à toutes les paroles par lesquelles je rends témoignage parmi vous aujourd’hui, pour les commander à vos fils, afin qu’ils prennent garde à pratiquer toutes les paroles de cette loi. Car ce n’est pas ici une parole vaine pour vous, mais c’est votre vie; et par cette parole vous prolongerez vos jours sur la terre où, en passant le Jourdain, vous entrez afin de la posséder» (vers. 44-47).

Ainsi, du commencement à la fin du Deutéronome, nous voyons Moïse, ce dévoué serviteur de Dieu, insistant auprès du peuple sur le devoir solennel d’une obéissance implicite, complète et cordiale à la parole de Dieu. Là gît le précieux secret de la vie, de la paix, des progrès et de la prospérité spirituels. Ils n’avaient rien d’autre à faire qu’à obéir. Heureuse tâche! Doux et saint devoir! Que ce soit le nôtre, cher lecteur, dans ces jours de conflit et de confusion où la volonté de l’homme domine d’une manière si terrible. Le monde et la soi-disant église courent ensemble avec une rapidité effrayante dans le sombre sentier de la volonté propre, sentier qui doit aboutir aux ténèbres éternelles. Pesons avec soin la chose, et cherchons sérieusement à suivre le sentier étroit d’une simple obéissance à tous, les précieux commandements de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. De cette manière, nos cœurs seront maintenus dans une douce paix, et quand même nous paraîtrions singuliers et étroits aux yeux des hommes du monde, et même des chrétiens professants, ne nous laissons pas détourner, ne fût-ce que de l’épaisseur d’un cheveu, du sentier que nous montre la parole de Dieu. Que la parole du Christ habite en nous richement, et que la paix de Christ règne dans nos cœurs, jusqu’à la fin!

Il est très remarquable aussi de voir ce chapitre se terminer en rappelant encore les voies gouvernementales de Dieu envers son fidèle serviteur Moïse. «Et, en ce même jour, l’Éternel parla à Moïse, disant: Monte sur cette montagne d’Abarim, le mont Nebo, qui est dans le pays de Moab, qui est vis-à-vis de Jéricho; et regarde le pays de Canaan que je donne en possession aux fils d’Israël. Et tu mourras sur la montagne sur laquelle tu monteras, et tu seras recueilli vers tes peuples, comme Aaron, ton frère, est mort sur la montagne de Hor et a été recueilli vers ses peuples; parce que vous avez été infidèles envers moi, au milieu des fils d’Israël, aux eaux de Meriba-Kadès, dans le désert de Tsin, en ce que vous ne m’avez pas sanctifié au milieu des fils d’Israël. Car tu verras devant toi le pays mais tu n’y entreras pas, dans le pays que je donne aux fils d’Israël» (vers. 48-52).

Combien le gouvernement de Dieu est solennel et propre à soumettre les âmes! La pensée seule de désobéir devrait faire trembler le cœur. Si un serviteur aussi éminent que l’était Moïse a été jugé pour avoir parlé imprudemment de ses lèvres, quelle sera la fin de ceux qui vivent jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, et année après année, dans une négligence habituelle et délibérée des plus simples commandements de Dieu, et dans un mépris positif et opiniâtre de son autorité?

Oh! que Dieu nous donne un esprit soumis, un cœur brisé et contrit. Voilà ce qu’Il recherche et en quoi il prend plaisir; c’est avec ceux qui sont tels qu’il fait sa demeure. «C’est à celui-ci que je regarderai à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à ma parole» (Ésaïe 66:2). Que Dieu veuille accorder beaucoup de cet esprit de douceur et d’humilité à chacun de ses bien-aimés enfants, pour l’amour de Jésus!