Deutéronome

Chapitre 10

«En ce temps-là, l’Éternel me dit: Taille-toi deux tables de pierre comme les premières, et monte vers moi sur la montagne, et fais-toi une arche de bois; et j’écrirai sur les tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées, et tu les mettras dans l’arche. Et je fis une arche de bois de sittim, et je taillai deux tables de pierre comme les premières; et je montai sur la montagne, les deux tables dans ma main. — Et il écrivit sur les tables, selon ce qu’il avait écrit la première fois, les dix paroles que l’Éternel vous avait dites sur la montagne, du milieu du feu, le jour de la congrégation; et l’Éternel me les donna. Et je me tournai, et je descendis de la montagne, et je mis les tables dans l’arche que j’avais faite, et elles sont là, comme l’Éternel me l’avait commandé» (vers. 1-5).

Le vénérable serviteur de Dieu ne se lassait point de rappeler au peuple les mémorables scènes du passé. Pour lui, elles restaient toujours fraîches et précieuses; il trouvait en elles un trésor inépuisable pour son propre cœur et un puissant levier moral pour le cœur d’Israël.

Cela nous rappelle les paroles que l’apôtre adressait à ses bien-aimés Philippiens: «Vous écrire les mêmes choses n’est pas pénible pour moi, et c’est votre sûreté». Le cœur naturel, changeant et léger comme il l’est, désire toujours quelque chose de nouveau, mais le fidèle apôtre trouvait son bonheur à développer et à approfondir tout ce qui se rapporte à la personne et à la croix de son adorable Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Il avait trouvé en Christ tout ce qu’il lui fallait pour le temps et pour l’éternité. La gloire de sa Personne avait complètement éclipsé toutes les gloires de la terre et de la nature. Il pouvait dire «Les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à cause de Christ, comme une perte» (Phil. 3:7).

Voilà le langage d’un vrai chrétien, d’un homme qui avait trouvé en Christ un objet qui le satisfaisait pleinement. Que pouvait offrir le monde à un tel homme? Qu’il est déplorable et humiliant de voir un chrétien se tourner vers le monde, pour y chercher des jouissances, des amusements ou des passe-temps? Cela prouve tout simplement, qu’il n’a pas trouvé que Christ fût suffisant pour son cœur. Nous pouvons poser ce principe certain, que le cœur qui est rempli de Christ n’a de place pour rien d’autre. Il n’est pas question de savoir si certaines choses sont bonnes ou mauvaises, mais le cœur ne les désire pas; il ne s’en soucie point; il a trouvé sa portion présente et éternelle dans la personne bénie de Celui qui remplit le cœur de Dieu et qui remplira l’univers tout entier des rayons de sa gloire durant l’éternité.

Ces tables brisées! — Quel fait remarquable et rempli d’instruction pour le peuple Que de choses il rappelait! Oserait-on dire que nous n’avons ici qu’une simple répétition des faits racontés dans l’Exode? Non, si l’on a la moindre foi en la divine inspiration du Pentateuque. Le chapitre 10 du Deutéronome remplit un vide et a sa portée propre. Le législateur y présente aux enfants d’Israël des scènes et des circonstances passées, de manière à les graver sur les tables de leur cœur. Il leur fait connaître la conversation qui eut lieu entre l’Éternel et lui; il leur raconte ce qui se passa, durant ces quarante mystérieuses journées, sur la montagne environnée de nuages, et l’allusion de l’Éternel aux tables rompues, — image frappante de la complète impuissance de l’homme à garder l’alliance qu’il a traitée. Car pourquoi ces tables furent-elles brisées? Parce qu’ils avaient honteusement manqué à ce que Dieu demandait d’eux. Les tables brisées devaient prouver à Israël le fait solennel que, en tant qu’il s’agissait de leur alliance, ils étaient complètement ruinés, irrémédiablement perdus; ils avaient fait banqueroute quant à la justice.

Mais les secondes tables, Dieu en soit béni, racontaient une histoire bien différente. Elles ne furent pas brisées. Dieu en prit soin. «Et je me tournai, et je descendis de la montagne, et je mis les tables dans l’arche que j’avais faite, et elles sont là, comme l’Éternel me l’avait commandé».

Fait béni! «Elles sont là!» Oui, cachées dans l’arche qui parlait de Christ, de Celui qui seul a magnifié la loi et l’a rendue honorable (voyez Ésaïe 42:21), qui en a établi chaque point pour la gloire de Dieu et pour la bénédiction éternelle de son peuple. Ainsi, tandis que les fragments brisés des premières tables disaient la triste et humiliante histoire de la ruine totale d’Israël, les secondes tables enfermées intactes dans l’arche annonçaient la vérité glorieuse que Christ est «la fin de la loi pour justice à tout croyant», «au Juif premièrement, et au Grec».

Nous ne voulons pas dire qu’Israël comprît la profonde signification et la vaste application de ces faits merveilleux. Comme nation, ils ne les comprirent certainement pas alors, mais ils les comprendront plus tard, par la grâce souveraine de Dieu. Il peut y avoir eu des exceptions, des âmes isolées qui comprenaient quelque chose des pensées de Dieu; mais là n’est pas la question maintenant. Nous devons chercher à reconnaître et à nous approprier la précieuse vérité exposée dans ces deux couples de tables, savoir la ruine de tout ce qui a été mis entre les mains de l’homme et la stabilité éternelle de l’alliance de Dieu en grâce, ratifiée par le sang de Christ; et qui sera manifestée dans tous ses résultats glorieux dans le royaume à venir, lorsque le Fils de David régnera d’une mer à l’autre, et de la rivière aux bouts de la terre; lorsque la postérité d’Abraham possédera la terre promise, et que toutes les nations de la terre se réjouiront sous le règne bienfaisant du Prince de la paix.

Perspective glorieuse pour le pays maintenant désolé d’Israël et pour notre pauvre terre! Le Roi de justice et de paix gouvernera alors selon sa volonté. Tout mal sera retranché d’une main puissante, car ce gouvernement sera sans faiblesse, et aucune langue rebelle n’osera s’élever avec insolence contre ses décrets et ses actes. Les démagogues insensés n’oseront pas troubler la paix du peuple ou insulter la majesté du trône. Tout abus sera redressé, tout élément de trouble sera neutralisé, toute pierre d’achoppement sera ôtée, et toute racine d’amertume sera arrachée. Les pauvres et les indigents seront rassasiés, oui, il sera pourvu à chacun d’une manière divine; la douleur, la fatigue, la pauvreté seront inconnues; le désert et le lieu aride se réjouiront, et le lieu solitaire s’égayera et fleurira comme une rose.

Lecteur, quels événements glorieux doivent encore s’accomplir dans ce pauvre et triste monde, pécheur et esclave de Satan! Qu’il est rafraîchissant d’y penser! Quelle consolation pour le cœur au milieu de la misère morale, de la dégradation et de tous les maux physiques, qui nous entourent de tous côtés! Dieu soit béni, le jour approche rapidement où le prince de ce monde sera précipité de son trône au fond de l’abîme, où le Prince du ciel, Emmanuel, étendra son sceptre béni sur tout l’univers de Dieu, et où le ciel et la terre se réjouiront à la lumière de sa face glorieuse. Combien nous avons sujet de nous écrier «Seigneur, hâte les temps!»

«Et les fils d’Israël partirent de Beéroth-Bené-Jaakan pour Moséra. Là mourut Aaron, et il y fut enseveli; et Éléazar, son fils, exerça la sacrificature à sa place. De là ils partirent pour Gudgoda, et de Gudgoda pour Jotbatha, un pays de ruisseaux d’eaux. — En ce temps-là, l’Éternel sépara la tribu de Lévi, pour porter l’arche de l’alliance de l’Éternel, pour se tenir devant l’Éternel, pour faire son service, et pour bénir en son nom, jusqu’à ce jour. C’est pourquoi Lévi n’a point de part ni d’héritage avec ses frères; l’Éternel est son héritage, comme l’Éternel, ton Dieu, le lui a dit» (vers. 6-9).

Il ne faut pas que le lecteur se laisse troubler par des doutes quant à l’ordre chronologique de ce passage. C’est simplement une parenthèse dans laquelle le législateur groupe d’une manière frappante et saisissante, des circonstances choisies avec soin dans l’histoire du peuple, et témoignant à la fois du gouvernement et de la grâce de Dieu. La mort d’Aaron montre le premier; l’élection et l’élévation de Lévi présentent la seconde. Ces deux faits sont mentionnés ensemble, non point chronologiquement, mais pour le grand but moral qui était toujours présent à l’esprit de Moïse, but que la raison incrédule ne saurait comprendre, mais qui a toute sa valeur pour le cœur et l’intelligence de celui qui étudie sérieusement les Écritures. Qu’elles sont méprisables les chicanes des incrédules, quand on les considère à la brillante clarté de l’inspiration divine! Quel misérable état que celui d’un esprit qui s’efforce de trouver dans des différences chronologiques, un défaut au volume divin, au lieu de saisir la vraie pensée et l’intention de l’auteur inspiré!

Mais pourquoi Moïse rappelle-t-il ainsi, d’une manière qui, paraît brusque, justement ces deux événements de l’histoire d’Israël? Simplement pour pousser le cœur du peuple à l’obéissance. Dans ce but, il choisit et groupe les faits selon la sagesse qui lui est donnée. Devons-nous nous attendre à trouver dans ce serviteur de Dieu, enseigné de Lui, la mesquine minutie d’un simple copiste? Les incrédules affectent de le faire, mais les vrais chrétiens en savent plus long. Un simple scribe peut copier des événements dans leur ordre chronologique; un véritable prophète choisira les événements de manière à agir sur le cœur et la conscience. Ainsi, tandis que le pauvre incrédule tâtonne dans les ténèbres qu’il s’est créées lui-même, le lecteur pieux trouve son plaisir dans les gloires morales de ce volume incomparable, qui demeure comme un rocher contre lequel viennent se briser les vagues impuissantes de l’incrédulité.

Nous ne reviendrons pas sur les circonstances auxquelles il est fait allusion dans la parenthèse mentionnée ci-dessus; nous nous en sommes occupés autre part; nous nous bornerons ici à faire remarquer au lecteur, le point de vue deutéronomique des faits. Moïse s’en sert pour donner plus de force au dernier appel qu’il adresse au cœur et à la conscience du peuple, en lui montrant la nécessité absolue d’une obéissance implicite aux statuts et aux droits du Dieu de leur alliance. Voilà pourquoi il rappelait le fait solennel de la mort d’Aaron. Les enfants d’Israël devaient se souvenir que, malgré sa position élevée comme souverain sacrificateur d’Israël, Aaron mourut pour avoir désobéi à la parole de l’Éternel. Combien il était donc important qu’ils prissent garde. Le gouvernement de Dieu ne devait pas être traité à la légère, et le fait même de la haute position d’Aaron, rendait d’autant plus nécessaire que son péché fût jugé, afin que d’autres en aient de la crainte.

Puis ils devaient aussi se souvenir des dispensations de l’Éternel envers Lévi; dispensations dans lesquelles la grâce brille d’un si merveilleux éclat. Lévi, le fier, le cruel, le volontaire Lévi, est tiré du fond de sa ruine morale et rapproché de Dieu, «pour porter l’arche de l’alliance de l’Éternel, pour se tenir devant l’Éternel, pour faire son service, et pour bénir en son nom».

Pourquoi ce qui se rapporte à Lévi est-il associé à la mort d’Aaron? Simplement pour montrer les conséquences bénies de l’obéissance. Si la mort d’Aaron faisait voir le terrible résultat de la désobéissance, l’élévation de Lévi témoignait des fruits précieux de l’obéissance. Écoutons ce que le prophète Malachie dit à ce sujet: «Et vous saurez que je vous ai envoyé ce commandement, afin que mon alliance subsiste avec Lévi, dit l’Éternel des armées. Mon alliance avec lui était la vie et la paix, et je les lui donnai pour qu’il craignît; et il me craignit et trembla devant mon nom. La loi de vérité était dans sa bouche, et l’iniquité ne se trouva pas sur ses lèvres; il marcha avec moi dans la paix et dans la droiture, et il détourna de l’iniquité beaucoup de gens» (Chap. 2:4-6).

Ce passage remarquable jette une grande clarté sur le sujet qui nous occupe. Il nous dit positivement que l’Éternel contracta une alliance de vie et de paix avec Lévi, à cause de son respect pour son nom, dans la triste occasion du veau d’or qu’Aaron (lui-même un Lévite du plus haut rang) avait fait.

Pourquoi Aaron fut-il jugé? À cause de sa rébellion aux eaux de Meriba (Nomb. 20:24). Pourquoi Lévi fut-il béni? À cause de son obéissance au pied du mont Horeb (Ex. 32). Pourquoi les trouvons-nous associés en Deutéronome 10? Afin d’imprimer sur le cœur et la conscience des Israélites, la nécessité d’une obéissance implicite aux commandements du Dieu de leur alliance. Que l’Écriture est parfaite dans toutes ses parties Comme elles se lient bien entre elles, et qu’il est évident pour le lecteur pieux que ce beau livre du Deutéronome a sa place assignée de Dieu dans les Écritures, et qu’il a un but spécial! Combien il est clair que cette cinquième division du Pentateuque n’est ni une contradiction, ni une répétition, mais une application divine des livres précédents, divinement inspirés aussi! Et lorsque les écrivains incrédules osent insulter les oracles de Dieu, ils ne savent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils font, ils s’égarent, ne connaissant pas les Écritures, ni la puissance de Dieu.1

1 Nous avons dans les écrits humains, de nombreux exemples de ce qui se trouve en Deut. 10:6-9, et à quoi les incrédules objectent. Supposons un auteur désireux d’attirer l’attention sur quelque grand principe d’économie politique. Il n’hésitera pas à choisir des faits, quelque éloignés qu’ils puissent être les uns des autres dans l’histoire, et à les réunir pour démontrer sa thèse. Les incrédules font-ils objection à cela? Non, quand cela se rencontre dans les écrits des hommes, mais bien lorsque cela arrive dans l’Écriture, parce qu’ils haïssent la parole de Dieu, et ne peuvent supporter la pensée qu’il a donné à ses créatures une révélation écrite de ses conseils. Mais il l’a donnée néanmoins, béni soit-il! Et nous l’avons dans toute sa beauté et son autorité divine, pour consoler nos cœurs et éclairer notre route, au milieu des ténèbres et de la confusion que nous traversons pour arriver à la gloire.

Au verset 10 de notre chapitre, Moïse revient au sujet de son discours: «Et moi, je me tins sur la montagne comme les jours précédents, quarante jours et quarante nuits; et l’Éternel m’écouta aussi cette fois-là: l’Éternel ne voulut pas te détruire. Et l’Éternel me dit: Lève-toi, va, pour marcher devant le peuple, et qu’ils entrent dans le pays que j’ai juré à leurs pères de leur donner, et qu’ils le possèdent».

En dépit de tous les obstacles, l’Éternel voulait accomplir sa promesse faite aux pères, et mettre Israël en pleine possession du pays qu’il avait juré à Abraham, à Isaac et à Jacob, de donner à leur postérité en héritage perpétuel.

«Et maintenant, Israël! qu’est-ce que l’Éternel, ton Dieu, demande de toi, sinon que tu craignes l’Éternel, ton Dieu, pour marcher dans toutes ses voies, et pour l’aimer, et pour servir l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme, en gardant les commandements de l’Éternel, et ses statuts, que je te commande aujourd’hui, pour ton bien?» C’était pour leur bien, pour leur prospérité et leur bénédiction, qu’ils devaient marcher dans la voie des commandements divins. Le sentier de l’obéissance du cœur est le seul qui conduise au vrai bonheur, et, Dieu en soit béni, ce sentier peut toujours être suivi par ceux qui aiment le Seigneur. Dieu nous a donné dans sa précieuse Parole, la révélation parfaite de ses pensées, et il nous a donné ce qu’Israël n’avait pas, son Saint Esprit pour habiter dans nos cœurs, et pour nous faire comprendre et apprécier cette Parole1. Nos obligations sont donc beaucoup plus grandes que celles d’Israël. Nous sommes appelés à une vie d’obéissance par tout ce qui peut agir sur le cœur et sur l’intelligence.

1 Il est en même temps la puissance de la vie que nous possédons. (Note du trad.)

Et c’est notre prospérité que d’être obéissants. Il y a vraiment une «grande récompense» à garder les commandements de notre bon Père. Tous ses soins pour nous, son amour constant, sa tendre sollicitude, ses dispensations merveilleuses à notre égard, ne sont-ce pas autant de motifs pour attacher fortement nos cœurs à Lui, et affermir nos pas dans le sentier d’une obéissance filiale? De quelque côté que nous tournions nos regards, nous rencontrons les preuves évidentes de ses droits sur les affections de nos cœurs et sur toutes les facultés de notre être racheté. Et plus nous répondrons, par sa grâce, à ses droits précieux, plus aussi notre sentier sera lumineux et heureux. Il n’y a rien dans ce monde de plus béni que le chemin et la part d’une âme obéissante. «Grande est la paix de ceux qui aiment ta loi; et pour eux il n’y a pas de chute» (Ps. 119:165). L’humble disciple qui trouve nourriture et breuvage à faire la volonté de son Seigneur et Maître, possède une paix que le monde ne peut ni donner ni ôter. Il se peut qu’il soit incompris et mal jugé, il se peut qu’on l’appelle étroit, exclusif, et pire encore; mais rien de tout cela ne l’émeut. L’approbation de son Seigneur le dédommage de tous les reproches sous lesquels les hommes voudraient l’accabler. Il sait ce que valent les pensées des hommes; pour lui, elles sont comme la balle que le vent chasse au loin.

Dans les derniers versets de notre chapitre, le législateur semble élever toujours plus haut les motifs de l’obéissance, et presser de plus près le cœur du peuple. «Voici», dit-il, «à l’Éternel, ton Dieu, appartiennent les cieux, et les cieux des cieux, la terre et tout ce qui est en elle. Cependant l’Éternel s’est attaché à tes pères pour les aimer; et il vous a choisis, vous, leur semence, après eux, d’entre tous les peuples, comme il paraît aujourd’hui». Quel merveilleux privilège que celui d’être choisis et aimés par le Possesseur du ciel et de la terre! Quel honneur d’être appelés à le servir et à Lui obéir! Assurément il n’y a rien de meilleur ou de plus élevé en ce monde. Être identifiés et associés avec le Dieu Tout-Puissant, être appelés de son nom, être son peuple particulier, sa propriété, le peuple de son choix, mis à part d’entre toutes les nations de la terre, pour être les serviteurs de l’Éternel et ses témoins! Que pouvait-il y avoir de meilleur que cela, nous le demandons, sauf ce que possède l’Église de Dieu et le croyant individuellement?

Il est certain que nos privilèges sont plus élevés, vu que nous connaissons Dieu d’une manière plus intime, plus profonde, plus élevée qu’Israël. Nous le connaissons comme le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, et comme notre Dieu et notre Père. Nous avons le Saint Esprit demeurant en nous, versant l’amour de Dieu dans nos cœurs, et nous amenant à crier: Abba, Père. Tout cela est bien plus précieux que tout ce que le peuple terrestre de Dieu connut ou put connaître; et puisque nos privilèges sont plus grands, ses droits à notre entière et complète obéissance sont plus étendus aussi. Chaque appel fait à Israël devrait retentir avec une double force dans nos cœurs, bien-aimés lecteurs chrétiens; chaque exhortation à eux adressée, devrait nous parler avec bien plus de puissance encore. Nous sommes sur le terrain le plus élevé qu’une créature puisse occuper. Ni la postérité d’Abraham sur la terre, ni les anges de Dieu dans le ciel, ne pourraient dire ce que nous disons, ou connaître ce que nous connaissons. Nous sommes unis et associés à toujours avec le Fils de Dieu ressuscité et glorifié. Nous pouvons adopter le langage merveilleux de 1 Jean 4:17, et dire: «Comme il est, Lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde». Assurément il ne saurait y avoir rien de plus élevé que cela en privilège et en dignité, sauf d’être rendus conformes de corps, d’âme et d’esprit, à son image adorable, ainsi que nous le serons bientôt, par la grâce infinie de Dieu.

N’oublions donc pas que nos obligations se mesurent d’après nos privilèges. Ne repoussons pas ce terme salutaire «d’obligation», sous prétexte qu’il sent le légalisme. C’est tout le contraire; il serait impossible de concevoir quelque chose de plus éloigné du légalisme que les obligations qui résultent de la position chrétienne. On se trompe grandement en criant sans cesse au légalisme, lorsque les saintes responsabilités de notre position nous sont rappelées. Nous croyons que tout chrétien vraiment pieux, goûtera les appels et les exhortations que le Saint Esprit nous adresse au sujet de nos obligations, puisqu’elles reposent toutes sur des privilèges qui nous sont accordés par la grâce souveraine de Dieu, en vertu du précieux sang de Christ, et par le ministère du Saint Esprit.

Écoutons encore les puissants appels de Moïse; ils ont leur utilité pour nous, malgré l’accroissement de nos lumières, de nos connaissances et de nos privilèges.

«Circoncisez donc votre cœur, et ne roidissez plus votre cou; car l’Éternel, votre Dieu, est le Dieu des dieux, et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, puissant, et terrible; qui ne fait point acception de personnes, et qui ne prend pas de présents; qui fait droit à l’orphelin et à la veuve, et qui aime l’étranger pour lui donner le pain et le vêtement».

Moïse ne parle pas seulement ici de ce que Dieu fait, mais de Lui-même, de ce qu’il est. Il est le Dieu des cieux, le Grand, le Puissant et le Terrible. Mais il a un cœur plein d’amour pour la veuve et pour l’orphelin, pour ces pauvres êtres privés de leurs soutiens naturels. Dieu ne les oublie pas et en prend soin d’une manière toute spéciale; ils ont des droits à son amour et à sa protection. «Dieu dans sa demeure sainte est le Père des orphelins et le Juge des veuves» (Ps. 68:5). «Celle qui est vraiment veuve, et qui est laissée seule, a mis son espérance en Dieu, et persévère dans les supplications et dans les prières, nuit et jour» (1 Tim. 5:5). «Laisse tes orphelins, moi, je les garderai en vie, et que tes veuves se confient en moi» (Jér. 49:11).

Quelle riche provision il y a ici pour la veuve et l’orphelin! Quels soins admirables Dieu a pour eux! Combien n’y a-t-il pas de veuves qui sont plus heureuses que lorsqu’elles avaient leurs maris! Combien d’orphelins qui sont mieux soignés que du temps de leurs parents! Dieu en prend soin; et cela suffit. Des milliers de maris et de parents sont tels, qu’il vaudrait mieux n’en point avoir; mais Dieu ne manque jamais à ceux qui demeurent dans sa dépendance. Il est toujours fidèle à son nom, quel que soit le titre qu’il prenne. Que toutes les veuves et que tous les orphelins s’en souviennent pour leur consolation et leur encouragement.

Le pauvre étranger n’est pas oublié non plus. «Il aime l’étranger, pour lui donner le pain et le vêtement». Que c’est précieux! Notre Dieu prend soin de tous ceux qui sont privés de soutiens terrestres, d’espérances humaines, d’appuis selon la chair. Tous ceux-là peuvent s’attendre à Lui d’une manière spéciale. Il ne manquera pas, dans son amour, de répondre à leurs besoins.

Mais il faut le connaître pour se confier en Lui. «Et ceux qui connaissent ton nom, se confieront en toi; car tu n’as pas abandonné ceux qui te cherchent, ô Éternel!» (Ps. 9:11). Ceux qui ne connaissent pas Dieu, préféreront de beaucoup à ses promesses, une police d’assurance, ou une pension du gouvernement. Mais le vrai croyant trouve dans cette promesse l’appui assuré de son cœur, parce qu’il connaît et aime Celui qui a promis et qu’il se confie en Lui. Il se réjouit à la pensée de dépendre entièrement de Dieu, et ne voudrait, pour rien au monde, changer de position. La chose même qui tourmenterait le plus un incrédule, est pour l’homme de foi, le sujet de la plus grande joie de son cœur. Il sera toujours prêt à s’écrier: «Mais toi, mon âme, repose-toi paisiblement sur Dieu; car mon attente est en Lui. Lui seul est mon rocher» (Ps. 62:6). Position bénie Précieuse part! Puisse le lecteur la connaître comme une divine réalité, une puissance divine dans son cœur par la puissance du Saint Esprit! Alors il sera indépendant des choses terrestres, ayant trouvé tout ce qu’il lui faut pour le temps et pour l’éternité, dans le Dieu vivant et en son Christ.

Remarquons quelle est la provision que Dieu fait à l’étranger; elle est fort simple: «le pain et le vêtement». Mais c’est assez pour un véritable étranger, comme l’apôtre le dit à son fils Timothée: «Nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter. Mais ayant la nourriture et de quoi nous couvrir, nous serons satisfaits» (1 Tim. 6:7-8).

Lecteur chrétien, réfléchissons à cela. Quel remède contre la vaine ambition et la convoitise! Quelle heureuse délivrance de la poursuite fiévreuse des biens de la terre, dans le commerce et la spéculation, et de l’esprit avide du siècle où nous vivons! Si nous nous contentions de la portion divine faite à l’étranger, quelle différence pour nous! Combien notre vie journalière serait plus calme et plus régulière! Que notre manière de vivre et nos goûts seraient plus simples! nos esprits moins mondains! Comme nous laisserions de côté le luxe et l’amour du confort, qui prévalent tellement aujourd’hui parmi les chrétiens! Nous nous bornerions à avoir de quoi nous nourrir et nous vêtir, afin d’être à la gloire de Dieu, ses serviteurs, et de maintenir nos corps dans la condition du travail. Aller au delà, soit dans le manger, soit dans le boire, c’est se laisser aller aux «convoitises de la chair qui font la guerre à l’âme».

Combien n’y en a-t-il pas dans le monde chrétien, comme on l’appelle, qui, à l’égard de la boisson spécialement, se laissent aller à ces convoitises honteuses, se dégradent et ruinent leurs corps et leurs âmes! Nous ne voulons pas prêcher une croisade contre les boissons spiritueuses. Le mal n’est que dans l’abus que l’on en fait. L’apôtre lui-même prescrit à Timothée de prendre «un peu de vin, à cause de son estomac et de ses fréquentes indispositions». Mais chacun est responsable de marcher dans la crainte de Dieu, par rapport au manger et au boire. Un malade peut avoir besoin d’une nourriture fortifiante, est-ce à dire qu’il doive être un gourmand? Certainement non: le mal n’est pas dans la prescription d’un médecin, mais dans la misérable convoitise du cœur.

Là est la racine du mal, et le remède se trouve dans cette précieuse grâce de Dieu qui, tout en apportant le salut à tous les hommes, enseigne à ceux qui sont sauvés à «vivre sobrement, justement et pieusement, dans le présent siècle» (Tite 2:12). Et qu’on se souvienne que «vivre sobrement» veut dire bien davantage que de pratiquer la tempérance dans le manger et dans le boire; cela y est impliqué, sans doute, mais l’expression embrasse encore tout le gouvernement intérieur du cœur, — des pensées, de l’humeur, de la langue. La grâce qui nous sauve ne nous dit pas seulement comment nous devons vivre, mais nous l’enseigne, et si nous suivons son enseignement, nous serons parfaitement satisfaits de la portion de l’étranger.

Il est intéressant et édifiant à la fois, de remarquer comment Moïse place Dieu lui-même devant le peuple comme modèle à imiter. L’Éternel «aime l’étranger», dit-il, puis il continue «pour lui donner le pain et le vêtement. Et vous aimerez l’étranger; car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte». Non seulement ils devaient avoir le divin modèle devant leurs yeux, mais ils devaient aussi se souvenir de leur histoire et de leurs expériences passées, afin que leurs cœurs eussent de la sympathie et de la compassion envers le pauvre étranger. Le devoir et le privilège de l’Israël de Dieu était de se mettre à la place des autres et de tenir compte de leurs sentiments. Il devait être le représentant moral de Celui dont il était le peuple, et dont le nom était réclamé sur lui. Il devait l’imiter en suppléant aux besoins et en réjouissant les cœurs de l’orphelin, de la veuve et de l’étranger. Et si le peuple terrestre de Dieu était appelé à cette belle ligne de conduite, combien plus le sommes-nous, «nous qui sommes bénis de toute bénédiction spirituelle, dans les lieux célestes en Christ». Puissions-nous nous tenir davantage en sa présence, et nous abreuver de plus en plus de son Esprit, afin de refléter plus fidèlement ses gloires morales sur tous ceux avec lesquels nous sommes en contact!

Les lignes qui terminent notre chapitre nous donnent un beau résumé de l’enseignement pratique qui a attiré notre attention. «Tu craindras l’Éternel, ton Dieu; tu le serviras, et tu t’attacheras à Lui, et tu jureras par son nom. Lui est ta louange, et Lui est ton Dieu, qui a fait pour toi ces choses grandes et terribles que tes yeux ont vues. Tes pères sont descendus en Égypte au nombre de soixante-dix âmes; et maintenant l’Éternel, ton Dieu, t’a fait devenir comme les étoiles des cieux, en multitude».

Tout cela est bien propre à nous encourager moralement, en liant nos cœurs à l’Éternel lui-même, par le moyen de tout ce qu’il est, de toutes ses merveilleuses dispensations et de ses voies en grâce. C’est, nous pouvons bien le dire, le ressort caché de tout vrai dévouement. Dieu veuille que soit l’auteur, soit le lecteur, le réalisent toujours!