Deutéronome

Chapitre 8

«Vous prendrez garde à pratiquer tous les commandements que je vous commande aujourd’hui, afin que vous viviez, et que vous multipliiez, et que vous entriez dans le pays que l’Éternel a promis par serment à vos pères, et que vous le possédiez. Et tu te souviendras de tout le chemin par lequel l’Éternel, ton Dieu, t’a fait marcher ces quarante ans, dans le désert, afin de t’humilier, et de t’éprouver, pour connaître ce qui était dans ton cœur, si tu garderais ses commandements, ou non» (vers. 1, 2).

Il est à la fois rafraîchissant et encourageant de jeter un regard en arrière sur toute notre course terrestre. Nous y pouvons voir la main fidèle de notre Dieu, qui nous a conduits et guidés; ses tendres et sages dispensations à notre égard, et ses délivrances merveilleuses dans les moments de détresse et de difficultés. Que de fois, lorsque nous ne savions plus que devenir, n’est-il pas venu à notre aide pour nous frayer notre chemin, calmer nos craintes, et remplir nos cœurs de chants de louange et d’actions de grâces!

Mais il ne faut pas confondre cette précieuse vue rétrospective avec la triste habitude de regarder en arrière à nos voies, à nos progrès, à nos services, lors même que nous admettons, d’une manière générale, que ce n’est que par la grâce de Dieu que nous avons pu accomplir quelque chose pour Lui. Tout cela ne conduit qu’à entretenir la satisfaction de soi-même, ce qui est la ruine de toute vraie spiritualité. S’occuper de soi, d’une manière quelconque, est une chose des plus pernicieuses; c’est le coup de mort de la communion. Tout ce qui tend à placer le moi devant l’âme doit être jugé et rejeté d’une manière décisive, car la faiblesse et la stérilité en sont la conséquence. Regarder en arrière à ce que nous avons fait ou obtenu par nos efforts est tout ce que l’on peut imaginer de plus misérable. Ce n’était certes pas là ce que Moïse exhortait le peuple à faire, lorsqu’il leur disait «de se souvenir de tout le chemin par lequel l’Éternel, leur Dieu, les avait fait marcher».

Arrêtons-nous un moment à ces remarquables paroles de l’apôtre, en Phil. 3: «Frères, je fais une chose oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus» (vers. 14).

Quelles sont les «choses» dont parle le bienheureux apôtre? Mettait-il en oubli les précieuses dispensations de Dieu envers son âme durant sa carrière terrestre? Non, nous avons la preuve évidente du contraire. Écoutez ce qu’il dit devant Agrippa: «Ayant donc reçu le secours qui vient de Dieu, me voici debout jusqu’à ce jour, rendant témoignage aux petits et aux grands» (Actes 26:22).

De même aussi, en écrivant à Timothée, son enfant bien-aimé et son compagnon d’œuvre, il passe en revue le passé et parle des persécutions et des souffrances qu’il a endurées, mais il ajoute «Et le Seigneur m’a délivré de toutes». Et encore: «Dans ma première défense, personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné: que cela ne leur soit pas imputé. Mais le Seigneur s’est tenu près de moi, et m’a fortifié, afin que par moi la prédication fût pleinement accomplie, et que toutes les nations l’entendissent: et j’ai été délivré de la gueule du lion» (2 Tim. 4:16, 17).

À quoi donc l’apôtre fait-il allusion, quand il parle «d’oublier les choses qui sont derrière?» Il veut parler de toutes les choses qui n’avaient pas rapport à Christ, dont la chair pouvait se glorifier, sur lesquelles le cœur naturel pouvait se reposer et qui ne pouvaient être que des obstacles à la course; ces choses-là devaient être oubliées dans l’ardente poursuite des grandes et glorieuses réalités qui étaient devant lui. Ni Paul, ni aucun autre enfant de Dieu et serviteur de Christ, n’a jamais eu le désir d’oublier une seule des circonstances de sa carrière terrestre, qui témoignaient de la bonté, de la tendresse et de la fidélité de Dieu. Au contraire, ce sera toujours une de nos plus douces jouissances de nous rappeler les dispensations bénies de notre Père envers nous, pendant que nous traversons le désert pour nous rendre dans notre patrie éternelle.

Qu’on ne s’y méprenne pas, nous n’approuvons en aucune manière l’habitude de s’appesantir sur ses propres expériences. Cela ne sert qu’à affaiblir. Gardons-nous-en comme de l’une des nombreuses causes qui tendent à diminuer la vie spirituelle et à éloigner nos cœurs de Christ. Mais nous n’avons pas à craindre le résultat produit par un coup d’œil rétrospectif sur les voies et les dispensations du Seigneur envers nous. C’est un exercice béni, qui aura toujours pour effet de nous sortir de nous-mêmes et de nous remplir de reconnaissance et d’actions de grâces.

Pourquoi Israël était-il exhorté à «se souvenir de tout le chemin», par lequel l’Éternel, son Dieu, l’avait fait passer? C’était assurément pour faire éclater son cœur en louanges pour le passé, et fortifier sa confiance en Dieu pour l’avenir. Il doit toujours en être ainsi. Nous le louerons pour tout ce qui est passé, et nous nous confierons en Lui pour tout ce qui est à venir. Puissions-nous le faire de plus en plus, et nous avancer jour après jour, louant et nous confiant, nous confiant et louant. Voilà les deux choses qui contribuent à la gloire de Dieu, ainsi qu’à notre paix et à notre joie en Lui. Quand l’œil se repose sur les «Ében-Ézer», qui sont tout le long de la route, le cœur éclate en joyeux «Alléluia» à Celui qui nous a secourus jusqu’ici, et qui veut nous secourir jusqu’au bout. Il a délivré, il délivre maintenant, et il délivrera par la suite. Chaîne bénie! Chacun de ses anneaux est une délivrance divine.

Et ce ne sont pas seulement les grâces signalées et les grandes délivrances, dont nous avons été les objets de la part de notre Père, que nous devons nous rappeler avec reconnaissance, mais aussi ce qui, dans son sage et fidèle amour, était destiné à nous «humilier» et à nous «éprouver». Toutes ces choses sont pleines de riches bénédictions pour nos âmes. Ce ne sont pas, comme on dit quelquefois, «des grâces déguisées», mais des grâces évidentes et palpables, pour lesquelles nous aurons à louer Dieu durant l’éternité bienheureuse qui nous attend.

«Tu te souviendras de tout le chemin», de chaque étape du voyage, de chaque scène de la vie du désert, de toutes les dispensations de Dieu du commencement à la fin, et de leur but spécial, qui était «de t’humilier et de t’éprouver, pour connaître ce qui était dans ton cœur».

Que c’est merveilleux de penser à la grâce patiente et à l’amour déployés dans les dispensations de Dieu envers son peuple dans le désert! Quelle précieuse instruction nous offre cette merveilleuse histoire! Nous avons aussi à être humiliés et éprouvés, afin de connaître ce qui est dans nos cœurs. Cela nous est de la plus grande utilité morale.

Dans les premiers temps de notre vie chrétienne, nous connaissons peu ce qui est dans nos cœurs. Nous sommes superficiels en toutes choses mais, en avançant dans la carrière pratique, nous saisissons mieux la réalité des choses; nous découvrons la profondeur du mal qui est en nous le vide et la complète vanité de tout ce qui est dans le monde; et nous comprenons la nécessité de dépendre entièrement et constamment de la grâce de Dieu. Tout cela est propre à nous rendre humbles et défiants à l’égard de nous-mêmes, et à nous amener à nous appuyer avec la simplicité d’un enfant, sur Celui qui seul peut nous préserver de toute chute. En croissant ainsi dans la connaissance de nous-mêmes, nous comprenons mieux la grâce, mieux aussi l’amour merveilleux du cœur de Dieu, sa tendresse envers nous, sa patience infinie pour supporter toutes nos faiblesses et nos manquements, les soins touchants qu’il a pour nous, son intervention continuelle en notre faveur, et les diverses circonstances par lesquelles il a trouvé bon de nous faire passer pour le bien et le profit de nos âmes.

L’effet pratique de tous ces exercices d’âme est de donner de la profondeur, de la fermeté et de la douceur au caractère; on est ainsi délivré des notions et théories vaines, d’une étroitesse exagérée ou de l’extrême contraire; on est rendu compatissant, patient et rempli d’égards pour les autres on est gardé de porter des jugements trop sévères, on pèse avec indulgence les actions des autres, et l’on cherche à leur attribuer les meilleurs motifs dans les cas qui peuvent paraître équivoques. Ce sont là des fruits précieux des expériences du désert.

«Et il t’a humilié, et t’a fait avoir faim; et il t’a fait manger la manne que tu n’avais pas connue et que tes pères n’ont pas connue, afin de te faire connaître que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel» (vers. 3).

Ce passage offre un intérêt et une importance toute spéciale, par le fait que c’est la première citation de notre Seigneur dans sa lutte avec Satan, dans le désert. Pourquoi notre Seigneur cite-t-il le Deutéronome? Parce que c’était justement le livre qui, mieux que tout autre, s’adaptait à la condition où Israël se trouvait alors. Israël avait totalement failli, et ce fait se constate d’un bout à l’autre du Deutéronome. Mais, bien que la nation eût manqué, le chemin de l’obéissance était ouvert à tout fidèle Israélite. C’était le devoir et le privilège de quiconque aimait Dieu, de s’en tenir à sa Parole, en tout temps et en toutes circonstances.

Notre bien-aimé Seigneur garda avec une fidélité parfaite la position de l’Israël de Dieu. L’Israël selon la chair avait tout perdu par sa faute; Jésus était là, dans le désert, comme le véritable Israël de Dieu, pour faire face à l’ennemi avec la simple autorité de la parole de Dieu. «Or Jésus, plein de l’Esprit Saint, s’en retourna du Jourdain et fut mené par l’Esprit dans le désert, étant tenté par le diable quarante jours. Et il ne mangea rien pendant ces jours-là; et lorsqu’ils furent accomplis, il eut faim. Et le diable lui dit: Si tu es Fils de Dieu, dis à cette pierre qu’elle devienne du pain. Et Jésus lui répondit, disant: Il est écrit que «l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu» (Luc 4:1-4).

Scène merveilleuse! L’homme parfait, le véritable Israël, était dans le désert, entouré de bêtes sauvages, jeûnant pendant quarante jours, et tenté par le grand ennemi de Dieu, des hommes et d’Israël. Il n’en était pas pour le second Adam comme pour le premier; il n’était pas entouré des délices d’Éden, mais de toute l’aridité, de toute la désolation d’un désert. Il y était seul, endurant la faim, mais il y était pour Dieu.

Béni soit son nom, il était aussi là pour l’homme; pour lui montrer de quelle manière il faut résister à l’ennemi dans toutes ses tentations et comment il faut vivre. Ne nous imaginons pas que notre adorable Sauveur rencontra l’adversaire en tant que Dieu souverain. Il était Dieu, cela est vrai, mais s’il avait soutenu la lutte seulement comme tel, il n’y aurait pas eu d’exemple pour nous. Il aurait été bien inutile de nous dire que Dieu avait été capable de vaincre et de mettre en fuite une créature formée par sa propre main. Mais lorsque nous voyons Celui qui était devenu homme, semblable à nous en toutes choses à part le péché, souffrant la faiblesse et la faim, entouré des conséquences de la chute, et pourtant triomphant complètement de cet ennemi terrible, c’est là ce qui est si consolant et si encourageant pour nous.

Et comment en triompha-t-il? C’est la grande et importante question pour nous. Comment l’Homme Christ Jésus a-t-il vaincu Satan dans le désert? Ce ne fut pas comme le Dieu Tout-Puissant, mais comme l’homme obéissant, n’ayant d’autre arme que la parole de Dieu dans son cœur et dans sa bouche, et par elle réduisant Satan au silence. C’est ainsi que le second Adam remporta la victoire sur le terrible ennemi de Dieu et de l’homme, et c’est ainsi qu’il est un exemple pour nous.

Remarquons aussi que notre Seigneur ne raisonne pas avec Satan. Lorsque notre divin modèle rencontre toutes les tentations de l’ennemi, il ne se sert que de l’arme que nous avons tous en notre possession, savoir la parole de Dieu écrite.

Nous avons dit «toutes les tentations», parce que dans les trois cas, la réponse invariable de notre Seigneur est: «Il est écrit». Il ne dit pas: «Je sais», — «je pense», — «je sens», — «je crois», ceci ou cela; il en appelle simplement à l’Écriture, au livre du Deutéronome en particulier, à ce livre même dont les incrédules ont osé mettre en doute l’authenticité, mais qui est tout spécialement le livre pour tout homme obéissant, au milieu de la ruine universelle et sans remède.

Cela est d’une grande importance pour nous, bien-aimé lecteur. C’est comme si notre Seigneur avait dit à l’ennemi: Il ne s’agit pas de savoir si je suis le Fils de Dieu ou non, mais de savoir comment l’homme doit vivre, et la réponse à cette question ne se trouve que dans la Sainte Écriture, et elle s’y montre claire comme le jour, indépendamment de toute question qui me concerne. Quoiqu’il en soit de moi, l’Écriture est la même: «L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu».

Voilà la seule position vraie, sûre et heureuse pour l’homme, celle où il écoute dans une humble dépendance, «toute parole qui sort de la bouche de Dieu». Position bénie où l’âme est placée en contact immédiat et personnel avec le Seigneur lui-même par le moyen de sa Parole. Nous voyons ainsi que la Parole est absolument nécessaire au chrétien. Nous ne pouvons nous en passer. Comme la vie naturelle est soutenue par le pain, de même la vie spirituelle est entretenue par la parole de Dieu. Se nourrir ainsi n’est pas seulement recourir à la Bible pour y trouver des doctrines, ou pour y voir nos opinions confirmées; c’est, bien plus, c’est y chercher ce qui soutient la vie de l’homme nouveau, c’est-à-dire la nourriture, la lumière, les directions, la consolation, l’autorité, la force, en un mot tout ce dont l’âme peut avoir besoin.

Observons en particulier la force de l’expression «toute parole». Comme elle nous montre bien que nous ne pouvons nous passer d’une seule des paroles sorties de la bouche de Dieu. Il nous les faut toutes. Nous ne savons à quel moment surgira telle ou telle difficulté qui trouvera sa solution dans l’Écriture. Il se peut que nous n’ayons pas jusque-là remarqué particulièrement le passage qui s’adapte à cette difficulté, mais quand elle se présente, si notre âme est en bon état, l’Esprit de Dieu nous fournit par la Parole le texte dont nous avons besoin, et nous y voyons une force, une beauté, une profondeur, une convenance morale, que nous n’y avions jamais vues auparavant. L’Écriture est un trésor divin, et par conséquent inépuisable, par lequel Dieu pourvoit abondamment à tous les besoins de son peuple, et à ceux de chaque croyant en particulier, de sorte qu’il n’y a pas une phase dans l’histoire de l’Église, pas une difficulté sur la route d’un chrétien, à laquelle il ne soit pourvu dans le saint Livre. Avec quel soin ne devrions-nous donc pas l’étudier dans son entier, le méditer, l’approfondir et le garder soigneusement dans nos cœurs, étant ainsi «parfaitement équipés», et prêts à nous en servir quand l’occasion s’en présente, que ce soient les tentations du diable, ou les convoitises du monde et de la chair, ou bien que nous ayons à suivre le sentier de bonnes œuvres que Dieu a préparées afin que nous y marchions.

Remarquons surtout l’expression: «de la bouche de Dieu». Elle est des plus précieuses; elle approche l’Éternel tout près de nous. Dieu parle pour que nous vivions par sa Parole; elle nous est donc absolument indispensable, et nos âmes ne peuvent pas davantage, vivre sans elle que nos corps ne peuvent subsister sans nourriture. En un mot, ce passage nous enseigne que la vraie position de l’homme, son seul lieu de repos, de refuge, et de force se trouve dans une dépendance habituelle de la parole de Dieu.

La vie de foi que nous sommes appelés à vivre est celle de dépendance et d’obéissance, c’est celle que Jésus a réalisée parfaitement ici-bas. Ce précieux Sauveur ne faisait pas un pas, ne prononçait pas une parole, sans l’autorité de la parole de Dieu. Évidemment, il eût pu changer la pierre en pain, mais il n’avait pas de commandement de Dieu à cet égard, et, par conséquent, pas de motif pour agir. Les tentations de Satan étaient donc sans force sur Lui. L’adversaire ne pouvait rien sur un homme qui ne voulait agir que d’après l’autorité de la parole de Dieu.

Il est intéressant et profitable aussi de remarquer que notre Seigneur ne cite pas l’Écriture dans le but de réduire l’ennemi au silence, mais simplement comme autorité pour sa position et sa conduite. C’est en cela que nous manquons si souvent. Nous citons fréquemment la parole de Dieu pour avoir la victoire sur l’ennemi, mais nous la laissons moins agir sur nos propres âmes, par son autorité et sa puissance, et ainsi elle perd son action sur nos cœurs. Là Parole doit être pour nous comme le pain pour l’homme affamé, ou comme la boussole pour le navigateur; c’est d’elle qu’il faut nous nourrir et c’est d’après elle que nous devons agir, penser et parler. Plus il en sera ainsi, plus nous en connaîtrons la valeur infinie. Qui est-ce qui connaît le mieux la valeur réelle du pain? Est-ce un chimiste? Non, mais un homme affamé. Un chimiste peut l’analyser et dire de quoi il se compose, mais c’est l’homme qui a faim qui en éprouve la valeur. Qui est-ce qui connaît le mieux la valeur réelle d’une boussole? Est-ce le professeur de marine? Non, mais c’est le marin qui navigue le long d’une côte inconnue et dangereuse. Ce ne sont là que de faibles images de ce que la parole de Dieu est pour le vrai chrétien. Il ne peut s’en passer; elle lui est absolument indispensable dans chacune de ses relations, dans toute sa sphère d’activité. Elle nourrit et soutient sa vie intérieure, elle le guide dans sa vie pratique. Dans toutes les circonstances de sa vie publique ou domestique, dans la solitude du cabinet, au sein de sa famille, au milieu de ses affaires, c’est dans la parole de Dieu qu’il cherche direction et conseil. Et jamais elle ne fait défaut à qui s’en tient uniquement à elle. Nous pouvons nous confier en l’Écriture sans l’ombre d’une crainte. À quelque moment ou dans quelque occasion que nous la consultions, nous y trouvons ce dont nous avons besoin: Sommes-nous dans l’épreuve? notre cœur est-il brisé, dans le deuil? qu’est-ce qui nous consolera et nous calmera, sinon les douces paroles que le Saint Esprit a tracées pour nous? Une phrase de la Sainte Écriture donne plus de vraie consolation que toutes les lettres de condoléances possibles. Sommes-nous découragés et abattus? La parole de Dieu vient au-devant de nous avec ses belles et encourageantes assurances. Sommes-nous dans la pauvreté? Le Saint Esprit applique à nos cœurs mainte promesse bénie des pages inspirées, nous rappelant celui qui est «le possesseur des cieux et de la terre» et qui, dans sa grâce infinie, s’est engagé à «suppléer à tous nos besoins, selon ses richesses en gloire, par le Christ Jésus». Sommes-nous harassés et troublés par les opinions diverses des hommes, ou par des difficultés religieuses de toute espèce? Quelques versets de la Sainte Écriture répandront des flots de lumière divine dans le cœur et la conscience, et nous donneront un repos parfait, en répondant à toute question, en nous faisant connaître les pensées de Dieu, et en mettant fin à toutes les divergences d’opinions, par la seule autorité compétente et divine.

De quel prix est donc la Sainte Écriture! Quel trésor nous possédons dans la parole de Dieu! Combien nous devrions bénir son saint nom de nous l’avoir donnée! Et le bénir aussi pour tout ce qui sert à nous faire comprendre davantage la plénitude, la profondeur et la force de ces paroles de notre chapitre: «L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu». Que ces paroles sont précieuses pour le cœur du croyant! Celles qui suivent ne le sont guère moins: nous y voyons mentionnée en termes touchants la tendre sollicitude de l’Éternel pour son peuple durant toutes les pérégrinations dans le désert. «Ton vêtement», dit-il, «ne s’est point usé sur toi, et ton pied ne s’est point enflé, pendant ces quarante ans».

Quelle grâce merveilleuse éclate dans ces paroles! l’Éternel prenant soin de son peuple, jusqu’à voir que leurs vêtements ne s’usent point ou que leurs pieds ne se foulent point! Non seulement il les nourrissait, mais il les vêtait et condescendait même à s’inquiéter de leurs pieds, de peur que le sable du désert ne les blesse. Et durant quarante années il veilla ainsi sur eux avec toute la tendresse d’un père. De quoi l’amour n’est-il pas capable pour celui qui en est l’objet? L’amour de l’Éternel pour son peuple assurait à celui-ci toute bénédiction. Si seulement Israël l’avait compris! Depuis l’Égypte jusqu’en Canaan, il n’y avait rien à quoi Il ne répondît, quels que fussent les besoins des Israélites, et cela parce qu’il les avait pris sous sa protection. Ayant l’amour infini et la toute-puissance pour eux, que leur manquait-il?

Mais l’amour de Dieu envers les siens se manifeste de diverses manières. Il ne pourvoit pas seulement aux besoins de leur corps, à la nourriture et au vêtement, mais il s’occupe aussi de leurs besoins intellectuels et spirituels. C’est ce que le législateur rappelle au peuple en disant: «Connais dans ton cœur, que, comme un homme châtie son fils, l’Éternel, ton Dieu, te châtie».

Nous n’aimons pas la discipline, elle «n’est point un sujet de joie, mais de tristesse». Un fils ne demande pas mieux que de recevoir la nourriture et le vêtement de la main de son père, et d’avoir tous ses besoins prévenus par sa sollicitude, mais il n’aime pas à lui voir prendre la verge. Et cependant cette verge redoutée est peut-être ce qu’il y a de meilleur pour le fils, en produisant ce qu’aucun bienfait matériel ou aucune bénédiction terrestre n’aurait pu faire. Il se peut qu’elle le corrige d’une mauvaise habitude, le délivre d’une dangereuse tendance, le sauve d’une influence pernicieuse, et devienne ainsi une grande bénédiction morale et spirituelle pour laquelle il sera à jamais reconnaissant. Le grand point, c’est que le fils reconnaisse l’amour et la sollicitude du père dans la discipline et le châtiment, aussi bien que dans les divers bienfaits matériels qui sont journellement semés sur sa route.

C’est précisément en cela que nous manquons si fort lorsqu’il s’agit des voies de notre Père en discipline. Nous jouissons de ses bienfaits et de ses grâces; nous sommes heureux de recevoir, jour après jour, de sa main libérale, amplement et au-delà de ce qu’il faut à nos besoins; nous aimons à penser aux nombreuses délivrances qu’il nous a accordées quand nous étions dans les difficultés, et, jetant un regard en arrière sur le chemin par lequel il nous a conduits, à voir les «Ében-Ézer» qui rappellent les secours obtenus tout le long de la route.

Tout cela est fort bien et fort profitable, mais nous courons le danger de nous reposer sur les grâces, les bénédictions et les bienfaits qui découlent en si riche profusion du cœur de notre Père et de sa main libérale. Nous sommes portés à nous reposer sur ces choses, et à dire avec le psalmiste: «Et moi, j’ai dit dans ma prospérité: Je ne serai jamais ébranlé. Éternel! par ta faveur, tu as donné la stabilité et la force à ma montagne» (Ps. 30:7, 8). Il est vrai que c’est «par ta faveur», cependant nous sommes portés à être occupés de notre montagne, et de notre prospérité; nous laissons ces choses se placer entre nos cœurs et le Seigneur, et ainsi elles deviennent des pièges pour nous. De là la nécessité de la discipline. Notre Père veille sur nous, dans son fidèle amour; il voit le danger et il envoie l’épreuve, d’une manière ou d’une autre. Peut-être sera-ce un télégramme nous annonçant la mort d’un enfant bien-aimé, ou la faillite d’une banque qui engloutit toute notre fortune terrestre. Ou bien il se peut que nous soyons couchés sur un lit de maladie, ou appelés à veiller auprès de celui de quelque parent bien cher.

En un mot, nous pouvons avoir à passer par de grandes eaux, qui semblent terribles à nos pauvres et faibles cœurs. L’ennemi nous souffle tout bas: «Est-ce là de l’amour?» Sans la moindre hésitation, et sans réserve, la foi répond: Oui, tout est amour, amour parfait, et sagesse ineffable. J’en suis certain dès à présent; je n’attends pas à plus tard pour le savoir, lorsque je regarderai en arrière du sein de la gloire; je le sais maintenant et je le reconnais avec joie, à la louange de cette grâce infinie qui m’a tiré des profondeurs de ma ruine, et qui daigne s’occuper de mes fautes et de mes péchés, afin de m’en délivrer pour me rendre participant de la sainteté céleste et conforme à l’image de ce Sauveur béni, qui «m’a aimé et s’est donné pour moi».

Lecteur chrétien, c’est la manière de répondre à Satan et de faire taire les murmures qui peuvent s’élever dans nos cœurs. Nous devons toujours justifier Dieu, toujours considérer ses dispensations en discipline à la lumière de son amour. «Connais donc dans ton cœur que, comme un homme châtie son fils, l’Éternel, ton Dieu, te châtie». Nous ne voudrions assurément pas être sans ce gage et cette preuve bénie de notre relation filiale. «Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par lui; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée. Vous endurez des peines comme discipline: Dieu agit envers vous comme envers des fils, car qui est le fils que le père ne discipline pas? Mais si vous êtes sans la discipline à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards et non pas des fils. De plus, nous avons eu les pères de notre chair pour nous discipliner, et nous les avons respectés; ne serons-nous pas beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons? Car ceux-là disciplinaient pendant peu de jours, selon qu’ils le trouvaient bon; mais celui-ci nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté. Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle. C’est pourquoi, redressez les mains lassées et les genoux défaillants, et faites des sentiers droits à vos pieds, afin que ce qui est boiteux ne se dévoie pas, mais plutôt se guérisse» (Héb. 12:5-13).

Il est à la fois intéressant et profitable de remarquer de quelle manière Moïse place devant la congrégation d’Israël les divers motifs qui devaient le porter à l’obéissance, motifs basés sur le passé, le présent et l’avenir, et qui avaient tous pour but de contribuer à réveiller et à fortifier leur sentiment des droits de l’Éternel sur eux. Ils avaient à «se souvenir» du passé, à «considérer» le présent, et à anticiper l’avenir; et tout cela, pour agir sur leurs cœurs, et les conduire à une sainte obéissance envers Celui qui avait fait, qui faisait, et qui voulait faire de si grandes choses pour eux.

Le lecteur attentif ne manquera pas de remarquer que l’un des traits caractéristiques de ce beau livre du Deutéronome, est de mettre en avant les principes moraux. C’est une preuve évidente qu’il n’est pas une simple répétition de ce que nous avons dans l’Exode, et qu’au contraire, il a un domaine, une mission et un but qui lui sont propres.

«Et garde les commandements de l’Éternel, ton Dieu, pour marcher dans ses voies et pour le craindre» (vers. 6). Les Israélites devaient se rappeler l’histoire merveilleuse de ces quarante années de désert, les leçons, les humiliations, les épreuves qu’ils avaient rencontrées, puis les soins constants du Seigneur, la manne venant du ciel, l’eau du rocher, sa sollicitude même pour leurs vêtements et pour leurs pieds, et enfin la discipline nécessaire pour le bien de leurs âmes. Que de puissants motifs moraux pour obéir! Mais, en outre, ils devaient regarder en avant, et trouver dans le brillant avenir qui les attendait, aussi bien que dans le passé et dans le présent, le fondement sûr et ferme des droits de l’Éternel à leur obéissance respectueuse et volontaire.

«Car l’Éternel, ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux d’eau, de sources, et d’eaux profondes, qui sourdent dans les vallées et dans les montagnes; un pays de froment, et d’orge, et de vignes, et de figuiers, et de grenadiers, un pays d’oliviers à huile, et de miel un pays où tu ne mangeras pas ton pain dans la pauvreté, où tu ne manqueras de rien; un pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras l’airain» (vers. 7-9).

Quel tableau délicieux de ce qui les attendait! Quel contraste avec l’Égypte qui était derrière eux et le désert qu’ils avaient traversé! La terre de l’Éternel était devant eux dans toute sa beauté, avec ses coteaux couverts de pampres, ses vallées distillant le miel, ses fontaines jaillissantes et ses torrents écumeux. Que cette perspective était rafraîchissante! Quel contraste avec les poireaux, les aulx et les oignons de l’Égypte! Oui, tout était différent! C’était le pays de l’Éternel, et cela voulait dire qu’il produisait et contenait tout ce dont ils pouvaient avoir besoin. À la surface une riche profusion; dans les profondeurs de la terre des richesses et des trésors inépuisables.

Combien l’Israélite fidèle devait désirer d’entrer dans ce riche pays et d’échanger le sable du désert contre ce bel héritage! Le désert, il est vrai, avait ses expériences bénies, ses saintes leçons, ses précieux souvenirs. C’est là qu’ils avaient connu l’Éternel sous un aspect que Canaan même ne pouvait leur présenter; mais cependant le désert n’était pas Canaan, et comment tout véritable Israélite n’aurait-il pas soupiré après le moment de poser son pied dans le pays de la promesse, ce pays que Moïse dépeint d’une manière si captivante? «Un pays», dit-il, «où tu ne mangeras pas ton pain dans la pauvreté, où tu ne manqueras de rien». Que pouvait-on dire de plus? La main de l’Éternel allait les introduire là où il serait divinement pourvu à tous leurs besoins. La faim et la soif y seraient inconnues. La santé, l’abondance, la joie, la paix, la bénédiction devaient être la portion assurée de l’Israël de Dieu, dans ce bel héritage où il était sur le point d’entrer. Tout ennemi serait vaincu, tout obstacle enlevé; «le bon pays» ouvrirait ses trésors pour l’usage du peuple; arrosé continuellement par les pluies du ciel et réchauffé par son soleil, il produirait avec abondance tout ce que le cœur pouvait souhaiter.

Quel pays et quel héritage! Quelle patrie! Il va sans dire que nous le considérons maintenant au point de vue divin; nous le voyons comme il était dans la pensée de Dieu et comme il sera pour Israël durant le glorieux millénium qui l’attend. Nous n’aurions qu’une bien pauvre idée du pays de l’Éternel, si nous n’y pensions que comme à celui possédé autrefois par Israël, même dans les jours brillants de son histoire, et comme il était au moment des splendeurs du règne de Salomon. Nous devons regarder en avant, «aux temps du rétablissement de toutes choses» (Actes 3:21), pour avoir une idée juste de ce que sera le pays de Canaan pour l’Israël de Dieu.

Or, Moïse parle du pays au point de vue divin. Il le présente comme donné de Dieu, et non comme possédé par Israël; et cela fait une immense différence. D’après sa belle description il n’y avait en Canaan, ni ennemis, ni fâcheuses circonstances, on n’y voit que fertilité et bénédictions. Voilà ce qu’il aurait dû être et voilà ce qu’il sera pour la postérité d’Abraham, en vertu de l’alliance faite avec leurs pères — l’alliance nouvelle et éternelle, basée sur la grâce souveraine de Dieu et ratifiée par le sang de la croix. Aucune puissance de la terre ou de l’enfer ne peut empêcher l’accomplissement de la promesse de Dieu. «Aura-t-il dit, et ne fera-t-il pas?» Dieu accomplira, à la lettre, tout ce qu’il a promis, malgré l’opposition de l’ennemi et la chute déplorable de son peuple. Quoique la postérité d’Abraham ait failli sous la loi et sous le gouvernement, le Dieu d’Abraham leur donnera cependant la grâce et la gloire, parce que ses dons et son appel sont sans repentance.

Moïse comprenait parfaitement tout cela. Il savait ce qui en serait de ceux qui étaient devant lui et de leurs enfants après eux, durant bien des générations; aussi regardait-il en avant vers ce bel avenir où le Dieu de l’alliance déploierait, aux yeux de toute la création, les triomphes de sa grâce dans ses dispensations à l’égard de la postérité d’Abraham, son ami.

Toutefois, le serviteur de l’Éternel, fidèle au but qu’il avait devant les yeux dans tous les merveilleux discours du commencement de notre livre, continue à exhorter l’assemblée, et à lui montrer de quelle manière ils auraient à se comporter dans le bon pays où ils allaient entrer. Il leur parle de l’avenir comme il l’avait fait du passé et du présent, en s’efforçant de profiter de tout pour leur rappeler ce qu’ils devaient à Dieu qui avait si tendrement pris soin d’eux durant tout leur voyage, et qui allait les introduire et les planter sur la montagne de son héritage. Écoutons ses touchantes exhortations

«Et tu mangeras, et tu seras rassasié, et tu béniras l’Éternel, ton Dieu, à cause du bon pays qu’il t’a donné». Que c’est simple! que c’est beau! Rassasiés des fruits de la bonté de l’Éternel, ils devaient bénir et louer son saint nom. Il aime à être entouré de cœurs débordant du doux sentiment de sa bonté et éclatant en chants de louange et d’actions de grâce. Il dit: «Celui qui sacrifie la louange, me glorifie». (Ps. 50:23). La plus faible louange s’élevant, d’un cœur reconnaissant monte comme un parfum de bonne odeur jusqu’au trône et jusqu’au cœur de Dieu.

Souvenons-nous en, bien-aimé lecteur. Pour nous, comme pour Israël, la louange est bienséante. Notre premier privilège est de louer l’Éternel. Chaque fois que nous respirons, un Alléluia devrait s’échapper de nos cœurs. C’est à cet exercice béni que le Saint Esprit nous exhorte fréquemment. «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom» (Héb. 13:15). N’oublions jamais que rien ne réjouit le cœur et ne glorifie le nom de notre Dieu, comme un esprit de louange chez son peuple. Il est bon d’exercer la bienfaisance et de faire part de nos biens. Dieu prend plaisir à de tels sacrifices. C’est un de nos grands privilèges de faire du bien, quand nous en avons l’occasion, à tous les hommes, et particulièrement à ceux de la maison de la foi. Nous sommes appelés à être des canaux de miséricorde, entre le cœur de notre Père et toutes les formes de la misère humaine que nous rencontrons journellement sur notre route. Tout cela est vrai, mais n’oublions pas que la place la plus élevée appartient à la louange. C’est elle qui occupera nos facultés purifiées durant les âges glorieux de l’éternité, alors que les sacrifices d’une active bienfaisance ne seront plus nécessaires.

Mais le fidèle législateur ne connaissait que trop bien la tendance du cœur humain à oublier, à perdre de vue le divin Donateur et à se reposer sur ses dons. C’est pourquoi il adresse à l’assemblée les paroles qui suivent, — paroles si profitables pour eux et pour nous. Écoutons-les avec un saint respect et un esprit docile.

«Prends garde à toi, de peur que tu n’oublies l’Éternel, ton Dieu, pour ne pas garder ses commandements, et ses ordonnances, et ses statuts, que je te commande aujourd’hui; de peur que, quand tu mangeras, et que tu seras rassasié, et que tu bâtiras de bonnes maisons et y habiteras, et que ton gros et menu bétail se multipliera, et que l’argent et l’or te seront multipliés, et que tout ce qui est à toi se multipliera, alors ton cœur ne s’élève, et que tu n’oublies l’Éternel, ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude; qui t’a fait marcher dans le désert grand et terrible, désert de serpents brûlants et de scorpions, une terre aride où il n’y a point d’eau; qui a fait sortir pour toi de l’eau du roc dur; qui t’a fait manger dans le désert la manne que tes pères n’ont pas connue, afin de t’humilier et afin de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin, — et que tu ne dises dans ton cœur: Ma puissance et la force de ma main m’ont acquis ces richesses. Mais tu te souviendras de l’Éternel, ton Dieu, que c’est lui qui te donne de la force pour acquérir ces richesses, afin de ratifier son alliance, qu’il a jurée à tes pères, comme il paraît aujourd’hui. Et s’il arrive que tu oublies en aucune manière l’Éternel, ton Dieu, et que tu ailles après d’autres dieux, et que tu les serves et que tu t’inclines devant eux, je rends témoignage aujourd’hui contre vous que vous périrez entièrement: comme les nations que l’Éternel fait périr devant vous, ainsi vous périrez, parce que vous n’aurez pas écouté la voix de l’Éternel, votre Dieu» (vers. 11-20).

Tout cela s’adresse à nous, comme jadis à Israël. Nous sommes peut-être disposés à nous étonner de la fréquente répétition des avertissements et des exhortations, mais ne sentons-nous pas profondément que nous avons nous-mêmes un besoin urgent d’avertissement, d’admonestation et d’exhortation?

Et quant à ces grands faits que Moïse ne cesse de rappeler au peuple, pouvaient-ils jamais perdre leur valeur morale et leur puissance? Assurément non. Israël pouvait les oublier, ou négliger de les apprécier, mais les faits restaient les mêmes. Comment de tels faits auraient-ils pu perdre leur influence sur un cœur possédant une seule étincelle d’amour sincère pour Dieu? Et pourquoi nous étonner de voir Moïse les rappeler si souvent et s’en servir comme d’un puissant levier pour agir sur les cœurs? Moïse sentait pour lui-même la puissance morale de ces choses, et il désirait que d’autres la sentissent aussi. Pour lui elles étaient précieuses au-delà de toute expression, et il s’efforçait de les rendre telles à ses frères. Son but unique et constant était de placer devant eux, de toute manière, les droits qu’avait l’Éternel à leur obéissance joyeuse et implicite.

Cela explique ce qui pourrait sembler à un lecteur superficiel, la trop fréquente répétition des scènes du passé dans ces remarquables discours de Moïse. En les lisant, nous nous souvenons des belles paroles de Pierre, dans sa seconde épître: «C’est pourquoi je m’appliquerai à vous faire souvenir toujours de ces choses,… Mais j’estime qu’il est juste, tant que je suis dans cette tente, de vous réveiller en rappelant ces choses à votre mémoire,… mais je m’étudierai à ce qu’après mon départ vous puissiez aussi en tout temps vous rappeler ces choses» (1:12-15).

Qu’il est remarquable de voir l’unité d’esprit et de but chez ces deux vénérables serviteurs de Dieu! L’un et l’autre connaissaient la disposition du pauvre cœur humain à oublier ce qui concerne Dieu, le ciel et l’éternité, et ils sentaient l’importance suprême et la valeur infinie de ce dont ils parlaient.

Est-ce qu’un véritable Israélite aurait jamais pu se lasser d’entendre raconter ce que l’Éternel avait fait pour lui en Égypte, à la mer Rouge et dans le désert? Jamais. De tels sujets étaient toujours nouveaux et précieux pour son cœur. Le chrétien, de même, pourrait-il jamais se lasser de la croix et de toutes les grandes et glorieuses réalités qui se groupent autour d’elle? Pourrait-il jamais se lasser de Christ, de sa personne et de son œuvre? Jamais, non jamais, durant toute l’éternité bienheureuse. A-t-il besoin d’autre chose? La science peut-elle ajouter à Christ? Le savoir humain peut-il ajouter quoi que ce soit au grand mystère de la piété, qui a pour base Dieu manifesté en chair et pour faîte un Homme glorifié dans le ciel? Y a-t-il quelque chose au delà? Non, assurément.

Prenons un ordre de choses moins élevé, considérons les œuvres de Dieu dans la création. Nous lassons-nous jamais du soleil? Sommes-nous jamais fatigués de la mer? Elle n’est cependant point nouvelle. Il est vrai que le soleil est souvent trop éblouissant pour la faible vue de l’homme, et que la mer engloutit souvent, en un instant, les œuvres dont il s’enorgueillit, mais néanmoins le soleil et la mer ne perdent jamais leur puissance et leur charme.

Et que sont toutes ces choses, comparées aux gloires qui se groupent autour de la personne et de la croix de Christ? Que sont-elles à côté des grandes réalités de cette éternité qui nous attend?