Deutéronome

Chapitre 7

«Quand l’Éternel, ton Dieu, t’aura introduit dans le pays où tu entres pour le posséder, et qu’il aura chassé de devant toi des nations nombreuses,… sept nations plus nombreuses et plus fortes que toi, et que l’Éternel, ton Dieu, les aura livrées devant toi, et que tu les auras frappées, tu les détruiras entièrement comme un anathème; tu ne traiteras point alliance avec elles, et tu ne leur feras pas grâce».

Le récit des voies de Dieu envers les nations, en rapport avec son peuple d’Israël, nous rappelle les paroles qui ouvrent le Psaume 101: «Je chanterai la bonté et le jugement». Si d’une part nous voyons le déploiement de la grâce de Dieu envers son peuple, en vertu de Son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob, de l’autre nous voyons l’exécution du jugement sur les nations à cause de leur méchanceté. Dans le premier cas se montre la souveraineté de Dieu; dans le second sa justice; sa gloire brille dans l’un et dans l’autre. Toutes les voies de Dieu, en grâce, comme en jugement, proclament ses louanges et seront à jamais célébrées par son peuple. «Grandes et merveilleuses sont tes œuvres, Seigneur, Dieu, Tout-puissant! Justes et véritables sont tes voies, ô Roi des nations!1 Qui ne te craindrait, Seigneur, et qui ne glorifierait ton nom? car seul tu es saint; car toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi parce que tes faits justes ont été manifestés» (Apoc. 15:3-4).

1 «Nations», suivant les manuscrits les plus autorisés. Christ n’est pas appelé le «roi des saints».

Voilà l’esprit avec lequel nous devons considérer les voies de Dieu en gouvernement. Il est des âmes, qui, se laissant influencer par une fausse et morbide sentimentalité, se sentent froissées en lisant les ordres donnés à Israël au sujet des Cananéens, au commencement de notre chapitre. Il leur semble qu’un Être tout bon et miséricordieux ne saurait commander à son peuple de détruire ses semblables sans leur faire aucune grâce, et même de passer des femmes et des enfants au fil de l’épée.

Ces personnes ne sont pas disposées à dire avec les saints, en Apoc. 15:3-4: «Justes et véritables sont tes voies, ô Roi des nations». Elles n’approuvent point Dieu dans toutes ses voies; elles vont même jusqu’à le juger. Elles se permettent de mesurer les dispensations du gouvernement divin d’après leurs faibles pensées; de comparer l’infini avec ce qui a des limites, en un mot elles jugent Dieu d’après elles-mêmes.

C’est là une faute grave. Nous ne sommes pas compétents pour porter un jugement sur les voies de Dieu, et par conséquent c’est le comble de la présomption pour de pauvres mortels ignorants, d’essayer de le faire. Nous lisons au chapitre 7 de Luc, que «la sagesse a été justifiée par tous ses enfants». Souvenons-nous de ces paroles et faisons taire tout raisonnement coupable. «Que Dieu soit vrai et tout homme menteur, selon ce qui est écrit: En sorte que tu sois justifié dans tes paroles, et que tu aies gain de cause quand tu es jugé» (Rom. 3:4).

Si le lecteur n’est pas au clair sur ce sujet, qu’il lise le magnifique Psaume 136.

Nous y voyons que la mort des premiers-nés des Égyptiens et la délivrance d’Israël, le passage de la mer Rouge et la destruction de l’armée du Pharaon, ainsi que l’anéantissement des Cananéens, pour donner leur héritage à Israël, — tout en un mot était la preuve de la bonté éternelle de Dieu1. Et il en est et en sera toujours ainsi. Tout doit contribuer à la gloire de Dieu. Ne l’oublions pas, et laissons de côté tous les faux raisonnements. C’est notre privilège de justifier Dieu dans toutes ses voies, de courber la tête avec révérence à la vue de ses insondables jugements, et de demeurer fermement assurés que toutes les voies de Dieu sont bonnes. Nous ne les comprenons pas toutes; ce qui est borné comprendrait-il l’infini? Les dispensations de Dieu, les actes de son gouvernement, sont autant au-dessus de la raison humaine que le Créateur est au-dessus de la créature: Quel est l’esprit humain qui peut sonder les profonds mystères de la providence divine? Pourquoi arrive-t-il, par exemple, qu’une ville entière remplie d’hommes, de femmes et d’enfants, soit en quelques heures engloutie sous des flots de lave brûlante? Nous ne pouvons le dire, et cependant ce n’est qu’un fait entre mille dans l’histoire de l’humanité. Voyez, dans nos grandes cités, les milliers d’êtres humains qui vivent dans la misère la plus profonde et dans la plus grande dégradation morale. Pouvons-nous dire pourquoi Dieu le permet? Sommes-nous appelés à le faire? N’est-il pas évident que nous n’avons pas à discuter ces questions? Si, dans notre ignorance et notre folie, nous nous mettons à raisonner sur les mystères inscrutables du gouvernement divin, nous ne pouvons nous attendre qu’à nous égarer complètement et même à tomber dans une incrédulité positive.

1 Beaucoup de chrétiens trouvent de la difficulté à comprendre et à appliquer les expressions d’un grand nombre de Psaumes, qui appellent le jugement sur les méchants. Ce langage serait, en effet, tout à fait déplacé chez les chrétiens, qui sont exhortés à aimer leurs ennemis, à faire du bien à ceux qui les haïssent, et à prier pour ceux qui leur font du tort et les persécutent.

Mais ce qui serait totalement hors de place pour l’Église de Dieu, le peuple céleste, sous la grâce, était autrefois et sera dans l’avenir en parfaite harmonie avec la position d’Israël, le peuple terrestre, sous le gouvernement de Dieu. Aucun chrétien intelligent ne songerait un instant à appeler la vengeance sur ses ennemis ou sur les méchants. Il y aurait là une grossière inconséquence. Nous sommes appelés à être les exemples vivants de la grâce de Dieu envers le monde — à marcher sur les traces de Jésus doux et humble de cœur — à souffrir pour la justice — à ne pas résister au mal. Dieu use maintenant de patience et de miséricorde envers le monde. «Il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes». Nous avons à 1’imiter et à être «parfaits, comme notre Père qui est dans les cieux est parfait». Un chrétien qui traiterait le monde sur le principe du juste jugement, donnerait une idée fausse de son Père céleste et mentirait à sa profession.

Mais plus tard, lorsque l’Église aura quitté la terre, il n’en sera plus ainsi. Dieu jugera les nations suivant la manière dont elles auront traité son peuple d’Israël.

Ce principe, bien compris, donnera au lecteur la clef des Psaumes prophétiques.

Nous comprendrons maintenant les instructions données au commencement de notre chapitre. Les Cananéens ne devaient pas trouver grâce aux yeux des Israélites. Leur iniquité était venue à son comble, et il ne restait plus pour eux que l’exécution du jugement divin. «Tu les frapperas, et tu les détruiras entièrement comme un anathème; tu ne traiteras point alliance avec elles, et tu ne leur feras pas grâce. Tu ne t’allieras point par mariage avec elles, tu ne donneras point ta fille à leur fils, et tu ne prendras pas leur fille pour ton fils; car ils détourneraient de moi ton fils, et il servirait d’autres dieux, et la colère de l’Éternel s’embraserait contre vous et te détruirait aussitôt. Mais vous leur ferez ainsi Vous démolirez leurs autels, et vous briserez leurs statues, et vous abattrez leurs ashères, et vous brûlerez au feu leurs images taillées».

Tels étaient les ordres donnés par l’Éternel à son peuple. Ils étaient clairs et compréhensibles. Pas de grâce pour les Cananéens, pas d’alliance avec eux, aucune union, aucune liaison quelconque; un jugement sans miséricorde devait être leur part.

Nous savons, hélas que les Israélites ne tardèrent pas à négliger ces ordres sacrés. À peine avaient-ils posé leurs pieds dans le pays de Canaan qu’ils firent alliance avec les Gabaonites. Josué lui-même tomba dans le piège. Les vêtements déchirés et le pain moisi de ce peuple rusé, trompèrent les principaux de la congrégation, et les firent agir en directe opposition avec le commandement de Dieu. S’ils eussent été gouvernés par l’autorité de la Parole, ils ne seraient pas tombés dans cette faute grave et n’auraient pas traité alliance avec un peuple qui aurait dû être complètement détruit. Mais ils jugèrent d’après l’œil de la chair, et ils en recueillirent les fruits 1. L’obéissance implicite est la meilleure sauvegarde contre les ruses de l’ennemi. Le récit des Gabaonites était sans doute fort plausible, et tout leur aspect donnait un air de vérité à leurs assertions, mais rien de tout cela n’aurait dû avoir le moindre poids aux yeux de Josué et des principaux d’Israël. Ils devaient se rappeler les commandements de l’Éternel, et s’en tenir à sa parole. Au lieu de le faire, ils raisonnèrent et agirent d’après ce qu’ils voyaient. La raison n’est pas un guide pour le peuple de Dieu; il doit être uniquement et entièrement dirigé et gouverné par sa Parole.

1 Il est instructif de voir que les vieux vêtements, le pain moisi et les paroles rusées des Gabaonites, accomplirent ce que les murs de Jéricho n’avaient pu faire. Les ruses de Satan sont plus à redouter que sa puissance. «Revêtez-vous de l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable». Si nous réfléchissons aux diverses parties de l’armure complète de Dieu, nous verrons clairement qu’elles se rangent sous ces deux chefs obéissance et dépendance. L’âme qui est réellement gouvernée par la Parole, et qui se confie entièrement en la puissance de l’Esprit, est parfaitement équipée pour la lutte. C’était ainsi que l’Homme Christ Jésus remportait la victoire sur l’ennemi. Le diable ne pouvait rien sur un homme, qui était parfaitement obéissant et parfaitement dépendant. Suivons en cela, comme en toutes choses, notre divin modèle.

C’est là un privilège des plus grands, car il est à la portée du plus simple et du plus ignorant des enfants de Dieu. La parole du Père, la voix du Père, l’œil du Père, suffisent pour guider le plus jeune et le plus faible des membres de sa famille. Ce qu’il nous faut, c’est un cœur aimant et obéissant. Il n’est pas besoin d’une vaste intelligence, ni d’une grande science, car alors, que deviendrait la grande majorité des chrétiens? Si les savants, les penseurs, les gens instruits étaient seuls capables de tenir ferme contre les ruses de l’adversaire, la plupart d’entre nous devraient renoncer à la lutte.

Mais, grâces à Dieu, il n’en est pas ainsi; au contraire, en étudiant l’histoire du peuple de Dieu à travers les âges, nous voyons que la sagesse et la science humaines, quand elles ne sont pas laissées à leur vraie place, deviennent des pièges, et ceux qui les possèdent, des instruments d’autant plus dangereux entre les mains de l’ennemi. Par qui ont été introduites la plupart des hérésies qui ont troublé l’Église de Dieu depuis des siècles? Non par les simples et les ignorants, mais par les savants et les intelligents. Et dans le passage du livre de Josué que nous venons de citer, qui est-ce qui fit alliance avec les Gabaonites? Le commun du peuple? Non, mais les principaux de l’assemblée. Tous évidemment commirent la faute, mais les principaux d’Israël donnèrent l’exemple. Les chefs et les conducteurs de l’assemblée tombèrent dans les pièges du diable, pour avoir négligé «d’interroger la bouche de l’Éternel».

«Tu ne traiteras point alliance avec elles». Rien n’était plus simple que cela. De vieux vêtements, des souliers raccommodés et du pain moisi pouvaient-ils changer la signification de l’ordre divin, ou enlever à la congrégation l’obligation d’une obéissance implicite? Non, assurément.

Rien ne saurait jamais être une excuse pour diminuer, si peu que ce soit, l’obligation d’obéir à la parole de Dieu. Si nous rencontrons des difficultés ou des circonstances embarrassantes, si nous ne savons souvent de quel côté nous tourner, que devons-nous faire? Raisonner? discuter? agir d’après notre propre jugement ou celui de tel autre? Certainement non; mais nous avons à nous attendre à Dieu patiemment, humblement, avec foi, et assurément il nous montrera notre chemin. «Il fera marcher dans le droit chemin les débonnaires, et il enseignera sa voie aux débonnaires» (Ps. 25:9). En marchant ainsi, nous serons préservés de tout faux pas et gardés jusqu’au royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

Au vers. 6 de notre chapitre, Moïse place devant le peuple la raison morale pour laquelle il devait rester entièrement séparé des Cananéens et les exterminer: «Car tu es un peuple saint, consacré à l’Éternel, ton Dieu; l’Éternel, ton Dieu, t’a choisi, afin que tu sois pour lui un peuple qui lui appartienne en propre, d’entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre».

Le principe posé ici est de la plus grande importance. Pourquoi Israël devait-il être entièrement séparé des Cananéens, et refuser absolument de faire aucune alliance avec eux? Pourquoi devait-il démolir leurs autels, briser leurs statues et abattre leurs ashères? Simplement, parce qu’il était un peuple saint. Et qui l’avait fait tel? l’Éternel. Il les avait choisis et son amour reposait sur eux; il les avait sauvés et les avait mis à part pour lui, et ainsi il avait le droit de prescrire ce qu’ils devaient être et comment ils devaient agir. «Soyez saints, car moi je suis saint».

Ce n’était nullement sur le principe de: «Tiens-toi loin, ne me touche pas, car je suis saint vis-à-vis de toi» (És. 65:5). Ils ne valaient pas plus que les autres nations, c’est évident par ce qui suit: «Ce n’est pas parce que vous étiez plus nombreux que tous les peuples, que l’Éternel s’est attaché à vous et vous a choisis; car vous êtes le plus petit de tous les peuples; mais parce que l’Éternel vous a aimés et parce qu’il garde le serment qu’il a juré à vos pères, l’Éternel vous a fait sortir à main forte, et t’a racheté de la maison de servitude, de la main du Pharaon, roi d’Égypte» (vers. 7, 8).

Que ces paroles étaient bien ce qui convenait aux enfants d’Israël! Ils devaient se souvenir que tous leurs privilèges, leur dignité, et leurs bénédictions, provenaient non de ce qu’ils étaient en eux-mêmes, mais de ce que l’Éternel les avait aimés dans sa grâce souveraine, et avait traité alliance avec leurs pères, — «alliance éternelle, à tous égards bien ordonnée et assurée».

Il y avait là un antidote divin contre tout orgueil et toute suffisance, et c’était aussi la base sûre et ferme de leur bonheur et de leur sécurité morale. Tout reposait sur la stabilité immuable de la grâce de Dieu. Toute vanterie humaine était ainsi rendue impossible. «Mon âme se glorifiera en l’Éternel; les débonnaires l’entendront et se réjouiront» (Ps. 34:3).

Dieu veut que nulle chair ne se glorifie devant Lui. Il abaisse toute prétention humaine et l’orgueil du cœur de l’homme. Israël devait se souvenir de son origine, de sa condition précédente — «de servitude en Égypte» — «le plus petit de tous les peuples». Il n’était nullement meilleur que les nations qui l’entouraient, et par conséquent ne pouvait expliquer sa grandeur et son élévation que par l’amour gratuit de Dieu et sa fidélité à son serment. «Non point à nous, ô Éternel! non point à nous, mais à ton nom donne gloire, à cause de ta bonté, à cause de ta vérité» (Ps. 115:1).

«Connais donc que c’est l’Éternel, ton Dieu, qui est Dieu, le Dieu fidèle, qui garde l’alliance et la bonté jusqu’à mille générations à ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements; et qui récompense en face ceux qui le haïssent, pour les faire périr: il ne différera pas à l’égard de celui qui le hait; il le récompensera en face» (vers. 9, 10).

Deux faits de la plus haute importance sont mis ici devant nous; l’un rempli de riches consolations et de précieux encouragements pour ceux qui aiment Dieu en sincérité; l’autre d’une grande solennité pour ceux qui le méprisent. Tous ceux qui aiment Dieu et gardent ses commandements peuvent compter sur sa fidélité et sa grâce en tout temps et en toutes circonstances. «Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos» (Rom. 8:28). Si, par sa grâce infinie, l’amour de Dieu est dans nos cœurs et sa crainte devant nos yeux, nous pouvons avancer avec courage et avec une joyeuse confiance, assurés que tout sera bien et doit être bien. «Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance envers Dieu; et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous pratiquons les choses qui sont agréables devant lui» (1 Jean 3:21-22).

C’est là une vérité éternelle pour Israël, comme pour l’Église. Le chapitre 7 du Deutéronome, aussi bien que le chapitre 3 de 1 Jean, proclament la même grande vérité pratique, savoir que Dieu prend plaisir en ceux qui le craignent, qui l’aiment et gardent ses commandements.

Y a-t-il là quoi que ce soit de légal? Nullement. L’amour et le légalisme n’ont rien de commun; ils sont aussi éloignés l’un de l’autre que les pôles. «C’est ici l’amour de Dieu, que nous gardions ses commandements, et ses commandements ne sont pas pénibles» (1 Jean 5:3). Les motifs, le caractère et l’esprit de notre obéissance, sont tout l’opposé du légalisme. Il est des personnes toujours prêtes à crier au légalisme, lorsqu’on leur parle d’obéissance. Elles sont dans une grave erreur. S’il était question d’acquérir par notre obéissance la position et la relation d’enfants de Dieu, alors l’accusation de légalisme serait pleinement justifiée. Mais donner ce nom à l’obéissance chrétienne c’est, nous le répétons, une grave erreur. L’obéissance ne peut précéder la relation filiale; mais cette relation doit toujours être suivie de l’obéissance.

Occupons-nous maintenant de la vérité solennelle que nous présente le vers. 10 de notre chapitre: «Il ne différera pas à l’égard de celui qui le hait; il le récompensera en face». Si ceux qui aiment Dieu sont tendrement encouragés, au v.9, à garder ses commandements, le v.10 fait entendre un sérieux avertissement à ceux qui le haïssent.

Le temps vient où Dieu agira en personne, face à face avec ses ennemis. Qu’il est terrible de penser qu’il y a des hommes qui haïssent Dieu — qui haïssent Celui dont le nom est «lumière» et «amour», la source de toute bonté, l’auteur et le donateur de tout don parfait, le Père des lumières; Celui dont la main libérale supplée aux besoins de toute créature, qui entend le cri du corbeau et apaise la soif de l’âne sauvage; Celui qui est infiniment bon, le seul sage, le Dieu parfaitement saint, le Seigneur de toute force et puissance, le Créateur de toutes choses, et Celui qui a le pouvoir de jeter l’âme et le corps dans la géhenne.

Pensez, lecteur, à ce que c’est que de haïr un Être tel que Dieu! Or, nous savons que tous ceux qui n’aiment pas doivent haïr. Peut-être ne croit-on pas cela; peu de personnes conviendront qu’elles haïssent vraiment Dieu; mais, dans cette grande question, il n’est pas de terrain neutre; il nous faut être pour ou contre, et en général les hommes ne tardent pas à montrer sous quel drapeau ils servent. Il arrive le plus souvent que l’inimitié du cœur envers Dieu se montre par la haine pour son peuple, pour sa Parole, son culte, son service. Que de fois nous entendons proférer des paroles telles que celles-ci: «Je hais les mômiers». — «Je déteste la religiosité et les prêcheurs». Pour dire vrai, c’est Dieu lui-même que l’on hait. «La chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas»; et cette inimitié se fait jour à propos de tout ce qui concerne Dieu. Tout cœur inconverti recèle une inimitié positive contre Dieu. Tout homme, dans son état naturel, hait Dieu.

Or, Dieu déclare «qu’il ne différera pas à l’égard de celui qui le hait, il le récompensera en face». Parole solennelle, à laquelle on devrait prêter une plus sérieuse attention. Les hommes n’aiment pas l’entendre; beaucoup affectent et font profession de ne pas y croire. Ils cherchent à se persuader et à persuader aux autres que Dieu est trop bon, trop tendre, trop miséricordieux, pour traiter ses créatures avec sévérité. Ils oublient que les voies de Dieu en gouvernement sont aussi parfaites que ses voies en grâce. Ils s’imaginent que le gouvernement de Dieu laissera passer ou traitera légèrement le mal et ceux qui le font.

C’est là une fatale erreur et qui, tôt ou tard, portera ses fruits douloureux. Il est vrai, et Dieu en soit béni, que, dans sa grâce souveraine, il peut nous pardonner nos péchés, effacer nos transgressions, couvrir nos fautes, nous justifier parfaitement, et répandre dans nos cœurs l’esprit d’adoption. Mais c’est une chose entièrement différente. C’est la grâce régnant par la justice, en vie éternelle, par Jésus Christ, notre Seigneur. C’est Dieu, dans son amour merveilleux, donnant une justice au pauvre pécheur qui méritait l’enfer, et qui sait et sent et reconnaît que lui-même n’a aucune justice, ni n’en pourrait avoir. Dieu, dans son amour infini, a trouvé un moyen par lequel il peut être juste et justifier celui qui croit simplement en Jésus.

Mais comment tout cela a-t-il été accompli? Est-ce en laissant de côté le péché, comme s’il n’était rien? Est-ce en lâchant les rênes du gouvernement divin, en abaissant la mesure de la sainteté divine, ou en diminuant en quoi que ce soit les exigences de la Loi? Non, tout au contraire. Il n’aurait jamais pu y avoir une manifestation plus solennelle de la haine de Dieu pour le péché, ou de son intention irrévocable de le condamner et de le punir éternellement; il n’aurait jamais pu y avoir une revendication plus glorieuse du gouvernement divin, une exposition plus parfaite de la sainteté, de la vérité et de la justice divines; jamais la loi n’aurait pu être plus glorieusement défendue ou plus complètement établie que par le plan glorieux de la rédemption — projeté, exécuté et révélé par l’éternelle Trinité dans l’Unité — projeté par le Père, exécuté par le Fils et révélé par le Saint Esprit.

Si nous désirons voir dans toute sa réalité le gouvernement de Dieu, sa colère contre le péché, et le vrai caractère de sa sainteté, nous n’avons qu’à contempler la croix, à écouter ce cri d’angoisse qui sortit du cœur du Fils de Dieu et retentit au milieu des ténèbres du Calvaire: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Jamais semblable question n’avait été faite auparavant, jamais il n’en fut fait de semblable dès lors, et cette question ne se fera ni ne pourrait plus se faire. Soit que nous considérions Celui qui la fit, Celui à qui elle était adressée, ou la réponse, elle demeure unique dans l’éternité. La croix est la mesure de la haine de Dieu contre le péché, tout comme elle est la mesure de son amour pour le pécheur. C’est la base impérissable du trône de grâce, le terrain divinement juste, sur lequel Dieu peut pardonner nos péchés, et nous constituer parfaitement justes en un Christ ressuscité et glorifié.

Mais si les hommes méprisent la croix, et persistent dans leur haine contre Dieu, tout en disant qu’il est trop bon et trop clément pour punir les méchants, que deviendront-ils? Voici la réponse: «Qui désobéit (àpéithon) au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui» (Jean 3:36)1.

1 Le lecteur trouvera des remarques plus détaillées sur la pâque et la fête des pains sans levain, dans les Notes sur l’Exode 12 et Nombres 9. Dans ce dernier chapitre particulièrement, il verra le rapport qui existe entre la pâque et la cène, sujet du plus profond intérêt et d’une immense importance pratique. La pâque anticipait la mort de Christ; la cène la rappelle. Ce que la pâque était pour l’Israélite fidèle, la cène l’est pour l’Église. Si ces vérités étaient mieux comprises, cela aiderait à combattre le relâchement, l’indifférence et l’erreur, qui dominent maintenant quant à la table et à la cène du Seigneur.

Il doit paraître étrange à celui qui vit habituellement dans la sainte atmosphère des Écritures, de voir la confusion de pensées et la diversité de pratique à l’égard de ce sujet si important, présenté d’une manière si claire et si simple dans la parole de Dieu.

Il ne peut être mis en question par quiconque s’incline devant l’Écriture, que les apôtres et l’Église primitive se réunissaient le premier jour de la semaine pour rompre le pain. Il n’y a pas même une ombre de fondement dans le Nouveau Testament à vouloir limiter cette ordonnance si précieuse à être célébrée une fois par mois, ou tous les trois ou six mois. On ne peut considérer cela que comme une intervention humaine dans une institution divine. Nous savons qu’on cherche à se prévaloir de ces paroles «Faites ceci, toutes les fois, etc.» (1 Cor. 11:26); mais nous ne voyons pas comment elles peuvent servir de base à un argument quelconque, devant ce que nous lisons dans les Actes des Apôtres, chap. 20:7. Le premier jour de la semaine est, incontestablement, le jour où l’Église doit célébrer la cène.

Le lecteur chrétien admet-il cela? Et s’il l’admet, agit-il en conséquence? C’est une chose sérieuse de négliger une ordonnance spéciale de Christ, établie par Lui dans des circonstances si touchantes, la nuit même où il fut trahi. Tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus Christ en sincérité, désirent assurément se souvenir de Lui, de cette manière spéciale, selon ses propres paroles «Faites ceci en mémoire de moi» (1 Cor. 11:24). Pouvons-nous comprendre que quelqu’un, aimant réellement Christ, puisse vivre dans une négligence habituelle de ce précieux mémorial? Si un Israélite avait négligé de célébrer la pâque, il aurait été «retranché». Mais c’était la loi et nous sommes sous la grâce, dira-t-on. C’est vrai, mais est-ce une raison pour négliger le commandement de notre Seigneur?

Nous recommandons ce sujet à l’attention sérieuse du lecteur. Il embrasse bien plus que la plupart d’entre nous ne le pensent. L’histoire entière de la cène dans ces dix-huit derniers siècles est remplie d’intérêt et d’instruction. La manière dont on a traité la table du Seigneur est un index moral de la vraie condition de l’Église. Dans la mesure où l’Église s’est éloignée de Christ et de sa Parole, elle a négligé et perverti la précieuse institution de la cène. D’un autre côté, toutes les fois que l’Esprit de Dieu a agi avec puissance dans l’Église, la cène a trouvé sa vraie pace dans le cœur des siens.

Nous ne pouvons nous étendre davantage sur ce sujet dans une simple note; nous avons désiré seulement le présenter au lecteur, et nous espérons qu’il sera conduit à l’étudier pour lui-même. Nous ne doutons pas qu’il n’y trouve intérêt et profit.

Pouvons-nous croire un seul instant qu’un Dieu juste eût livré à la mort son Fils unique et bien-aimé, ses délices de tous les jours, alors que ce Fils était fait péché pour nous, pour laisser ensuite échapper les pécheurs impénitents? Jésus, l’Homme parfait, saint et sans tache, — le seul Homme parfait, qui ait jamais marché sur la terre, — a dû souffrir pour les péchés, le juste pour les injustes; est-ce pour que les méchants, les incrédules, ceux qui haïssent Dieu et désobéissent au Fils, soient sauvés et bénis et introduits dans le ciel? Et l’on voudrait affirmer cela sous le prétexte que Dieu est trop bon et trop clément pour punir éternellement les pécheurs! Lorsque Dieu a dû donner, abandonner et frapper son Fils bien-aimé afin de sauver son peuple de leurs péchés, est-ce que les pécheurs, les moqueurs et les rebelles pourraient être sauvés dans leurs péchés? Le Seigneur Jésus est-il mort pour rien? L’Éternel l’a-t-il froissé et a-t-il caché sa face de Lui sans nécessité? Pourquoi toutes les horreurs du Calvaire? pourquoi les trois heures de ténèbres? pourquoi le cri d’angoisse: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Pourquoi, si les pécheurs peuvent aller au ciel sans cela? Quelle inconcevable folie! Jusqu’où peut aller la crédulité des hommes, pourvu qu’il ne s’agisse pas de la vérité de Dieu! Le pauvre cœur humain affectera de croire la plus monstrueuse absurdité, afin d’avoir une excuse pour rejeter le simple enseignement de la sainte Écriture. Ce que les hommes ne songeraient jamais à attribuer à un bon gouvernement humain, ils n’hésitent pas à l’attribuer au gouvernement du Dieu seul sage, seul vrai et seul juste. Que penserions-nous d’un gouvernement qui ne pourrait ou ne voudrait pas punir les méchants et les criminels? Voudrions-nous vivre sous ce gouvernement?

Le verset qui nous occupe renverse complètement toutes les théories que les hommes, dans leur folie et leur ignorance, ont avancées touchant le gouvernement de Dieu, et réfute les arguments par lesquels ils cherchent à l’affaiblir. «C’est l’Éternel, ton Dieu, qui est Dieu, le Dieu fidèle qui… récompense en face ceux qui le haïssent, pour les faire périr; il ne différera pas à l’égard de celui qui le hait; il le récompensera en face».

Oh! si les hommes voulaient écouter la parole de Dieu! s’ils voulaient croire à ses avertissements si solennels et si clairs au sujet de la colère à venir, du jugement et des peines éternelles! Si, au lieu de chercher à se persuader à eux-mêmes et à d’autres qu’il n’y a pas d’enfer, pas de ver qui ne meurt point ni de feu qui ne s’éteint point, pas d’éternel tourment, ils écoutaient la voix qui les avertit de s’enfuir, avant qu’il soit trop tard, vers le refuge que leur présente l’Évangile! Là serait la vraie sagesse. Dieu dit qu’il rendra la pareille à ceux qui le haïssent. Qu’elle est terrible la pensée de cette rétribution! Qui pourrait l’affronter? Le gouvernement de Dieu est parfait, et parce qu’il est tel, il est impossible qu’il laisse le mal sans le juger. Rien n’est plus simple que cela. Toute l’Écriture, de la Genèse à l’Apocalypse, le présente en termes si clairs et si positifs que c’est le comble de la folie pour les hommes d’essayer de discuter la chose. Combien il est plus sage et plus sûr de fuir la colère à venir, que de nier qu’elle viendra ou qu’elle sera éternelle dans sa durée. C’est en vain qu’on essaie de raisonner en opposition à la vérité de Dieu. Toute parole de Dieu subsistera à toujours. Nous voyons les dispensations de son gouvernement à l’égard de son peuple d’Israël et à l’égard des chrétiens maintenant. Laissait-il passer le mal chez son peuple terrestre? Non, au contraire, il leur appliquait continuellement sa verge, et cela précisément parce que c’était son peuple, ainsi qu’il le dit par le prophète Amos: «Écoutez cette parole que l’Éternel prononce sur vous, fils d’Israël, sur la famille entière que j’ai fait monter du pays d’Égypte, disant: Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités» (Amos 3:1, 2).

Le même principe est appliqué aux chrétiens dans la première épître de Pierre: «Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu; mais s’il commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu? Et si le juste est sauvé difficilement, où paraîtra l’impie et le pécheur?» (4:17-18).

Dieu châtie les siens parce qu’ils sont les siens, et «afin qu’ils ne soient pas condamnés avec le monde» (1 Cor. 11:32). Les enfants de ce monde cheminent paisiblement, mais leur jour vient, — un jour sombre et terrible, — un jour de jugement et d’inexorable colère. Les hommes peuvent raisonner et discuter là-dessus, mais l’Écriture est claire et positive: «Dieu a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela» (Actes 17:31). Le grand jour des rétributions est près, où Dieu rendra la pareille à chacun en face.

Il est profondément édifiant de remarquer de quelle manière Moïse, ce serviteur bien-aimé et honoré de Dieu, conduit par le Saint Esprit, place les solennelles réalités du gouvernement de Dieu devant les Israélites, afin d’agir sur leurs consciences. Écoutez-le plaider et exhorter: «Et tu garderas les commandements, et les statuts et les ordonnances que je te commande aujourd’hui, pour les pratiquer. Et, si vous écoutez ces ordonnances, et que vous les gardiez et les fassiez, il arrivera que l’Éternel, ton Dieu, te gardera l’alliance et la bonté qu’il a jurées à tes pères. Et il t’aimera, et te bénira, et te multipliera; et il bénira le fruit de ton ventre, et le fruit de ta terre, ton froment, et ton moût, et ton huile, et la portée de ton gros bétail, et l’accroissement de ton menu bétail, sur la terre qu’il a juré à tes pères de te donner. Tu seras béni plus que tous les peuples il n’y aura, parmi toi et parmi tes bêtes, ni mâle ni femelle stérile; et l’Éternel éloignera de toi toute maladie, et il ne mettra sur toi aucune des plaies malignes de l’Égypte, que tu as connues, mais il les mettra sur tous ceux qui te haïssent. Et tu consumeras tous les peuples que l’Éternel, ton Dieu, te livre; ton œil ne les épargnera pas, et tu ne serviras pas leurs dieux, car ce serait un piège pour toi» (vers. 11-16).

Quel plaidoyer puissant et touchant! Remarquez le contraste: Israël devait «écouter», «garder» et «faire». L’Éternel devait «aimer», «bénir» et «multiplier». Hélas! Israël manqua totalement et honteusement à ce que l’Éternel demandait de lui, sous la loi et sous le gouvernement, et par conséquent, au lieu de la bénédiction et de l’accroissement, il n’y eut pour lui que jugement, malédiction, stérilité, dispersion et désolation.

Mais, béni soit le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, si Israël a failli sous la loi et sous le gouvernement, Lui n’a pas fait défaut dans sa riche et précieuse grâce et sa miséricorde. Il gardera l’alliance qu’il a jurée à leurs pères. Pas une de ses promesses ne tombera à terre; il les accomplira à la lettre. Et s’il ne peut le faire en vertu de l’obéissance d’Israël, il le fera à cause du sang de l’alliance éternelle, du précieux sang de Jésus, son Fils éternel. Gloire et honneur à son nom adorable!

Non, le Dieu d’Israël ne peut laisser une seule de ses précieuses promesses tomber à terre. Que deviendrions-nous s’il le faisait? Quelle assurance, quel repos, quelle paix pourrions-nous avoir, si l’alliance de l’Éternel avec Abraham manquait en un seul point? Il est vrai qu’Israël a perdu tous ses droits. S’il s’agit de prérogative selon la chair, Ismaël et Ésaü ont des droits antérieurs. S’il s’agit d’obéissance légale, le veau d’or et les tables brisées racontent sa triste histoire. S’il s’agit de gouvernement en vertu de l’alliance de Sinaï, les enfants d’Israël n’ont pas une seule excuse à mettre en avant.

Mais Dieu reste le même en dépit de la lamentable infidélité d’Israël. «Les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir» (Rom. 11:29), et c’est pourquoi «tout Israël sera sauvé». Dieu tiendra certainement son serment à Abraham, malgré toute la ruine de la postérité d’Abraham. Soyons-en fermement convaincus, quoiqu’on puisse dire de contraire. Israël sera restauré et béni, et il se multipliera dans la terre à laquelle il est affectionné. Un jour les Israélites reprendront leurs harpes suspendues aux saules, et, à l’ombre de leurs vignes et de leurs figuiers, ils chanteront les louanges de leur Dieu-Sauveur, durant le glorieux sabbat millénaire qui les attend. Tel est le témoignage invariable de l’Écriture, et il s’accomplira jusqu’aux moindres détails, pour la gloire de Dieu et en vertu de l’alliance éternelle.

Revenons à notre chapitre, dont les derniers versets demandent une attention toute particulière. Il est touchant de voir de quelle manière Moïse cherche à encourager le peuple au sujet des nations qu’il pouvait redouter en Canaan. Il comprend ses craintes et cherche à les dissiper. «Si tu dis dans ton cœur: Ces nations sont plus nombreuses que moi, etc.», lisez v.17-26.

Le grand remède pour toutes les craintes causées par l’incrédulité est simplement d’avoir l’œil fixé sur le Dieu vivant; alors le cœur est élevé au-dessus des difficultés de quelque nature qu’elles soient. On ne saurait nier qu’il n’y ait des difficultés et des influences fâcheuses de toute espèce. Bien des personnes affectent de parler légèrement des épreuves et des difficultés. Cela prouve, non la connaissance qu’elles ont de Dieu, mais leur profonde ignorance des sérieuses réalités de la vie. Elles voudraient nous persuader qu’il ne faudrait pas sentir les peines, les chagrins, les difficultés de la route. Autant vaudrait nous dire que nous ne devrions pas avoir de tête sur les épaules, ou de cœur dans notre poitrine. De telles personnes ne peuvent point encourager ceux qui sont abattus, car elles sont tout à fait incapables de comprendre les âmes qui passent par la lutte, ou qui sont aux prises avec les difficultés de la vie.

Comment Moïse s’efforce-t-il d’encourager les cœurs de ses frères? «Tu ne t’épouvanteras pas», dit-il, non parce qu’il n’y avait pas d’ennemis de difficultés ou de dangers, mais parce que «l’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi, un Dieu grand et terrible». C’était là le vrai encouragement les ennemis étaient là, mais Dieu est un refuge assuré. C’est ainsi que Josaphat, pressé par l’ennemi, cherchait à encourager lui-même ses frères: «Ô notre Dieu! ne les jugeras-tu pas? car il n’y a point de force en nous devant cette grande multitude qui vient contre nous, et nous ne savons ce que nous devons faire, mais nos yeux sont sur toi» (2 Chr. 20:12).

Voilà le précieux secret. Les yeux reposent sur Dieu; sa puissance intervient et tout est réglé. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» Moïse va au-devant des craintes qui s’élèvent dans le cœur d’Israël. «Ces nations sont plus nombreuses que moi». Oui, mais elles ne sont pas plus fortes que «le Dieu grand et terrible». Quelles nations pourraient lui résister? Toutes avaient un terrible compte à rendre à cause de leurs iniquités; la coupe était comble; le moment de la rétribution était arrivé, et le Dieu d’Israël allait les exterminer devant son peuple.

Israël, par conséquent, n’avait pas lieu de craindre la puissance de l’ennemi; l’Éternel était avec lui; mais il y avait une chose qui était bien plus à redouter, c’était l’influence séductrice de l’idolâtrie. Aussi l’Éternel dit-il: «Vous brûlerez au feu les images taillées de leurs dieux; tu ne désireras pas l’argent ou l’or qui sont dessus, et tu ne les prendras pas pour toi». «Quoi», serait porté à dire, plus d’un cœur, «devons-nous détruire l’or et l’argent qui ornent ces images? Ne pourrait-on en tirer un bon parti? N’est-ce point dommage de détruire quelque chose d’aussi précieux? Passe encore de brûler les images, mais pourquoi ne pas épargner l’or et l’argent?»

Ah! c’est justement de cette manière que le pauvre cœur est porté à raisonner, et c’est ainsi que nous nous séduisons nous-mêmes, lorsque nous sommes appelés à juger et à abandonner ce qui est mal. Nous nous persuadons que nous pouvons faire quelque réserve, et qu’il nous est permis de choisir et de faire des distinctions. Nous sommes prêts à abandonner une partie du mal, mais non pas tout. Nous sommes d’avis de brûler le bois de l’image, mais d’épargner l’or et l’argent.

Fatale illusion! «Tu ne désireras pas l’argent ou l’or qui sont dessus, et tu ne les prendras pas pour toi, de peur que par là tu ne sois pris dans un piège; car c’est une abomination pour l’Éternel, ton Dieu». Il faut que tout soit détruit. Retenir un atome de la chose maudite, c’est tomber dans le piège de l’ennemi et nous associer avec ce qui est une abomination aux yeux de Dieu, quelque estime que les hommes en fassent.

Or, d’après le dernier verset du chapitre, introduire une abomination dans la maison était devenir anathème soi-même. Combien cela est solennel! Le comprenons-nous bien?

Que le Seigneur garde nos cœurs séparés de tout mal, et fidèles pour Lui!