Deutéronome

Chapitre 4

«Et maintenant, Israël, écoute les statuts et les ordonnances que je vous enseigne, pour les pratiquer: afin que vous viviez, et que vous entriez dans le pays que l’Éternel, le Dieu de vos pères, vous donne, et que vous le possédiez» (Chap. 4:1).

Ici nous est présenté d’une manière très frappante le caractère particulier de tout le livre du Deutéronome. «Écoute», et «pratique», afin que vous «viviez» et que vous «possédiez». — Ceci est un principe général et qui demeure. C’était vrai pour Israël, et cela est vrai pour nous. Le sentier de la vie et le secret pour posséder sont la simple obéissance aux saints commandements de Dieu. C’est ce que nous voyons à chaque page du volume inspiré. Dieu ne nous a pas donné sa Parole pour l’examiner ou la discuter, mais afin que nous y obéissions. Il faut que, par l’effet de la grâce, nos cœurs soient soumis avec joie aux statuts de notre Père céleste, pour que nous puissions marcher dans le sentier de la vie, et jouir réellement de toutes les richesses que nous possédons en Christ. «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime; et celui qui m’aime, sera aimé de mon Père; et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui» (Jean 14:21).

Quel privilège! Chaque croyant n’en jouit pas, mais ceux-là seuls qui, soumis de cœur à notre Seigneur Jésus Christ, gardent ses commandements. Être enfant ou enfant obéissant sont deux choses; comme aussi être racheté, ou aimer le Sauveur et prendre plaisir à garder ses paroles. Ainsi, dans une de nos familles, voici deux fils, dont l’un ne pense qu’à faire sa volonté et à satisfaire ses goûts; il ne trouve pas de plaisir dans la société de son père; connaissant à peine sa volonté et ses désirs, il ne cherche point à s’y conformer, tout en sachant bien profiter des avantages de sa relation de fils. Il accepte volontiers de son père vêtements, nourriture, etc., mais ne cherche jamais à réjouir son cœur par quelque aimable attention. L’autre fils, au contraire, aime la société de son père; il en jouit, saisissant chaque occasion de prévenir ses désirs. Aimant son père, non à cause de ses dons, mais pour lui-même, sa plus grande jouissance est d’être auprès de lui et de faire sa volonté. Il n’est pas difficile de concevoir quelle sera la différence des sentiments du père à l’égard de ces deux fils, quoique tous deux soient ses enfants, aimés du même amour. Tous deux y ont également droit, au point de vue de la relation; cependant le père éprouvera, sans doute, un sentiment particulier pour le fils obéissant, tandis que le fils égoïste, ne possédant pas sa confiance, sera pour lui un sujet d’angoisse, d’inquiétude et de prières.

Soyons assurés de ceci, que l’obéissance est agréable à Dieu, et «ses commandements ne sont pas pénibles», puisqu’ils sont la précieuse expression de son amour, le résultat de la relation dans laquelle nous sommes avec Lui. En outre, Dieu, dans sa grâce infinie, rémunère notre obéissance, en se manifestant plus pleinement à nos âmes, et en demeurant avec nous. C’est ce qui ressort d’une manière si frappante de la réponse de notre Seigneur à la question de Jude: «Seigneur, comment se fait-il que tu vas te manifester à nous et non pas au monde? Jésus répondit, et lui dit: Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui» (Jean 14:22, 23). Il ne s’agit pas ici de la différence entre «le monde» et «nous», le monde ne connaissant ni relation, ni obéissance envers Dieu. Le monde hait Christ, parce qu’il ne le connaît pas. Son langage est: «Retire-toi de nous; nous ne prenons pas plaisir à la connaissance de tes voies» (Job 21:14). «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous». (Luc 19:14). Avec sa civilisation et sa profession de christianisme, tel est le monde. Sous ces brillantes apparences, sous ce vernis, on ne trouve qu’une haine profonde pour la personne et l’autorité de Christ. Son nom sacré est attaché à la religion du monde, — c’est-à-dire à la chrétienté, — et ce manteau de profession religieuse recouvre des cœurs pleins d’inimitié contre Dieu et contre son Christ.

Notre Seigneur ne parle donc pas du monde dans le chap. 14 de l’évangile de Jean. Il est entouré des «siens», et c’est d’eux dont il parle. S’il se manifestait lui-même au monde, ce ne pourrait être qu’en jugement et pour une destruction éternelle. Mais, béni soit son Nom, il se manifeste lui-même à ses rachetés obéissants; à ceux qui ont ses commandements et qui les observent; à ceux qui l’aiment et qui gardent ses paroles.

Il est important pour le lecteur de bien comprendre que lorsque notre Seigneur parle de ses commandements, de ses paroles et de ses préceptes, il n’entend pas les dix commandements ou la loi de Moïse. Sans doute, ces dix commandements font partie du canon des Écritures, de la parole inspirée de Dieu; mais, confondre la loi de Moïse avec les commandements de Christ, serait tout renverser et confondre le judaïsme avec la chrétienté, la loi avec la grâce.

L’enseignement du Nouveau Testament tout entier, tend à établir indubitablement que le chrétien n’est pas sous la loi; qu’il n’est pas du monde, ni dans la chair ou dans ses péchés. Le solide fondement de tout ceci est la rédemption accomplie que nous possédons dans le Christ Jésus, en vertu de laquelle nous sommes scellés du Saint Esprit et, ainsi, inséparablement unis et identifiés à un Christ ressuscité et glorifié; en sorte que l’apôtre Jean peut dire, en parlant de tous les croyants, de tous les chers enfants de Dieu «Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4:17). Ceci résout toute la question pour ceux qui ne veulent être guidés que par les Saintes Écritures.

Le lecteur ne saurait se tenir assez en garde contre la tendance à confondre les commandements, dont il est parlé dans le chapitre 14 de Jean, avec les commandements de Moïse, prescrits en Exode 20. Et cependant, l’un de ces chapitres est aussi réellement inspiré que l’autre.

La différence entre le système légal et le christianisme est la même qu’entre la mort et la vie l’esclavage et la liberté; la condamnation et la justice; l’éloignement et la proximité; le doute et la certitude. Quelle chose monstrueuse, que la tentative d’unir ces deux principes, d’en faire un seul système, comme si c’étaient deux branches issues du même tronc; il n’en peut résulter qu’une confusion désespérante. En cherchant à placer ainsi les âmes à la fois sous l’influence de la loi et de la grâce, on ne peut obtenir que le plus triste résultat. Autant vaudrait l’essai de joindre les rayons du soleil de midi à la profonde obscurité de minuit.

Plusieurs âmes pieuses de l’église professante, croient sincèrement que le seul moyen possible de parvenir à l’obéissance, à la sainteté pratique, d’affermir sa marche, et de tenir la vieille nature en bride, est de se placer sous la loi. À leur point de vue, cesser d’avoir les dix commandements comme règle de conduite, c’est enlever ces grandes écluses morales placées par la main de Dieu pour arrêter le cours des dérèglements de l’humanité.

Mais que dit l’Écriture? Nous fait-elle retourner à Moïse pour apprendre de lui comment nous devons vivre? Nous renvoie-t-elle à «la montagne qui peut être touchée» (Héb. 12:18), pour produire une vie sainte? Nous place-t-elle sous la loi, pour tenir la chair en bride? Lisez les paroles suivantes de l’épître aux Romains, chap. 6:14: «Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce».

Le Saint Esprit déclare de la manière la plus simple et la plus emphatique, que les chrétiens ne sont pas sous la loi. Si nous étions sous la loi, le péché dominerait sur nous. En effet, nous trouvons dans l’Écriture, que les mots «péché», «loi» et «chair», sont invariablement liés. Il est impossible qu’une âme sous la loi, jouisse d’une entière délivrance de la domination du péché; c’est ce qui nous fait voir d’un coup d’œil, la tromperie de tout système légal, et sa complète incapacité pour amener les âmes à une marche de sainteté. Placer les âmes sous la loi est le sûr moyen de les assujettir au péché, et de les tenir sous sa puissance absolue. Il est donc complètement impossible de produire la sainteté par la loi.

Prenons encore, à l’appui de cette vérité, le verset 4 du chap. 7 de l’épître aux Romains: «C’est pourquoi, mes frères, vous aussi», — ainsi que tous les vrais croyants, tout le peuple de Dieu, — «vous avez été mis à mort à la loi par le corps du Christ, pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu».

Remarquons que l’apôtre ne dit pas ici que la loi est morte. En effet, la loi n’est pas morte, mais nous sommes morts à la loi. Par la mort de Christ, nous sommes sortis de la sphère à laquelle la loi s’appliquait. Christ a pris notre place; il fut placé sous la loi; et, sur la croix, il fut fait péché pour nous. Mais il est mort pour nous, et nous sommes morts en Lui; il nous a sortis de la position dans laquelle nous étions assujettis au péché, et sous la loi, pour nous introduire dans une position entièrement nouvelle, dans une alliance et une union vivante avec lui-même ressuscité; en sorte que nous pouvons dire: «Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4:17). Christ dans la gloire est-il sous la loi? Assurément non. Eh bien! nous non plus. Le péché a-t-il quelque droit sur Lui? Aucun droit quelconque ainsi donc, sur nous pas davantage. Comme Christ se tient en présence de Dieu, nous y sommes aussi quant à notre position; c’est pourquoi nous replacer sous la loi, serait le bouleversement complet de notre position chrétienne; une contradiction flagrante de la doctrine, si précise et si positive, que l’Écriture Sainte nous donne sur ce sujet.

Nous demanderons encore en toute simplicité, comment, en renversant le fondement même du christianisme, on pourrait progresser dans la sainteté pratique? comment le péché qui habite en nous, pourrait être subjugué en adoptant le système même qui a donné au péché tout pouvoir sur nous? comment la vraie obéissance chrétienne pourrait jamais être produite en se détournant de l’Écriture Sainte? Ce serait impossible; un but divin ne peut être atteint que par des moyens divins. Eh bien! le moyen de Dieu pour nous soustraire à la domination du péché, a été de nous délivrer de la loi; ainsi donc ceux qui enseignent que les chrétiens sont sous la loi, sont simplement en contradiction avec Dieu.

Placer les croyants dans une telle position est autant que saper à leur base les fondements du christianisme, — abandonner la grâce, — renoncer à Christ, — revenir à la chair, dans laquelle nous ne pouvons plaire à Dieu, enfin nous placer sous la malédiction. En un mot, je le répète, le légalisme des hommes est diamétralement opposé à l’enseignement du Nouveau Testament.

Il se peut que, malgré toutes les preuves si largement fournies par l’Écriture, tel chrétien en soit encore à demander: «Cette puissance de la loi étant ôtée, n’y a-t-il pas danger de relâchement et de légèreté profanes?» À ceci nous répliquerons que Dieu est plus sage que nous. Il sait mieux comment remédier au relâchement et à la légèreté, et comment produire la vraie obéissance. Il a essayé de la loi, qu’en est-il résulté? Elle produisit la colère; elle fit abonder l’offense et développa les mouvements du péché; elle fit régner la mort. Elle était la puissance du péché, privant le pécheur de tout pouvoir; elle le tua et fut sa condamnation, maudissant tous ceux qui avaient affaire avec elle. «Car tous ceux qui sont sous le principe des œuvres de loi sont sous malédiction». Il en fut ainsi, non à cause de quelque défectuosité de la loi, mais à cause de la complète incapacité de l’homme à l’observer.

Il est donc nécessaire de placer sur sa vraie base pour le chrétien la doctrine présentée au premier verset de ce chapitre: si Israël était appelé «à écouter» et «à pratiquer», combien plus nous, qui sommes si richement «bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (Éph. 1:3). Nous sommes appelés à l’obéissance de Jésus Christ (1 Pierre 1:2), à la même obéissance que celle qui a caractérisé la vie de notre bien-aimé Seigneur Jésus Christ. En Lui, cela va sans dire, il n’y avait point d’influence contraire, comme, hélas! c’est le cas pour nous.; mais quant au caractère de l’obéissance, il est le même. Nous devons marcher sur les traces de Jésus: «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché» (1 Jean 2:6). En considérant cette marche, nous trouvons un fait qui se lie d’une manière remarquable au livre du Deutéronome c’est la place que Jésus a donnée constamment à la parole de Dieu. Ce fait tient une place capitale dans tout le livre que nous étudions et le distingue des trois livres précédents. La parole de Dieu y est partout signalée comme seule règle, seul modèle et seule autorité pour l’homme; elle s’y applique à ses besoins, en toute position, en toute sphère d’activité, et à chaque phase de son histoire morale et spirituelle. Cette parole lui dit ce qu’il devrait faire, et ce qu’il ne doit pas faire; elle lui donne des directions pour chaque difficulté, s’occupant même des moindres détails. Le Créateur et le conservateur du vaste univers condescend à donner une loi, même en faveur d’un nid d’oiseaux (Chap. 22:6).

Ce qui donne au Deutéronome un charme particulier, c’est la manière dont la parole de Dieu y est exaltée, et dont le saint devoir de l’obéissance y est présenté. Quelle importance n’a pas cette exhortation à une obéissance implicite, de nos jours surtout, que l’apôtre appelle «les jours de l’homme», jours si tristement marqués par la tendance des chrétiens professants à faire prévaloir la raison, le jugement et la volonté de l’homme. N’entend-on pas de toute part prononcer des paroles hautaines sur la raison humaine, sur le droit qu’a tout homme de juger, de raisonner et de penser librement? Quiconque confesse une humble croyance dans la divine inspiration, dans la pleine suffisance et l’autorité absolue de l’Écriture, et se laisse entièrement guider par elle, est méprisé, traité d’ignorant, d’esprit borné, sinon de fou, par des milliers d’hommes qui prétendent être des guides et des docteurs de l’église professante. Dans nos universités et nos écoles, la gloire morale du Volume divin tend à s’effacer de plus en plus. Au lieu de s’en servir pour guider notre jeunesse, on lui enseigne à marcher d’après la lumière de la science et de la raison humaine. La parole de Dieu citée à la barre du jugement de l’homme est abaissée au niveau de l’intelligence humaine.

De cette manière, la parole de Dieu est mise de côté; car si elle doit être soumise au jugement humain, elle cesse d’être la parole de Dieu. Soumettre une révélation divine, et par conséquent parfaite, à un tribunal quelconque, est une folie. Ou Dieu ne nous a pas donné de révélation, ou bien s’il nous en a donné une, elle est supérieure, parfaite, suprême, au-dessus et au-delà de toute question; absolument incontestable, infaillible et divine. Tout homme doit s’incliner et avoir la bouche fermée devant cette autorité. Supposer, pour un instant, que l’homme soit compétent pour juger la parole de Dieu, ou capable de prononcer sur ce qui est ou n’est pas digne de Dieu, c’est simplement mettre l’homme à la place de Dieu; or, c’est précisément ce à quoi Satan vise, quoique plusieurs des instruments dont il se sert, ne se doutent pas qu’ils travaillent à l’accomplissement de ses desseins.

À la question qui nous est continuellement présentée: «Comment pouvons-nous être assurés que notre Bible contient la vraie révélation de Dieu?» — nous répondrons que Dieu seul peut nous en donner la certitude. Si Lui ne le peut pas, nul ne le peut; et s’il le fait, personne n’a à le faire.

Tel est notre terrain; il est inattaquable. Sans cette certitude que donne la foi, de quel côté nous tournerions-nous? Le moindre doute est une torture; si je n’ai pas la certitude de posséder une révélation de la part de Dieu, me voilà plongé dans les ténèbres morales sans le moindre rayon de lumière pour éclairer mon sentier. Qu’ai-je à faire? L’homme peut-il m’aider de sa sagesse, de sa science ou de sa raison? Peut-il, par ses arguments, satisfaire mon âme, résoudre mes difficultés, dissiper mes doutes? L’homme est-il plus capable que Dieu lui-même de me donner la certitude que Dieu a parlé? L’idée seule est monstrueuse.

Si Dieu ne peut nous donner la certitude qu’il a parlé, nous sommes sans parole de Lui. S’il nous faut avoir recours à l’autorité humaine, quel que soit le nom qu’elle porte, comme garantie de la parole de Dieu pour nos âmes, nous accordons plus de confiance à cette autorité qu’à la parole qu’elle cautionne. Béni soit Dieu de ce qu’il n’en est pas ainsi; il a parlé à nos cœurs, il nous a donné sa Parole, et cette Parole porte en elle-même ses propres lettres de crédit; elle n’a pas besoin de lettre de recommandation, écrite par une main d’homme. Quoi? avoir recours à l’homme pour accréditer la parole du Dieu vivant! En appeler à un ver de terre pour nous donner la certitude que notre Dieu nous a parlé! Loin de nous cette pensée blasphématoire, et que toute la puissance de notre âme rachetée s’élève en louanges à Dieu, pour cette grâce qui ne nous a pas laissé errer dans les ténèbres de nos pensées, ni nous égarer par les opinions diverses des hommes, mais qui nous a donné sa divine lumière pour guider nos pas, éclairer notre intelligence, consoler nos cœurs, et nous garder de toute erreur de doctrine, de toute corruption morale; pour nous introduire enfin dans le repos de son royaume céleste!

Pénétrons aussi nos âmes de ce fait que le privilège dont nous venons de parler comporte une solennelle responsabilité. S’il est vrai que Dieu nous a donné une parfaite révélation de ses pensées, quelle doit être notre attitude vis-à-vis de Lui? Avons-nous à juger ses pensées? La seule attitude, vraie, convenable à l’homme en présence de cette révélation de Dieu, est une entière et joyeuse obéissance; c’est aussi la seule chose agréable à Dieu.

Si la parole de Dieu est gravée profondément dans nos cœurs, il y aura des progrès marqués dans notre carrière chrétienne, qui présentera de cette manière aux contradicteurs le témoignage le plus efficace à la vérité de Dieu.

Le chapitre placé devant nous abonde en exhortations, fondées sur le fait qu’Israël avait entendu la parole de Dieu; il y en a une surtout, qui devrait être profondément gravée dans le cœur de chaque chrétien: «Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en retrancherez rien» (v. 2).

Ce verset renferme deux vérités importantes, savoir qu’il ne faut rien ajouter à cette Parole, par la simple raison qu’il n’y manque rien; et rien y retrancher parce qu’elle ne contient rien de superflu. Tout ce dont nous avons besoin s’y trouve, et l’on ne saurait se passer de rien de ce qu’elle contient. Supposer que quoi que ce soit puisse y être ajouté, c’est nier qu’elle soit vraiment la parole de Dieu. D’un autre côté, si nous admettons la divine inspiration de cette Parole, tout nous est nécessaire, rien n’y est de trop.

«Entendez-vous donc que chaque ligne, du commencement de la Genèse à la fin de l’Apocalypse, est divinement inspirée?» C’est, en effet, le terrain sur lequel nous nous plaçons avec l’apôtre Paul: «Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre» (2 Tim. 3:16-17).

Si la parole de Dieu n’était pas parfaite, si cette révélation qu’il nous a donnée n’était pas complète, où serait le fondement divin de notre foi? Nous serions comme un vaisseau sans boussole et sans gouvernail, abandonné et jeté çà et là sur l’océan agité de l’incrédulité.

On pourrait encore nous demander: «Croyez-vous vraiment que la longue suite de généalogies, contenue dans les premiers chapitres du premier livre des Chroniques, soit divinement inspirée? Ont-elles été écrites pour notre instruction? Que peuvent-elles nous apprendre?» Nous ne doutons pas que la valeur, l’intérêt et l’importance de cette généalogie seront pleinement prouvées par la suite dans l’histoire du peuple auquel elle se rapporte spécialement. Quant au profit à en retirer, pour nous, nous croyons qu’elle contient une leçon des plus précieuses concernant les soins fidèles de l’Éternel envers son peuple d’Israël, et l’intérêt plein d’amour qu’il porte à tout ce qui le concerne. Bien qu’à vue humaine, ce peuple soit déchu et dispersé, Dieu continue à veiller sur lui de génération en génération. Il connaît tout ce qui concerne les douze tribus; il les manifestera au temps convenable, et les établira dans l’héritage qui leur est destiné au pays de Canaan, selon sa promesse à Abraham, Isaac et Jacob. N’est-ce pas une précieuse instruction et une consolation pour nos âmes, de voir la vigilance et les soins de notre Père envers son peuple terrestre?

Malgré cette précieuse instruction, nous n’entendons pas que ces chapitres des Chroniques offrent autant d’intérêt que, par exemple, le chapitre 17 de Jean ou le chapitre 8 aux Romains, mais nous pensons que chaque portion de la Parole étant divinement inspirée, a son utilité et qu’un chapitre ne peut remplir le but d’un autre.

Il est important par-dessus tout de se rappeler que nous ne sommes pas aptes à juger de ce qui est ou n’est pas digne d’avoir place dans le canon inspiré. Nous sommes ignorants et bornés, et la portion même qui pourrait nous sembler au-dessous de la dignité de l’inspiration, peut avoir une portée très importante dans l’histoire des voies de Dieu envers le monde en général, ou envers son peuple en particulier.

Ce que nous venons de dire se résume en ceci c’est que nous croyons en la divine inspiration de chaque ligne de l’Écriture, du commencement à la fin. Cette foi n’est basée sur aucune autorité humaine quelconque, car ce serait placer cette autorité au-dessus de la Bible, en tant que ce qui garantit a plus de valeur que la chose garantie. Nous ne devrions pas davantage recourir à l’autorité humaine pour confirmer la parole de Dieu, qu’à la faible flamme d’un lumignon pour prouver que le soleil brille.

L’inspiration plénière des Saintes Écritures doit être, pour ce qui concerne nos âmes, une vérité cardinale à laquelle nous tenions plus qu’à la vie même. De cette manière, nous aurons de quoi répondre à la froide audace du scepticisme moderne, du rationalisme et de l’incrédulité. Nous ne prétendons pas dire que nous convaincrons les incrédules; Dieu agira à leur égard selon ses propres voies, et les convaincra en son propre temps. Discuter avec de tels hommes, c’est un temps et un travail perdus; la réponse la plus digne et la plus effective à l’incrédule; se trouvera dans le calme d’un cœur qui se repose sur la certitude que «Toute Écriture est inspirée de Dieu». Il est encore écrit: «Toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Écritures, nous ayons espérance» (Rom. 15:4). Le premier de ces textes prouve que l’Écriture procède de Dieu; le dernier, qu’elle est venue à nous. Les deux ensemble mettent en évidence que nous ne devons ni ajouter à la parole de Dieu, ni en retrancher; rien n’y manque, et rien n’y est superflu.

Nous allons maintenant citer au lecteur quelques-uns des passages de ce chapitre 4 du Deutéronome, qui font ressortir d’une manière si remarquable la valeur, l’importance et l’autorité de la parole de Dieu. Nous y verrons, comme dans ce Livre tout entier, — qu’il n’est pas tant question d’ordonnances particulières, de rites ou de cérémonies, que du poids et de la dignité de la parole de Dieu elle-même, quoi que ce soit que cette Parole place devant nous.

«Regarde, je vous ai enseigné les statuts et les ordonnances, comme l’Éternel, mon Dieu, me l’a commandé, afin que vous fassiez ainsi au milieu du pays où vous allez entrer pour le posséder». Leur conduite devait se régler en toutes choses d’après les commandements divins. Principe d’une immense portée pour eux, pour nous, et pour tous. «Et vous les garderez et les pratiquerez; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples qui entendront tous ces statuts et diront Quel peuple sage et intelligent que cette grande nation!» (vers. 5-6).

Leur sagesse et leur intelligence devaient consister à garder et à pratiquer les statuts et les ordonnances divines. Ce n’était point par des discussions savantes ou des arguments, qu’elles devaient se montrer, mais par une obéissance enfantine et implicite. Toute la sagesse était renfermée dans ces statuts à leur sujet, non pas dans leurs pensées et leurs raisonnements. La sagesse merveilleuse de Dieu ressortait de sa Parole, et était ce que les nations devaient voir et admirer dans la conduite de son peuple.

Mais, hélas combien les actions d’Israël apprirent peu aux nations de la terre à connaître Dieu et sa Parole! Combien son beau Nom fut souvent blasphémé par leurs voies, lorsque, au lieu de demeurer sur le terrain de l’obéissance aux commandements divins, ce peuple si privilégié, s’abaissant au niveau des nations qui l’entouraient, adopta leurs habitudes, et adora leurs dieux. Comment, en ne voyant que dégradation morale dans leurs voies, les nations auraient-elles pu reconnaître la sagesse et la gloire morale des statuts divins, dont Israël se vantait être le dépositaire, et qui le condamnaient? (Rom. 2:3).

Cependant, quoi qu’il en soit des manquements de son peuple, la parole de l’Éternel subsistera à jamais, et si la puissance de cette Parole n’a pas été démontrée par la conduite d’Israël, elle a brillé par le jugement de son infidélité et continuera à être, d’âge en âge, la bénédiction de chaque âme individuellement, qui désire marcher dans le chemin de l’obéissance.

Tout en montrant les vrais effets de l’obéissance, Moïse avertit le peuple du danger de se détourner des saints commandements de Dieu: «Quelle est, dit-il, la grande nation, qui ait Dieu près d’elle, comme l’Éternel, notre Dieu, est près de nous dans tout ce pour quoi nous l’invoquons? Et quelle est la grande nation qui ait des statuts et des ordonnances justes, comme toute cette loi que je mets aujourd’hui devant vous?» (vers. 7-8). C’est la vraie grandeur morale, s’appliquant à tous les âges et en tous lieux à une nation, à un peuple, à la famille, à l’individu. Avoir le Dieu vivant près de soi, avec le précieux privilège de pouvoir l’invoquer en toutes choses, sachant que sa puissance et sa grâce s’exercent sans cesse en notre faveur; avoir la lumière de sa face brillant avec son approbation sur nous et sur nos voies; constater journellement l’effet moral de ses saints commandements, dans notre carrière pratique; avoir la manifestation de Lui-même, et sa demeure en nous par l’Esprit; quel langage humain est capable de démontrer, même en quelque mesure, la bénédiction de tels privilèges? Et cependant, ils sont placés à la portée de tout enfant de Dieu sur la terre.

Nous n’entendons pas que chaque enfant de Dieu en puisse jouir; loin de là. Comme nous l’avons déjà vu, ils sont réservés pour ceux qui, par grâce, sont rendus capables d’obéir à la parole divine. Il était vrai pour Israël, il est vrai pour l’Église et pour tout croyant, que la faveur divine est la récompense inestimable de l’obéissance.

Nous savons cependant que le pauvre cœur humain est sujet à errer et à subir les influences diverses qui travaillent autour de nous pour nous éloigner du sentier étroit de l’obéissance. Nous n’avons donc pas à nous étonner des exhortations si solennelles et si souvent répétées que Moïse adresse au cœur et à la conscience de ses auditeurs. Devant cette congrégation qui lui était si chère, il épanche son cœur en accents pleins d’ardeur, et bien propres à réveiller leurs âmes. «Seulement, dit-il, prends garde à toi et garde soigneusement ton âme, de peur que tu n’oublies les choses que tes yeux ont vues, et afin que tous les jours de ta vie, elles ne s’éloignent pas de ton cœur, mais que tu les fasses connaître à tes fils et aux fils de tes fils» (vers. 9).

Ces paroles placent devant nous deux choses d’une très grande importance, la responsabilité individuelle et le témoignage personnel, avec celui de la famille. Le peuple de Dieu était responsable de garder diligemment son cœur, de peur qu’il ne laissât échapper la précieuse parole de Dieu; et, de plus, ils étaient responsables d’instruire leurs enfants et leurs petits-enfants. Et nous, avec toute la lumière et les privilèges que nous possédons, serions-nous moins responsables qu’Israël? Nous sommes impérieusement appelés à étudier avec soin la parole de Dieu, à y appliquer nos cœurs. Il ne suffit pas de lire à la hâte chaque jour quelques versets ou un chapitre entier, comme par une espèce de routine religieuse, mais nous devons faire de la Bible une étude sérieuse et approfondie, pour y trouver notre plaisir et notre édification.

Il est à craindre que quelques-uns d’entre nous ne lisent la Bible que par devoir, trouvant plus de plaisir à un journal ou à un livre quelconque. Faut-il alors s’étonner de notre connaissance superficielle de l’Écriture? Comment la profondeur de ce Livre divin et sa gloire morale, nous seront-elles révélées si, ne l’ouvrant que par devoir, nous en lisons avec indifférence quelques versets seulement? On me dira peut-être: «Nous ne pouvons pas toujours lire la Bible». La même personne dira-t-elle: «On ne peut pas toujours lire le journal ou un roman?» Quel serait l’état d’âme d’une personne tenant ce langage? Aime-t-elle réellement la parole de Dieu? A-t-elle une vraie intelligence du prix de cette Parole, de son excellence, de sa gloire morale? Impossible.

Que signifient les paroles suivantes, adressées à Israël? «Mettez ces miennes paroles dans votre cœur et dans votre âme, et liez-les pour signe sur vos mains, et qu’elles soient comme des fronteaux entre vos yeux» (Chap. 11:18). Le «cœur», «l’âme», «la main», «les yeux», tout est engagé au sujet de la précieuse parole de Dieu; il s’agissait de réalité, non de formes vides, ni d’arides routines. L’homme devait se donner tout entier dans un saint dévouement aux statuts et aux ordonnances de Dieu.

«Et vous les enseignerez à vos fils, en leur en parlant, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras. Et tu les écriras sur les poteaux de ta maison, et sur tes portes». Sommes-nous, comme chrétiens, liés par ces paroles? La parole de Dieu a-t-elle une telle place dans nos cœurs, nos maisons et nos habitudes? Quiconque entre chez nous, ou se trouve en contact avec nous dans la vie journalière, peut-il voir la parole de Dieu tenue ainsi en honneur? Ceux avec lesquels nous avons affaire voient-ils que nous sommes guidés par les préceptes des Saintes Écritures? Nos serviteurs et nos enfants voient-ils que nous vivons dans l’atmosphère même de l’Écriture, et que notre caractère et notre conduite sont gouvernés par elle?

C’est ici une pierre de touche pour nos cœurs, bien-aimé lecteur chrétien; ne laissons pas écouler ces paroles, mais soyons assurés qu’il ne peut y avoir d’indicateur plus exact de notre état moral et spirituel que la manière dont nous traitons la parole de Dieu. Si nous ne l’aimons pas, soupirant après l’heure tranquille que nous pouvons consacrer à lire ses pages sacrées dans le secret du cabinet, en famille et hors de la maison; en un mot, si nous ne respirons pas habituellement sa sainte atmosphère, — si jamais il nous arrivait d’exprimer un sentiment comme celui mentionné plus haut: «On ne peut pas continuellement lire la Bible», alors, en vérité, notre état spirituel serait tout à fait mauvais. La nouvelle nature aime la parole de Dieu, la désire avec ardeur; comme nous lisons dans 1 Pierre 2:2: «Désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que vous croissiez par lui». En effet, si nous ne désirons pas ce lait pur, l’état de notre âme sera en déclin. Il se peut qu’il n’y ait encore rien d’extérieurement répréhensible dans notre conduite; mais nous attristons son cœur par notre négligence de sa Parole, ce qui est autant que négliger sa personne. C’est une vraie folie de parler de notre amour pour Christ, si nous n’aimons pas sa Parole et n’en vivons pas; c’est une illusion de s’imaginer être dans un état prospère, lorsque la lecture de la Bible est négligée, en particulier ou en famille.

Il va sans dire que nous n’entendons pas qu’aucun autre livre que la Bible ne doive être lu, car nous n’écririons pas ces «Notes», mais rien ne demande plus de vigilance que le choix de nos lectures. Toutes choses doivent être faites au nom de Jésus, et à la gloire de Dieu; or la lecture est du nombre de ce: «toutes choses». Nous ne devrions lire aucun livre, dont la lecture ne tournerait pas à la gloire de Dieu.

Si la Parole a sa vraie place dans le cœur, elle l’aura aussi dans la maison. Les chefs de famille devraient y réfléchir sérieusement; nous sommes persuadés que, dans chaque famille chrétienne, il devrait y avoir un témoignage journalier rendu à Dieu et à sa Parole. Quelqu’un considérera peut-être une lecture régulière en famille comme une routine religieuse, un esclavage, du légalisme. À de telles objections nous répliquerons à notre tour: Est-ce un esclavage pour la famille de se réunir pour les repas? Cette réunion de tous les membres autour de la table de famille, a-t-elle jamais été considérée comme une triste routine? Certainement non, si la famille est heureuse et qu’une bonne intelligence règne entre tous ses membres. Pourquoi alors serait-ce une chose pénible pour un chef de famille chrétien de réunir ses enfants et ses domestiques autour de lui chaque jour, pour lire quelques versets de l’Écriture, et pour faire monter quelques paroles de prière et d’actions de grâces devant le trône de la grâce? Cette habitude est en parfait accord avec l’Ancien et le Nouveau Testament, elle est sainte, édifiante et agréable au cœur de Dieu.

Que penserions-nous d’un chrétien professant qui ne prierait jamais, qui ne lirait jamais la parole de Dieu en particulier? Serait-il possible de le considérer comme un vrai chrétien, heureux et vivant? Ne mettrions-nous pas en doute l’existence de la vie de Dieu dans cette âme? La prière et la parole de Dieu sont absolument essentielles à la prospérité de la vie chrétienne, en sorte que l’état spirituel d’un homme qui néglige habituellement ces deux choses doit être un état de mort.

Eh bien! s’il résulte de cela de telles conséquences pour l’individu, qu’en sera-t-il d’une famille où il n’y a ni lecture, ni prière en commun, aucun témoignage rendu à Dieu ou à sa Parole? Pouvons-nous imaginer une famille craignant Dieu, vivant du dimanche matin au samedi soir, sans se souvenir collectivement de Celui à qui nous devons toutes choses? Quelle est la différence, demanderons-nous, entre une telle famille et quelque pauvre ménage païen? N’est-il pas profondément triste de voir ceux qui font une profession publique de christianisme, qui prennent la Cène dans leurs églises, vivre dans une aussi grossière négligence de ce devoir et de ce privilège?

Lecteur, chef de famille, quelles sont vos habitudes à ce sujet? Faites-vous une lecture journalière de la Bible avec votre famille? Si tel n’est pas le cas, voyez et recherchez quelle en est la cause réelle. Si vous lisez et priez en particulier, comment le négligez-vous dans votre cercle de famille? Peut-être donnerez-vous comme excuse votre état nerveux, votre timidité? Si c’est le cas, demandez au Seigneur de vous rendre capable de surmonter cette faiblesse. Comptez sur sa grâce réunissez votre famille autour de vous à une certaine heure, chaque jour; lisez quelques versets de l’Écriture et adressez vos demandes à Dieu en commun; ou bien, si vous ne pouvez le faire tout d’abord, faites agenouiller votre famille quelques moments en silence devant Dieu.

N’y eût-il que la plus faible confession, le plus petit témoignage rendu en famille, cela vaudrait cent fois mieux qu’une maison sans Dieu et sans prière. Commencez tout de suite, vous attendant à Dieu pour le secours nécessaire. Il vous l’accordera sûrement, car il ne fait jamais défaut à un cœur réellement confiant et dépendant.

Il n’est cependant pas nécessaire de prolonger ce service, de manière à le rendre fatigant; soit à la maison, soit dans nos assemblées publiques, un exercice court, mais fervent, sera toujours le plus édifiant.

Ce n’est pas, assurément, que nous entendions qu’une simple lecture en famille réponde à tout ce que comprend cette importante parole: «Nous servirons l’Éternel». Loin de là. Le service de Dieu en famille comprend tout ce qui est du domaine de notre vie privée, jusque dans ses plus petits détails, mais nous sommes certains que rien ne peut bien aller dans une famille où la lecture de la Bible et la prière sont négligées.

On pourrait objecter que, dans nombre de maisons où ce devoir est très régulièrement observé matin et soir, la vie intérieure, en famille, est en contradiction flagrante avec ce service soi-disant religieux. Le chef de famille, par exemple, au lieu d’être un modèle et une lumière pour tous, est, au contraire, d’une humeur morose, dur et impoli dans ses manières, rude et contrariant avec sa femme, sévère et arbitraire avec ses enfants, déraisonnable et exigeant avec les domestiques. Après avoir demandé la bénédiction de Dieu sur sa table, il paraît mécontent de ce qui y est placé, — en un mot, il fait le contraire de ce qu’enseigne la Parole qu’il a lue avec sa famille. Il en est souvent de même avec la femme, les enfants et les serviteurs; il n’y a que désarroi dans toute l’administration domestique; les repas sont irréguliers; les rapports peu aimables entre tous: les enfants sont grossiers, égoïstes, volontaires; les domestiques négligents, prodigues et insubordonnés. Le ton et l’atmosphère morale de cet intérieur, sont, en un mot, antichrétiens.

Écoutez encore, en dehors du cercle domestique, le témoignage de ceux qui ont affaire avec le chef de famille, pour son commerce, pour sa manière de traiter les affaires; on se plaint de ses marchandises; il y a de l’avarice, de l’ambition et des artifices; rien de Dieu, rien de Christ, rien qui le distingue d’avec les plus mondains. La conduite de ceux qui ignorent ce que c’est qu’un culte en famille devrait souvent le rendre confus.

Dans ces circonstances, ce service en famille n’est qu’une forme vide, une insulte à Dieu. Il semble que nous oubliions ces paroles si sérieuses de l’apôtre inspiré, en Rom. 14:17: «Le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint». C’est de justice pratique qu’il s’agit ici. À quoi sert de terminer par un soi-disant culte de famille une journée qui a été du matin au soir marquée par toute sorte d’actes d’injustice et de vanité?

Cela ne peut être en rapport avec le saint nom de Christ. Tout dans notre vie privée, l’économie de nos maisons, nos travaux journaliers, nos communications, toutes nos transactions quelles qu’elles soient, doit être mesuré à cette seule mesure la gloire de Christ. À l’égard de tout ce qui se présente à nous, ou qui sollicite notre attention, la seule question devrait être: «Ceci est-il digne du saint Nom qui est invoqué sur moi?» Si telle chose n’est pas digne de Dieu, ne la touchons pas. Ne prononçons pas cette question: «Quel mal y a-t-il à cela?» Rien que du mal, si Christ n’y est pas.

Rappeler au cœur et à la conscience ces vérités pratiques est une chose essentielle dans nos jours de profession prétentieuse. Chacun de nous a besoin d’examiner l’état réel de son cœur quant à Christ; car c’est là le secret de toute l’affaire. Si le cœur n’est pas vrai devant Lui, rien ne peut aller bien, ni dans la vie privée, ni dans la famille, ni en affaires, ni dans l’assemblée, ni où que ce soit.

Ne nous étonnons donc pas, si l’apôtre, en terminant la première épître aux Corinthiens, la résume par cette solennelle déclaration: «Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus Christ, qu’il soit anathème Maranatha!» (1 Cor. 16:22). Dans le cours de l’épître, il avait combattu contre diverses formes d’erreurs de doctrine, ou de dépravation morale; mais quand il en vient à la conclusion, au lieu de prononcer sa sentence sur quelque erreur ou quelque mal particulier, il la prononce contre quiconque n’aime pas le Seigneur Jésus Christ. L’amour pour Christ est la meilleure sauvegarde contre toute forme d’erreur et de mal.

Revenons à notre chapitre.

L’attention du peuple est appelée d’une manière spéciale sur les scènes solennelles du mont Horeb, scènes qui auraient dû faire sur leurs cœurs une impression profonde et durable. «Le jour où tu te tins devant l’Éternel, ton Dieu, à Horeb, quand l’Éternel me dit: Assemble-moi le peuple, et je leur ferai entendre mes paroles». Le grand point est d’être mis en contact direct et vivant avec la parole du Dieu vivant: «mes paroles, qu’ils apprendront pour me craindre tous les jours qu’ils seront vivants sur la terre, et qu’ils enseigneront à leurs fils» (vers. 10).

Il est très beau de remarquer le rapport intime qui existe entre écouter la parole de Dieu, et craindre son Nom. Le cœur qui aime la Parole, révérera le Nom, et s’inclinera devant sa sainte autorité en toutes choses. «Celui qui ne m’aime pas, ne garde pas mes paroles» (Jean 14:24). «Celui qui dit: Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est menteur, et la vérité n’est pas en lui. Mais quiconque garde sa parole, — en lui l’amour de Dieu est véritablement consommé» (1 Jean 2:4-5). Toute personne qui aime vraiment Dieu, gardera sa Parole dans son cœur et alors l’influence bénie de cette Parole se fera sentir dans toute sa vie, son caractère et sa conduite. Le but de Dieu en nous donnant sa Parole, est qu’elle serve à gouverner notre conduite. Si sa Parole n’a pas cet effet pratique, c’est en vain que nous parlons de notre amour pour Lui, ce n’est qu’une raillerie positive, qui attirera tôt ou tard son déplaisir.

Prêtons aussi une attention particulière à la solennelle responsabilité d’Israël à l’égard de leurs enfants. Ils ne devaient pas seulement «écouter» et «apprendre» eux-mêmes; mais ils devaient aussi «enseigner leurs fils». Ce devoir ne peut être négligé impunément. Dieu attache une très grande importance à cette question; nous l’entendons dire d’Abraham: «Car je le connais, et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard» (Gen. 18:19).

Ces paroles nous montrent le cas que Dieu fait de la vie domestique et de la piété exercée dans la famille. Sous toutes les dispensations, Dieu a donné son approbation à une éducation fidèle des enfants de son peuple, selon sa sainte Parole.

Il est vrai que nous ne pouvons faire des chrétiens de nos enfants, et que nous ne devons pas en faire des formalistes. Mais nous ne sommes pas appelés à faire d’eux quelque chose; nous avons simplement à remplir nos devoirs envers eux et à en laisser les résultats à Dieu. Nous avons reçu le commandement d’élever nos enfants «dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur» (Éph. 6:4). Quand cette «éducation» doit-elle commencer? Au commencement, assurément. Du moment où nous entrons dans une relation quelconque, nous sommes introduits dans la responsabilité que cette relation comporte. Il se peut que nous la négligions; alors nous aurons à moissonner les tristes conséquences de notre négligence. Il est vrai, Dieu en soit béni, que sa grâce est suffisante pour nous, dans cette position comme dans toute autre: «Si quelqu’un de vous manque de sagesse, qu’il demande à Dieu, qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de reproches; et il lui sera donné» (Jac. 1:5). Non que nous soyons capables par nous-mêmes, en matière si importante, de penser ou de faire quelque chose comme de nous-mêmes, mais notre capacité vient de Dieu, et il répondra à tous nos besoins. Nous n’avons qu’à regarder à Lui, pour les besoins de chaque moment.

Nous avons chacun nos devoirs respectifs à remplir; tous n’aiment pas ce simple mot «devoir»; il leur paraît légal. Nous considérons comme moralement sain ce mot, que tout vrai chrétien doit aimer. Une chose en tout cas est certaine, c’est que nous ne pouvons compter sur Dieu que dans le sentier du devoir. Parler de se confier en Dieu, hors du chemin du devoir, est une illusion; et quant à notre relation de parents, en négliger les devoirs, c’est attirer sur nous les plus désastreuses conséquences.

Nous croyons que toute la question de l’éducation chrétienne se résume dans ces deux choses, savoir «compter sur Dieu pour nos enfants, et les élever pour Dieu». Adopter le premier de ces principes sans le second, est de l’antinomianisme adopter le second sans le premier, est du légalisme, tandis que les deux réunis forment un christianisme sain et pratique — la vraie religion aux yeux de Dieu et des hommes.

Relativement aux difficultés, nous n’avons qu’à recourir, d’heure en heure, au trésor inépuisable de notre Père céleste pour obtenir ce dont nous avons besoin: grâce, sagesse, puissance morale, tout ce qui nous rendra capables de bien remplir les devoirs sacrés de notre relation. «Il donne une plus grande grâce» (Jac. 4:6). Ceci est toujours vrai. Mais si, au lieu de recourir à cette force que Dieu donne, pour remplir nos devoirs, nous recherchons nos aises en les négligeant, un grand nombre de peines fondront sur nous tôt ou tard. «Ne soyez pas séduits; on ne se moque pas de Dieu; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera. Car celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle» (Gal. 6:7-8).

Ce passage est l’exposé d’un grand principe du gouvernement moral de Dieu qui s’applique d’une manière frappante à notre sujet: comme nous semons, en matière d’éducation pour nos enfants, ainsi, assurément, nous moissonnerons.

Que les chers parents chrétiens qui parcourent ces lignes, ne se laissent cependant pas décourager; ils ont toute raison pour se confier joyeusement en Dieu. Qu’ils marchent d’un pas ferme dans le sentier du devoir; là ils peuvent compter sur Dieu pour les besoins de chaque jour et, au temps convenable, ils moissonneront les fruits de leur travail.

Nous n’essayerons pas de donner des règles, ou une méthode d’éducation, car nous ne croyons pas qu’il y en ait; les enfants ne peuvent être élevés au moyen de règles uniformes. Qui donc pourrait établir des règles au sujet de tout ce que renferme cette seule exhortation: «Élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur»?

Dans ce commandement par excellence, est compris tout ce qui concerne l’éducation, dès le berceau à l’âge mûr. Oui, «dès le berceau»; car toute vraie éducation chrétienne commence dès l’âge le plus tendre. Peu de personnes se doutent combien vite les plus petits enfants commencent à observer et à tout comprendre; combien vite aussi ils subissent l’influence morale qui les entoure! Cette atmosphère même constitue le grand secret d’une bonne éducation. Nous ne devrions tolérer pour nos enfants qu’une atmosphère d’amour, de paix, de pureté, de sainteté et de justice pratique dans la vie journalière; cela aurait une grande influence sur leur moral. Quelle chose importante, en effet, pour nos enfants de voir marcher leurs parents dans l’amour, en harmonie, pleins de sollicitude l’un pour l’autre, ayant des égards pour leurs serviteurs, de la charité envers les pauvres. On ne saurait croire, par exemple, le mauvais effet que peut produire sur un enfant, un regard courroucé ou une parole désobligeante échangés entre son père et sa mère. Dans les cas, trop fréquents, hélas où la vie journalière d’un ménage se passe en querelles, comment les enfants peuvent-ils se former avec un pareil exemple sous leurs yeux?

Avant de laisser ce sujet d’administration domestique, nous désirons attirer l’attention des parents chrétiens sur un point d’une extrême importance, celui d’inculquer aux enfants le principe d’une obéissance implicite. L’ordre et le bien-être de l’intérieur d’une famille en dépendent, mais, ce qui est infiniment plus important, cela touche à la gloire de Dieu et à la manifestation de sa vérité. «Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur» (Éph. 6:1; Col. 3:20).

L’enfant doit obéir dès sa plus tendre enfance; il lui faut apprendre la soumission à une autorité établie de Dieu, et, comme l’apôtre le dit, «en toutes choses». Si l’on n’y prend pas garde dès le commencement, cela devient plus tard presque impossible. Lorsqu’on laisse agir la volonté, elle se renforce rapidement, et chaque année il est plus difficile de la gouverner. C’est pourquoi le père devrait tout d’abord établir son autorité sur une base de fermeté et de force morale une fois sur ce pied, il peut être aussi doux et affectueux que le cœur d’un enfant aimant le demande. User de dureté, ou d’austérité, n’est pas chose nécessaire à l’éducation. Dieu a mis entre les mains du père les rênes du gouvernement, la verge de l’autorité; mais en tirant continuellement les rênes, et se servant trop de la verge, il donnera une preuve certaine de faiblesse morale. Lorsque vous entendez un homme parler beaucoup de son autorité, vous pouvez être sûr que cette autorité n’est pas établie comme elle devrait l’être; la vraie puissance morale donne une dignité calme, à laquelle il est impossible de se méprendre.

De plus, nous croyons que le père qui contrarie perpétuellement la volonté de son enfant, en des choses de peu d’importance, a tort; ce procédé tend plutôt à briser l’énergie de l’enfant, tandis que briser la volonté est la base de toute bonne éducation. L’enfant devrait toujours se persuader que son père cherche uniquement son bien, et que s’il lui refuse quoi que ce soit, c’est par un vrai intérêt pour lui, et non pour lui retrancher des jouissances. Un point important aussi dans le gouvernement de la famille est de veiller à ce que chaque membre remplisse avec exactitude ses devoirs respectifs, et puisse aussi jouir de ses privilèges. Ainsi, le commandement de Dieu donné à l’enfant, étant d’obéir, les parents sont responsables de veiller à l’accomplissement de ce devoir, car, s’il est négligé, quelque autre membre de la famille en souffrira.

Que peut-il y avoir de plus nuisible à la paix d’un intérieur de famille, que la présence d’un enfant méchant et obstiné, et ne le sera-t-il pas, le plus souvent, par suite d’une mauvaise éducation? Les enfants diffèrent, il est vrai, de caractère et de dispositions; les uns ont une volonté particulièrement forte, un caractère raide et obstiné, qui rendra beaucoup plus difficile la tâche de les diriger; mais cela ne change rien à la responsabilité que le père a d’exiger l’obéissance. Il peut compter sur Dieu pour la grâce et les facultés nécessaires. Une mère, laissée veuve, par exemple, comptant sur le Seigneur, sera rendue capable de diriger aussi bien ses enfants et sa maison, que le chef de famille l’aurait fait.

Il arrive aussi que, par une tendresse peu judicieuse, les parents sont tentés de céder à la volonté de l’enfant; c’est, hélas! semer à la chair, pour produire la corruption. Ce n’est pas du tout la vraie affection, que celle qui cède à la volonté de l’enfant. Témoignée de cette manière, il est impossible qu’elle contribue à son vrai bonheur ou même à des jouissances légitimes. Un enfant gâté, obstiné, est lui-même malheureux; il sera une pénible charge pour ceux qui ont affaire à lui; on devrait lui apprendre à penser aux autres, à chercher à contribuer de son mieux au bonheur et à l’agrément de chacun. — Qu’il est fréquent et peu convenable, par exemple, de voir un enfant rentrer bruyamment à la maison, monter l’escalier en sifflant, chantant, criant, sans aucun égard pour les autres membres de la famille, qu’il peut ainsi déranger ou inquiéter. Aucun enfant bien élevé n’aurait l’idée d’agir de cette manière; en sorte que, là où une conduite pareille est tolérée, il doit y avoir de graves défectuosités dans l’administration de la maison.

Il est essentiel à la paix, à l’harmonie et au bien-être de la famille, que tous les membres aient des égards les uns pour les autres. Nous sommes responsables de chercher le bien et le bonheur de ceux qui nous entourent, et non pas seulement le nôtre propre. Si chacun s’appliquait à cela, quels intérieurs différents nous aurions, et quel meilleur témoignage serait rendu par chaque famille! Chaque ménage chrétien devrait être un reflet du caractère divin; l’atmosphère devrait en être celle du ciel. Comment cela peut-il se faire? Simplement par l’effort de chacun, père, mère, enfant, maître et serviteur, pour marcher sur les traces de Jésus, et pour manifester son esprit. Lui, ne cherchait ni à se plaire à lui-même, ni ses propres intérêts en quoi que ce soit. Il faisait toujours les choses qui plaisaient à son Père; il vint pour servir et pour donner. Il allait de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir de Satan. Lui, l’ami suprême, exerçait sa grâce, son amour et sa sympathie envers les faibles, les nécessiteux et les affligés. Si seulement les divers membres de chaque famille chrétienne se conformaient à ce parfait modèle, nous réaliserions, au moins en quelque mesure, l’efficacité du christianisme individuel et domestique qui, béni soit Dieu! peut toujours être maintenu et manifesté, malgré la ruine désespérée de l’église professante. «Toi et ta maison» est un principe de toute beauté, qui se retrouve à travers le volume de Dieu, du commencement à la fin. À toute époque, sous chaque dispensation, aux jours des patriarches, comme aux jours de la loi et au temps du christianisme, nous trouvons, à notre grand encouragement, que la piété individuelle et domestique a sa place comme quelque chose d’agréable au cœur de Dieu et contribuant à la gloire de son saint Nom.

Ceci est, à notre avis, des plus consolants en tout temps, mais particulièrement dans le moment actuel où l’église professante semble s’enfoncer si rapidement dans une grossière mondanité et dans une incrédulité manifeste, et où ceux même qui désirent marcher dans l’obéissance à la parole de Dieu et agir d’après la grande vérité fondamentale de l’unité du corps, rencontrent tant de difficultés pour maintenir un témoignage collectif. En considérant tout ceci, nous pouvons bénir Dieu de tout notre cœur, de ce que la piété individuelle et dans la famille peut, malgré et à travers tout, être maintenue, et de ce que des accents de louanges peuvent monter constamment au trône de Dieu, ainsi que les supplications de chaque chrétien, en faveur d’un monde plongé dans le péché, la douleur et la misère. Puisse-t-il en être ainsi de plus en plus par la puissante intervention du Saint Esprit, afin qu’en toutes choses notre Dieu soit glorifié par chacun de ses enfants bien-aimés, individuellement et dans sa famille.

Considérons maintenant l’avertissement adressé à la congrégation d’Israël contre le terrible péché de l’idolâtrie, péché auquel, hélas! le pauvre cœur humain est toujours enclin d’une manière ou d’une autre. Il est très possible de se rendre coupable de ce péché, sans fléchir le genou devant une image taillée; c’est pourquoi il importe que nous pesions les paroles d’avertissement sortant de la bouche du législateur d’Israël; elles aussi ont assurément été écrites pour notre instruction.

«Alors vous vous approchâtes et vous vous tîntes au bas de la montagne (et la montagne était brûlante de feu jusqu’au cœur des cieux… ténèbres, nuées, et profonde obscurité); et l’Éternel vous parla du milieu du feu: vous entendiez la voix de ses paroles, mais vous ne vîtes aucune forme, seulement vous entendiez une voix. Et il vous déclara son alliance, qu’il vous commanda de pratiquer, les dix paroles; et il les écrivit sur deux tables de pierre. Et l’Éternel me commanda en ce temps-là, de vous enseigner des statuts et des ordonnances, pour que vous les pratiquiez dans le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder» (vers. 11-14).

Nous avons ici la base réelle de l’appel contre l’idolâtrie. Les enfants d’Israël ne voyaient rien, Dieu ne se montrait pas lui-même à eux, il ne revêtait aucune forme corporelle dont ils pussent se faire une image. Il leur donnait sa Parole, ses commandements d’une manière si claire, qu’un enfant aurait pu les comprendre; les Israélites, quelque bornés qu’ils pussent être, ne pouvaient s’y tromper. Il n’était donc pas nécessaire pour eux de s’imaginer à quoi Dieu était semblable, cette tentation eût été le péché même, contre lequel Moïse les avertissait. Ils étaient appelés à écouter la voix de Dieu, non à voir sa forme; à obéir à ses commandements, et non à se créer de Lui une image. C’est en vain que la superstition cherche à honorer Dieu en faisant et en adorant des images; la foi reçoit et garde ses saints commandements: «Si quelqu’un m’aime», dit notre Seigneur, «il gardera ma parole». «Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître» (Jean 1:18). «Car c’est le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres la lumière resplendît, qui a relui dans nos cœurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ» (2 Cor. 4:6).

Jésus est déclaré être le resplendissement de la gloire de Dieu, et l’empreinte de sa substance (Hébreux 1:3). Il pouvait dire: «Celui qui m’a vu, a vu le Père» (Jean 14:9). De cette manière, le Fils révèle le Père, et c’est par la Parole, par la puissance du Saint Esprit, que nous connaissons de Christ autrement que par les Écritures, n’est quelque chose du Fils; c’est pourquoi la tentative, par quelque effort que ce soit de l’esprit ou de l’imagination, de concevoir une image de Dieu ou que mysticisme ou idolâtrie; plus que cela même, car c’est se mettre entre les mains de Satan, et nous laisser envelopper par lui d’illusions funestes et trompeuses.

C’est pourquoi, comme Israël, au mont Horeb devait s’en tenir à la «voix» de Dieu, et qu’il était exhorté à s’abstenir de toute ressemblance, nous, de même, devons nous en tenir à sa Sainte Écriture, et nous mettre en garde contre tout ce qui pourrait nous éloigner, ne fût-ce que de l’épaisseur d’un cheveu, de ce modèle divin et parfait, n’écoutant ni les suggestions de notre propre esprit, ni aucune opinion humaine.

«Et vous prendrez bien garde à vos âmes (car vous n’avez vu aucune forme au jour où l’Éternel vous parla du milieu du feu à Horeb), de peur que vous ne vous corrompiez, et que vous ne vous fassiez quelque image taillée, la forme d’une image quelconque, la figure d’un mâle ou d’une femelle, la figure de quelque bête qui soit sur la terre, la figure de quelque oiseau ailé qui vole dans les cieux, la figure de quelque reptile du sol, la figure de quelque poisson qui soit dans les eaux, au-dessous de la terre; et de peur que tu ne lèves tes yeux vers les cieux, et que tu ne voies le soleil, et la lune et les étoiles, toute l’armée des cieux, et que tu ne te laisses séduire et ne te prosternes devant eux, et ne les serves lesquels l’Éternel, ton Dieu, a donnés en partage à tous les peuples, sous tous les cieux. Mais vous, l’Éternel vous a pris, et vous a fait sortir d’Égypte, de la fournaise de fer, afin que vous soyez le peuple de sa possession, comme vous l’êtes aujourd’hui» (v. 15-20).

Ces passages contiennent une vérité d’une grande importance pour nous aussi, montrant au peuple de Dieu que se faire une image quelconque et se prosterner devant elle, c’était, de fait, s’abaisser et se corrompre soi-même. Lorsque les enfants d’Israël firent le veau d’or, l’Éternel dit à Moïse: «Va, descends; car ton peuple que tu as fait monter du pays d’Égypte, s’est corrompu» (Ex. 32:7). Il ne pouvait en être autrement. L’adorateur doit être inférieur à l’objet de son adoration; donc, en se prosternant devant un veau, ils s’abaissaient au-dessous encore du niveau de la bête qui périt.

Quel spectacle! Toute une congrégation conduite par Aaron, le souverain sacrificateur, se prosternant devant une image taillée. Peut-on se représenter un nombre pareil d’êtres intelligents, un peuple doué de raison, de conscience, disant d’un veau de fonte: «C’est ici ton dieu, ô Israël, qui t’a fait monter du pays d’Égypte!» C’était, à la lettre, destituer Dieu, le remplacer par une image taillée d’après l’invention de l’homme. Et ceux qui le firent étaient ce peuple, témoin des œuvres merveilleuses de l’Éternel au pays d’Égypte!

Toutes ces choses s’étaient passées sous leurs yeux, et, néanmoins, ils purent si vite tout oublier et dire d’un veau de fonte: «C’est ici ton dieu, ô Israël, qui t’a fait monter du pays d’Égypte». Croyaient-ils réellement qu’une image taillée pouvait avoir humilié, fait trembler un fier monarque, et les avoir fait sortir victorieusement d’Égypte? Un veau d’or avait-il pu partager les eaux et les conduire à travers ses profondeurs? Eh bien! Israël le disait, car que n’est-on capable de dire lorsque l’œil et le cœur se sont détournés de Dieu et de sa Parole!

«Mais», nous demandera-t-on peut-être, «tout ceci s’adresse-t-il à nous aussi? Les chrétiens peuvent-ils retirer quelque instruction de cette histoire du veau d’or? Ces exhortations adressées à Israël contre l’idolâtrie, trouvent-elles de l’écho aux oreilles de l’Église? Court-elle quelque danger de se prosterner devant une image taillée? Serait-il possible que, possédant le privilège de pouvoir marcher à la pleine lumière du christianisme révélé dans le Nouveau Testament, nous puissions jamais adorer un veau d’or?»

Nous répondrons d’abord à ces objections, en citant les paroles de l’apôtre Paul aux Romains (15:4): «Toutes les choses qui ont été écrites auparavant», — y compris Exo. 32 et Deut. 4, — «ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Écritures, nous ayons espérance». Ce court passage démontre nos justes droits à user du privilège de parcourir le vaste champ de l’Ancien Testament pour y recueillir les précieuses leçons qu’il renferme, pour profiter de ses solennels avertissements, et y puiser les encouragements et les consolations dont nos cœurs ont besoin pendant notre course ici-bas. La question de savoir si nous serions capables de commettre le péché grossier d’idolâtrie, trouve une solution frappante dans 1 Cor. 10:1-13 où l’apôtre cite cette scène même du mont Horeb, comme avertissement à l’Église de Dieu; nous ne saurions donc mieux faire que d’engager le lecteur à lire soigneusement le passage en entier.

Nous apprenons ici qu’il n’y a aucun péché, aucune folie, aucune forme de dépravation morale, dans laquelle nous ne serions sujets à nous plonger d’un moment à l’autre, si nous n’étions gardés par la toute puissance de Dieu; il n’y a de vraie sécurité pour nous qu’à l’abri moral de la présence divine. Nous savons que l’Esprit de Dieu ne nous met pas en garde contre des choses auxquelles nous ne sommes pas enclins. Il ne nous dirait pas: «Ne soyez pas non plus idolâtres», si nous n’étions pas capables de le devenir. Ce n’est, par conséquent, pas de la forme extérieure de la chose dont il est question, mais de la chose elle-même, de sa racine ou de son principe. Nous lisons que «l’avarice est une idolâtrie», c’est-à-dire que l’homme désireux de posséder lui-même plus que ce que Dieu lui a donné, est coupable en réalité du péché d’Israël, lorsqu’il fit le veau d’or et l’adora. L’apôtre pouvait, avec raison, dire aux Corinthiens — nous dire: «C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie» (1 Cor. 10:14). Pourquoi être exhortés à fuir une chose à laquelle nous ne serions pas sujets? Que signifient les paroles qui terminent la première épître de Jean: «Enfants, gardez-vous des idoles?» Ne nous disent-elles pas que nous sommes en danger d’adorer des idoles? Assurément. Nos cœurs perfides sont capables de se détourner du Dieu vivant, et de s’attacher à quelque autre objet en dehors de Lui; et qu’est cela sinon de l’idolâtrie? Tout ce qui gouverne le cœur, est l’idole du cœur: argent, plaisir, pouvoir, ou autre chose; nous pouvons donc facilement saisir la nécessité des nombreuses exhortations que l’Esprit Saint nous adresse contre le péché d’idolâtrie.

Nous avons encore, au chapitre 4 des Galates, des paroles très remarquables, des accents propres à faire impression sur l’église professante. Les Galates, ainsi que tous les autres gentils, avaient adoré des idoles; mais, après avoir reçu l’Évangile, ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai. Cependant, des docteurs judaïsants étaient survenus, leur enseignant qu’à moins d’être circoncis et de garder la loi, ils ne pouvaient être sauvés.

C’est ceci justement que l’apôtre déclare sans hésitation être un retour à la grossière dégradation morale de leurs jours précédents, après avoir fait profession de recevoir l’évangile de Christ; de là cette insistance de l’apôtre: «Mais alors, ne connaissant pas Dieu, vous étiez asservis à ceux qui, par leur nature, ne sont pas dieux: mais maintenant, ayant connu Dieu, mais plutôt ayant été connus de Dieu, comment retournez-vous de nouveau aux faibles et misérables éléments auxquels vous voulez encore derechef être asservis? Vous observez des jours, et des mois, et des temps, et des années. Je crains quant à vous que peut-être je n’aie travaillé en vain pour vous» (Gal. 4:8-11).

Les Galates ne retournaient pas extérieurement au culte des idoles; il est même probable qu’ils auraient rejeté avec indignation une telle idée malgré cela, l’apôtre leur demande: «Comment retournez-vous?» Qu’est-ce que cette question signifie, s’ils n’étaient pas retournés à l’idolâtrie? et qu’avons-nous à apprendre du passage entier? Simplement ceci, que la circoncision, le retour à la loi, l’observation des jours, des mois et des années, — que tout ceci, en apparence si différent de leur ancienne idolâtrie, n’était ni plus ni moins qu’y retourner. Observer les jours et rendre culte aux faux dieux, était autant que se détourner du Dieu vivant et vrai, de son Fils Jésus Christ, du Saint Esprit, — de ce groupe brillant de dignités et de gloires appartenant au christianisme.

C’est un fait des plus solennels pour les chrétiens professants, et nous nous demandons si le sens et l’importance de Gal. 4:8-10, est réellement saisi par la grande majorité de ceux qui professent croire à la Bible. Que chacun examine sa position, ses habitudes, ses voies et ses relations, pour voir si, de fait, il ne suit pas l’exemple des assemblées de Galatie, dans l’observance des jours fériés, ou en d’autres choses semblables, qui ne sont propres qu’à détourner les âmes de Christ et de son glorieux salut. Un jour vient où les yeux de milliers d’âmes s’ouvriront à la réalité de ces choses; ils verront alors ce qu’ils refusent de voir, c’est que les erreurs les plus grossières et les plus sombres du paganisme peuvent se reproduire sous le nom du christianisme, et en rapport avec les plus belles vérités qui aient jamais brillé aux yeux de l’intelligence humaine.

Prêtons maintenant notre attention au fait présenté au verset 21 de notre chapitre, savoir que Moïse, pour la troisième fois, rappelle à la congrégation les dispensations judiciaires de Dieu envers lui-même. Il en avait parlé, comme nous l’avons vu, au chap. 1:37; et encore au chap. 3:26; ici, de nouveau, il leur dit: «Et l’Éternel s’irrita contre moi, à cause de vous, et il jura que je ne passerais pas le Jourdain et que je n’entrerais pas dans le bon pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage; car, pour moi, je mourrai dans ce pays, je ne passerai pas le Jourdain; mais vous allez le passer, et vous posséderez ce bon pays».

Pourquoi répéter trois fois cette allusion au même fait? — Et pourquoi, chaque fois, la mention spéciale de cette circonstance que l’Éternel a été irrité contre lui, à cause d’eux? Une chose est certaine: il n’était nullement dans l’intention de Moïse de jeter du blâme sur le peuple, ou de se disculper; un incrédule seul pourrait le supposer. Ce à quoi il visait, était de donner le plus possible de force morale et de solennité à son exhortation. Si l’Éternel était irrité contre un homme tel que Moïse; si, à cause de sa parole imprudente aux eaux de Meriba, il ne lui fut pas permis d’entrer au pays de la promesse, — quoiqu’il le désirât si vivement, — combien plus, eux, devaient-ils prendre garde? C’est une chose sérieuse d’avoir affaire avec Dieu, une chose bénie, sans doute, mais des plus sérieuses, comme le législateur lui-même fut appelé à le prouver en sa personne. Les paroles suivantes viennent à l’appui de cette vérité: «Prenez garde à vous, de peur que vous n’oubliiez l’alliance de l’Éternel, votre Dieu, qu’il a traitée avec vous, et que vous ne vous fassiez une image taillée, la forme d’une chose quelconque, ce que l’Éternel, ton Dieu, t’a commandé de ne pas faire. Car l’Éternel, ton Dieu, est un feu consumant, un Dieu jaloux» (vers. 23-24). Il nous faut laisser à cette vérité tout son poids moral sur nos âmes. On entend dire parfois: «Dieu est un feu consumant pour le monde». Il le sera, dans la suite, sans doute, mais, maintenant, il agit en grâce, en patience et en longanimité envers le monde. N’oublions pas que l’apôtre Pierre nous dit: «Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu; mais, s’il commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu?» (1 Pierre 4:17). Nous lisons aussi dans Héb. 12: «Car aussi, notre Dieu est un feu consumant». Il ne parle pas de ce que Dieu sera pour le monde, mais de ce qu’il est pour nous. L’Écriture ne peut être ainsi tordue; il faut la prendre comme elle est: claire et distincte; tout ce que nous ayons à faire est d’écouter et d’obéir. «Notre Dieu est un feu consumant», un Dieu jaloux, non pas de nous consumer, béni soit son saint Nom mais de consumer le mal en nous et dans nos voies. Il ne peut tolérer en nous quoi que ce soit de contraire à sa sainteté, et, par conséquent, à notre vrai bonheur, à notre bénédiction réelle. Comme «Père Saint», il nous maintient dans une voie digne de lui-même; s’il nous châtie, c’est afin de nous rendre participants de sa sainteté. Il laisse le monde suivre ses voies, n’intervenant pas publiquement; mais il juge sa maison, et il châtie ses enfants, afin qu’ils répondent mieux à ses pensées, et qu’ils soient l’expression de son image morale.

En vérité, c’est un immense privilège, découlant de la grâce infinie de notre Dieu qui condescend à s’intéresser lui-même à nous; à s’occuper de nos infirmités, de nos manquements et de nos péchés, afin de nous en délivrer et de nous rendre participants de sa sainteté.

Il y a encore un passage remarquable relatif à ce sujet: «Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par lui; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée. Vous endurez des peines comme discipline: Dieu agit envers vous comme envers des fils, car qui est le fils que le père ne discipline pas? Mais si vous êtes sans la discipline à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards et non pas des fils. De plus, nous avons eu les pères de notre chair pour nous discipliner, et nous les avons respectés; ne serons-nous pas beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons? Car ceux-là disciplinaient pendant peu de jours, selon qu’ils le trouvaient bon; mais celui-ci nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté. Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle. C’est pourquoi, redressez les mains lassées et les genoux défaillants» (Héb. 12:5-12).

Il y a trois manières de recevoir la discipline divine: nous pouvons la «mépriser», comme une chose ordinaire qui peut arriver à chacun; nous n’y voyons pas la main de Dieu. Il peut nous arriver aussi de «perdre courage» sous son poids, comme trop lourd à porter. Nous ne reconnaissons pas le cœur du Père dans cette dispensation, ni son but miséricordieux, savoir de nous rendre participants de sa sainteté. En dernier lieu, nous pouvons être «exercés par elle», et c’est le moyen de recueillir ensuite «le fruit paisible de la justice». Nous n’osons pas «mépriser» une chose dans laquelle nous reconnaissons la main de Dieu. Nous ne devons pas «perdre courage» sous une dispensation, dans laquelle nous discernons clairement le cœur du Père qui nous aime, et qui ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces, mais qui donnera une issue à l’épreuve, afin que nous puissions la supporter; il nous explique aussi son but dans la discipline, et nous assure que chaque coup de sa verge est une preuve de son amour, et une réponse directe à la prière de Christ, dans Jean 17:11, où il nous recommande aux soins du «Père Saint», pour qu’il nous garde en ce nom et en tout ce que ce nom implique.

Il y a, de plus, trois attitudes distinctes du cœur en rapport avec la discipline divine, savoir la sujétion, la soumission, et la joie. Quand la volonté est brisée, il y a sujétion. Lorsque l’intelligence est éclairée quant au but du châtiment, il en résulte une soumission calme. Et quand les affections sont engagées quant au cœur du Père, il y a joie, et nous pouvons aller en avant d’un cœur content, recueillant en abondance des fruits paisibles de justice à la louange de Celui qui, dans son amour diligent, s’occupe de ce qui nous concerne, et agit envers nous selon son saint gouvernement, concentrant ses soins sur chacun, comme s’il n’y en avait qu’un seul à soigner.

Combien cette pensée devrait nous aider dans toutes nos épreuves! Nous sommes entre les mains de Celui dont l’amour est infini, la sagesse infaillible, dont le pouvoir est tout puissant, et les ressources inépuisables. Pourquoi alors serions-nous rejetés? S’il nous châtie, c’est parce qu’il nous aime et cherche notre bien réel. Nous pouvons trouver le châtiment pénible, nous sentir portés à nous demander parfois comment l’amour peut nous infliger la souffrance et la maladie; mais souvenons-nous que l’amour divin est sage et fidèle, et ne dispense les peines, la maladie ou le deuil, que pour notre profit et notre bénédiction. Nous ne devons pas toujours juger de l’amour par la forme qu’il revêt. Regardez une bonne et tendre mère appliquant un vésicatoire à son enfant qu’elle aime comme son âme. Elle sait parfaitement que ce remède le fera souffrir; pourtant elle l’applique sans hésiter, sans écouter son cœur sensible, sachant que la chose est absolument nécessaire, et que, humainement parlant, la vie de son enfant en dépend. Elle sent, qu’avec la bénédiction de Dieu, quelques moments de souffrance rendront la santé à son enfant bien-aimé. Ainsi, tandis que l’enfant n’est occupé que de la douleur passagère, la mère pense au bien permanent; et si l’enfant pouvait être en communion de pensées avec la mère, le remède ne lui semblerait pas si dur à supporter.

Ceci est une image de la manière dont notre Père agit dans ses dispensations disciplinaires envers nous, et si nous savions nous le rappeler, ce serait d’un grand secours pour supporter tout ce que sa main trouve bon de nous infliger. — On pourrait objecter qu’il n’y a pas de comparaison entre un remède appliqué pour quelques minutes, et des années de souffrances et de peines corporelles intenses. Sans doute, mais quelle différence entre le résultat obtenu dans chaque cas! Ce n’est qu’avec le principe de la chose que nous avons affaire. Lorsque nous voyons un cher enfant de Dieu appelé à traverser des années de vives souffrances, nous sommes tentés de nous demander pourquoi; lui-même peut aussi se faire la même question, et être parfois sur le point de perdre courage, d’être accablé sous le poids de sa longue épreuve. Il se peut même qu’il en vienne à s’écrier: «Pourquoi en est-il ainsi? Cette épreuve peut-elle m’avoir été dispensée par amour, et être l’expression de la sollicitude d’un Père?»

« Oui, certes», est la réponse claire et décidée de la foi. «C’est tout amour, et divinement juste. Je ne voudrais pas pour rien au monde qu’il en fût autrement. Je sais que cette souffrance passagère opère une bénédiction éternelle, je sais que le Père qui m’aime m’a mis dans ce creuset pour me purifier des impuretés de la chair, et reproduire en moi sa propre image; donc cette souffrance est la meilleure chose pour moi. Naturellement, je la sens, mais c’est l’intention de mon Père céleste que je la sente, comme la mère avec son remède, sans cela, il ne ferait aucun bien».

Telle est, lecteur chrétien, la disposition convenable pour traverser quelque épreuve que ce soit.

Reprenons maintenant les derniers versets de notre chapitre, qui renferment des appels si touchants au cœur et à la conscience de la congrégation au sujet de l’obéissance. Si Moïse leur parle de la fournaise de fer d’Égypte, de laquelle l’Éternel, dans sa souveraine grâce, les a délivrés; s’il insiste sur les signes puissants et les miracles opérés en leur faveur; s’il leur représente les gloires de ce pays où ils allaient entrer; ou s’il raconte les voies merveilleuses de Dieu envers eux dans le désert; — le tout a pour but d’affermir la base morale des droits de l’Éternel à leur obéissance. Le passé, le présent et l’avenir, tout est exposé, comme pour faire peser sur eux la responsabilité, pour fournir des arguments puissants en faveur de leur consécration entière au service de leur Libérateur.

En un mot, ils avaient toute raison pour obéir et pas une excuse possible pour la désobéissance. Tous les faits de leur histoire, du premier au dernier, étaient calculés pour donner de la force morale à l’exhortation et à l’avertissement du passage suivant: «Prenez garde que vous n’oubliiez l’alliance de l’Éternel, votre Dieu, qu’il a traitée avec vous, et que vous ne vous fassiez une image taillée, la forme d’une chose quelconque, ce que l’Éternel, ton Dieu, t’a commandé de ne pas faire. Car l’Éternel, ton Dieu, est un feu consumant, un Dieu jaloux.»

«Quand tu auras engendré des fils et des petits-fils, et que vous aurez vécu longtemps dans le pays, et que vous vous serez corrompus, et que vous aurez fait une image taillée, la forme d’une chose quelconque, et que vous aurez fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, ton Dieu, pour le provoquer à colère, j’appelle aujourd’hui à témoin contre vous les cieux et la terre, que vous périrez bientôt entièrement de dessus le pays où, en passant le Jourdain, vous entrez afin de le posséder; vous n’y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. Et l’Éternel vous dispersera parmi les peuples; et vous resterez en petit nombre parmi les nations où l’Éternel vous mènera. Et vous servirez là des dieux, ouvrage de mains d’homme, du bois et de la pierre, qui ne voient, ni n’entendent, ni ne mangent, ni ne flairent» (vers. 23-28).

Le ciel et la terre sont appelés à témoigner de ces choses. Hélas! comme tout ceci fut vite et complètement oublié! Et comme toutes ces terribles prophéties ont été littéralement accomplies dans l’histoire de la nation!

Mais, béni soit Dieu, il y a miséricorde aussi bien que jugement; notre Dieu est quelque chose de plus qu’un «feu consumant et qu’un Dieu jaloux». Il est en vérité un feu consumant, parce qu’il est saint. De plus, il est jaloux, parce qu’il ne peut supporter un rival quelconque dans le cœur de ceux qu’il aime. Il lui faut avoir le cœur tout entier, parce que Lui seul en est digne, et peut le remplir et le satisfaire à jamais. Si ses enfants se détournent de Lui, et vont après des idoles de leur propre imagination, ils devront moissonner les fruits amers de leurs propres œuvres, et prouveront par une triste et terrible expérience, la vérité de ces paroles: «les misères de ceux qui courent après un autre seront multipliées».

(Vers. 29.) Remarquez de quelle manière touchante Moïse présente au peuple le côté brillant des choses — brillant d’une lumière provenant de la stabilité éternelle de sa grâce et de la pleine suffisance de cette grâce à tous les besoins de son peuple: «Et de là vous chercherez l’Éternel, ton Dieu et tu le trouveras, si tu le cherches de tout ton cœur et de toute ton âme. Dans ta détresse», — moment propice pour découvrir ce qu’est notre Dieu, — «et lorsque toutes ces choses t’auront atteint, à la fin des jours, tu retourneras à l’Éternel, ton Dieu, et tu écouteras sa voix». — Sera-t-il alors un «feu consumant»? Non: «L’Éternel, ton Dieu est un Dieu miséricordieux, il ne t’abandonnera pas et ne te détruira pas, et il n’oubliera pas l’alliance de tes pères, qu’il leur a jurée» (vers. 30-31).

Nous avons ici un remarquable coup d’œil dans l’avenir d’Israël, leur séparation de Dieu, et leur dispersion parmi les nations; la rupture complète de leur forme de gouvernement, et la perte de leur gloire nationale. Mais, béni soit le Dieu de toute grâce, il y a quelque chose au-delà de tous ces manquements, de cette ruine et de ce jugement. En considérant la dernière phase de la triste histoire d’Israël, — histoire qui peut réellement se résumer dans cette courte phrase: «C’est ta destruction, Israël, que tu aies été contre moi, contre ton secours» (Osée 13:9), nous voyons le déploiement de la grâce du Dieu de leurs pères quand il se révèle comme étant le secours d’Israël. Dans la première partie de cette phrase, nous avons la flèche aiguisée pour la conscience du peuple; dans la dernière, le baume qui peut calmer son cœur brisé.

Il y a deux côtés de l’histoire d’Israël, la partie historique et la partie prophétique. La première rapporte leur complète ruine. L’autre révèle le remède de Dieu. Le passé d’Israël a été sombre et triste; son avenir sera brillant et glorieux. Dans le premier, nous voyons les misérables actions des hommes; dans le dernier, les voies bénies de Dieu. — Le passé nous donne l’illustration de ce qu’est l’homme; l’avenir la brillante démonstration de ce que Dieu est. Il faut considérer les deux côtés, si nous voulons avoir une vraie intelligence de l’histoire de ce peuple remarquable. «Un peuple merveilleux dès ce temps» — et, nous pouvons ajouter, un peuple admirable jusqu’à la fin des temps.

Nous sentons l’obligation d’attirer l’attention du lecteur sur les précieux enseignements contenus dans le dernier passage cité. En peu de mots, il réunit toutes les vérités relatives au passé, au présent et à l’avenir d’Israël. Leur passé, par exemple, est vivement dépeint dans ces quelques mots: «Quand tu auras engendré des fils et des petits-fils, et que vous aurez vécu longtemps dans le pays, et que vous vous serez corrompus, et que vous aurez fait une image taillée, la forme d’une chose quelconque, et que vous aurez fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, ton Dieu, pour le provoquer à colère…»

N’est-ce pas là précisément ce qu’ils ont fait? Ils ont fait ce qui déplaît à l’Éternel, leur Dieu, afin de l’irriter. Ce seul mot «ce qui est mauvais», comprend tout, depuis le veau en Horeb jusqu’à la croix du Calvaire. Tel est le passé d’Israël.

Quant à leur état présent, ne sont-ils pas un monument stable de la vérité impérissable de Dieu? Est-il tombé un seul iota ou un trait de lettre de tout ce que Dieu a prononcé? Écoutez ces paroles: «J’appelle aujourd’hui à témoin contre vous les cieux et la terre, que vous périrez bientôt entièrement de dessus le pays où, en passant le Jourdain, vous entrez afin de le posséder; vous n’y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. Et l’Éternel vous dispersera parmi les peuples; et vous resterez en petit nombre parmi les nations où l’Éternel vous mènera».

Tout ceci n’a-t-il pas été accompli à la lettre? Qui pourrait mettre la chose en question? Le passé et le présent d’Israël attestent tous deux la vérité de la parole de Dieu. Nous pouvons donc, en toute justice, déclarer que, comme le passé et le présent sont un accomplissement littéral de la vérité de Dieu, l’avenir le sera aussi assurément. Le même Esprit a dicté les pages de l’histoire, et celles de la prophétie; c’est pourquoi elles sont aussi vraies l’une que l’autre, et de même que l’histoire nous rapporte le péché et la dispersion d’Israël, la prophétie nous prédit le repentir du peuple et son relèvement. Pour la foi, l’un est aussi vrai que l’autre. Aussi sûrement qu’Israël a péché dans le passé, et qu’il est dispersé actuellement, aussi sûrement se repentira-t-il et sera-t-il relevé dans l’avenir.

Tout ceci est au-dessus de tout raisonnement. Il n’y a pas un des prophètes, depuis Ésaïe jusqu’à Malachie, qui ne publie en accents pleins de grâce les bénédictions futures, la prééminence et la gloire de la semence d’Abraham1. Nous aimerions pouvoir citer quelques-uns des sublimes passages se rapportant à ce sujet si intéressant; mais il nous faut laisser ce soin au lecteur, recommandant tout spécialement à son attention la précieuse portion de l’Écriture contenue dans les derniers chapitres d’Ésaïe, dans laquelle il trouvera une pleine confirmation de cette vérité exprimée par l’apôtre: «Tout Israël sera sauvé» (Rom. 11:26). Tous les prophètes, «depuis Samuel et ceux qui l’ont suivi» (Actes 3:24), sont d’accord en ceci. Les enseignements du Nouveau Testament sont en harmonie avec la voix des prophètes; ainsi, mettre en question la vérité concernant la restauration d’Israël dans son propre pays, et les bénédictions finales qui y seront leur partage, sous le règne de leur propre Messie, serait ignorer ou nier le témoignage des prophètes et des apôtres, parlant et écrivant sous l’inspiration directe de Dieu.

1 Il est entendu que Jonas fait exception, sa mission était à Ninive. Il est le seul prophète, dont la mission fut exclusivement relative aux Gentils.

Il peut paraître étrange que ceux qui aiment Christ puissent ignorer ou nier ces témoignages cependant ils le font et l’ont fait, soit par suite de préjugés religieux, soit en vertu de certaines tendances théologiques. Mais, malgré tout, la vérité glorieuse du rétablissement d’Israël, et de sa prééminence sur la terre, brille avec une vive clarté dans les pages prophétiques, et tous ceux qui cherchent à la rejeter, ou à l’interpréter de quelque autre manière, se voient dans le cas, non seulement d’éviter la clarté des Saintes Écritures, et de contredire la voix unanime des apôtres et des prophètes, mais encore de s’ingérer dans les conseils et les promesses du Seigneur, Dieu d’Israël, pour aboutir finalement à annuler son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob.

C’est une chose bien sérieuse de s’engager dans cette voie, et plusieurs, nous le croyons, l’ont fait sans le savoir, car il faut comprendre que quiconque applique à l’Église les promesses faites aux pères dans l’Ancien Testament, commet la faute grave dont nous parlons. Nous maintenons que personne n’a le moindre droit d’aliéner les promesses faites aux pères. Nous pouvons y prendre plaisir, retirer du bien et de l’encouragement de leur éternelle stabilité et de leur application directe et littérale; mais lorsque, sous l’influence d’un système d’interprétation appelé «spiritualiste», on applique à l’Église, ou aux croyants du Nouveau Testament, des prophéties qui s’appliquent à Israël, nous considérons cela comme une chose très sérieuse et contraire à la pensée et au cœur de Dieu. Il aime Israël; il l’aime à cause des pères, et nous pouvons être assurés qu’il n’approuve pas notre intervention dans leur position, leur lot, ou leurs espérances. Les paroles de Paul aux Romains, chap. 11, nous sont familières, mais il se peut que nous en ayons ignoré ou oublié le vrai sens et la force morale.

Parlant d’Israël, en rapport avec l’olivier de la promesse, l’apôtre dit: «Et eux aussi, s’ils ne persévèrent pas dans l’incrédulité, ils seront entés, car» — raison des plus simples et précieuse — «Dieu est puissant pour les enter de nouveau. Car si toi, tu as été coupé de l’olivier qui selon la nature, était sauvage, et as été enté contre nature sur l’olivier franc, combien plus ceux qui en sont selon la nature seront-ils entés sur leur propre olivier? Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux: c’est qu’un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée1; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit: Le libérateur viendra de Sion; il détournera de Jacob l’impiété. Et c’est là l’alliance de ma part pour eux, lorsque j’ôterai leurs péchés. En ce qui concerne l’Évangile, ils sont ennemis à cause de vous; mais en ce qui concerne l’élection, ils sont bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir. Car comme vous aussi vous avez été autrefois désobéissants à Dieu et que maintenant vous êtes devenus des objets de miséricorde par la désobéissance de ceux-ci, de même ceux-ci aussi ont été maintenant désobéissants à votre miséricorde, afin qu’eux aussi deviennent des objets de miséricorde». C’est-à-dire qu’au lieu d’entrer sur le terrain de la loi, ou de leur descendance selon la chair, ils viendront simplement, tout comme les gentils, sur le terrain de l’élection selon la grâce souveraine. «Car Dieu a renfermé tous, Juifs et nations, dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous» (Rom. 11:23-32).

1 Le lecteur doit saisir la différence entre «la plénitude des gentils», dans Rom. 11, et «le temps des nations», dans Luc 21. Le premier passage se rapporte à ceux qui forment maintenant l’Église. Le second, au contraire, a rapport au temps de la suprématie des nations, commençant avec Nebucadnetsar, et continuant jusqu’au temps où «la pierre coupée sans main» tombera avec puissance et écrasera la grande statue de Daniel 2.

Nous ne pouvons nous empêcher de citer la doxologie, par laquelle l’apôtre termine la grande exposition des dispensations ou des économies selon le plan de Dieu: «Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller? ou qui lui a donné le premier, et il lui sera rendu? Car de lui», comme la source, — «et par lui», — comme canal, — «et pour lui», — comme objet, — «sont toutes choses! À lui soit la gloire éternellement! Amen» (vers. 33-36).

Cette magnifique partie de l’épître aux Romains est en parfait accord avec l’enseignement du chapitre 4 de notre livre. La condition présente d’Israël est le fruit de sa désobéissance; sa gloire future sera le fruit de la riche et souveraine miséricorde de Dieu. «Car l’Éternel, ton Dieu, est un Dieu miséricordieux, il ne t’abandonnera pas et ne te détruira pas; et il n’oubliera pas l’alliance de tes pères qu’il leur a jurée. Car, enquiers-toi donc des premiers jours qui ont été avant toi, depuis le jour où Dieu a créé l’homme sur la terre, et d’un bout des cieux jusqu’à l’autre bout des cieux», — Dieu en appelait aux limites extrêmes du temps et de l’espace, pour voir — «si jamais il est rien arrivé comme cette grande chose, et s’il a été rien entendu de semblable. Est-ce qu’un peuple a entendu la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme toi tu l’as entendue, et est demeuré en vie? Ou Dieu a-t-il essayé de venir prendre pour lui une nation du milieu d’une nation, par des épreuves, par des signes, et par des prodiges, et par la guerre, et à main forte, et à bras étendu, et par de grandes terreurs, selon tout ce que l’Éternel, votre Dieu, a fait pour vous en Égypte, sous tes yeux. Cela t’a été montré, afin que tu connusses que l’Éternel est Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui. Des cieux, Il t’a fait entendre sa voix pour t’instruire, et, sur la terre, il t’a fait voir son grand feu, et tu as entendu ses paroles du milieu du feu» (vers. 31-36).

Le grand objet de toutes les voies divines relativement à Israël ressort de ces paroles avec une singulière puissance morale. C’était afin qu’ils pussent connaître que l’Éternel était le seul Dieu vivant et vrai, et qu’il n’y en avait, et ne pouvait y en avoir aucun autre, en dehors de Lui. En un mot, le dessein de Dieu était qu’Israël fût un témoin pour Lui sur la terre; et, c’est assurément ce qu’il sera, quoiqu’il ait failli jusqu’à être la cause que son saint Nom a été blasphémé parmi les nations. Mais l’alliance de l’Éternel existera à toujours. Israël sera un témoin vivant de Dieu sur la terre, et le canal de riches bénédictions pour toutes les nations. L’Éternel a juré qu’il en serait ainsi; et toutes les puissances réunies, de l’enfer, de l’homme et de Satan, ne pourront empêcher le plein accomplissement de tout ce qu’il a prononcé. Sa gloire est intéressée à l’avenir d’Israël, et si un seul iota de sa parole devait tomber, ce serait un déshonneur jeté sur son grand Nom, et un triomphe de l’ennemi, chose complètement impossible. L’anneau qui relie les futures bénédictions d’Israël, et la gloire de l’Éternel ne peut être brisé. Tant que ce fait n’a pas été pleinement saisi, on ne peut avoir l’intelligence du passé, ni de l’avenir d’Israël, et tout système d’interprétation prophétique est frappé de fausseté.

Une autre vérité est mise en avant dans notre chapitre savoir, que non seulement la gloire de l’Éternel est intéressée au relèvement et aux bénédictions futures d’Israël, mais que son cœur y est engagé. C’est ce qui est révélé d’une manière touchante, dans les paroles suivantes: «Et parce qu’il a aimé tes pères, et qu’il a choisi leur semence après eux, il t’a fait sortir d’Égypte par sa face, par sa grande puissance, pour déposséder devant toi des nations plus grandes et plus fortes que toi, pour t’introduire dans leur pays, afin de te le donner en héritage, comme il paraît aujourd’hui» (vers. 37-38).

De cette manière, la vérité de la parole de Dieu, la gloire de son Nom, et l’amour de son cœur, sont compris dans ses dispensations envers la postérité d’Abraham, son ami; aussi, bien que les Juifs aient transgressé la loi, déshonoré son Nom, méprisé sa grâce, rejeté ses prophètes, crucifié son Fils, et résisté à son Esprit, et soient en conséquence dispersés, et destinés à passer par une tribulation future sans exemple, — cependant le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, glorifiera son Nom, ratifiera sa parole, et manifestera l’amour immuable de son cœur, dans l’histoire à venir de son peuple terrestre. Rien ne change l’amour de Dieu; qui que ce soit qu’il aime, il l’aime jusqu’à la fin.

Si nous nions cette vérité quant à Israël, nous n’avons pas un pouce de terrain solide sur lequel nous appuyer nous-mêmes: «Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous» (2 Cor. 1:20). Dieu s’est engagé en faveur de la postérité d’Abraham. Il a promis de lui donner le pays de Canaan, à toujours. «Ses dons de grâce et son appel sont sans repentir» (Rom. 11:29). C’est pourquoi toute tentative d’infirmer ses promesses et ses dons, ou d’intervenir d’une manière quelconque dans leur application à leur vrai objet, doit être une offense pour Lui. Cela entache l’intégrité de la vérité de Dieu, nous dépouille de toute certitude quant à l’interprétation des Saintes Écritures, et plonge l’âme dans les ténèbres du doute.

L’enseignement de l’Écriture est clair. Le Saint Esprit qui a dicté le Volume sacré, entend ce qu’il dit, et dit ce qu’il entend. S’il parle d’Israël, il entend Israël, — de Sion, il entend Sion, — de Jérusalem, Jérusalem. Appliquer quelqu’un de ces noms à l’Église du Nouveau Testament, c’est confondre des choses qui diffèrent, et introduire une méthode d’interpréter l’Écriture qui, par son inconsistance, ne peut conduire qu’aux plus désastreuses conséquences. Si nous manions la parole de Dieu de cette manière irrespectueuse, nous ne pourrons en réaliser la divine autorité sur notre conscience, ou en manifester la puissance dans notre marche.

Considérons maintenant l’appel par lequel Moïse résume son discours dans notre chapitre: «Sache donc aujourd’hui, et médite en ton cœur, que l’Éternel est Dieu dans les cieux en haut, et sur la terre en bas: il n’y en a point d’autre. Et garde ses statuts et ses commandements que je te commande aujourd’hui, afin que tu prospères, toi et tes fils après toi, et que tu prolonges tes jours sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne, pour toujours» (vers. 39-40).

Nous voyons ici que le droit moral à leur obéissance est fondé sur le caractère révélé de Dieu, et sur ses voies merveilleuses à leur égard. En un mot, ils étaient tenus d’obéir, par tous les arguments susceptibles d’agir sur leur cœur, leur conscience et leur intelligence. Celui qui les avait retirés du pays d’Égypte à main forte et à bras étendu; qui avait fait trembler ce pays par les coups redoublés de sa verge judiciaire; celui qui avait fendu les eaux pour leur frayer un passage à travers la mer; qui leur avait envoyé du pain du ciel, et leur avait fait sortir de l’eau du rocher, — le tout, pour la gloire de son grand Nom, et parce qu’il aimait leurs pères, — avait sûrement droit à leur entière obéissance.

Si les fils d’Israël étaient moralement tenus d’obéir, combien plus le sommes-nous! Si leurs motifs et leur objet étaient puissants, combien plus le sont les nôtres! En sentons-nous la puissance? Les droits de Christ sur nous sont-ils le sujet de nos méditations? Nous rappelons-nous que nous ne sommes plus à nous-mêmes, mais rachetés au prix infiniment précieux du sang de Christ? Cherchons-nous à vivre pour Lui? Sa gloire est-elle notre objet, son amour, notre mobile? Ou bien, vivons-nous pour nous-mêmes? Cherchons-nous nos aises dans le monde qui a crucifié notre Seigneur et Sauveur? Cherchons-nous à amasser de l’argent? L’aimons-nous soit pour lui-même, soit pour ce qu’il peut nous procurer? L’argent nous gouverne-t-il? Sommes-nous à la recherche d’une position dans ce monde, pour nous-mêmes, ou pour nos enfants? Sondons notre cœur en toute honnêteté, à la lumière de sa présence, et recherchons quel est l’objet qui gouverne ou que chérit notre cœur.

Pesons ces questions à la lumière même du tribunal de Christ. Le temps où nous vivons est très solennel. On voit de tous côtés une fausseté effrayante, et nulle part elle n’est plus apparente que dans la soi-disant religion. Le temps même où nous sommes parvenus, a été décrit par une plume qui n’exagère jamais: «Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu», — et l’apôtre couronne cet effrayant tableau par ces mots «ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance» (2 Tim. 3:1-5).

Ces quelques phrases nous dépeignent la chrétienté infidèle; comme 1 Tim. 4 avait peint la chrétienté superstitieuse. Dans ce dernier passage, nous voyons le papisme; dans le premier, l’incrédulité, deux éléments qui sont à l’œuvre autour de nous, et dont le dernier aura bientôt la suprématie, vers laquelle il s’avance à grands pas. Les conducteurs mêmes et les docteurs de la chrétienté n’ont pas honte d’attaquer les fondements du christianisme. Un évêque soi-disant chrétien n’a pas honte, et ne craint pas de mettre en question l’authenticité des cinq livres de Moïse, et même celle de la Bible entière; puisque, si Moïse n’est pas l’écrivain inspiré du Pentateuque, l’édifice entier de l’Écriture Sainte croule sous nos pieds. Les écrits de Moïse se lient si intimement avec toutes les autres grandes divisions du volume divin que, si on y touche, tout croule. Les colonnes mêmes du christianisme disparaîtraient, et nous aurions à chercher notre chemin en tâtonnant au milieu du conflit des opinions et des théories de docteurs infidèles, sans aucun rayon de la lampe divine de l’inspiration.

Ceci paraît-il trop fort à notre lecteur? Croit-il qu’il soit possible d’accepter le désaveu de l’inspiration de Moïse, et puis de croire à l’inspiration des Psaumes, des Prophètes et du Nouveau Testament? Celui qui croit cela est le jouet d’une fatale illusion. Qu’il lise avec attention le passage suivant, et qu’il se demande quelle en est la signification et la portée? Notre Seigneur, en parlant aux Juifs, — qui n’auraient été d’accord avec aucun évêque chrétien pour nier l’authenticité de Moïse, — dit: «Ne pensez pas que moi, je vous accuserai devant le Père; il y en a un qui vous accuse, Moïse en qui vous espérez. Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi; car lui a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles?» (Jean 5:45-47).

Un homme qui ne croit pas aux écrits de Moïse et ne les reçoit pas comme divinement inspirés, ne croit pas aux paroles de Christ, et, par conséquent, ne peut avoir une foi d’origine divine, en Christ lui-même; il ne peut donc pas être un chrétien. C’est donc une chose bien sérieuse pour l’homme de nier la divine inspiration du Pentateuque. Il est tout aussi sérieux d’écouter un tel homme, ou de sympathiser avec lui. C’est très bien de parler de charité chrétienne et de libéralité d’esprit, mais nous avons à considérer si c’est avoir de la charité ou être libéral que de paraître approuver, en quelque manière que ce soit, un homme qui a l’audace de faire crouler sous nos pieds les fondements mêmes de notre foi. Qu’un tel homme soit un évêque ou un ministre de quelque dénomination que ce soit rend la chose mille fois pire. Nous pouvons comprendre un Voltaire ou un Paine attaquant la Bible; on ne s’attend pas à autre chose de leur part; mais, quand ceux qui prétendent être des ministres de la religion, gardiens reconnus et établis de la foi des élus de Dieu, se considérant comme ayant seuls le droit d’enseigner et de prêcher Jésus Christ, de garder et de paître l’Église de Dieu, — quand ceux-là mettent en question l’inspiration des cinq livres de Moïse, nous sommes forcés de demander: Jusqu’où l’église professante est-elle descendue? Prenons encore un autre passage relatif à notre sujet; le reproche du Sauveur ressuscité aux deux disciples d’Emmaüs: «Ô gens sans intelligence et lents de cœur à croire toutes les choses que les prophètes ont dites! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa gloire? Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliquait, dans toutes les Écritures, les choses qui le regardent». Puis encore, aux onze et aux autres avec eux, il dit: «Ce sont ici les paroles que je vous disais quand j’étais encore avec vous, qu’il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies» (Luc 24:25-27, 44).

Ici nous trouvons que notre Seigneur reconnaît de la manière la plus positive, la loi de Moïse, comme faisant partie intégrante du canon inspiré, et qu’il la lie à toutes les divisions principales du volume divin, de telle sorte qu’il est complètement impossible de toucher à une seule, sans détruire l’intégralité du tout. Si on n’a pas confiance en Moïse, on ne peut pas davantage se fier aux Prophètes ou aux Psaumes; ils se maintiennent ou tombent ensemble. Non seulement cela, mais nier la divine authenticité du Pentateuque, c’est comme si l’on affirmait que notre adorable Seigneur et Sauveur a donné la sanction de son autorité à une série de documents faux, en les citant comme des écrits de Moïse, tandis que Moïse ne les aurait pas écrits.

Prenez encore le passage qui termine la parabole de l’homme riche et de Lazare: «Mais Abraham lui dit: Ils ont Moïse et les prophètes; qu’ils les écoutent. Mais il dit: Non, père Abraham mais si quelqu’un va des morts vers eux, ils se repentiront. Et il lui dit: S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seront pas persuadés non plus si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts» (Luc 16:29-31).

Si, en dernier lieu, nous ajoutons à tout ceci, le fait que notre Seigneur, dans sa lutte avec Satan au désert, ne lui cite que les écrits de Moïse, nous aurons un nombre suffisant de preuves, non seulement pour établir, péremptoirement, la divine inspiration de Moïse, mais aussi pour prouver que l’homme qui met en question l’authenticité des cinq premiers livres de la Bible, ne possède, au fait, ni Bible, ni révélation divine, ni fondement solide pour sa foi. Il peut s’appeler, ou être appelé par d’autres un évêque ou un ministre chrétien; mais en réalité, il est un sceptique, et devrait être traité comme tel par tous ceux qui croient et connaissent la vérité. Nous ne saurions concevoir comment quiconque possède la moindre étincelle de vie divine dans son âme, puisse se rendre coupable du péché odieux de nier l’inspiration d’une grande partie de la parole de Dieu, ou maintenir que notre Seigneur Jésus Christ a pu citer de faux documents.

Nous pouvons avoir paru sévère dans ce qu’on vient de lire. De nos jours, il semble que ce soit chose reçue de reconnaître comme chrétiens, ceux qui nient les fondements mêmes du christianisme. C’est une opinion assez populaire que, pourvu qu’on soit moral, aimable, bienveillant, charitable et philanthrope, peu importent les croyances. On nous dit que la vie vaut mieux que des dogmes ou un credo; le tout paraît plausible, mais le lecteur peut être assuré que cette manière de parler et de raisonner tend directement à se débarrasser de la Bible, — du Saint Esprit, — de Christ, de Dieu, — enfin de tout ce que la Bible révèle à nos âmes. Qu’il serre donc cette parole dans son cœur, et l’étudie toujours davantage, avec prière; il sera ainsi gardé de l’influence délétère du scepticisme et de l’incrédulité; son âme sera nourrie du lait pur de la Parole et tout son être moral sera à l’abri dans la présence divine.

Terminons maintenant notre méditation sur le chapitre qui vient d’attirer notre attention; mais auparavant, prenons encore connaissance du remarquable passage concernant les trois villes de refuge. Cela peut paraître un peu abrupt à un lecteur superficiel; mais cela relie notre sujet avec le parfait ordre moral qui règne dans l’Écriture, où tout est divinement parfait.

«Alors Moïse sépara trois villes, en deçà du Jourdain, vers le soleil levant, afin que l’homicide qui aurait tué son prochain sans le savoir, et qui ne l’aurait pas haï auparavant, s’y enfuît, et que, s’enfuyant dans l’une de ces villes-là, il vécût: Bétser, dans le désert, sur le plateau, qui est aux Rubénites; et Ramoth, en Galaad, qui est aux Gadites; et Golan, en Basan, qui est aux Manassites» (vers. 41-43).

Ici nous avons un remarquable déploiement de la grâce de Dieu qui s’élève, comme toujours, au-dessus des faiblesses et des manquements humains. Les deux tribus et demie, en choisissant leur héritage en deçà du Jourdain, restaient séparées de la portion propre à Israël, au-delà du fleuve de la mort. Mais, malgré leur manquement, Dieu ne voulait pas laisser le pauvre meurtrier, sans lieu de refuge, au jour de sa détresse. Si l’homme ne peut s’élever à la hauteur des pensées de Dieu, Lui peut descendre dans les profondeurs des besoins de l’homme, et dans ce cas, il le fait avec tant d’amour, que les deux tribus et demie devaient avoir autant de villes de refuge, en deçà du Jourdain, que les neuf tribus et demie, au pays de Canaan.

C’était une abondance de grâce; une manière d’agir bien différente de celle de l’homme! Quelle supériorité sur la loi ou sur la justice légale qui, dans ce cas, aurait pu dire aux deux tribus et demie: «Si vous choisissez votre héritage en dehors des limites divines, si vous vous contentez de moins que Canaan, le pays de la promesse il ne faut pas vous attendre à jouir des privilèges et des bénédictions du pays. Les institutions de Canaan sont exclusives à Canaan et, par conséquent, chez vous, le meurtrier doit essayer de traverser le Jourdain pour trouver un refuge».

La loi peut tenir ce langage, mais la grâce parle différemment. Les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres, ni ses voies nos voies. À notre point de vue, c’eût été déjà une grâce merveilleuse d’accorder une ville aux deux tribus et demie. Mais notre Dieu fait infiniment au-delà de ce que nous savons demander ou penser; c’est pourquoi le district comparativement petit en deçà du Jourdain était pourvu d’une aussi abondante provision de grâce que le pays tout entier de Canaan.

Cela prouve-t-il que les deux tribus et demie avaient raison? Non, mais cela prouve que Dieu est bon, et qu’il agit toujours selon ce qu’il est, en dépit de toute notre faiblesse. Pouvait-il laisser un pauvre meurtrier sans lieu de refuge, au pays de Galaad, parce que Galaad n’était pas Canaan? Sûrement non. Cela n’aurait pas été digne de Celui qui dit: «Ma justice est proche» (És. 51:5). Il a pris soin de rapprocher la ville de refuge du meurtrier. Il voulait que sa grâce pût venir au-devant de celui qui en avait besoin. Telle est la manière d’agir de notre Dieu.

«Et c’est ici la loi que Moïse plaça devant les fils d’Israël; ce sont ici les témoignages, et les statuts, et les ordonnances de Moïse exposa aux fils d’Israël, à leur sortie d’Égypte, en deçà du Jourdain, dans la vallée vis-à-vis de Beth-Péor, dans le pays de Sihon, roi des Amoréens, qui habitait à Hesbon, que Moïse et les fils d’Israël frappèrent à leur sortie d’Égypte; et ils possédèrent son pays, et le pays d’Og, roi de Basan, deux rois des Amoréens, qui étaient en deçà du Jourdain, vers le soleil levant, depuis Aroër qui est sur le bord du torrent de l’Arnon, jusqu’à la montagne de Scion qui est l’Hermon, et toute la plaine en deçà du Jourdain, vers le levant et jusqu’à la mer de la plaine, sous les pentes du Pisga» (vers. 44-49).

Ici se termine ce merveilleux discours. L’Esprit de Dieu prend plaisir à tracer les limites du peuple, et à citer les plus petits détails, concernant son histoire. Il prend un vif intérêt à tout ce qui les concerne, à leurs luttes, à leurs victoires, à leurs possessions, à leurs frontières, et tout cela avec une grâce et une condescendance touchantes, qui remplissent le cœur d’admiration. L’homme, dans son orgueilleuse suffisance, trouve au-dessous de sa dignité d’entrer dans des détails minutieux; mais notre Dieu compte les cheveux de nos têtes; recueille nos larmes dans ses vaisseaux; prend connaissance de tous nos besoins. Il n’y a rien de trop petit pour son amour, comme aussi rien de trop grand pour sa puissance. Il concentre ses soins d’amour sur chacun de ses enfants; et il n’y a aucune des moindres circonstances journalières de notre histoire particulière à laquelle il ne prenne intérêt.

Souvenons-nous de ceci pour notre sûreté, et puissions-nous apprendre à nous confier mieux en Lui, et à recevoir avec une foi simple, les soins paternels de son amour. Il nous dit de Lui remettre tous nos soucis, car il prend soin de nous. Il voudrait que nos cœurs fussent aussi libres de soucis, que notre conscience de culpabilité. «Ne vous inquiétez de rien; mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus» (Phil. 4:6, 7).

Il est à craindre que la grande majorité d’entre nous ne connaissent que bien peu la profondeur réelle de ces paroles. Nous les lisons et les entendons; mais nous n’en jouissons pas comme étant pour nous. Nous ne les repassons pas dans nos cœurs pour les mettre en pratique. Combien peu nous réalisons cette vérité bénie, que nous pouvons Lui présenter toutes nos difficultés. Il ne faut pas nous imaginer que de telles choses soient indignes de l’attention du Tout-Puissant qui a son trône au-dessus de la terre; cette idée nous priverait d’incalculables bénédictions journalières. Rien n’est trop grand ou trop petit pour notre Dieu, qui soutient le vaste univers par la parole de sa puissance, et prend garde à un passereau. Il est tout aussi facile pour lui de créer un monde, que de donner un repas à une pauvre veuve. Que la grandeur de sa puissance, comme les soins minutieux de sa grâce, excitent également l’adoration de nos cœurs!

Lecteur chrétien! Appropriez-vous toutes ces choses. Cherchez à vivre plus près de Dieu dans votre vie journalière; appuyez-vous sur Lui. Profitez davantage de sa grâce. Allez constamment à Lui, et confiez à Lui seul tous vos besoins: «Mon Dieu suppléera à tous vos besoins, selon ses richesses en gloire, par le Christ Jésus» (Phil. 4:19). Quel privilège de pouvoir placer tous nos besoins devant ses richesses, et de perdre de vue les premiers en présence des dernières. Le trésor inépuisable de la grâce de Dieu vous est ouvert avec tout l’amour dont son cœur est rempli. Allez-y puiser, en toute simplicité de foi, et vous n’aurez pas besoin de recourir aux faibles ressources de la créature.