Deutéronome

C. H. Mackintosh

Introduction

Éternel! ta parole est établie à toujours dans les cieux (Ps. 119:89)

J’ai caché ta parole dans mon cœur, afin que je ne pèche pas contre toi (Ps. 119:11)

Le caractère de ce Livre est tout aussi distinct que celui de chacune des quatre autres portions du Pentateuque. À juger d’après le titre du livre, nous pourrions supposer qu’il n’est qu’une répétition des précédents. Mais ce serait une erreur. Dieu ne se répète jamais, ni dans sa Parole, ni dans ses œuvres. Où que nous discernions notre Dieu, que ce soit dans les pages sacrées ou dans le vaste champ de la création, nous soyons une variété infinie, une plénitude divine, un plan arrêté; et notre faculté de discerner et d’apprécier ces choses, sera en proportion de notre spiritualité. Le fait est que, du commencement à la fin du volume inspiré, il ne se trouve pas une phrase superflue, un mot de trop, ni un argument qui n’ait sa signification propre et son application directe. Si nous ne voyons pas cela, nous avons encore à apprendre quelle est la force, la profondeur et la signification de ces paroles: «Toute Écriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3:16).

Paroles précieuses! Plût à Dieu qu’elles fussent mieux comprises de nos jours. Le relâchement à cet égard se répand d’une manière effrayante dans l’église professante. En maints endroits, il est de bon ton de se moquer de la foi à une entière inspiration; on considère cela comme un signe d’ignorance ou d’enfantillage. On pense faire preuve d’un grand savoir et d’un esprit très développé, en critiquant le précieux volume de Dieu et en y trouvant des imperfections. Les hommes se permettent de porter leur jugement sur la Bible, comme si elle n’était qu’une composition humaine. Au fond, c’est Dieu lui-même qu’ils jugent. Le résultat de tout cela est l’obscurité et la confusion les plus complètes, soit pour ces savants docteurs eux-mêmes, soit pour ceux qui les écoutent. Quelle sera la destinée éternelle de tous ceux qui auront à répondre devant le tribunal du Christ, pour avoir blasphémé la parole de Dieu et égaré un si grand nombre d’âmes par leur enseignement infidèle?

Le livre du Deutéronome occupe une place tout à fait distincte dans le volume inspiré. Les paroles par lesquelles il s’ouvre suffisent pour le prouver: «Ce sont ici les paroles que Moïse dit à tout Israël, en deçà du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, vis-à-vis de Suph, entre Paran et Thophel, Laban, Hatséroth, et Di-Zahab» (v. 1).

Les Israélites étaient arrivés sur la rive orientale du Jourdain; ils allaient entrer dans le pays de la promesse. Leur pèlerinage dans le désert était près de finir, comme nous l’apprend le v.3: «Et il arriva, en la quarantième année, au onzième mois, le premier jour du mois, que Moïse parla aux fils d’Israël, selon tout ce que l’Éternel lui avait commandé pour eux».

Ainsi, non seulement nous avons l’époque et le lieu indiqués avec une précision divine, mais nous apprenons encore, par les paroles que nous venons de citer, que les communications faites au peuple dans les plaines de Moab, étaient bien loin d’être une répétition de ce que nous avons trouvé dans nos études des livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres. Le vers. 69 du chap. 28 de notre livre nous en donne encore une preuve évidente «Ce sont là les paroles de l’alliance que l’Éternel commanda à Moïse de faire avec les fils d’Israël dans le pays de Moab, outre l’alliance qu’il avait faite avec eux à Horeb».

Le lecteur remarquera qu’il est question de deux alliances: l’une en Horeb, l’autre au pays de Moab; or nous verrons que cette dernière, loin d’être une répétition de la précédente, en est aussi distincte que possible.

Le livre du Deutéronome a une place qui lui est propre. Le but qu’il se propose est aussi distinct que possible. Du commencement à la fin, il cherche à inculquer la grande leçon de l’obéissance. Et cela, non seulement quant à la lettre, mais dans un esprit d’amour et de crainte, d’une obéissance fondée sur des relations d’intimité, — d’une obéissance stimulée par le sentiment d’obligations morales les plus positives.

Le vieux législateur, le fidèle et bien-aimé serviteur de l’Éternel, allait prendre congé de la congrégation. Il s’en allait au ciel, et les enfants d’Israël étaient sur le point de traverser le Jourdain; — c’est ce qui rend ses dernières exhortations solennelles et touchantes au suprême degré. Il passe en revue toute leur vie dans le désert. Il rappelle les circonstances et les phases de leurs quarante années de pèlerinage, d’une manière bien propre à toucher le cœur. Ces précieux discours possèdent un charme incomparable, résultant autant des circonstances au milieu desquelles ils furent prononcés, que de l’importance de leurs divins sujets. Ils s’adressent à nous avec autant d’à-propos qu’à ceux auxquels ils étaient destinés.

N’en est-il pas ainsi de toute l’Écriture? Ne sommes-nous pas sans cesse frappés de sa merveilleuse puissance d’adaptation à nos propres circonstances et à notre état d’âme? Elle nous parle avec le même à propos et la même fraîcheur que si elle était dictée aujourd’hui même et exprès pour nous. Rien ne ressemble à l’Écriture. Prenez un écrit humain de la même date que le Deutéronome; si vous pouviez trouver un volume quelconque écrit il y a trois mille ans, que verriez-vous? Une relique curieuse de l’antiquité; une chose digne d’être placée au Musée, à côté d’une momie égyptienne, mais n’ayant aucune application à nous ou à notre temps; un document suranné sans utilité pour nous, ne traitant que d’un ordre de choses et d’un état de la société, depuis longtemps passés et tombés dans l’oubli.

La Bible, au contraire, est le Livre du jour présent. C’est le Livre même de Dieu, sa parfaite révélation. C’est sa propre voix, s’adressant à chacun de nous. C’est un livre pour tous les âges, pour toutes les classes, pour toutes les conditions. Elle parle un langage si simple qu’un enfant peut le comprendre, et en même temps si profond que la plus vaste intelligence ne peut l’épuiser. Avant tout, elle va droit au cœur; elle touche les sources les plus cachées de notre être moral; elle nous juge complètement. En un mot, comme nous le dit l’apôtre inspiré, elle est «vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur» (Héb. 4:12).

Remarquez encore l’ampleur merveilleuse de ses conceptions. Elle s’occupe aussi minutieusement des coutumes, des mœurs et des maximes du dix-neuvième siècle de l’ère chrétienne, que de celles des premiers âges de la vie humaine. Elle montre une connaissance parfaite de l’homme à tous les degrés de son histoire. La vie de l’homme, dans toutes les périodes de son développement, est décrite de main de maître dans ce volume admirable que notre Dieu a composé pour notre instruction.

Quel privilège de posséder un tel Livre! d’avoir entre les mains une Révélation divine! de posséder l’histoire, donnée par Dieu, du passé, du présent et de l’avenir!

Mais ce Livre juge l’homme, sa conduite, son cœur. Il lui dit la vérité sur tout ce qui le concerne. Pour cette raison, l’homme n’aime pas le Livre de Dieu. Un homme inconverti préférera de beaucoup un journal ou un roman à la Bible. Il aimera mieux le rapport d’un procès criminel qu’un chapitre du Nouveau Testament.

Pour cette raison aussi, les incrédules ont de tout temps travaillé fort et ferme pour découvrir des imperfections et des contradictions dans les Saintes Écritures. Les ennemis de la Bible ne se trouvent pas seulement dans les classes vulgaires et démoralisées, mais parmi les gens instruits, cultivés, de bonne société. Tout comme il en était du temps des apôtres «de méchants hommes de la populace» et «des femmes de qualité qui servaient Dieu», trouvèrent un point sur lequel ils étaient d’accord, savoir le rejet de la parole de Dieu et de ceux qui la prêchaient fidèlement. (comp. Actes 13:50, avec 17:5). De même, nous voyons des hommes qui diffèrent sur presque tous les autres sujets, être d’accord dans leur opposition positive à la Bible. On laisse les autres livres tranquilles. Les hommes ne se donnent pas la peine de chercher des défauts dans Virgile, Horace, Homère ou Hérodote, mais ils ne peuvent supporter la Bible, parce qu’elle les met à nu et leur dit la vérité sur eux-mêmes et sur le monde auquel ils appartiennent.

N’en fut-il pas exactement de même pour la Parole vivante, le Fils de Dieu, le Seigneur Jésus Christ, quand il était sur la terre? Les hommes le haïssaient, parce qu’il leur disait la vérité. Son ministère, ses paroles, sa conduite, sa vie entière étaient un témoignage contre le monde; de là son opposition amère et persistante. D’autres pouvaient passer tranquillement leur chemin, mais lui était surveillé, épié, persécuté à chaque pas qu’il faisait. Les conducteurs et les docteurs du peuple «cherchaient à l’enlacer dans ses paroles» (Matt. 22:15), afin d’avoir un prétexte pour le livrer au gouverneur. Ainsi en fut-il durant sa vie merveilleuse; puis lorsque l’Être béni fut cloué à la croix entre deux malfaiteurs, on laissa ces derniers en paix; on ne les accabla point d’injures, les principaux sacrificateurs et les gouverneurs ne hochaient pas la tête en se raillant d’eux. Non, toutes les insultes, toutes les moqueries, toutes les paroles cruelles et sans pitié étaient à l’adresse du divin crucifié.

Il est de toute importance que nous comprenions bien d’où provient réellement l’opposition à la parole de Dieu — que ce soit à la Parole vivante ou à la Parole écrite. Le diable hait la parole de Dieu d’une parfaite haine; il se sert des savants incrédules pour écrire des livres destinés à prouver que la Bible n’est pas la parole de Dieu; qu’elle ne saurait l’être, vu qu’il s’y trouve des erreurs et des contradictions, et qu’il y a dans l’Ancien Testament des lois, des institutions, des coutumes et des cérémonies indignes d’un Dieu bon et miséricordieux.

À cette catégorie d’arguments, nous n’avons qu’une courte réponse à faire; de tous ces savants incrédules, nous disons simplement: «Ils n’entendent ni ce qu’ils disent, ni ce sur quoi ils insistent» (1 Tim. 1:7). Il se peut qu’ils soient très instruits, très savants, de profonds philosophes, versés dans la littérature, très compétents pour trancher une question difficile, pour discuter un sujet scientifique. Il se peut encore qu’ils soient très aimables, estimables dans leur vie privée, et respectés au dehors, mais en tant qu’inconvertis et ne possédant pas l’Esprit de Dieu, ils sont parfaitement incapables de porter un jugement à l’égard des Saintes Écritures. Si quelqu’un, ignorant l’astronomie, se permettait de juger les principes du système de Copernic, ces mêmes hommes dont nous parlons, le déclareraient totalement incompétent et dédaigneraient de l’écouter. En un mot, personne n’a le droit d’émettre une opinion sur un sujet qui lui est inconnu. C’est là un principe reconnu de chacun, et par conséquent son application au cas qui nous occupe ne peut pas être mise en question.

L’apôtre nous dit que: «L’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement» (1 Cor. 2:14). Voilà qui est concluant. Il parle de l’homme dans son état naturel, quelque cultivé qu’il puisse être. Il ne parle pas d’une certaine classe d’hommes, mais simplement de l’homme inconverti, de l’homme ne possédant pas l’Esprit de Dieu, de l’homme naturel, que ce soit un savant philosophe ou un pauvre ignorant. «Il ne peut connaître les choses qui sont de l’Esprit de Dieu». Comment donc peut-il porter un jugement sur la parole de Dieu? Comment peut-il se permettre de décider de ce qui est digne de Dieu et de ce qui ne l’est pas? Et s’il a l’audace de le faire, qui devrait l’écouter? Personne. Ses arguments sont sans fondements, ses théories misérables, ses livres de la pauvre maculature. D’après le principe invoqué plus haut, nous écartons la totalité des écrivains rationalistes. Un aveugle, discutant sur l’ombre et la lumière, aurait plus de droit à être écouté, qu’un homme inconverti discutant sur l’inspiration des Écritures. Des savants peuvent, sans doute, être appelés à donner leur opinion sur le sens de tel ou tel passage, mais ceci est tout à fait différent du fait de prononcer un jugement sur la Révélation, que Dieu nous a donnée. Nous maintenons que nul homme ne peut le faire. Ce n’est que par l’Esprit qui a lui-même inspiré les Saintes Écritures, que celles-ci peuvent être comprises et appréciées. Il nous faut recevoir la parole de Dieu sur le pied de sa propre autorité. Si l’homme peut la juger et en raisonner, elle n’est plus du tout la parole de Dieu. Dieu nous a-t-il donné une Révélation, oui ou non? S’il nous l’a donnée, elle doit être parfaite à tous égards et, comme telle, au-dessus de tout jugement humain. L’homme n’est pas plus capable de juger l’Écriture qu’il ne l’est de juger Dieu. C’est l’Écriture qui juge l’homme et non l’homme l’Écriture.

Rien n’est plus méprisable que les livres écrits par les incrédules contre la Bible. Chaque page, chaque ligne prouvent la vérité de ces paroles de l’apôtre: «L’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement» (1 Cor. 2:14). Leur grossière ignorance du sujet qu’ils cherchent à traiter n’est égalée que par leur présomption et leur manque de respect… Les livres humains ont la chance d’un examen impartial; mais quand on s’approche du précieux livre de Dieu avec la certitude préconçue qu’il n’est pas une Révélation divine, c’est parce que l’on a écouté les incrédules, qui nous disent que Dieu ne peut pas nous donner une révélation écrite de sa volonté.

Que c’est étrange: les hommes peuvent nous révéler leurs pensées (et les incrédules l’ont assez fait), mais Dieu ne le pourrait pas! Pourquoi donc Dieu ne pourrait-il pas révéler sa volonté à ses créatures? Pour la seule raison que les incrédules le veulent ainsi! La question posée par le serpent ancien dans le jardin d’Éden, il y a près de six mille ans, a été répétée de siècle en siècle par toute espèce de sceptiques, de rationalistes et d’incrédules: «Quoi, Dieu a dit?» Nous répondons avec bonheur: Oui, béni soit son saint Nom, il a parlé — il nous a parlé. Il a révélé sa volonté; il nous a donné les Saintes Écritures. «Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre». Et encore: «Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Écritures, nous ayons espérance» (2 Tim. 3:16, 17; Rom. 15:4).

Le Seigneur soit béni pour de telles paroles! Elles nous assurent que toute l’Écriture est donnée de Dieu, et que toute l’Écriture nous est donnée. Précieux lien entre l’âme et Dieu! Dieu a parlé — a parlé à nous. Sa Parole est un rocher, contre lequel toutes les vagues de l’incrédulité se brisent dans leur misérable impuissance, le laissant debout dans sa puissance divine et éternelle. Rien ne peut ébranler la parole de Dieu. Toutes les puissances combinées de la terre et de l’enfer ne peuvent l’affaiblir. Elle reste immuable dans sa gloire morale, en dépit de tous les assauts de l’ennemi, siècle après siècle. «Éternel ta Parole est établie à toujours dans les cieux» (Ps. 119:89). Que nous reste-t-il à faire? Simplement ceci: «J’ai caché ta Parole dans mon cœur, afin que je ne pèche pas contre toi» (Ps. 119:11). C’est là le secret de la paix. Le cœur est lié au cœur même de Dieu par le moyen de sa précieuse Parole. Pour celui qui a vraiment appris, par grâce, à croire à la parole de Dieu et à se reposer sur l’autorité de l’Écriture Sainte, tous les livres qui ont jamais été dictés par l’incrédulité sont sans aucune valeur. Ils montrent l’ignorance et la coupable présomption de leurs auteurs; mais quant à l’Écriture ils la laissent ce qu’elle a toujours été et sera toujours: «fondée dans les cieux», aussi ferme que le trône de Dieu1. Les assauts des incrédules ne peuvent ébranler ni le trône de Dieu, ni sa Parole. Béni soit son Nom, ils ne peuvent non plus ébranler la paix qui remplit le cœur de celui qui se repose sur ce fondement inattaquable. «Grande est la paix de ceux qui aiment ta loi, et pour eux il n’y a pas de chute» (Ps. 119:165). «La parole de notre Dieu demeure à toujours» (Ésaïe 40:8). «Or c’est cette parole qui vous a été annoncée» (1 Pierre 1:25).

1 En faisant allusion aux écrivains incrédules, nous devons nous rappeler que les plus dangereux sont ceux qui s’appellent chrétiens. Autrefois, quand on prononçait le mot «incrédule», on pensait immédiatement à Voltaire ou à Paine; maintenant, hélas! ce mot peut s’appliquer à maints docteurs et ministres de l’église professante. Quelle chose effrayante!

Nous avons ici de nouveau le même précieux lien. La Parole qui nous a atteints sous forme de la bonne nouvelle, est la parole de l’Éternel qui subsiste à toujours et, par conséquent, notre paix et notre salut sont aussi stables que la Parole sur laquelle ils sont fondés. Si toute chair est comme l’herbe et toute la gloire de l’homme comme la fleur de l’herbe, alors de quelle valeur seront les arguments des incrédules? Ils n’ont pas plus de valeur que l’herbe séchée ou la fleur fanée, et c’est ce qu’ils reconnaîtront tôt ou tard. Quelle coupable folie que de contester contre la parole de Dieu, contre la seule chose au monde qui puisse donner paix et consolation à de pauvres cœurs fatigués contre cette Parole qui apporte la bonne nouvelle du salut aux pauvres pécheurs perdus, et qui l’apporte de la part de Dieu!

On nous demandera peut-être: «Comment savons-nous que le livre que nous appelons la Bible est bien la parole de Dieu?» question qui a troublé beaucoup d’âmes. Notre réponse est bien simple: Celui qui nous a donné ce livre précieux peut aussi nous donner la certitude qu’il est de Lui. Le même Esprit, qui a inspiré les divers écrivains des Saintes Écritures, peut nous faire comprendre que ces Écritures sont la voix même de Dieu s’adressant à nous. Mais il nous faut l’Esprit pour cela, car, comme nous l’avons déjà vu: «L’homme animai ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement» (1 Cor. 2:14). Si le Saint Esprit ne nous enseigne pas avec certitude que la Bible est la parole de Dieu, aucun homme ou assemblée d’hommes ne pourront le faire, et, d’un autre côté, si l’Esprit nous donne cette assurance bénie, nous n’avons besoin d’aucun témoignage humain.

L’ombre d’un doute sur cette si importante question serait un véritable tourment. Mais qui peut nous donner la certitude? Dieu seul. Si tous les hommes sur la terre étaient d’accord pour reconnaître l’autorité des Saintes Écritures; si tous les conciles qui se sont jamais assemblés, tous les docteurs et tous les pères qui ont enseigné ou écrit en faveur de l’inspiration plénière; si l’Église universelle, c’est-à-dire chaque dénomination de la chrétienté, donnaient leur assentiment à cette vérité que la Bible est vraiment la parole de Dieu en un mot, si nous avions toute l’autorité humaine qu’il soit possible d’avoir par rapport à la divinité de cette Parole, tout cela serait insuffisant comme fondement de certitude, et si notre foi était basée sur une telle autorité, elle serait sans valeur aucune. Dieu seul peut nous donner la certitude qu’il a parlé dans sa Parole, et quand il la donne, tous les arguments, — tous les raisonnements, toutes les chicanes des incrédules anciens et modernes ne sont que comme la fumée qui s’échappe d’un toit, ou la poussière soulevée par le vent. Le vrai croyant les repousse comme autant de choses sans valeur, et se repose en paix sur cette Révélation que notre Dieu a daigné nous donner.

Prenons un exemple. Un père écrit une lettre à son fils à Canton, lettre toute remplie de l’affection et de la tendresse de son cœur de père. Il lui parle de ses affaires et de ses projets, de tout ce qu’il pense pouvoir intéresser le cœur d’un fils — de tout ce que lui suggère son cœur de père. Le fils passe au bureau de poste à Canton pour demander s’il n’y a pas une lettre de son père. Un employé lui répond qu’il n’y a pas de lettre, que son père n’a pas écrit et ne saurait écrire, ne saurait communiquer ses pensées par ce moyen, que c’est folie à lui de le croire. Un autre employé s’avance et lui dit: «Oui, il y a bien ici une lettre pour vous, mais vous ne pourriez la comprendre; elle vous est tout à fait inutile, et même elle ne vous ferait que du mal, car vous n’êtes pas capable de la lire convenablement. Laissez-la entre nos mains, et nous vous en expliquerons les portions que nous considérerons pouvoir vous être utiles». Le premier de ces deux employés représente l’incrédulité, le second la superstition. L’un et l’autre voudraient priver le fils de la lettre si longtemps désirée, des précieuses communications venant du cœur de son père. Mais quelle serait sa réponse à ces indignes employés? Une réponse très brève et allant droit au but, nous pouvons en être certains. Au premier, il dirait: «Je sais que mon père peut me communiquer ses pensées dans une lettre, et qu’il l’a fait». Il dirait au second: «Je sais que mon père peut me faire comprendre sa lettre beaucoup mieux que vous ne le pouvez». Et à tous deux il dirait d’un ton ferme et décidé: «Donnez-moi à l’instant la lettre de mon père; elle m’est adressée et personne n’a le droit de me la refuser».

C’est ainsi qu’un chrétien au cœur simple, devrait répondre à l’audacieuse incrédulité et à l’ignorante superstition, ces deux principaux agents du diable en nos jours: «Mon père m’a communiqué ses pensées, et il peut me faire comprendre ses communications». «Toute Écriture est inspirée de Dieu», et «toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour notre instruction». Réponse admirable à tous les ennemis de la précieuse Révélation de Dieu, qu’ils soient rationalistes ou ritualistes!

Nous ne chercherons pas à nous excuser auprès du lecteur pour cette longue introduction au livre du Deutéronome. Nous sommes trop heureux de cette occasion d’apporter notre faible témoignage à la grande vérité de la divine inspiration des Saintes Écritures. Nous sentons que c’est notre devoir, comme aussi notre grand privilège, d’insister auprès de tous ceux qui nous liront sur l’immense importance, sur l’absolue nécessité d’une entière certitude à cet égard. Nous devons à tout prix maintenir fidèlement l’autorité divine, et par conséquent la suprématie absolue de la parole de Dieu en tous temps, en tous lieux et pour tous les besoins. Nous devons croire que l’Écriture ayant été donnée de Dieu est complète dans le sens le plus élevé et le plus large de ce mot; qu’elle n’a pas besoin d’une autorité humaine pour l’accréditer, ni d’une voix humaine pour la vanter; elle parle pour elle-même et se recommande elle-même. Tout ce que nous avons à faire c’est de croire et d’obéir, non de raisonner ou de discuter. Dieu a parlé; notre devoir est d’écouter et de lui accorder une respectueuse et implicite obéissance.

C’est là le grand point fondamental du livre du Deutéronome, comme nous le verrons par la suite de notre étude; et il n’y a jamais eu dans l’histoire de l’Église de Dieu, un moment où il fût plus urgent d’insister auprès de la conscience humaine sur la nécessité d’une obéissance implicite à la parole de Dieu. Hélas! elle ne se fait que peu sentir. La plupart des chrétiens professants semblent croire qu’ils ont le droit de penser par eux-mêmes; de suivre leur propre raison, leur propre jugement ou leur conscience. Ils ne croient pas que la Bible soit un livre-indicateur, divin et universel. Ils pensent que, dans beaucoup de choses, il nous est permis de choisir nous-mêmes. De là les innombrables partis, sectes, confessions et écoles théologiques. Si l’on accorde l’autorité aux opinions humaines, alors il va sans dire qu’un homme a autant de droit qu’un autre à penser ce qu’il veut; et c’est ainsi que l’église professante est devenue un proverbe et un synonyme de division.

Quel est le souverain remède pour ce mal si largement répandu? C’est une soumission absolue et complète à l’autorité de l’Écriture Sainte. Ce n’est pas l’homme allant à l’Écriture, afin de voir ses opinions et ses idées confirmées; c’est l’homme allant à l’Écriture pour y trouver les pensées de Dieu sur toutes choses, et inclinant tout son être moral devant l’autorité divine. Tel est le besoin pressant de l’époque actuelle. Il y aura sans doute des divergences dans nos appréciations ou nos explications des Écritures; mais ce sur quoi nous insistons tout particulièrement auprès de tous les chrétiens, c’est l’attitude du cœur, exprimée dans ces précieuses paroles du Psalmiste: «J’ai caché ta Parole dans mon cœur, afin que je ne pèche pas contre toi» (Ps. 119:11). Nous pouvons être sûrs que cela est agréable à Dieu, car il dit «C’est à celui-ci que je regarderai à l’affligé et à celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à ma parole» (Ésaïe 66:2).

C’est là le secret de toute sécurité morale. Notre connaissance des Écritures peut être fort limitée, mais si notre respect pour elles est profond, nous serons préservés de mille erreurs et nous croîtrons dans la connaissance de Dieu, de Christ et de la Parole écrite. Nous puiserons avec bonheur à ces sources vives et inépuisables, et nous nous promènerons avec, ravissement dans ces verts pâturages, que la grâce ouvre si généreusement au troupeau de Christ. C’est ainsi que la vie divine sera entretenue et fortifiée; la parole de Dieu deviendra de plus en plus précieuse à nos âmes, et le puissant ministère du Saint Esprit nous en fera connaître toujours mieux la profondeur, la plénitude, la majesté et la gloire morale. Nous serons entièrement délivrés des influences desséchantes des systèmes théologiques quels qu’ils soient! Nous pourrons dire aux promoteurs de toutes les écoles de théologie sous le soleil, que quels que soient les éléments de vérité qu’ils puissent trouver dans leurs systèmes, nous lés possédons avec une perfection divine dans la parole de Dieu; ni tordus, ni tourmentés, afin de les faire entrer dans un système, mais étant tous à leur vraie place dans le vaste cercle de la révélation divine, dont le centre éternel est la personne bénie de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.