Daniel

Chapitre 11

Maintenant nous trouvons un tableau rapide de ce qui doit arriver à Israël aux derniers jours. La personne qui parle est la même ici qu’au chapitre 10. «Et moi, dans la première année de Darius, le Mède, je me tins là pour l’aider et le fortifier. Et maintenant, je te déclarerai la vérité: Voici, il s’élèvera encore trois rois en Perse». C’est la succession des monarques perses depuis Cyrus qui nous est donnée là. L’Écriture nous montre qui ils sont, quoique leurs noms ne soient pas mentionnés ici. On peut voir Esdras 4, où ces mêmes trois rois sont mentionnés. En Esdras 4, c’est à l’occasion des efforts que firent les ennemis d’Israël pour arrêter la construction du temple: «Et ils soudoyèrent contre eux des conseillers pour faire échouer leur plan, durant tous les jours de Cyrus, roi de Perse, et jusqu’au règne de Darius, roi de Perse» (v. 5). Or, pour comprendre ce chapitre, il faut vous souvenir que depuis le verset sixième jusqu’à la fin du verset 23, c’est une parenthèse. Le commencement et la fin du chapitre sont relatifs aux événements qui se passèrent sous le règne de Darius. Mais l’Esprit de Dieu revient en arrière, pour faire voir que ces ennemis d’Israël avaient fait depuis les jours de Cyrus jusqu’à ceux de Darius. Par conséquent, dans la parenthèse formée des versets 6 à 23 inclus, vous avez les différents monarques qui s’étaient succédé entre Cyrus et Darius, et que les adversaires avaient cherché à influencer. «Sous le règne d’Assuérus» (c’est-à-dire, le successeur de Cyrus, appelé Cambyse dans l’histoire profane), «au commencement de son règne, ils écrivirent une accusation contre les habitants de Juda et de Jérusalem». Puis vient le nom du roi suivant: «Et aux jours d’Artaxerxès, Bishlam, etc.». C’est un personnage différent de l’Artaxerxès mentionné en Néhémie; il vécut plus tard et l’histoire profane le nomme Smerdis le Mage; il acquit la couronne pour un certain temps, par de mauvais moyens, et prêta l’oreille aux accusations portées contre les Juifs. Cet usurpateur fut mis à mort lors d’une conspiration ayant à sa tête Darius, non pas le Mède dont parle Daniel, mais le Perse dont parle le livre d’Esdras. Son nom dans l’histoire est Darius Histaspe. Il suit immédiatement les deux qui précèdent, en sorte que ces trois rois mentionnés en Esdras 4 correspondent exactement aux trois de Daniel 11:2. C’est ainsi qu’une partie de l’Écriture jette de la lumière sur une autre, sans qu’il soit du tout nécessaire de faire appel au domaine des écrits des hommes.

«Voici, il s’élèvera encore trois rois en Perse» ce sont ceux qui succédèrent à Cyrus et qui sont nommés dans l’Écriture comme nous l’avons vu: Assuérus, Artaxerxès et Darius, et dans l’histoire profane, Cambyse, Smerdis le Mage et Darius Histaspe. «Et le quatrième deviendra riche de grandes richesses plus que tous, et quand il sera devenu fort par ses richesses, il excitera tout contre le royaume de Javan». Il s’agit là du célèbre Xerxès, qui souleva tout le monde contre la Grèce. Ceci confirme une idée émise à l’occasion d’une vision précédente, que l’attaque furieuse du bouc contre la Perse était une action de représailles contre l’attaque des Perses sur la Grèce. Xerxès fut l’auteur de cette grande entreprise. Ses richesses sont devenues proverbiales, et nul événement ne fit alors sur le monde une impression aussi profonde que cette expédition contre la Grèce, et les conséquences qui en résultèrent.

Ensuite au verset 3, la Perse, le bélier du chapitre 8, est laissée là, et nous trouvons le bouc de ce même chapitre, ou plutôt sa corne. «Et un roi vaillant se lèvera et exercera une grande domination, et il agira selon son bon plaisir». C’est là Alexandre. «Et quand il se sera levé, son royaume sera brisé et sera divisé vers les quatre vents des cieux» — cela fut réalisé à sa mort: l’empire Grec éclata en morceaux — «… et ne passera pas à sa postérité, et ne sera pas selon la domination qu’il exerçait; car son royaume sera arraché, et sera à d’autres, outre ceux-là». Il ne devait pas y avoir un chef unique se débarrassant de la famille d’Alexandre et s’emparant de ce qu’il possédait. Ce royaume devait être divisé en plusieurs parties, essentiellement quatre, et deux d’entre ces quatre vont avoir une immense importance. Mais qu’est-ce qui constitue ici leur principale importance? Lorsque Dieu parle des choses qui ont lieu sur la terre, Il les mesure toujours d’après Israël, parce qu’Israël est Son centre relativement à la terre.

De là vient que les puissances qui ont à faire avec Israël sont celles qui ont de l’importance aux yeux de Dieu. Telle est la raison pour laquelle il n’est rien dit des autres royaumes, mais seulement de ceux du nord et du midi. Et pourquoi sont-ils ainsi désignés? La Palestine est le point de référence pour Dieu. L’expression roi du nord désigne le nord du pays sur lequel Dieu arrête Ses regards, et la puissance du sud désigne le sud de cette même Palestine. On nomme communément ces pays la Syrie et l’Égypte. Ce sont les deux pays dont il est constamment question dans ce chapitre, les deux autres divisions de l’empire d’Alexandre étant mises de côté. La prophétie ne regarde que ceux qui ont eu à faire avec Israël. Il nous est dit maintenant que «le roi du midi sera fort» — c’est le personnage bien connu comme un des Ptolémées ou Lagides — «et un de ses chefs;» (c’est-à-dire, un des généraux d’Alexandre) «mais un autre sera plus fort que lui, et dominera; sa domination sera une grande domination». Celui-ci est une autre personne, le premier roi du nord qui s’élève en force au-dessus de Ptolémée. L’histoire profane le nomme Séleucus. Dans l’histoire des Macchabées, il est souvent question des descendants de ces deux personnages et de leurs querelles, et on y trouve des récits détaillés des transactions prédites dans ce chapitre; mais les quelques paroles que Dieu nous en dit, sont infiniment plus pertinentes que les longs récits de l’homme.

Mais voyons un peu quelques-uns de ces événements. «Et au bout de plusieurs années, ils [c’est-à-dire les rois du nord et du midi] s’uniront ensemble; et la fille du roi du midi viendra vers le roi du nord pour faire un arrangement droit». Une remarque avant d’aller plus loin: ce n’est pas le même roi du nord, ni le même roi du midi que nous rencontrons tout au long de ce chapitre, mais c’est un bon nombre de ceux qui se sont succédés. C’est toujours le même titre officiel qui continue d’un bout à l’autre. C’est comme on s’exprime en langage juridique: Le roi, ou la reine, ne meurt jamais. C’est de cette même manière que nous devons voir ces termes ici. Ce verset 6 en est un exemple. «Et au bout de plusieurs années, ils s’uniront ensemble». Il ne s’agit pas des mêmes rois du nord et du midi qu’au verset 5, mais de leurs descendants. «Au bout de plusieurs années, ils s’uniront ensemble; et la fille du roi du midi viendra vers le roi du nord pour faire un arrangement droit». Ils ne font pas seulement une alliance, mais un mariage entre leurs familles. «Mais elle ne conservera pas la force de son bras». La tentative d’établir une entente cordiale entre la Syrie et l’Égypte au moyen d’un mariage est un échec. Il va sans dire que l’histoire le confirme exactement. Il y a eu un tel mariage, et le roi du nord se débarrassa même de sa première femme afin d’épouser la fille du roi du midi. Mais les affaires n’en devinrent que beaucoup plus mauvaises. Ils avaient espéré terminer leurs guerres sanglantes, mais en réalité ils posèrent la base d’une rancune mutuelle infiniment plus profonde. Selon ce que nous lisons ici: «Mais elle ne conservera pas la force de son bras; et il ne subsistera pas, ni son bras; et elle sera livrée, elle, et ceux qui l’ont amenée, et celui qui l’a engendrée, et celui qui lui aidait dans ces temps-là. Mais d’un rejeton de ses racines se lèvera à sa place un homme, et il viendra à l’armée, et il entrera dans la forteresse du roi du nord; et il agira contre eux et se montrera puissant». Ce n’était pas son enfant, mais son frère, de la même lignée qu’elle. Elle était une branche, et lui une autre. Le frère de cette Bérénice, fille du roi d’Égypte, vient venger le meurtre de sa sœur, et prévaut sur le roi du nord. Ce qui suit confirme l’explication que nous avons donnée sur ce qu’il faut entendre par le royaume du midi. «Et même il emmènera captifs, en Égypte, leurs dieux et leurs princes, avec leurs objets précieux, l’argent et l’or; et il subsistera plus d’années que le roi du nord. Et celui-ci viendra dans le royaume du roi du midi et il retournera dans son pays». Nous voyons l’Égypte triompher un certain temps, mais le vent favorable tourne bientôt. «Mais ses fils s’irriteront et rassembleront une multitude de forces nombreuses; et l’un d’eux (l’autre a disparu) viendra et inondera et passera outre; et il reviendra et poussera le combat jusqu’à sa forteresse. Et le roi du midi s’exaspérera». Vient maintenant une autre guerre postérieure, quand le roi du midi rend le coup du roi du nord. «Et le roi du midi … sortira, et fera la guerre contre lui, contre le roi du nord; et celui-ci mettra sur pied une grand multitude, mais la multitude sera livrée en sa main». L’Esprit de Dieu se réfère ici, à plusieurs faits remarquables. Les deux principaux acteurs sont les rois de Syrie et d’Égypte. Le pays d’Israël situé entre eux deux est un fardeau pesant pour ces rois qui en font leur champ de bataille, ce pays revenant toujours en la possession du vainqueur. Si le roi du nord était victorieux, la Palestine était soumise à la Syrie, et vice-versa si le roi d’Égypte l’emportait. Mais Dieu ne laissait jamais en repos ceux qui s’emparaient de Son pays. Ils peuvent conclure des mariages et des alliances, mais cela se révélait n’être que le prélude à de nouvelles explosions plus graves — les frères, les fils, les petits-fils, reprenant les querelles de leurs parents. «L’Écriture ne peut être anéantie» (Jean 10:35). Tout était là clairement exposé d’avance.

«Et quand la multitude sera ôtée, son cœur s’exaltera, et il fera tomber des myriades; mais il ne prévaudra pas». Puis nous voyons que le roi du nord «reviendra et mettra sur pied une multitude plus grande que la première; et au bout d’une période d’années, il s’avancera avec une armée nombreuse et de grandes richesses. Et, dans ces temps-là, plusieurs se lèveront contre le roi du midi, et les violents de ton peuple s’élèveront pour accomplir la vision». Permettez-moi d’attirer l’attention sur ces mots. Ils règlent d’un coup la question qu’on pouvait se poser: comment savez-vous que le peuple de Daniel ne signifie point le peuple de Dieu dans un sens spirituel? La réponse se trouve dans ces mots: «les violents de ton peuple». Ceci élimine l’argument tendant à donner un sens spirituel; car dans ce cas, il serait difficile de parler d’hommes violents (version anglaise: voleurs). Cela confirme qu’il n’est point besoin de preuves complémentaires, — que le peuple de Daniel [«ton peuple»] signifie le peuple juif, et rien d’autre. Nous apprenons ici que certains Juifs sont en relation avec un de ces rois du nord qui font la guerre. Ils sont appelés «les violents de ton peuple» et prennent le parti d’Antiochus, le roi du nord, contre Ptolémée Philopator, ou plutôt son fils; mais ils sont tous anéantis. Le monarque syrien pouvait nourrir l’espoir que par l’introduction de ce nouvel élément, en gagnant l’appui des Juifs, Dieu serait avec lui. Mais non. Ils étaient les violents du peuple, — infidèles à Dieu et ne maintenant point ferme leur séparation d’avec les Gentils. Il se peut qu’eux aussi pensent confirmer la vision, «mais ils tomberont».

Et le roi du nord viendra, et il élèvera une terrasse, et s’emparera de la ville forte; et les forces du midi ne tiendront pas, ni l’élite de son peuple; et il n’y aura pas de force en lui pour se maintenir. Mais celui qui vient contre lui agira selon son gré (c’est le roi du nord), et il n’y aura personne qui lui résiste; et il se tiendra dans le pays de beauté, ayant la destruction dans sa main». Une autre chose remarquable qui nous est présentée là, c’est de voir l’importance que l’Esprit de Dieu donne à cette petite bande de terre — le territoire de la Palestine. C’était le don de Dieu au peuple de Dieu. Aussi déplorable que soit sa condition, c’est encore le pays de beauté (11:41, 45). Dieu ne se repent pas de ses desseins. «Il choisira encore Israël, et les établira en repos sur leur terre» (És. 14:1). Et si, lorsqu’il est question de Ses desseins terrestres, Dieu tient à eux d’une pareille manière en dépit de tous les obstacles, que ne fera-t-il pas pour Son peuple céleste? Qui pourrait douter qu’Il les amène dans la gloire céleste avec Christ?

«Et il dirigera sa face pour venir avec les forces de tout son royaume, et des hommes droits avec lui, et il agira; et il lui donnera la fille des femmes pour la pervertir; mais elle ne tiendra pas, et elle ne sera pas pour lui». C’est là une autre tentative de mariage, mais en sens inverse de la première fois. Maintenant ce n’est pas la fille du roi du midi qui vient vers le roi du nord, mais c’est le roi du nord qui donne sa fille Cléopâtre au roi du midi, dans l’espérance qu’elle maintiendra l’influence de la Syrie à la cour d’Égypte. C’est ce que signifient les paroles «pour la pervertir», parce que c’était évidemment contraire à l’essence même du lien du mariage: c’était une tentative de son père de s’en servir à des fins politiques. «Mais elle ne tiendra pas, et elle ne sera pas pour lui». Les raisons d’état aussi bien que les secrets intimes de leurs cœurs, tous sont dévoilés ici.

Il y a une autre honte, qui n’est pas connue de Dieu seulement, mais qui est révélée à ses serviteurs. «Et il tournera sa face vers les îles, et il en prendra beaucoup. Mais un chef mettra fin, pour lui, à son opprobre, et le fera retomber sur lui-même, sans opprobre pour lui». C’est-à-dire qu’Antiochus intervient dans les affaires de la Grèce, et prend plusieurs îles; mais cet autre chef agissant «pour lui», reprend la lutte contre le roi du nord. Voici l’entrée en scène d’une nouvelle puissance — la première allusion aux Romains. Ce chef qui vient pour lui-même contre le roi du nord, désigne un consul romain. Il ne lui permet pas de toucher la Grèce. Ce fut l’un des Scipions qui intervint ainsi. «Et il tournera sa face vers les forteresses de son propre pays; et il bronchera et tombera, et ne sera pas trouvé». Il est obligé de retourner en Syrie, mais il heurtera et sera renversé.

«Puis il s’en élèvera un à sa place qui fera passer l’exacteur par la gloire du royaume». Les Romains, qui avaient défait le père, obligèrent le fils à payer un lourd tribut annuel. C’est tout ce que fit ce pauvre homme durant sa vie. «Mais en quelques jours il sera brisé, non par colère, ni par guerre». Il fut tué par un de ses propres fils. «Et un homme méprisé s’élèvera à sa place, auquel on ne donnera pas l’honneur du royaume; mais il entrera paisiblement, et prendra possession du royaume par des flatteries; et les forces qui débordent seront débordées devant lui et seront brisées, et même le prince de l’alliance. Et dès qu’il se sera associé à lui, il agira avec fraude, et il montera, et sera fort avec peu de gens». C’est ici l’homme qui typifie le dernier roi du nord, appelé dans l’histoire profane Antiochus Épiphane. Son caractère moral était abominable, mais il est très connu pour ses interventions au milieu des Juifs, d’abord par le moyen de la flatterie et de la corruption, et ensuite par la violence. C’est sur lui que l’Esprit de Dieu s’arrête le plus, parce que c’est lui qui a été le plus mêlé aux affaires d’Israël, du pays de beauté et du sanctuaire. Ce fut lui qui imposa de force l’idolâtrie dans le temple lui-même, en établissant une statue devant être adorée, dans le lieu Très-saint. Voilà ce qui lui donne de l’importance. Autrement il fut un homme peu connu, sauf pour sa méchanceté hardie. Rien de plus simple: son histoire consiste d’une part en intrigues, d’abord contre le roi du nord, et ensuite contre les Juifs; et d’autre part en diverses expéditions qui ont commencé par quelques succès, mais finalement il fut complètement défait. «En pleine paix il entrera dans les lieux les plus riches de la province, et il fera ce que ses pères et les pères de ses pères n’ont pas fait...Et il réveillera sa puissance et son cœur contre le roi du midi, avec une grande armée. Et le roi du midi s’engagera dans la guerre avec une très puissante armée. Mais il ne tiendra pas». Ces rois se rencontrent et font des plans l’un contre l’autre; mais tout est en vain. «Et ces deux rois auront à cœur de faire du mal, et diront des mensonges à une même table; mais cela ne réussira pas, car la fin sera encore pour le temps déterminé. Et il retournera dans son pays avec de grandes richesses, et son cœur sera contre la sainte alliance, et il agira, et retournera dans son pays (c’est-à-dire dans le nord). Au temps déterminé il retournera et viendra dans le midi; mais il n’en sera pas la dernière fois comme la première». Suivent alors d’autres détails.

«Car les navires de Kittim viendront contre lui». Ce sont ces infatigables Romains qui reviennent. Ils avaient arrêté son père quand il avait attaqué la Grèce; et voilà son fils avec la main sur la gorge de sa proie, mais le consul romain vient et lui défend sur le champ de rien faire de plus. Il est assez connu que le roi rusé cherchant à gagner du temps pour échapper, le consul traça un cercle autour de lui, et exigea la réponse avant de l’en laisser sortir. Le roi fut obligé de la donner, et ce fut le coup de mort de toute sa politique. Il rentra chez lui, misérable et défait, vexé et furieux, quoique gardant une humble apparence en présence des Romains. Il s’en va donc déverser la colère de son cœur sur les Juifs, selon ces paroles: «et il sera découragé, et retournera et sera courroucé contre la sainte alliance, et il agira; et il retournera et portera son attention sur ceux qui abandonnent la sainte alliance». Tout pauvres que fussent les Juifs, ils étaient les témoins pour Dieu sur la terre, et Antiochus se hâte de verser sa fureur sur ce qui portait un témoignage pour Dieu parmi eux. Ce fut sa ruine et cela attira la vengeance de Dieu sur lui. «Et il retournera et portera son attention sur ceux qui abandonnent la sainte alliance», c’est-à-dire les apostats d’entre les Juifs. «Et des forces se tiendront là de sa part, et elles profaneront le sanctuaire de la forteresse, et ôteront le sacrifice continuel, et elles placeront l’abomination qui cause la désolation». Il abolira le service juif, et établira une idole, «l’abomination qui cause la désolation» dans le temple de Jérusalem. C’est une erreur de supposer que cela se passe aux derniers jours. C’est seulement un type de ce qui aura lieu alors. La dernière partie du chapitre et le chapitre suivant, traitent du dernier jour dans le plein sens du terme. Mais nous avons ici le point de transition entre ce qui est passé et ce qui est futur.

Nous suivons l’ordre historique régulier jusqu’à Antiochus Épiphane, et là nous trouvons une grande discontinuité. L’Écriture elle-même l’indique. Mais Antiochus fit à petite échelle ce que le grand roi du nord du dernier jour fera à grande échelle. Il est dit, verset 35... «jusqu’au temps de la fin; car ce sera encore pour le temps déterminé». Dieu s’arrête là, comme s’il disait: Je suis arrivé à l’homme qui vous montre en type ce qui vous arrivera aux derniers jours; et c’est la raison pour laquelle Il insiste fortement sur ce roi, leur exposant l’extrême méchanceté de son cœur et de sa conduite. L’Esprit coupe court alors au cours de l’histoire, et nous plonge d’un coup sur la scène finale. Laissons l’étude de ce point pour plus tard. Ce que nous venons de voir, prouve que quelque que soient les grandes lignes des événements, Dieu peut donner et donne quelquefois, dans une prophétie, des détails singulièrement minutieux, et Il ne le fait nulle part autant que dans ce chapitre. Et quelle est la grande objection que les incrédules soulèvent contre lui? Qu’il doit avoir été écrit postérieurement aux événements! Il est sûr qu’aucun historien depuis lors ne nous a donné sur ces temps un récit aussi admirable que celui que nous avons dans ces quelques versets. Si j’ai besoin de connaître l’histoire de ces deux monarchies en lutte, la Syrie et l’Égypte, c’est ici qu’il faut chercher. Combien nous pouvons nous confier entièrement pour toute chose dans la parole de Dieu! Ce peut être une exception à Sa règle générale de s’appesantir sur ces rois du nord et du midi, mais c’est ainsi qu’Il fait quelquefois. La grande chose dont il prend soin, ce sont les âmes de Son peuple. Puissent nos cœurs répondre à l’intérêt qu’il nous porte.

À partir du verset 21, nous avons vu l’histoire du roi du nord, connu sous le nom d’Antiochus Épiphane. L’Esprit de Dieu est entré à son sujet dans beaucoup plus de détails, parce que, comme ce roi s’était mêlé des affaires des Juifs, de leur ville et de leur sanctuaire, particulièrement sur la fin de son règne, sa conduite fournissait l’occasion de donner un type du dernier roi du nord; celui-ci suivra les traces de son prédécesseur, sauf que son crime sera incomparablement plus grand aux yeux de Dieu — si flagrant même, que son jugement ne pourra plus tarder. Ceci explique une circonstance qui a souvent embarrassé ceux qui étudient la prophétie de Daniel. Il est question, dans l’histoire prophétique d’Antiochus, d’une abomination de désolation (11:31), et on a supposé généralement que c’est ce à quoi notre Seigneur fait allusion en Matthieu 24:15. Ceux qui placent dans l’avenir l’accomplissement de cette abomination ont cherché à le concilier avec les faits, en faisant la supposition que, dans l’histoire d’Antiochus, l’Esprit de Dieu avait bifurqué vers le personnage futur qu’Antiochus représente. Mais à mon avis il n’est pas nécessaire de recourir à quelque chose d’aussi peu naturel. Antiochus Épiphane n’était qu’un type, et le verset 31 ne va point au delà de son histoire, sauf en tant que figure d’un événement futur.

En d’autres termes, jusqu’à la fin du verset 31, tout est strictement historique —type de l’avenir, bien sûr, mais rien de plus. Et c’est pourquoi la réponse à la difficulté que certains trouvent dans la citation que notre Seigneur fait (selon ce qu’ils supposent) de Daniel 11:31, est en réalité aussi claire que possible. Il ne cite point ce verset-là. Le passage auquel Il fait allusion est dans le chapitre 12. Au chapitre 12:11, on trouve une expression pareille à celle que nous avons ici: «Et depuis le temps où le sacrifice continuel sera ôté et où l’abomination qui désole sera placée, il y aura 1290 jours». Nous avons là une date précise qui fait la relation entre l’établissement de l’abomination de la désolation et la délivrance prédite par notre Seigneur en Matthieu 24; et précisément la grande détresse de Jacob est ce qui précède sa délivrance.

Il y a d’autres raisons encore pour penser que c’est ce passage de Daniel 12 que cite notre Seigneur. Quelques-unes tiennent à des considérations qui sont plus du ressort de l’étude que du ministère public de la Parole. Mais le point clé est que les expressions employées par le Saint Esprit au chapitre 11:31 et au chapitre 12:11 sont différentes. Au chapitre 11:31, les termes signifient l’abomination de celui qui désole, ou du désolateur: tandis qu’au chapitre 12:11, la véritable signification est celle qui est donnée par les paroles de notre Seigneur — non pas l’abomination de celui qui rend désolé, mais «l’abomination de la désolation». Ce sont donc deux phrases distinctes. Même si elles se ressemblent, il y a une différence; et celle-ci suffit pour montrer que notre Seigneur ne parlait pas de l’abomination érigée par Antiochus, mais de celle mentionnée au chapitre 12. Il n’y a donc pas réellement de difficulté à lever; parce que la désolation dont il s’agit au chapitre 11 est passée, tandis que celle du chapitre 12, sur laquelle notre Seigneur attire l’attention, est future.

D’autres considérations encore prouvent la même chose. Les versets qui suivent, par exemple, présentent un état de choses différent de celui qui existera lors de la tribulation future d’Israël. «Et, par de douces paroles, il entraînera à l’impiété ceux qui agissent méchamment à l’égard de l’alliance; mais le peuple qui connaît son Dieu sera fort et agira» [version anglaise: «fera des exploits»]. Or, nous voyons d’après l’Apocalypse et d’autres parties de l’Écriture qui traitent de l’avenir d’Israël, qu’il peut difficilement être dit du résidu fidèle qu’il «agira». Il aura à souffrir; mais je ne pense point que des actes de puissance caractérisent les personnes bénies, appelées à passer par la crise terrible à venir. Aux jours d’Antiochus, il ne s’agissait pas tant de souffrir que «d’être fort et d’agir» — précisément ce qui fut vrai des Macchabées et d’autres qui, incontestablement, furent moins une troupe de martyrs qu’un corps d’hommes excitant le courage d’Israël et résistant au fléau cruel et profane de l’époque. Puis, voici d’autres paroles: «Et les sages du peuple enseigneront la multitude; et ils tomberont par l’épée et par la flamme, par la captivité et par le pillage, plusieurs jours». Une longue période, remarquez-le de souffrance et de trouble succède à l’explosion de courage et de prouesses qui a lieu contre le désolateur, et cela continue encore dans les versets suivants. «Et quand ils tomberont, ils seront secourus avec un peu de secours, et plusieurs se joindront à eux par des flatteries. Et d’entre les sages il en tombera pour les éprouver ainsi, et pour les purifier, et pour les blanchir, jusqu’au temps de la fin; car ce sera encore pour le temps déterminé». Ces paroles montrent clairement que ces choses se passent avant le temps de la fin. L’Esprit de Dieu se réfère ici à ce qui a déjà eu lieu. En conséquence nous trouvons le tableau du terrible désastre qui va «jusqu’au temps de la fin» comme il est écrit.

J’en conclus que l’Esprit de Dieu fait ressortir la désolation qui atteignit alors le peuple d’Israël, et la souillure du sanctuaire, dont se rendirent coupables Antiochus ou ses généraux. Tout cela dépeint vivement les circonstances des derniers jours; mais en même temps, il est ajouté d’autres circonstances auxquelles on ne doit pas s’attendre pour ces jours-là. Autrement dit, nous arrivons ici à ce que l’on peut appeler la longue et triste période en blanc qui sépare l’histoire passée d’Israël, et ses luttes dans son pays contre les agresseurs voisins, d’avec la grande crise des derniers jours. C’est ici le point où il y a la vraie discontinuité. Certains désastres devaient continuer «jusqu’au temps de la fin; car ce sera encore pour le temps déterminé». Il n’y a pas d’endroit dans le chapitre où la discontinuité de l’histoire se place mieux qu’après le verset 35.

Mais maintenant, au verset 36, nous avons un personnage introduit abruptement sur la scène. Il ne nous est pas dit ni qui il est, ni d’où il vient; mais le caractère qui lui est donné, le cadre qu’il occupe, l’histoire à laquelle l’Esprit de Dieu le lie, — tout annonce, trop clairement, que c’est le roi terrible qui s’établira lui-même dans le pays d’Israël, en opposition personnelle avec le Messie d’Israël, le Seigneur qui vient. C’est de lui que notre Seigneur parlait aux Juifs, quand il leur disait, que s’ils le rejetaient, Lui qui était venu au nom de son Père, ils en recevraient un autre qui viendrait en son propre nom. Et ce n’est pas non plus le seul passage de l’Écriture où ce même faux Christ, ou plutôt cet Antichrist (car il y a une différence entre ces termes) soit désigné comme «le roi». Non seulement il lui est fait allusion plusieurs fois sous d’autres épithètes, mais dans la plus vaste et la plus complète des prophéties de l’Écriture, celle d’Ésaïe, il est introduit comme en Daniel, par l’expression «le roi», comme si chacun connaissait immédiatement de qui il s’agit. En Ésaïe 30, il est parlé d’un ennemi d’Israël appelé l’Assyrien. Sans doute, en regardant à l’histoire passée, Sankhérib a été en ce temps-là le grand chef de cet ennemi. Mais il ne fait que fournir à l’Esprit de Dieu l’occasion de révéler l’adversaire futur et final d’Israël. Sa chute nous est présentée ici: «Car, par la voix de l’Éternel, Assur sera renversé; il le frappera de sa verge; et partout où passera le bâton ordonné que l’Éternel appesantira sur lui, ce sera avec des tambourins et des harpes; et par des batailles tumultueuses il lui fera la guerre» (És. 30:31-32). À l’issue de cette victoire, la joie éclatera en Israël: au lieu du cortège de douleurs que la plupart des victoires amènent avec elles, celle-là sera suivie d’une joie sans mélange devant l’Éternel. Ce sera «avec des tambourins et des harpes». Pour l’ennemi, la misère sera en proportion correspondante. Mais quelque chose de plus terrible et plus interminable qu’une destruction temporelle tombera sur cet ennemi orgueilleux: «Car Topheth est préparé depuis longtemps: pour le roi aussi il est préparé. Il l’a fait profond et large; son bûcher est du feu et beaucoup de bois: le souffle de l’Éternel, comme un torrent de soufre, l’allume» (És. 30:33). La manière de traduire ce verset peut laisser une obscurité singulière remarquée par un autre [la version anglaise ne contient pas le mot «aussi» dans ce v. 33]. À première vue, il semblerait que l’Assyrien et «le roi» sont la même personne. Voici la vraie manière de rendre l’original: «Pour le roi aussi, il est préparé» — c’est-à-dire, Topheth est préparé pour l’Assyrien, mais de plus, pour LE ROI aussi; précisément, comme dans notre passage de Daniel, nous trouvons d’un côté l’Assyrien, ou roi du nord, — et d’un autre côté «le roi». Le même sort effrayant les attend tous les deux.

Mais je n’y fais allusion maintenant que pour montrer que l’expression «le roi» n’est pas unique dans l’Écriture, et qu’elle s’applique à un personnage notoirement connu, que la prophétie enseignait les Juifs à attendre. Dieu, dans une juste rétribution du rejet du vrai Christ, les abandonnera et les laissera recevoir l’Antichrist. C’est là «le roi». Il s’arrogera les droits royaux du vrai roi, l’Oint de Dieu. Topheth a été préparé pour le roi du nord, et aussi pour «le roi».

Mais il y a encore d’autres passages. En Ésaïe 57, il est introduit d’une manière aussi inattendue. Le chapitre 57 nous montre l’état d’iniquité effrayant qui se trouvera alors en Israël. Et dans ce jour-là, Dieu ne voudra plus supporter autre chose que la réalité. Les formes de la piété, servant de voile à l’impureté et l’impiété céderont la place à l’apostasie. C’est là que «le roi» nous est soudainement présenté (57:9). «Et tu t’es rendue auprès du roi avec de l’huile, et tu as multiplié tes parfums; et tu as envoyé tes messagers au loin, et tu t’es dégradée jusque dans le shéol». Avoir à faire avec lui, c’était s’abaisser jusqu’au shéol. Rien d’étonnant que Topheth fût préparé «aussi pour le roi». Ceci montre d’abord que l’Esprit de Dieu amène les pensées d’Israël à attendre le règne d’un inique dans les derniers jours, et qu’il est appelé «le roi».

Ceci nous fournit en même temps une clé d’accès très importante pour Daniel 11. Nous sommes arrivés au temps de la fin. L’intervalle de discontinuité est refermé, la longue et sombre nuit de la dispersion d’Israël est bien près d’être finie. Les Juifs se trouvent dans le pays. Mais dans quelle condition? Est-ce sous Christ qu’ils y sont? Hélas! avant qu’il en soit ainsi, il faut qu’il s’y passe une autre scène terrible. «Le roi» dont nous venons de lire quelque chose, se trouve là, et sa conduite est juste celle que nous pouvions attendre d’après les indications du Saint Esprit. «Le roi agira selon son bon plaisir». Ah! en est-il parmi nous qui sachent suffisamment combien c’est une chose terrible que de faire sa propre volonté? Voici l’aboutissement de la propre volonté. Dès le commencement, ce fut le premier grand trait caractéristique du péché. C’est ce que fit Adam, et sa chute et la ruine du monde en furent le résultat immédiat. Ici nous voyons un personnage qui en ce jour-là, peut sembler être le plus élevé et le plus influent des hommes. Mais il agit «selon son bon plaisir», et il ne saurait y avoir rien de pire.

Lisons-nous une histoire pareille sans en tirer un profit moral pour nos âmes? Oublierons-nous quel mal c’est toujours, que de faire notre propre volonté? Que nul ne suppose que, parce qu’il est peut-être en position de commander, il se trouve par là en dehors de ce danger. Hélas! il n’en est point ainsi: rien ne rend aussi incapable de bien commander que l’incapacité d’obéir. Il est bon de savoir d’abord ce que c’est que d’être assujetti. Oh! puissent nos cœurs être profondément frappés de cette circonstance que le premier trait qui nous est signalé sur «le roi», l’Antichrist, c’est qu’il fait sa propre volonté! Que cela nous serve de test pour voir jusqu’à quel point nous recherchons la nôtre, — jusqu’à quel point, par suite de circonstances quelconques, nous faisons, ou nous nous permettons quelque chose que nous ne voudrions pas que personne au monde connût, — pas même peut-être ceux qui nous sont les plus proches! Hélas! par l’expérience et par l’observation, on sait toute la difficulté et tout le danger qu’il y a là, quant à nos propres cœurs. Et pourtant il n’est rien de plus contraire au Christ que nous avons appris (Éph. 4:20). Nous sommes sanctifiés «pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ» (1 Pierre 1:2). Nous ne sommes pas seulement sous l’aspersion du sang en vue de la bénédiction, — mais aussi pour l’obéissance de Jésus Christ, — pour que nous ayons le même esprit et le même principe d’obéissance; car c’est là le sens de l’expression. Nous ne sommes pas comme des Juifs qui étaient placés sous la loi, et dont l’obéissance avait le caractère d’obligation de faire telles ou telles choses sous peine de mort. Nous sommes déjà vivants pour Dieu, conscients de la bénédiction dans laquelle nous sommes, et réveillés pour voir la beauté de la volonté de Dieu; car c’est Sa volonté qui nous a sauvés et nous a sanctifiés. Tel est notre vocation et notre tâche pratique ici-bas. À proprement parler, les chrétiens n’ont rien d’autre à faire que d’accomplir la volonté d’un Autre. Nous avons à faire la volonté de Dieu, selon le caractère de l’obéissance de Christ, — comme des fils dont les délices sont de faire la volonté du Père. Peu importe le domaine où notre activité a à se déployer. Ce peut être nos occupations naturelles quotidiennes. Mais gardez-vous bien de dissocier en vous deux individus, — l’un se conduisant d’après certains principes en rapport avec vos affaires et votre famille, — et l’autre se conduisant d’après d’autres principes dans l’Église de Dieu et dans le culte. Repoussez soigneusement une telle pensée. Nous avons Christ pour tout, et tous les jours. Christ n’est pas une bénédiction pour nous simplement quand nous nous réunissons ensemble, ou que nous sommes appelés à mourir; mais si nous avons Christ, nous l’avons pour toujours, et, dès le premier moment, nous sommes affranchis de faire notre propre volonté. Cette propre volonté, nous l’apprenons, c’est la mort; mais c’en est fini maintenant dans la mort de Christ. Nous sommes délivrés, car nous sommes vivants dans Celui qui est ressuscité. Mais en vue de quoi sommes-nous délivrés? Pour faire la volonté de Dieu. Nous sommes sanctifiés pour l’obéissance de Jésus Christ.

Pour ce qui est du «roi» vous avez en lui le terrible principe du péché qui a été toujours à l’œuvre, mais qui dépasse ici toutes les bornes. Le moment est venu pour Dieu, d’ôter tous les freins Providentiels par lesquels il avait jusqu’alors retenu les hommes; et alors, il sera permis à Satan de venir à bout de ses plans; et ceci, dans le pays même sur lequel les yeux de Dieu reposent continuellement (1 Rois 9:3; Deut. 11:12).

«Le roi agira selon son bon plaisir, et s’exaltera, et s’élèvera» — non seulement contre tout homme, mais «contre tout dieu». Et ce n’est pas seulement qu’il se place au-dessus de ces prétendus dieux, mais il «proférera des choses impies contre le Dieu des dieux». Et, chose étrange à dire (si l’on ne savait pas que Dieu est parfaitement sage, et qu’il faut attendre que Ses conseils viennent à maturité), malgré son impiété effrayante, «il prospérera jusqu’à ce que l’indignation soit accomplie; car ce qui est déterminé sera fait». La phrase contient un mot qui nous donne la clé du passage; car cette portion de la parole de Dieu a présenté d’immenses difficultés pour plusieurs. Bon nombre de personnes ont mis dans ce verset le pape de Rome, d’autres Mahomet ou Bonaparte. Mais il nous est annoncé que «le roi» doit prospérer jusqu’à ce que l’indignation soit accomplie. Quelle est cette indignation, et contre qui s’exerce-t-elle? Dieu a-t-il de l’indignation contre son Église? Jamais. Nous sommes dans le temps de la parfaite patience de Dieu avec l’homme, et non pas celui de Son indignation. À qui donc se rattache-t-elle? La parole de Dieu est parfaitement claire. C’est quand Dieu s’occupe d’Israël qu’Il parle d’indignation: J’ai déjà pleinement établi ceci d’après Ésaïe 5 à 10 et 14, et d’autres passages, et c’est confirmé entièrement par toute la nature de la révélation donnée ici. Il est question en effet de quelqu’un qui sera roi d’Israël — non pas à Constantinople ou à Rome, mais en Palestine. Et le temps décrit est une explosion à venir d’indignation contre Israël dans la terre promise. Lui (le faux roi) prospérera jusqu’à ce que l’indignation ait pris fin. Il est ajouté de plus qu’il n’aura pas égard au Dieu de ses pères, ni à l’objet du désir des femmes. L’expression «le désir des femmes» se rapporte évidemment à Christ, selon moi, — Celui vers la venue duquel les regards de tous les Juifs étaient tournés, et dont la naissance doit avoir été par dessus tout l’objet du désir des femmes juives. Que tel soit le sens de cette expression, c’est ce qui ressort clairement de sa liaison avec le contexte; car elle se trouve entre «le Dieu de ses pères» (l’Éternel) et «aucun dieu». Il est invraisemblable que l’expression ait été ainsi placée, si elle avait trait simplement aux relations naturelles. C’est probablement le désir d’appliquer tout cela au pape qui a donné cours à cette interprétation. Mais comprenons bien que la prophétie concerne Israël et son pays, et tout est parfaitement clair. «Il n’aura point égard au Dieu de ses pères, et il n’aura point égard à l’objet du désir des femmes». Christ est distingué du «Dieu de ses pères», peut-être parce que le Fils devait être fait chair. Mais Christ n’est pas l’objet de plus d’égards que le Dieu de ses pères — expression qui implique, soit dit en passant, que ce personnage est lui-même Juif: «le Dieu de ses pères». «Car il s’agrandira au-dessus de tout; et, à sa place, il honorera le dieu des forteresses». Ce n’est pas qu’il essaie, comme fit Antiochus, d’imposer par la force le culte de Jupiter Olympien aux Juifs; mais il adopte une superstition nouvelle. Cela réfute aussi l’application qu’on voudrait faire de ces détails au roi de Syrie (Antiochus), qui était un Gentil. Il s’agit d’un Juif, qui prendra la place de Christ, et qui, bien sûr, n’a d’égard ni pour le vrai Christ ni pour l’Éternel. C’est un personnage qui s’élève lui-même et qui s’oppose au vrai Dieu, c’est-à-dire, qu’il met également de côté les superstitions des hommes, et la foi du peuple de Dieu. L’exaltation de soi-même est son principal caractère.

Mais ce n’est pas tout. L’Antichrist sera dans l’incrédulité, mais pas dans l’incrédulité seulement. Il aura rejeté le Dieu d’Israël et le Messie. Il n’honorera aucun des dieux des Gentils. Mais lui-même, quoiqu’il se pose comme le vrai Dieu sur la terre, il aura quelqu’un devant qui il se prosternera et fera se prosterner les autres avec lui. Le cœur humain même dans l’Antichrist, ne peut se passer d’un objet à adorer. Ainsi, au verset 38, nous voyons cette contradiction apparente manifestée dans l’Antichrist: «À sa place, il honorera le dieu des forteresses». Il fait un dieu en même temps qu’il se donne comme étant dieu. «Avec de l’or, et avec de l’argent, et avec des pierres précieuses, et avec des choses désirables, il honorera un dieu que n’ont pas connu ses pères». Ce sera une pure invention de sa part. De plus, il partagera le pays entre ses partisans: «Il les fera dominer sur la multitude et leur partagera le pays en récompense». Voilà ce que Dieu nous dit de ce roi qui sera en Palestine aux derniers jours. Ces dernières paroles sont évidemment une preuve très concluante, qu’il règnera en Palestine. C’est «le pays» (fin v. 39). L’Esprit de Dieu ne parle jamais ainsi d’aucun autre pays. C’était le pays le plus proche du cœur de Dieu — une sorte de centre pour tous les autres.

Maintenant voici un tournant dans l’histoire. «Et, au temps de la fin, le roi du midi heurtera contre lui». Ce fait confirme ce qui a été dit précédemment, que «le roi» se trouve seulement «au temps de la fin». «Le roi du midi heurtera contre lui et le roi du nord fondra sur lui comme un tempête, avec des chars et des cavaliers, et avec beaucoup de navires». L’Esprit de Dieu avait longtemps parlé plus haut sur les rois du nord et du midi. C’était important de montrer qu’au temps de la fin, ces puissances auraient des successeurs qui heurteront «le roi» dans la terre sainte. «Le roi du midi», c’est-à-dire l’Égypte, et «le roi du nord» c’est-à-dire le maître de la Syrie actuelle, ces deux personnages feront un mouvement contre «le roi». Non pas qu’ils aient une politique commune: au contraire, ils semblent ennemis acharnés l’un de l’autre. Mais «le roi» s’élève d’une telle manière, s’arrogeant de telles prétentions en terre sainte, que Dieu permet à la catastrophe finale d’arriver. Le roi du midi vient le premier, et ensuite le roi du nord qui paraît être à cette époque le grand pouvoir militaire et naval de l’orient. «Le roi du nord fondra sur lui comme une tempête, avec des chars et des cavaliers, et avec beaucoup de navires, et entrera dans les pays et inondera et passera outre; et il viendra dans le pays de beauté». Ce ne peut être un autre pays que celui d’Israël. Le roi est là. Le roi du nord est un personnage entièrement différent, un adversaire «du roi» aussi bien que le roi du midi.

Après avoir introduit «le roi» sans nous dire d’où il est venu, l’Esprit de Dieu le laisse là sans nous dire ce qu’il advient de lui. D’autres portions de l’Écriture nous font connaître pleinement son destin effrayant. Mais il était important de l’introduire comme un épisode dans le chapitre 11, afin de montrer le dernier grand conflit entre les rois du midi et du nord. En conséquence, nous perdons de vue «le roi», et le reste du chapitre s’occupe du roi du nord, qui n’entre pas seulement dans le pays de beauté, mais qui poursuit ses conquêtes ailleurs. «Plusieurs pays tomberont; mais ceux-ci échapperont de sa main: Édom, et Moab, et les principaux des fils d’Ammon». Nous voyons par Ésaïe 11, que c’est là un fait très remarquable. Ces frontaliers vivaient en bordure de la terre sainte. Dieu arrange les choses de manière que, s’ils échappent au roi du nord, c’est pour être ravagés par les Israélites triomphants. Dieu ne veut pas permettre que les premiers ennemis d’Israël, ses ennemis acharnés, reçoivent leur juste rétribution des mains de quelque autre peuple que de celui auquel ils ont tant cherché à s’opposer et à faire du mal. En conséquence, il semblerait, d’après Ésaïe, que, bien peu après, les Israélites exécuteront sur eux le jugement de Dieu.

«Et il étendra sa main sur les pays, et le pays d’Égypte n’échappera pas. Et il aura sous sa puissance les trésors d’or et d’argent, et toutes les choses désirables de l’Égypte; et les Libyens et les Éthiopiens suivront ses pas». Ceci nous apprend que le roi du nord n’agit pas en allié du roi du midi. Il s’avance vers le midi, où, semblerait-il (v. 43), il y aura un grand développement de prospérité matérielle, soit par suite des ressources du pays lui-même, ou plus probablement en conséquence de ce qu’il est devenu le grand marché commercial de l’Occident et de l’Orient, dans cette partie du monde. «Mais des nouvelles de l’orient et du nord l’effrayeront». C’est après être descendu dans le midi, au delà de la Palestine, qu’il entend ces rumeurs à l’égard du nord et de l’Orient qui le jettent dans la perplexité. Il était lui-même venu du nord, et avait aussi conquis l’Orient; et maintenant il reçoit de ces quartiers des nouvelles qui l’agitent. Il s’empresse de s’en retourner du pays d’Égypte, et arrive en Palestine. «Et il plantera les tentes de son palais entre la mer et la montagne de sainte beauté (c’est-à-dire entre la Méditerranée et la mer Morte); et il viendra à sa fin, et il n’y aura personne pour le secourir». Tel est le sort du roi du Nord, autrefois victorieux — non pas «le roi» qui a été introduit en passant, pour nous montrer en quelle occasion se livre le combat final entre le nord et le midi.

Je désire maintenant examiner s’il n’y a pas dans l’Écriture, d’autres passages intéressants à rattacher au sujet dont nous venons de nous occuper. La fin de Zacharie nous présente là-dessus des informations de grand intérêt. D’abord juste un mot ou deux sur la fin du chapitre 11. Voici ce que dit l’Esprit de Dieu (v. 17): «Malheur au pasteur de néant qui abandonne le troupeau!» C’est évidemment, je pense, l’Antichrist — «le roi»; car le verset 16 nous apprend que ce pasteur de néant est dans le pays. «Voici, je suscite un berger dans le pays qui ne visitera pas ce qui va périr, qui ne cherchera pas ce qui est dispersé, qui ne pansera pas ce qui est blessé, et ne nourrira pas ce qui est en bon état; mais il mangera la chair de ce qui est gras, et rompra la corne de leurs pieds». Ce parfait égoïsme, cette exaltation de soi-même, ce pillage du troupeau au lieu de le nourrir et de porter les agneaux dans son sein, font un affreux contraste avec Christ, le Bon Berger. Ainsi il est déclaré que le faux berger, l’Antichrist, doit être suscité dans le pays d’Israël, et que là il n’épargne pas le troupeau de Dieu.

Au chapitre 12, nous trouvons une autre puissance (v. 2): «Voici, je ferai de Jérusalem une coupe d’étourdissement pour tous les peuples d’alentour, et elle sera aussi contre Juda lors du siège contre Jérusalem»; c’est-à-dire que les nations s’assemblent contre Jérusalem, précisément comme en Daniel 11, le roi du nord et le roi du midi. Les nations s’assemblent contre Jérusalem pendant que ce pasteur de néant y est. Jérusalem et les Juifs sont l’objet de l’attaque. «Et il arrivera, en ce jour-là, que je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples: tous ceux qui s’en chargeront s’y meurtriront certainement; et toutes les nations de la terre seront rassemblées contre elle». La victoire semble pencher du côté des ennemis d’Israël. Mais nul ne peut alors s’endurcir contre ce peuple et prospérer, parce que l’Éternel se sera identifié Lui-même avec eux en ce jour-là. «En ce jour-là, dit l’Éternel, je frapperai de terreur tous les chevaux, et de délire ceux qui les montent, et j’ouvrirai mes yeux sur la maison de Juda»; et ensuite le prophète nous dit de quelle manière le Seigneur défendra Son peuple en ce jour-là.

Mais ce qui rendra la chose encore plus claire, c’est ce que nous lisons au chapitre 14:2: «Et j’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem pour le combat; et la ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville s’en ira en captivité; et le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville». Nous trouvons dans ce passage quelques révélations de plus, que nous n’aurions pas pu recueillir du chapitre 12. C’est ainsi, par exemple, que nous apprenons que «la ville sera prise... et que la moitié de la ville s’en ira en captivité»: ceci distingue évidemment ce siège futur, de ceux que Jérusalem a subis dans le passé. Lorsque les Chaldéens s’emparèrent de la ville, ils firent captif tout le monde; lorsque ce furent les Romains, ils firent prisonniers tous ceux qu’ils épargnèrent. Ici nous trouvons un autre siège dans lequel la moitié seulement sera prise et l’autre moitié ne le sera pas. Et si quelque chose peut distinguer plus clairement encore à cet égard l’avenir, du passé, c’est qu’après avoir pris la moitié de la ville, les nations ne pousseront pas leur victoire plus loin. Pourquoi? «Et l’Éternel combattra contre ces nations comme au jour où Il a combattu au jour de la bataille. Et Ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, vers l’orient». Qui peut prétendre que ceci ait jamais été accompli? Qui peut dire que l’Éternel est venu de cette manière et s’est tenu debout sur la Montagne des Oliviers? Comment pouvez-vous concilier le passé avec une telle déclaration? Depuis les jours du prophète, le Seigneur ne s’est jamais trouvé en conquérant sur le sol de Jérusalem. S’agit-il du siège de la ville par Titus? Essayez-vous d’évacuer cette déclaration de Zacharie en expliquant qu’il s’agit simplement d’une délivrance Providentielle? Mais, je le demande, les Juifs furent-ils alors délivrés? Non, ils furent au contraire, emmenés captifs. Jérusalem jusqu’à aujourd’hui, demeure foulée aux pieds par les Gentils, et continuera de l’être jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis. Mais le passage indique les derniers temps des Gentils, et la fin de l’oppression gentile. Quand ce jour sera venu, et que l’Éternel sortira pour combattre contre ces nations, Ses pieds se tiendront sur la Montagne des Oliviers. Et comme preuve que cela ne doit pas être entendu allégoriquement, le Saint Esprit ajoute que la Montagne des Oliviers se divisera en deux, — preuve physique extérieure que l’Éternel Dieu y a posé ses pieds. «Et la montagne des Oliviers se fendra par le milieu, vers le levant, et vers l’occident, — une fort grande vallée; et la moitié de la montagne se retirera vers le nord, et la moitié vers le midi. Et vous fuirez dans la vallée de mes montagnes», — c’est-à-dire qu’il y aura une vallée entre les deux moitiés — «car la vallée des montagnes s’étendra jusqu’à Atsal... Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi».

Ce passage prouve donc très clairement que Jérusalem doit soutenir un siège dans l’avenir, et que ce siège sera caractérisé par deux attaques. La première attaque réussira contre Israël; la moitié de la ville sera prise, et il s’en suivra pour cette moitié de la ville toutes les affreuses misères qui accompagnent un siège; mais l’autre moitié est réservée pour l’Éternel, qui amènera le tiers dans le feu (Zach. 13:9). Il se placera à leur tête, et écrasera toutes les nations de la terre qui viendront contre Jérusalem. Ainsi la seconde attaque sera la ruine de ceux qui la font. Si nous rapprochons cela de ce qui nous est dit en Daniel, quelle lumière supplémentaire jaillit de la prophétie de Zacharie! Le roi du nord arrive le premier lorsque le roi du midi heurte contre «le roi» dans la terre sainte. Il y a une attaque simultanée contre Israël, afin de détruire, dans le pays, le peuple qui le mérite bien, hélas! Mais au milieu du mal se trouvera une semence pieuse. Dieu se servira de ces assaillants pour exécuter l’œuvre de sa justice. Les méchants seront emportés, et lorsque Dieu aura purifié ceux qui restent, il se passera une autre scène. Le roi du nord, ayant été heureux dans sa première attaque, poursuit sa marche vers l’Égypte, contre le roi du midi. Il y arrive, mais reçoit du Nord et de l’Orient des nouvelles qui le troublent, et il revient en arrière pour sa propre destruction.

En attendant, pouvons-nous demander, qu’est-il advenu du «roi»? A-t-il été détruit dans la collision qui a eu lieu dans le pays entre les rois du nord et du midi? Nullement. Qu’est-il donc devenu? Comment tombe-t-il? Par «l’apparition de la venue du Seigneur», venant du ciel (2 Thess. 2:8). Il est réservé pour la main de Dieu lui-même. Il sera jeté vivant dans l’étang de feu et de soufre. «Pour le roi aussi, il est préparé». C’est ainsi que l’Ancien Testament et le Nouveau sont unanimes dans le témoignage qu’ils nous donnent. Ce ne sera point selon le sort ordinaire de l’homme ruiné qu’il périra. Pour lui, Dieu s’écartera de tout le cours ordinaire de ses voies avec les méchants. De même que de temps à autre, Dieu, dans sa grâce, a retiré des hommes de ce monde sans les faire passer par la mort, ainsi il y en a auxquels il est destiné par Dieu d’être précipités vivants en enfer — contraste terrible avec ceux qui sont en vie quand le Seigneur vient, et qui attendent d’être enlevés au ciel. Il en sera ainsi du méchant, le pasteur de néant — «le roi». Mais il n’est pas le seul à qui ce sort soit réservé. Le roi du nord est un ennemi plus effronté encore. «Le roi» s’est élevé dans le pays, corrompant le peuple d’Israël et l’amenant à apostasier. Il a reçu son jugement. Si le plus petit mot de ce jugement exécuté dans le pays devait atteindre le roi du nord, nous pouvons facilement comprendre son trouble. Si c’est là le motif de son prompt retour vers la Palestine, ou s’il revient à cause d’un mouvement des dix tribus, c’est ce que je n’ai pas la prétention de dire. L’Écriture ne nous le dit point. Mais il revient vers la terre sainte; et cette fois, c’est pour tomber immédiatement sous la main de Dieu — et non par l’épée d’un homme puissant, ni par l’épée d’un petit. Ce n’est pas l’homme, mais Dieu, qui exécutera sur lui la vengeance. Voilà pourquoi il y a deux attaques. Après son premier assaut contre Jérusalem, il est descendu vers le midi et a poursuivi là certaines conquêtes. Excité par les nouvelles qu’il reçoit, il se hâte de retourner, avec l’espérance que maintenant tout ira selon ses vœux. «Et l’Éternel sortira, et combattra contre ces nations, comme au jour où il a combattu au jour de la bataille».

Mais avant de terminer, il faut que je vous signale encore un ou deux autres passages. Prenez Ésaïe 28 et 29, et vous verrez une confirmation abondante de tout ce que j’ai avancé sur cette dernière scène. En Ésaïe 28, sont mentionnées deux grandes puissances au service du mal, en rapport avec le pays en ce temps-là — l’une «le roi», qui est en relation avec le peuple, et dans le pays; l’autre, le roi du nord, qui descend comme une puissance ennemie. Nous les trouvons tous deux dans ce chapitre. D’abord il est fait mention d’Éphraïm, et l’Éternel prononce un malheur sur «la couronne d’orgueil des ivrognes d’Éphraïm, et la fleur flétrie de son bel ornement... Voici, l’Éternel a un instrument fort et puissant, comme un orage de grêle, un tourbillon de destruction: comme un orage de puissantes eaux qui débordent, il renversera par terre avec force». On a là, je pense, l’invasion de l’Assyrien, comme le terrible orage venant du nord, qui éclaterait sur Éphraïm. Au milieu du chapitre, nous trouverons une autre chose. Nous avons vu la condition d’Éphraïm qui habitait sur les bords du pays. Mais quelle était le sort de Jérusalem, la capitale? (v. 15): «Car vous avez dit: Nous avons fait une alliance avec la mort, et nous avons fait un pacte avec le shéol». Là, évidemment, il s’agit du «roi» qui sera à Jérusalem et qui fera un pacte avec «la bête», la grande puissance impériale de ce temps, à qui Satan aura donné son trône. Il y a parfaite harmonie entre ce que nous trouvons en Ésaïe, dans l’Apocalypse, et dans Daniel. «Nous avons fait alliance avec la mort, et nous avons fait un pacte avec le shéol: si le fléau qui inonde passe, il n’arrivera pas jusqu’à nous». Remarquez cela. Le fléau qui inonde est le roi du nord, la puissance extérieure qui fond sur eux. Ceux de Jérusalem ont fait alliance avec la mort et avec le shéol (c’est-à-dire avec les instruments de Satan) en ce jour: et ils espèrent, par ce moyen, échapper au roi du nord. J’ai déjà fait voir que «la bête», le pouvoir impérial de l’ouest, sera en rapport avec «le roi» à Jérusalem — que les contrées occidentales seront le grand siège de la bête — que ce pouvoir impérial commandera à toute la partie de l’Europe appartenant proprement à l’empire romain. Quand cet empire sera réorganisé, ce pouvoir impérial sera le principal utilisateur de la force de cet empire. «Le roi» aura fait alliance avec lui, ou plutôt, ainsi que le chapitre 9 s’exprime, lui, c’est-à-dire, le chef romain, fera alliance avec la masse des Juifs. À la fin, les deux se retrouvent à Jérusalem, combattant contre le Seigneur et ses saints qui viennent du ciel. Ils croiront trouver leur prétendue force dans cette alliance, mais elle ne tiendra point. Le fléau qui inonde (l’Assyrien) les emporte, et la moitié de la ville de Jérusalem est prise. Avec quelle merveilleuse harmonie tout concorde dans l’Écriture! Puis vient (Ésaïe 28:16), l’allusion à la pierre mise par le Seigneur pour fondement en Sion, parole destinée au résidu fidèle de ce jour-là, aussi vraie soit-elle pour nous qui croyons maintenant.

Ésaïe 29, est le dernier passage que je veux signaler. Là nous est décrite la désolation finale de la ville. «Malheur à Ariel, à Ariel, la cité où David demeura... mais j’enserrerai Ariel; et il y aura soupir et gémissement; et elle me sera comme un Ariel [lion de Dieu]. Et je camperai comme un cercle contre toi, et je t’assiégerai au moyen de postes armés, et j’élèverai contre toi des forts». C’est le siège dont parle Zacharie 14. «Et, humiliée, tu parleras depuis la terre, et ta parole sortira sourdement de la poussière etc.». Voilà leur condition quand ils sont désolés. Mais voyez, v. 5: «Et la multitude de tes ennemis sera comme une fine poussière... Tu seras visitée de par l’Éternel des armées avec tonnerre et tremblement de terre... Et la multitude de toutes les nations qui font la guerre à Ariel, et tous ceux...qui l’enserrent seront comme un songe d’une vision de nuit». Le Seigneur est sorti et a combattu avec ces nations comme il combattit au jour de la bataille.

Voilà suffisamment de preuves émanant de diverses portions de la parole de Dieu, qui concordent entièrement et jettent de la lumière sur la partie si intéressante du livre de Daniel dont nous nous occupons. Tout concourt à montrer de la façon la plus claire qu’il se prépare un terrible avenir pour les Juifs apostats et leurs alliés occidentaux, et un non moins terrible avenir pour leurs adversaires confédérés de l’Orient. L’alliance avec le shéol ne tiendra pas. Lorsque les grandes puissances du monde auront, en apparence, tout balayé devant elles, et se seront assemblées devant Jérusalem pour la dernière grande lutte, Dieu saisira cette occasion d’agir avec elles, après le terme de sa patience de si longue durée. Ce sera la dernière scène. Les hommes auront cru avoir en leurs mains la monarchie universelle; mais ce sera le jour où Dieu les appellera au jugement. Je parle d’un jugement des nations et des rois, et non du jugement des morts devant le grand trône blanc (Apoc. 20:11-15).

Il n’y a pas de base pour identifier «le roi » (11:36-39) avec Antiochus Épiphane, ni avec aucun successeur du roi du nord: il en est ainsi non seulement parce qu’aucun autre ne correspond à ce qui est dit de lui, mais aussi pour la raison absolument déterminante qu’il est attaqué aussi bien par le roi du nord que par le roi du midi. Il est donc distinct des deux et en contraste avec eux. Comme il est localisé entre les territoires de ces deux rois, ce ne peut pas être le pape de Rome (comme Mede et les deux Newton l’ont imaginé), ni aucun autre, sinon «le roi» en Judée. Comme personne n’a encore paru répondre tant soit peu à sa description, ce doit être un monarque futur. Il est évident que la prophétie donne beaucoup de détails ici comme dans la partie précédente du chapitre, et l’exactitude est telle que les ennemis ont été poussés à affirmer, avec autant de folie que d’impiété, que le texte avait été écrit postérieurement aux jours d’Antiochus, non pas par Daniel au temps où l’empire Perse venait de supplanter l’empire babylonien. Tout cela n’est que du rêve vain et méchant, qui glisse sur toutes les preuves surabondantes, internes et externes, montrant que le prophète vivait et écrivait bien au temps où il l’affirme; mais en outre, ces positions incrédules omettent de voir la déclaration claire que, avant que «le roi» soit dans le pays d’Israël et en présence de ses ennemis du nord et du midi, nous avons une transition se référant clairement «au temps de la fin»

Dieu va bientôt s’occuper de la terre, — avec les hommes s’activant sur tous leurs projets. La régénération du monde sera le grand jour où le Seigneur, ayant ôté d’Israël les transgresseurs, et s’être servi du «roi» lui-même et du jugement tombé sur lui, pour séparer en Juda les fidèles d’avec les méchants, fera sonner l’heure du règlement de compte avec les nations. C’est là, me semble-t-il, la simple et juste portée de la vérité de Dieu, qui nous est présentée ici. Nous ne devons pas supposer qu’il s’agit simplement d’une seule grande puissance, mais il s’agit de toutes. Il y aura des principes différents à l’œuvre. Et c’est une chose terrible de penser que ces pays-ci où nous jouissons de tels privilèges, doivent être recouverts alors des plus profondes ténèbres. L’alliance avec la mort et avec le shéol est annoncée comme étant contractée par le monde occidental hautement civilisé. Que c’est humiliant pour l’orgueil de l’homme! Dans le passé, la civilisation n’a pas préservé les esprits les plus forts de l’idolâtrie dégradante, ni de la corruption. Hélas! c’est une scène pire encore que nous aurons à la fin: le christianisme finira dans la restauration de l’idolâtrie, avec de nouveaux faux dieux, et avec l’homme s’adorant lui-même comme Dieu. Tel est, je le crois, l’avenir qui nous est prédit pour notre temps. Mais l’amour peut garder le cœur de s’embarrasser dans tout ce qui mène là, et le garder vrai pour Christ Lui-même. Puissions-nous être occupés de Lui, ne bâtissant pas sur les fondements des hommes, ne partageant pas leur espérance, ne nous confiant pas dans le progrès, ni même dans la soi-disant religion. Si Christ est mon objet en tout, alors il y a la sécurité, mais il n’y en a nulle part ailleurs.