Daniel

Chapitre 5

Les chapitres 5 et 6 de Daniel forment une partie de ce que nous pouvons appeler la série des chapitres moraux. Ils sont historiques, mais en même temps empreints du caractère de figures de l’avenir, éclairés par les prophéties avant et après, et les éclairant en retour. Parmi ces illustrations pratiques de ce que sont les puissances Gentiles, nous en avons déjà vu deux après le songe de Nebucadnetsar. Abordons maintenant la première des deux suivantes, avant d’arriver aux communications plus précises faites au prophète lui-même, au chapitre 7.

Les chapitres 5 et 6 ont ceci de particulier qu’ils ne révèlent pas tant les caractères généraux des Gentils, mais plutôt certains traits particuliers qui les marqueront à la fin — signes précurseurs d’une prompte destruction. En un mot, ils typifient des actes mauvais spécifiques, ou des explosions du mal, plutôt que leur état chronique mauvais tout au long de leur histoire. Néanmoins, entre ces deux chapitres, il y a une nette différence. Examinons maintenant rapidement le premier.

«Le roi Belshatsar fit un grand festin à mille de ses grands, et but du vin devant les mille». C’était une fête somptueuse, peut-être rare en son genre. Le roi sacrilège, ayant bu, «commanda d’apporter les vases d’or et d’argent que son père Nebucadnetsar, avait tirés du temple qui était à Jérusalem, afin que le roi et ses grands, ses femmes et ses concubines y bussent. Alors on apporta les vases d’or... Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d’or et d’argent, d’airain, de fer, de bois et de pierre». L’histoire nous apprend que c’était une fête annuelle où la licence se donnait libre cours, et l’armée assiégeante y trouva une occasion favorable pour agir au moment où les assiégés n’étaient pas sur leurs gardes. C’est dans de telles circonstances, l’Écriture nous le fait voir, que le roi lance son insulte au Dieu d’Israël, alors qu’il était plongé dans la fausse sécurité précédant la destruction. Témérité et aveuglement! C’était juste la veille de l’effondrement de sa dynastie et de sa mort.

Pour Belshatsar, le passé était comme une page blanche; c’était pour lui une leçon qu’il n’avait ni écoutée ni apprise: Dieu, dans les voies de sa providence, avait fait de son ancêtre l’instrument de jugements justes, mais terribles. La cité, la sainte cité de Dieu, avait été prise, le temple brûlé, et les vases du sanctuaire, avec presque toute la nation, peuple, sacrificateurs et roi, avaient été transportés dans la terre de l’ennemi. Cette chute d’Israël avait rempli les hommes d’étonnement, en tous lieux: L’importance de cette affaire était hors de proportion avec la grandeur de la nation ou la dimension de son territoire. Mais quoi qu’il en soit de leur misère personnelle, ils étaient environnés de l’auréole d’un Dieu qui jadis les avait amenés d’Égypte à travers la Mer Rouge — qui les avait nourris du pain des anges pendant les longues années dans le désert aride — et qui les avait protégés durant des siècles dans le pays de Canaan, malgré leurs ingratitudes et mille périls. N’était-il donc pas étrange, pour le monde, de voir Dieu livrer son peuple élu et si favorisé, pour être emporté hors de sa terre par un roi chaldéen, chef de l’idolâtrie de l’époque? Car Babylone fut toujours renommée pour la multitude de ses idoles.

Malgré toute l’orgueilleuse réussite de son ambition, Nebucadnetsar n’avait pas été aussi insensé. Il s’était prosterné quand il avait entendu la vérité merveilleuse que, dans sa souveraineté, le Dieu du ciel l’avait suscité lui-même pour être la tête d’or de l’empire Gentil, après avoir abandonné Israël à cause de ses péchés. Il avait reconnu le Dieu de Daniel comme le Dieu des dieux et le Seigneur des rois; il avait confessé que le Dieu de Shadrac, Méshac et Abed-Nego était le Dieu Très-haut — un Dieu qui délivrait et révélait les secrets plus que tout autre. Nebucadnetsar, il est vrai, s’était rendu coupable de beaucoup de péchés — il avait été orgueilleux, et s’était élevé dans son propre cœur en dépit de l’avertissement reçu, et à cause de cela, il avait été abaissé comme nul de l’a jamais été; mais il avait reconnu son péché dans tout son grand royaume, ainsi que les grandes merveilles du Roi du ciel dont toutes les œuvres sont véritables, et les voies justes. Mais avant cette fin brillante, même aux jours de sa plus profonde indifférence, (alors que tout tremblait devant lui, et qu’il faisait mourir et vivre qui il voulait, et qu’il élevait et abaissait qui il voulait), jamais il ne s’était livré à un acte de mépris et de profanation tel que son petit-fils.

La sentence du jugement immédiat, inévitable, se fit entendre d’un coup. La coupe d’iniquité était pleine; il y avait longtemps que la bouche de l’Éternel avait proclamé le châtiment du roi de Babylone (Ésaïe 13; Jérémie 25, etc.). Cependant, le coup ne tombe pas sans un signe solennel de la part de Dieu. «En ce même moment, les doigts d’une main d’homme sortirent, et écrivirent, vis-à-vis du chandelier, sur le plâtre de la muraille du palais du roi; et le roi vit l’extrémité de la main qui écrivait».

Ce n’était pas un songe de la nuit. C’était le support de l’annonce terrible, au milieu de l’orgie effrénée et du défit impie jeté à la face du Dieu vivant. L’heure de l’effusion de la colère avait sonné. Il faut que Bel se prosterne, et que Nébo s’incline devant l’indignation de Dieu, mais c’est un Dieu d’une patience extrême. Le roi n’eut pas besoin qu’on lui suggérât ce dont il s’agissait. Sa conscience, rongée de dépravation, tremblait devant la main traçant sa sentence, quoiqu’il ne comprit pas un mot de l’écriture. Il sentait instinctivement qu’il avait affaire avec Celui dont personne ne saurait arrêter la main. «Alors le roi changea de couleur, et ses pensées le troublèrent; et les liens de ses reins se délièrent, et ses genoux se heurtèrent l’un contre l’autre». Dans son effroi, oublieux de sa dignité, «le roi cria avec force d’amener les enchanteurs, les Chaldéens et les augures». Mais tout fut inutile. On offrit les récompenses les plus élevées, mais l’esprit d’un profond sommeil fermait tous les yeux. «Ils ne purent lire l’écriture ni faire connaître au roi l’interprétation».

Au milieu des angoisses croissantes du roi, et de l’étonnement de ses grands, la reine (sans aucun doute la reine-mère, si nous comparons les versets 2 et 10) entre dans la salle du festin. Ses sympathies n’étaient point à la fête, et elle rappelle au roi quelqu’un qui était encore plus en dehors et au-dessus de tout cela, un homme dont la personne était entièrement étrangère à ce roi impie: «Il y a un homme dans ton royaume etc.» (v. 11-14)

Ce fait, que Daniel était étranger à Belshatsar, est extrêmement significatif. Quels que fussent l’orgueil et l’audace du grand Nebucadnetsar, Daniel était assis à la porte du roi — gouverneur sur toute la province de Babylone, et chef de tous ceux qui avaient la surintendance sur tous les sages. Son descendant avili et dégénéré ne connaissait pas Daniel.

Cela me rappelle un incident bien connu de l’histoire du roi Saül, dont on ne voit pas toujours la portée morale: l’intervention d’un jeune fils d’Isaï, dont il plaisait à Dieu d’employer la musique pour calmer l’esprit du roi troublé par un mauvais esprit. «Il arrivait que, quand l’esprit envoyé de Dieu était sur Saül, David prenait la harpe et en jouait de sa main; et Saül était soulagé et se trouvait bien, et le mauvais esprit se retirait de dessus lui» (1 Samuel 16:23). Peu de temps après, Saül et tout Israël se trouvèrent dans une grande consternation, lorsque le géant de Gath leur jeta son orgueilleux défi dans la vallée d’Éla. La providence de Dieu y conduisit un jeune homme, dans l’humble sentier de l’accomplissement d’un devoir pacifique; celui-ci entendit d’une toute autre manière les orgueilleuses paroles de vanité du Philistin. Loin d’en être effrayé, il éprouva plutôt de l’étonnement devant l’audace de cet incirconcis osant défier les armées du Dieu vivant. À peine l’a-t-il vaincu, que le roi se tourne vers le chef de l’armée, et lui fait cette demande: «De qui ce jeune homme est-il fils?» Et Abner confesse son ignorance. Voilà une chose bien étrange. Le jeune garçon lui-même, qui l’avait servi dans sa maladie, était inconnu du roi Saül! Certainement il ne s’était pas écoulé un long intervalle; mais Saül ne connaissait point David. Cette circonstance a jeté les critiques dans une perplexité extrême. Et l’un d’eux, hébraïsant des plus distingués, a essayé d’établir qu’il fallait que d’une manière ou d’une autre les chapitres aient été entremêlés: la dernière partie du chapitre 16 devait suivre la fin du chapitre 17, de manière à faire disparaître la difficulté sur l’ignorance de Saül à l’égard de la personne de David, alors que celui-ci s’était déjà tenu en sa présence, et avait déjà gagné son affection et était déjà devenu son porteur d’armes. Mais tout cela vient de ce que l’on ne comprend pas la leçon que Dieu veut enseigner dans cette scène. Il se pouvait fort bien que Saül eût aimé David à cause de ses services, mais il n’avait éprouvé pour lui aucune sympathie; et lorsqu’il en est ainsi, nous oublions facilement. Si l’on n’a pas les mêmes affections, on s’éloigne les uns des autres en rapport avec le service du Seigneur. C’est là justement l’esprit du monde vis-à-vis des enfants de Dieu, selon ce que dit l’apôtre Jean: «C’est pourquoi, le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne l’a pas connu». Il peut savoir bien des choses sur les chrétiens, mais il ne les connaît jamais. Et quand le chrétien a disparu de la scène, il peut bien rester encore de lui un souvenir fugitif, mais c’est un homme inconnu. Saül avait eu de grands devoirs de reconnaissance envers David, mais bien que David eût été pour lui un moyen de soulagement, néanmoins le souvenir tant de lui-même que du service rendu disparaissait en même temps.

C’est pareillement que la reine pouvait dire au sujet de Daniel: «Aux jours de ton père, de la lumière, et de l’intelligence, et une sagesse comme la sagesse des dieux, ont été trouvées en lui; et le roi Nebucadnetsar, ton père, — ton père, ô roi, l’a établi chef des devins, des enchanteurs, des Chaldéens, des augures». Malgré cela, personne ne s’occupait de lui maintenant; il était inconnu des gens de la fête; la seule personne qui pensât à lui était la reine; or elle-même n’était là qu’à cause du trouble où ils étaient jetés.

Daniel est donc amené devant le roi qui lui demande: «Es-tu ce Daniel, l’un des fils de la captivité de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Juda?» Il lui expose alors sa difficulté, et parle des récompenses qu’il est prêt à donner à quiconque lira l’écriture et en fournira l’interprétation. La réponse de Daniel est bien appropriée à la circonstance: «Que tes présents te demeurent, et donne tes récompenses à un autre. Toutefois je lirai l’écriture au roi, et je lui en ferai connaître l’interprétation». Il commence par lui faire entendre une douloureuse parole de répréhension. Il lui retrace en quelques mots l’histoire de Nebucadnetsar et des voies de Dieu envers lui; en même temps, il lui rappelle sa propre indifférence complète, et ses insultes contre Dieu: «Et toi, son fils Belshatsar, tu n’as pas humilié ton cœur, bien que tu aies su tout cela. Mais tu t’es élevé contre le Seigneur des cieux... et le Dieu en la main duquel est ton souffle, et à qui appartiennent toutes tes voies, tu ne l’as pas glorifié». Il lui déclare nettement ce qu’est cette scène aux yeux de Dieu; car c’est là ce que le péché, ce que Satan cherche toujours à cacher. Pour la cour de Babylone c’était une fête magnifique, rehaussée des trophées du succès des armes de la grande ville et de la suprématie de ses dieux. Mais quel était, pour l’œil de Dieu, le caractère de cette somptueuse orgie? Que pouvait-il penser devant les vases consacrés à son service apportés pour célébrer orgueilleusement le triomphe de Babylone et de ses idoles? Oh! combien ce moment dut être pénible au cœur de l’adorateur de l’Éternel, même si l’aboutissement en était proche et certain!

Aujourd’hui dans le monde, il y a des scènes qui suggèrent des pressentiments au moins aussi graves. Toute la question est de savoir si nous sommes dans le secret de Dieu, et rendus ainsi capables de lire par nous-mêmes le jugement qu’il porte sur toutes ces choses. Nous pouvons nous prononcer, jusqu’à un certain point sans hésiter et sans risque, sur la présomption de Nebucadnetsar, et sur l’impiété manifeste de Belshatsar; mais voici, pour nous, le grand critère moral: savons-nous discerner comme il faut, l’apparence du ciel et de la terre de nos jours? Les signes de décadence de notre époque sont-ils méconnus pour nous? Nous identifions-nous en toute simplicité avec les intérêts du Seigneur dans le temps actuel? Avons-nous l’intelligence de ce qui se passe maintenant dans le monde? Croyons-nous à ce qui va lui arriver? Bien évidemment le roi et sa cour n’étaient que les instruments de Satan; le mépris qu’ils montraient pour le Dieu des cieux n’était pas simplement l’œuvre de leur propre cœur: Satan était leur maître. On peut affirmer en toute vérité que, partout où l’on voit la volonté de l’homme en action, on trouve invariablement le service de Satan. Hélas! l’homme ne sait point que jouir de la liberté sans Dieu, n’est ni ne peut être que faire l’œuvre du diable. Le roi Belshatsar et ses courtisans ne pensaient peut-être qu’à célébrer à Babylone leurs victoires sur une nation encore abaissée et captive; mais de fait, ils insultaient positivement et personnellement le vrai Dieu, et celui-ci relève leur défi. Ce n’était plus une discussion entre Daniel et les astrologues: c’était une affaire entre Dieu et Belshatsar. L’ordre d’apporter les vases de la maison de l’Éternel, pouvait ne paraître qu’un méchant caprice, effet de l’ivresse du roi et de ses convives; mais le moment de la crise était venu, et il faut que Dieu frappe un coup décisif. Soyez-en bien assurés: les tendances de notre époque, même si Dieu ne les juge pas immédiatement, ne tombent pas dans l’oubli; et il y a un trésor de colère qui s’amasse pour le jour de la colère. Le temps présent n’est pas celui des jugements de Dieu. C’est bien plutôt celui où l’homme élève l’édifice de ses péchés jusqu’au ciel, en attendant de voir le jugement tomber d’une manière d’autant plus terrible, lorsque la main de Dieu sera étendue contre lui.

Mais, même à l’instant critique, il y a un avertissement solennel, immédiat, et devant tous. En quoi consistait la grande difficulté concernant cette écriture tracée sur la muraille? Elle était en langue chaldéenne, et tous ceux qui contemplaient la main et les caractères étaient Chaldéens; il semblerait donc que les caractères devaient être plus familiers aux Chaldéens qu’à Daniel. Ce n’est pas la manière de Dieu d’employer une forme obscure pour communiquer quelque chose; et ce serait une théorie monstrueuse de prétendre qu’en donnant une révélation, Dieu la présente de manière à rendre impossible sa compréhension par ses destinataires. Qu’est-ce donc qui rend toute l’Écriture si difficile? À coup sûr ce n’est pas son langage: en voici une preuve frappante. Si quelqu’un me demandait quelle est la portion du Nouveau Testament que je considère comme la plus profonde, je me référerais aux épîtres de Jean; pourtant, s’il est des portions écrites, plus que d’autres, dans un langage de la plus grande simplicité, ce sont bien ces épîtres. Les expressions n’en sont point celles des scribes de ce monde. Ce ne sont pas non plus des pensées énigmatiques, pleines d’allusions étrangères, abscons. La difficulté de l’Écriture tient à ce qu’elle est la révélation de Christ pour ceux dont la grâce a ouvert le cœur pour le recevoir et l’apprécier. Or, Jean, parmi tous les disciples, avait bénéficié de la plus étroite intimité de communion avec Christ. Ce fut certainement le cas quand Christ était sur la terre; et le Saint Esprit s’est servi de lui pour nous communiquer les pensées les plus profondes sur l’amour de Christ et sur la gloire de sa personne.

Les difficultés de l’Écriture tiennent donc réellement à ceci, savoir que ses pensées sont infiniment au-dessus de nos pensées naturelles. Pour comprendre la Bible, il faut nous débarrasser du moi. Il faut avoir un cœur et des yeux pour Christ, sinon l’Écriture est inintelligible pour nos âmes; si l’œil est simple, tout le corps est plein de lumière. Vous voyez parfois un homme instruit, peut-être chrétien, et le voilà complètement embarrassé, s’arrêtant devant les épîtres de Jean et l’Apocalypse comme étant trop profondes; tandis que telle autre personne simple, peut en jouir même sans les comprendre entièrement, ou sans en expliquer exactement toutes les parties; elles présentent à son âme des pensées intelligibles et lui apportent consolations, directions et profit. Même s’il s’agit d’événements à venir qui se rencontrent dans le livre réputé le plus obscur de l’Écriture, qu’il s’agisse de Babylone ou de la Bête, le lecteur à l’œil simple y trouve les grands principes de Dieu, et ceux-ci ont toujours une action pratique sur son âme. La raison en est qu’il a Christ devant lui, et que Christ est, dans tous les sens, la sagesse de Dieu. Naturellement, ce n’est pas son ignorance qui le rend capable de comprendre, mais il comprend malgré son ignorance. Ce n’est pas la science d’un homme qui le rend capable d’entrer dans les pensées de Dieu. Qu’on soit ignorant ou savant, il n’y a pour cela qu’un moyen: l’œil pour voir ce qui concerne Christ. Et partout où Christ est l’objet fixé fermement devant l’âme, je crois que Christ devient la lumière de l’intelligence spirituelle, comme il est la lumière du salut. C’est l’Esprit de Dieu qui est la puissance pour saisir cette lumière; mais Il ne la donne jamais en dehors de Christ. Autrement l’homme a devant lui un objet qui n’est pas Christ, et, en conséquence, il est incapable de comprendre l’Écriture qui révèle Christ. Il tâche de faire dire à l’Écriture ce qu’il a dans ses propres pensées quelles qu’elles soient, et ainsi l’Écriture est faussée. Voilà la clef réelle de toutes les erreurs relatives à l’Écriture. L’homme apporte ses pensées à la parole de Dieu et bâtit un système sans fondement divin.

Pour en revenir à l’inscription tracée sur la muraille, les expressions étaient assez claires. Tout aurait dû être intelligible et l’aurait été, si les âmes des Chaldéens avaient été en communion avec le Seigneur. Je ne veux pas dire que la puissance de l’Esprit de Dieu n’était pas nécessaire pour rendre Daniel capable de la comprendre. Mais pour avoir l’intelligence de la parole de Dieu, il est essentiel d’avoir communion avec le Dieu qui nous fait connaître sa pensée. «C’est pourquoi, disait Paul aux anciens, je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce» (Actes 20:32).

Daniel était entièrement en dehors des festins et choses semblables. Il était étranger à tous ceux qui se trouvaient là; et c’est du sein de la présence de Dieu qu’il fut appelé à voir cette scène d’impiété et de ténèbres. Arrivant directement de là où est la lumière de Dieu, il lit la terrible écriture tracée sur la muraille, et tout brille comme le jour. Rien de plus solennel. «Voici l’interprétation des paroles» (v. 25-28). Sur le champ il voit Dieu dans l’affaire. Le roi avait insulté Dieu dans ce qui était rattaché à son culte. «Thekel: Tu as été pesé à la balance, et tu as été trouvé manquant de poids. Pérès: Ton royaume est divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses». Il n’y avait pas de signe précurseur; rien en ce temps-là ne rendait la chose probable. J’appelle votre attention sur ce point: c’est une preuve supplémentaire de la fausseté de la maxime selon laquelle, pour comprendre la prophétie, il nous faut attendre son accomplissement. Pour l’incrédule, voir dans le passé l’accomplissement d’une prophétie, est certainement un argument péremptoire. Mais est-ce là le but pour lequel Dieu a écrit la prophétie? L’a-t-il fait pour convaincre les incrédules? Sans aucun doute, Dieu peut s’en servir à cette fin. Mais était-ce le but de l’écriture tracée sur la muraille cette nuit-là? Évidemment non. C’était son dernier avertissement solennel avant que le coup fût frappé; et l’interprétation fut donnée avant que les Perses eussent fait irruption dans la ville — quand il n’y avait encore aucun symptôme de ruine, et que tout au contraire ne respirait que gaieté et joie. En cette même nuit Belshatsar, roi de Chaldée, fut tué, et Darius le Mède, prit le royaume, étant âgé d’environ soixante-deux ans.

En un mot, Babylone était jugée.