Cantique des cantiques

Chapitres 7:1-14 et 8:1-4

Témoignage et communion de l’amour

La strophe précédente s’achève sur une scène d’heureuse communion goûtée par l’épouse avec son époux, dans le jardin des noisettes.

Ici nous avons deux autres scènes. Dans la première, l’épouse est présentée aux filles de Jérusalem, revêtue de magnificence par le roi (6:13 à 7:5). Dans la seconde, l’époux et l’épouse s’occupent seulement l’un de l’autre (7:6 à 8:4). Restaurée, l’épouse devient un témoin vivant de l’amour de l’époux.

Le déploiement des beautés morales de Christ chez un croyant témoigne aussi des fruits de sa restauration. Cet état heureux ne peut être maintenu que par une marche de communion avec lui. Les hommes pouvaient discerner, par la conduite des disciples, qu’ils avaient été avec Jésus (Act. 4:13).

 

Les filles de Jérusalem (v. 1)

Reviens, reviens, Sulamithe! reviens, reviens, et que nous te voyions (v. 13).

La scène s’ouvre avec les filles de Jérusalem. Elles ont déjà entendu des lèvres de l’épouse la belle description de l’époux, éveillant leurs affections à son sujet; mais apparemment elle les a quittées pour rejoindre son bien-aimé au jardin des aromates. Maintenant, elles la prient de revenir, peut-être avec le secret désir d’en apprendre davantage au sujet de l’époux. Qui, mieux que l’épouse, pourrait en parler?

Pour la première fois, elles lui donnent le nom de Sulamithe, probablement forme féminine de Salomon, reconnaissant ainsi sa relation intime avec l’époux.

 

L’épouse (v. 1)

Que verriez-vous dans la Sulamithe? (v. 1).

En réponse à leur appel, l’épouse exprime sa surprise qu’elles désirent la regarder.

 

Les filles de Jérusalem (v. 1)

Comme la danse de deux bandes (v. 1).

On pourrait traduire, comme la danse de Mahanaïm. Allusion possible au jour où Jacob quitta la Mésopotamie pour aller au pays de la promesse, avec ses femmes, ses enfants, ses serviteurs et tous ses biens. En chemin «les anges de Dieu le rencontrèrent; et Jacob dit, quand il les vit: C’est l’armée de Dieu. Et il appela le nom de ce lieu-là Mahanaïm» (Gen. 32:1-2). C’est-à-dire deux armées ou deux camps. L’armée du ciel et celle de la terre se rencontrèrent là.

Ainsi que l’a dit un autre: la danse parle de joie et de victoire (voir Ex. 15:20; 1 Sam. 18:6) et ces deux armées nous rappellent peut-être aussi les deux royaumes d’Israël si longtemps divisés, vus ici réunis à nouveau dans une commune joie dans le Seigneur, célébrant la victoire complète qu’il a remportée sur toute la puissance de l’Ennemi.

N’oublions pas que le monde considère notre marche. Nous voit-il marcher dans l’unité et dans la joie devant le Seigneur, ce qui est le fruit de la paix? C’est une bonne chose si les autres peuvent reconnaître que nous avons été avec Jésus et en voir les conséquences.

Accédant à leur désir, l’épouse se présente devant elles dans toute sa beauté, et avec une grande joie, les filles de Jérusalem décrivent ses charmes.

 

L’époux (v. 2 à 6)

Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince! Les contours de tes hanches sont comme des joyaux, ouvrage des mains d’un artiste (7:2).

Ton nombril est une coupe arrondie, où le vin aromatique ne manque pas; ton ventre, un tas de froment, entouré de lis (v. 3).

Tes deux seins sont comme deux faons jumeaux d’une gazelle (v. 4).

Ton cou est comme une tour d’ivoire; tes yeux sont comme les étangs qui sont à Hesbon, vers la porte de Bath-Rabbim; ton nez est comme la tour du Liban, qui regarde vers Damas (v. 5);

ta tête, sur toi, comme le Carmel, et les cheveux de ta tête, comme la pourpre. Un roi est enchaîné par tes boucles (v. 6).

L’épouse avait déjà, par ses paroles, rendu un brillant témoignage au roi. Maintenant c’est elle-même qui constitue un témoignage à toute la beauté dont le roi l’a revêtue. C’est le témoignage de la vie plutôt que celui des lèvres, de la marche plutôt que des paroles. Elle a été au jardin des aromates avec le bien-aimé, elle sort de sa présence portant sa beauté. Elle est saluée comme fille de prince, elle porte le sceau de la royauté. La grâce et la majesté royale caractérisent sa marche.

Autrefois aussi la face de Moïse brillait de la gloire de Celui dans la présence duquel il s’était tenu. Ce jour-là, tout Israël put voir les effets des relations d’un homme avec le ciel.

Plus tard Élisée vit Élie enlevé au ciel et, à son retour à Jéricho, les fils des prophètes reconnurent aussitôt que l’esprit d’Élie reposait sur Élisée (2 Rois 2:15). Ils n’avaient pas assisté à l’enlèvement, mais ils en discernaient les effets sur Élisée. Ils voyaient dans un homme sur la terre, l’esprit d’un homme qui était monté au ciel.

Étienne, plus tard encore, montra quelle bénédiction repose sur un homme qui, sur la terre, est en contact avec l’Homme qui est dans le ciel. «Lui, étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu» (Act. 7:55). Les hommes virent les effets d’une si glorieuse vision sur Étienne, un homme capable de prier pour ses meurtriers, reflétant sur la terre la grâce de Celui qui avait été élevé dans le ciel.

Ne désirerions-nous pas ressembler à ces hommes qui, sur la terre, étaient en relation avec le ciel? Nous poursuivons notre chemin ici-bas; le monde peut-il voir nos visages, comme celui de Moïse, rayonner de la joie de la présence du Seigneur? Peut-on discerner en nous l’Esprit de Christ, tout comme Élisée était rempli de l’esprit d’Élie? Avons-nous, avec l’Homme céleste, cette ressemblance morale qui caractérisait Étienne?

Nos vies, notre conduite, doivent proclamer notre haute origine, manifester que nous sommes une sacrificature royale, un peuple acquis pour refléter les perfections de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière!

Hélas, nous savons si peu nous attarder un moment dans le jardin du Seigneur, pour y jouir de sa communion. Puis nous sortons de ce lieu sanctifié pour porter devant les autres le parfum de ses grâces et les caractères du ciel.

Il y a souvent de la légèreté dans nos manières, de la dureté dans nos paroles, de la brusquerie dans notre conduite vis-à-vis des autres. Voilà qui trahit combien peu nous avons été avec Jésus. Trop souvent, notre conduite est réglée par l’esprit de ce monde plutôt que par la sagesse et la sainteté du ciel.

Il en était autrement pour la Sulamithe. Elle avait été dans la présence du roi; elle parait, remplie de la joie que lui a procurée cette rencontre. Elle a été dans les mains d’un ouvrier habile, elle porte les ornements dont il l’a parée (Éz. 16:11). La beauté du roi est sur elle.

Les filles de Jérusalem décrivent l’épouse en se servant d’un langage comparable à celui de l’époux. Mais lui, la voyant d’en haut, commence par parler de ses yeux; tandis qu’elles, la considérant depuis la terre, parlent d’abord de ses pieds et achèvent leur description par les cheveux de sa tête.

Par nature, il n’y a rien de sain dans l’homme; depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, tout est blessure et meurtrissure et plaies vives (És. 1:6). Mais considérés selon notre origine spirituelle et céleste, comme la fille d’un prince, nous sommes «rendus agréables dans le Bien-aimé» (Éph. 1:6).

 

L’époux (v. 7 à 10)

Que tu es belle, et que tu es agréable, mon amour, dans tes délices (v. 7)!

Ta taille ressemble à un palmier, et tes seins à des grappes (v. 8).

J’ai dit: Je monterai sur le palmier, je saisirai ses rameaux; et que tes seins soient comme les grappes de la vigne, et le parfum de ton nez comme des pommes (v. 8), et ton palais comme le bon vin (v. 10).

Les filles de Jérusalem peuvent contempler l’épouse comme un objet digne d’admiration. Le roi, lui, non seulement admire, mais possède l’épouse.

Les jeunes filles en la voyant, s’exclament: «que tes pieds sont beaux». Le roi dit: «que tu es belle», mais il ajoute: «que tu es agréable, mon amour, dans tes délices!» Les figures employées traduisent deux pensées différentes. La considérant dans toute sa beauté, il la compare au palmier, tout à la fois gracieux et majestueux. Quand il pense à elle comme à un objet de délices, il établit une comparaison avec des grappes de raisin.

D’autres ne font que contempler et admirer cette beauté. Mais elle appartient au roi seul. Il trouve chez son épouse des affections comparables aux grappes de la vigne, des grâces qui rappellent l’odeur suave des pommes, des joies qui évoquent le bon vin.

Il en sera ainsi de l’épouse terrestre, dans un jour à venir. D’Israël restauré, Dieu pourra dire: «Je ferai de vous un nom et une louange parmi tous les peuples de la terre»; mais du Seigneur lui-même, il est écrit: «Il se réjouira avec joie à ton sujet; il se reposera dans son amour, il s’égayera en toi avec chant de triomphe» (Soph. 3:20-17). Le monde sera dans l’admiration, mais lui trouvera ses délices dans son épouse terrestre.

Son épouse céleste aussi sera manifestée en gloire devant l’univers surpris, mais Christ verra, lui, le fruit du travail de son âme et sera satisfait.

Bien des personnes peuvent voir et admirer les effets extérieurs de la restauration d’une âme; mais le Seigneur seul trouve sa joie dans cette âme. Quand David confesse son péché, il demande: «Rends-moi la joie de ton salut», et il ajoute: «J’enseignerai tes voies aux transgresseurs». Mais à la fin du même psaume, il peut dire: «Alors tu prendras plaisir aux sacrifices de justice, à l’holocauste, et au sacrifice qu’on brûle tout entier». Il devient une bénédiction pour d’autres, mais, avant tout, un plaisir pour le Seigneur(Ps. 51:12, 13, 19).

 

L’épouse (7:11 à 8:4)

Qui coule aisément pour mon bien-aimé, et qui glisse sur les lèvres de ceux qui s’endorment (v. 11).

Je suis à mon bien-aimé, et son désir se porte vers moi (v. 11).

L’épouse, quand elle entend l’époux exprimer les délices qu’il trouve en elle, ne peut garder le silence. L’époux compare au bon vin la joie qu’il a trouvée en elle; elle ajoute immédiatement: «il coule aisément pour mon bien-aimé». Dans le passé, ses affections ont pu s’égarer, mais maintenant restaurée, elle est tout entière à son bien-aimé. Autrefois elle s’était endormie sur son lit; vaincue par la paresse, elle s’était montrée incapable de répondre à la voix de son bien-aimé; mais toute la beauté dont son amour l’a revêtue a réveillé ses affections. Le bon vin a amené l’épouse, naguère endormie, à parler. Les paroles qu’elle prononce maintenant sont l’expression de l’expérience la plus élevée de son âme. À travers tous ses égarements et ses chutes, son cœur, affermi par la grâce, s’est exprimé avec une ferveur croissante.

Quand pour la première fois ses désirs à l’égard du bien-aimé se sont éveillés, la soif de son âme était de posséder l’objet de ses affections. Satisfaite, elle s’écrie: «Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui» (2:16). Mais plus elle a fait de progrès dans la connaissance de ses pensées, et plus elle est devenue consciente d’être l’objet de tout son intérêt. Cette pensée remplit son cœur, et l’amène à dire: «Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi» (6:3). Et quand, enfin, ses propres affections ont été ranimées, elle découvre que Son amour est inchangé. Au lieu de reproches, elle l’entend seulement exprimer le plaisir qu’il trouve en elle. Elle réalise pleinement qu’elle appartient à l’époux, objet de toutes ses affections. Avec ravissement, elle déclare: «Je suis à mon bien-aimé, et son désir se porte vers moi» (7:10).

 

Viens, mon bien-aimé, sortons aux champs, passons la nuit dans les villages (v. 11).

Nous nous lèverons dès le matin pour aller aux vignes; nous verrons si la vigne bourgeonne, si la fleur s’ouvre, si les grenadiers s’épanouissent: là je te donnerai mes amours (v. 12).

Les mandragores donnent leur parfum; et à nos portes il y a tous les fruits exquis, nouveaux et anciens: mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi! (v. 13).

Toutes les voies du roi à l’égard de son épouse ont pour résultat de l’amener à partager ses pensées, ses désirs, ses affections. Il lui avait dit à plusieurs reprises: Viens! Elle s’était montrée lente à répondre, mais maintenant elle fait siennes ses paroles et lui dit: «Viens, mon bien-aimé». Elle souhaite jouir de sa compagnie pour goûter la communion de l’amour. Elle déclare: «sortons…, passons…, nous nous lèverons…, nous verrons…». Elle ne voudrait plus jamais être séparée de lui. Où qu’ils aillent, où qu’ils demeurent, quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils regardent, il faut qu’ils soient ensemble. Elle ajoute: «Je te donnerai mes amours». Dans le temps passé, ses affections ont pu s’égarer sur d’autres objets, mais maintenant elles sont uniquement pour lui.

L’apôtre Paul pouvait dire aussi: «Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20).

 

Oh! que tu fusses pour moi comme un frère qui ait sucé les mamelles de ma mère! Si je te trouvais dehors, je t’embrasserais, sans qu’on m’en méprisât (8:1).

Je t’amènerais, je t’introduirais dans la maison de ma mère; tu m’instruirais; je te ferais boire du vin aromatisé, du jus de mes grenades (v. 2).

Sa main gauche serait sous ma tête, et sa droite m’embrasserait! (v. 3).

Il ne suffit pas à l’épouse que son amour pour le roi s’exprime dans l’intimité. Elle désire que tous le connaissent. Oh! que tu fusses pour moi comme un frère, dit-elle, que je puisse manifester mon amour devant tous, sans inconvenance.

Exprimer notre amour pour Christ dans un monde qui l’a rejeté, ne peut que nous attirer la haine du monde; mais le moment vient où nous pourrons témoigner publiquement de notre amour pour lui, sans être méprisés.

 

Je vous adjure, filles de Jérusalem, pourquoi éveilleriez-vous, et pourquoi réveilleriez-vous mon amour, avant qu’elle le veuille! (v. 4).

La strophe s’achève par une adjuration aux filles de Jérusalem pour qu’elles ne troublent pas l’heureuse communion de l’amour.