Colossiens

Chapitre 3

(v. 1 et 2) — Au v. 20 du chapitre précédent, nous avons, ainsi qu’il a été remarqué, la doctrine posée en Rom. 6, c’est-à-dire la vérité que le chrétien est mort avec Christ. Nous faisons maintenant un pas de plus; nous voyons notre union avec Christ dans la résurrection: Nous avons «été ressuscités avec le Christ». La puissance de résurrection et de vie qui a relevé Christ d’entre les morts, passe de lui dans ses membres (comp. Éph. 1:19, 20; 2:6). Voilà un second caractère de notre position. Morts avec Christ, et ainsi en ayant fini avec les ordonnances se rapportant à une vie terrestre; mais ressuscités avec Christ, et étant entrés ainsi dans une autre vie, qui n’est pas celle de la terre, et qui a ses objets dans une autre sphère que celle d’ici-bas. Et si l’on demande: Quand est-ce que nous avons été ressuscités avec le Christ? la réponse est: C’est lorsque Christ a été ressuscité; tout comme c’est à la croix, quand il y a été cloué et qu’il y est mort, que notre vieil homme y a été crucifié et que nous y sommes morts avec lui (Rom. 6:6, 11). Les faits ont eu lieu, et le résultat subsiste, bien que la chose elle-même ne soit appliquée à nos âmes que lorsque nous avons cru et que nous avons été vivifiés.

Or quelle conséquence résulte pour nous du fait que nous avons été ressuscités avec le Christ? Elle est simple. On n’est pas ressuscité pour rentrer dans la vie à laquelle on était mort. C’est dans une vie nouvelle que l’on se trouve — celle de Christ ressuscité. C’est donc une vie du ciel, d’en haut, et dans le ciel, où est Christ. La sphère de cette vie est donc le ciel, et c’est pourquoi il est dit: «Cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ (ressuscité) est assis à la droite de Dieu; pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre». Remarquons, en passant, que, dans l’épître aux Colossiens, le chrétien, bien que ressuscité avec Christ, est considéré comme étant encore sur la terre, tandis que dans l’épître aux Éphésiens, il est vu comme assis en Christ dans les lieux célestes. Mais bien qu’étant encore sur la terre, sa vie n’y appartient pas, et l’apôtre l’exhorte à agir comme entré dans une nouvelle vie, et à chercher les objets qui répondent à cette nouvelle vie et conviennent à un ressuscité: «Cherchez les choses qui sont en haut», qu’elles soient les objets de vos désirs. Ces choses qui sont en haut sont tous les biens et les privilèges célestes qui actuellement et en espérance sont à nous en Christ et par lui, ces biens, ces trésors spirituels de grâce et d’amour dont il est la source et le centre. Sa gloire nous est montrée: il est assis à la droite de Dieu. En le contemplant là, nous comprenons tout le prix, toute la valeur des choses qui sont en haut. Nous ne connaissons qu’en partie, mais nous sommes exhortés à croître dans la connaissance et la grâce du Seigneur. Nous avons à chercher, comme on creuse pour découvrir des trésors, à acquérir toujours plus la connaissance et la jouissance de ces biens célestes. Les doctrines que l’on apportait aux Colossiens les ramenaient, religieusement parlant, aux choses de la terre; mais là-haut se trouvait Christ dont la Personne et les gloires sont présentées dans le chapitre premier: voilà ce qu’ils avaient à chercher. «Tous les trésors de la sagesse et de la connaissance» étaient là. Chercher les choses qui sont en haut, conduit le chrétien dans la vraie sphère de sa vie, en dehors des choses terrestres.

Mais il ne faut pas voir dans «les choses qui sont sur la terre» uniquement les ordonnances et pratiques religieuses auxquelles les faux docteurs voulaient assujettir les Colossiens, les détournant ainsi de Christ. «Les choses qui sont sur la terre» ont un domaine plus étendu. C’est tout ce qui se rapporte aux pensées, aux désirs, aux mobiles, aux affections du vieil homme. On ne peut unir la recherche de ces choses, à la recherche des choses d’en haut. Ce sont ces dernières qui seules doivent occuper le cœur du chrétien. Il a à passer dans le monde, il a à s’y occuper, il a à y combattre, mais avec le cœur en haut; c’est ce qui garde, console, et fortifie.

En cherchant les choses qui sont en haut, on apprend à les connaître, à les apprécier, à les goûter. Que notre pensée y demeure. «Pensez (ou mettez votre affection) aux choses qui sont en haut»; vous cherchez et trouvez; mais pour garder, il y faut penser. «Occupe-toi de ces choses; sois-y tout entier» disait Paul à Timothée par rapport à ce qui concernait son ministère. Il en est ainsi pour tous les chrétiens quant aux choses qui sont en haut. Oh! combien cette exhortation est de saison pour nous, dans ces temps de relâchement et de poursuite des choses terrestres! Avoir le cœur en haut, être occupé de Christ à la droite de Dieu, vivre dans cette atmosphère pure et paisible du ciel, au milieu de saintes pensées et d’affections célestes, quelle grâce, si nous comprenions que c’est notre privilège! Où allons-nous, où espérons-nous nous trouver bientôt? Dans le ciel, avec Christ, n’est-ce pas? Et nous pouvons déjà vivre là; et le ciel ne nous sera pas comme un lieu étranger, puisque nous y aurons déjà vécu et que nous aurons déjà eu quelques avant-goûts de ce qu’il est. «Cherchons les choses qui sont en haut, pensons aux choses qui sont en haut», et ces choses de la terre nous paraîtront ce qu’elles sont toujours, un néant, des ordures.

(v. 3) — Nous avons dans ce verset le grand motif pour renoncer aux choses qui sont sur la terre et nous attacher à celles qui sont en haut; c’est que «nous sommes morts» à cette vie de la chair à laquelle se rattachait notre culpabilité et la condamnation, parce que c’était la vie où dominait le péché et la puissance de l’ennemi. Mais pour la foi, de même que devant Dieu, nous sommes morts, quant à cette vie-là, morts en vertu de ce que Christ est mort pour nous. Mais la seconde partie du motif dont nous parlons est que nous avons une autre vie, la vie de Christ lui-même. Or cette vie est là où il est: «cachée avec le Christ en Dieu». C’est donc une vie spirituelle, céleste, impérissable, la vie de Christ, caractères qui la séparent nettement et absolument des choses de la terre. Les objets de cette vie doivent nécessairement répondre à sa nature, et ne peuvent ainsi être que les choses qui sont en haut. Christ, ayant accompli son œuvre, a disparu du monde: «Le monde ne me verra plus», dit-il (Jean 14:19). Il a été glorifié en Dieu; il est entré dans cette gloire divine comme l’Homme qui a accompli les desseins de Dieu, et il y reste caché aux yeux du monde jusqu’au jour de sa manifestation glorieuse. Or la vie que nous possédons, et qui est Christ lui-même, est cachée dans le lieu même où il est. Elle est nôtre — Christ qui est votre vie — et nous l’avons sur cette terre, mais par elle, nous sommes rattachés au ciel, à Dieu lui-même. Combien misérables apparaissent les choses de la terre, en comparaison de cette vie cachée avec le Christ en Dieu! Et nous en jouissons, nous jouissons des objets célestes et divins de cette vie — Dieu et Christ. De quelle joie, de quelle paix, de quel bonheur est remplie l’âme qui a conscience de la vie qu’elle a en Christ! Elle est ravie par la contemplation des choses qui sont en haut. Mais de même que Christ, notre vie est cachée. Le monde ne peut la connaître. Il ne nous connaît pas, comme il n’a pas connu Christ (1 Jean 3:1). Il ne peut pas comprendre les motifs et le ressort qui nous font agir, lorsque nous marchons comme morts et ressuscités avec Christ. C’est pour lui une folie, ainsi que Festus disait à Paul: «Tu es hors de sens, Paul» (Actes 26:24). Mais pour nous, nous jouissons de cette vie cachée, en nous nourrissant de la «manne cachée», de Christ lui-même (Apoc. 2:17), et peu nous importe ce que pensera 1e monde.

(v. 4) — Mais cette vie n’est pas destinée à être toujours cachée. Christ, maintenant caché dans le ciel, doit un jour être manifesté au monde; il apparaîtra dans l’éclat de sa gloire, de la gloire dont le Père l’a couronné, entouré de la gloire des armées célestes (Luc 9:26). Et alors nous qui maintenant sommes déjà ressuscités avec lui, nous qui l’avons pour notre vie, nous serons manifestés avec lui en gloire. Il a dit lui-même: «La gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée» (Jean 17:22). Et le monde, en nous voyant dans cette gloire de Dieu, comprendra pourquoi nous marchions n’étant pas de la terre; il saura où était notre vie et quels étaient les motifs de notre séparation d’avec lui. La gloire qui est la sphère propre de cette vie éternelle que nous avons en Christ, sera celle dans laquelle nous paraîtrons avec lui.

(v. 5, 6) — Les versets précédents nous ont montré la position que nous avons comme morts et ressuscités avec Christ; la vie qui répond à cette position et que nous avons en Christ, et enfin le résultat dans l’avenir quand nous paraîtrons avec Christ dans la gloire. Maintenant viennent les conséquences pratiques.

«Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre», puis suit l’énumération de ces membres qu’il faut mettre à mort — ces membres qui appartiennent au vieil homme. Le fait que l’on a la vie, une vie dont les choses d’en haut sont les objets, rend capable de mortifier les membres qui sont sur la terre, qui appartiennent à cette sphère d’en bas à laquelle nous sommes morts. On doit les renier en pratique; nous n’avons rien à faire avec eux. Ces membres sont, comme nous le voyons, les diverses convoitises et leurs fruits extérieurs. Les deux premiers sont des actes; les trois suivants sont des sentiments intérieurs: d’abord, les affections déréglées qui se portent sur des objets illicites, ou qui, peut-être légitimes en elles-mêmes, se dérèglent et dégénèrent en passions auxquelles l’esprit n’a point de frein à opposer; secondement, la mauvaise convoitise, ou les mauvais désirs, les désirs du cœur charnel vers des choses coupables, et enfin la cupidité, mot qui, dans son acception générale, signifie le désir illicite de s’approprier ce qui est à autrui, désir qui conduit à employer de mauvais moyens pour y parvenir. Ce mot s’applique aussi bien au désir de s’emparer de quelque chose contrairement à l’intégrité des mœurs (voyez 1 Thess. 4:5-7), qu’au désir de posséder de l’argent, à l’avarice. En un mot, c’est ce que comprend le dixième commandement. Si le cœur s’en va après les objets qu’il convoite, n’est-ce pas une idolâtrie, puisque alors il se détourne de Dieu? De là ce que l’apôtre dit: «la cupidité qui est de l’idolâtrie».

On peut se demander quelle est la différence entre nos membres, en Rom. 6:13, et nos membres, en Col. 3:5. Dans le premier passage, le mot exprime nos facultés intellectuelles et nos capacités physiques, pour qu’elles puissent maintenant servir d’instruments à notre nouvelle vie, après avoir servi à l’ancienne; on le voit aisément en comparant les versets 12, 13, 19. Le v. 1 du chap. 12, nous exhorte à offrir nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est notre service intelligent.

Mais «nos membres qui sont sur la terre», en Colossiens, c’est le péché positif dans la chair et ses manifestations. C’est ce que quelqu’un a appelé «le for intérieur des convoitises», et leur accomplissement appelle la colère de Dieu sur ceux qui y sont assujettis et qui sont ainsi dans un état de rébellion ou de désobéissance envers Dieu. C’est cet état qui est exprimé par «fils de la désobéissance».

(v. 7) — Les mots «marché» et «viviez» ne sont pas une répétition; par le premier, il faut entendre la conduite, les actes; le second exprime la vie même qui produit ces actes. Les Colossiens, comme gentils, avaient autrefois marché dans cette corruption morale qui est un des traits saillants du paganisme, et que l’on retrouve, hélas! dans la chrétienté professante (comp. Rom. 1:29-31 avec 2 Tim. 3:1-5); c’était la manifestation de la vie de la chair dont ils vivaient alors, et ces choses étaient, pour ainsi dire, la sphère de cette vie. Mais maintenant ils n’existaient plus dans la vie où ces choses se pratiquent. Ils étaient morts avec Christ et y avaient ainsi échappé, et ils étaient ressuscités avec Christ et introduits dans une nouvelle vie. Le chrétien a à réaliser cette nouvelle vie dans sa marche, et pour cela suivre l’exhortation contenue dans les versets suivants: «Renoncez, etc.».

(v. 8, 9) — Il faut donc renoncer à «toutes ces choses: colère, courroux, malice, etc.», les renier, les rejeter complètement de sa vie de tous les jours. Ce sont les mouvements de la propre volonté et d’un cœur sans frein. Elles sont incompatibles avec la vie de Christ qui est la nôtre; faisons-y une sérieuse attention et veillons, pour que ces manifestations du vieil homme ne se produisent pas. Où avons-nous jamais vu une seule de ces choses dans la vie de notre adorable Sauveur, lui la douceur et la patience constantes mêmes? «Je suis débonnaire et humble de cœur» disait-il, et le prophète dit de lui: «Il ne criera pas; on n’entendra pas sa voix dans les rues». Lui, qui ne rendait pas l’outrage quand on l’outrageait, et qui était la vérité même. Nous avons à suivre ses traces et à marcher comme lui dans la vérité en toutes choses (1 Pierre 2:21-24; Matt. 11:29; 12:19).

Remarquons que, dans ces deux versets, nous avons: 1° la méchanceté extérieure, qui se montre dans des actes et paroles, qui caractérise l’homme naturel et à quoi le chrétien doit renoncer (v. 8); et 2° le mensonge, qui est un signe distinctif du vieil homme. Or le chrétien étant mort avec Christ, a, par ce fait, dépouillé le vieil homme avec ce qui le caractérise.

(v. 10) — Mais si le chrétien a dépouillé le vieil homme — c’est un fait — et doit marcher en reniant tout ce qui s’y rapporte et en y renonçant, il a, d’un autre côté, revêtu le nouvel homme, résultat de sa résurrection avec Christ. Nous ne trouvons pas l’expression «le nouvel homme» dans l’épître aux Romains, parce qu’il s’agit là de notre mort avec Christ. Ici, dans les Colossiens, où le chrétien est ressuscité avec Christ, lui dont la vie est Christ, le nouvel homme est introduit comme le caractérisant. Il a revêtu le nouvel homme, non pas il doit le revêtir. C’est un fait acquis.

Or le nouvel homme «est renouvelé en connaissance»; il a ce qui n’avait pas été auparavant dans l’homme, l’intelligence de Dieu et des choses divines. Ce n’est pas qu’il se renouvelle constamment: il est renouvelé. Il est une chose toute nouvelle; ce qu’il est comporte une intelligence de ce qu’est la nature de Dieu, moralement parlant. Il possède la lumière de Dieu, et Dieu dans sa nature est pour lui la mesure du bien et du mal. Merveilleuse condition que ce renouvellement en connaissance de Dieu, de sa nature, de Christ, et de notre participation morale à cette nature! Cet état tout nouveau, cette connaissance toute nouvelle, les justes de l’Ancien Testament ne pouvaient l’avoir, bien qu’ils fussent nés de nouveau, et qu’ils eussent ainsi les dispositions du nouvel homme, et aussi la conscience de celles du vieil homme.

Le nouvel homme est créé; c’est une œuvre de Dieu dans l’âme. Ce n’est pas un état auquel on parvient ni de soi-même, ni en progressant. Il est créé à l’image de Dieu, image morale comprenant la sainteté, la justice, la vérité. Christ en est le modèle parfait, le type accompli. La nature du nouvel homme, c’est Christ.

(v. 11) — Au vieil homme, à l’homme naturel dans la chair, descendant d’Adam, se rattachaient toutes sortes de distinctions: Grec et Juif — c’est-à-dire païens et ceux qui avaient, comme peuple choisi de Dieu sur la terre, la connaissance de ce Dieu; «circoncision et incirconcision», c’est-à-dire privilèges religieux ou non (Éph. 2:11, 12); «barbare, Scythe», ceux qui étaient en dehors des limites de la civilisation grecque et latine, et dont les Scythes étaient considérés comme les plus reculés; «esclave et homme libre», inégalités de position amenées dans la condition sociale par la violence et l’arbitraire. Dans le nouvel homme, toutes ces distinctions ont disparu; le vieil homme n’est plus reconnu par le chrétien que comme mort. Il reste donc le nouvel homme. Là tous sont égaux; là Christ est tout dans tous les croyants. Toutes les barrières qui séparaient les hommes tombent; le lien commun, celui qui unit tous les croyants, est Christ. Il est toutes choses pour eux, et en eux tous. Grâce précieuse! Tous ensemble ayant Christ pour unique objet, et lui en tous, c’est lui seul que l’on peut voir et reconnaître. Voilà le nouvel homme. Les doctrines que l’on apportait aux Colossiens maintenaient des distinctions entre les hommes; le vieil homme y avait sa place.

(v. 12) — «Revêtez-vous donc»; ici commence l’application pratique d’avoir «revêtu le nouvel homme». On l’a revêtu; c’est un fait. C’est un vêtement de perfection morale qui a maintenant à se manifester, de même que l’on peut voir une robe richement ornée sur celui qui la porte. Que servirait-il de la posséder, si on ne la portait pas? Non pour se glorifier, sans doute, mais pour glorifier Christ, en manifestant dans notre conduite ce qu’il est, lui, notre vie: «Revêtez-vous donc», que chaque chrétien fasse attention à cette exhortation qui commence le résumé le plus complet et le plus beau de la vie chrétienne pratique.

Mais remarquons que, comme le fait d’avoir dépouillé le vieil homme est le point de départ pour mortifier les membres qui sont sur la terre et qui appartiennent à la vie du vieil homme, renonçant à la convoitise, à la méchanceté et au mensonge, de même le fait d’avoir revêtu le nouvel homme est un point de départ pour en manifester pratiquement le caractère, qui est celui de Christ. De cette manière, le nouvel homme n’est pas un état pratique de notre marche ici-bas. Le nouvel homme, sa vie, la vie de Christ, est la seule où nous soyons reconnus de Dieu, soit en haut, soit sur la terre.

«Comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés», tels sont les titres donnés aux chrétiens qui sont exhortés à revêtir le caractère de Christ. Premièrement, dans l’éternité passée, la pensée de grâce de Dieu à notre égard — «élus de Dieu»; ensuite, notre mise à part avec le caractère qui convient à la nature de Dieu, et qu’il nous a aussi donné par grâce en vertu de notre élection — «saints»; oui, des vases purifiés pour son service, et comme tels, les objets des délices de Dieu, ses «bien-aimés». Oh! quels puissants motifs pour nous revêtir de tous ces traits qui vont être énumérés et qui constituent l’ensemble de la vie du nouvel homme sur la terre, y marchant à la gloire de Dieu et de Christ! «Voyez», a dit quelqu’un, «à quelle hauteur l’apôtre se place, et avec quelle tendre affection il nous exhorte! Au lieu de nous presser et de nous pousser par des commandements et des lois, il nous attire par le souvenir de la grâce de Dieu, afin d’obtenir les fruits de notre foi, et que nous portions ces fruits librement et joyeusement».

«Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, etc.». Les chrétiens ont à se revêtir «d’entrailles de miséricorde». La miséricorde est la compassion du cœur que l’on éprouve pour les faibles, les souffrants, les malheureux, et même les coupables. Les «entrailles de miséricorde» est un terme très fort qui indique que nous ne devons pas être miséricordieux seulement à l’occasion, mais que nous avons à posséder, à revêtir ce caractère dans le plus profond de notre cœur; il doit émaner de ce qu’il y a de plus intime dans notre être intérieur. Nous avons eu besoin de la miséricorde divine envers nous, et nous en avons constamment besoin; cette miséricorde, provenant des profondes affections de son cœur, a caractérisé notre adorable Sauveur, dans son passage sur la terre, alors qu’il s’inclinait avec amour vers tous ceux qui souffraient, soit dans leur corps, soit dans leur âme à cause du péché; combien de fois nous le voyons «ému de compassion»! Eh bien, nous avons comme caractère de la vie que nous tenons de lui, à avoir, comme lui, des entrailles de miséricorde. Remarquons le passage suivant des paroles de Zacharie, lorsque, rempli de l’Esprit Saint après la naissance de son fils Jean, il prophétisa et bénit Dieu qui allait envoyer le salut à son peuple, «dans la rémission de leurs péchés, par les entrailles de miséricorde de notre Dieu, selon lesquelles l’Orient d’en haut nous a visités» (Luc 1:77, 78). C’est la compassion infinie de Dieu envers des pécheurs coupables et perdus qui l’a porté à envoyer son Fils, l’Orient d’en haut, pour les éclairer et les sauver.

Du reste, les autres choses recommandées aux saints, c’est-à-dire la bonté, l’humilité, la douceur, la longanimité, doivent aussi sortir du fond même de nos cœurs: ce sont les entrailles de miséricorde, de bonté, etc.

(v. 13) — Ici, nous avons deux autres caractères de la vie de Christ dans le chrétien, le support et le pardon mutuels. Le support se rapporte aux infirmités qui résultent de notre condition actuelle, l’ignorance, l’erreur, par exemple; aux difficultés de caractère, aux divergences de vue, à certaines différences d’habitude, etc. À tous ces égards, nous avons à supporter les autres, montrant un esprit de patience, comme Christ l’a montré si souvent envers ses disciples; il ne s’agit pas ici du mal moral. Celui-là nous n’avons pas à le supporter, mais à le reprendre. Mais il se peut qu’on ait mal agi envers nous et qu’ainsi nous ayons un réel sujet de plainte; alors il faut pardonner, ne garder aucun ressentiment dans son cœur: Christ ne nous a-t-il pas pardonné?

(v. 14) — Il semble que la réalisation de toutes les qualités qui précèdent, constitue la perfection morale pour celui qui les posséderait. Mais l’apôtre, dans ce verset, met quelque chose au-dessus: «Et par-dessus tout cela, revêtez-vous de l’amour qui est le lien de la perfection». L’amour qui est la nature même de Dieu, et qui imprime un cachet divin à toutes les qualités énumérées, les réunissant et les tenant réunies comme en un faisceau, les animant de sa vie et de sa chaleur. N’est-ce pas là aussi ce qui domina en Christ et donna à sa vie cette parfaite unité, cet accord et cette harmonie parfaite dans la manifestation de tous ces traits? L’amour n’est-il pas aussi au fond la source dont ils dérivent? «Si j’ai l’amour», ils se montreront (voyez 1 Cor. 13).

Remarquons que l’on revêt ces qualités dans la conscience que l’on a de la place bénie devant Dieu qu’expriment ces paroles: «Élus de Dieu, saints et bien-aimés». C’est comme tels, et il n’en saurait être autrement. C’est dans le sentiment de cette merveilleuse faveur, que la grâce se développe dans nos cœurs. Ainsi, en Éphésiens, il est dit: «Soyez imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants».

Il se peut que l’on rencontre des qualités naturelles qui ressemblent à plusieurs de celles qui sont indiquées aux v. 12 et 13, et qui appartiennent à la vie divine. Mais il est rare de les trouver réunies, comme lorsque l’amour divin est le lien qui en fait un ensemble, et ensuite elles se présentent habituellement avec un manque d’énergie qui les fait dégénérer en défauts. La douceur s’unira au laisser-aller; la bonté deviendra de la faiblesse; le support et la longanimité subsisteront au détriment de la sainteté et de la vérité. Au contraire, dans la vie divine se trouve l’énergie d’amour qui provient de la communion avec Dieu et qui maintient les caractères de Dieu. Or c’est ce qui manque dans les dispositions naturelles. Lorsque l’amour est là, il y a un caractère, quelque chose de complet, une justesse d’application, une perfection, une propriété, et une énergie pour la manifestation de ces qualités que l’amour seul peut donner. Car c’est Dieu qui est là, agissant dans sa nature qu’il nous a communiquée, car «celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu, et Dieu en lui».

Nous trouvons de même, en 2 Pierre 1: «Ajoutez à l’affection fraternelle l’amour». Car même chez le fidèle, s’il n’y a pas la conscience de la présence de Dieu, s’il n’y a pas la communion avec Dieu dans l’amour, les affections chrétiennes peuvent dégénérer en sympathies humaines qui ne garantissent pas du mal, et conduiraient à l’excuser et à le supporter. Ainsi, l’amour est le lien de la perfection, car la perfection c’est bien l’ensemble harmonieux de toutes les qualités, mais cet ensemble n’existe que par l’amour. Dans quelle perfection nous voyons toute cette vie réalisée en Christ! Mais il est notre vie, et notre privilège est de «marcher comme lui a marché».

(v. 15) — Nous avons ici, non plus une exhortation, mais un vœu que forme l’apôtre: «Que la paix du Christ... préside dans vos cœurs». La paix du Christ! Tout est rapporté à Christ dans cette épître: le pardon de Christ, la paix du Christ et, plus loin, la parole du Christ (v. 16). La paix du Christ est cette paix douce et ineffable que rien ne pouvait troubler en lui, bien qu’il fût éprouvé de toutes manières, car il marchait avec Dieu. «Je vous donne ma paix», nous a dit Jésus (Jean 14:27). Le chrétien, en suivant le sentier où Jésus a marché, celui dont les traits sont indiqués plus haut, jouira de cette paix; elle présidera ou dominera dans son cœur; toute sa vie en portera l’empreinte. Quel doux repos dans ce monde agité, au milieu de tant de troubles! Mais c’est à cela que Dieu — le Dieu de paix — nous a appelés. Le Sauveur ne veut pas que notre cœur soit troublé, mais que sa paix y règne!

L’unité du corps est introduite ici; simplement quant au fait que les chrétiens sont appelés à réaliser ensemble cette unité dans la paix du Christ.

Régnant dans nos cœurs, elle présidera aussi à nos relations mutuelles et écartera toute aigreur, toute animosité. «Bienheureux ceux qui» — jouissant de cette paix — «la procurent et la répandent autour d’eux, comme «fils» du Dieu de paix!

Ce v. 15 se termine par trois mots d’une grande signification et d’une haute importance: «Et soyez reconnaissants». L’âme qui jouit de la paix du Christ et de toutes les grâces qui découlent pour elle de l’amour de Dieu, et qui a conscience de l’activité constante de cet amour envers elle, est remplie de reconnaissance, déborde d’actions de grâces. Pourquoi donc l’exhortation? Ah! c’est que nous sommes enclins à oublier, à perdre de vue, c’est que la conscience de ce qu’est Dieu pour nous, n’est pas toujours assez nette, et l’apôtre, par ces paroles: «Soyez reconnaissants» nous rappelle que nous recevons tout de lui.

Mais nous ne devons pas oublier d’être aussi reconnaissants les uns envers les autres pour tout ce que nous recevons du Seigneur les uns par les autres. Et même, nous devons savoir être reconnaissants de la bonne intention de quelqu’un, quand même il se tromperait dans l’application de sa bonne volonté à notre égard. La reconnaissance est un caractère du chrétien, de même que l’ingratitude en est un de l’homme irrégénéré (2 Tim. 3:2). Être reconnaissant même pour les plus petites choses, pour un petit service, pour une bonne parole, est une chose agréable à Dieu. Lui-même estime la pite de la veuve, et un verre d’eau froide donné à un petit.

N’oublions donc pas d’être reconnaissants; que ce sentiment ne s’éloigne pas de nos cœurs; il est un des traits qui doivent caractériser notre vie chrétienne.

(v. 16) — L’activité de la vie de Dieu dans le chrétien comporte deux choses: la jouissance de Dieu lui-même, et l’exercice de cette activité envers les autres selon la nature de la vie divine, c’est-à-dire l’amour. Mais pour cela, l’âme a besoin, d’une part, de ce que lui révèle Dieu, et d’un autre côté, d’une règle de son activité envers les autres. C’est ce que nous avons dans «la parole du Christ».

Pourquoi cette expression: «la parole du Christ»? C’est parce que, selon le dessein de l’Esprit dans cette épître, tout est rapporté à Christ. La parole du Christ est donc ce qui, dans la révélation, se rapporte spécialement à lui, c’est tout ce qui, dans les Écritures, exprime Christ d’une manière quelconque. Par exemple, le chrétien, le nouvel homme, possède l’intelligence qui lui fait trouver Christ partout dans l’Ancien Testament, en type ou prophétiquement, tandis que les justes de ce temps-là n’y voyaient que l’histoire de certains personnages, ou des ordonnances et des rites religieux. À plus forte raison le chrétien trouve-t-il Christ dans les évangiles et les autres écrits du Nouveau Testament. On ne pourrait dire que la parole du Christ, c’est la Bible, bien qu’il soit le centre de tout ce que les saintes lettres nous présentent. La parole du Christ est essentiellement ce qui nous le révèle, et en lui les pensées, les desseins et les voies de Dieu.

Nous sommes donc exhortés à ce que cette parole «demeure richement» en nous, afin que notre cœur possède tout ce qui dans les Écritures est l’expression de Christ. C’est la nourriture aussi bien que la joie de l’âme; c’est ce qui nous fait croître et nous fortifie pour l’action selon la vie de Dieu. Garder sa parole attire l’approbation du Seigneur, comme il l’exprime à l’égard de Philadelphie: «Tu as gardé ma parole». Ici l’exhortation est non pas seulement de garder, d’observer, mais il est dit «que la parole du Christ habite», ou demeure «en vous». Il y a dans cette expression quelque chose de plus intime, de plus profond. C’est la parole cachée dans le cœur (Ps. 119:11), y demeurant comme un hôte saint et béni dont l’influence se fait sentir partout dans l’intérieur de l’âme et dans la vie. «Qu’elle demeure donc en vous, non pas comme un hôte qui y passe un jour ou deux, mais comme un habitant de la maison, qui y a toujours son domicile».

«Richement» exprime qu’elle doit être là dans toute l’abondance de ses divins enseignements, pénétrant et réglant toute la vie, consolant et réjouissant le cœur en toute circonstance, en nous faisant toujours mieux et plus connaître Christ et Dieu par lui, dans tout son amour, toute sa grâce, toutes ses compassions, sa pleine suffisance en tout et pour tout.

«En vous», dans le cœur tout d’abord. Elle répond aux besoins du nouvel homme, le forme et le dirige selon Dieu. Mais en même temps, cette expression a aussi le sens d’«entre vous», ainsi que le montre la suite du verset. Que dans vos relations comme chrétiens, cette parole occupe pleinement la place qui lui est due. Que dans les entretiens, dans les assemblées, ce soit elle qui domine et règle tout.

Lorsque cela est réalisé, que la parole du Christ habite effectivement en nous, nous sommes rendus capables de nous enseigner et de nous exhorter l’un l’autre en toute sagesse. Au verset 28 du chapitre premier, l’apôtre dit qu’il exhorte et enseigne tout homme en toute sagesse. Ici, les chrétiens les uns à l’égard des autres ont à accomplir cette même tâche bénie. C’est que la parole du Christ qui habite en eux, les conduit à la source même de la sagesse, à Christ qui est la Sagesse incréée. C’est cette sagesse, bien différente de celle du monde, car elle est «premièrement pure, ensuite paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie», c’est cette sagesse qui vient d’en haut, qui règle et dirige la vie du chrétien. C’est selon cette sagesse que l’on s’enseigne et que l’on s’exhorte l’un l’autre. Chacun, lorsqu’il y a l’activité de la vie divine en lui, peut enseigner son frère. L’enseignement ne tombe pas nécessairement du haut d’une chaire, ni de la bouche d’un docteur; les chrétiens nourris dans la parole, en occupant leurs pensées et y trouvant leur plaisir, doivent être en état de communiquer aux autres ce qu’ils ont appris dans la communion du Seigneur; mais cela suppose un cœur que les soucis de la vie et la préoccupation des choses de la terre n’absorbent point, car alors la parole est comme reléguée dans un coin obscur de l’âme. Et si elle ne m’a pas enseigné, comment aurai-je de quoi enseigner les autres? Tels étaient les Hébreux, à qui l’apôtre le reproche (Héb. 5).

À l’enseignement mutuel se joint l’exhortation: «Vous exhortant l’un l’autre», trouvons-nous dans cette même épître. C’est un devoir d’amour, qui doit être accompli dans l’amour, que celui d’avertir nos frères. Combien il est alors besoin de la vraie sagesse. Elle fait discerner ce qui demande l’avertissement, elle montre aussi comment le faire d’une manière efficace. Il est nécessaire pour cela de vivre bien près du Seigneur. Il ne s’agit pas de reprendre rudement, il faut éviter de blesser: «Je supplie Évodie, et je supplie Syntiche», voilà le ton de l’exhortation dans la bouche de Paul. L’exhortation ne prévient pas seulement d’un danger à éviter, elle ne montre pas seulement une fausse route d’où il faut sortir, elle a aussi et surtout pour objet d’encourager l’âme, de peur que se laissant abattre, elle ne perde sa confiance et ne donne prise à l’ennemi; elle l’encourage aussi à être ferme et à marcher avec joie dans les sentiers de Dieu, malgré les obstacles et l’opposition du monde. Nous trouvons bien des exemples de ces avertissements, de ces encouragements, de ces exhortations, dans les paroles du Seigneur et dans les écrits des apôtres. Nous avons à nous les rappeler les uns aux autres. Mais rappelons-nous que c’est l’expérience que nous aurons faite en la présence de Dieu, de son amour, de ses soins, de sa sollicitude constante pour nous, qui nous rendra capables d’exhorter. C’est «dans sa lumière que nous voyons la lumière».

Le moyen pour s’enseigner et s’exhorter mutuellement est ici bien frappant: «par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant de vos cœurs à Dieu dans un esprit de grâce». Sans rechercher ici ce que nous devons entendre par ces diverses sortes de chants, nous voyons que les sentiments du cœur produits par la connaissance et la jouissance de l’amour de Christ et de la communion avec Dieu, s’exprimaient par ces chants, qui devenaient ainsi un moyen d’enseignement et d’exhortation. Si nous éprouvons une certaine difficulté à comprendre cela, la cause n’en serait-elle pas en ce que la présence de Christ en nous est faiblement réalisée, et qu’ainsi il y a dans nos cœurs peu de joie et peu de louanges? Lorsque l’excellence du Sauveur et son amour remplissent véritablement l’âme, comment la louange n’en jaillirait-elle pas?

L’apôtre nous dit la source d’où coulent ces chants: c’est de «nos cœurs»; il dit aussi vers qui ils montent: «à Dieu»; et enfin, ils sont produits par «la grâce». C’est donc essentiellement ces heureuses et saintes dispositions d’un cœur en qui «la grâce» est connue, en qui elle réside et agit, que nous avons à rechercher et à cultiver. Le bonheur dont notre âme est alors remplie se communique à d’autres, et on est à l’unisson pour chanter à Dieu, pour le louer et le bénir. Qu’ils sont rares les chrétiens heureux, dans lesquels il y a constamment comme un cantique de joie! C’est pourtant notre privilège d’être «toujours joyeux», et c’est une des choses qui glorifient le Seigneur. Mais tout découle de l’état du cœur.

On voit, en 1 Cor. 14:14-16, que la prière, le chant et l’action de grâces, produits par l’Esprit et exprimés avec intelligence — une intelligence spirituelle — sont destinés, dans l’assemblée, à édifier les autres.

Écoutons l’exhortation de l’apôtre, et pour cela que nos cœurs soient davantage et plus constamment et plus entièrement occupés de Celui dont au ciel, autour du trône, nous chanterons, dans un cantique nouveau, l’amour, les gloires et les perfections!

(v. 17) — «Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout an nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père». Christ est tellement la vie du chrétien, le but et l’objet de son cœur, qu’aucune chose, petite ou grande, ne se fait sans lui. Tout se fait en sa présence et en son nom, et cela imprime à la vie chrétienne son vrai caractère. En accomplissant même ce qui peut sembler des choses indifférentes, même manger et boire, le cœur est préoccupé de lui. Tout se dit ou se fait en son nom. Oh! quelle sauvegarde, si cela est réalisé, pour ne tomber dans aucun excès, pour que tout soit à sa gloire! En est-il ainsi de nous? Notre vie porte-t-elle ainsi le cachet de Christ? Et c’est un immense privilège et une gloire de déployer ainsi en tout et partout la bannière de Christ. Si nous ne faisons pas ainsi, s’il n’est pas le but et le mobile de notre vie, comment et par quel motif agissons-nous? N’est-ce pas selon la chair et pour la chair? Il n’y a pas de milieu, c’est ou Christ ou la chair. Prenons-y garde.

«Faites tout au nom du Seigneur Jésus». Cela évidemment décide de tout ce que l’on peut faire ou ne pas faire. La règle n’est donc pas: Y a-t-il du bien ou du mal en telle et telle chose? mais: Puis-je y associer le nom du Seigneur Jésus, c’est-à-dire Christ lui-même? Il y a, en effet, des choses qui pourraient sembler indifférentes ou bonnes en elles-mêmes, mais dans lesquelles le chrétien ne pourrait entrer au nom du Seigneur Jésus. Mais quand la vie est ainsi réglée par le fait que Jésus en est l’objet et le but, lui, le Saint et le Véritable, quand on réalise que lui vit en nous, de sorte que tout se fait en vue de lui, alors aussi, dans la conscience de son approbation et la joie de sa présence, on rend «grâces par lui à Dieu le Père», parce que rien ne gêne notre relation avec ce Dieu, notre Père, à qui nous avons été amenés. Ces actions de grâces envers Dieu, le Père, par l’amour duquel nous avons été délivrés et reçus et introduits dans le royaume du Fils de son amour, ces actions de grâces pour la vie de Christ qui nous a été communiquée et dont nous vivons au milieu des circonstances de notre existence terrestre, ces actions de grâces montent à notre Dieu et Père, par Jésus qui les lui présente avec tout le parfum exquis de sa Personne adorable. Quelle vie que celle du chrétien! De quelle grâce elle est comblée!

(v. 18-21) — Après ces principes généraux et d’une immense importance pour la vie chrétienne pratique, l’apôtre en vient aux devoirs des fidèles dans les diverses relations où ils se trouvent.

En premier lieu, nous avons les relations naturelles, établies de Dieu, comme nous le voyons dès le commencement, et auxquelles le Seigneur et l’Esprit Saint mettent leur sanction (voyez Matt. 15 et 19, et les exhortations en Éph. 5 et 6). Les chrétiens ont donc à manifester leur caractère comme tels dans ces relations, c’est-à-dire au foyer domestique. Remarquons la manière dont le Seigneur est partout introduit là, comme Celui qui a l’autorité, et qui est la source de toute autorité. Il est là, présidant au milieu de la famille chrétienne comme le Seigneur. Il convient que les devoirs s’accomplissent comme en sa présence, pour lui plaire en reconnaissant son autorité, car être chrétien c’est confesser que Christ est le Seigneur. Cette autorité du Seigneur est invoquée pour appuyer les préceptes adressés à ceux qui se trouvent dans une condition de subordination — les femmes et les enfants. Si les femmes doivent être soumises, cela «convient dans le Seigneur»; si les enfants doivent obéir, «cela est agréable dans le Seigneur». C’est en harmonie avec la pensée du Seigneur, c’est en sa présence et sous son autorité que la soumission et l’obéissance doivent être rendues. Quel motif puissant pour agir selon ces préceptes: «le Seigneur», Celui qui nous a acquis pour que nous soyons à lui! Comment ne pas s’empresser de faire ce qui convient à son nom, ce qui est agréable à son cœur! Pensez-y, femmes chrétiennes, enfants élevés sous les enseignements du Seigneur. De plus, le Seigneur mis ainsi en évidence comme motif de soumission et d’obéissance, fera que rien dans la personne ou les manières de faire de ceux à qui la soumission et l’obéissance sont dues, ne sera un obstacle à être soumis et obéissants. Nos devoirs sont envers le Seigneur; leur accomplissement est indépendant de ce que sont ou font les autres. Chacun est responsable pour soi-même envers le Seigneur.

La soumission envers son mari est donc réclamée de la femme. Le mari est le chef de la femme. Divers motifs en sont donnés dans l’Écriture (voyez Éph. 5:22, etc.; 1 Tim. 2:11-15). C’est sa place, sans que cependant cela implique rien de servile. La dégradation de la femme, son rôle d’esclave chez tant de nations, est le fruit du péché. Elle ne cesse pas d’être la compagne et l’aide qui correspond à l’homme (Gen. 2:18-20). Mais sa place est celle de soumission, et tout ce qui tendrait à l’y soustraire, à lui donner, comme cela arrive toujours plus de nos jours, une position d’égalité avec l’homme, dans ce qui est du domaine de celui-ci, va à l’encontre des pensées de Dieu. Spirituellement, en Christ, il n’y a ni homme, ni femme; mais là seulement. Et remarquons encore que cette position convient, est convenable. Le monde même juge quand une femme prend, en dehors de la soumission, la place qui ne lui appartient pas. Combien plus la femme chrétienne ne doit-elle pas être heureuse de garder la sienne?

Quant au mari, c’est l’amour qui lui est recommandé: «Maris, aimez vos femmes». C’est cet amour, cette tendresse de cœur, cette amabilité, ce support, ces égards (1 Pierre 3:7) qui découlent de l’amour, qui rendront facile la soumission. Tout sera en harmonie entre deux époux animés de ces sentiments; la paix régnera dans cet heureux ménage. Nul motif, nul exemple, comme en Éph. 5, n’est donné aux maris. L’amour, caractère de la vie de Dieu, est rappelé comme ayant à s’exercer dans cette relation particulière.

Remarquons la suite bien nécessaire de l’exhortation: «Ne vous aigrissez point contre elles». La femme a tout particulièrement besoin d’être entourée d’affection, et son cœur sait la rendre. Mais elle est dans sa nature faible, «un vase plus faible», plus délicat, non seulement quant au corps, mais quant aux sentiments, qui aisément sont douloureusement froissés. Dans son corps aussi, elle est exposée à bien des souffrances qui peuvent agir sur son humeur. Maris, ayez soin que rien ne vous aigrisse contre elles; traitez, supportez et soutenez avec amour ce vase plus faible. Gardez-vous de tout ce qui pourrait le froisser ou le blesser. Que toute aigreur en paroles soit écartée, quand même vous croiriez avoir quelque motif de plainte.

Vient maintenant l’exhortation adressée aux enfants et aux pères (v. 20, 21). Les enfants doivent être obéissants. C’est dans le cercle de la famille chrétienne que nous nous trouvons ici. C’est là qu’ils sont élevés dans la discipline et sous les enseignements du Seigneur. Mais comme la relation existe, même là où le christianisme réel, du cœur, ne se trouve pas, l’obligation de l’obéissance subsiste dans toute sa force partout où il y a enfants et parents. Le monde même le reconnaît. La désobéissance aux parents est un des traits de la corruption dans le paganisme (Rom. 1:30), qui se retrouve dans la corruption qui envahit le christianisme (2 Tim. 3:2). Nous voyons, en effet, de nos jours, cette forme particulière du mépris général de l’autorité, précurseur de la ruine sociale. Raison de plus, raison très forte pour que, dans la famille vraiment chrétienne, où le Seigneur a la place qui lui est due, le principe d’obéissance soit fermement maintenu, et cela dès l’âge tendre des enfants. La volonté propre et l’indépendance se montrent de très bonne heure; de très bonne heure, aussi, il faut apprendre aux enfants l’obéissance. Là où, dans la famille, la vie chrétienne est en activité, où l’on prie, où la Parole est lue, où la marche, en séparation d’avec le monde, est vraiment selon Christ, là, l’enfant apprend que l’obéissance envers ses parents lui est imposée par le Seigneur. Il voit, chez ses parents, l’amour pour Christ et la soumission à sa parole, et il comprend et respecte l’autorité divine qui lui dit: «Enfants, obéissez en toutes choses». Il désire, lui aussi, faire ce qui est agréable dans le Seigneur, ce qui est le vrai ornement de l’enfant. N’a-t-il pas l’exemple suprême de Jésus qui, de retour à Nazareth, était, bien qu’il fût le Fils de Dieu, soumis à Joseph et à Marie? (Luc 2:51). Heureux ces enfants qui marchent dans l’obéissance. C’est une préparation salutaire pour le reste de leur vie.

Remarquons que ce n’est pas seulement envers leurs pères que les enfants doivent montrer leur obéissance. Certains enfants redoutent l’autorité paternelle, mais n’auront pas, à l’égard de leur mère, la même obéissance. Or ici nous avons: «Obéissez à vos parents». L’obéissance doit être la même envers l’un qu’envers l’autre, et le père doit tenir à ce que le respect dû à la mère de famille lui soit rendu, et l’obéissance comme à lui-même. L’Ancien Testament insiste en plusieurs passages sur ce devoir des enfants envers leur mère (Lév. 19:3; Deut. 21:18-21; Prov. 6:20; 23:22; 30:17).

L’étendue de l’obéissance est aussi mise devant les yeux des enfants. C’est «en toutes choses». Non seulement celles qui plaisent, mais aussi celles qui sont pénibles, pour lesquelles on n’a point de goût. Il est nécessaire que, de bonne heure, la volonté soit brisée. L’enfant obéira peut-être volontiers en telle chose qui est en harmonie avec ses désirs, ou qui convient à ses dispositions naturelles. Il regimbera au contraire en d’autres. Il faut qu’il apprenne à obéir en toutes choses. Parfois il voudra raisonner, discuter le pourquoi, l’opportunité de ce qui lui est commandé ou défendu. Il doit obéir simplement en toutes choses. Dieu l’appelle à une obéissance implicite. C’est sa responsabilité comme enfant. Pères, vous avez à enseigner cette obéissance-là à vos enfants, sans faiblesse; enfants, vous avez à obéir ainsi. La question si l’on commande quelque chose contre la conscience n’est pas soulevée. Il s’agit de l’ordre normal dans la famille chrétienne.

«Cela est agréable dans le Seigneur» non au Seigneur, bien que ce soit vrai. C’est ici le motif qui doit encourager les enfants à être obéissants. La place des enfants comme des parents dans la famille chrétienne n’est pas dans le monde, mais dans le Seigneur. Il est selon sa pensée que les enfants obéissent, c’est pourquoi ils doivent le faire. Désobéir à leurs parents, n’est pas seulement agir contre ceux-ci, mais c’est sortir de la relation bénie qui unit parents et enfants dans le Seigneur. Comment être heureux en dehors du Seigneur, privé de son approbation, loin de sa bénédiction? Au contraire, en marchant dans la voie de l’obéissance, l’enfant éprouvera de la satisfaction, il aura une conscience sur laquelle ne pèse aucun fardeau, il sentira que c’est un sentier agréable et où le cœur est réjoui, comme tout ce qui est dans le Seigneur. «Il est bon à l’homme de porter le joug dans sa jeunesse» (Lam. 3:27).

(v. 21) — À ce qui concerne les enfants, correspond l’exhortation adressée aux pères. Ceux-ci doivent maintenir leur autorité comme chefs dans la famille. Ils ont à instruire leurs enfants, à les diriger, à les reprendre, à les châtier même, si cela est nécessaire (Éph. 6:4; Gen. 18:19; 1 Sam. 2:23, 24; Prov. 13:24; 19:18; 22:15; 23:13, 14). Ici, dans les Colossiens, nous ne trouvons pas ces préceptes, mais l’esprit dans lequel les pères ont, en les appliquant, à agir envers leurs enfants, un esprit de sagesse et d’amour, semblable à celui avec lequel Dieu, notre Père, nous traite aussi. «Pères, n’irritez pas vos enfants, afin qu’ils ne soient pas découragés». Une sévérité excessive, non pondérée, qui ne distingue pas entre faute et faute selon la gravité de chacune, qui ne tient pas compte du caractère de l’enfant, de son tempérament plus ou moins sensible, ou bien des accès de sévérité mêlés d’excès d’indulgence, ou encore châtier avec colère, comme si l’on avait une injure personnelle à venger, et non une juste discipline à exercer pour le bien de l’enfant et de telle sorte que l’enfant ne puisse douter que, même en châtiant, nous l’aimons, sont toutes choses qui sont de nature à irriter l’enfant. Ses affections pour ses parents se refroidissent ainsi; il se décourage dans les efforts que peut-être il a faits pour les satisfaire, et il est porté à chercher au-dehors, dans le monde, un bonheur qu’il ne trouve pas dans le cercle de famille. L’amour, l’amour vrai, sans faiblesse, mais tendre, tel qu’il convient à l’enfant chez lequel tout est à former, qui est une plante délicate qui a besoin de soins, et surtout de la chaleur du cœur chez ceux qui s’occupent de lui; voilà ce qui doit présider dans l’éducation chrétienne. N’est-ce pas ainsi que Dieu agit, lui dont en tout nous avons à être les imitateurs? S’il nous châtie, c’est pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté. C’est donc dans l’amour et selon sa sagesse, pour notre vrai bien. Pères chrétiens, vous avez à montrer à la fois la tendresse, la sollicitude, le discernement, la sagesse, la fermeté, pour élever vos enfants. Comment réaliser une tâche aussi grande, aussi belle mais aussi difficile? C’est essentiellement en vivant près de Dieu, près de Christ, dans sa communion, pour garder toujours le calme qui convient à l’exercice de votre devoir paternel. «Si Christ est reconnu, la famille est un précieux foyer de douces affections, où le cœur est élevé dans les liens que Dieu lui-même a formés, et qui, en nourrissant les affections, préservent des passions et de la volonté propre».

Remarquons que, tandis que les enfants sont exhortés à obéir à leurs parents, ici l’exhortation s’adresse aux pères seulement. Pourquoi? C’est qu’il y a naturellement, dans le cœur des mères, une tendresse pour leurs enfants qui rendrait cette exhortation superflue à leur égard. Mais que les mères chrétiennes se souviennent que cette tendresse ne doit jamais dégénérer en une indulgence qui les porterait à pallier les fautes, ou qui les conduirait à cacher au chef de la famille ce qui doit être repris ou châtié chez l’enfant. Qu’elles soient les premières à montrer leur respect pour l’autorité que Dieu a établie dans la famille.

Qu’elle est heureuse la famille chrétienne qui se meut dans cette atmosphère d’amour, de paix, de tendresse; où le Seigneur domine dans sa grâce, où vraiment il demeure. Combien grand et puissant sera son témoignage au milieu du monde!

Nous arrivons maintenant aux devoirs des esclaves envers leurs «maîtres selon la chair». Cette position de subordination ne provenait pas d’une institution divine à la création, mais était une conséquence de l’entrée du péché dans le monde. Les pauvres esclaves étaient la propriété de leurs maîtres; mais ceux d’entre eux qui étaient à Christ étaient les affranchis du Seigneur (1 Cor. 7:23). S’ils pouvaient recouvrer leur liberté, ils devaient en profiter, sinon, ne pas se mettre en peine de leur basse condition, puisqu’elle était pour eux une occasion de servir le Seigneur (le Maître) Christ.

Il est touchant de voir comment l’apôtre, par l’Esprit Saint, encourage les saints qui se trouvaient dans cette triste et malheureuse condition. Il élève leurs pensées de leurs «maîtres selon la chair», à leur Seigneur ou Maître selon l’Esprit. Toutes leurs responsabilités et leurs motifs d’action étaient ainsi transformés, et là aussi ils trouvaient leur encouragement et leur consolation.

(v. 22) — Derrière leurs maîtres, ils pouvaient voir le Seigneur. C’est parce qu’ils avaient dans leurs cœurs sa crainte — crainte dans l’amour — qu’ils avaient à obéir en toutes choses à leurs maîtres. C’est parce qu’ils craignaient ce Maître invisible, qui sondait tous leurs actes et leurs pensées, qu’ils avaient à servir leurs maîtres, non seulement quand ils étaient présents — non seulement sous leurs yeux — mais toujours, en toutes circonstances avec un cœur simple, sans calcul, qui ne cherchait pas à plaire aux hommes pour en obtenir quelque avantage, mais s’efforçant de plaire au Seigneur. Quel mobile élevé et puissant pour régler la vie!

(v. 23) — Ainsi, agissant pour le Seigneur et non en vue des hommes, ils pouvaient tout faire de bon cœur, même si leur service était pénible, dur, ou encore répugnant. Ils avaient à se soumettre sans murmures, sans raisonnements, en se disant: C’est pour le Seigneur qui m’a aimé, à qui j’appartiens, dont je suis l’affranchi. Remarquons ces points: obéir en toutes choses, sous les yeux du maître ou non, avec simplicité de cœur et de bon cœur. Ce sont les traits d’une vraie obéissance. Le mobile, c’est le Seigneur et sa crainte.

(v. 24, 25) — Et voici maintenant deux motifs que leur présente l’apôtre pour les encourager dans cette voie d’obéissance. En premier lieu, ces pauvres esclaves n’avaient droit, de la part du monde, à aucune récompense. Ce qu’ils faisaient, ils étaient obligés de le faire. Ensuite, leur humble condition ne comportait pas qu’ils eussent aucun héritage terrestre. Leurs corps, leur temps, leur gain, tout était à leur maître. Mais, de la part de leur Maître céleste, ils devaient recevoir une récompense et un héritage. L’héritage que tous les saints partageront avec Christ, leur est compté, à eux, comme une récompense relative à leur état présent de sujétion. Celui qu’ils servaient, en obéissant à leurs maîtres selon la chair, était Christ. Et lui n’oublierait pas de rémunérer leur foi, leur patience et leur fidélité.

Mais, en second lieu, le principe du gouvernement de Dieu, est aussi rappelé aux esclaves, comme motif à leur obéissance. Premièrement, c’était le Seigneur, le Sauveur qui les aimait: motif pour le cœur. Mais ici, c’est un motif pour la conscience: «Celui qui agit injustement, recevra ce qu’il aura fait injustement», c’est-à-dire recevra la peine de son injustice; il en subira les conséquences. Devant Dieu, il n’y a point d’acception de personnes. S’il se montre plein de tendresse et de compassion pour ceux qui sont dans une condition malheureuse, abaissés et méprisés, cette condition ne peut le faire passer par-dessus l’injustice. Être pauvre, dénué, esclave même, n’excuse pas l’injustice. À cet égard, tous sont égaux devant le saint gouvernement de Dieu. Les esclaves devaient s’en souvenir.

Remarquons que les exhortations adressées aux esclaves, présentent aux serviteurs chrétiens d’aujourd’hui la ligne de conduite qu’ils ont à suivre (voyez 1 Pierre 2:18, etc.).