Colossiens

Chapitre 1er

(v. 1 et 2) — L’épître commence à peu près comme celle aux Éphésiens. De même que celle-ci, elle fut écrite de Rome où Paul était prisonnier, et envoyée par Tychique accompagné d’Onésime qui fut aussi porteur de la lettre à Philémon (Éph. 6:21; Col. 4:7-9).

«Paul, apôtre (ou envoyé) du Christ Jésus, par la volonté de Dieu». Paul ne manque jamais, surtout dans les épîtres qui exposent d’une manière spéciale soit les doctrines du salut, soit les vérités qui se rapportent à Christ et l’Église, de revendiquer son titre d’envoyé par Jésus Christ. Son autorité, soit pour prêcher, soit pour enseigner, exhorter ou reprendre, lui vient directement du Chef glorieux de l’Église, et c’est par «la volonté de Dieu» qui a conféré à Christ cette place de gloire comme Homme (Éph. 1:20-23), et dont le conseil avait destiné Paul à sa mission (Gal. 1:15).C’est donc comme tel qu’il écrit et que l’Église a à recevoir son enseignement et ses exhortations. Ce n’est pas le message d’un homme, mais celui de Jésus Christ, par la volonté de Dieu.

Mais ici Paul s’adjoint «Timothée, le frère», ce qu’il ne fait pas en écrivant aux Éphésiens. Est-ce pour ajouter de la force au témoignage qu’il rend aux grandes vérités qu’il va développer, suivant une parole plus d’une fois rappelée dans l’Écriture? (Matt. 18:16; 2 Cor. 13:1). Quoi qu’il en soit, nous voyons souvent l’apôtre s’adjoindre soit tous les frères qui sont avec lui (Gal. 1:2), et ici c’est évidemment pour montrer leur unanimité avec lui dans les reproches qu’il va adresser — soit un ou deux qu’il désigne (1 Cor. 1:1; Phil. 1:1; 1 Thess. 1:1; Philém. 1), et qui ont été ses compagnons d’œuvre auprès des saints à qui il écrit.

Le titre donné aux chrétiens de Colosses est «saints et fidèles», comme dans l’épître aux Éphésiens; mais ici, il ajoute «frères». Le caractère de «saints et fidèles» se rapporte à la relation des chrétiens avec Dieu et le Seigneur, et convient plus exclusivement à ceux d’Éphèse, qui sont envisagés dans une position céleste, tandis que «frères» exprime la communion des saints les uns avec les autres sur la terre, mais toutefois comme ressuscités avec le Christ.

Puis vient la salutation ordinaire: «Grâce et paix à vous, de la part de Dieu, notre Père, et du Seigneur Jésus Christ».

(v. 3-8) — Ces versets et la prière qui les suit correspondent aux versets 15 et suivants du premier chapitre aux Éphésiens. Mais nous ne trouvons pas dans les Colossiens les conseils de Dieu, l’appel et les privilèges de l’héritage, bénédictions merveilleuses dont la pensée fait jaillir du cœur de l’apôtre ces paroles: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ» (Éph. 1:3-14).

Ici, comme dans les Éphésiens, au v. 15, l’apôtre rend grâces pour les chrétiens auxquels il écrit, et il motive ses actions de grâces dans les deux cas, parce qu’il a entendu parler de «leur foi dans le Christ Jésus et de l’amour qu’ils ont pour tous les saints». Comme toujours, l’apôtre se plaît à reconnaître le bien qui est en eux. C’est pour lui une source incessante de reconnaissance envers Dieu et de joie pour son cœur, en même temps que cela le conduit à les présenter toujours à Dieu dans ses prières, pour que ce bien s’affermisse et que leurs âmes progressent. Dans notre mesure, ne devrions-nous pas avoir quelque chose de cette sollicitude de l’apôtre?

«Ayant ouï parler de votre foi dans le Christ Jésus et de l’amour que vous avez pour tous les saints», voilà pourquoi il rend grâces. C’était un beau témoignage. Le Christ Jésus — et cela comprend sa Personne et son œuvre — était l’objet de leur foi, de leur confiance; leur regard spirituel s’arrêtait sur lui. De là découle nécessairement l’amour, car la foi est opérante par l’amour. Sans amour, elle est comme un arbre sans fruits. Et cet amour n’avait rien d’exclusif; il embrassait «tons les saints», tous ceux qui, de même qu’eux, avaient été mis à part pour Dieu et participaient aux privilèges de ses enfants. C’est le caractère de l’amour chrétien, d’être large.

Si l’apôtre rend grâces et prie constamment pour les Colossiens, c’est aussi «à cause de l’espérance qui leur est réservée dans les cieux».

L’apôtre savait ce qui leur était réservé dans les cieux, en dehors de la terre, il s’en réjouissait pour eux et dirigeait leurs regards vers ce but céleste. Ressuscités avec le Christ, un Christ maintenant dans les cieux, ils ne pouvaient avoir d’autre espérance qu’une espérance céleste; c’était ce qui les caractérisait et ce qui devait caractériser leur marche. Ni le judaïsme avec ses ordonnances, ni la philosophie avec ses vaines spéculations, ne pouvaient leur donner cette espérance qui détache de la terre et attache au ciel où se trouve l’objet de la foi et de l’amour. L’Évangile seul nous éclaire d’une lumière céleste, car il vient d’en haut et y appelle nos cœurs. Les Colossiens en danger d’être entraînés dans les pratiques d’une religion terrestre, sont ramenés à leur vraie destination par ce seul mot de l’apôtre: «l’espérance qui vous est réservée dans les cieux». Puissions-nous, exposés que nous sommes à céder aux préoccupations de la terre, nous souvenir sans cesse de «l’espérance qui nous est réservée dans les cieux» et qui doit faire de nous des hommes célestes, réalisant que nous sommes ressuscités avec le Christ, non pour la terre mais pour le ciel, où se trouve la source de notre vie.

Les Colossiens n’ignoraient pas qu’il y avait pour eux une espérance céleste. L’Évangile la bonne nouvelle, était «parvenu» jusqu’à eux. Cet Évangile, parole de la vérité, parce qu’il vient de Dieu, nous place en rapport avec Dieu dans le ciel. Le judaïsme ne le pouvait pas, car Dieu demeurait caché derrière le voile, et aussi longtemps que le judaïsme subsistait, le chemin des lieux saints — du ciel — n’était pas manifesté. Mais maintenant, par la mort de Christ, le voile a été déchiré, nous avons par le sang de Jésus une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints, et Jésus y est entré comme précurseur pour nous (Héb. 9:8-12; 10:19, 20; 6:19, 20). L’Évangile nous donne donc en Christ une espérance céleste (voyez 1 Pierre 1:3, 4), et les Colossiens, à qui il était parvenu, avaient par lui connaissance de cette espérance. Il en est ainsi pour nous. Quelle grâce d’avoir ainsi pour nos cœurs une espérance qui nous délivre de ce monde et des choses visibles qui nous cachent Dieu.

Mais cet Évangile, parole de vérité qui apportait une religion céleste, en contraste avec ce que prétendaient donner le judaïsme et la philosophie, n’était pas seulement pour un peuple particulier, ni pour les seuls adeptes d’une prétendue science. Il était pour tous, et s’était répandu dans «tout le monde où il portait du fruit et où il croissait». C’est ici, comme au verset 23, plus caractéristique qu’historique. L’Évangile du salut est pour le monde entier. C’est là sa sphère; il est destiné à pénétrer partout pour y porter du fruit et y croître, ainsi que cela avait eu lieu pour les Colossiens: «Comme aussi parmi vous», dit l’apôtre. Nous ne pouvons d’ailleurs point douter que l’Évangile du temps même des apôtres, n’ait été porté plus loin que peut-être on ne serait disposé à le penser.

Il n’était donc pas resté stérile chez les Colossiens. Il y avait porté du fruit par la conversion des âmes à Dieu et à Christ, par les résultats en marche chrétienne, sainte et divine au Seigneur, et en amour pour les saints. Et il y croissait. Combien cela est important! Les Colossiens progressaient; ils ne restaient pas stationnaires, satisfaits de ce qu’ils connaissaient déjà, ou du point où ils étaient arrivés dans la vie chrétienne. Ils réalisaient l’exhortation de l’apôtre Pierre: «Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ» (2 Pierre 3:18). Et cette marche en avant avait commencé et s’était continuée «depuis le jour où ils avaient entendu et connu la grâce de Dieu», que l’Évangile leur annonçait. C’est qu’ils l’avaient entendue et connue «en vérité», c’est-à-dire vraiment, d’une manière réelle, dans leur cœur. Combien il serait à désirer qu’il en fût ainsi de nous! Appliquant mal ce qui est adressé par le Seigneur à l’Église d’Éphèse comme un reproche: «Tu as abandonné ton premier amour», on parle comme si ce relâchement devait arriver nécessairement dans la vie du chrétien. Malheureusement, il en est trop souvent ainsi. Après la première joie du salut, on se laisse envahir, sinon par les plaisirs, au moins par les occupations de la terre, et on ne fait point de progrès. Non seulement cela, mais, suivant une loi nécessaire, on recule, car on ne peut rester stationnaire dans la vie chrétienne. Mais est-ce nécessaire? Assurément non. Paul ne se ralentissait pas dans sa course, et ne se laissait pas arrêter par les difficultés et les choses terrestres. «Je fais une chose», dit-il: «oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus» (Phil. 3:14). Soyons ses imitateurs, comme nous y sommes exhortés, ayant nos cœurs dégagés de tout sauf de Christ, et puisse l’Évangile dans ses résultats bénis, croître parmi nous et en nous!

Paul mentionne ensuite, au verset 7, l’instrument dont le Seigneur s’est servi pour leur faire entendre la parole de la vérité. C’est Épaphras, sur lequel nous n’avons d’autres détails que ceux donnés ici, au chapitre 4, et dans l’épître à Philémon (v. 23); mais le peu que l’Esprit Saint nous dit de lui suffit pour nous peindre son caractère et nous faire apprécier ce serviteur de Dieu. C’est le propre de la parole de Dieu de décrire ainsi en peu de mots les qualités de ceux qui plaisent au Seigneur, et à qui il donne une place dans son livre où leur nom est conservé. Inconnus du monde qui exalte ses héros, précieux aux yeux de Dieu, qui leur a réservé une place dans sa gloire.

Deux choses caractérisent ici Épaphras. À la fin de l’épître, nous trouvons d’autres traits. Il était le «bien-aimé compagnon de service» de l’apôtre. On sait combien celui-ci avait un cœur chaud et dégagé de toute jalousie. Il aimait, pour l’amour de Christ, à voir des ouvriers être engagés dans l’œuvre et le service du Seigneur. Il ne s’arrogeait sur eux aucune autorité, ils étaient ses compagnons. Pour eux, il éprouvait une vive affection, et savait reconnaître leur caractère et leur travail. Ainsi, il rend témoignage à Épaphras qu’il «est un fidèle serviteur du Christ», exerçant pour le bien des Colossiens le ministère qu’il avait reçu. Puissent aujourd’hui les ouvriers du Seigneur être animés du même esprit que Paul! L’œuvre ne pourra que se ressentir en bien de leur amour dévoué et sincère les uns pour les autres. Épaphras apportant à Paul des nouvelles de Colosses, lui parle de ce qui réjouit le cœur de l’apôtre: «l’amour dans l’Esprit» qui animait les Colossiens.

Nous avons déjà fait remarquer que le v. 8 est le seul passage de l’épître où l’Esprit Saint soit mentionné. Ajoutons que, tandis que dans l’épître aux Éphésiens l’Esprit Saint est présenté comme une Personne divine agissant dans les saints et dans l’Église, dans celle aux Colossiens, et cela dans ce seul passage, nous ne le voyons pas tant comme une Personne divine ici-bas que simplement comme caractérisant leur amour. Ce n’était pas une affection ou des affections naturelles, mais l’amour dans l’Esprit, fruit de la vie qui est en Christ. Or, c’est là ce qui est mis en évidence partout dans l’épître. Tout y ramène à Christ.

(v. 9 à 11) — Ici, au v. 9, commence la prière de l’apôtre pour les saints. Ainsi qu’au v. 15 du premier chapitre aux Éphésiens, Paul commence par «c’est pourquoi», se rapportant dans l’une et l’autre épître, à ce qu’il a exposé, et motivant ainsi sa prière. Mais dans la première épître, il a développé les privilèges merveilleux et les bénédictions spirituelles que les saints ont en Christ, et qui résultent des conseils de Dieu à leur égard. Aussi, dans sa prière, Paul demande pour eux qu’ils aient «l’esprit de sagesse et de révélation» pour comprendre ces conseils, et connaître la puissance par laquelle ils y avaient part. Dans les Colossiens, le «c’est pourquoi» se rattache sans doute à leur foi et à leur amour, au bien qu’il a reconnu en eux, et auquel il désire qu’ils ajoutent «la connaissance» de la volonté de Dieu; mais c’est surtout en vue de «l’espérance réservée dans les cieux» qu’il prie, afin que leur marche pratique réponde au but placé devant eux.

Il demande donc dans ses prières incessantes1 pour les Colossiens, qu’ils soient remplis de «la connaissance de la volonté de Dieu en toute sagesse et intelligence spirituelle». C’est le premier principe nécessaire pour diriger notre marche, comme ressuscités avec Christ et tendant vers un but céleste. Les ordonnances humaines, les commandements d’hommes, qui ont une apparence de sagesse (2:23), ne peuvent y conduire. Il faut plus et autre chose. Il faut «la connaissance de la volonté de Dieu» qui résulte de notre relation avec lui comme hommes ressuscités et ainsi sortis des liens d’une religion terrestre, et possédant une vie capable de le connaître réellement. Cette connaissance de sa volonté ne peut découler que d’une communion intime avec lui, communion qui est le propre de cette vie. Là, en effet, nous connaissons vraiment son caractère et sa nature.

1 Remarquons ce caractère de persévérance dans les prières, si en harmonie avec l’exhortation du Seigneur (Luc 18:1), et que nous devrions aussi posséder. Il existera là où se trouveront des besoins réellement sentis.

C’est pour cela que l’apôtre ajoute «en toute sagesse et intelligence spirituelle». La sagesse consiste surtout dans le discernement ou l’appréciation exacte des choses, et l’intelligence en fait l’application dans les circonstances diverses par lesquelles on a à passer. Mais remarquez que ce n’est pas l’intelligence et la sagesse naturelles. Ce sont celles qui sont le produit de la vie spirituelle, de la vie de Dieu dans l’âme, de l’action de l’Esprit. Elles dépendent donc de notre état spirituel, de la proximité où nous sommes de Dieu, et s’appliquent à notre marche comme chrétiens dans ce monde. C’est selon cette sagesse et cette intelligence spirituelle, que nous avons la connaissance de la volonté de Dieu, et non par des ordonnances. Plus vous vivrez près de Dieu, dans sa communion, dans ses pensées, plus vous aurez cette sagesse et cette intelligence, et mieux vous connaîtrez ce que Dieu veut de vous et par vous et pour vous.

Mais l’apôtre ne borne pas sa prière à demander que les saints connaissent quelque chose de cette volonté. Il demande qu’ils soient remplis, ou qu’ils soient accomplis «dans la connaissance de la volonté de Dieu». Cela suppose, non pas une connaissance intellectuelle de quelque chose qui est en dehors de nous, et que nous cherchons; mais une connaissance intime, intérieure, et telle qu’elle ne nous laisse point dans l’incertitude ou l’indécision quant à ce qu’elle est. De là résulte, ainsi que quelqu’un l’a dit, «que Dieu a attaché la découverte du sentier de sa volonté — son chemin — à l’état intérieur de l’âme, et il nous fait passer par les circonstances diverses de la vie ici-bas, afin d’éprouver et de nous faire découvrir à nous-mêmes ce qu’est cet état. C’est selon son état spirituel que le chrétien connaît les voies de Dieu, et la parole de Dieu en est le moyen (voyez Jean 17:17, 19). Dieu a un chemin à lui, chemin que l’œil du vautour n’a pas aperçu, qui n’est connu que de l’homme spirituel, qui se rattache à la connaissance de Dieu et qui en provient (voyez Exode 33:13).

Le verset 10 nous montre que c’est bien dans un but pratique, en vue de la marche chrétienne des Colossiens, d’une marche qui, dans ce monde, répondît à leur espérance céleste, que Paul a demandé pour eux qu’ils soient remplis de la connaissance de la volonté de Dieu. C’est «pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu». «Marcher d’une manière digne du Seigneur». Cette expression exprime la mesure de la marche ou de la conduite du chrétien. Nous la retrouvons dans d’autres épîtres, mais sous des formes différentes quant au mobile de la marche. Ainsi, dans l’épître aux Éphésiens, nous lisons: «Je vous exhorte à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés» (4:1). Cet appel était que Juifs et gentils (et nous aussi) fussent ensemble un seul corps et une habitation de Dieu par l’Esprit, par l’Esprit Saint demeurant dans l’Assemblée. Cette mesure de la marche est en rapport avec la teneur de l’épître. L’appel saint et élevé dont ils ont été appelés, résulte des conseils de Dieu relativement au mystère de l’Église.

Dans l’épître aux Philippiens, une autre mesure de la marche chrétienne nous est présentée: «Seulement conduisez-vous1 d’une manière digne de l’évangile du Christ» (1:27), digne de cette bonne nouvelle qui, en apportant le salut, délivre l’homme de la puissance du péché et lui présente Christ comme vie, comme modèle, comme but et comme force. Les Philippiens qui avaient éprouvé la puissance de cet Évangile que leur avait apporté Paul et qui en goûtaient les bénédictions, prenaient part de cœur à la prédication de l’Évangile (1:5) et, demeurant dans la foi à ce qu’il leur avait fait connaître, ils pouvaient résister aux adversaires, et se conduire, gouverner leur vie, d’une manière qui glorifiât l’Évangile

1 L’expression «conduisez-vous» n’est pas la même que «marchez», dans l’original. La première comporte l’idée de «se gouverner», comme en Actes 23:1. La seconde renferme l’idée de se mouvoir au milieu des circonstances.

Aux Thessaloniciens, Paul écrivait: Pour que vous marchiez d’une manière digne de Dieu, qui vous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire (1° épître 2:12). C’est vers Dieu qu’ils avaient été tournés en abandonnant les idoles; c’est ce Dieu vivant et vrai qu’ils avaient maintenant à servir; comme assemblée ils étaient en Dieu le Père; ils avaient pour espérance le royaume et la gloire de ce Dieu, et ils sont exhortés à marcher d’une manière digne de Dieu, dans la sainteté qui répond à son caractère (voyez 3:13; 4:1-8; 5:23).

Mais ici, dans cette épître qui ramène tout à Christ, qui le place sans cesse sous les yeux des chrétiens, la mesure de la marche est «d’une manière digne du Seigneur». Tout ce que Christ est, va être placé devant leurs yeux, mais il est le Seigneur; c’est l’autorité dont il est revêtu que ce mot exprime; nous lui appartenons; que notre marche réponde et soit à la gloire de notre «Seigneur». Il y a en même temps dans cette expression quelque chose qui s’adresse à notre responsabilité vis-à-vis de lui.

Ayant donc appris dans la communion avec Dieu ce qu’est sa volonté, étant rempli de la connaissance de cette volonté par la sagesse et l’intelligence spirituelle qui résultent de cette communion, le chrétien peut marcher «d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards». Remarquons cette expression «plaire au Seigneur», lui être agréable, jouir ainsi de son approbation, quoi de plus précieux et en même temps de plus propre à nous encourager! Et c’est «à tous égards». La vie chrétienne n’est pas une vie morcelée, pour ainsi dire, une vie dont une partie sera pour Christ et l’autre pour nous-mêmes ou le monde. Non, elle est un tout, s’imprime sur tout. Rien dans le chrétien ne doit échapper à son action; c’est «à tous égards» qu’il est appelé à plaire au Seigneur. Remarquons aussi comme cela se lie à être «remplis de la connaissance de la volonté de Dieu». Cette volonté de Dieu dans laquelle Christ prenait ses délices ici-bas (voyez Jean 4:34; Héb. 10:7), de sorte qu’il pouvait dire: «Je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean 8:29), est aussi ce dont la connaissance, quand nous en sommes remplis, nous fera «marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards». Quel motif d’activité pour le chrétien de «plaire à son Seigneur!» (voyez Luc 19:17; Matt. 25:21). Nous comprenons ainsi l’importance de la prière de Paul. Puissions-nous nous y associer de cœur!

L’apôtre précise maintenant sa pensée par ces paroles: «Portant du fruit en toute bonne œuvre». C’est ainsi qu’on plaît au Seigneur à tous égards. La vie dans le chrétien se montre dans la pratique: il porte du fruit en toute bonne œuvre. Le fruit, c’est-à-dire le résultat manifeste de la vie, ainsi qu’il arrive pour un arbre, c’est «toute bonne œuvre». Cela n’est point limité à telle ou telle œuvre, selon que nous le trouverons bon, ou que nous y serons conduits par nos goûts ou nos préférences. Non, c’est «toute bonne œuvre». Or, qu’est-ce qui caractérise une bonne œuvre? Qu’est-ce qui fait qu’elle est telle devant Dieu? Puisqu’elle est le fruit de la vie de Dieu, qu’elle résulte de la connaissance de sa volonté, c’est toute œuvre faite selon lui, répondant à sa nature, accomplie au nom du Seigneur Jésus, et montrant ce qui est énuméré dans ces paroles: miséricorde, bonté, humilité, douceur, longanimité, support mutuel, esprit de pardon et de paix, amour (Col. 3:12-17). De toutes ces choses se composera la vie pratique du chrétien, sainte et agréable au Seigneur. C’est ce que l’apôtre désirait pour les Colossiens, et ce que nous avons à désirer pour nous.

Mais un autre trait vient s’ajouter à ceux qui précèdent, c’est le progrès dans cette vie pratique: «croissant par la connaissance de Dieu». Comme nous l’avons remarqué, on ne peut rester stationnaire, si l’on n’avance pas, on recule. De là les exhortations à croître, à abonder de plus en plus en amour, en sainteté, en connaissance, que nous trouvons dans la Parole (Éph. 4:15; 1 Pierre 2:2; 2 Pierre 3:18; 1 Thess. 3:12).

Mais ici, nous avons le moyen intérieur qui produira cette croissance, cette marche en avant de l’âme; c’est «par la connaissance de Dieu». Il ne s’agit point ici de la connaissance de sa volonté pour diriger notre marche, mais de la connaissance même de Dieu, connaissance pleine et entière, dans le cœur et non dans l’intelligence seulement; connaissance de son caractère, de son amour, de sa sagesse, de sa bonté, de notre relation avec lui; connaissance qui, exerçant son action sur les affections, les attire et les attache toujours plus à lui, et fait que l’âme s’élève et grandit en amour, en sainteté, en ressemblance avec Dieu (voyez 2 Pierre 1:2) , étant ainsi dégagée de tout ce qui pourrait arrêter son développement. En effet, si notre cœur est occupé de Dieu, de ce qu’il est, de ce qu’il a fait et fait pour nous, les choses de la terre cessent d’avoir leur influence sur nous, et nous croissons spirituellement dans la mesure où cela a lieu. Heureux état que celui où Dieu remplit de plus en plus l’âme de sa lumière et de son amour!

(v. 11) — Or, pour marcher ainsi d’une manière digne du Seigneur, en portant du fruit et en progressant par la connaissance de Dieu, il y a une chose nécessaire, c’est la force. Nous trouvons donc maintenant cette vérité précieuse: la connaissance de Dieu nous fait voir où est le secret de la force. C’est en lui qu’elle se trouve; c’est de lui que nous la tirons: «Étant fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire». Le chrétien est fortifié par une force qui vient d’en haut, de la gloire où la puissance de Dieu a placé Christ après l’avoir ressuscité d’entre les morts (Éph. 1:19, 20). C’est cette puissance infinie vue en Christ dans la gloire, qui donne au chrétien «toute force», non pas seulement une force pour une circonstance particulière, mais cette force dont il a besoin à chaque instant pour réaliser la vie de Christ ici-bas; la vie céleste dans des circonstances terrestres; une vie en harmonie avec le caractère de Dieu qu’il connaît. Telle est la mesure de la force du chrétien: «Fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire»: nulle borne n’y est posée, car c’est la puissance même de Dieu. N’y a-t-il pas là de quoi encourager et soutenir dans le chemin?

Ce n’est cependant pas pour accomplir des actes de puissance aux yeux des hommes que cette force d’en haut nous est donnée. C’est pour réaliser le vrai caractère de la vie chrétienne ici-bas, tel qu’il l’a été d’une manière parfaite par le Seigneur sur la terre. On est fortifié «pour toute patience et constance, avec joie». Les peines, les afflictions, les oppositions et les difficultés de toutes sortes abondent dans le chemin de la foi. Le Seigneur ne l’a pas caché aux siens et les apôtres le rappellent (Jean 16:33; Actes 14:22). Lui-même a rencontré toutes ces épreuves et a montré en elles sa patience et son endurance constantes. Il est évident que, pour suivre une telle voie, il est nécessaire que la volonté propre soit subjuguée. Mais le Seigneur n’avait d’autre volonté que celle de son Père (Jean 4:34; 5:30; 6:38). De là découlait sa vie de patience et de support constant, qui ne se lassait jamais quelle que fût la contradiction des pécheurs et les efforts de l’ennemi. Pour nous, afin que notre volonté soit soumise et que nous puissions manifester la vie de Dieu en «toute patience et constance», nous avons besoin d’être «fortifiés en toute force» par la puissance d’en haut. Rien ne manifeste plus la force que la patience; non cette patience passive qui se soumet et supporte parce qu’il le faut, mais une patience active qui endure, parce que c’est la volonté connue de Dieu. Avons-nous cette patience dans les circonstances contrariantes et pénibles de la vie? Avons-nous ce support constant dans nos relations avec les autres? Cela ne provient pas d’un caractère naturel, apathique ou indifférent, mais d’une force venant de Dieu: «Fortifiés selon la puissance de sa gloire». La patience attend. Elle sait que le moment vient où les peines et les difficultés auront passé, et où l’on sera arrivé à la gloire d’où vient maintenant la force. Cette perspective encourage le cœur à la patience, et est placée plus d’une fois devant nous par la Parole (Jacq. 5:8; 2 Thess. 3:5).

Dans le chemin de l’obéissance et de la patience se trouve aussi la joie, en dépit de tout ce que nous avons à supporter, une joie qui vient d’en haut, la joie que Jésus goûtait dans sa communion constante avec son Père, la joie dont il dit: «Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie» (Jean 15:11; 17:13). C’est une joie qui découle de la certitude que Jésus vit dans la gloire, que nous avons le glorieux privilège de demander au Père en son nom tout ce qui concerne les besoins de nos âmes; c’est une joie qui, résidant dans la connaissance de ce glorieux Sauveur, ne peut nous être ôtée (Jean 16:22-24). Nous pouvons ainsi comprendre ces exhortations réitérées de l’apôtre à nous réjouir dans le Seigneur, à être toujours joyeux (Phil. 3:1; 4:4; 1 Thess. 5:16), l’affirmation de Pierre: «Croyant en lui, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse» (1 Pierre 1:8), et la déclaration de Jean, que dans la communion du Père et du Fils, notre joie est accomplie (1 Jean 1:4).

Merveilleuse chose que la vie de Dieu dans le chrétien, vie bienheureuse lorsqu’elle est réalisée, témoignage puissant à sa force glorieuse opérant dans les âmes.

(v. 12) — Une vraie connaissance de Dieu et du sentiment de sa force glorieuse agissant en nous, pour nous faire poursuivre avec patience et constance notre course chrétienne selon la connaissance de la volonté de Dieu, produit la joie, et cette joie trouve son expression dans les actions de grâces. Elles sont l’effusion nécessaire d’un cœur qui goûte ce que Dieu a fait pour lui. Nous rendons «grâces au Père, qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière». Remarquons d’abord qu’il n’est pas dit «nous rendra capables». Il ne s’agit pas d’une chose à atteindre, et où l’on ferait des progrès, mais d’une position qui nous a été donnée, d’une grâce qui nous a été accordée et que nous possédons: «Il nous a rendus capables»: c’est un fait. Aussi Dieu est-il introduit ici, sous son nom de Père. S’agit-il de notre marche et de notre responsabilité, nous avons affaire avec Dieu, nous croissons par la connaissance de Dieu. Mais s’il est question de notre relation avec lui, c’est la grâce, et Dieu est présenté comme Père. C’est ainsi qu’il est écrit: «Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu» (1 Jean 3:1).

La grâce dont il est parlé ici, c’est «de participer au lot des saints dans la lumière». «Dieu est lumière» (1 Jean 1:5); c’est le domaine où il habite; excluant toutes ténèbres. Cette lumière, c’est la sainteté et la pureté parfaites, en dehors de toute souillure, manifestant en même temps tout ce qui est ou non conforme à sa nature. Or, on ne peut être en relation avec Dieu que dans cette lumière (1 Jean 1:6, 7); et pour cela, il faut être «saint», à part comme lui de la souillure. Le «lot», la part des saints est dans la lumière, en Dieu lui-même. Qui pourrait se vanter d’y atteindre? Dieu seul, par sa toute-puissance, pourrait nous en rendre capables ou dignes, et il l’a fait dans sa grâce. Notre part, à chacun de nous, est là; nous sommes avec les saints là où Dieu se trouve, dans la lumière. C’est la région céleste et bienheureuse, où nous avons le privilège de demeurer et de nous mouvoir. Qu’il nous soit donné de le réaliser.

(v. 13) — Ce n’est pas là que nous étions dans notre état naturel. Nous nous trouvions sous le «pouvoir des ténèbres», sous l’empire et la domination de Satan (voyez Actes 26:18, et Éph. 6:12), qui est le prince de ces ténèbres (2 Cor. 4:4). Les ténèbres où Satan agit et exerce son pouvoir sur l’homme devenu son esclave par le péché, sont en contraste frappant avec la lumière où Dieu habite, qui est sa nature même, et où il donne par grâce une part aux saints. Il a agi envers eux dans sa grâce infinie et, intervenant dans sa toute-puissance, il les a «délivrés» de la puissance sous laquelle ils étaient. Du domaine où Satan règne, brisant leurs liens et ouvrant la porte de leur obscur cachot, il les a introduits dans le domaine de la lumière. Apprécions-nous comme nous le devons cette grâce immense?

Mais il y a plus encore. «Dieu est amour» aussi bien que «lumière», et le domaine de la lumière est aussi celui de l’amour. Nous ayant «délivrés du pouvoir des ténèbres, il nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour». C’est encore un fait, c’est une position dans laquelle nous ont placés sa souveraine grâce et sa puissance. C’est une chose sur laquelle nous ne saurions trop insister pour la joie et la paix de nos âmes: une part dans la lumière, une place dans le royaume du Fils de son amour. Tout vient du Père, nous a été conféré par lui.

«Transportés» indique comme un effort de la puissance qui nous délivre, qui nous arrache au pouvoir de l’ennemi, et qui, lui ayant ravi sa proie, l’emporte bien loin de son atteinte, dans un lieu où son pouvoir vient se briser. Nous y sommes sous la garde d’un amour tout puissant. Ainsi que quelqu’un l’a dit: «Ce n’est pas là une règle judaïque pour l’homme; c’est une opération de la puissance de Dieu, qui nous traite comme étant complètement et par nature esclaves de Satan et des ténèbres, et nous place par un acte de cette puissance dans une position et une relation toutes nouvelles à l’égard de lui-même».

Remarquons que nous retrouvons bien ici en principe ce qui est exprimé en Éph. 1:4, 5, et 2:1-6. Mais là c’est la chose elle-même telle qu’elle est dans la pensée de Dieu, selon ses conseils; dans les Colossiens, c’est le fait que nous y avons part.

«Le royaume du Fils de son amour»; c’est la seule fois que cette expression se trouve dans le Nouveau Testament. Le royaume est présenté sous différents aspects dans l’Écriture. C’est le royaume des cieux, le royaume de Dieu, le royaume du Père, le royaume du Fils de l’homme. Dans ce dernier cas, il s’agit de la manifestation glorieuse du Seigneur Jésus pour juger et gouverner la terre (Apoc. 11:15; Matt. 25:31, etc.). Ici, dans notre verset, nous voyons la relation éternelle du Seigneur avec le Père, comme son Fils unique, de même essence que lui, et l’Objet de son amour ineffable. Le royaume est la sphère actuelle, invisible et céleste, où cette relation est manifestée et où elle est connue de ceux qui y sont introduits, qui y ont été transportés. C’est la Personne adorable du Fils qui nous y est présentée comme les délices éternelles du Père; c’est plus que la gloire, ou bien c’en est la partie la plus élevée, la plus excellente, c’est l’amour du sein du Père, se déversant sur son Fils. Et c’est là où nous sommes amenés, pour que nous le contemplions et l’adorions. Combien cela rattache le cœur à Jésus, et affranchit du monde et des ordonnances! C’est à ce Fils de l’amour du Père que les Colossiens étaient unis, et que nous le sommes! Nous sommes dans le royaume de l’amour; où cet amour règne, où il domine tout, où il est la règle et la loi; nous appartenons à ce royaume bienheureux. Puissions-nous en goûter les délices, apprécier toujours plus la position que la grâce nous a donnée en nous y plaçant.

(v. 14) — «En qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés». Voilà la base sur laquelle, en justice, nous avons pu être rendus capables d’avoir notre part dans la lumière et une entrée et une place dans le royaume du Fils de l’amour du Père. La rédemption est en même temps la manifestation de l’amour divin envers nous. Cette rédemption, ce rachat, a été accomplie par lui, le Fils, par l’œuvre de la croix, et quant à son efficacité et à ses fruits permanents, elle est et demeure en lui. Le résultat personnel en est «la rémission des péchés». Pardonnés en vertu de la rédemption accomplie, nous avons part au lot des saints dans la lumière, nous sommes délivrés de la puissance de Satan et placés dans le royaume du Fils, où l’amour a sa pleine et souveraine manifestation. Quelle grâce!

(v. 15, etc.) — Le Fils ayant été ainsi introduit comme l’objet suprême de l’amour du Père, l’Esprit Saint, par la plume de l’apôtre, déroule devant nous toutes les gloires qui lui appartiennent, toutes les dignités dont il est revêtu. Jusqu’au v. 20, il n’est plus question que de lui, et non pas du tout de nous. Si même il est parlé de l’Assemblée (v. 18), ce n’est pas de ses privilèges, de sa gloire propre, mais c’est en rapport avec Christ, et pour rehausser d’autant sa gloire à lui. Et il est placé ainsi devant les Colossiens, afin de les délivrer du danger où ils étaient d’être asservis au joug des ordonnances. En tout, c’est le Fils qui affranchit (voyez Jean 8:36).

Avant d’entrer dans l’examen de ces gloires du Fils, remarquons que, dans tout ce passage, 13-20, nous le voyons, soit dans son caractère d’homme sur la terre, accomplissant la rédemption (v. 14) , soit comme Homme glorifié (v. 18), ou enfin dans son existence éternelle (v. 17), mais partout c’est Lui, la personne adorable du Fils; Il est toujours, ce qu’il est en lui-même, dans son essence divine.

D’abord, il «est l’image du Dieu invisible». C’est le premier caractère de sa gloire personnelle. Partout dans l’Écriture, nous trouvons cette déclaration: Dieu est invisible. Cela ne veut pas dire invisible physiquement, mais bien qu’il ne saurait être connu, contemplé en lui-même, dans son essence et ses perfections, par aucune créature. C’est ce que l’Éternel dit à Moïse (Exode 33:20).

L’Esprit Saint en Jean déclare: «Personne ne vit jamais Dieu» (Jean 1:18). L’apôtre Paul écrit à Timothée, en parlant de Dieu: «Lui qui seul possède l’immortalité, qui habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes n’a vu, ni ne peut voir» (1 Tim. 6:16).

Mais Christ est l’image du Dieu invisible: il présente, dans sa nature, dans son être, ce qu’est Dieu, sa gloire, ses attributs, ses perfections morales, son caractère. C’est ce qu’il est, non ce qu’il était, ni ce qu’il est devenu. Mais étant tel, et étant devenu un homme, il a manifesté dans la création ce que Dieu est. Il a été sur la terre «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3:16). Si personne ne vit jamais Dieu, «le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître» (Jean 1:18). Il a révélé pleinement dans sa personne l’être et les caractères dé Dieu aux yeux des hommes, car qui l’avait vu, avait vu le Père (Jean 14:9), et aux yeux des anges, car c’est comme Dieu manifesté en chair qu’il est dit: «Vu des anges». En lui donc, le Fils de son amour, l’image de Dieu, Dieu a été parfaitement révélé. Je ne puis voir Dieu, connaître Dieu que par Christ et en Christ. Quand je connais Christ, je connais Dieu en gloire, en puissance, en sainteté, en justice, en amour. Il a montré ces caractères sur la terre, il les manifeste dans le ciel (2 Cor. 4:6). Mais il l’a montré et le manifeste, parce qu’il est en lui-même l’image de Dieu, «le resplendissement de sa gloire, et l’empreinte de sa substance».

Adam avait été créé à l’image de Dieu. Cela se rapporte à sa position comme centre et chef dans la création qui lui était assujettie. En ce sens, il était la figure de Christ. Mais Christ, le Fils unique, est l’image de Dieu, avant même qu’une création existât où il pût manifester Dieu. Et c’est pourquoi, étant tel, lorsqu’il entre dans la création, c’est pour y être comme centre et chef de toutes choses. Il ne peut y occuper une autre place. Aussi est-il dit de lui qu’il est «le premier-né de toute la création». C’est ici un nom de relation exprimant sa suprématie sur tout ce qui a été créé. Il n’est point question de temps, comme si l’apôtre eût voulu dire qu’il était en date la première des créatures. C’est une expression analogue à celle dont Dieu se sert pour montrer l’excellence de Salomon1 au-dessus des autres rois: «Je ferai de lui le premier-né, le plus élevé des rois de la terre» (Ps. 89:28).

1 Et de Celui dont Salomon est le type.

(v. 16) — Ce verset se rattachant au précédent par le mot «car», nous dit la raison qui élève ainsi Christ au-dessus de la création. C’est qu’il l’a faite: Il est le Créateur. C’est une autre de ses gloires qui est placée devant nous. Ainsi Christ, le Fils unique, est nettement séparé de la création. Il est le Créateur et non une créature. Rien n’établit plus fortement sa divinité, d’autant plus que l’expression dont se sert l’apôtre et qu’il faudrait rendre par «en lui ont été créées toutes choses», indique que la puissance créatrice réside en lui1.

1 L’édition de 1872 du Nouveau Testament a la note suivante: «en, dans la puissance de la personne duquel. Il était celui dont la puissance intrinsèque caractérisait la création. Elle existe comme sa créature».

Après avoir renfermé la création d’une manière générale, dans ces mots «toutes choses», l’apôtre insiste en détaillant ces choses, afin de répondre aux erreurs que certains docteurs cherchaient à répandre. Ils prétendaient que des anges auraient été choisis de Dieu pour créer le monde. Non, dit Paul. «Toutes choses», soit «dans les cieux», soit «sur la terre», l’univers tout entier a été fait par la puissance créatrice du Fils. Et pour ne laisser aucun doute, il ajoute «les visibles et les invisibles», entendant par ces dernières ces êtres intelligents, ces esprits qui peuplent le monde qui ne tombe pas sous nos sens et qui, bien loin d’avoir été des agents de la création, ne sont que des créatures. Et parmi eux il mentionne les plus élevées, les trônes, les seigneuries, les principautés, les autorités. Il coupe ainsi court à la vénération dont on aurait voulu entourer des créatures, au culte idolâtre que l’on aurait été conduit à leur rendre (chap. 2:18). Il montre ainsi le Fils, élevé au-dessus de tout, dans sa dignité divine de Créateur, par le moyen duquel toutes choses existent, et en vue de qui, pour qui elles ont été faites. En lui réside la puissance créatrice; il l’a exercée en créant toutes choses — elles ont été créées par Lui, et c’est pour Lui, de sorte qu’il les possède comme y ayant droit. Comparez avec cette déclaration de l’apôtre et avec celle qui suit, au v. 17, les paroles des saints glorifiés se prosternant devant Celui qui est assis sur le trône et qui vit aux siècles des siècles: «Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, et l’honneur, et la puissance; car c’est toi qui as créé toutes choses: et c’est à cause de ta volonté qu’elles étaient et qu’elles furent créées» (Apoc. 4:11).

(v. 17) — Pour être le Créateur de toutes choses, il fallait qu’il fût avant elles. Sa préexistence est donc ici affirmée: «il est avant toutes choses». Remarquons que Paul ne dit pas comme Jean: «Au commencement était la Parole». L’évangéliste présente l’histoire de la Parole éternelle. Voilà pourquoi il dit: «Elle était». Paul exprime la permanence de l’être en Christ: «Avant toutes choses il est», il subsiste. Preuve nouvelle de sa divinité éternelle, comme lorsque le Seigneur lui-même dit: «Avant qu’Abraham fût, Je suis» (Jean 8:58), et non j’étais. Nous ne saurions trop remarquer le soin que met la Parole à faire ressortir l’excellente grandeur de Christ.

Mais ces choses qu’il a créées, comment subsistent-elles? Qui est-ce qui soutient leur être? Continuent-elles leur existence par elles-mêmes? Non; elles tomberaient bientôt dans la confusion et le néant. La même puissance créatrice qui les tira du néant, les empêche d’y retomber; elle est essentielle à leur conservation. Ainsi qu’il est dit aux Hébreux: «Soutenant toutes choses par la parole de sa puissance» (Héb. 1:3). Dans quelle grandeur majestueuse nous apparaît la Personne du Fils! Revêtu de tous les attributs qui n’appartiennent qu’à une Personne divine, c’est lui qui s’est abaissé jusqu’à devenir semblable à nous pour nous racheter! Que nos âmes se prosternent devant lui et l’adorent! Il en est digne.

(v. 18, etc.) — Nous arrivons maintenant à une nouvelle gloire de Christ, à un autre genre de suprématie. Nous l’avons vu dans la gloire inhérente à sa Personne comme Fils unique, et dans sa gloire comme Créateur de toutes choses, comme Celui qui les soutient et pour qui elles furent faites. Maintenant nous le voyons essentiellement comme homme, comme Homme ressuscité, qui a vaincu la mort, et comme tel, il occupe encore le premier rang dans une sphère toute nouvelle — la sphère de la nouvelle création. Et là il se trouve en relation avec d’autres qui appartiennent à cette nouvelle création et participent à sa gloire, en vertu de la rédemption qu’il a accomplie et de la puissance de vie qui est en lui.

«Il est le chef (la Tête) du corps, de l’Assemblée». Ceux qu’il a rachetés, qui par lui ont la rémission de leurs péchés (v. 14), forment cette Assemblée, le corps dont lui est la Tête. L’expression Chef indique l’autorité, et il faut retenir cette pensée en contemplant Christ ressuscité. Il est le Chef. Mais l’expression Tête implique plus que cela. Elle indique l’union intime dans laquelle se trouvent les rachetés avec Christ. De même que les membres du corps sont indissolublement unis à la tête, ainsi chaque chrétien est uni indissolublement à Christ, la Tête, dans le ciel. Et leur ensemble forme un corps mystique. Les Colossiens avaient grand besoin que cette union avec Christ leur fût rappelée. Combien de chrétiens de nos jours oublient cette vérité capitale, si riche en précieuses conséquences pratiques!

«Lui qui est le commencement». Plus haut (v. 16, 17), nous avons vu Christ dans sa divinité éternelle, être le commencement de l’ancienne création, de la création naturelle, si l’on peut dire ainsi. Par sa puissance divine il a créé les mondes. Ici, nous le voyons comme Homme (mais en vertu de sa gloire divine), être le commencement de la nouvelle création (voyez Apoc. 3:14). C’est la puissance divine s’exerçant, non en tirant les êtres du néant, mais dans le domaine de la mort pour amener à la vie ceux qui étaient retenus sous cette puissance de la mort. Or Christ est le commencement de cette nouvelle vie, en dehors de la puissance de la mort, lui qui, comme Homme, a bien voulu s’y assujettir, mais qui l’a annulée par sa résurrection d’entre les morts.

C’est pourquoi il est appelé «le premier-né d’entre les morts». Lui, le premier, est sorti du tombeau en puissance de vie — d’une vie impérissable, sur laquelle la mort n’a plus de pouvoir. Et c’est dans cette vie qu’il introduit ceux qu’il a rachetés, les membres de son corps, l’Assemblée, contre laquelle les portes du Hadès ne peuvent prévaloir. «Premier-né de toute la création», à sa tête comme Créateur de toutes choses, il est aussi «premier-né d’entre les morts», à la tête de la nouvelle création comme vainqueur de la puissance de l’ennemi, «afin qu’en toutes choses, il tienne, lui, la première place». Il a donc une double suprématie, comme Créateur, et comme Chef ou Tête de l’Église, C’est dans ces deux sphères que se déploie la gloire de Dieu; c’est dans ces deux sphères qu’il occupe la première place. Combien grande est la gloire de sa Personne!

(v. 19) — «Car, en lui, toute la plénitude s’est plu à habiter». Nous avons ici la raison de ce qui précède, comme de ce qui suit. «Toute la plénitude habite en lui». Et si nous demandons quelle est cette plénitude, le v. 9 du chapitre suivant nous le dit: «En lui habite toute la plénitude de la Déité corporellement». En Christ homme, habite toute la plénitude de la Déité. Et c’est ainsi que Dieu a été pleinement révélé en lui. Tout ce que Dieu est en puissance créatrice et de vie, en sagesse, en amour, a été manifesté en Christ homme, parce que toute la plénitude de la Déité habite en lui. Tel est le Sauveur glorieux que nous connaissons et dont nous jouissons. Par l’Esprit Saint, dont la plénitude était en lui et qu’il nous communique, nous connaissons le Père, révélé dans le Fils, nous connaissons le Fils de l’amour du Père. Précieuse grâce pour nous! Puissions-nous arrêter nos regards sur lui en qui toute la plénitude s’est plu à habiter, et puissent nos cœurs jouir toujours plus entièrement de tout ce qu’il est et révèle!

(v. 20) — «Et, par lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix». Nous avons ici une nouvelle gloire de Christ, l’œuvre de réconciliation qu’il a accomplie, et qu’il ne pouvait accomplir que parce que «toute la plénitude de la Déité habite en lui corporellement». Pour une telle œuvre, il devait être Homme, mais il devait aussi être Dieu, toutefois une seule Personne, Christ.

À cause du péché, la création était souillée, éloignée de Dieu, en dehors de toute relation avec lui, avec la plénitude. Mais il a plu à la plénitude de la Déité, cela a été son bon plaisir, de réconcilier toutes choses avec elle-même, de rapprocher d’elle toutes choses, de remettre toutes choses en relation immédiate avec Dieu, étant rendues propres pour cela. Cette réconciliation a lieu sur le fondement de l’œuvre accomplie par Christ sur la croix: «ayant fait la paix par le sang de sa croix».

Il faut bien remarquer que le fondement est posé, que la paix est faite, en vertu du sacrifice offert sur la croix; ainsi qu’il est dit autre part: «En la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par le sacrifice de lui-même» (Héb. 9:26). Et encore: «Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde» (Jean 1:29). Mais la puissance divine n’est pas encore intervenue pour établir l’effet de cette réconciliation de toutes choses dans les cieux et sur la terre pour introduire ce nouveau régime où tout rentrera dans l’ordre, où les cieux et la terre, délivrés de la présence et de la puissance du mal, jouiront de leur relation avec Dieu et des bénédictions qui en résultent, où toutes choses seront rendues propres pour Dieu selon toute la valeur du sacrifice de Christ. Une première manifestation de cette réconciliation aura lieu dans le millénium, alors que s’accomplira cette parole: «La bonté et la vérité se sont rencontrées; la justice et la paix se sont entre baisées. La vérité germera de la terre, et la justice regardera des cieux» (Ps. 85:10-13). Toute manifestation du mal sera réprimée, mais quand les nouveaux cieux et la nouvelle terre dans lesquels habitera la justice (2 Pierre 3:13; Apoc. 21:1-5), seront établis, le mal en sera absolument banni; la réconciliation aura son plein effet. C’est ce que «nous attendons selon sa promesse».

(v. 21) — Mais l’œuvre de la réconciliation est double. Il y a la réconciliation des choses; elle est encore à venir; il y a la réconciliation des personnes, c’est-à-dire des croyants, fait déjà accompli. «Et vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis quant à votre entendement, dans les mauvaises œuvres, il vous a toutefois maintenant réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort». Tel était le triste état naturel où se trouvaient ceux qui maintenant sont réconciliés. Ils n’étaient pas seulement souillés par le péché, comme l’est la création, mais «étrangers et ennemis de Dieu quant à leur entendement dans les mauvaises ouvres». Nous avons là des hommes, créatures intelligentes, ayant un entendement, une faculté morale qui les met au-dessus de l’animal, et les rend capables d’être dans une relation consciente avec Dieu. Mais le péché les a séparés et éloignés de Dieu, quant à leur entendement. Ils ne le connaissent pas, ne sont plus en relation avec lui: ils sont totalement étrangers, aliénés de Dieu, et leur entendement obscurci s’est tourné vers le mal, au point qu’ils sont, non seulement étrangers aux choses divines, mais ennemis de Dieu. Et cet état moral se montre «dans les mauvaises œuvres». Ce sont de tels êtres qui, par la grâce divine, sont maintenant réconciliés, rapprochés de Dieu, le connaissant, rendus propres à être en relation avec lui et à jouir de sa présence et de son amour.

C’est Christ qui a amené ce résultat; c’est en vertu de l’œuvre parfaite qu’il a accomplie dans le corps de sa chair, en souffrant et mourant, que la réconciliation a été effectuée. Et c’est maintenant déjà que les croyants jouissent des bénéfices de cette réconciliation, dont cependant les fruits glorieux et bénis ne seront pleinement vus que dans la gloire, comme nous le voyons au verset suivant. Remarquons en passant que l’apôtre fait une application personnelle aux Colossiens de cette grande et précieuse vérité: «Et vous», leur dit-il; insistant sur cette position excellente qu’ils ont en Christ, et que lui seul, dans sa mort, pouvait leur donner.

Remarquons que ces deux réconciliations des choses et des personnes sont présentées en type au chap. 16 du Lévitique, versets 15, 16 et 33. Le sang était mis sur le propitiatoire, et la propitiation, la paix était faite. Puis on faisait aspersion du sang sur le tabernacle et ses ustensiles pour les purifier. Ainsi il était fait propitiation pour le saint sanctuaire, pour la tente d’assignation et pour l’autel; mais, en outre, aussi, pour les sacrificateurs et pour le peuple.

(v. 22) — Voilà le résultat final et glorieux de la réconciliation des personnes: «Pour vous présenter saints et irréprochables et irrépréhensibles devant lui». Sans doute qu’en Christ, selon les desseins éternels de Dieu, nous sommes déjà devant Dieu, «saints et irréprochables en amour» (Éph. 1:4); d’un autre côté nous avons à être, dans notre marche au milieu du monde, «sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables» (Phil. 2:15); mais ici, c’est le but final, dans la gloire, être présentés «saints et irréprochables et irrépréhensibles» devant Dieu, ainsi que nous le lisons en Jude: «À celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez, et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie», etc. (v. 24).

Ainsi, tandis que toutes choses, dans les cieux et sur la terre, seront réconciliées un jour, et seront la scène de bénédictions glorieuses, les chrétiens sont déjà maintenant réconciliés, et, jouissant des avantages de cette réconciliation, attendent de se trouver dans le ciel tels que Dieu les veut et que Christ les aura faits. Les coupables, demeurés dans leurs péchés, ayant refusé Christ et son œuvre, seront en dehors de cette scène glorieuse de félicité (Apoc. 22:15; 21:8).

(v. 23) — Mais participer à cette fin glorieuse, suppose nécessairement que l’on demeure dans la foi jusqu’au bout: «Si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes, ne vous laissant pas détourner de l’espérance de l’évangile que vous avez oui». Ce «si du moins» est introduit ici, à cause du danger que couraient les Colossiens de se laisser détourner de l’espérance glorieuse de l’Évangile, cette espérance «réservée dans les cieux» pour ceux qui persévèrent. «Se laisser détourner», dans l’original, est une expression très forte qui signifie proprement: «être emporté loin de», comme un navire emporté par la tempête loin du port. Tel était le danger que faisaient courir aux Colossiens les faux docteurs avec leurs ordonnances judaïques et leurs spéculations philosophiques. Les «si», dans la Parole, se rapportent à notre responsabilité ici-bas, et non à notre position en Christ. Ils s’adressent à la conscience, et sont destinés à empêcher le chrétien de s’endormir dans une fausse sécurité et de se relâcher dans sa marche. En même temps que nous trouvons dans la Parole ces avertissements si sérieux, nous y lisons aussi de consolantes promesses pour encourager ceux qui désirent marcher fidèlement et qui sentent leur faiblesse. Dieu a promis de les garder dans le chemin, et dans ces promesses il n’y a point de «si» (voyez Jude 24; 1 Cor. 1:2; 10, 13, etc.).

L’apôtre, au commencement de ce verset, comme nous l’avons vu, avait adressé une parole sérieuse aux Colossiens, en leur disant: «Si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes, et ne vous laissant pas détourner (ou emporter loin) de l’espérance de l’évangile que vous avez ouï [= entendu]». Pour demeurer, et être fermes, il est nécessaire d’être fondés, enracinés. Un arbre sans racines serait bientôt renversé par le vent; une maison sans fondement ne résisterait pas longtemps. Il fallait donc que les Colossiens fussent fondés, établis quant aux vérités présentées à leur foi, et spécialement la grande vérité relative à la Personne et à l’œuvre de Christ, sur lequel repose l’espérance présentée par l’Évangile et qui est l’objet de cet Évangile. Les Colossiens l’avaient entendu, il fallait le retenir. Et tout cela s’applique à nous comme à eux, dans nos temps difficiles où tant de doctrines perverses circulent.

Mais en parlant de l’Évangile que les Colossiens avaient ouï, la pensée de l’apôtre se porte sur la vaste sphère où s’exerce la puissance de l’Évangile et sur le ministère glorieux dont lui, Paul, avait été chargé à cet égard. Comme nous l’avons déjà vu (v. 6), la sphère de l’Évangile de la grâce apportée par Christ, dépassait le judaïsme. Volontiers les Juifs l’auraient renfermé dans ces étroites limites, et c’était une des causes de leur opposition à Paul, et même déjà au Seigneur (Luc 4). Mais la grâce et la vérité apportées par le Fils de Dieu étaient pour tous, et la prédication en retentissait partout sous le ciel — «dans toute la création». C’est de cet Évangile universel — pour tous — que Paul, l’apôtre des nations (voyez 1 Tim. 2:4-7), était devenu serviteur. Il était l’instrument béni dont Dieu se servait, «un vase d’élection pour porter le nom du Seigneur devant les nations et les rois, et les fils d’Israël» (Actes 9:15).

(v. 24, 25) — Un second ministère avait été confié à l’apôtre; il était devenu, ou avait été fait «serviteur de l’assemblée», le corps de Christ. Il rappelle encore ici cette grande vérité: l’assemblée est le corps de Christ, composé, comme nous le voyons dans l’épître aux Éphésiens, de Juifs et de gentils réunis sur le même pied, jouissant des mêmes privilèges. C’est là le mystère, dont il est question plus loin. Dans les Éphésiens, l’apôtre s’étend sur cette réunion des Juifs et des gentils (chap. 2:11, 22). Ici, dans les Colossiens, il parle surtout des gentils et des privilèges dont ils jouissent comme introduits dans l’assemblée.

Mais comme «serviteur de l’assemblée», comme révélateur envers les gentils du mystère de l’Église, comme l’instrument dont Dieu s’était servi pour les y introduire, l’apôtre avait eu à souffrir, et il souffrait encore dans les liens. Les Juifs, peuple dans la chair, religieux selon la chair, ne pouvaient supporter la grâce qui s’étendait à tous, et les mettait sur le même rang que les gentils, comme pécheurs et ayant besoin de la même grâce. De là, leur inimitié contre Paul, de là, ses souffrances de leur part.

Mais il pouvait dire avec un cœur que remplissait la joie d’annoncer la grâce illimitée de Dieu: «Maintenant», dans le moment présent où il était dans les chaînes, «maintenant, je me réjouis dans les souffrances pour vous». C’était à cause d’eux, pour leur avoir annoncé l’Évangile qu’il souffrait, mais l’amour de Christ qui étreignait toujours son cœur, lui faisait trouver de la joie dans les souffrances mêmes qu’il endurait pour ceux qui étaient les objets de l’amour du Christ et du sien. Telle est la nature, et tels sont les effets du véritable amour. Et cela nous donne l’intelligence des paroles qui suivent: «J’accomplis (ou j’achève) dans ma chair ce qui reste [encore à souffrir] des afflictions du Christ pour son corps qui est l’assemblée». C’est par amour pour l’Église, que Christ a souffert afin de la racheter, ainsi qu’il est dit: «Le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle» (Éph. 5:25); c’est par amour pour Christ et pour son assemblée que Paul endurait des souffrances, afin de la rassembler d’entre les Juifs et les gentils; c’est ainsi qu’il accomplissait dans sa chair ce qui restait à souffrir des afflictions du Christ pour son corps qui est l’assemblée. C’est ainsi qu’il avait part aux souffrances du Christ pour son corps qui est l’assemblée; c’est ainsi que, dans notre faible mesure, nous pouvons aussi y avoir part, et que nous y aurons part, si nous aimons vraiment ce qui est cher au cœur de Christ, «son assemblée», «la perle de grand prix», pour laquelle, afin de l’acquérir, il a fait abandon de tout ce qu’il avait (Matt. 13:45, 46). Au milieu d’un monde ennemi de Christ, entourés d’une foule à qui convient mieux une religion de formes et qui s’associe avec le monde, si notre cœur est attaché à un Christ céleste, et à l’assemblée, corps de Christ et céleste aussi, nous aurons à souffrir.

Paul était donc «serviteur» de l’assemblée, et comme tel il souffrait. Mais à ce ministère qui lui avait été confié, «selon l’administration de Dieu qu’il avait reçue» envers les gentils, se rattachait une chose remarquable: «Serviteur de l’assemblée», «pour compléter la parole de Dieu». Cela ne veut pas dire qu’après les écrits inspirés de Paul, il n’y en eut pas d’autres. Nous savons en particulier que Jean écrivit les siens longtemps plus tard. Mais le mystère de l’Église, dont la révélation était confiée à Paul, était le dernier sujet qui, après avoir été caché dès les siècles en Dieu, était maintenant donné à connaître par le moyen de Paul. C’est ainsi qu’il complétait la parole de Dieu, c’est ainsi que cette Parole était complète, que rien ne pouvait y être ajouté, quant aux sujets que Dieu nous y présente. «La totalité de cette Parole est devant nous, totalité démontrée par les sujets qu’elle renferme. Tous les sujets que Dieu a voulu traiter dans sa Parole, sont entièrement complétés, et ce fait exclut tout autre sujet qu’on pouvait prétendre introduire. La loi, le royaume, la personne du Christ, la vie en lui, les voies de Dieu, avaient déjà été mis en avant; la doctrine de l’Église, restait à révéler» (Études sur la parole de Dieu).

(v. 26, 27) — Or ce «mystère» avait été «caché dès les siècles et dès les générations». Les âges précédents, les générations du passé, n’en avaient rien su. À l’égard du mystère, «le silence a été gardé dès les temps éternels» (Rom. 16:25). Les prophètes et Israël ne l’ont point connu; les anges eux-mêmes l’ont ignoré, jusqu’à sa révélation, par la formation de l’assemblée (Éph. 3:9, 10). Mais «maintenant Dieu l’a manifesté à ses saints». Dans l’épître aux Éphésiens, nous lisons que «le mystère... en d’autres générations, n’a pas été donné à connaître aux fils des hommes, comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par l’Esprit» (Éph. 3:5). L’épître aux Romains dit: «Le mystère a été manifesté maintenant, et, par des écrits prophétiques, a été donné à connaître à toutes les nations» (Rom. 16:26). Nous apprenons donc, de ces passages réunis, que le mystère, révélé aux apôtres et prophètes, a été manifesté par des écrits prophétiques aux nations, parmi lesquelles se trouvaient les Colossiens. Il ne faudrait pas conclure de là, que ce n’était que par des écrits que le mystère était manifesté. Les apôtres et prophètes en parlaient aussi, sans doute, dans leurs enseignements. Mais pour nous, ce sont bien leurs écrits prophétiques qui nous le font connaître.

Dieu donc avait manifesté le mystère à «ses saints, auxquels il a voulu donner à connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce mystère parmi les nations, c’est-à-dire Christ en (ou parmi) vous l’espérance de la gloire». Ainsi que nous l’avons remarqué, dans l’épître aux Colossiens, l’apôtre ne s’occupe pas, comme dans celle aux Éphésiens, de l’union des Juifs et des gentils en un seul corps, composant l’assemblée. Ici, tout est rapporté uniquement aux gentils. Le mystère, dont la révélation leur donnait à connaître, à eux, autrefois étrangers, sans Dieu et sans espérance, leur introduction dans les bénédictions divines en Christ, était en effet une chose glorieuse. La gloire de ce mystère était grande. Dieu y magnifiait sa sagesse, son amour et sa grâce sans limites. L’apôtre renforce encore l’expression de sa pensée, lui dont le cœur était rempli de l’excellence de ce mystère qui glorifiait tellement Christ et son œuvre. Il dit que Dieu a donné à connaître aux saints «les richesses de la gloire de ce mystère». Non seulement on y voit briller la gloire de Dieu et de Christ, mais les richesses de bénédictions répandues sur les nations, non de bénédictions temporelles, comme celles que pouvaient attendre les Juifs, mais de bénédictions célestes, spirituelles et éternelles en Christ — «les richesses insondables du Christ» (Éph. 3:8-10).

Et l’apôtre résume en un seul mot ce que sont ces richesses accordées aux nations, montrant aussi de cette manière leur différence d’avec ce que les Juifs ont à attendre; il dit: «C’est-à-dire Christ en (ou parmi) vous l’espérance de la gloire». Les Juifs attendaient un Messie qui serait manifesté parmi eux en gloire, sur la terre, les gentils n’ayant qu’une part subordonnée à la bénédiction qu’il apporterait. Tandis que «le mystère» consistait en ceci relativement aux nations, Christ demeurant en eux et au milieu d’eux, d’une manière invisible, et étant ainsi, non la gloire même, mais «l’espérance de la gloire». C’était une chose toute nouvelle, dont les écrits de l’Ancien Testament ne parlent point du tout. C’était le mystère maintenant révélé. Christ en nous, y demeurant, quelle grâce immense! Puissions-nous la réaliser! Et à mesure que nous la saisirons et la goûterons, l’espérance assurée de la gloire deviendra aussi plus vivante. Remarquons encore combien tout, dans cette épître, est destiné à nous rapprocher de la personne du Seigneur. Sa grandeur comme Fils de l’amour de Dieu, sa divinité manifestée dans la création, sa place de Chef de la nouvelle création, la plénitude de la Déité demeurant en lui, le Réconciliateur de toutes choses et des pécheurs avec Dieu, et Celui-là, c’est Celui qui est en nous, et au milieu de nous, «l’espérance de la gloire». Que nous faut-il de plus? Cela fermait la porte à toutes les rêveries subtiles des philosophes, au légalisme des docteurs judaïsants, qui ne pouvaient donner rien qui équivalût à «Christ en nous, l’espérance de la gloire». Tout ce qui toucherait à la gloire de Christ, diminue pour nous l’espérance. Que ce Christ habite donc dans nos cœurs par la foi (Éph. 3:17), c’est-à-dire qu’il nous soit donné de réaliser, par la foi, cette grande vérité, afin que nos cœurs soient remplis de joie, sachant et goûtant notre union avec lui.

(v. 28) — Paul annonçait ce Christ, tel qu’il l’a présenté dans tout ce qui précède. Ce Christ, soit qu’il prêchât aux inconvertis, ou qu’il instruisît les saints, était l’objet divin et céleste de ses discours. Ses appels, ses exhortations et ses enseignements, étaient selon la sagesse de Dieu que l’Esprit Saint lui avait fait connaître (1 Cor. 2:6-10). Il s’adressait à tout homme, Juif ou gentil, où qu’il fût, selon le ministère de l’Évangile qui lui avait été confié et qui s’étendait à toute création sous le ciel. Mais ce n’était pas seulement pour que tout homme fût sauvé. De nos jours, on s’arrête trop souvent à ce premier pas. Quelque important et indispensable qu’il soit, il y a un second pas à faire, et l’apôtre l’indique: «Afin que nous présentions tout homme parfait en Christ».

L’effet de la prédication de l’apôtre, selon la sagesse et la puissance de l’Esprit de Dieu, devait être finalement de «présenter»1 tout homme parfait en Christ, c’est-à-dire arrivé à l’état d’homme fait, dans cet état spirituel où Christ est connu selon la révélation qui est donnée de lui, et où, étant ainsi connu par le croyant, celui-ci est transformé à son image et le reflète dans sa vie par la puissance de la parole de Dieu et de l’Esprit Saint (voyez 2 Cor. 3:18; Phil. 3:8-16).

1 «Présenter» non pas «rendre», comme dans quelques versions. Paul voulait présenter la chose comme accomplie en tout homme. Présenter à qui? Devant les hommes, mais aussi à Dieu, comme ayant reçu tout ce que le ministère de l’apôtre pouvait lui communiquer quant à Christ.

(v. 29) — C’était le but des efforts de Paul; il y travaillait, il combattait pour cela, car des obstacles intérieurs dans les âmes, extérieurs de la part des adversaires, devaient être vaincus. Mais Paul n’agissait pas avec son énergie propre, pas plus qu’il n’était apôtre selon sa volonté ou celle des hommes. Tout lui venait de Dieu, et il ne voulait rien tenir que de Lui. Christ opérait en lui et par lui avec puissance; c’était avec cette force qu’il combattait et travaillait. Aussi les résultats bénis de son ministère étaient-ils manifestes. Puissent les serviteurs de Dieu marcher sur les traces du saint apôtre! Par quels moyens s’effectuait ce combat? Il se passait dans l’âme, eu égard aux grands sujets confiés à l’apôtre, aux besoins des saints et au salut des pécheurs, et devant Dieu, en prières.

En résumé, dans ce chapitre, nous avons deux gloires et primautés de Christ, dans l’ancienne création, et dans la nouvelle; deux réconciliations correspondant à ces deux gloires, celle de toutes choses dans les cieux et sur la terre, et celle des personnes; deux ministères de l’apôtre, celui de l’Évangile et celui dans l’Église.