Amos

Chapitre 8

La parenthèse du chap. 7:10-17 est suivie d’une nouvelle vision, celle des fruits d’été, qui est comme la conclusion des trois premières (7:1-9). Les fruits mûrs de l’été sont assemblés dans un panier: la récolte est faite. C’est la fin. «La fin est venue pour mon peuple Israël.» L’Éternel répète la parole solennelle du chap. 7:8: «Je ne passerai plus par-dessus lui». En vérité, il n’y a plus d’espoir! Israël se trouve devant Dieu avec ses iniquités, n’ayant plus le sang de l’agneau pascal qui les couvrait et mettait le peuple à l’abri du jugement. «Et, en ce jour-là, les cantiques du palais seront des hurlements, dit le Seigneur, l’Éternel. Les cadavres seront en grand nombre; en tout lieu on les jettera dehors... Silence!» (v. 3). La joie d’autrefois s’est éteinte, les cantiques, accompagnés des instruments de David, ont cessé; les hurlements leur succèdent. Quel contraste! la joie de vivre fait place à l’horreur, à une agonie de douleur et d’effroi. La mort règne; les cadavres ne sont plus même recherchés pieusement pour être brûlés, comme au chap. 6:10; ils sont jetés dehors. Silence! mot terrible répété dans ce jour de la fin. Dieu a parlé, a dit le dernier mot; l’appel des suppliants n’est plus entendu; que personne désormais n’élève la voix! Oh! combien est angoissant le silence qui accompagne ou suit les jugements de Dieu! N’en faisons-nous pas l’expérience, dans une mesure encore restreinte, aux jours de malheur que nous traversons? Si la grâce règne encore, nous invitant à l’intercéder en faveur de pauvres pécheurs perdus, les événements actuels ont cependant un caractère tel que nous nous taisons devant l’exécution des jugements de Dieu. Les cadavres sont en grand nombre; en tout lieu ils sont jetés dehors, et nous ne pouvons que garder le silence, sachant que l’orgueil et l’incrédulité des hommes ont amené ces désastres. La chose est décrétée; mais n’oublions jamais que nous sommes encore dans les temps de la grâce et que si nous ne faisons qu’assister au déploiement des voies de Dieu, nous pouvons toujours prier du fond du cœur, pour le salut des pécheurs.

«Écoutez ceci, vous qui êtes acharnés après les pauvres pour faire disparaître les débonnaires du pays...» (v. 4). Dans le silence qui s’est fait, la voix de Dieu doit être entendue. Il ne s’agit plus d’écouter afin d’apprendre comment on peut échapper au jugement (5:1-17), mais d’écouter la sentence prononcée. Toute l’iniquité de ceux qui oppriment les débonnaires (ce même caractère se retrouvera dans les derniers temps) est mise au jour: Leur amour du gain, leur indifférence pour le sabbat, leur manque de pitié et de conscience, leur esprit de tromperie, leur égoïsme mesquin. Ces mêmes traits sont déjà mentionnés en 2:6, 7, car c’est des dix tribus qu’il est spécialement question ici. L’Éternel n’oublie jamais aucune de leurs œuvres; — il le jure par la gloire qu’il avait conférée à Jacob, c’est-à-dire à l’ensemble de son peuple (v. 7). Quelle mémoire que celle du Juge suprême! Beaucoup de choses peuvent échapper à celle du meilleur juge parmi les hommes; il excusera ou ne condamnera pas certains actes dont il ignore les motifs; mais rien n’échappe à l’œil scrutateur qui sonde les cœurs et les reins. «Pour cela, le pays ne tremblera-t-il pas? Et chacun de ses habitants ne mènera-t-il pas deuil? Et il montera tout entier comme le Nil, et enflera ses flots, et s’abaissera comme le fleuve d’Égypte» (v. 8). La subversion terrible qui doit accompagner le jugement avait atteint le peuple lors du tremblement de terre qui suivit la prophétie d’Amos et dont il donne une description graphique: Le pays tremblera, la terre s’enflera et s’abaissera en un instant comme le Nil, image de la secousse finale qui ébranlera toute la terre. Israël n’a pas écouté, aussi est-il réservé à une subversion plus terrible que toutes ces calamités partielles.

Ce sera une subversion semblable au jour de l’Éternel dont parlent les prophètes Joël et Zacharie et plus tard le Seigneur lui-même (Matt. 24). «Il arrivera en ce jour-là, dit le Seigneur, l’Éternel, que je ferai coucher le soleil en plein midi, et que j’amènerai les ténèbres sur la terre en plein jour... et je ferai que ce sera comme le deuil d’un fils unique, et la fin sera comme un jour d’amertume» (v. 9, 10). Pour la première fois Amos, en parlant d’événements prochains, considère par anticipation, ceux de la fin des temps. Ce sera un jour de deuil général et de lamentations, comme la nuit du jugement des premiers-nés en Égypte, car aux paroles: «Je ne passerai plus par-dessus lui» des chap. 7:8 et 8:2, il ajoute maintenant (v. 10) «le deuil d’un fils unique». Il n’est pas question ici du jour de repentance du peuple qu’on voit, en Zacharie 12:10, se lamentant au sujet du Messie, «comme on se lamente sur un fils unique». Ce sera le jour d’amertume des premiers-nés d’Égypte, pire même, car il pouvait rester aux Égyptiens l’espérance d’une postérité. Ici il ne reste rien. C’est la fin des dix tribus, le jour d’amertume.

Alors le temps mauvais se lèvera sur Israël: «Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, l’Éternel, où j’enverrai une famine dans le pays; non une famine de pain, ni une soif d’eau, mais d’entendre les paroles de l’Éternel. Et ils erreront d’une mer à l’autre, et du nord au levant; ils courront çà et là pour chercher la parole de l’Éternel, et ils ne la trouveront pas» (v. 11, 12). Il n’y aura plus possibilité dans le pays d’entendre les paroles de l’Éternel; le peuple dispersé errera d’une mer à l’autre et ne les trouvera pas, quelque désir qu’il en ait. Silence! Dieu ne leur parlera plus. Ah! qu’ils voudraient alors connaître sa pensée, mais elle leur sera cachée. Ce passage décrit la dispersion d’Israël. Comme le riche en hadès, ils auront soif, sans moyen de la satisfaire. La jeunesse, dans sa beauté et sa force, défaudra, car on ne peut vivre que par la parole de l’Éternel. Il ne leur restera que leurs faux dieux par lesquels ils ont juré. C’est, je n’en doute pas, la condition actuelle des dix tribus.