Amos

Chapitres 1:3-15 et 2:1-16

Ainsi dit l’Éternel

Chapitre 1er (v. 3-15)

Ces deux chapitres sont caractérisés par les mots: «Ainsi dit l’Éternel». Lorsque Dieu a parlé, le jugement doit s’accomplir, quoique nous n’en sachions pas l’époque. Peut-être la patience de Dieu attendra-t-elle longtemps encore, jusqu’à ce qu’il soit exécuté, mais il n’en surviendra pas moins, car pour l’Éternel le temps ne compte pas et ne modifie en rien la justice et la sainteté de ses voies. De fait, ces prophéties d’Amos ne se sont accomplies, pour la plupart, qu’environ une centaine d’années après avoir été prononcées.

Les paroles de l’Éternel s’adressent d’abord aux diverses nations qui, de toute part, enserrent le peuple d’Israël: à l’occident la Philistie, Tyr au nord, la Syrie au nord-est, Ammon et Moab à l’orient, Édom au midi. Sauf Moab qui fait exception, toutes ces nations sont jugées ici selon la manière dont elles ont traité le peuple de Dieu. Nous en avons encore aujourd’hui des exemples. La justice rétributive de Dieu s’exerce sur des nations qui persécutent son ancien peuple, quelque coupable qu’il soit.

Il y a un juste gouvernement de Dieu, dans ce monde, à l’opposé de celui des hommes. Dieu voit tout et n’oublie rien (il n’oublie que les péchés de ceux qui ont cru). Toute injustice trouve tôt ou tard sa rétribution. Dieu attend peut-être patiemment pendant toute une vie d’homme (même à l’égard de ses enfants, car son jugement commence par sa maison) pour rétribuer, selon son gouvernement, un tort commis. Saül était mort depuis longtemps, que Dieu n’avait pas oublié l’iniquité dont il s’était rendu coupable en faisant mourir les Gabaonites (2 Sam. 21). Il fallut alors que sa maison de sang, sauf Mephibosheth épargné par la grâce, fût exterminée. David, homme de Dieu, avait oublié depuis longtemps son crime à l’égard d’Urie; mais au moment voulu de Dieu les conséquences de ce péché commencèrent à se dérouler et poursuivirent le roi-prophète jusqu’à la fin de sa carrière. Il en fut de même lors du recensement du peuple, sauf que la grâce arrêta le jugement dans son cours (2 Sam. 24). Combien d’enfants de Dieu ont fait de semblables expériences! Le silence a plané sur tel manquement dont personne, sauf le coupable, n’avait connaissance: tout à coup le rugissement du lion se fait entendre et la terre tremble. Jusque-là le ciel était d’une sérénité qui semblait exclure même l’idée d’un orage. En peu de temps tout est bouleversé, la paix perdue, l’abri du Carmel desséché.

Remarquez que, dans tous les cas cités au cours de ces deux chapitres, le jugement ne tombe pas seulement sur l’autorité qui a ordonné les massacres, mais sur la nation qui en est tenue pour responsable. Sans doute l’autorité est jugée: les rois, ceux qui tiennent le sceptre, les princes et les gouverneurs, sont frappés personnellement, mais la nation tout entière l’est aussi, car loin de s’opposer aux actes de l’autorité, elle les a soutenus de ses sympathies, de ses haines et de ses violences. Dans le cas des Gabaonites, le peuple est même frappé en premier lieu par trois ans de famine et le jugement de la famille de Saül ne vient qu’ensuite, car le peuple aurait dû se purifier du mal commis par son chef.

Lorsqu’une iniquité nationale est accomplie, comme nous le voyons dans ces chapitres, l’esprit de l’homme a peine à concevoir qu’elle ne soit pas immédiatement réprimée, mais il n’en est pas ainsi: les voies de Dieu ne sont pas nos voies. Dieu permet — nous le voyons continuellement dans la prophétie — que l’iniquité porte tous les fruits qu’espérait celui qui l’a commise; Dieu s’en sert pour accomplir ses desseins, mais la rétribution n’en arrive pas moins — elle marche à pas lents, mais elle arrive.

L’Assyrien, dont l’action est plus d’une fois sous-entendue dans ces chapitres, est un instrument inique, employé, d’abord contre l’iniquité d’Israël, puis contre celle des nations qui avaient assouvi leur rage contre le peuple de Dieu, mais la verge de la colère de Dieu ayant accompli son œuvre, est elle-même brisée, sa force renversée, et sa chute est plus profonde que celle de toutes les nations qu’elle a frappées. Au reste, dans nos chapitres, l’Assyrien qui n’est pas même nommé est loin d’être le seul agent dont Dieu se serve pour exécuter ses jugements. D’autres agents nombreux y concourent à diverses époques et leurs noms sont aussi passés sous silence par Amos. Nous pouvons les trouver dans d’autres récits historiques ou prophétiques; l’Esprit de Dieu ne les mentionne pas ici parce qu’il s’agit dans notre prophète, comme nous l’avons dit plus haut, de l’état moral qui nécessite l’intervention divine et non des instruments dont Dieu se sert. Le prophète décrit cette intervention sans intermédiaires, tels un feu, un rugissement, un tremblement de terre, pour faire comprendre qu’elle émane directement de Dieu. Il n’en est pas de même chez d’autres prophètes. Ainsi Ésaïe 14:28 à 23 décrit le jugement de ces mêmes nations par l’Assyrien, à la suite de leur conduite envers les dix tribus; Jérémie 46 à 49 leur jugement par Nebucadnetsar, à la suite de leur conduite envers Juda.

En considérant l’ensemble de la prophétie, nous trouvons donc des personnes diverses pour exécuter les jugements, mais aussi des répétitions du même péché qui appellent de nouvelles vengeances de la part de Dieu par ces mêmes agents. Toutefois, que ces instruments soient tour à tour l’Assyrien, ou le Pharaon, ou les rois d’Orient, ou Babylone, ou Israël lui-même, les jugements des nations ne sont encore dans Amos que les voies habituelles de Dieu dans le gouvernement du monde et non pas les jugements de la fin. Il faudra que toutes les nations dont parlent les deux premiers chapitres d’Amos reparaissent à la fin des temps après s’être reconstituées, et subissent un jugement national bien plus sévère que leurs infortunes passées, alors que toutes leurs œuvres leur seront mises en compte dans la vallée de Josaphat (Joël 3), après quoi l’on verra la restauration partielle d’un Résidu de ces nations (sauf entre autres celle d’Édom), comme nous le lisons en Jérémie. Ce jugement national ne doit pas être confondu avec le jugement individuel et personnel des morts devant le grand trône blanc1.

1 On ne peut, dans beaucoup de cas, déterminer l’époque où les nations mentionnées dans ces chapitres envahirent Israël et Juda. Leurs attaques étaient incessantes et se succédèrent à des intervalles plus ou moins rapprochés. Il en fut de même des instruments de leur propre chute. Pour ne pas en alourdir notre texte nous récapitulerons ici, au point de vue historique, leurs crimes contre Israël et les divers agents par lesquels leur jugement eut lieu:

Damas, ou plutôt son roi Hazaël, s’empare de tous les confins d’Israël et de Galaad à cause des péchés de Jéhu et sous son règne, c’est-à-dire avant Jéroboam II (2) et Ozias (2 Rois 10:33). Cette attaque a un rapport historique avec la prophétie d’Amos (1:4). Sous Achaz, plus de seize ans après la mort d’Ozias, la prophétie d’Amos contre Damas fut accomplie. «Le roi d’Assyrie monta à Damas, et la prit, et en transporta les habitants à Kir» (2 Rois 16:9; Ésaïe 17:1-3). Cependant Amos est plus explicite et parle du «peuple de Syrie». Nous trouvons plus tard, aux derniers jours du royaume de Juda, une prophétie semblable contre Damas et sa prise par Nebucadnetsar (Jér. 49:23-27). Là aussi l’Éternel allume un feu dans les murs de Damas et il dévore les palais de Ben-Hadad.

La Philistie envahit Juda et occupe ses villes sous Achaz, bien des années après Ozias (2 Chron. 28:18). Ézéchias combat les Philistins (2 Rois 18:8). Ils sont ensuite frappés par le Pharaon (Jér. 47), puis détruits par Nebucadnetsar (Ézéch. 25:15-17). À différentes reprises ils avaient vendu la captivité tout entière (je serais tenté de croire que ce terme indique Juda et les dix tribus) soit à la Grèce (Joël 3:6), soit à Édom (Amos 1:6). Évidemment ces choses avaient lieu souvent et ne sont pas relatées dans des occasions historiques particulières. La destruction de la Philistie est aussi mentionnée en Jér. 47; cette nation reparaît à la fin des temps et son jugement a la même cause que par le passé (Joël 3:4).

Tyr agit envers Israël comme les Philistins. Plusieurs nations coopéraient avec Tyr dans le trafic des esclaves, le plus lucratif d’alors (Ézéch. 27:13). Tyr qui avait livré la captivité tout entière à Édom, est livré à l’Assyrie, puis à Nebucadnetsar, après là défaite des Philistins. Nous retrouvons Tyr avec Sidon au jugement du dernier jour (Joël 3:4).

Édom. Sa cruelle vengeance sur Juda est relatée en Ézéch. 25:12-14. Son désir de conquérir les deux nations, Israël et Juda, excite l’indignation de l’Éternel (Ézéch. 35:10). La montagne de Séhir est détruite; Nebucadnetsar est l’agent de cette destruction. Mais Édom reparaît dans l’histoire prophétique de la fin; on le retrouve à la vallée de Josaphat (Joël 3:19). Il est à la tête de la confédération des nations de la fin, avec Moab, Ammon, la Philistie, Tyr, confédération dont l’Assyrien fait partie. Tous veulent s’emparer des habitations de Dieu et en prendre possession (Ps. 83). C’est aussi le motif de sa défaite finale, comme nous le voyons en Abdias et à la fin d’Ésaïe (63:1). Le Seigneur lui-même exerce sur Édom la vengeance de son peuple, et y fait coopérer Israël.

Ammon attaque spécialement Galaad, territoire des dix tribus, mais se jette aussi sur Juda, emmené captif (Ézéch. 25:1-7). Son but est d’étendre ses confins, aux dépens du peuple de Dieu, ambition mauvaise que nous voyons s’exercer partout de nos jours aux dépens du voisin. Cela crie vengeance! Les Ismaélites ou «fils de l’Orient» (Ézéch. 25:4, 10), puis Nebucadnetsar (Jér. 49:2) sont les agents de la destruction d’Ammon.

Moab est accusé en Amos d’un méfait autre que celui des nations mentionnées précédemment. Il est détruit, puis, reparait à la fin des temps pour être frappé par Nebucadnetsar (Jér. 48).

Nous revenons sur Moab dans notre texte.

Dans tout ce que nous venons de voir, Amos annonce le jugement prochain de ces peuples, selon le traitement qu’ils ont fait subir aux dix tribus, ainsi qu’au royaume de Juda. Ce jugement ne dépasse pas les temps historiques comme le font tant d’autres passages des prophètes, car le livre d’Amos est occupé avant tout, comme nous l’avons fait remarquer, des caractères moraux du mal qui nécessite le jugement et nous parle très peu des événements de la fin.

Les voies gouvernementales de Dieu en jugement ont tout d’abord son peuple pour objet, car le jugement de Dieu commence par sa maison. Damas, Gaza, Tyr, Édom, Ammon, sont les instruments de Dieu pour châtier son peuple qui s’est livré à l’idolâtrie et a abandonné l’Éternel cri méprisant tous les principes moraux de sa loi. Mais, nous allons le voir, il se trouve que ces nations poursuivent leurs intérêts de lucre ou de conquête et leurs projets de vengeance en commettant des atrocités. Dieu laisse faire. Iniquité s’accumule sur iniquité jusqu’à ce que la mesure déborde: «À cause de trois transgressions... et à cause de quatre», dit l’Éternel, «je ne révoquerai pas mon arrêt». Cette phrase se répète à chaque nouvelle occasion. Il n’y a pas une seule d’entre ces nations, y compris Juda et Éphraïm, qui n’ait pas mis le comble à ses transgressions. C’est à ce moment-là que Dieu les frappe. Il s’occupera plus tard de son peuple pour le restaurer après l’avoir frappé, car, sous tous ses jugements, on sent que le cœur miséricordieux de l’Éternel ne change pas. Jamais son peuple, quelque coupable qu’il soit, ne sort de sa mémoire. Ses conseils à son égard sont éternels, immuables; tandis que certaines d’entre ces nations seront anéanties et qu’un Résidu des autres sera rétabli (Jér. 46:26; 48:47; 49:6, 39). Maintenant il s’occupe de ceux qui ont foulé Israël aux pieds.

Ce qui arriva autrefois à Israël peut se présenter aujourd’hui pour les chrétiens dans la bataille des peuples. Elle est une discipline nécessaire pour les enfants de Dieu, mais des populations entières qui portent le nom de Christ sont massacrées par les nations orientales. Dieu ne l’oublie pas: le tour de ces dernières viendra. De plus forts qu’elles entreront en scène et changeront leurs triomphes en deuils, leurs victoires en défaites.

 

«Ainsi dit l’Éternel: À cause de trois transgressions de Damas, et à cause de quatre, je ne révoquerai pas mon arrêt; parce qu’ils ont foulé Galaad avec des traîneaux de fer. Et j’enverrai un feu dans la maison de Hazaël, et il dévorera les palais de Ben-Hadad; et je briserai la barre de Damas, et, de la vallée d’Aven je retrancherai l’habitant, et de Beth-Éden, celui qui tient le sceptre; et le peuple de la Syrie ira en captivité à Kir, dit l’Éternel» (1:3-5).

On voit en 2 Sam. 10:6-14 que, dans le passé, les Syriens s’étaient alliés avec les fils d’Ammon contre David, après que ces derniers eurent outragé les envoyés du roi. Les fils d’Ammon furent battus et frappés par David de cruelles représailles (2 Sam. 12:31; 1 Chron. 20:3). Cette vengeance était légitime, car elle était voulue de Dieu, par le moyen de son Roi. Ce qui nous en assure, c’est le récit donne de ce fait dans les Chroniques, où toutes les fautes de David, sauf deux exceptions, sont passées sous silence. Les Syriens avaient, dès le début, épousé la cause des Ammonites qui furent presque exterminés; ils prirent leur revanche en foulant Galaad avec des traîneaux de fer. Le fait de cette alliance aggrave encore le jugement prononcé sur Damas, capitale des Syriens. Sans doute Dieu s’était servi d’eux comme d’une verge contre Israël et avait confié cette mission à Hazaël, leur roi, par le ministère d’Élisée (1 Rois 19:15; 2 Rois 8:7-15). Maintenant il brise la verge qui avait accompli ses desseins, car il n’y avait aucune crainte de Dieu dans le cœur d’Hazaël: il avait été impitoyable dans son attaque et Dieu qui l’employait, le jugeait pour sa cruauté envers son peuple. Élisée avait averti Hazaël de tout le mal qu’il ferait à Israël et en avait pleuré. Il l’avait même averti qu’il écraserait leurs petits enfants et fendrait le ventre de leurs femmes enceintes. Il semble que l’alliance des Syriens avec les Ammonites ait duré bien au-delà du temps de David, car ce qui est attribué en Amos 1:13 à ces derniers, l’est aux Syriens en 2 Rois 8:12. Dieu savait toutes ces choses; en faisant oindre Hazaël pour châtier son peuple, il savait aussi que cet homme usurperait la royauté par le meurtre de Ben-Hadad, le roi légitime. Il le savait; peut-on dire qu’Il le voulût? Nullement, car, le moment venu, Il revendique les droits de sa sainteté et de sa justice vis-à-vis des transgressions de Damas.

«Je briserai la barre de Damas, et, de la vallée d’Aven je retrancherai l’habitant, et de Beth-Éden, celui qui tient le sceptre» (v. 5). Damas, avec les barres qui ferment ses portes, sera sans défense devant l’ennemi. Bikeah-Aven sera «la vallée de néant», comme, en Osée 4:15; 5:8; 10:5, Béthel, la maison de Dieu, était devenue Beth-Aven, «la maison de néant». En opposition avec elle, Beth-Éden était en Syrie la «maison de délices». C’était ce que les hommes pécheurs voulaient faire du monde et qui réussit, hélas! à captiver même les yeux d’un croyant comme Lot (Gen. 13:10). Damas était un Beth-Éden aux yeux des hommes, toute cette contrée un Beth-Aven aux regards de Dieu1. Le peuple de la Syrie, auquel Galaad avait offert une proie facile au-delà du Jourdain, «ira en captivité à Kir, dit l’Éternel» (v. 5). L’Assyrien Tiglath-Piléser, peu d’années après la prophétie d’Amos, accomplit cette prédiction (2 Rois 16:9; Jér. 49:23-27).

1 Beth-Aven et Beth-Éden n’ont pu être identifiées par les géographes.

«Ainsi dit l’Éternel: À cause de trois transgressions de Gaza, et à cause de quatre, je ne le révoquerai point, parce qu’ils ont emmené captive la captivité tout entière, pour la livrer à Édom; mais j’enverrai un feu dans les murs de Gaza, et il dévorera ses palais; et je retrancherai d’Asdod l’habitant, et d’Askalon celui qui tient le sceptre; et je tournerai ma main contre Ékron, et le reste des Philistins périra, dit le Seigneur, l’Éternel» (v. 6-8).

Comme les autres nations, la Philistie était coupable de transgressions antérieures et toute l’histoire d’Israël nous montre combien grande était la haine des Philistins contre cette nation qui les avait combattus, puis asservis lors de l’établissement de la royauté sur le peuple de Dieu. Les villes principales de la Philistie, Gaza, Asdod, Askalon, Ékron, sont spécialement prises à partie. La quatrième transgression surpassait toutes les autres: les Philistins avaient vendu comme esclaves tous les captifs de Juda et d’Israël, en les livrant entre les mains d’Édom, leur plus cruel ennemi. Aussi le jugement tombe sur celui qui tient le sceptre, le gouverneur responsable; les habitants d’Asdod sont massacrés, le reste des Philistins périt; aucun n’échappe et l’on ne voit pas que leurs captifs soient rétablis aux derniers jours. En Jér. 47 le jugement tombe sur eux par le Pharaon, puis l’Assyrie et l’Égypte se disputent leurs villes, tantôt conquises par l’un, tantôt reprises par l’autre, jusqu’à ce qu’il n en reste plus que des ruines. On voit en 2 Chron. 28:17-20 l’attaque des Philistins contre Juda, sous Achaz, ainsi que celle des Édomites, leurs alliés; en Ésaïe 9:11, 12 l’attaque des Syriens et des Philistins contre Israël; en Ésaïe 14:29-32 celle de l’Assyrien contre la Philistie.

 

«Ainsi dit l’Éternel: À cause de trois transgressions de Tyr, et à cause de quatre, je ne le révoquerai point, parce qu’ils ont livré la captivité tout entière à Édom, et ne se sont pas souvenus de l’alliance fraternelle; mais j’enverrai un feu dans les murs de Tyr, et il dévorera ses palais» (v. 9, 10).

Jusqu’ici nous avons vu le jugement de deux nations, entièrement étrangères au peuple de Dieu. Elles n’avaient jamais été qu’en hostilité ouverte avec lui. Nous entrons maintenant sur un terrain nouveau, d’abord celui des liens fraternels, ensuite, celui des relations consanguines avec Israël, relations qui, même ne fussent-elles que selon la chair, créaient des obligations à Édom, Ammon et Moab, et auraient dû mettre un frein à leur antipathie et à leurs haines. Ici Tyr est en cause. Ce royaume avait connu des temps favorables et particulièrement bénis, quand Hiram, reconnaissant le Dieu de David et de Salomon, avait fait alliance avec ces deux rois et s’était engagé à coopérer à l’édification du temple de l’Éternel. Comment cette affection et cette alliance fraternelle avaient-elles, au cours des années, fait place à la haine? La grâce de David, la sagesse et la puissance de Salomon, mais surtout leur foi, avaient captivé jadis le cœur de Hiram. Il avait compris que l’Éternel était l’objet de toutes les pensées de ses amis; il avait vu que leur seul désir était de donner à Dieu, au milieu de son peuple, une habitation digne de Lui. Si les choses faites par Hiram étaient inconnues à ses successeurs, Dieu ne les oubliait pas et rendait responsables les héritiers du roi de Tyr d’avoir eu jadis leur royaume en rapport avec les bénédictions de l’alliance. Alors même que cette alliance n’avait été que passagère et occasionnelle, Tyr en ayant joui était devenu responsable de la conserver, mais les intérêts de cette nation commerçante l’avaient bien vite éloignée des bénédictions spirituelles; elle avait vu une source de gain dans l’alliance avec la Philistie pour faire la guerre au peuple de Dieu et le réduire en captivité. Peu lui importait qu’il fût vendu à Édom, ennemi acharné d’Israël; la soif de l’or dominait toute autre considération. Plus tard ces deux nations alliées avaient réitéré leur action sacrilège en vendant à Javan les captifs d’Israël. Mais il y avait chez eux autre chose encore que le gain: leur politique était d’éloigner Israël de ses confins (Joël 3:6), afin de s’emparer de territoires sur lesquels ils élevaient des prétentions, oubliant que ces territoires appartenaient à l’Éternel. Ils oubliaient ou ignoraient que l’Éternel avait choisi pour lui-même un héritage particulier au milieu de toutes les nations. Galaad était à lui, Manassé était à lui, Éphraïm était la force de sa tête, Juda était son législateur (Ps. 108:9). Gaza et Tyr avaient eu la folie de toucher, l’audace de s’approprier ce qui appartenait à Dieu: «mon argent et mon or», et de porter dans leurs temples «mes belles choses désirables» (Joël 3:5). S’il trouvait bon de châtier Israël par la main de ces nations ennemies, il n’estimait pas qu’une nation quelconque eût le droit d’en profiter pour son propre compte.

Les jours actuels n’offrent-ils pas des exemples pareils? Les nations s’allient pour prendre possession de territoires qui ne leur appartiennent pas et s’agrandir aux dépens de leurs voisins, les déportent et s’emparent de leurs richesses, sans penser un instant que «à l’Éternel est la terre et tout ce qu’elle contient!» (Ps. 24:1).

 

«Ainsi dit l’Éternel: À cause de trois transgressions d’Édom, et à cause de quatre, je ne le révoquerai point, parce qu’il a poursuivi son frère avec l’épée, et a étouffé la miséricorde, et que sa colère déchira sans fin, et qu’il garda sa fureur à toujours. Et j’enverrai un feu sur Théman, et il dévorera les palais de Botsra» (v. 11, 12).

Avec Édom nous passons aux peuples apparentés à Israël. Leurs transgressions ne sont pas moindres que celles des nations étrangères. Ésaü, Édom, est jugé pour sa haine meurtrière et sans miséricorde, envers Jacob son frère. Les peuples précédents sont moins sévèrement traités que ceux qui suivent. Le jugement d’Édom est sans aucune miséricorde. Sa haine sauvage contre le peuple de l’Éternel (car plus les liens sont étroits, et cela caractérise l’homme, plus la haine est intense) oblige Dieu à dire, tout à la fin de son histoire: «J’ai haï Ésaü». Aussi restera-t-il sans postérité. (Voyez Abdias. Jér. 49:7-22): «Il n’est plus», dit Jérémie (49:10), tandis que, même Moab et Ammon, et ensuite Élam, voient leurs captifs rétablis (48:47; 49:6, 39). Le cas d’Édom est sans rémission, sans pardon. C’est la seule de ces nations qui soit exterminée, ou du moins asservie en entier; elle sera le théâtre du terrible carnage de la fin (És. 63:1-6). Mais ce n’est pas la haine seule qui caractérise Édom; nous l’avons vu se servir de la Philistie et de Tyr, nations avec lesquelles il n’avait aucune affinité d’origine, pour asservir Israël, son frère selon la chair. Il prononçait ainsi, non seulement sa colère invétérée contre Jacob qui lui avait ravi son droit d’aînesse, mais son mépris de la sentence de Dieu: «Le plus grand sera asservi au plus petit» (Gen. 25:23). Ayant réduit son frère en esclavage, il s’empare de tout le midi de la Palestine (l’Idumée) et l’annexe à son territoire, contrairement à la volonté expresse de Dieu et aux principes de son gouvernement, quand il établissait les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël (Deut. 32:8)1.

1 Le roi d’Édom n’est pas nommé ici. Édom n’avait pas de roi au temps de Josaphat (2 Chron. 20:1), ni au temps d’Ozias (2 Chron. 25:7).

«Ainsi dit l’Éternel: À cause de trois transgressions des fils d’Ammon, et à cause de quatre, je ne le révoquerai point, parce qu’ils ont fendu le ventre aux femmes enceintes de Galaad, afin d’élargir leurs frontières; et j’allumerai un feu dans les murs de Rabba, et il dévorera ses palais, au milieu des cris au jour de la bataille, au milieu de la tempête au jour du tourbillon; et leur roi ira en captivité, lui et ses princes ensemble, dit l’Éternel» (v. 13-15).

La parenté d’Édom avec Israël remontait à Isaac, celle d’Ammon et de Moab, par Lot, à Abraham. Quoique basée sur des faits honteux, elle était plus ancienne que la première. On trouve chez les fils d’Ammon une cruauté atroce envers les tribus situées au-delà du Jourdain, en vue d’exterminer leurs descendants mâles et de s’emparer définitivement du territoire de Galaad. En cela pareil à Édom, Ammon oublie que l’Éternel lui-même l’avait dépossédé afin de donner un héritage à son peuple. C’était le pays de l’Éternel et il ne pouvait être aliéné. Les plans de l’homme échouent devant le grand fait que la cause de l’Éternel, devant laquelle aucune des prétentions de l’homme ne réussira, finira par avoir le dessus. Ce royaume de proie, semblable à celui d’Édom, prendra fin «au milieu des cris au jour de la bataille, au milieu de la tempête au jour du tourbillon». Sa ruine sera plus terrible que toutes les autres. L’orage s’abattra sur le peuple tout entier, mais ses conducteurs responsables iront en captivité, roi et princes ensemble, comme le peuple de la Syrie. Sur des forfaits pareils le prophète Élisée avait pleuré (2 Rois 8:12. Voyez aussi Osée 13:6). Comment donc l’Éternel les permet-il? Est-il insensible à tant d’horreurs? Sans doute il a connu d’avance ce qui sortirait du cœur de l’homme, devenu sa verge pour châtier son peuple, mais il montre, et c’est la première chose qu’il met en avant ici, qu’il va briser la verge dont il s’est servi.

 

Chapitre 2

«Ainsi dit l’Éternel: À cause de trois transgressions de Moab, et à cause de quatre, je ne le révoquerai point, parce qu’il a brûlé, réduit en chaux les os du roi d’Édom; et j’enverrai un feu sur Moab, et il dévorera les palais de Kerijoth, et Moab mourra au milieu du tumulte, au milieu des cris, au son de la trompette, et je retrancherai le juge du milieu de lui, et je tuerai tous ses princes avec lui, dit l’Éternel» (2:1-3).

Le caractère de Moab tranche sur ce que nous avons vu jusqu’ici. Nous nous trouvons en présence d’un nouveau principe. Ce n’est pas seulement que le gouvernement de Dieu enregistre scrupuleusement le tort fait à son peuple coupable, par les nations, devenues ses instruments pour le châtier, mais il enregistre aussi les torts commis par ces nations elles-mêmes entre elles. Rempli d’un désir de vengeance insatiable qui s’assouvit même sur les morts, Moab a violé la sépulture du roi d’Édom. Nous ne savons à quelle occasion, mais il méprisait par là l’autorité établie de Dieu, quelque coupable qu’elle pût être. Violer les sépultures, en sortir les ossements, les brûler, était un acte de vengeance n’appartenant qu’à Dieu seul. Dans le cas de Josias, cet acte avait pour but de souiller les autels des faux dieux (2 Rois 23:15-17), mais il n’appartenait point aux hommes de prendre cette mesure, sauf pour obéir à Dieu. Un homme souillé avait-il le droit de juger les morts, d’autres hommes souillés comme lui? On a voulu voir cet acte dans le récit un peu énigmatique qui nous est fait en 2 Rois 23:15-17. Nous ne le pensons pas, et nous voyons plutôt dans le fait relaté ici une vengeance furieuse de Moab contre Édom qui l’avait jadis envahi et humilié, vengeance postérieure au récit de 2 Rois 3 et qui, ne pouvant s’exercer sur le roi vivant, s’assouvit en violant son sépulcre. Le fait rapporté dans notre passage est d’une grande importance morale quant aux voies du gouvernement de Dieu. Alors même qu’il s’agit d’Édom dont la fureur contre le peuple de Dieu et contre Dieu lui-même était sans bornes, Dieu punit toute infraction aux règles qu’Il a établies, toute atteinte, même après la mort, à l’autorité qu’il a instituée. Il en sera de même devant le trône du jugement, mais souvent une iniquité pareille trouve sa rétribution ici-bas. Dieu n’oublie rien. Quelle description de l’anéantissement de Moab au milieu du tumulte de la bataille! Avec le juge, tous ses princes sont tués. Pourtant, à la fin des jours, Moab, comme les fils d’Ammon, verra ses captifs rétablis (Jér. 48:17; 49:6), tandis que rien de pareil ne nous est dit d’Édom (Jér. 49:7-22).

Par qui eut lieu le jugement de Moab? On voit en Ézéch. 25:8-11 que ce fut par «les fils de l’Orient». En Ésaïe 15 et 16, le sort de Moab est annoncé comme tout prochain: «dans trois ans, comme les années d’un mercenaire» (v. 14). Cette prophétie peut avoir été prononcée sous Ozias ou Ézéchias. En Jérémie, la destruction de Moab s’accomplit par le «dévastateur» qui semble être Nebucadnetsar. Mais Ésaïe 25:10 nous apprend que le jugement de Moab sera consommé lorsque ce peuple, ayant été reconstitué à la fin des temps, le Seigneur établira son règne et que la mort sera engloutie en victoire. De même, en Soph. 2:10, 11, le Résidu prophétique d’Israël pille Moab. On voit encore en Daniel 11:41 qu’Édom, Moab et les fils d’Ammon échappent de la main de l’Assyrien futur (car ils n’avaient pas été préservés de l’Assyrien historique ou plutôt de Babylone) et sont comme mis à part et réservés pour un jugement spécial à la fin des temps.

Remarquons encore que, plus la relation de ces nations avec le peuple de Dieu était étroite, plus le jugement qui tombe sur elles est sévère.

 

«Ainsi dit l’Éternel: À cause de trois transgressions de Juda, et à cause de quatre, je ne le révoquerai point, parce qu’ils ont méprisé la loi de l’Éternel et n’ont pas gardé ses statuts, et que leurs mensonges, après lesquels leurs pères ont marché, les ont fait errer; et j’enverrai un feu dans Juda, et il dévorera les palais de Jérusalem» (v. 4, 5).

Si Dieu n’abandonne jamais ses promesses, il ne révoque jamais non plus son arrêt, bien moins encore quand il s’agit de son peuple et non de ceux qui l’oppriment. Vis-à-vis des nations, il est l’avocat de son peuple et prend en main sa cause; mais à l’égard des siens son jugement est d’autant plus sévère que leur proximité de Dieu a été plus grande. La sévérité de ce jugement se montre en ce que Dieu assimile complètement Israël aux nations, objets de son châtiment irrévocable. Les «trois et quatre transgressions» sont aussi comptées à Juda. Dieu ne lui donne, chose importante à remarquer, qu’une seule raison de son jugement: ses rapports avec l’Éternel. Il punit les nations selon leur conduite envers son peuple; il punit son peuple selon sa conduite envers Lui. Tout est contenu dans cette simple question. Avait-il honoré ou méprisé la parole de Dieu? Avait-il gardé ses préceptes? La discipline de Dieu envers nous sur la terre (car il s’agit du gouvernement de Dieu et non du jugement éternel), dépend avant tout de l’influence que la Parole exerce sur notre vie et notre conduite. La négliger nous assimile au monde. Pensons-nous assez que l’observation de sa Parole (Apoc. 3:8) nous acquiert l’approbation du Seigneur, et que le mépris de sa loi nous fait encourir son jugement? En quoi l’avaient-ils méprisée? En ce qu’au lieu de garder les statuts de l’Éternel ils avaient suivi les mensonges idolâtres après lesquels leurs pères avaient marché. Du moment que nous négligeons la parole de Dieu, il se fait un vide dans notre cœur, et le monde ne tarde pas à le combler.

 

Aux versets 6 à 16 Israël, c’est-à-dire les dix tribus, à part, comme Juda, au jugement des nations. Nous l’avons dit: les dix tribus forment le sujet spécial de la prophétie d’Amos; aussi les causes de leur châtiment sont-elles beaucoup plus détaillées que pour Juda. L’arrêt prononcé sur Israël est tout aussi inexorable que les autres. Dieu avait enregistré toutes les transgressions d’Éphraïm. Sa conduite était déterminée par une basse cupidité qui s’attaquait aux justes, aux pauvres, aux chétifs, aux débonnaires, à ceux sur lesquels repose en tout temps le bon plaisir de Dieu, à ceux qu’il avait envoyés sans défense dans ce monde, comme des agneaux au milieu des loups, à ceux enfin que le Seigneur déclare bienheureux, car ils, hériteront de la terre sur laquelle la méchanceté des hommes ne leur accorde aucune place.

Si l’état de Juda est le mépris de la Parole, celui d’Israël peut se résumer en un mot: l’absence de crainte de Dieu. Ils avaient «vendu le juste pour de l’argent». Plus tard Juda suivit le même chemin en livrant, pour trente pièces d’argent, le juste par excellence entre les mains des hommes. «Et le pauvre pour une paire de sandales», objet commun et sans valeur, qu’on se procurerait même sans bourse délier. C’est ainsi qu’ils estimaient ceux que Dieu prisait au-dessus de tout. «Eux qui désirent ardemment de voir la poussière de la terre sur la tête des chétifs»: Ils aspiraient à voir les misérables dans le deuil pour que, dénués de tout, ils devinssent leur proie et qu’ils en profitassent pour les réduire en esclavage. «Et qui pervertissent le chemin des débonnaires»: Les débonnaires joignent la douceur à la bonté dans leurs rapports avec les hommes. Le Seigneur était débonnaire et humble de cœur; il communique son caractère à ses bien-aimés qui, par la connaissance de Christ, sont capables de reproduire ses traits. «Pervertir leur chemin», c’est les accuser d’être en contradiction, dans leur conduite, avec leur profession, afin de les arrêter dans le chemin qu’ils désirent suivre à la gloire de Dieu, et pour le bien des hommes. Ces accusations dénotent toujours une haine cachée contre Christ, dont les siens, au milieu de beaucoup de faiblesses et d’infirmités avouées, cherchent à reproduire le caractère. Les tendances hostiles du cœur des hommes ne se montrent pas toujours à nu, et se déguisent souvent de manière à tromper tout le monde sur les vrais ressorts de leur conduite, occupée tout entière au soin de leurs propres intérêts. Tôt ou tard cependant les gains retirés par eux, en prenant en gage le bien du pauvre et en mettant à l’amende le prochain (v. 8), engendrent la corruption et servent à alimenter les mœurs les plus éhontées. Même le respect dû à la famille, la crainte que les parents doivent inspirer à leurs enfants, sont oubliés pour assouvir les plus basses convoitises (v. 7). Dans cet état composé de lucre, de corruption, de mépris du vrai peuple de Dieu, ces hommes «s’étendent à côté de chaque autel», car la religion qu’ils professent n’est pas celle du vrai, du seul autel de Dieu, mais une religion n’ayant de la vraie que l’apparence. Un tel tableau ne diffère pas, moralement, de celui du monde chrétien.

Cependant, que n’avait pas fait l’Éternel pour ce peuple? L’histoire passée d’Israël prouvait l’intérêt que Dieu lui portait: Il avait exterminé les Cananéens devant lui, avait anéanti la puissance de Satan s’opposant à ce qu’il possédât le pays de la promesse. Malgré leur taille aussi haute que les cèdres orgueilleux, malgré leur puissance aussi forte que les chênes, ils n’avaient pu tenir tête à Israël; ils avaient été exterminés, racine et fruits (v. 9), et ne valaient pas mieux qu’un tronc d’arbre desséché, destiné au feu.

«Et moi, je vous ai fait monter du pays d’Égypte, et je vous ai fait marcher dans le désert quarante ans, pour posséder le pays de l’Amoréen» (v. 10). Dieu leur rappelle ici comment il leur avait finalement procuré la victoire en accomplissant à leur égard l’œuvre du salut. Cette œuvre consiste en deux facteurs indispensables: 1° «Je vous ai fait monter du pays d’Égypte». C’est la rédemption qui nous délivre du monde et de l’esclavage de Satan. 2° «Je vous ai fait marcher dans le désert quarante ans». C’est la discipline sans laquelle nous ne pourrions atteindre notre Canaan céleste. Sans doute, la rédemption est suffisante pour donner au croyant l’accès immédiat du Paradis, mais, comme racheté, il est ici-bas l’objet d’une action continuelle de la Parole, pour le purifier et le sanctifier, car sans la sainteté, nul ne verra le Seigneur. Ainsi, en Éph. 5, le Seigneur s’est livré lui-même pour l’Assemblée, notre rédemption étant le fruit de son amour pour nous; puis il sanctifie l’Assemblée en la purifiant par le lavage d’eau, par la Parole, car il veut se la présenter n’ayant ni tache, ni ride, sainte et irréprochable, dans la gloire. C’est là ce qu’en type Israël aurait dû connaître, mais, devant tant de grâces et de soins, il avait abandonné Dieu et sa loi. Cependant la patience de l’Éternel envers eux ne s’était pas lassée: Il leur avait suscité des prophètes d’entre leurs fils, et d’entre leurs jeunes gens des Nazaréens; des prophètes, porteurs de sa Parole, pour les ramener par la repentance, au Dieu dont ils s’étaient détournés, et les rendre attentifs à ses jugements et à ses miséricordes — des Nazaréens, dont l’exemple prêchait l’abstention des souillures du monde, le refus de tout ce qui produit l’ivresse en satisfaisant les convoitises de la chair, en un mot une vie sanctifiée. Mais, dit l’Éternel, «vous avez fait boire du vin aux Nazaréens, et vous avez commandé aux prophètes, disant: Ne prophétisez pas». Eux, les «ivrognes d’Éphraïm», avaient écarté le témoignage gênant des Nazaréens en les obligeant à faire comme eux; ils avaient imposé silence aux prophètes. Par inimitié contre Dieu, ils avaient séduit ou opprimé ses serviteurs.

Cette absence de toute crainte de Dieu est la cause d’un jugement sur Israël, comparé (v. 13) à un char chargé de gerbes au jour de la moisson, qui passe, ébranlant le sol sous le poids des essieux. Quand la récolte sera engrangée, eux seront foulés sous les roues. Image saisissante du jugement qui allait atteindre Israël et dont le tremblement de terre, annoncé par Amos devait être l’avant-coureur! Les versets 14-16 montrent l’impossibilité d’échapper à ce cataclysme. Force pour résister au jugement prochain, puissance pour le vaincre, armes pour le combattre, agilité pour lui échapper, courage pour l’affronter — tout manquera à l’homme en ce jour-là: devenu la proie du jugement, il s’enfuira tout nu devant Dieu.

Tel est l’irrévocable arrêt contre les dix tribus moins de cent ans après, il fut exécuté.