Actes des Apôtres

Chapitre 21

(v. 1-14). — Les liens formés dans les cœurs des rachetés par la possession de la nature divine, nature du Dieu qui est amour, sont puissants et au-dessus des liens naturels. C’est ce qu’éprouvaient Paul et les anciens d’Éphèse, car il est dit au premier verset de notre chapitre: «Et quand, nous étant arrachés d’auprès d’eux...». La vie des croyants est faite pour passer l’éternité ensemble dans la contemplation du Seigneur de gloire. En attendant d’être au ciel, dans sa glorieuse présence, rien n’est plus doux pour les enfants de Dieu que de réaliser ces relations fraternelles, surtout quand ils passent par les épreuves que l’on rencontre si fréquemment dans ce monde, comme c’était le cas pour Paul et pour ceux auxquels il devait s’arracher pour avancer dans un chemin de douleur tel que nous le verrons dans la suite.

Paul et ses compagnons arrivèrent en peu de temps à Cos, île de l’Archipel, le jour suivant à Rhodes, autre grande île non loin des côtes et, de là, à Patara, port de la Lycie. Ils s’y embarquèrent sur un navire en partance pour Tyr, où il y avait des chrétiens et, sans doute, une assemblée. Ils conseillèrent à Paul, par l’Esprit Saint, de ne pas monter à Jérusalem; mais il ne trouva pas à propos de renoncer à son voyage. Le jour du départ, tous l’accompagnèrent au rivage avec femmes et enfants; après qu’ils se furent embrassés, Paul et les siens s’embarquèrent. Là, comme à Milet, tous étaient sous l’étreinte de l’amour fraternel.

Il n’est pas inutile de faire remarquer que les enfants assistaient à ce départ. Les enfants des chrétiens ont leur place avec leurs parents dans tous les actes de la vie chrétienne. On voit déjà cela en Israël; lorsque le roi Josaphat rassembla le peuple de Juda pour demander à l’Éternel son secours contre les nombreuses armées qui venaient lui faire la guerre, tous furent convoqués: «Tout Juda se tenait devant l’Éternel, avec leurs petits enfants, leurs femmes et leurs fils» (2 Chroniques 20:13). La bénédiction de Dieu ne peut reposer sur les enfants que s’ils suivent leurs parents dans le chemin de la foi, dans l’obéissance et la séparation du monde. Ils participent aux joies et aux peines de la famille chrétienne et apprennent la dépendance de Dieu en assistant à la lecture et à la prière de famille. Dès l’antiquité les croyants l’avaient compris. Dieu dit d’Abraham: «Je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard» (Genèse 18:19). Josué dit: «Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel» (Josué 24:15). Il importe de considérer ce que la Parole enseigne quant à la marche des familles chrétiennes, afin que les enfants soient gardés des principes de ce monde, où la vie de famille disparaît de plus en plus, ce qui favorise l’esprit d’indépendance des enfants et par conséquent leur ruine à tous égards. Mais revenons à nos voyageurs.

De Tyr, le bateau toucha Ptolémaïs, où se trouvaient aussi des frères avec lesquels Paul et ses compagnons demeurèrent un jour. Le lendemain, ils abordèrent à Césarée; là se termina le voyage par mer. Ils entrèrent chez Philippe l’évangéliste, un des sept diacres choisis au chap. 6 pour distribuer des secours aux veuves nécessiteuses. Nous l’avons déjà vu prêchant l’Évangile en Samarie, après la mort d’Étienne, ensuite sur le chemin de Gaza pour enseigner l’eunuque d’Éthiopie. De là, l’Esprit l’enleva et il fut trouvé à Azot, l’ancienne Asdod des Philistins; puis il évangélisa toutes les villes jusqu’à Césarée, où il demeura, paraît-il, jusqu’alors. Sa famille avait marché sur les traces de son chef. Il avait quatre filles qui prophétisaient, c’est-à-dire qu’elles annonçaient la Parole à d’autres. Certaines personnes se basent sur cette mention, pour établir que les femmes peuvent parler dans les assemblées. Il n’est pas dit qu’elles prophétisaient dans l’assemblée. Toute femme ou fille chrétienne peut parler de la Parole de Dieu à d’autres, chaque fois que l’occasion leur en est fournie. Nous voyons, en 1 Cor. 14:3, ce que signifie actuellement «prophétiser»; c’est parler pour «l’édification, et l’exhortation, et la consolation», c’est-à-dire, faire valoir la Parole de Dieu selon les besoins de ceux qui écoutent, besoins qui ne sont souvent connus que de Dieu et non de celui qui parle ou «prophétise». La prophétie annonçant des choses qui doivent arriver non encore révélées, ne s’exerce plus maintenant que la révélation de Dieu est complète. La Parole de Dieu nous fait connaître tout ce qui arrivera jusqu’à la fin du monde.

Il y avait à Césarée un prophète nommé Agabus, venu de Judée, qui avait déjà annoncé, au chap. 11:28, qu’une grande famine aurait lieu. Celui-là était un prophète qui annonçait des choses à venir. Il vint auprès de Paul et, ayant pris sa ceinture, s’en lia les pieds et les mains et dit «L’Esprit Saint dit ces choses: L’homme à qui est cette ceinture, les Juifs à Jérusalem le lieront ainsi et le livreront entre les mains des nations». Agabus ne dit pas à Paul de ne point aller à Jérusalem, comme l’avaient fait les disciples de Tyr; il indiqua simplement ce qui lui arriverait. En entendant ces paroles, les compagnons de Paul et les disciples de Césarée le supplièrent de ne pas aller à Jérusalem. Mais il leur répondit: «Que faites-vous en pleurant et en brisant mon cœur? Car pour moi, je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus» (v. 13). Comme nous le verrons au v. 18 du chapitre suivant, le Seigneur avait averti Paul de sortir de Jérusalem, parce qu’«ils ne recevraient pas son témoignage». Mais il désirait ardemment être utile à ses frères Juifs en leur portant des secours de leurs frères de la Macédoine et de l’Achaïe (voir Romains 15:25-33; 1 Corinthiens 16:1-3; 2 Corinthiens, chap. 8 et 9). Il n’allait pas dans le but de travailler au milieu des Juifs incrédules, car il se proposait, après avoir accompli son service d’amour envers ses frères, d’aller à Rome et en Espagne. Il ne cherchait pas à se ménager ni à sauver sa vie, son œuvre était toute de dévouement. Il nous arrive, pour éviter des difficultés, de ne pas suivre le chemin tracé par le Seigneur; ce n’était pas le cas pour l’apôtre qui était prêt à mourir pour le nom du Seigneur Jésus. Mais il aurait mieux fait de se laisser guider par la parole du Seigneur plutôt que par son amour pour ses frères. Seulement, il ne nous appartient pas de le critiquer, nous qui avons si peu d’amour pour nos frères et qui sommes si loin de donner notre vie pour eux. Ayant vu la ferme décision de Paul, les disciples se turent, disant: «La volonté du Seigneur soit faite!»

 

Arrivée de Paul à Jérusalem

(v. 15-26). — Paul et ses compagnons montèrent à Jérusalem, accompagnés de quelques disciples de Césarée, entre autres d’un certain Mnason, originaire de l’île de Chypre, mais qui avait une maison à Jérusalem, puisque Paul devait loger chez lui avec ceux qui l’accompagnaient. Les frères de Jérusalem les reçurent avec joie. Le lendemain, ils se rendirent chez Jacques, un des principaux anciens de l’assemblée, où tous les autres anciens se rendirent (v. 15-18). Là, Paul leur «raconta une à une les choses que Dieu avait faites parmi les nations par son service» (v. 19). À l’ouïe de ce récit, ils glorifièrent Dieu, car les chrétiens juifs admettaient pleinement que l’évangile fût prêché aux nations, d’après ce que nous avons vu au chap. 15. Jusque-là tout alla bien; mais si les chrétiens juifs étaient heureux de voir les gentils accepter l’évangile, ayant compris qu’il ne fallait pas les placer sous la loi, ce n’était pas ce qu’ils pensaient pour eux-mêmes, au moins pour un assez grand nombre d’entre eux, ce qui causa toujours beaucoup de peine à Paul, comme nous le voyons par l’épître aux Galates. Les anciens lui dirent: «Tu vois, frère, combien il y a de milliers de Juifs qui ont cru, et ils sont tous zélés pour la loi. Or ils ont ouï dire de toi, que tu enseignes à tous les Juifs qui sont parmi les nations de renoncer à Moïse, disant qu’ils ne doivent pas circoncire leurs enfants, ni vivre selon les coutumes» (v. 20, 21). Qu’il s’agisse des Juifs ou des gentils, le mélange du judaïsme et du christianisme est impossible et inutile. L’un remplace l’autre. Les ordonnances de Moïse étaient établies de Dieu pour faire l’expérience de l’homme dans son état naturel, en l’éprouvant pour voir s’il était capable de plaire à Dieu et de vivre par l’observation de la loi. Il est dit: «Vous garderez mes statuts et mes ordonnances, par lesquels, s’il les pratique, un homme vivra» (Lévitique 18:5). Comme personne ne les a pratiqués, personne n’a reçu la vie par ce moyen. C’est pourquoi le Seigneur Jésus vint dans ce monde; par sa mort il obtint le pardon des péchés pour les coupables et la vie éternelle pour quiconque croit. Dès lors, inutile de pratiquer les ordonnances incapables de donner la vie. Le chrétien doit bien faire les choses agréables à Dieu, mais il prend le Seigneur Jésus comme modèle de la vie qu’il lui a donnée. Il peut l’imiter parce qu’il est sa vie. Ces croyants juifs ne l’avaient pas compris et, par orgueil religieux, voulaient conserver ce qui les avait distingués des gentils, mais s’opposait à l’œuvre de la croix et à ses conséquences bénies.

Les anciens de Jérusalem voulurent que Paul accomplît un acte par lequel il ferait croire à ces croyants zélés pour la loi qu’il n’enseignait pas à renoncer aux coutumes juives. Aux prises avec les frères de Jérusalem, l’apôtre céda à leur désir et s’associa, sur leur conseil, à quatre hommes qui avaient fait un vœu selon les ordonnances de la loi. Ils lui dirent: «Purifie-toi avec eux, et paye leur dépense, afin qu’ils se rasent la tête, et tous sauront que rien n’est vrai des choses qu’ils ont ouï dire de toi, mais que toi aussi, tu marches gardant la loi» (v. 22-24). En acceptant cette proposition, Paul faisait une chose absolument contraire à ce qu’il enseignait. Cela paraît étrange de sa part, mais il n’eut pas la force de résister, parce qu’il n’aurait pas dû se trouver à Jérusalem à ce moment-là. Pour avoir la force de rendre témoignage fidèlement, que l’on soit apôtre ou simple chrétien, il faut être là où Dieu veut que nous soyons. Paul dut souffrir cruellement de cette obligation. Mais le Seigneur eut pitié de son serviteur en ne permettant pas que l’acte proposé par les anciens eût son entier accomplissement. D’après la loi, lorsqu’on avait fait un vœu, il fallait présenter, sept jours plus tard, un sacrifice de gros ou de menu bétail (Lévitique 22:21), ce qui eût été en pleine contradiction avec la valeur du sacrifice de Christ dont Paul avait si pleinement montré la suffisance dans ses enseignements. Heureusement une émeute des Juifs l’empêche d’aller jusqu’au bout (v. 27). Arrêté et dès lors privé de sa liberté, il dut laisser à toujours, à leurs vœux et leurs sacrifices, ses frères judaïsants de Jérusalem, cause, involontaire sans doute, de sa captivité qui dura quatre ans, comme nous le verrons: deux ans à Césarée et deux à Rome.

 

Paul est saisi dans le temple

(v. 27-40). — «Et comme les sept jours allaient s’accomplir, les Juifs d’Asie l’ayant vu dans le temple, soulevèrent toute la foule et mirent les mains sur lui, s’écriant: Hommes israélites, aidez-nous! C’est ici l’homme qui partout enseigne tout le monde contre le peuple, et la loi, et ce lieu; et qui de plus a aussi amené des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu» (v. 27, 28). Ces Juifs d’Asie se trouvaient là, sans doute, pour la fête de Pentecôte, où Paul avait aussi désiré se rendre. Ils avaient eu l’occasion de le voir dans ses précédents voyages en Asie, et l’entendirent prêcher l’évangile aux gentils, lorsque les Juifs refusaient de le recevoir. Comme ils le haïssaient tout particulièrement, l’ennemi se servit d’eux pour mettre un terme à sa liberté dans le service du Seigneur, qu’il continua sous une autre forme en rendant témoignage comme prisonnier à Césarée devant Agrippa et à Rome devant Néron, alors empereur, et aussi, par ses épîtres qu’il écrivit de Rome; car, comme il le dit en 2 Timothée 2:9: «Toutefois la Parole de Dieu n’est pas liée».

Ces méchants prétendaient que Paul amenait des Grecs dans le temple, une profanation sous la loi, parce qu’ils avaient vu Trophime d’Éphèse avec lui (v. 29). Toute la ville fut en émoi; ils saisirent Paul, le traînèrent hors du temple et cherchèrent à le tuer. Mais le chiliarque (commandant de la cohorte), apprenant que tout Jérusalem était en confusion, intervint avec la force armée, ce que voyant, les Juifs cessèrent de battre Paul (v. 30-32). Le chiliarque ordonna de l’enchaîner et demanda qui il était et ce qu’il avait fait. N’obtenant que des réponses contradictoires, il le fit conduire dans la forteresse. À cause de la violence de la foule, les soldats durent le porter pour le soustraire à la rage de ses ennemis qui criaient: «Ôte-le» (v. 33-36).

L’apôtre suivait de près son Seigneur et Maître, passant par des circonstances semblables, rejeté comme lui par son peuple, qui criait aussi au gouverneur romain: «Ôte, ôte, crucifie-le!» (Jean 19:15) et, comme lui, livré entre les mains des gentils. Le Seigneur avait prévenu ses disciples qu’ils seraient traités de la sorte: «Ils feront ces choses, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi» (Jean 16:3).

Au moment où l’on allait introduire Paul dans la forteresse, il demanda au chiliarque la permission de dire quelque chose. L’officier lui répondit: «N’es-tu pas l’Égyptien qui, ces jours passés, a excité une sédition et emmené au désert les quatre mille hommes des assassins?» (v. 38). Paul répondit: «Je suis Juif, de Tarse, citoyen d’une ville de la Cilicie qui n’est pas sans renom; je te prie, permets-moi de parler au peuple» (v. 37-39). Ayant obtenu la permission, il se tint sur les degrés et d’un signe de main, imposa le silence. Puis il prononça en hébreu un discours, rapporté dans le chapitre suivant.