Actes des Apôtres

Chapitre 17

Paul à Thessalonique

(v. 1-9). — De Philippes l’apôtre ne s’arrêta pas jusqu’à Thessalonique, aujourd’hui Salonique. Il traversa Amphipolis et Apollonie, villes dont il n’existe que peu de chose aujourd’hui. À Thessalonique il y avait une synagogue des Juifs; Paul s’y rendit selon sa coutume et discourut avec les Juifs pendant trois sabbats, leur expliquant les Écritures concernant Jésus. Il leur exposa qu’il fallait que le Christ souffrît et qu’il ressuscitât d’entre les morts, vérité importante à recevoir pour les Juifs. Les écritures avaient parlé du Messie, de sa naissance, de son ministère, de ses souffrances et de sa mort, puis du règne du fils de David, dont jouiraient non seulement les Juifs, mais aussi toutes les nations. Mais les Juifs, comme les apôtres avant la mort du Seigneur, n’avaient retenu des Écritures que ce qui concernait les gloires terrestres de ce règne et ne croyaient pas à la mort de Christ, moins encore au triste état moral du peuple qui nécessitait les jugements, annoncés par Jean le Baptiseur en Matthieu 3:7-12; Luc 3:17. Ils n’avaient pensé qu’à leur gloire et non à la gloire de Dieu. C’est pourquoi, lorsque Jésus suivait le chemin d’Emmaüs avec les disciples, il leur expliquait dans toutes les Écritures les choses qui le concernaient, parce qu’ils n’y avaient vu que ce qui aurait satisfait leur orgueil national, et non leur état de péché sur lequel le Seigneur ne pouvait établir son règne. À leurs yeux il suffisait d’être descendants d’Abraham pour jouir du règne du fils de David. Mais comme le Seigneur ne se présentait pas à eux de manière à flatter leur orgueil, ils le crucifièrent.

Cette mort, résultat de la haine de l’homme contre Dieu, tel qu’il s’était manifesté en Christ, était nécessaire au salut des pécheurs et à l’accomplissement des promesses relatives à la bénédiction d’Israël et des nations. Il est dit ici, comme plusieurs fois dans l’évangile selon Luc, auteur du livre des Actes: «Il fallait que le Christ souffrît» (Luc 24:7, 26, 46, et Jean 3:14 entre autres). C’est ce que les Juifs ne voulaient pas admettre, de même qu’un si grand nombre de chrétiens professants aujourd’hui. En refusant d’y croire, on signe sa condamnation éternelle. Voilà pourquoi Paul exposait aux Juifs de Thessalonique qu’il fallait que le Christ souffrît et qu’il ressuscitât d’entre les morts, leur disant que «celui-ci, Jésus, que moi je vous annonce, est le Christ». Ils ne voyaient pas en Jésus le Messie promis et le traitaient d’imposteur, c’est-à-dire d’un homme qui se donnait pour ce qu’il n’était pas. Devant les Juifs, Paul établit tout ce qu’il dit de Jésus par leurs propres écritures. Pour qu’un Juif soit sauvé, il faut qu’il croie que Jésus est le Christ; en le croyant, il croit à tout ce qui est dit de lui dans les Écritures, et par conséquent, comme nous l’avons vu à propos du geôlier de Philippes, il croit Dieu. Dans nos pays christianisés, beaucoup de personnes croient que Jésus était le Christ, mais elles ne sont pas sauvées pour cela. Pour l’être, il faut croire que ce Christ, rejeté par les Juifs, mourut pour porter le jugement de Dieu à la place du coupable. Tous ceux qui croient que Jésus est mort et a été ressuscité pour eux, sont sauvés.

En entendant Paul et Silas, quelques-uns des Juifs, persuadés, se joignirent à eux, avec «une grande multitude de Grecs qui servaient Dieu, et des femmes de premier rang en assez grand nombre» (v. 4), tous gens des nations qui, ne trouvant rien dans le paganisme pour satisfaire le vide de leur âme, avaient embrassé le judaïsme, parce qu’ils comprenaient que les Juifs adoraient le vrai Dieu. Il y avait en eux de vrais besoins; aussi la présentation de Christ et de l’amour du Dieu vivant et vrai touchait facilement leur cœur.

Cette vérité si claire était insupportable à l’ennemi. À Philippes il se servit de la foule pour arrêter les apôtres. Ici, il employa les Juifs. Ceux-ci, «pleins de jalousie, ayant pris quelques méchants hommes de la populace, et ayant fait un amas de peuple, troublèrent la ville, et, ayant assailli la maison de Jason, ils cherchèrent Paul et Silas pour les amener au peuple» (v. 5). En se servant des méchants hommes de la populace, ces malheureux recouraient à un procédé peu digne de leur orgueil national; mais, pour satisfaire la haine contre Christ, tous les moyens sont bons. Ceux qui servaient Dieu et les femmes de qualité parmi les gentils, ayant cru ce que les apôtres prêchaient, il fallait leur opposer la canaille. Cela suffit à indiquer de quel côté était le bien. N’ayant pas trouvé Paul et Silas chez Jason, ils traînèrent celui-ci, avec quelques frères, devant les magistrats de la ville en criant: «Ces gens qui ont bouleversé la terre habitée, sont aussi venus ici; et Jason les a reçus chez lui, et ils contreviennent tous aux ordonnances de César, disant qu’il y a un autre roi, Jésus». Paul avait sans doute parlé de la royauté de Christ, quoique rejeté (v. 6, 7). La lumière apparaissant au milieu des ténèbres, de même que la vérité au milieu de l’erreur, soulève l’opposition et le désordre. Après l’enlèvement de l’Église, lorsque l’énergie d’erreur aura gagné tous les cœurs, les hommes diront «paix et sûreté», rien ne les troublera. Mais, tôt après, apparaîtra le soleil de justice; il amènera le jour «brûlant comme un four» qui brûlera les méchants comme du chaume (lire Malachie 4). Achab disait à Élie: «Est-ce bien toi, — celui qui trouble Israël?» (1 Rois 18:17). C’étaient au contraire ces malheureux Juifs et ceux qu’ils ameutaient contre Paul qui agitaient la ville. «Et la foule et les magistrats de la ville, qui entendaient ces choses, furent troublés» (v. 8). Les magistrats se conduisirent plus dignement que ceux de Philippes: «Après avoir reçu caution de Jason et des autres, ils les relâchèrent» (v. 9).

L’assemblée des Thessaloniciens était formée; nous la connaissons mieux par les deux épîtres que Paul leur adressa, que par le récit des Actes. Son séjour à Thessalonique fut court. Ayant laissé les frères dans la persécution qui avait commencé pendant qu’il était avec eux, il leur écrivit, peu après, sa première épître, pour les encourager et les enseigner au sujet de la venue du Seigneur. Nous y voyons la réalité de l’œuvre de Dieu en eux. Paul y parle de leur «œuvre de foi», de leur «travail d’amour» et de leur «patience d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ». Toute leur œuvre résultait de leur foi, leur travail de leur amour, et leur patience d’espérance était la même que celle du Seigneur, qui attend avec patience, assis à la droite de Dieu, le moment de venir chercher son Église, qui est son Épouse. Tout jeunes chrétiens qu’ils fussent, ils étaient devenus les imitateurs du Seigneur et des apôtres, et servaient de modèles aux croyants en Macédoine et dans l’Achaïe (lire 1 Thess. 1). On voit donc que de jeunes chrétiens peuvent être des témoins du Seigneur fidèles et dévoués, en recevant la parole de la prédication, qui est vraiment la parole de Dieu, et non celle des hommes (1 Thess. 2:13). Mais ils n’étaient pas au clair au sujet de la venue du Seigneur. Ils croyaient que ceux qui étaient délogés en seraient privés; aussi l’apôtre les rassure en leur disant, au chapitre 4, que, lorsque le Seigneur viendra, il ressuscitera premièrement les morts en Christ; puis il transmuera les vivants, et tous ensemble monteront à la rencontre du Seigneur en l’air, pour être toujours avec lui et revenir avec lui en gloire, lorsqu’il jugera les méchants et établira son règne.

La persécution sévissait si intensément que certains prédicateurs affirmaient qu’ils étaient dans le jour du jugement du Seigneur. C’est pourquoi l’apôtre leur adressa la seconde épître pour les rassurer en leur disant: (chap. 2) que ce jour ne peut avoir lieu avant l’arrivée de l’apostasie et la manifestation de l’Antichrist. Auparavant, le Seigneur vient chercher les siens (voir la première épître). L’apostasie, c’est le rejet complet du christianisme pour accepter la religion que présentera l’Antichrist. Au temps de Jean il débutait; aujourd’hui il est près d’être consommé. Il commence par nier la pleine inspiration des Écritures, la divinité de Christ et d’autres vérités que l’on abaisse au niveau de l’intelligence humaine pour les expliquer par elle, ce qui aboutira au rejet complet même des formes chrétiennes, comme on le voit déjà en Russie. Aussi il importe de tenir ferme à l’inspiration entière de la Bible, et de croire non seulement à son inspiration, mais à tout ce qu’elle dit, puisque alors on croira à la divinité de Christ et à l’efficacité de sa mort pour le salut des pécheurs, son sang étant le seul moyen d’être purifié de nos péchés. «Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché» (1 Jean 1:7).

 

Paul à Bérée

(v. 10-15). — Ce n’était pas dans la pensée du Seigneur que Paul restât à Thessalonique; ce qu’il voulait y accomplir était fait. Son prompt départ nous a valu les deux épîtres si importantes; on voit que le Seigneur pensait à nous en permettant que Paul partît si tôt de cette ville. «Les frères envoyèrent Paul et Silas, de nuit, à Bérée, lesquels étant arrivés, entrèrent dans la synagogue des Juifs» (v. 10). La haine des Juifs de Thessalonique contre l’évangile ne découragea pas Paul et Silas. Fidèles au Seigneur, ils commencèrent de nouveau par les Juifs de Bérée. «Ceux-ci», est-il dit, «étaient plus nobles que ceux de Thessalonique; et ils reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi» (v. 11). C’est de la noblesse de ne pas rejeter la Parole par parti pris, mais de confronter par elle ce qu’on entend, afin de savoir si on peut le recevoir avec son autorité. L’apôtre ne pouvait pas se servir comme nous du Nouveau Testament pour prêcher l’Évangile; il n’existait pas encore; mais ce qui importait pour les Juifs, qui seuls possédaient les Écritures, c’était de savoir si ce qu’on leur présentait était conforme à leurs écritures. Depuis la mort de Christ, le Saint Esprit est descendu et a fait connaître aux apôtres tout ce que les Écritures disaient du Seigneur et de son œuvre. On est souvent étonné en voyant leur habileté à découvrir dans l’Ancien Testament ce qui concernait le Seigneur et les résultats de son œuvre. Déjà lorsque le Seigneur se trouva avec ses disciples après sa résurrection, il leur dit qu’il «fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les Psaumes, fussent accomplies. Alors il leur ouvrit l’intelligence pour entendre les Écritures» (Luc 24:44, 45).

Avec la droiture qui les caractérisait, «plusieurs» de ces Juifs crurent, «et des femmes grecques de qualité et des hommes aussi, en assez grand nombre». On voit toujours ces hommes et femmes de qualité au nombre des croyants, preuve que de vrais besoins leur avaient fait rechercher la vérité telle qu’elle était dans le judaïsme et qu’ils étaient pleinement satisfaits lorsqu’on leur présentait Jésus.

De nouveau l’opposition de Satan apparaît; mais comme il n’avait pas d’instruments à Bérée, il les fit venir de Thessalonique. «Quand les Juifs de Thessalonique surent que la parole de Dieu était aussi annoncée par Paul à Bérée, ils y vinrent aussi, agitant les foules» (v. 13). Comme toujours, au lieu de faire taire la voix de Dieu qui proclame le salut aux hommes, l’opposition de l’ennemi ne fait que répandre ailleurs cette bonne nouvelle, en envoyant les apôtres plus loin. «Les frères renvoyèrent aussitôt Paul, comme pour aller à la mer; mais Silas et Timothée demeurèrent encore là. Et ceux qui conduisaient Paul le menèrent jusqu’à Athènes; et après avoir reçu pour Silas et pour Timothée l’ordre de le rejoindre au plus tôt, ils partirent» (v. 14, 15). De Bérée à Athènes, il y a au moins trois cents kilomètres; ce voyage dura donc quelque temps, en sorte que Silas et Timothée firent un assez long séjour à Bérée avant de rejoindre Paul, et ils purent se rendre utiles à cette nouvelle assemblée. Comme tant d’autres, elle n’est plus nommée. Rien de ce qui la concerne ne pouvait nous être utile, comme c’était le cas au contraire dans celles auxquelles Paul a adressé des lettres qui nous ont été conservées et font partie des Écritures.

 

Paul à Athènes

(v. 16-34). — En attendant Silas et Timothée à Athènes, Paul ne perdait pas son temps. Cette ville, célèbre par les sciences et les arts, qui faisaient l’orgueil des Grecs, était plongée dans une profonde idolâtrie, malgré la sagesse dont ils se vantaient. Paul dit aux Corinthiens: «Le monde, par la sagesse, n’a pas connu Dieu» (1 Cor. 1:21). On ne peut connaître Dieu que par la foi en sa Parole. L’apôtre, rempli de Christ, la vraie sagesse, avait son esprit excité au dedans de lui en voyant cette ville remplie d’idoles. Avec les Juifs et ceux qui servaient Dieu, il discourait dans la synagogue. Là au moins, il trouvait la connaissance du vrai Dieu; mais dans ce milieu il rencontrait aussi de l’opposition, comme nous l’avons vu partout dans son voyage, parce que Dieu s’était révélé en Christ pour leur faire grâce, mais ils n’en voulaient rien. Ils préféraient le Dieu qui s’était révélé à Moïse en Sinaï, et restaient sous la loi qu’ils ne pouvaient accomplir; par conséquent, ils demeuraient sous la malédiction.

Tous les jours, Paul prêchait sur la place publique à ceux qui voulaient l’écouter. Il leur annonçait Jésus et la résurrection; mais les philosophes épicuriens, matérialistes, qui recherchaient le bonheur et le plaisir, et les philosophes stoïciens qui, au contraire, bravaient la douleur pour atteindre ce qu’ils estimaient être vertueux, avec toute leur sagesse ne comprenaient rien à ce que Paul disait; ils croyaient qu’il leur annonçait des divinités étrangères. Leur esprit ne pouvait sortir d’un cercle limité, où, en fait de religion, ils ne voyaient que des divinités dans ce qui dépassait leur raison. «Que veut dire ce discoureur?» disent-ils. Et ils le conduisirent à l’Aréopage, lieu où siégeait le tribunal, en lui disant: «Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine dont tu parles? car tu nous fais entendre certaines choses étranges; nous voudrions savoir ce que veulent dire ces choses» (v. 19, 20). Ils ne désiraient pas connaître la vérité, mais apprendre quelque chose de nouveau, car, dit l’auteur du récit: «Tous les Athéniens et les étrangers séjournant à Athènes ne passaient leur temps à autre chose qu’à dire ou à ouïr quelque nouvelle» (v. 21). Rien n’était plus nouveau que ce que Paul prêchait; mais la Parole de Dieu ne satisfait pas la curiosité; elle s’adresse à la conscience et au cœur, ce que l’homme redoute. C’est pourquoi Félix, au chap. 24, dit à Paul: «Pour le présent va-t’en; quand je trouverai un moment convenable, je te ferai appeler». Hélas! ce moment ne s’est jamais présenté. Le moment convenable c’est aujourd’hui (Hébreux 3:7, 13, 15; 4:7).

Heureux de profiter de l’occasion qui lui était offerte pour exposer la vérité devant ces gens avides de nouveautés, mais non de vérité, Paul remarqua en passant, parmi les objets de leur culte, un autel dédié «Au dieu inconnu». En général, chez les peuples idolâtres, on a constaté qu’au milieu de leurs nombreuses divinités, il existe la croyance en un être, ou Esprit invisible, supérieur, comme le disait dernièrement un noir à un évangéliste: «Il y a bien un être invisible qui fait tout tourner». De même que l’idée de Dieu se trouve chez tous les hommes, là où manque la foi au vrai Dieu. Même ceux qui professent ouvertement l’incrédulité ne peuvent se soustraire à l’idée qu’il existe un Dieu, car Dieu a créé l’homme dépendant de lui, en soufflant en lui une respiration de vie, ce qui n’a pas eu lieu pour la bête, et ainsi tous les hommes ont une conscience qui ne leur permet pas de se débarrasser de l’idée de Dieu, quoique, pendant un temps, elle puisse rester endormie.

On croit savoir que cet autel inconnu datait de l’époque où une épidémie persistait malgré les invocations faites à toutes les divinités; un oracle aurait conseillé de dédier un autel au dieu inconnu pour faire cesser le fléau. Paul tira parti de ce fait pour présenter ce Dieu à eux inconnu, en contraste avec leurs idoles qui, au lieu de représenter Dieu, étaient une invention de Satan qui, par leur moyen, cachait un démon (voir 1 Cor. 10:19-21). Il leur dit: «Je vois qu’en toutes choses vous êtes voués au culte des démons... Celui donc que vous honorez sans le connaître, c’est celui que moi je vous annonce» (versets 22, 23).

Ce Dieu a fait le monde et toutes les choses qui y sont. Seigneur du ciel et de la terre, il n’habite pas dans des temples faits de main, comme les idoles. «Les cieux sont mon trône, et la terre le marchepied de mes pieds: quelle est la maison que vous me bâtirez, et quel est le lieu de mon repos? Toutes ces choses, ma main les a faites, et toutes ces choses ont été, dit l’Éternel» (És. 66:1, 2). Il ne dépend de personne pour le servir, comme s’il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie. Il a fait d’un seul sang toutes les races des hommes pour habiter sur la surface du globe. Si les hommes ont été répandus sur toute la terre, comme ils ont dû le faire lors de la dispersion des peuples à la tour de Babel, ce n’était pas pour demeurer indépendants de Dieu; ils devaient le chercher et le reconnaître par le moyen de ses œuvres. «Depuis la fondation du monde, ce qui ne se peut voir de lui, savoir et sa puissance éternelle et sa divinité, se discerne par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites, de manière à les rendre inexcusables» (Romains 1:20). Au lieu de cela, les hommes se groupèrent en peuples d’après leur langage. Au lieu de chercher l’auteur de la création, leur Créateur, ils en eurent peur et se forgèrent des divinités, s’imaginant qu’elles les protégeraient ou leur accorderaient ce qui satisferait leurs goûts naturels dépravés. À la place du vrai Dieu qui élevait leur âme à lui, les hommes s’abaissèrent en se faisant des divinités qui leur étaient inférieures. «Ils ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et ont honoré et servi la créature plutôt que celui qui l’a créée, qui est béni éternellement» (Romains 1:25). C’était l’œuvre du diable, que, depuis la chute, les hommes ont toujours été disposés à écouter; derrière les idoles il a placé les démons. L’idolâtrie a commencé après Babel; c’est alors que Dieu appela Abraham à sortir de son pays et de sa parenté, pour obtenir un peuple qui gardât la connaissance de lui-même. Or ce peuple se montra d’une même nature que les autres hommes, malgré tous les avantages que Dieu lui avait accordés, et lui aussi se voua à l’idolâtrie. Alors Dieu, au lieu d’en finir avec les hommes par les jugements, passa par-dessus ces temps de leur ignorance (v. 30) et leur présenta un Sauveur. Au lieu de le recevoir avec reconnaissance, ils consommèrent leur péché en le mettant à mort.

Mais Dieu le ressuscite, le couronne de gloire et d’honneur à sa droite, en lui disant: «Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds» (Ps. 110:1; Héb. 1:13). En attendant, «Dieu ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent; parce qu’il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts» (v. 30, 31). Si les Athéniens se repentaient, ils obtiendraient la grâce dont ils avaient besoin. Ils devaient profiter de ce temps qui ne durerait pas toujours. Dieu prend patience longtemps; mais il doit agir envers le monde selon sa justice; il ne peut laisser à jamais le mal suivre son cours et le péché impuni.

Il y a dans le ciel un homme, son Fils bien-aimé, qu’il a pris dans la mort où les hommes l’avaient placé et auquel il a confié le jugement qui s’exécutera sans miséricorde sur ceux qui n’auront pas obéi à l’ordre divin, non d’accomplir la loi, mais de se repentir. Par la bonté de Dieu ce temps dure encore, mais nous savons que nous sommes arrivés à ses dernières limites. Il faut en profiter, comme Paul le disait aux Athéniens, car on ne peut être sauvé sans repentance, sans reconnaître son état de perdition et de culpabilité devant Dieu, sans reconnaître, par conséquent, qu’on a mérité son juste jugement, enduré à notre place par le Seigneur Jésus, à la croix du Calvaire. Les hommes ignorent la preuve que le Seigneur Jésus jugera vivants et morts: à savoir que Dieu l’a placé dans la gloire après sa résurrection. Ils croyaient en avoir fini avec Jésus, l’avaient enseveli, avaient scellé la pierre qui fermait l’entrée du sépulcre, désirant qu’on n’en parlât plus. Mais Dieu le ressuscita, le glorifia à sa droite et l’établit juge des vivants et des morts. Il va apparaître «venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire» (Matthieu 24:30). En présence d’une vérité si solennelle, comment dormir tranquille et ne pas s’empresser d’obéir à l’ordre de Dieu de se repentir et de croire que le Juge qui va apparaître est aujourd’hui le Sauveur, qui ne met point dehors celui qui vient à lui?

En entendant parler de la résurrection des morts, «les uns s’en moquaient et les autres disaient: Nous t’entendrons encore sur ce sujet» (v. 32). Paul leur laissait la responsabilité d’avoir entendu la vérité. «Quelques hommes se joignirent à lui et crurent, entre lesquels aussi était Denys, l’Aréopagite, et une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux. «Ces deux convertis avaient sans doute une importance toute particulière pour le Seigneur, puisqu’ils sont nommés. Le nombre des convertis ne fut pas grand dans ce milieu d’érudits, mais on peut penser qu’il s’accrut depuis. Il n’est jamais fait mention de l’assemblée à Athènes, mais il est évident qu’il y en a eu une, car l’apôtre ne se contentait pas d’annoncer le salut; il apprenait à ceux qui avaient cru qu’ils étaient tous des membres du corps de Christ et formaient l’assemblée de Dieu sur la terre, vérité importante que le Seigneur lui avait révélée et que tous les chrétiens devraient reconnaître et réaliser aujourd’hui.