Actes des Apôtres

Chapitre 12

Emprisonnement de Pierre

(v. 1-6). — Pendant que l’œuvre de l’Esprit Saint s’étendait en dehors de la Judée et parmi les Grecs, Satan déployait ses efforts à Jérusalem pour nuire aux chrétiens. Il se servait pour cela du roi Hérode, petit-fils d’Hérode-le-Grand qui avait ordonné le massacre des petits enfants de Bethléhem. «Il mit les mains sur quelques-uns de ceux de l’assemblée pour les maltraiter, et il fit mourir par l’épée Jacques, le frère de Jean. Et voyant que cela était agréable aux Juifs, il continua, en faisant prendre aussi Pierre» (v. 1-3). Un homme sanguinaire comme ce roi se rendait aisément agréable aux Juifs en faisant mourir ceux qu’ils haïssaient. Sans qu’ils s’aimassent, leur haine commune les mettait d’accord, comme le précédent roi Hérode avec Ponce Pilate. Si des hommes s’unissent par haine pour Christ, la grâce de Dieu a opéré pour que les chrétiens s’unissent par amour pour Christ, rendus participants de la nature divine, car nous aussi, nous étions «haïssables, nous haïssant l’un l’autre» (Tite 3:3) et ennemis de Christ.

Lorsque Hérode fit arrêter Pierre, c’était la fête des pains sans levain; au lieu de l’exécuter immédiatement, il l’emprisonna pour le livrer aux Juifs après la fête. Dieu se servit du temps qui s’écoula afin d’exercer les frères de Jérusalem à la prière et aussi pour rendre évidente sa puissance en délivrant Pierre, malgré les précautions prises par Hérode pour le garder sûrement: «Il le mit en prison, et le livra à quatre bandes de quatre soldats chacune pour le garder, voulant, après la Pâque, le produire devant le peuple. Pierre donc était gardé dans la prison; mais l’assemblée faisait d’instantes prières à Dieu pour lui» (v. 4, 5). Or que peut l’homme en opposition à Dieu dont la puissance est prête à intervenir, quand il le trouve bon? Nous ne savons pourquoi Dieu permit que Jacques fût mis à mort; mais cet apparent succès d’Hérode fournit à Dieu l’occasion de lui montrer son impuissance et sa nullité. L’assemblée savait que Dieu pouvait délivrer son serviteur. La prière met en évidence la puissance de Dieu. Il peut agir sans elle, mais il veut que nos pensées et notre foi soient en activité devant lui et avec lui à l’égard de ce qui exerce nos cœurs. «La fervente supplication du juste peut beaucoup» (Jacques 5:16). Dieu ne se pressa pas de délivrer Pierre; il attendit jusqu’à la dernière nuit.

«Cette nuit-là, Pierre dormait entre deux soldats, lié de deux chaînes; et des gardes, devant la porte, gardaient la prison». Rien n’était plus impossible que de sortir Pierre de la prison; mais ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Seize soldats d’Hérode gardaient Pierre; son Seigneur et Maître avait des myriades d’anges au service des siens, car: «Ne sont-ils pas tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut?» (Hébreux 1:14).

 

Délivrance de Pierre

(v. 7-17). — «Et voici, un ange du Seigneur survint, et une lumière resplendit dans la prison; et, frappant le côté de Pierre, il le réveilla, disant: Lève-toi promptement. Et les chaînes tombèrent de ses mains. Et l’ange lui dit: Ceins-toi et chausse tes sandales. Et il fit ainsi. Et il lui dit: Jette ton vêtement sur toi et suis-moi. Et sortant, il le suivit; et il ne savait pas que ce qui se faisait par l’ange était réel, mais il croyait voir une vision. Et ayant passé la première et la seconde garde, ils vinrent à la porte de fer qui conduit à la ville, et elle s’ouvrit à eux d’elle-même; et, étant sortis, ils allèrent jusqu’au bout d’une rue; et aussitôt l’ange se retira d’avec lui» (v. 7-10). C’est intéressant de considérer le soin avec lequel ce puissant messager céleste s’acquitte de sa mission. Pour lui, il n’existe aucun obstacle, ni murailles, ni gardes, ni portes. Être spirituel, non assujetti à la matière, il se trouva dans la prison sans autre, comme il se trouvait dans les lieux célestes. Dans la prison il apporte une lumière resplendissante, non pour lui, mais pour Pierre. Il trouve Pierre endormi, nullement agité par les desseins d’Hérode, confiant en Dieu, à qui seul il s’attendait. Il réalisait quelque chose de la paix qui remplissait le cœur de son Maître, lorsqu’il dormait sur la barque dans la tempête (Marc 4:35-41). David, dans une des circonstances les plus angoissantes qu’il eût traversées, dit: «Je me suis couché, et je m’endormirai: je me réveillerai, car l’Éternel me soutient. Je n’aurai pas de crainte des myriades du peuple, qui se sont mises contre moi tout autour» (Psaume 3:6, 7). Pleins de confiance en Dieu, sans volonté propre, nous pouvons tous réaliser ce repos dans les difficultés.

L’ange réveille Pierre, le fait lever. Il n’a pas besoin de lui ôter ses chaînes; elles tombent de ses mains, tandis qu’il lui dit de se chausser et de se vêtir lui-même, choses qui étaient au pouvoir de Pierre. Mais ce qu’il ne pouvait faire lui-même, l’ange le fait: il le délivre de ses chaînes, ouvre les portes. Une fois prêt, non pour paraître devant le peuple, mais pour quitter la prison, Pierre n’a qu’à suivre l’ange tout naturellement, comme s’il sortait de chez lui. Ils passent devant les gardes qui ne s’aperçoivent de rien; devant eux s’ouvre, sans clef, la porte de fer qui conduisait à la ville. Arrivés au bout d’une rue, l’ange se retira et Pierre, qui avait cru à une vision, «étant revenu à lui, dit: Je connais à présent certainement que le Seigneur a envoyé son ange, et m’a délivré de la main d’Hérode et de toute l’attente du peuple des Juifs» (v. 11).

Par une grâce merveilleuse de Dieu, les croyants occupent une position supérieure aux anges, puisqu’ils sont enfants de Dieu. Quant à nos corps, qui sont matériels, parce qu’ils appartiennent à la première création, nous leur sommes inférieurs; on voit passer l’ange à travers portes et murailles, sans qu’elles aient besoin de s’ouvrir, tandis que la porte s’ouvrit pour laisser passer Pierre. Pendant que nous sommes dans ces corps, nous avons besoin de leurs services; mais bientôt nous aurons des corps spirituels, semblables à celui du Seigneur, qui, après sa résurrection, se trouvait au milieu des disciples, «les portes étant fermées». Lorsque nous serons glorifiés, semblables à Christ, nous aurons hérité le grand salut dont il est question en Hébreux 1:14 et 2:3, et n’aurons plus besoin du service des anges.

Pierre s’étant reconnu dans la rue, «se rendit à la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc, où plusieurs étaient assemblés et priaient» (v. 12). Il alla tout naturellement là où il trouverait des disciples. En effet, chez la mère de Marc, neveu de Barnabas (voir Colossiens 4:10), on priait pour lui. «Et comme il heurtait à la porte du vestibule, une servante nommée Rhode vint pour écouter; et reconnaissant la voix de Pierre, de joie elle n’ouvrit point le vestibule; mais étant rentrée en courant, elle rapporta que Pierre se tenait devant le vestibule. Et ils lui dirent: Tu es folle. Mais elle affirmait qu’il en était ainsi. Et ils disaient: C’est son ange» (v. 12-15). L’assemblée, est-il dit, faisait d’instantes prières à Dieu pour Pierre; cependant leur foi n’allait pas jusqu’à croire à un exaucement si merveilleux. Après avoir vu mourir Jacques, ils pouvaient douter de la délivrance de Pierre; mais puisqu’ils priaient, ils croyaient bien que Dieu pouvait le délivrer; sans cela pourquoi prier? Cela nous montre que nous prions souvent sans croire à l’exaucement. Il est vrai que, pour avoir la certitude que Dieu nous exaucera, il faut être assuré que ce que nous lui demandons répond à sa volonté. Si nous n’avons pas cette assurance, il faut lui demander qu’il nous la donne, et en tout cas lui dire: «Si c’est ta volonté». S’agit-il, par exemple, de demander une guérison, une direction dans les événements, une foule de détails dans la vie pratique, il est quelquefois difficile de connaître la pensée de Dieu, mais nous pouvons placer tout cela devant lui, en toute soumission et confiance et il répondra comme il lui plaira. Il y a cependant des choses à l’égard desquelles nous connaissons sa volonté: tout ce qui contribue à le glorifier dans une marche fidèle, le désir de progresser dans la connaissance du Seigneur, la conversion de tel ou tel, enfin tout ce qui concerne les intérêts spirituels de nous-mêmes, des nôtres et de tous les enfants de Dieu, l’œuvre du Seigneur. Ce qui nous manque le plus souvent, c’est de vivre assez près de Dieu pour être plus familiers avec ce qui lui convient. «Qui est l’homme qui craint l’Éternel? Il lui enseignera le chemin qu’il doit choisir, (Psaume 25:12). Il y a un moyen de connaître la volonté de Dieu, lorsque nous avons une décision à prendre: c’est d’examiner, dans sa présence, quel motif nous fait agir. S’il est selon Dieu, nous pouvons aller de l’avant; si c’est pour une simple satisfaction personnelle ou en vue d’intérêts matériels, il faut s’abstenir. Dans le cas de Pierre, l’assemblée pouvait compter sur l’exaucement, car Pierre avait reçu du Seigneur, auprès de ses brebis, un service qui n’était pas encore accompli entièrement et il savait de quelle mort il glorifierait Dieu (Jean 21:19), savoir la crucifixion.

Les disciples répondent à Rhode: «C’est son ange» (envoyé ou représentant). Ils pensèrent que c’était un représentant de Pierre et non lui-même. Mais, lorsqu’ils le virent, ils furent hors d’eux. «Leur ayant fait signe de la main de se taire, il leur raconta comment le Seigneur l’avait fait sortir de la prison; et il dit: Rapportez ces choses à Jacques et aux frères. Et sortant, il s’en alla en un autre lieu» (v. 16, 17). Comme l’assemblée n’était pas au complet chez Marie, Pierre voulait que tous apprissent de quelle manière Dieu avait répondu à leurs prières. Jacques, un des principaux frères de Jérusalem, appelé «frère du Seigneur» (Gal. 1:19), était l’auteur de l’épître qui porte son nom. Un autre apôtre, fils d’Alphée, un des douze, portait le même nom; mais le récit inspiré n’en parle plus après Actes 1:13. Enfin Hérode décapita Jacques, frère de Jean.

Pierre jugea bon de quitter Jérusalem; nous ne savons où il se rendit. Son activité se poursuivit; mais l’Esprit de Dieu nous occupera surtout de celle de Paul, le grand apôtre des gentils, maintenant que Pierre leur a ouvert la porte du royaume des cieux (chap. 10). Nous le retrouvons à Jérusalem au chap. 15, de même que Jacques (v. 7 et 13), dans une assemblée importante où il s’agissait de savoir si l’on devait imposer la loi aux croyants d’entre les gentils. Là se termine le récit inspiré du ministère de Pierre qui continua pourtant jusqu’à sa mort, comme on le constate par ses épîtres, écrites vers l’an 66, tandis que ce que rapporte notre chapitre s’est passé vers l’an 44.

 

Mort d’Hérode

(v. 18-25). — Si le cœur des disciples débordait de joie à la suite de la délivrance de Pierre, il n’en était pas de même chez les soldats qui devaient le garder, ni chez Hérode. Lorsque le jour fut venu, «il y eut un grand trouble parmi les soldats, au sujet de ce que Pierre était donc devenu» (v. 18). C’est compréhensible! Ils avaient accompli leur devoir; mais le prisonnier qu’ils gardaient appartenait au Seigneur; il était entre ses mains, non dans les leurs, ni dans celles d’Hérode. Il le leur avait ravi sans qu’ils s’en aperçussent; ils n’avaient aucun pouvoir sur lui. «Hérode, l’ayant cherché et ne l’ayant pas trouvé, fit subir un interrogatoire aux gardes et donna ordre qu’ils fussent emmenés au supplice» (v. 19). Ces pauvres hommes payèrent de leur vie la délivrance de Pierre. Dieu le permit; nous ne savons ce qui en fut de leur salut. Pierre les avait peut-être évangélisés durant les quelques jours qu’il passa avec eux.

Quant à Hérode, le défi que Dieu lui jetait en cette occasion ne le fit pas réfléchir; au contraire, dans son orgueil blessé, il quitta Jérusalem pour Césarée où Satan lui présenta une occasion de rehausser sa dignité. Il était irrité contre les Tyriens et les Sidoniens, ses puissants voisins du nord, qui cependant avaient intérêt à rentrer dans les faveurs du roi, parce que leur pays était nourri par le sien. «Ils vinrent à lui d’un commun accord, et, ayant gagné Blaste le chambellan du roi, ils demandèrent la paix» (v. 20). C’était une affaire politique dans laquelle les uns trouvaient leur intérêt matériel et Hérode une occasion de s’élever en croyant aux hommages qu’on lui présentait. «À un jour marqué, Hérode, revêtu d’une robe royale et assis sur une estrade, les haranguait. Et le peuple s’écriait: Voix d’un dieu et non pas d’un homme!» (v. 21, 22). En réponse aux flatteries du peuple, Hérode accepta un hommage divin aussi élevé que peu sincère de la part de ceux qui le lui présentaient; il oubliait qu’il n’était qu’un homme, et quel homme! «Et à l’instant un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas donné la gloire à Dieu; et, étant rongé par les vers, il expira» (v. 23). N’ayant pas tenu compte de la leçon que Dieu lui donnait en délivrant Pierre, il tombe sous son jugement. On ne se moque pas de Dieu.

Cet Hérode, roi sur le peuple Juif, sans droit à cet honneur, sinon par l’autorité de Rome, représente l’Antichrist, persécuteur des fidèles dans l’avenir, qui sera aussi frappé, consumé par le souffle de la bouche du Seigneur lorsqu’il viendra dans sa gloire (2 Thessaloniciens 2:8).

On voit dans ce chapitre deux genres d’activité des anges. S’ils sont employés en faveur des croyants, ils exécutent aussi des jugements de Dieu.

Malgré l’activité de l’ennemi, «la parole de Dieu croissait et se multipliait. Et Barnabas et Saul, ayant accompli leur service, s’en retournèrent de Jérusalem, emmenant aussi avec eux Jean qui était surnommé Marc» (v. 24, 25). Comme au chap. 6:7, la Parole est identifiée avec les résultats qu’elle produit: elle croissait et se multipliait, car tout vient de la Parole sous l’action de l’Esprit de Dieu. Après avoir porté à Jérusalem les secours des disciples d’Antioche, Barnabas et Saul reviennent dans cette ville où ils vont recevoir les directions de l’Esprit Saint pour leur service futur.