Actes des Apôtres

Chapitre 9

Saul de Tarse sur le chemin de Damas

(v. 1-9). — Saul ne se contentait pas de ravager l’assemblée à Jérusalem (chap. 8:3). Il voulait étendre au loin son activité diabolique. «Respirant encore menace et meurtre contre les disciples du Seigneur, il alla au souverain sacrificateur et lui demanda pour Damas des lettres adressées aux synagogues, en sorte que, s’il en trouvait quelques-uns qui fussent de la voie, il les amenât, hommes et femmes, liés à Jérusalem» (v. 1, 2). La haine que Saul vouait aux disciples et, par conséquent, au Seigneur, créait autour de lui une atmosphère de méchanceté. On reconnaît en cela les traits du grand ennemi de Christ, qui a conduit les hommes à le mettre à mort et qui, voyant le Seigneur ressuscité accomplir son œuvre de grâce envers tous, voudrait en anéantir les résultats. Mais, quoique furieux et redoutable, Satan est un ennemi vaincu. Le Seigneur va le montrer en lui arrachant des mains le plus énergique instrument de sa haine pour en faire son grand serviteur par lequel il édifiera l’Assemblée que Saul voulait détruire. À quoi servait l’autorité du souverain sacrificateur? Pierre n’a-t-il pas dit qu’ils n’étaient que des hommes (chap. 5:29), eux dont il était écrit: «Les lèvres du sacrificateur gardent la connaissance, et c’est de sa bouche qu’on recherche la loi, car il est le messager de l’Éternel des armées» (Malachie 2:7), tandis qu’un autre prophète dit: «La loi est périe de chez le sacrificateur, et le conseil, de chez les anciens» (Ézéchiel 7:26). Ils étaient rejetés par Dieu, dès le moment qu’ils l’avaient rejeté dans la personne de son Fils, leur Messie. Malgré la puissance apparente à laquelle ils prétendaient encore, Saul s’appuyait sur un roseau cassé pour donner essor à sa rage contre les disciples du Seigneur. Les lettres qu’il avait de la part du souverain sacrificateur pour les synagogues ne leur parvinrent jamais.

Le Seigneur laissa arriver Saul près de sa destination, car c’est à Damas que se trouvait le disciple par lequel il devait lui faire connaître son message. Comme il approchait de la ville, «tout à coup une lumière brilla du ciel comme un éclair autour de lui. Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui disait: Saul! Saul! pourquoi me persécutes-tu? Et il dit: Qui es-tu, Seigneur? Et il dit: Je suis Jésus, que tu persécutes» (v. 3-5). De cette lumière, qui contrastait avec les ténèbres morales dans lesquelles Saul se mouvait, une voix s’adresse à lui avec autorité, car aussitôt il dit: «Qui es-tu Seigneur?» Il avait jusque-là persécuté des chrétiens méprisés, croyant servir Dieu; maintenant il apprend qu’il persécutait le Seigneur. Mais qui était ce Seigneur? Il connaissait le Dieu des Juifs, l’autorité du souverain sacrificateur; et voici la voix d’un Seigneur se fait entendre avec une autorité immédiatement reconnue. Paul n’avait pas cru le message que Pierre avait adressé au peuple (chap. 2:36), disant: «Que toute la maison d’Israël donc sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié». Comme la masse des Juifs, il n’en avait tenu aucun compte. Pour eux tous, Jésus avait terminé sa vie sur la croix, entre deux malfaiteurs; là son histoire avait pris fin. Les disciples prêchaient qu’il était ressuscité; mais on ne les croyait pas, tandis qu’on admettait le mensonge des chefs religieux, disant que les disciples étaient venus de nuit dérober son corps (Matt. 28:13). Que les hommes croient ou non la Parole de Dieu, tout s’est accompli et s’accomplira comme elle le dit. Vérité solennelle pour les raisonneurs et les incrédules!

La réponse du Seigneur contient une vérité qui ne faisait pas partie de l’enseignement de Pierre, lorsqu’il rendait témoignage de la résurrection du Seigneur. En disant à Saul: «Je suis Jésus que tu persécutes», le Seigneur exprime la grande vérité que tous les croyants sont unis à lui dans la gloire, les membres de son corps spirituel dont il est la Tête. Devenu l’apôtre Paul, Saul développa cette vérité dans ses enseignements, tout particulièrement dans ses épîtres aux Corinthiens, aux Éphésiens et aux Colossiens. Lorsqu’on touche les membres d’un corps, on touche le corps tout entier, et par conséquent la tête. En 1 Cor, 12:12, l’apôtre, parlant des membres du corps de Christ, dit: «Ainsi aussi est le Christ». Le corps et la tête forment un seul tout appelé «le Christ». Il est à remarquer aussi que le Seigneur se nomme Jésus. Quoique glorifié, il était toujours Jésus, l’homme né à Bethléhem, Celui dont l’ange avait dit à Joseph: «Tu appelleras son nom Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés» (Matt. 1:21). Ce Jésus, humilié et rejeté, est le Seigneur qui fit entendre sa voix puissante à Saul, son persécuteur. «Lève-toi», lui dit-il, «et entre dans la ville; et il te sera dit ce que tu dois faire» (v. 6).

Dès lors, Saul devint un homme sans volonté propre, dépendant de son Seigneur pour toutes choses, car il lui appartenait; il était son racheté, vérité importante dont tous les chrétiens, jeunes et vieux, doivent être pénétrés pour la mettre en pratique.

Les hommes qui étaient avec Saul entendirent la voix, mais ne virent personne; c’est à Saul que le Seigneur avait à faire. C’est lui seul qui devait «voir le Juste, et entendre une voix de sa bouche», dit Ananias (chap. 22:14). Saul se leva de terre et, comme il ne voyait pas, ses compagnons le conduisirent par la main, à Damas, où il fut trois jours sans voir et sans manger ni boire (v. 7-9). Quelle transformation s’opérait dans cet homme pendant ces trois jours! C’était sans doute le dépouillement de tout ce qui caractérisait le vieux Saul avec sa propre justice et sa religion, pour lui, jusque-là, un gain comme il le dit en Phil. 3:7, mais qu’il considéra depuis ce moment comme une perte, parce qu’il avait vu Christ dans la gloire, dès lors sa justice devant Dieu. Seule la puissance de Dieu pouvait faire d’un tel homme, celui qui put dire: «Je suis crucifié avec Christ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Galates 2:20).

 

Vision d’Ananias

(v. 10-16). — Le Seigneur avait tout préparé pour la conversion de Saul. Il ne voulut pas qu’elle s’opérât à Jérusalem, ni qu’un des apôtres intervînt. Le Seigneur le retirait «du milieu du peuple et des nations», dit-il au chapitre 26:17. Aucun des apôtres ne lui communiqua rien (voir les deux premiers chapitres de l’épître aux Galates). Il devait être indépendant de tous ceux qui avaient été avant lui, formé par le Seigneur lui-même pour le service spécial qu’il lui confiait, celui d’annoncer l’évangile aux gentils en faisant connaître les vérités relatives à l’Église, Épouse de Christ, corps de Christ. Il décrit lui-même, en Éphésiens 3, quelles choses merveilleuses (jusqu’alors des mystères) le Seigneur lui avait révélées pour en donner connaissance aux croyants juifs et gentils.

Il y avait à Damas un disciple nommé Ananias auquel le Seigneur apparut en vision et dit: «Lève-toi, et va dans la rue appelée la Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse; car voici, il prie, et il a vu en vision un homme nommé Ananias, entrant et lui imposant la main pour qu’il recouvrât la vue. Et Ananias répondit: Seigneur, j’ai ouï parler à plusieurs de cet homme, combien de maux il a faits à tes saints dans Jérusalem; et ici il a pouvoir, de la part des principaux sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton nom. Mais le Seigneur lui dit: Va; car cet homme m’est un vase d’élection pour porter mon nom devant les nations et les rois, et les fils d’Israël; car je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom» (v. 11 à 16). Ananias n’est nommé nulle part ailleurs, mais nous comprenons qu’il était un disciple fidèle puisque le Seigneur lui confia cette mission auprès de Saul. Quelle grâce merveilleuse que cette liberté avec laquelle il parle au Seigneur! Elle nous fait comprendre qu’il vivait habituellement dans sa présence. Tout croyant peut profiter de ce privilège. Ananias ne refuse pas d’aller, mais présente au Seigneur ce qu’il a entendu de Saul; son étonnement se comprend.

Le Seigneur accomplit une grande œuvre en Saul durant les trois jours où il demeura sans voir, ni manger, ni boire. Le nombre trois représente quelque chose de complet dans les choses de Dieu. L’ardent persécuteur devient un homme qui prie. Il n’a plus de volonté; il exprime sa dépendance par la prière. «Voici, il prie», dit le Seigneur à Ananias. Complètement isolé de tout, selon la nature, il avait eu à faire avec le Seigneur dont il dépendait entièrement désormais; il pouvait prendre place au milieu de ceux qu’il persécutait jadis. Par le baptême il entrait dans la maison de Dieu et suivait Jésus dans le chemin de la mort, où il connut la souffrance, car ce que le Seigneur dit de lui à Ananias s’est réalisé: «Je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom». Mais sa jouissance de la communion avec le Seigneur surpassait la souffrance.

 

Ananias chez Saul

(v. 17-22). — «Ananias s’en alla, et entra dans la maison; et, lui imposant les mains, il dit: Saul, frère, le Seigneur, Jésus qui t’est apparu dans le chemin par où tu venais, m’a envoyé pour que tu recouvres la vue, et que tu sois rempli de l’Esprit Saint. Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles; et il recouvra la vue; et se levant, il fut baptisé; et ayant mangé, il reprit des forces» (v. 17, 18). Ananias commence par imposer les mains à Saul; c’est un acte d’identification. Pour lui, maintenant, Saul est un frère; tous deux possèdent la même vie, le même Seigneur, de la part duquel il vient pour que Saul recouvre la vue et reçoive le Saint Esprit. Le Seigneur, ce Jésus méprisé sur la terre et glorifié dans le ciel, était apparu à Saul sur le chemin qu’il suivait dans un but tout autre que celui auquel il fut conduit. Souvent dès lors, des hommes, très opposés à l’évangile et qui se rendaient à tel ou tel endroit dans une mauvaise intention, entendirent une simple parole du Seigneur, qui les arrêta et leur fit changer de voie. Au reste, c’est ce qui se passe lors de la conversion, retour complet, changement de direction. Tout homme inconverti est sur le chemin qui aboutit au jugement; mais, dès qu’il croit au Seigneur Jésus comme en son Sauveur, il se trouve sur le chemin du ciel, et le manifeste par un changement de conduite qui provient de ce qu’il possède la vie de Jésus dont il est un disciple.

Des yeux de Saul tombent comme des écailles. Tout disparaît de ce qui empêchait de voir comme le Seigneur et d’avoir sa pensée. Tel l’aveugle que le Seigneur rendit voyant (Jean 9). Saul a pour sa vue nouvelle un nouvel objet dont il ne se détourne plus. Il peut se lever, et, par le baptême, figure de la mort de Christ, il est introduit dans le nouvel état de choses qu’il voulait détruire, alors que les écailles du judaïsme et de sa propre justice l’aveuglaient. Désormais chrétien, il sera un fidèle serviteur de son Seigneur, rempli du Saint Esprit qui a pris possession de tout son être, puissance par laquelle il portera le nom de Jésus devant les nations, les rois et les fils d’Israël.

Il demeura quelques jours avec les disciples à Damas; et «aussitôt il prêcha Jésus dans les synagogues, disant que lui est le Fils de Dieu» (v. 19, 20). Saul avait des lettres de la part des principaux sacrificateurs et, dans leurs propres lieux de culte, il faisait retentir le message de Dieu qui annonce à tous que Jésus, rejeté et crucifié, est son Fils, vérité qui fit condamner à mort le Seigneur lorsqu’il comparut devant le sanhédrin (Luc 22:70, 71). Pierre avait annoncé aux Juifs que Jésus était le Christ, ce que tout Juif doit savoir pour être sauvé; mais puisqu’ils refusèrent de le croire, Saul annoncera à tous les hommes qu’il est le Fils de Dieu, l’objet céleste du chrétien, ce qui le rend victorieux du monde (1 Jean 5:5). Lorsque le Seigneur trouva l’aveugle que les pharisiens avaient chassé de la synagogue (Jean 9:35), il lui dit: «Crois-tu au Fils de Dieu?» Il est l’objet de la foi, par lequel le croyant est satisfait; il n’a plus besoin du monde qui l’a crucifié; c’est ce qui le rend victorieux. L’aveugle-né, guéri et croyant au Fils de Dieu, n’avait plus besoin de la synagogue. En Éphésiens 4, nous voyons que le Seigneur a donné des dons pour l’édification de son corps, «jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu» (v. 12, 13).

Tous ceux qui entendaient Saul étaient dans l’étonnement et disaient: «N’est-ce pas celui-là qui a détruit à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom, et qui est venu ici dans le but de les amener liés aux principaux sacrificateurs?» (v. 21). Nous pouvons espérer que beaucoup ne demeurèrent pas seulement étonnés, mais qu’ils crurent aussi en ce nom, «le seul qui soit donné» aux hommes «par lequel il nous faille être sauvés» (Actes 4:12). «Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui demeuraient à Damas, démontrant que celui-ci était le Christ» (v. 22). Jésus est le Fils de Dieu présenté à tous les hommes, mais il est bien le Christ, le Messie, auquel les Juifs doivent croire pour être sauvés, aujourd’hui comme alors, car ils nient toujours qu’il le soit, ce qui est la cause de leur rejet comme nation, jusqu’à ce qu’ils disent: «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur». «Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu» (1 Jean 5:1). Inutile de le présenter aux gentils, qui n’avaient rien à faire avec le Christ ou Messie; aussi dans ses discours, Paul leur présente Jésus, le Seigneur, la Parole du Seigneur ou la Parole, ou, comme à Athènes, «le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont» (Actes 17:24), en contraste avec les idoles, le Dieu qui ordonne «aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent» (v. 30).

 

Arrivée de Saul à Jérusalem

(v. 23-31). — Les versets 23-25 montrent que la Parole de Dieu ne donne pas un récit historique complet, mais présente la pensée de Dieu. Dieu poursuit un but dans son enseignement et met de côté tout ce qui ne sert pas à l’atteindre. «Jésus fit aussi devant ses disciples beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom» (Jean 20:30, 31). L’Esprit de Dieu, par Jean, n’a choisi que les actes de Jésus nécessaires pour que le croyant reçoive la vie. Il eût été peut-être très intéressant d’en connaître d’autres, mais pas utile. C’est ce que nous voyons ici: «Des jours en grand nombre s’étant écoulés, les Juifs tinrent conseil ensemble pour le tuer; mais leur complot fut connu de Saul. Et ils surveillaient aussi les portes, jour et nuit, pour le tuer. Mais les disciples, le prenant de nuit, le descendirent par la muraille» (v. 23-25).

Ces versets, qui semblent être la suite chronologique de ce qui précède, embrassent une période d’au moins trois ans que l’auteur inspiré appelle «Des jours en grand nombre». Nous apprenons, par Galates 1:16-19, que, lorsque Saul fut appelé par le Seigneur, il ne monta pas à Jérusalem vers les apôtres qui l’avaient précédé, mais s’en alla en Arabie. Trois ans après seulement il revint à Damas, et c’est à ce moment-là que se placent nos versets.

De Damas, il se rendit à Jérusalem (voir Galates et v. 26 de notre chapitre), où il fit la connaissance de Pierre et resta chez lui quinze jours.

Pourquoi demeura-t-il trois ans en Arabie? La parole de Dieu ne nous le dit pas. Il fut, sans doute, formé par le Seigneur en vue du service qu’il lui confiait. Il faut à tout serviteur de Dieu un temps de retraite dans l’ombre, à l’école du Seigneur, avant de paraître en public. Moïse séjourna quarante ans en Madian avant de commencer son service. Jean le baptiseur ne débuta dans le sien, très court, qu’à l’âge de trente ans. David passa par une longue et douloureuse préparation, avant de monter sur le trône. On pourrait multiplier les exemples.

Paul donne, dans l’épître aux Galates, plus de détails sur son séjour à Jérusalem, afin de prouver que son ministère n’avait rien de commun avec le judaïsme, que même il n’avait rien reçu des apôtres, parce que des docteurs judaïsants voulaient placer les Galates sous le système légal. Dans le récit des Actes, cette précaution n’était pas nécessaire; l’Esprit de Dieu rapporte simplement la conversion de Saul et le début de son œuvre. En 2 Cor. 11:33, l’apôtre mentionne le fait qu’il fut dévalé dans une corbeille, pour faire comprendre aux détracteurs de son ministère que, bien que nullement inférieur à ceux que l’on estimait plus que lui, il ne se glorifiait que dans sa faiblesse, et il cite comme exemple sa fuite. Ces versets nous apprennent que l’ethnarque du roi Arétas faisait garder la ville pour s’emparer de lui; notre chapitre dit que les Juifs avaient tenu conseil pour le tuer. Les deux textes se complètent, car les Juifs ne pouvaient rien faire sans l’appui de l’autorité civile. Un des récits met en relief la culpabilité des Juifs, l’autre, celle des gentils.

À Jérusalem on ignorait la conversion du grand persécuteur des chrétiens, car, lorsqu’il voulut se joindre aux chrétiens de cette ville, tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût disciple. C’est Barnabas qui le présenta aux apôtres; il «leur raconta comment, sur le chemin, il avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment il avait parlé ouvertement, à Damas, au nom de Jésus» (v. 27). Nous voyons, par la présentation de Saul par Barnabas, que, lorsqu’un chrétien inconnu dans la localité désire se joindre à l’assemblée, il doit être présenté par un frère qui puisse rendre un bon témoignage de lui. Saul demeura quelque temps à Jérusalem, «allant et venant, et parlant ouvertement au nom du Seigneur. Et il parlait et disputait avec les Hellénistes; mais ceux-ci tâchaient de le faire mourir» (v. 28, 29). De nouveau la haine se manifeste. L’ennemi cherche à supprimer ce témoin gênant qui venait de lui être arraché d’une façon si merveilleuse. Mais il sera obligé de le laisser accomplir toute l’œuvre pour laquelle le Seigneur l’avait élu.

Apprenant les intentions des Hellénistes, les frères le conduisirent à Césarée, au bord de la mer, d’où ils le firent partir pour Tarse, ville de Cilicie, dont Paul était originaire. Il demeura là jusqu’à ce que Barnabas, voyant la grande œuvre accomplie à Antioche, allât le chercher pour enseigner dans cette ville, où il demeura une année. Il n’est parlé nulle part de ce que Saul fit à Tarse, ni du temps qu’il y resta.

Malgré l’opposition de Satan, les assemblées de Judée, de Galilée et de Samarie «étaient en paix», est-il dit, «étant édifiées, et marchant dans la crainte du Seigneur; et elles croissaient par la consolation du Saint Esprit» (v. 31). Heureux état qui peut être celui des assemblées aujourd’hui, au milieu de la ruine de l’Église, si elles marchent dans la crainte du Seigneur, en obéissant à la Parole, pour réaliser la consolation du Saint Esprit qui est toujours ici-bas dans l’Église et dans les croyants jusqu’au retour du Seigneur.

Jusqu’ici, ce chapitre nous a fait connaître la conversion de Saul, son séjour en Arabie et son départ pour Tarse, où il demeura un certain temps. Tout est prêt pour qu’il commence son travail au milieu des nations, en dehors de celui de Pierre et de Jean, qui des douze sont les seuls que l’on ait vus à l’œuvre dans le récit des Actes. Mais avant que Saul entreprît son service spécial, une œuvre préparatoire devait s’accomplir par le ministère de Pierre pour se continuer par celui de Paul. C’est ce que nous verrons dans le reste de ce chapitre et dans les chapitres 10 et 11.

 

(v. 32-35). — «Or il arriva que, comme Pierre parcourait toute la contrée, il descendit aussi vers les saints qui habitaient Lydde. Et il trouva là un homme nommé Énée, qui depuis huit ans était couché sur un petit lit; et il était paralytique. Et Pierre lui dit: Énée! Jésus, le Christ, te guérit; lève-toi, et fais-toi toi-même ton lit. Et aussitôt il se leva. Et tous ceux qui habitaient Lydde et le Saron le virent; et ils se tournèrent vers le Seigneur».

Pierre ne dit pas à Énée: «Je te guéris», mais «Jésus, le Christ, te guérit». Pierre n’était que l’instrument de la puissance de Jésus. Aussi ce miracle ne fit pas tourner les regards de tous vers Pierre, mais vers le Seigneur, tandis que, chez Simon (chap. 8), l’effet produit en lui à la vue du démoniaque guéri par Philippe eut le résultat inverse. Il se tenait auprès de Philippe, satisfait de la jouissance qu’il éprouvait en voyant des prodiges s’accomplir. La suite montra que l’œuvre de Dieu n’était pas réelle dans son cœur et sa conscience. Aujourd’hui aussi, quand on est saisi par un événement ou par la beauté d’une prédication, on parlera beaucoup du prédicateur; on voudra l’entendre de préférence à un autre, qui s’exprime moins bien, tout en présentant la Parole de Dieu; mais la conscience n’a pas été touchée; on n’est pas arrivé à la conviction de son état de péché devant Dieu, ce qui ne rend jamais joyeux, mais produit le désir d’en être délivré. Dans ces cas-là, le prédicateur a pour l’âme plus de prix que le Seigneur. Il en allait autrement pour les habitants de la contrée du Saron.

Dans un temps futur, ces mêmes contrées jouiront d’abondantes bénédictions, annoncées par Ésaïe. Alors le Seigneur établira son règne glorieux, accomplissant entre autres cette parole: «La gloire du Liban lui sera donnée, la magnificence du Carmel et du Saron; ils verront la gloire de l’Éternel, la magnificence de notre Dieu» (Ésaïe 35:2). Dans ce moment, la part de ceux qui crurent lorsque Pierre était au milieu d’eux, comme de tous les croyants jusqu’à la venue du Seigneur, sera d’être avec le Seigneur apparaissant en gloire; ils jouiront de bénédictions plus grandes encore que celles décrites par Ésaïe et dont le peuple terrestre jouira alors. Ils feront partie de l’Épouse et des conviés aux noces de l’Agneau, ils jouiront de son beau règne avec lui d’une manière céleste. Ils sont les bienheureux qui n’ont point vu et qui ont cru.

 

Résurrection de Dorcas

(v. 36-43). — «Il y avait à Joppé une femme disciple, nommée Tabitha, qui, interprété, signifie Dorcas; elle était pleine de bonnes œuvres et d’aumônes qu’elle faisait. Et il arriva en ces jours-là, qu’étant tombée malade elle mourut; et quand ils l’eurent lavée, ils la mirent dans la chambre haute» (v. 36, 37). Quel beau témoignage l’Esprit de Dieu rend de cette femme, «pleine de bonnes œuvres et d’aumônes». Non que ce qu’elle faisait remplît son cœur, mais c’est ainsi que Dieu la voyait, caractérisée par le bien qu’elle faisait. C’est ce qu’on verra en elle et en chaque croyant dans la gloire, lorsqu’apparaîtra le résultat de la grâce de Dieu en eux. Il est dit que le fin lin blanc et pur, dont sera vêtue l’Épouse aux noces de l’Agneau, ce sont les justices des saints ou leurs actes justes. Ils en sont vêtus eux-mêmes, lorsqu’ils apparaissent en gloire avec le Seigneur, vus sur des chevaux blancs (Apocalypse 19:8 et 14).

Malgré ses bonnes œuvres, la mort atteignit cette digne femme. Dieu le permit afin de faire éclater sa puissance, manifestée par le Seigneur ici-bas et qui, non seulement faisait marcher un paralytique, mais rendait la vie à un mort.

Apprenant que Pierre était à Lydde, les disciples de Joppé envoyèrent deux hommes le prier de venir sans tarder. «Quand il fut arrivé, ils le menèrent dans la chambre haute; et toutes les veuves vinrent auprès de lui en pleurant, et en montrant les robes et les vêtements, toutes les choses que Dorcas avait faites pendant qu’elle était avec elles» (v. 38, 39). L’activité de Dorcas résultait de son amour actif dans son cœur; cela devrait caractériser tous les croyants. L’apôtre reconnaissait chez les Thessaloniciens leur «travail d’amour». L’amour sait toujours trouver les moyens de se dépenser pour d’autres. Dorcas travaillait pour les veuves et les orphelins. Elle ne se contentait pas de savoir qu’elle était sauvée en croyant; la vie du racheté ne peut se montrer que par des œuvres de foi qui prouvent qu’on a la foi (Jacques 2).

Pierre fit sortir tous ceux qui étaient dans la chambre où le corps de Dorcas reposait. Il voulait être seul avec son Dieu, afin que rien ne le gênât dans son intercession et que la puissance de Dieu s’exerçât librement. Le Seigneur fit de même lorsqu’il ressuscita la fille de Jaïrus (Luc 8:51). Pierre, «s’étant mis à genoux, pria; et, se tournant vers le corps, il dit: Tabitha, lève-toi. Et elle ouvrit ses yeux, et voyant Pierre, elle se mit sur son séant; — et lui ayant donné la main, il la leva; et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur présenta vivante» (v. 40-44). Nous comprenons leur joie à tous.

Ce miracle est le seul que la Parole mentionne comme accompli par les disciples en faveur d’un croyant. Leur puissance miraculeuse n’agissait pas pour soustraire les enfants de Dieu aux épreuves qui, toutes, travaillent ensemble au bien de ceux qui l’aiment et par lesquelles il fait leur éducation. Paul ne guérit par Trophime qu’il laissa malade à Milet (2 Tim. 4:20), ni Timothée: il l’engagea à prendre un peu de vin à cause de ses fréquentes indispositions (1 Tim. 5:23). La guérison de Dorcas eut lieu en faveur des veuves, plutôt que pour Dorcas elle-même et, comme tous les miracles opérés par les apôtres, pour appuyer la prédication de l’évangile par des démonstrations de puissance. Plusieurs habitants de Joppé crurent au Seigneur et Pierre y demeura plusieurs jours.

Dieu veuille que l’exemple de Dorcas soit suivi par un grand nombre de croyants, jeunes surtout. Beaucoup désirent servir le Seigneur en se dévouant aux missions en pays païens; nous ne voudrions pas les décourager, mais le Seigneur place souvent autour de nous des moyens beaucoup plus à notre portée pour le servir avec zèle et dévouement, en y déployant une activité semblable à celle de Dorcas. Son nom signifie gazelle, animal dont elle imitait l’agilité pour faire le bien. Tous ne peuvent pas confectionner des robes; mais le Seigneur enseignera à chacun qui veut vraiment lui être agréable, comment il pourra le servir, dans l’ombre peut-être, sans éclat, sans en avoir du relief ici-bas devant les chrétiens et les hommes, mais cette activité portera du fruit pour le ciel et sera manifestée au jour où «chacun recevra sa louange de la part de Dieu» (1 Cor. 4:5). «Le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père, est celui-ci: de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, de se conserver pur du monde» (Jacques 1:27).