Actes des Apôtres

Chapitre 3

Guérison d’un infirme

(v. 1-11). — Pierre et Jean montaient au temple à l’heure de la prière, la neuvième de la journée (soit 15 heures chez nous). Les disciples juifs reconnaissaient encore le temple comme la maison de Dieu, une maison de prières, ainsi que le Seigneur le rappelle en Luc 19:46, jusqu’à ce qu’ils eussent compris toute la vérité concernant l’Église (ou Assemblée) dont on a vu la formation au chapitre précédent. Elle remplaçait Israël comme témoignage de Dieu sur la terre. Plus tard, le Seigneur leur enseigna à quitter Jérusalem et le temple, avant leur destruction par les Romains. Comme Pierre et Jean arrivaient, on portait au temple un homme, boiteux dès sa naissance, que l’on plaçait à la porte du temple, dite la Belle, pour y mendier. Au moment où les apôtres allaient entrer, cet infirme leur adressa sa demande. «Et Pierre ayant, avec Jean, arrêté ses yeux sur lui, dit: Regarde-nous. Et il les regardait attentivement, s’attendant à recevoir quelque chose d’eux. Mais Pierre dit: Je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai, je te le donne: Au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. Et l’ayant pris par la main droite, il le leva; et à l’instant les plantes et les chevilles de ses pieds devinrent fermes; et faisant un saut, il se tint debout et marcha; et il entra avec eux au temple, marchant, et sautant, et louant Dieu» (v. 4-8). Cette guérison rendait un témoignage public à la valeur et à la puissance du nom de Jésus Christ le Nazaréen, devant ceux qui l’avaient méprisé durant sa vie ici-bas, en le traitant de Nazaréen, l’avaient rejeté et mis à mort. Au milieu du peuple, Jésus avait accompli de grands miracles qui auraient dû convaincre les Juifs qu’il était réellement le Messie promis. Maintenant que Dieu l’a ressuscité et glorifié, et fait Seigneur et Christ, comme Pierre le dit au v. 36 du chapitre précédent, son nom a la même puissance au moyen des apôtres qui en sont simplement le canal. Tous les témoins de ce miracle étaient remplis d’étonnement.

Avec cette guérison, nous voyons se produire les mêmes effets que ceux de la conversion. Ce qui caractérisait cet homme, c’était la pauvreté et l’incapacité de marcher. Il était assis et mendiait. Après sa guérison, il marchait, sautait et louait Dieu. Son cœur était plein de reconnaissance envers le Seigneur qui l’avait si merveilleusement délivré. Dans son état naturel, tout homme ressemble moralement à cet infirme, sans ressources et incapable de suivre la pensée de Dieu. Mais par la puissance du nom de Jésus, toujours à la disposition de la foi, il peut marcher d’une manière qui glorifie Dieu, le cœur rempli de reconnaissance, de louanges et d’adoration. Si nous sommes au nombre de ceux qui possèdent le salut, n’oublions pas, qu’en effet, c’est pour marcher d’une manière digne de Dieu et pour le louer dès ici-bas, que Dieu nous a délivrés du triste état dans lequel le péché nous avait tous plongés.

«Et comme il tenait par la main Pierre et Jean, tout le peuple étonné accourut vers eux au portique appelé de Salomon» (v. 11). Si ce peuple avait pu demeurer dans ces sentiments d’admiration, et se repentir en reconnaissant dans ce miracle la puissance et la grâce de celui qu’ils avaient crucifié, quelles bénédictions il en aurait reçues! Hélas! nous verrons, déjà dans ce chapitre, qu’il n’en fut rien, et qu’il persévéra dans son refus de croire en Jésus et de le recevoir.

 

Témoignage de Pierre au peuple

(v. 11-16). — Profitant de la présence de la foule attirée par le miracle accompli, Pierre annonça devant tous comment la guérison s’était opérée et les invita à croire en celui qu’ils avaient crucifié, afin qu’ils reçussent les bénédictions promises par les prophètes.

«Et Pierre, voyant cela, répondit au peuple: Hommes israélites, pourquoi vous étonnez-vous de ceci? Ou pourquoi avez-vous les yeux fixés sur nous, comme si nous avions fait marcher cet homme par notre propre puissance ou par notre piété?» (v. 12). Le monde cherche toujours à attribuer à l’homme ce qui lui donne du renom et l’homme vise à s’attribuer ce qui revient à Dieu. Mais les apôtres se savaient les simples instruments de la puissance du Seigneur. Un instrument n’a de valeur que s’il se laisse manier par celui qui l’emploie. Pour Pierre et Jean, il n’y avait rien d’étonnant à ce miracle; ils connaissaient la puissance de celui en qui ils avaient cru et que Dieu avait glorifié, toujours le même. C’est ce que Pierre va leur dire: «Le Dieu d’Abraham et d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, que vous, vous avez livré, et que vous avez renié devant Pilate, lorsqu’il avait décidé de le relâcher. Mais vous, vous avez renié le saint et le juste, et vous avez demandé qu’on vous accordât un meurtrier; et vous avez mis à mort le prince de la vie, lequel Dieu a ressuscité d’entre les morts, ce dont nous, nous sommes témoins» (v. 13-15). Le Dieu de leurs pères avait fait des promesses et il avait envoyé Jésus pour les accomplir; mais eux l’avaient mis à mort. Tout était-il perdu pour cela? Absolument pas. Dieu accomplirait ce qu’il avait promis au moyen de son Fils, sur qui reposaient toutes ses pensées. Aussi Dieu l’a ressuscité et glorifié; les apôtres en étaient témoins; il l’a fait asseoir à sa droite, jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds (Ps. 110:1). Quoique rejeté par son peuple, rien ne pouvait empêcher la manifestation de la puissance de ce Jésus glorifié, sauf l’incrédulité des Juifs qui les prive, pour un temps, de toutes les bénédictions à eux destinées. De même aujourd’hui les résultats glorieux et éternels de la venue du Seigneur en grâce dans ce monde s’adressent à chacun et tous ceux qui croient se les approprient; seule l’incrédulité de ceux qui repoussent le message de la grâce les en prive.

Pierre place devant les Juifs quatre grands chefs d’accusation qui font ressortir leur terrible culpabilité au sujet du rejet de Jésus. 1° Ils l’ont livré. 2° Ils l’ont renié devant Ponce Pilate, alors que celui-ci voulait le relâcher. 3° Ils lui ont préféré un meurtrier. 4° Ils l’ont mis à mort. Appelé le saint et le juste, le Seigneur était reconnu pour être tel; mais dans leur haine, ils lui préfèrent un meurtrier. Lui, le prince de la vie, ils le mirent à mort; mais Dieu le ressuscita, ce dont les disciples étaient témoins. Il est impossible de trouver une contradiction plus grande dans l’histoire de l’humanité, ainsi qu’une pareille culpabilité. Ces faits inouïs montrent l’abîme moral qui sépare l’homme de Dieu, son incapacité de juger de toutes choses selon Dieu. La présentation de son Fils l’a prouvé. Mais cette constatation si humiliante pour l’homme fait ressortir la grâce de Dieu qui, après une pareille expérience, lui offre son pardon et le bonheur éternel.

Pierre continue en disant: «Et, par la foi en son nom, son nom a raffermi cet homme que vous voyez et que vous connaissez; et la foi qui est par lui a donné à celui-ci cette entière disposition de tous ses membres, en la présence de vous tous» (v. 16). Le nom est l’expression de la personne; c’est ce nom-là, le Seigneur lui-même, mis à mort par les Juifs et ressuscité par Dieu, qui a accompli ce miracle. Il suffit d’avoir la foi pour profiter de sa puissance. La preuve, incontestable, était sous les yeux de tous; qu’en feront-ils? Nous le voyons au chap. 4:16, 17.

 

Pierre appelle le peuple à la repentance

(v. 17-26). — Ce que Pierre présente dans la suite de son discours avait une importance capitale pour le peuple. De son acceptation ou de son refus dépendait sa bénédiction ou sa ruine. Il a choisi la ruine. L’homme ne sait faire autre chose si Dieu le laisse à sa responsabilité. La ruine des Juifs dépendait du rejet du Christ; mais Dieu voulait encore user de grâce envers eux. Sur la croix, le Seigneur avait intercédé pour ceux qui le mettaient à mort, disant: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font» (Luc 23:34). En vertu de cette prière, Dieu, par la bouche de Pierre, leur offre de se repentir afin que le Seigneur revienne du ciel et leur apporte les bénédictions dont ils s’étaient privés en le mettant à mort: «Et maintenant, frères, je sais que vous l’avez fait par ignorance, de même que vos chefs aussi; mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait prédit par la bouche de tous les prophètes, savoir que son Christ devait souffrir» (v. 17, 18). La grâce de Dieu veut bien admettre que le peuple avait agi par ignorance en faisant mourir le Seigneur. C’est ainsi que Dieu pouvait considérer leur acte jusqu’à ce qu’ils eussent rejeté le témoignage que le Saint Esprit rendait par les apôtres à Christ glorifié, et cela en réponse à l’intercession du Seigneur sur la croix. Par le rejet de Jésus, Dieu avait accompli ce que ses prophètes avaient prédit, savoir que son Christ, ou son Oint, devait souffrir. Mais il ne faudrait pas conclure de cela que les hommes sont moins coupables de l’avoir mis à mort. Ils portent l’entière responsabilité de leur acte inqualifiable. Ils l’ont livré, non pour que Dieu accomplisse ses desseins de grâce par la mort de son Fils, mais pour satisfaire leur haine contre lui, contre Dieu dont il était la manifestation en grâce, parce qu’ils ne pouvaient plus le supporter au milieu d’eux. En même temps, par sa mort, il accomplissait les desseins de Dieu pour le salut des pécheurs. À cela, les hommes n’ont rien à voir. Dieu a choisi le moment où leur haine, où leur péché, étaient à leur apogée pour manifester son amour parfait qui voulait les sauver. C’est pourquoi il fallait que Jésus souffrît de la part de Dieu le jugement dû au péché.

Pendant que Dieu considérait le peuple comme ayant agi par ignorance, il lui fait dire par Pierre: «Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés: en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la face du Seigneur, et qu’il envoie Jésus Christ, qui vous a été préordonné, lequel il faut que le ciel reçoive, jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps» (v. 19-21). Si donc les Juifs s’étaient repentis et convertis, s’ils avaient changé de pensées à l’égard du Seigneur, en reconnaissant l’affreuse faute commise en le mettant à mort, leurs péchés auraient été effacés et le Seigneur serait redescendu du ciel pour établir son règne, ce que Pierre appelle «les temps de rafraîchissement de devant le Seigneur, dont tous les prophètes avaient parlé». Ce moment était donc décisif pour le peuple. Que fera-t-il? Les Juifs vénéraient profondément les prophètes. Ceux-ci avaient parlé du Seigneur, de sa venue, de ses souffrances, de son exaltation, de son retour pour accomplir les promesses faites aux pères. Les écouteraient-ils? Plus encore, écouteraient-ils le témoignage du Saint Esprit par la bouche de Pierre? Non. Animés d’une haine implacable à l’égard du Seigneur, ils refusèrent la dernière offre de la patiente grâce de Dieu.

Pierre leur cite encore Moïse, le plus vénéré des prophètes, qui avait parlé de Jésus, ainsi que des conséquences qui menaçaient les indifférents: «Moïse déjà a dit: Le Seigneur1, votre Dieu, vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi; vous l’écouterez dans tout ce qu’il pourra vous dire: et il arrivera que toute âme qui n’écoutera pas ce prophète sera exterminée d’entre le peuple» (citation de Deutéronome 18:15-19). Et il ajoute: «Et même tous les prophètes, depuis Samuel et ceux qui l’ont suivi, tous ceux qui ont parlé, ont aussi annoncé ces jours» (v. 22-24). Il fallait être aveuglé par l’esprit d’incrédulité pour ne pas comprendre. Les prophètes avaient annoncé la venue de Christ et les bénédictions qui en résulteraient; mais on devait le recevoir. C’était à eux que ces prophéties s’adressaient. Pierre leur dit: «Vous, vous êtes les fils des prophètes et de l’alliance que Dieu a établie avec nos pères, disant à Abraham: Et en ta semence seront bénies toutes les familles de la terre. À vous premièrement, Dieu, ayant suscité son serviteur, l’a envoyé pour vous bénir, en détournant chacun de vous de vos méchancetés» (v. 25, 26). Quoi de plus clair? Tout dans ce discours était propre à toucher le cœur du peuple et à ouvrir ses yeux. Dieu avait établi une alliance avec Abraham; elle reposait sur la fidélité de Dieu pour l’accomplir. Ce Dieu fidèle avait envoyé son Oint pour cela; mais il ne pouvait rien faire tant que les Juifs demeuraient dans leur incrédulité; ils devaient se repentir. Le Seigneur les avait exhortés à se détourner de leurs méchancetés. Dieu avait envoyé avant lui Jean le baptiseur qui leur avait dit: «Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché» (Matthieu 3:2); mais en vain. Au lieu de l’écouter, ils l’ont tué. Si le Seigneur avait accompli des miracles, les avait délivrés du joug des Romains, sans leur parler de leurs péchés, ils l’auraient reçu; mais ce n’aurait pas été le règne de la justice, où le péché ne peut être supporté; les droits d’un Dieu saint n’auraient pas été reconnus. Dieu ne peut se départir de ce qui convient à sa nature, pour être agréable aux hommes. Le Messie ne pouvait établir sur des pécheurs le règne de la justice, car elle les aurait tous fait périr. En parlant du règne millénaire, il est dit: «Chaque matin, je détruirai tous les méchants du pays» (Psaume 101:8).

1 Dans le Nouveau Testament, lorsque le mot Seigneur est précédé d’un astérisque, il signifie l’Éternel.

Aujourd’hui encore on voudrait un Dieu qui satisfasse les désirs des hommes, leur épargne les conséquences du péché, transforme ce monde en un paradis, selon leur gré. S’il en était ainsi, les hommes croiraient en lui; mais ce Dieu qu’ils voudraient n’est pas celui que Jésus est venu révéler: un Dieu qui est amour, en même temps juste et saint, dont les yeux sont trop purs pour voir le mal. Pour maintenir ce que Dieu est, au milieu d’un monde souillé et perdu, il fallut la croix où la justice de Dieu contre le péché a été satisfaite, sa sainteté maintenue par le jugement que le Seigneur a subi, afin que l’amour de Dieu puisse être connu des pécheurs. Un jour cette création, réconciliée avec Dieu par l’œuvre même de la croix, ressemblera à un paradis, sous le règne du Fils de l’homme; les hommes y seront heureux, ils jouiront des bienfaits de Dieu répandus en tous lieux (voir Ésaïe 2:2-5; 55:12, 13; 65:17-25; Ézéchiel 34:23-31, parmi beaucoup d’autres passages). Mais ces temps-là n’arriveront qu’après les jugements terribles par lesquels Dieu ôtera tous les méchants de la terre, surtout ceux qui dans les temps actuels refusent de croire au Seigneur Jésus comme Sauveur.

Il est très important et instructif de considérer le caractère sous lequel le Seigneur est présenté aux Juifs dans ce chapitre, en contraste avec le chapitre précédent et dans la suite. Au chapitre 2, Pierre répond à ceux dont le cœur est saisi de componction, après avoir compris la gravité de leur situation à la suite du rejet de Christ: «Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit». Environ trois mille âmes crurent, furent baptisées et ajoutées à l’Assemblée déjà constituée par la venue du Saint Esprit. Le chapitre 3 forme une sorte de parenthèse dans le récit de l’établissement de l’Église, en ce que Pierre ne prescrit pas aux Juifs de se repentir et d’être baptisés pour recevoir le Saint Esprit et faire partie de l’Église. Il leur dit bien: «Repentez-vous et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés»; mais c’est afin que «viennent des temps de rafraîchissement... et qu’il envoie Jésus Christ» …, en d’autres termes, pour qu’il établisse son règne de paix et de justice sur la terre. C’était, nous l’avons dit, un dernier appel aux Juifs comme peuple, fondé sur l’intercession de Christ sur la croix: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font». Le refus de cet appel, consommé par le meurtre d’Étienne au chap. 7, eut pour conséquence le rejet des Juifs jusqu’à ce qu’ils disent: «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur» (Matthieu 23:39). Dès lors l’Évangile fut annoncé à tous, aux Juifs premièrement, puis aux Grecs. Individuellement, tout Juif pouvait recevoir le Seigneur et être sauvé, mais s’il croyait, il ne faisait plus partie de son peuple que Dieu avait mis de côté; il appartenait à l’Église que le Seigneur viendra chercher avant de reprendre ses relations avec Israël et établir son règne sur la terre.