Actes des Apôtres

Chapitre 2

La venue du Saint Esprit

(v. 1-4). — Les disciples demeuraient à Jérusalem selon l’ordre du Seigneur, en attendant la venue du Saint Esprit promis. Le jour de la Pentecôte ils étaient tous ensemble en un même lieu. «Et il se fit tout à coup du ciel un son, comme d’un souffle violent et impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Et il leur apparut des langues divisées, comme de feu; et elles se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et commencèrent à parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer» (v. 2-4). Cet événement est d’une importance capitale; car il ne s’agit rien de moins que de la venue du ciel de la troisième personne de la Trinité pour demeurer sur la terre avec les croyants et en eux. Lorsque le Seigneur Jésus vint dans ce monde, seconde personne de la Trinité, il prit un corps, parce qu’il devait être un homme, l’homme des conseils de Dieu, pour accomplir l’œuvre de la rédemption. Le Saint Esprit, personne divine aussi, n’avait pas besoin d’un corps. Il descendit directement du ciel sur les disciples, rendus propres à le recevoir par l’œuvre de Christ à la croix. Comme le Seigneur le leur avait dit au chapitre précédent, il serait en eux la puissance dont ils auraient besoin pour leur activité comme ses témoins dans ce monde, où ils rencontreraient l’opposition de Satan agissant chez les Juifs, ennemis de Christ, et chez les gentils dans les ténèbres du paganisme. C’est par les disciples, absolument impuissants en eux-mêmes, que le Seigneur allait accomplir une grande œuvre sur la terre, grâce à la prédication de l’Évangile.

Le Seigneur Jésus, homme parfait, reçut aussi le Saint Esprit au début de son ministère: «Jésus qui était de Nazareth... Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien» (Actes 10:38). Sur lui, le Saint Esprit descendit sous la forme d’une colombe, symbole de la grâce, de la bonté, de la douceur qui ont caractérisé tout le ministère de Jésus, lui dont on n’entendrait pas la voix dans les rues et qui n’éteindrait pas le lumignon qui fume (voir Matt. 12:19, 20). Venant sur les disciples, il apparaît en langues divisées, comme de feu, emblème du jugement; chez le Seigneur il n’y avait rien à juger et son ministère ne portait pas le caractère de jugement, bien au contraire, tandis que l’œuvre du Saint Esprit, au milieu d’un monde opposé à Dieu, jugerait tout ce qui n’était pas selon Dieu. C’est pourquoi un souffle impétueux se fit entendre, qui remplit toute la maison. Rien de semblable n’eut lieu lorsque le Saint Esprit descendit sur Jésus.

Une autre différence dans cet événement merveilleux, c’est que l’Esprit Saint vint sur les disciples «sous forme de langues», Dieu montrant ainsi qu’il les rendrait capables d’annoncer le message de la grâce dans tous les dialectes parlés alors. Le langage des hommes avait été différencié par jugement de Dieu, lorsqu’ils voulurent construire la tour de Babel; maintenant l’Évangile pourra être porté à tous les peuples dans leur propre langage. Ainsi «la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement» (Jacques 2:13).

Il est intéressant de remarquer un fait analogue, qui nous montre comment Dieu a veillé à ce que, dans tous les temps, l’Évangile parvienne à tous les hommes. Par la Réformation, Dieu remit en lumière sa Parole qui, durant des siècles, resta voilée dans les ténèbres du papisme et fut remplacée par les enseignements des hommes égarés par Satan. Mais il était difficile de se procurer des exemplaires de la Bible; on ne l’avait qu’en manuscrits et dans les langues anciennes, inconnues au peuple. Dieu voulait qu’elle fût lue et mise à la portée de tous. Pour cela, il fit précéder la Réformation de la découverte de l’imprimerie. Dès lors, on traduisit la Bible et on l’imprima en langues connues de tous, ce qui en facilita la diffusion, malgré la violente opposition du clergé romain. Au siècle passé il se produisit un réveil général dans le protestantisme et l’évangélisation prit un nouvel essor. Dieu favorisa l’extension de l’Évangile dans le monde entier, non par une nouvelle Pentecôte, comme quelques-uns le prétendent, mais en facilitant la traduction de la Bible dans une quantité de langues. Actuellement elle est publiée en tout ou en partie, en plus de 1 000 langues et idiomes dans les cinq continents. On voit comment Dieu a pourvu à tout pour que la bonne nouvelle du salut puisse être répandue dans le monde entier. C’est pourquoi la responsabilité de ceux qui n’en profitent pas est grande et les conséquences terribles.

Ce chapitre présente la venue du Saint Esprit au point de vue de la puissance et des capacités dont les disciples avaient besoin pour accomplir leur service. En même temps (nous l’apprenons par d’autres portions de la Parole) ils le recevaient individuellement comme Esprit d’adoption, par lequel ils avaient la conscience qu’ils étaient enfants de Dieu (Romains 8:14-17). C’est aussi par la venue de l’Esprit Saint que Dieu est venu habiter dans sa maison, composée de tous les croyants qui sont sur la terre. «Vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit» (Éphésiens 2:22). C’est encore à ce moment-là que les disciples furent baptisés ensemble d’un seul Esprit pour être un seul corps, le corps de Christ, dont lui est la tête glorifiée dans le ciel. «Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres; et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit» (1 Cor. 12:13). En un mot, c’est par la descente du Saint Esprit que l’Église, ou l’Assemblée, a été formée sur la terre. Par le même Esprit le croyant devient capable de comprendre les Écritures. Il est les arrhes de l’héritage céleste, c’est-à-dire que, par lui, nous avons déjà une partie de ce que nous espérons. Dans la gloire toute sa puissance, sans entraves, nous fera jouir de toutes nos bénédictions en Christ. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le Saint Esprit, mais ceci suffit pour faire comprendre l’importance du merveilleux événement de la Pentecôte.

Ce même Esprit demeurera sur la terre tant que l’Église y sera. Nous n’avons donc pas besoin de demander une seconde venue du Saint Esprit, comme quelques-uns l’enseignent. Il suffit de marcher dans l’obéissance à la Parole de Dieu pour qu’il puisse accomplir son œuvre: celle d’occuper nos cœurs de la personne du Seigneur, et il l’accomplira dans sa plénitude lorsque nous serons tous arrivés dans la gloire.

L’Esprit vint du ciel à la Pentecôte, pour accomplir ce que cette fête typifiait. La Pâque, première des fêtes juives, avait eu son accomplissement à la mort de Christ. Après la Pâque (Lévitique 23), le sacrificateur présentait à l’Éternel, le lendemain du sabbat, une gerbe des prémices de la moisson. L’accomplissement de ce type eut lieu à la résurrection du Seigneur, premier fruit de la victoire qu’il venait de remporter sur la mort et la puissance de Satan et prémices de la grande moisson des rachetés. Cinquante jours après, avait lieu la fête de la Pentecôte, type du rassemblement des croyants, fruits de l’œuvre de Christ à la croix. Voilà pourquoi l’Esprit Saint vint sur les disciples ce jour-là.

Une fois l’œuvre de Christ accomplie, nous voyons que tout répond pleinement à ce que les types préfiguraient.

 

Premiers effets du don des langues

(v. 5-36). — La fête de la Pentecôte avait attiré à Jérusalem beaucoup de Juifs pieux qui habitaient dans les pays nommés aux versets 9 à 11. Dieu voulut les rendre témoins des résultats merveilleux de la venue du Saint Esprit. «Le bruit de ceci», est-il dit, «s’étant répandu, la multitude s’assembla, et fut confondue de ce que chacun les entendait parler dans son propre langage. Et ils étaient tous hors d’eux-mêmes, et s’étonnaient, disant: Voici, tous ceux-ci qui parlent ne sont-ils pas des Galiléens? Et comment les entendons-nous, chacun dans son propre langage, celui du pays dans lequel nous sommes nés?... Nous les entendons annoncer dans nos langues les choses magnifiques de Dieu» (v. 6-12).

C’est la contrepartie de la confusion des langues qui eut lieu à la tour de Babel.

Après le déluge, les hommes voulurent se faire un nom, avoir une puissance qui empêchât leur dispersion sur la terre, contrairement à la pensée de Dieu qui avait dit à Noé et à ses fils: «Fructifiez et multipliez et remplissez la terre» (Genèse 9:1). Dieu les obligea à se disperser en confondant leur langage. Ceux qui parlaient la même langue se groupèrent et habitèrent dans un même lieu: ainsi se formèrent les nations. Bientôt elles s’adonnèrent à l’idolâtrie et, alors, Dieu appela Abraham à sortir de son pays et de sa parenté, en vue de se former un peuple qui gardât la connaissance du vrai Dieu. Dès lors les nations furent abandonnées à leurs propres convoitises. Le peuple d’Israël s’adonna à l’idolâtrie comme les gentils et subit la captivité. Un résidu revint sous Néhémie et Esdras, pour recevoir le Messie promis, qui fut rejeté et mis à mort. Dieu ayant épuisé tous les moyens de rendre les hommes heureux sur le pied de leur propre responsabilité et n’ayant obtenu que la révolte et le péché, il ne lui restait plus qu’à exécuter sur eux les jugements mérités. Alors il manifesta son amour en donnant son Fils, son unique, pour subir, sur la croix, le jugement à la place des coupables. La justice de Dieu contre le péché étant ainsi satisfaite, l’évangile de la grâce pouvait être proclamé à tous et en tous lieux.

Les disciples chargés d’annoncer ce message d’amour, en prêchant la repentance et la rémission des péchés «à toutes les nations, en commençant par Jérusalem» (Luc 24:47), étaient des Galiléens illettrés, qui ne connaissaient que leur langue. Mais comme les ressources étaient en Dieu seul pour sauver les pécheurs, elles se trouvaient aussi en lui seul pour leur faire connaître ce grand salut. Il envoya, du ciel, l’Esprit Saint pour rendre ses faibles serviteurs capables de proclamer l’Évangile à tous les peuples dans leur propre langage. Ainsi, le jour même de la Pentecôte, ces Juifs, nés dans ces divers pays, les entendirent annoncer, dans leurs langues, «les choses magnifiques de Dieu», le message d’un Dieu qui n’exige rien du pécheur, qui lui offre, au contraire gratuitement, la rémission des péchés, un salut éternel. Quelles choses magnifiques sortent du trésor infini de l’amour de Dieu, manifesté dans la personne et l’œuvre de son Fils bien-aimé, grand sujet de l’Évangile! Il y avait de quoi mettre ces gens «hors d’eux-mêmes et en perplexité, disant l’un à l’autre: Que veut dire ceci?» (v. 12). Mais l’opposition du cœur naturel, insensible à la grâce, se manifeste aussitôt. «D’autres, se moquant, disaient: Ils sont pleins de vin doux». C’est au travers de la haine et de la dureté du cœur de l’homme influencé par Satan que la puissance de l’Esprit Saint, agissant chez les disciples, se frayera un chemin pour porter au monde entier la grâce merveilleuse de Dieu en commençant par Jérusalem, la ville la plus coupable qui eût jamais existé.

En attendant le Saint Esprit est venu sur les croyants, comme il viendra sur le résidu à venir, parce qu’ils se sont repentis et ont reçu le Seigneur. À ceux qui disaient: «Que ferons-nous, frères?» Pierre répondit (v. 38): «Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés; et vous recevrez le don du Saint Esprit». Dès lors tous ceux qui se sont repentis en croyant au Seigneur Jésus, ont reçu le Saint Esprit. Mais la prophétie de Joël ne s’accomplira pour les Juifs qu’après l’enlèvement de l’Église et avant que vienne le grand jour des jugements sur les ennemis du peuple et de Christ: «Vos fils et vos filles prophétiseront, et vos jeunes hommes verront des visions, et vos vieillards songeront en songes; et sur mes serviteurs et sur mes servantes, en ces jours-là, je répandrai de mon Esprit, et ils prophétiseront; et je montrerai des prodiges dans le ciel en haut, et des signes sur la terre en bas, du sang et du feu, et une vapeur de fumée; le soleil sera changé en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne la grande et éclatante journée du Seigneur. Et il arrivera que quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé» (v. 17-21). En attendant ce jour-là, le Saint Esprit donne aux disciples la capacité de rendre témoignage au Seigneur Jésus glorifié en annonçant l’Évangile en tous lieux, et il demeurera dans l’Église jusqu’à la venue du Seigneur.

Soit maintenant, au temps de la grâce, soit dans celui qui précédera la grande et éclatante journée du Seigneur, «quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé». C’est le grand sujet de l’Évangile, le seul moyen d’avoir part aux bénédictions présentes et futures, puisque du côté de l’homme, il n’y a aucune ressource.

Le discours de Pierre se divise en plusieurs parties. Jusqu’ici il a réfuté l’absurde accusation des Juifs en établissant, par la Parole, que ce qu’ils prenaient pour les effets du vin, marque l’accomplissement d’une prophétie de Joël. Dans ce qui suit, jusqu’au v. 36, Pierre parle aux Juifs de Jésus qu’ils ont fait mourir, mais que Dieu a ressuscité et fait asseoir à sa droite; le Saint Esprit a produit les effets dont ils étaient témoins. «Hommes Israélites», leur dit-il, «écoutez ces paroles: Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous-mêmes vous le savez, ayant été livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu, — lui, vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr par la main d’hommes iniques» (v. 22, 23). L’apôtre rappelle ici trois grands faits relatifs au Seigneur.

1° Il était «un homme approuvé de Dieu». Pierre ne craint pas de nuire à la gloire de sa personne en l’appelant Jésus le Nazaréen, un homme, comme tous le virent au cours de son ministère ici-bas. Cet homme était approuvé de Dieu, qui accomplit, par lui, toute l’œuvre merveilleuse dont ils furent les témoins.

2° «Il a été livré par le conseil défini et la préconnaissance de Dieu». C’est le côté de Dieu dans l’œuvre que le Seigneur a accomplie sur la croix. Il mourut selon les conseils divins. Si Dieu voulait sauver des pécheurs et remporter la victoire sur toute l’œuvre du diable, il fallait que son Bien-aimé, devenu homme, fût livré.

3° Les hommes sont coupables de l’avoir cloué à une croix. Le fait que le Seigneur ne pouvait mourir, s’il ne se livrait lui-même pour accomplir les conseils de Dieu, n’enlève rien à la culpabilité des hommes. Ils le haïssaient et ne pouvaient le supporter plus longtemps au milieu d’eux; ils le firent mourir volontairement.

Mais s’ils donnèrent libre cours à leur haine, Dieu intervient pour ressusciter le Seigneur d’entre les morts. Pierre continue en disant: «Lequel Dieu a ressuscité, ayant délié les douleurs de la mort, puisqu’il n’était pas possible qu’il fût retenu par elle» (v. 24). La mort fut obligée, pour ainsi dire, de laisser sortir le Seigneur. Il y était entré par grâce, pour ouvrir au pécheur repentant le passage au travers de cette terrible conséquence du péché. Il n’avait rien fait qui méritât la mort; c’est pour nous en délivrer qu’il y est entré; elle n’avait aucun pouvoir sur lui. Par la résurrection Dieu montra aussi combien il était pleinement satisfait et glorifié par l’œuvre de Jésus.

Pierre cite ensuite les v. 8 à 11 du Psaume 16 qui expriment la confiance du Seigneur, homme ici-bas, en face de la mort: il savait que son Dieu ne le laisserait pas dans le tombeau, c’est-à-dire dans l’état où l’âme est séparée du corps

«Car David dit de lui: «Je contemplais toujours le Seigneur devant moi; car il est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé. C’est pourquoi mon cœur s’est réjoui, et ma langue a tressailli de joie; et plus encore, ma chair aussi reposera en espérance; car tu ne laisseras pas mon âme en hadès, et tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption. Tu m’as fait connaître les chemins de la vie, tu me rempliras de joie par le regard de ta face». L’apôtre se sert des textes familiers aux Juifs, pour leur prouver que Jésus était bien celui dont David avait parlé dans les Psaumes. Dieu avait promis à David qu’il susciterait, après lui, un de ses fils dont le trône serait établi pour toujours (voir 1 Chroniques 17:11-14). Ce fils est Jésus, né selon la chair, de Marie qui appartenait à la famille de David. Lorsque les mages d’Orient vinrent lui rendre hommage, parce qu’ils avaient appris la naissance du roi des Juifs, les principaux sacrificateurs surent très bien dire à Hérode que le Christ devait naître à Bethléhem, selon une prophétie de Michée. Au lieu de se réjouir, ils cherchèrent à mettre à mort le petit enfant et consommèrent leur désir à la croix. Mais le rejet de Christ n’annulait pas les promesses faites à son sujet, car ce roi était non seulement le fils de David, mais aussi le fils de Dieu; il devait ressusciter. David, comme prophète, a parlé de sa résurrection dans le Psaume 16, dont Pierre donne l’explication dans les v. 29-31, en ajoutant: «Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins. Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez» (v. 32, 33). Ainsi, ces malheureux Juifs avaient devant eux, par les effets de la puissance du Saint Esprit, les preuves de la résurrection de Jésus. Puisque Dieu l’avait exalté par sa droite, sa puissance, il était bien le Christ qu’ils avaient mis à mort. Pierre cite encore une parole de David au Psaume 110:1: «Le Seigneur a dit à mon seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds». En disant cela, le Seigneur, ou l’Éternel, ne parlait pas de David dont le tombeau était toujours à Jérusalem, contenant sa dépouille; donc David n’était pas monté au ciel; il n’est pas encore ressuscité. Il parlait évidemment du Christ. Aussi Pierre conclut en disant: «Que toute la maison d’Israël sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié» (v. 36). Terrible démonstration de la gravité de leur culpabilité! Quel contraste, comme nous l’avons souvent remarqué, entre l’appréciation des hommes et celle de Dieu, au sujet de son Fils, comme à l’égard de toutes choses! Les hommes mettent à mort Jésus, Dieu le ressuscite et le glorifie en l’établissant Seigneur de tout.

 

Résultats du discours de Pierre

(v. 37-41). — La grâce de Dieu se servit de la prédication de Pierre pour agir sur la conscience d’un grand nombre de ses auditeurs; leur cœur fut saisi de componction, quand ils comprirent de quelle manière outrageante ils avaient offensé Dieu en crucifiant celui qu’il a fait Seigneur et Christ. Ils dirent à Pierre et aux autres apôtres: «Que ferons-nous, frères? Et Pierre leur dit: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé... et vous recevrez le don du Saint Esprit: car à vous est la promesse et à vos enfants, et à tous ceux qui sont loin, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera à lui. Et par plusieurs autres paroles, il conjurait et exhortait, disant: Sauvez-vous de cette génération perverse» (v. 38-40). Une fois la conscience réveillée au sujet de la culpabilité, la première chose à faire consiste à se repentir. La repentance n’est pas seulement le regret d’avoir mal fait, comme on le pense souvent; elle veut un retour sur soi et sur sa manière d’agir. Par exemple, on entend un homme très satisfait de lui-même qui dit: «Je n’ai fait de mal à personne; je n’ai ni tué, ni volé». Mais, quelque temps après, il ajoute: «Je suis un misérable pécheur, je n’ai mérité que le jugement; je suis perdu». Il s’est repenti; il ne regrette pas seulement ce qu’il a fait, mais il porte sur lui-même un jugement absolument opposé à celui qu’il portait auparavant. À cet homme-là, on peut annoncer l’Évangile, lui dire que le sang de Jésus Christ purifie de tout péché. La prédication de Pierre avait produit chez un grand nombre la profonde douleur d’avoir offensé Dieu en mettant à mort son Fils. Que faire maintenant pour se soustraire aux conséquences inévitables d’un si grave péché? Premièrement, se repentir, reconnaître sincèrement devant Dieu que la voie qu’ils avaient suivie était mauvaise, changer complètement de pensée à leur égard et à l’égard de celui qu’ils avaient rejeté. Puisqu’ils s’étaient repentis, ils devaient passer par le baptême, reconnaître dans la mort de Christ le seul moyen d’obtenir la rémission des péchés; par le baptême, figure de cette mort, ils entraient dans le nouvel état de choses chrétien qui remplaçait Israël comme témoignage de Dieu sur la terre. Une fois là, ils recevraient le don du Saint Esprit, promis par Dieu, dans l’Ancien Testament et appelé «la promesse», qui appartenait au peuple terrestre de Dieu, à leurs enfants et aussi à tous ceux que le Seigneur appellerait à lui en dehors d’Israël. C’est ce qui eut lieu lorsque le Saint Esprit tomba sur Corneille et les siens qui étaient des gentils (chap. 10). En Ésaïe 57:19, nous lisons: «Paix, paix à celui qui est loin, et à celui qui est près! dit l’Éternel; et je le guérirai». Nous qui n’étions pas Juifs, sommes du nombre de ceux qui étaient loin, loin d’Israël et par conséquent loin de Dieu, mais appelés par lui pour nous faire grâce. «Ceux donc qui reçurent sa parole, furent baptisés; et en ce jour-là furent ajoutées environ trois mille âmes» (v. 41). Merveilleux résultat de cette première prédication de l’Évangile! Ce nombre fut ajouté à celui des disciples réunis après l’ascension du Seigneur et dont le nombre s’élevait à environ cent vingt. Ils formaient l’Église, ou Assemblée, témoignage de Dieu sur la terre, habitation de Dieu par l’Esprit. Il ne pouvait habiter au milieu des Juifs, puisqu’ils l’avaient rejeté dans la personne de son Fils.

 

Heureux débuts de l’Église

(v. 42-47). — Aux versets 42 à 47, nous voyons ce qui caractérisait cette Assemblée de croyants dans toute la fraîcheur de leur début et où le Saint Esprit agissait avec puissance. Rien ne l’attristait, comme c’est le cas aujourd’hui à cause du triste état de l’Église qui a bientôt abandonné son premier amour (Apocalypse 2:4). Il est dit qu’ils «persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières». Après avoir reçu la vérité, il faut y persévérer, car en dehors, tout est en œuvre pour nous en détourner. Malgré la ruine actuelle, nous pouvons réaliser toutes les précieuses vérités contenues dans ce passage; choses qui demeurent et dont la foi s’empare dans tous les temps. Quand on les a reçues, on doit y persévérer et ne pas écouter toutes les voix qui se font entendre, pour détourner de la bénédiction qui découle de l’obéissance à la Parole. Les apôtres communiquent alors leur doctrine oralement; aujourd’hui nous la possédons en entier dans la Parole de Dieu, à laquelle nous devons une entière soumission, afin de ne pas faire valoir nos propres pensées et nos opinions. Soumis à la Parole, nous réaliserons la communion des apôtres et la communion les uns avec les autres. Avoir communion, c’est avoir une même part en commun. Tous avaient communion avec les apôtres dans les choses qu’ils présentaient. L’apôtre Jean dit: «Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi vous ayez communion avec nous: or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ» (1 Jean 1:3). Rien n’est plus grand et précieux, en attendant la gloire, que d’avoir des choses en commun avec le Père, avec le Fils, et les uns avec les autres, puisque nous possédons la même vie.

Ils persévéraient aussi dans la fraction du pain et les prières, ce que nous avons le grand privilège de faire encore maintenant. De bonne heure, les chrétiens cessèrent de persévérer dans la fraction du pain. Au lieu de le faire chaque premier jour de la semaine, comme la Parole nous l’enseigne, ils le firent à de longs intervalles, et beaucoup de croyants ne le font jamais, refusant ainsi le mémorial du Seigneur mort pour ôter nos péchés. L’ennemi fait de grands efforts pour priver nombre d’enfants de Dieu de ce grand privilège.

Il faut aussi une grande énergie pour persévérer dans la prière, soit individuellement, soit en famille, soit dans l’Assemblée. Satan sait que le croyant sera affaibli spirituellement s’il ne persévère pas dans la lecture de la Parole et dans la prière; ses efforts tendent à le priver de cette source de puissance et de joie. Persévérer dans la doctrine, ce n’est pas seulement s’occuper de la Parole qui renferme la doctrine des apôtres, c’est mettre en pratique ce qu’elle enseigne quant à l’Assemblée aussi bien qu’individuellement.

Si tant de choses ont changé dans l’Église au cours des siècles écoulés depuis sa formation, cela ne vient que de l’infidélité de l’homme. Mais ce qui est de Dieu est resté intact dès le commencement et ne peut changer. Sa Parole, son Esprit, demeurent avec nous. La même Parole enseignait les saints au commencement; le même Esprit les occupait du Seigneur. Dieu ne change pas, le Seigneur non plus. Nous pouvons user librement de la prière; ce moyen béni par lequel nous plaçons tous nos besoins devant Dieu, le faisant intervenir en toute circonstance pour recevoir la sagesse, l’intelligence, la force nécessaire pour le servir fidèlement et l’honorer dans toute notre vie. Dieu écoute le plus jeune enfant comme le chrétien le plus avancé.

En présence de tous les effets merveilleux de la puissance de l’Esprit Saint, «toute âme avait de la crainte». Cette crainte, quoique dans une plus faible mesure, peut encore se produire chez les témoins de la marche fidèle d’un croyant, car le monde remarque une manifestation quelconque de la vie divine, quoiqu’il ne veuille pas toujours en convenir.

«Beaucoup de prodiges et de miracles se faisaient par les apôtres». Nous n’avons plus les apôtres pour faire des miracles, nécessaires pour l’établissement du christianisme, mais qui ne nourrissaient pas, ni n’édifiaient les assemblées. Ils s’adressaient aux gens du dehors; ils accompagnaient la prédication de la Parole, frappaient le monde d’étonnement; mais par eux-mêmes ne communiquaient la vie à personne. Toute l’œuvre de Dieu chez les inconvertis, chez les croyants et dans l’Assemblée, se fait au moyen de la Parole de Dieu, appliquée par le Saint Esprit. Le christianisme existe depuis dix-neuf siècles. Les miracles, destinés à son établissement au milieu de Juifs hostiles et de païens superstitieux, n’ont donc plus leur raison d’être. Il est vrai que Dieu travaille pour sauver des pécheurs au milieu de nations qui professent le christianisme, mais sa Parole suffit. «La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu» (Rom. 10:17). L’homme riche dans les tourments (Luc 16) aurait voulu qu’un miracle s’accomplît pour que ses frères ne vinssent pas dans le lieu où il était. Mais il lui est répondu: «Ils ont Moïse et les prophètes — savoir les Écritures — qu’ils les écoutent... S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seront pas persuadés non plus si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts». Le Seigneur prouve par cela que la Parole de Dieu seule opère le salut dans les cœurs. La puissance miraculeuse, que l’on réclame tant dans certains milieux, n’est absolument pas nécessaire, ni pour convertir, ni pour édifier les croyants. Tout ce qu’il faut pour opérer de la part de Dieu est demeuré intact dès le commencement, comme nous l’avons vu au v. 42. Le croyant n’a qu’à persévérer dans la vérité, à obéir à la Parole de Dieu. Il ne sert à rien de dire que Dieu peut toujours faire des miracles quand il le trouve à propos; mais c’est tout autre chose que la prétention d’en faire dans le triste état où se trouve la chrétienté.

Les versets 44 et 45 nous décrivent les effets merveilleux de la vie divine dans sa fraîcheur première: «Tous les croyants étaient en un même lieu, et ils avaient toutes choses communes; et ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et les distribuaient à tous, selon que quelqu’un pouvait en avoir besoin». La vie éternelle, vie divine et céleste, manifestait nettement ses caractères propres.

Premièrement, c’est l’amour actif, qui se montre par le besoin de se trouver ensemble: «Tous les croyants étaient en un même lieu». Ce besoin se fait sentir encore aujourd’hui partout où la vie de Dieu est quelque peu libre et active. Dieu est amour et veut rassembler un jour tous ses rachetés autour du Seigneur dans la gloire. Ceux qui possèdent la vie divine désirent donc naturellement se rassembler déjà ici-bas, mais ne sauraient se rencontrer tous en un même lieu, puisque, par la grâce de Dieu, il y a des rachetés dans le monde entier. «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom», dit le Seigneur, «je suis là au milieu d’eux». Là ils jouissent de sa présence et peuvent s’entretenir de leurs bénédictions en attendant son retour pour les rassembler tous autour de lui dans la maison du Père.

Ensuite ces premiers chrétiens avaient compris que leurs biens étaient célestes et que le Seigneur allait venir; aussi mettaient-ils leurs biens matériels au service de l’amour; ils n’avaient de valeur que pour subvenir aux besoins des frères nécessiteux. Ceux qui en possédaient les vendaient. Actuellement on ne peut agir de même; mais lorsque la vie divine agit, elle s’affiche avec les mêmes caractères. Les croyants dont le cœur est rempli de l’amour de Dieu et qui apprécient à leur valeur leurs bénédictions spirituelles, savent se servir de leurs biens matériels pour aider à leurs frères nécessiteux et pour servir les intérêts du Seigneur. Ils ne les vendent pas, mais les considèrent comme la propriété du Seigneur, dont ils sont les administrateurs.

Cette manière d’agir selon la pensée de Dieu est loin de ressembler au communisme dont on parle tant maintenant et qui exige de ceux qui possèdent des biens qu’ils les partagent. C’est l’amour de Dieu actif dans le cœur qui fait penser aux autres, et non à soi-même; il n’exige rien de personne, mais trouve son bonheur à faire le bien. L’amour donne et ne demande rien.

«Et tous les jours ils persévéraient d’un commun accord dans le temple; et, rompant le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et ayant la faveur de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés» (v. 46, 47). Ces chrétiens juifs reconnaissaient encore le temple comme la maison de l’Éternel et le considéraient avec tous les sentiments religieux dus à cet édifice. Mais pour rompre le pain, ils se retiraient dans leurs maisons, à part du peuple et du temple, car ils ne pouvaient se souvenir là du Seigneur mort, rejeté par le peuple et les chefs religieux. L’acte de rompre le pain appartenait au nouvel ordre de choses, à l’assemblée, dont ils faisaient partie, et ne pouvait se mélanger au judaïsme. Plus tard les croyants juifs apprirent à rompre entièrement avec tout ce qui constituait le culte lévitique.

Ces croyants prenaient aussi leur nourriture avec joie et simplicité de cœur et louaient Dieu. Ils excluaient de leur vie tout avantage charnel. Ils ne trouvaient pas davantage leur plaisir dans la bonne chère que dans la possession de leurs biens matériels. L’amour, la joie, la louange caractérisaient leur existence; ils jouissaient de la faveur de tout le peuple, témoin de cette vie merveilleuse.

Il est dit que le Seigneur «ajoutait tous les jours à l’Assemblée ceux qui devaient être sauvés». Pourquoi n’est-il pas dit: tous ceux qui étaient sauvés? Ce passage parle de ceux qui sont sauvés des jugements qui allaient tomber sur la nation juive pour avoir crucifié son Roi. Dans l’Assemblée, nouveau témoignage de Dieu au milieu des hommes, les croyants se trouvaient en sécurité. Aujourd’hui, nous savons que les jugements atteindront la chrétienté et le monde entier. Comme autrefois, le Seigneur ajoute à l’Assemblée ceux qui doivent en être épargnés, non pas grâce à la protection du monde, mais parce qu’ils seront ravis à la rencontre du Seigneur en l’air, pour être avec lui. Nous avons été tournés «des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient» (1 Thess. 1:9, 10).

Que le Seigneur donne à tous, jeunes et vieux, de mettre à profit les enseignements de ce merveilleux chapitre. Soyons fidèles en attendant qu’il vienne chercher tous les siens! Alors nous serons tous ensemble dans un même lieu, la maison du Père; là le bonheur de tous sera parfait et surtout le sien. Nous le verrons face à face; nous n’aurons plus besoin de nous souvenir de lui par la fraction du pain. La vie divine, que nous possédons déjà ici-bas se déploiera en plein; nous devons la montrer à ceux qui nous entourent.

Tous mes lecteurs ont-ils cette vie? Le Seigneur vient! Que tous ceux qui ne la possèdent pas s’empressent non pas de la rechercher, mais de l’accepter: elle est offerte à tous gratuitement. «Qui croit au Fils a la vie éternelle» (Jean 3:36). Pour celui qui croit et qui doute s’il la possède, le même apôtre dit: «Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu (l Jean 5:13).