Abdias

Édom

Édom, son passé, son présent et son avenir

«Ésaü c’est Édom.» Ainsi s’exprime à trois reprises le chapitre 36 de la Genèse. Le caractère de cette nation lui a été transmis par son père en traits ineffaçables. Voyons en quoi il consiste.

Ésaü n’a pas acquis le nom d’Édom à sa naissance. Dieu voulait illustrer par lui, comme premier-né des jumeaux de Rebecca, l’un des grands principes de son gouvernement. Ce principe était celui du libre choix de Dieu selon l’élection de grâce. C’est pourquoi Dieu ne donne pas le droit d’aînesse à Ésaü, le premier-né, mais le confère à Jacob de par son propos arrêté et son arbitre souverain. Cette révélation du choix de Dieu n’était faite ni à Jacob, ni à Ésaü, ni même à Isaac leur père, mais à Rebecca qui, avant la naissance de ses fils, était allée consulter l’Éternel (Gen. 25:22). C’est alors que Dieu lui dit: «Le plus grand sera asservi au plus petit.» Dans cette sentence il n’est question, en aucune manière, d’une malédiction prononcée contre Ésaü, car, avant qu’ils fussent nés, ni l’un ni l’autre de ces enfants n’avait «rien fait de bon ou de mauvais» (Rom. 9:11); mais Dieu revendiquait ainsi son droit de choisir les héritiers de la promesse. La malédiction ne fut prononcée contre Ésaü que lorsque, au cours de sa longue histoire, Édom eut rejeté tous les appels de la grâce (Mal. 1:3). Au début, Dieu n’ôtait à Ésaü que l’autorité sur son frère et le droit à l’héritage; il ne lui enlevait pas, même après son acte profane, des bénédictions accessoires. C’est pourquoi Isaac, tout en conservant, contre ses désirs et sa volonté, la prérogative du premier-né à Jacob, bénit aussi Ésaü, son frère. «Par la foi Isaac bénit Jacob et Ésaü à l’égard des choses à venir» (Héb. 11:20). Il restait à Ésaü une bénédiction réelle, quoique de beaucoup moindre valeur que celle de son frère: «Son habitation devait être en la graisse de la terre, et en la rosée des cieux d’en haut. Il devait vivre de son épée et servir son frère», car ce qui était promis à Jacob: «Sois le maître de tes frères» ne pouvait être révoqué. Seulement le patriarche ajoute: «Quand tu seras devenu nomade tu briseras son joug de dessus ton cou» (Gen. 27:39, 40).

Cette prophétie d’Isaac s’est accomplie. Toujours l’épée a dominé dans l’histoire d’Édom. C’est par l’épée qu’il s’empare de la montagne de Séhir et en extermine les Horiens qui l’habitaient avant lui (Gen. 36:21); il bataille continuellement avec les fils d’Israël et même avec ses voisins immédiats, tels que Moab. Par l’épée il brise finalement le joug de Juda et s’en affranchit «jusqu’à ce jour» (2 Rois 8:20-22); par l’épée il pille plus tard Jérusalem et s’empare des captifs de Juda (Ps. 137:7; Amos 1:11); par l’épée enfin il étend son territoire aux dépens de Juda et de Siméon, car à la longue, mû par sa haine et son ambition, il veut «s’attribuer le pays de l’Éternel comme une possession» (Ézéch. 36:5). De là le nom d’Idumée, contrée qui s’étend bien au-delà de la montagne de Séhir (Marc 3:7).

Ésaü est donc Édom, mais non pas au premier chapitre de son histoire. Il acquiert ce nom quand il se montre profane au sujet de son droit d’aînesse (Héb. 12:16) qu’il croyait lui appartenir (car, je le répète, la sentence de Dieu n’avait été révélée qu’à Rébecca) et qui ne lui avait pas encore été enlevé par la ruse de Jacob. «Pour un seul mets» il vendit ce droit, méprisa le don de Dieu et lui préféra la satisfaction momentanée d’un besoin charnel. C’est ainsi qu’il se priva de la bénédiction et fut rejeté, non par le fait de sa naissance, mais par son mépris des dons divins (Héb. 12:17); et ce fut alors qu’il reçut le nom d’Édom, allusion à cette parole: «Laisse-moi avaler de ce roux-là» (Gen. 25:30).

Dès ce moment l’attitude profane d’Ésaü caractérise la nation qui descend de lui, nation qui méprise les fils d’Israël et le Dieu qui en a fait les objets de ses promesses. Un autre trait vient s’ajouter au premier. La colère d’Ésaü s’enflamme contre Jacob dont la ruse a su profiter de son indifférence pour le don de Dieu. Cette colère dégénère en une haine meurtrière. «Et Ésaü eut Jacob en haine, à cause de la bénédiction dont son père l’avait béni. Et Ésaü dit en son cœur: Les jours du deuil de mon père approchent, et je tuerai Jacob, mon frère» (Gen. 27:41). Ces desseins homicides, rappelant ceux de Caïn à l’égard d’Abel, furent rendus vains par la prolongation des jours d’Isaac, dont la mort était, aux yeux d’Ésaü, la limite jusqu’à laquelle il voulait reculer sa vengeance. Cela explique aussi que la haine d’Ésaü ne se soit pas donné carrière quand les deux frères se rencontrèrent après le passage du gué de Jabbok, et qu’il l’ait même voilée sous des dehors généreux, malgré la présence inquiétante de ses quatre cents hommes de guerre et son offre ambiguë d’en laisser une partie avec son frère (Gen. 32:6; 33:15). Les deux frères avaient cent vingt ans quand ils ensevelirent Isaac âgé de cent quatre-vingts ans (Gen. 35:27-29). Dès lors, ne pouvant vivre ensemble à cause de leurs nombreux troupeaux, — nouvelle preuve de la bonne providence de Dieu qui délivrait ainsi Jacob d’une menace perpétuelle, — il fallut qu’Ésaü se rendît dans le pays de Séhir, loin de Jacob son frère (Gen. 36:8). Toutefois, il habitait déjà avant cette époque une partie du pays plat qui débordait de divers côtés dans la plaine (Gen. 14:6), et était appelé «le pays de Séhir, la campagne d’Édom» (Gen. 32:3; 33:1). Les fils d’Ésaü s’emparèrent alors de la montagne de Séhir, dont ils exterminèrent ou asservirent le peuple primitif, les Horiens (Gen. 36:20; 14:6). Ce peuple, dont le nom vient, comme on le sait, de Hor, caverne, était troglodyte. Édom, qui lui succéda, s’accommoda de ces demeures creusées dans le roc, qui subsistent encore aujourd’hui (Jér. 49:16; Abd. 3). La montagne de Séhir, appelée aussi en Abdias «la montagne d’Ésaü» (Abd. 8, 9, 19, 21), située entre Élath, sur la langue orientale de la mer Rouge, et la pointe méridionale de la mer Morte, devint ainsi le domaine principal et comme la patrie d’Édom.

La jalousie, la haine d’Ésaü et sa soif de vengeance se transmirent à sa postérité. Amalek était un descendant direct d’Ésaü dont il était le petit-fils par Éliphaz (Gen. 36:12). Son hostilité sans merci contre Israël éclata aussitôt que ce peuple quitta l’Égypte pour entrer en Canaan. Amalek est le type effrayant de la haine de Satan contre le peuple de Dieu, aussi l’Éternel déclare qu’il aura la guerre de génération en génération contre lui (Ex. 17:16). Au moment de sa première attaque, Amalek occupait une partie des déserts de Paran et de Shur qui ferment l’accès de la Palestine au midi. Israël ayant pris possession de son héritage, l’Éternel attendit le moment où Saül serait oint comme roi pour lui ordonner la destruction d’Amalek; mais Saül épargna Agag et le meilleur du menu et du gros bétail et Dieu lui fit dire par Samuel: «Parce que tu as rejeté la parole de l’Éternel, il t’a aussi rejeté comme roi» (1 Sam. 15:9, 23). David, en revanche, avant même de revêtir la royauté, combat Amalek et l’extermine (1 Sam. 27:8-12; 30:1-20). Ce peuple fut anéanti; au temps d’Ézéchias, son territoire fut, ainsi qu’une partie de la montagne de Séhir, occupé par la tribu de Siméon (1 Chron. 4:42); mais plus tard, repris par Édom, il fut compris dans l’Idumée sous le joug romain (Marc 3:7). Dans le livre d’Esther, nous assistons, chez Haman, l’ennemi implacable des Juifs, au dernier effort d’Amalek pour détruire le peuple de Dieu. Ce livre est un type de l’histoire prophétique d’Israël à la fin des temps1. Aussi voyons-nous reparaître Amalek dans la confédération finale des peuples qui se liguent contre Israël (Ps. 83:8).

1 Voyez «Méditations sur le livre d’Esther», par H. R.

Les Édomites avaient des chefs; ils eurent aussi des rois qui «régnèrent dans le pays d’Édom avant qu’un roi régnât sur les fils d’Israël» (Gen. 36:31-39). Ce fut un roi d’Édom qui refusa le passage au peuple de Dieu (Juges 11:17).

L’humeur batailleuse d’Édom, jointe à sa haine invétérée, le mit en conflit continuel avec Israël, et les victoires de ce dernier sur lui ne firent qu’exalter sa soif de vengeance et de meurtre. Cette méchanceté perpétuelle trouva sa rétribution. Saül défit Édom (1 Sam. 14:47); David le battit dans la vallée du sel (1 Rois 11:15, 16; 2 Sam. 8:13, 14) et mit des garnisons dans son pays. Une seule fois Édom s’allia avec Israël et Juda, sous Joram et Josaphat, pour faire la guerre à Moab, alliance contre nature qui certes ne profita pas à Israël. Ce même Édom (les Maonites de la montagne de Séhir), allié à Moab et à Ammon, s’éleva plus tard contre Juda, son ancien allié, et fut détruit par l’Éternel, dans la vallée de Beraca devant Josaphat et son peuple (2 Chron. 20:1, 10, 22). Sous le règne de Joram, les Édomites sont battus par ce roi, mais se révoltent de dessous sa main et se choisissent de nouveau un roi (2 Rois 8:20). Ils gardent un demi-siècle leur indépendance (2 Chron. 21:8); sont battus par le fidèle Amatsia (2 Rois 14:7; 2 Chron. 25:11, 12); se soulèvent contre Juda, sous l’impie Achaz et sont la verge de Dieu contre lui (2 Chron. 28:17).

Enfin, mettant le comble à leur haine incessante, ils s’allient avec Babylone et les ennemis des Juifs, aux jours de la calamité de Juda et de Jérusalem (Jér. 49; Ézéch. 25:35; Ps. 137:7). À la suite de cette dernière transgression, les prophètes prononcent une malédiction sur Édom (Ésaïe 34:9-11, 63:1-6; Jér. 49; Lam. 4:21; Ézéch. 25:12-14; Amos 1) qui devient, à son tour, la proie de Nebucadnetsar, le dévastateur babylonien (Jér. 49:22; cf. 48:8, 32, 40). Telle est, selon l’Écriture, l’histoire d’Édom dans le passé.

 

Dans le présent cette histoire se résume en deux mots. Édom a disparu de la scène et on n’en retrouve plus aucune trace. Il a été remplacé, au dire des historiens, par les Nabatéens que quelques-uns estiment être les Nebaioth, descendants d’Ismaël et apparentés à Édom (Gen. 25:13; 36:3). Malgré toutes les recherches et dissertations des savants, «peu de points des annales antiques de l’Orient restent, selon Lenormant, enveloppés d’aussi épaisses ténèbres». Nous mentionnons cette parole pour faire ressortir l’incertitude de la science historique tant vantée, en regard des certitudes absolues que les récits bibliques nous présentent. Quand il plaît à Dieu de se taire, la sagesse de l’homme erre. L’histoire des temps qui précédèrent la création de l’homme en est une des mille preuves; l’histoire d’Édom, dans son cadre si restreint qu’il semble facile de l’embrasser d’un coup d’œil, en est une autre. N’ayant aucune compétence pour aborder ces questions, quelque intérêt qu’elles puissent présenter à la curiosité de l’homme, et notre seul but étant d’édifier les enfants de Dieu sur la toute-suffisance des Écritures, nous nous bornons à constater cette lacune. La Parole nous apprend que, dans le passé, une tourmente a mis fin, à diverses époques, d’abord à l’existence des dix tribus, puis à celle de tous les peuples qui enserraient les frontières de la Palestine, tels qu’Édom, les Amalékites, Moab, Ammon, les Philistins. De ces nations, les trois dernières, détruites autrefois par Nebucadnetsar, ont été et semblent encore de nos jours, occupées par les «fils de l’Orient», les Beni-Kedem, Arabes issus d’Ismaël (Ézéch. 25:1-11; Gen. 29:1; Job 1:3; Juges 6:3, 33; 7:12; 8:10) que Nebucadnetsar avait aussi conquis autrefois (Jér. 49:28). Tous les peuples que nous avons mentionnés n’occupent plus la scène du monde, mais la parole de Dieu va nous apprendre que, plongés dans le sommeil et le silence, ils attendent le jour de leur résurrection nationale et celui de leur jugement définitif. Ce jour se lèvera, et, pour nous le prouver, nous allons voir succéder à la disette présente de renseignements, des documents authentiques, parce qu’ils sont divins, concernant l’histoire d’Édom au temps de la fin, histoire qui nous occupera dans l’étude du prophète Abdias.

 

Nous venons de voir que le croyant possède, sur le passé d’Édom, un document certain, le livre de Dieu; et que, Dieu gardant à dessein le silence sur le présent de ce peuple, l’on se trouve réduit à son égard à l’incertitude de la science humaine. Aussi le simple croyant en conclura que la sagesse consiste pour lui non pas à s’occuper du présent, au sujet duquel Dieu ne nous a rien révélé, mais à chercher dans la Parole ce qu’elle nous révèle au sujet de l’avenir. Quel est donc, selon l’Écriture, l’avenir d’Édom?

Détail remarquable: tous les événements prophétiques des derniers jours se rattachent à une résurrection nationale des peuples et des empires, si bien que l’on pourrait presque dire à ce sujet, comme Paul: «Pourquoi, parmi vous, juge-t-on incroyable que Dieu ressuscite des morts?» Ce retour à la vie préparera le jugement définitif de ces nations, en vue de l’établissement du royaume de Christ sur la terre, seul royaume qui ne sera jamais ébranlé. La prophétie a toujours en vue ce royaume terrestre; le royaume céleste, dans lequel seront introduits les saints glorifiés et l’Église, n’est pas proprement du domaine prophétique, sans en être absolument exclu (voyez Apoc. 4:5; 19 à 21); car les deux sphères du royaume, la céleste et la terrestre, seront en communication habituelle l’une avec l’autre.

Nous rencontrons donc, dans le domaine terrestre de la prophétie, une résurrection de l’empire romain, jadis blessé à mort (Apoc. 13:3; 17:8); une résurrection nationale d’Israël (Ézéch. 37); une résurrection de l’Assyrien (Daniel 11:40-45 et tout Ésaïe); une résurrection de toutes les nations, aujourd’hui éteintes, et leur jugement final dans la vallée de Josaphat (Ps. 83; Joël 3). Édom est du nombre de ces dernières (Joël 3:19).

Beaucoup de commentateurs estiment que l’idée d’une résurrection nationale est une erreur découlant du «littéralisme d’une certaine école», dont ils méprisent les vues prophétiques comme contredisant le sens commun. De fait, leur opposition découle de la manière même dont ils considèrent la Bible. Elle est, disent-ils, une «série de documents» soumis à la critique comme une «science historique»; dangereuse affirmation qui ruine d’avance l’autorité absolue et divine des Écritures. Si «toute Écriture est divinement inspirée» et fait partie de la «parole de Dieu» qui est «la vérité», la vérité ne se trouvera jamais du côté de ceux qui se permettent de critiquer cette inspiration. Pour le simple croyant toute la question qui nous occupe se résout à ceci: Que dit l’Écriture? Parle-t-elle clairement de l’avenir du monde et des nations? S’il en est ainsi, le chrétien se soumet à son autorité. Mais cette autorité ne suffit pas à la théologie actuelle qui sent le besoin de la contrôler par l’autorité de la science, érigeant ainsi cette dernière en juge des pensées de Dieu. Devant une aussi monstrueuse prétention, le croyant qui a trouvé la vie éternelle dans la parole de Dieu, et dont la vie est entretenue journellement par cette même Parole, le croyant, dis-je, ne tient aucun compte des doutes et des négations de cette science faussement ainsi nommée et se contente de puiser la vérité dans la parole de Dieu.

La réapparition des nations aux derniers jours est intimement liée à celle des dix tribus d’Israël, dont la restauration semble tout aussi, sinon plus impossible que celle d’Édom. Quant à la tribu de Juda, multitude immense qui porte aujourd’hui les caractères indélébiles de sa race parmi toutes les nations du globe, d’innombrables passages des écrits prophétiques nous montrent qu’elle rentrera dans son pays. Mais que sont devenues les dix tribus depuis leur transportation par Shalmanéser, roi d’Assyrie? (A.-C. 721). Disparues! Où donc? Dans quels pays? Parmi quels peuples de la terre? Obscurité complète! Les recherches à ce sujet n’ont cependant pas manqué: que de fois on les crut près d’aboutir... ces espérances ont été déçues. Pas plus en Chine que dans aucun des pays dont Dieu déclare qu’il les ramènera, on n’en a trouvé la moindre trace. Mais Dieu sait où elles sont cachées; Il les voit et les retrouvera. Cela nous suffit.

Cette restauration des dix tribus, rentrant à la fin des jours dans leur héritage, nous est présentée dans une foule de passages des Écritures dont nous nous bornerons à citer quelques-uns.

Parlant des dix tribus, appelées constamment Éphraïm et Israël, le prophète Jérémie dit (chap. 31): «Tu planteras encore des vignes sur les montagnes de Samarie... car il y a un jour auquel les gardes crieront sur la montagne d’Éphraïm: Levez-vous, et nous monterons à Sion, vers l’Éternel, notre Dieu» (v. 5, 6). «Éternel, sauve ton peuple, le reste d’Israël. Voici, je les fais venir du pays du Nord, et je les rassemble des extrémités de la terre... tous ensemble, une grande congrégation: ils retourneront ici. Ils viendront avec des larmes, et je les conduirai avec des supplications; je les ferai marcher vers des torrents d’eaux par un chemin droit; ils n’y trébucheront pas; car je serai pour père à Israël, et Éphraïm sera mon premier-né» (v. 8, 9). «Il y a espoir pour ta fin, dit l’Éternel» (à Rachel, mère de Joseph) «et tes fils reviendront dans leurs confins» (v. 17). «J’ai très bien entendu Éphraïm se lamentant: tu m’as corrigé et j’ai été corrigé comme un veau indompté; convertis-moi et je serai converti, car tu es l’Éternel, mon Dieu» (v. 18). Les versets 21 à 26 de ce même chapitre montrent le rétablissement des captifs de Juda; puis la réunion de la maison d’Israël avec la maison de Juda et la nouvelle alliance établie avec le peuple tout entier.

En És. 49, l’Éternel dit au Messie: «C’est peu de chose que tu me sois serviteur pour rétablir les tribus de Jacob et pour ramener les préservés d’Israël». Puis vient la description touchante de leur rentrée dans le pays de leur héritage: «Voici, ceux-ci viendront de loin; et voici, ceux-là du Nord et de l’Ouest, et ceux-ci du pays de Sinim» (v. 6-13; 22-26).

Ézéch. 20:34-38 décrit le retour des dix tribus, tout différent de celui de Juda qui sera jugé dans son pays, tandis que les rebelles d’Israël seront jugés en chemin, comme jadis le peuple sorti d’Égypte dans le désert, et «n’entreront point dans la terre d’Israël».

Ézéch. 37 nous parle, par une image frappante, de la résurrection nationale future du peuple de Dieu. «Ces os sont toute la maison d’Israël» (v. 11), donc aussi les dix tribus, c’est-à-dire Éphraïm, que l’Éternel rassemble de toutes parts et fait entrer dans leur terre, pour que «Juda et Joseph» ne fassent plus «qu’une seule nation» (v. 16, 17, 21, 22).

Zach. 10 dit: «Je rendrai forte la maison de Juda, et je sauverai la maison de Joseph, et je les ramènerai... et ceux d’Éphraïm seront comme un homme fort... Je les sifflerai et je les rassemblerai... et je les ramènerai du pays d’Égypte, et je les rassemblerai de l’Assyrie, et je les ferai venir au pays de Galaad et au Liban, et il ne sera pas trouvé assez de place pour eux» (v. 6-12).

Terminons ces quelques citations par le remarquable passage d’Ésaïe 11 qui nous servira de transition pour la réapparition d’Édom aux jours de la fin sur la scène prophétique. Dans les versets 1 à 10 de ce chapitre, nous trouvons le portrait du Messie, venant dans la plénitude de l’Esprit de Dieu et introduisant ici-bas son règne de paix millénaire. «Et il arrivera, en ce jour-là, que le Seigneur mettra sa main encore une seconde fois pour acquérir le résidu de son peuple, qui sera demeuré de reste, de l’Assyrie, et de l’Égypte, et de Pathros, et de Cush, et d’Élam, et de Shinhar, et de Hamath, et des îles de la mer. Et il élèvera un étendard devant les nations, et rassemblera les exilés d’Israël, et réunira les dispersés de Juda des quatre bouts de la terre» (v. 11, 12). Alors les deux nations seront réunies comme au début de leur histoire: «Éphraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda, et Juda ne sera pas l’adversaire d’Éphraïm» (v. 13). C’est donc une scène entièrement future. Mais voici qu’avec le réveil de Juda et des dix tribus, et leur formation en unité, leurs adversaires d’autrefois se sont aussi réveillés: «Ils voleront sur l’épaule des Philistins vers l’ouest, ils pilleront ensemble les fils de l’Orient: Édom et Moab seront la proie de leurs mains, et les fils d’Ammon leur obéiront» (v. 14).

Ce passage nous amène donc à la réapparition d’Édom aux derniers jours. Citons, au sujet de cette dernière, les passages suivants:

Nomb. 24:17, 18. — Balaam annonce que, dans un temps futur, «une étoile surgira de Jacob, et un sceptre s’élèvera d’Israël». Cette prophétie aurait été accomplie selon Matt. 2:2, 7-10, si le peuple n’avait pas crucifié son Messie. Elle s’accomplira plus tard, quand le Christ, jadis rejeté, reprendra ses relations avec Israël et établira son règne sur la terre. Alors se réalisera ce qui nous est dit ensuite: «Il transpercera les coins de Moab, et détruira les fils de tumulte. Et Édom sera une possession, et Séhir sera une possession... eux, ses ennemis; et Israël agira avec puissance.» Rien de pareil n’a eu lieu jusqu’à ce jour. Le sceptre de Christ ne s’est pas encore élevé; Israël n’a pas encore agi avec puissance et ne s’est pas encore emparé d’Édom. Cet Édom, disparu aujourd’hui, devra donc renaître pour devenir «la proie des mains d’Israël».

Ps. 108:8-12. — Dans ce chant de triomphe qui peut être aussi bien placé dans la bouche du Messie, que dans celle d’Israël restauré, le peuple étant de nouveau entièrement réuni (v. 8), le Psalmiste s’écrie: «Moab est le bassin où je me lave; sur Édom j’ai jeté ma sandale; sur la Philistie je pousserai des cris de triomphe... qui me mènera jusqu’en Édom?» La réponse est que ce sera Dieu, qui avait rejeté le peuple et n’était pas sorti avec ses armées. Donc, lors de la restauration d’Israël, après sa longue réjection qui dure encore, Édom, ainsi que toutes les nations voisines, sera conquis par le peuple de Dieu.

Ps. 83:7-9. — Ce Psaume est évidemment prophétique, comme du reste tous les Psaumes. Jamais la confédération des peuples dont il est question ici, et dont Édom a pris la direction, n’a eu lieu1. C’est Édom, en effet, qui est placé à la tête de cette coalition dont le but est de «prendre possession des habitations de Dieu». Assur se joint à eux plus qu’il ne les dirige, car cet Assyrien de la fin ne semble pas conduire en personne la première attaque contre Jérusalem, le premier siège futur de cette ville; il se réserve pour l’invasion définitive, à son retour d’Égypte, et c’est alors qu’il «viendra à sa fin» (Dan. 11:45). Rien de pareil à ce premier siège ne s’est encore passé dans l’histoire. Nous nous en sommes expliqué autre part2. Ce que nous retenons ici, c’est qu’Édom reparaît à la fin des temps en compagnie de nations, aujourd’hui détruites comme lui, et qui chercheront à s’emparer de Jérusalem, car, sauf la présence d’Édom, la prise de Jérusalem par Nebucadnetsar n’a aucun rapport quelconque avec ce qui nous est présenté ici.

1 Pour donner une idée des difficultés dans lesquelles se débattent des commentateurs pieux, pour avoir méconnu le caractère prophétique des Psaumes, je cite l’un d’eux, à propos de ce passage. «Quand une coalition aussi universelle s’est-elle produite? On peut hésiter entre deux époques, celle de Josaphat (2 Chron. 20) et celle des Macchabées (1 Macc. 5). Sous Judas Macchabée, les Juifs eurent en effet à lutter contre tous les peuples qui les entouraient, y compris les Tyriens, qui sans cela ne sont jamais nommés comme étant en état d’hostilité ouverte contre Israël (?). Mais, d’autre part, à cette époque, les Amalékites étaient détruits depuis longtemps (1 Chron. 4:42, 43). Moab n’existait pas comme nation, enfin la mention de l’Assyrie serait étonnante à ce moment-là, puisque l’empire de Ninive était dès longtemps tombé, et si l’on voulait essayer de prendre le nom d’Assur comme une désignation du royaume de Syrie, on ne comprendrait pas qu’il fût placé en dernier lieu (v. 9) comme l’un des moins importants. Nous pensons donc plutôt qu’il s’agit de la formidable invasion racontée en 2 Chron. 20. Ce récit ne parle, il est vrai, que des Moabites et des Ammonites, auxquels s’était joint Édom. Ce sont ces peuples qui, dans notre Psaume, semblent être les promoteurs de la levée de boucliers (v. 9). Il faudrait admettre que leur armée comprenait des détachements de nomades ismaélites et amalékites, et que les Philistins et Tyr, sans avoir encore pris les armes, se disposaient à se joindre à la coalition.» Cette phrase nous semble être suffisante pour condamner tout un système d’interprétation qui méconnaît la portée de la prophétie, cherche à l’adapter à des événements passés et en oublie le but final, l’établissement en puissance du règne de Christ par les jugements.

2 L’histoire prophétique des derniers jours et les Cantiques des degrés, par H. R. (p. 31).

És. 34:1-8. — «La colère de l’Éternel est sur toutes les nations et sa fureur sur toutes leurs armées.» C’est la fin des temps, le jugement qui précède le règne de Christ (comp. v. 4 avec Apoc. 6:13, 14). C’est en particulier l’épée descendant sur Édom, et «le sacrifice de Botsra», la destruction en Édom des armées de la grande confédération occidentale, une subversion comme celle du premier chapitre de la Genèse (comp. v. 11 avec Gen. 1:2).

És. 63:1. — «Qui est celui-ci qui vient d’Édom, de Botsra, avec des habits teints en rouge, celui-ci, qui est magnifique dans ses vêtements, qui marche dans la grandeur de sa force? C’est moi, qui parle en justice, puissant pour sauver.» Le Messie paraît ici, venant d’Édom, de Botsra. C’est Lui qui exerce la vengeance et «d’entre les peuples, pas un homme n’a été avec Lui» (remarquez qu’Israël seul est excepté ici). Ce passage peut-il être assimilé en quoi que ce soit à l’histoire passée d’Édom? Les jugements de cette nation ont toujours été exécutés par «les peuples»; ils le sont ici par le Seigneur lui-même. L’essai de spiritualiser une telle scène ne fait que prouver l’incapacité de recevoir simplement l’enseignement de la Parole. Édom se retrouvera donc à la fin des temps, au moment où le Seigneur exercera le jugement terrible qui placera entre Ses mains les rênes du royaume.

Jér. 49:7. — Au chap. 48, «les captifs de Moab sont rétablis par l’Éternel à la fin des jours». De même au chap. 49:6, les fils d’Ammon. En revanche Édom n’aura point de grappillages, car, comme nous le verrons en Abdias, il n’y aura «pas de reste de la maison d’Ésaü». Donc ces trois peuples existeront à la fin des jours pour être jugés, mais les deux premiers ne seront pas totalement anéantis, tandis qu’Édom le sera.

Lam. 4:21, 22. — La fille d’Édom boira la coupe et son iniquité sera visitée quand l’iniquité de la fille de Sion aura pris fin. Ces deux faits sont contemporains et il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’il s’agit ici d’un temps futur, et que Jérusalem porte encore aujourd’hui son iniquité et est foulée aux pieds des nations.

Ézéch. 25:12-24. — Tandis qu’Ammon et Moab sont livrés aux fils de l’Orient (c’est, comme nous l’avons vu, leur histoire passée), Édom, qui s’est vengé cruellement de la maison de Juda et s’est rendu fort coupable à son égard, tombera sous la vengeance de l’Éternel exercée par la main de son peuple Israël. Dans l’impossibilité d’adapter ce passage à l’histoire, les commentateurs admettent que cette prophétie «atteint jusqu’aux derniers temps. On verra alors la puissance du paganisme, représentée par Édom, crouler devant le règne de Christ sorti de Juda». (!) Une telle manière de commenter l’Écriture porte en elle-même sa condamnation. Comme le Seigneur est vu, en Ésaïe 34 et 63, exerçant la vengeance sur les armées rassemblées en Édom, sans aucun secours de la part des nations, par conséquent d’une manière entièrement différente de ce qu’il a fait dans le passé, ainsi il se servira d’Israël pour exercer la vengeance sur Édom lui-même.

Ézéch. 35 est d’un intérêt tout particulier pour le sujet qui nous occupe, la réapparition d’Édom aux derniers jours. Il s’agit ici du «temps de l’iniquité de la fin» où les fils d’Israël seront livrés à «la puissance de l’épée, au temps de leur calamité» (v. 5). Or toute la prophétie nous fait connaître l’apostasie des Juifs rentrés dans leur pays aux derniers temps, pour y tomber sous le joug de l’Antichrist. Dans ce temps-là, Édom, comme nous l’avons vu au Ps. 83, se met à la tête de la confédération des peuples qui, favorisés par l’Assyrien futur, veulent «prendre possession des habitations de Dieu» (v. 12). Édom dit: «Les deux nations et les deux pays seront à moi, et nous les posséderons» (Ézéch. 35:10). «Elles sont désolées; elles nous sont données pour les dévorer» (v. 12.). Nous savons aussi qu’au moment de ce dernier effort des ennemis d’Israël, le Seigneur manifeste sa gloire aux yeux du faible Résidu de Jérusalem, comme un avant-goût du règne qu’il va établir (Zach. 14:4), ce qui fait dire par le prophète Ézéchiel à Édom: «Tu as dit: Les deux nations seront à moi... et l’Éternel y était!» (v. 10). Cela rend Édom doublement coupable de son «inimitié perpétuelle», aussi est-il retranché à toujours: «Quand toute la terre se réjouira, je te réduirai en désolation» (v. 14).

Dan. 11:41. — Quand le roi du Nord, l’Assyrien de la fin, entrant en conflit avec l’Égypte (le roi du midi) envahit la terre d’Israël, «Édom, Moab et les principaux des fils d’Ammon échappent de sa main». Cette prophétie ne se rattache en rien à des événements présents. Il nous suffit de la citer ici, sans de plus amples explications, pour montrer ce que nous désirons prouver, c’est que ces nations subsisteront lors de la destruction de l’Assyrien, dernier acte qui précédera l’établissement du royaume de Christ (v. 45). Tout cela est appliqué, par les théologiens qui ne voient dans la prophétie que l’accomplissement d’événements historiques, à une expédition problématique d’Antiochus contre Ptolémée Philométor!

Joël, dont la prophétie ne traite que du «jour de l’Éternel»1, c’est-à-dire du jour de la fin, dit: «Édom sera un désert désolé, à cause de sa violence contre les fils de Juda, parce qu’ils ont répandu du sang innocent dans leur pays. Mais Juda sera habité à toujours, et Jérusalem de génération en génération» (3:19, 20). Vision entièrement prophétique, concernant l’établissement du règne, à la suite du jugement national des peuples dans la vallée de Josaphat.

1 Voyez «Le livre du prophète Joël», par H. R.

Mal. 1:3-5. — Nous touchons ici à la fin de l’histoire d’Édom. Quand toutes les tentatives de l’Éternel pour le ramener n’ont fait qu’attiser sa haine, Dieu dit: «J’ai haï Ésaü.» Alors Dieu le juge définitivement. Édom, dans sa rébellion perpétuelle, s’écrie: «Nous sommes détruits, mais nous rebâtirons ce qui est ruiné.» Alors, la patience de Dieu étant arrivée à son terme, Dieu dit, par le dernier prophète: «Ils bâtiront, mais moi je renverserai

 

Toutes les citations que nous venons de faire et qui ont peut-être lassé la patience de nos lecteurs, étaient nécessaires pour prouver, sans hésitation possible, la résurrection d’Édom dans l’avenir. Les événements prophétiques sont liés à ce principe de la réapparition, au temps de la fin, de nations dès longtemps disparues. Puissent ces explications suffire pour réduire à néant tout un système d’interprétation prophétique qui fausse la parole de Dieu, en méconnaît l’autorité, ôte toute portée aux événements de la fin, et détourne finalement les yeux de Christ et de ses gloires, pour les reporter vers des événements passés sans portée morale pour le cœur et pour la conscience.

En adressant ces lignes à mes frères en Christ sur lesquels ce système exerce son influence, car je ne parle pas aux savants rationalistes et incrédules, je les supplie de désapprendre ce qu’ils ont appris à cette école et de revenir à la simplicité de la foi en l’autorité absolue des Écritures. S’ils voient clair, en un point d’apparence aussi secondaire que celui dont nous venons de nous occuper, ils auront les yeux ouverts sur d’autres points plus importants et pourront mesurer le danger d’appliquer à l’étude de la parole de Dieu les procédés de critique de l’homme. Hélas! déjà les plus respectables d’entre eux ne craignent pas de se féliciter que la doctrine de «l’inspiration littérale soit morte de sa belle mort dans les milieux théologiques». Nous répondons à ces frères qu’ayant abandonné l’inspiration absolue des Écritures (car le mot «littéral» n’est qu’un trompe-l’œil) leur piété n’est plus capable de résister efficacement aux assauts de l’incrédulité moderne. Ils en gémissent, mais ayant laissé s’ébrécher la lame de leur glaive qui est la parole de Dieu, ils n’ont plus qu’une arme inutile quand il leur faudrait une épée à deux tranchants.

 

Ce très long préambule nous permet d’aborder la prophétie d’Abdias. Elle va nous faire le tableau, proportionné à son cadre, du sort d’Édom aux derniers jours, et s’il nous a fallu, dans notre Avant-propos, anticiper largement sur ce que nous avons encore à dire, les quelques versets d’Abdias nous offriront de quoi contrôler, à bien des égards, ce que nous venons de présenter.

Les jugements d’Édom et des nations, tel est le sujet d’Abdias. N’oublions pas que les jugements ont une immense importance pour l’avenir d’Israël. Si l’Église est sauvée aujourd’hui par grâce, Israël, dans l’avenir, sera délivré par les jugements. C’est pourquoi le Résidu fidèle dans les Psaumes en fait si souvent le sujet de ses supplications. Les analogies continuelles évoquées par les prophètes entre les jugements passés et les jugements à venir, font mieux comprendre le caractère de ces derniers. À leur tour, les jugements futurs dirigent nos regards vers la personne du Juge. Le Résidu d’Israël reconnaîtra en Lui l’homme débonnaire qu’il avait rejeté jadis, l’Agneau de Dieu qui avait été livré pour le péché de son peuple. Avec quel ravissement les fidèles verront alors, réunies dans cette personne auguste, la majesté et la grâce, la débonnaireté et la justice. «Tu es plus beau», diront-ils, «que les fils des hommes; la grâce est répandue sur tes lèvres; c’est pourquoi Dieu t’a béni à toujours. Ceins ton épée sur ton côté, homme vaillant, dans ta majesté et ta magnificence; et, prospérant dans ta magnificence, mène en avant ton char, à cause de la vérité, et de la débonnaireté et de la justice; et ta droite t’enseignera des choses terribles. Tes flèches sont aiguës — les peuples tomberont sous toi, — dans le cœur des ennemis du Roi!» (Ps. 45:2-5.)