2 Timothée

Chapitre 4

V. 1-2

Je t’en adjure devant Dieu et le christ Jésus, qui va juger vivants et morts, et par son apparition et par son règne: prêche la Parole, insiste en temps et hors de temps, convaincs, reprends, exhorte, avec toute longanimité et doctrine.

Cette adjuration nous montre combien le sujet dont il va être question importe au cœur de l’apôtre. C’est la partie culminante des exhortations adressées à Timothée; aucune n’est aussi imposante que celle-ci. L’adjuration est faite en présence de Dieu et de Jésus Christ et contient la pensée de l’immense solennité de cette présence. Le Seigneur nous est présenté ici sous deux aspects

Comme Juge, il va juger vivants et morts. Ce jugement prochain est la raison urgente de l’adjuration. En effet, dès la formation de l’Église, le Seigneur a commandé à ses disciples de «prêcher au peuple et d’attester que c’est Lui qui est établi de Dieu juge des vivants et des morts» (Actes 10:42).

Comme dispensateur des récompenses à ses serviteurs, l’apôtre nous le montre ici (il y reviendra plus tard au v. 8) lors de Son apparition et de Son règne. C’est surtout la récompense de ses serviteurs à son apparition, qui occupe ici la pensée de Paul. Quand il régnera, tous ses ennemis auront été mis sous ses pieds et il ne sera plus nécessaire de tenir ferme pour l’Évangile, la victoire ayant été remportée par Christ sur tout ce qui s’est opposé à ses desseins de grâce (1 Cor. 15:25).

À quoi Timothée est-il adjuré? Tandis que, au chap. 3:14 il était exhorté à demeurer dans les choses qu’il avait apprises, il est adjuré ici à les prêcher, à les annoncer au-dehors. Timothée avait commencé par recevoir ces vérités pour lui-même et, d’une manière générale, toute la Parole inspirée de Dieu. Maintenant, le vase étant rempli, et c’est pour cela qu’il l’avait été, il devait se vider au profit des autres. Le temps pressait, la venue du Seigneur était proche. Il fallait insister, même hors de temps, sans attendre, comme en Éph. 5:16 et Col. 4:5, l’occasion, pour la saisir. Il fallait convaincre (1 Tim. 5:20), atteindre la conscience, provoquer la repentance chez ceux qui, jusqu’ici, avaient été indifférents. Il fallait reprendre ceux qui s’étaient laissés entraîner dans le courant du monde. Il fallait exhorter ceux qui perdaient courage ou devenaient timides en présence du débordement du mal. Ce travail exigeait toute longanimité, de la patience, de la douceur en même temps que de la fermeté, seul moyen de convaincre sans soulever de l’opposition. Timothée devait en outre s’appuyer exclusivement sur la doctrine, contenue dans cette Écriture inspirée dont l’apôtre venait de parler.

 

V. 3-4

Car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables.

L’heure était solennelle, le temps pressait, car un temps allait venir où les âmes ne supporteraient pas le sain enseignement de la parole de Dieu (voyez 1:13); où toute prédication serait vaine et de nul effet. Ces gens s’amasseraient des docteurs selon leurs propres convoitises et courraient après les imaginations de leurs cœurs. Au chap. 2:18, c’étaient les faux docteurs qui les entraînaient vers leurs erreurs mortelles; ici, ce sont eux-mêmes qui, faisant un pas de plus dans le mal, veulent ces docteurs, les choisissent, se les établissent comme conducteurs, afin qu’ils répondent, en les encourageant et en les approuvant, aux convoitises de leurs propres cœurs. La conséquence était que leurs oreilles ne pourraient plus supporter la vérité, celle-ci n’ayant désormais aucun goût, aucun sel pour eux, et qu’ils se tourneraient vers des fables d’invention humaine (car il faut bien croire à quelque chose), lesquelles remplaceraient l’Écriture. Pourrions-nous nous cacher qu’aujourd’hui ce temps-là n’est plus à venir, mais est venu?

 

V. 5

Mais toi, sois sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, accomplis pleinement ton service.

En contraste avec ces gens, Timothée avait à déployer tous les caractères d’un vrai témoin, d’où les mots: «Mais toi», que nous avons déjà rencontrés avec la même intention au chap. 3:10 et 14.

«Sois sobre en toutes choses». Son caractère devait être complètement opposé à ceux qui, sous l’influence des faux docteurs qu’ils s’étaient choisis, s’enivraient des doctrines fatales qui leur étaient servies. Nourri de la Parole, Timothée pouvait garder son cœur et ses pensées éloignés de tous les principes par lesquels le monde enivre les âmes.

«Endure les souffrances». Cette épître nous a déjà montré maintes fois que telle est la part d’un chrétien fidèle, en un temps où la maison de Dieu est devenue une grande maison, contenant les éléments les plus disparates. Les dangers des enfants de Dieu au milieu de cet état de choses, l’indifférence croissante à la vérité, la défection de ceux sur la fidélité desquels on avait cru pouvoir compter, les calomnies destinées à ruiner moralement les vrais témoins, les assauts contre la parole de Dieu, l’état des assemblées entraînées dans le courant du monde, étaient autant de causes de souffrance pour l’apôtre et devraient l’être pour nous que la fin des siècles a atteints. Timothée est exhorté à endurer ces souffrances. Le Seigneur ne l’avait-il pas fait et l’apôtre n’avait-il pas fidèlement suivi ce divin modèle? (1:8, 12; 2:2, 9, 12; 3:11; 4:5).

«Fais l’œuvre d’un évangéliste». Nous ne devons pas en conclure que ce ne fût pas proprement le don de Timothée, mais l’évangélisation devait être mentionnée, parce que la fonction assignée à Timothée était la conduite de la maison de Dieu et cette seconde épître nous montre que la grâce l’avait placé là comme témoin d’un chemin selon Dieu au milieu de la ruine. Or l’état de cette maison exigeait que la prédication revêtît le caractère de l’évangélisation. Il y avait dans ce milieu un grand nombre d’âmes, aujourd’hui la plupart, entièrement étrangères à la grâce et qui devaient être amenées à Christ par l’Évangile. C’était là qu’il fallait convaincre ceux qui ne tenaient au christianisme que par une profession sans vie.

«Accomplis pleinement ton service». Nous allons voir (v. 7) que l’apôtre l’avait accompli; il désirait que son enfant dans la foi fît de même. Ne devons-nous pas aussi prendre à cœur cette exhortation, nous qui sommes si près du temps où il ne sera plus possible à ces professants de revenir en arrière, car un aveuglement judiciaire les empêchera de prévoir la ruine subite qui viendra sur eux. En ce temps-là, il sera dit: «Que celui qui est injuste commette encore l’injustice!» (Apoc. 22:11).

 

V. 6-8

Car, pour moi, je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé; j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi: désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition.

Au moment de son départ, l’apôtre passe en revue toute sa carrière. Il la résume en trois points: 1° «J’ai combattu le bon combat». Il ne s’agit pas ici de la victoire remportée sur l’Ennemi comme cela a lieu en Éph. 6 et en tant d’autres passages, mais du combat où l’on est donné en spectacle, les anges et les hommes en étant spectateurs. C’est le «combat dans la lice» du chap. 2:5; le bon combat de la foi et pour la foi, dont il est question en 1 Tim. 1:18; 6:12; Jude 3; 1 Cor. 9:25. En effet, il s’agissait de démontrer à tous les yeux ce que c’est que la foi qui nous amène à la victoire finale sur le monde, en surmontant tous les obstacles. C’est le même combat dont il est parlé en Phil. 1:16, 30, la défense de l’Évangile que les Philippiens avaient soutenue.

2° «J’ai achevé la course». Notre course a une grande nuée de témoins; ils nous entourent et l’ont eux-mêmes achevée (Héb. 12:1). C’était ce que l’apôtre désirait pour lui-même en parlant aux anciens d’Éphèse (Actes 20:24) et ce qu’il réalise ici. Il était arrivé au bout de la carrière touchant déjà (comme il est dit en 1 Tim. 6:12) de la main la vie éternelle.

3° «J’ai gardé la foi»; c’était le bon dépôt qui avait été confié à Timothée (1 Tim. 6:20), que l’apôtre l’exhorte à garder et dont il pouvait dire que lui-même l’avait gardé. «La foi» est l’ensemble des vérités bénies confiées au fidèle et dont aucune ne devait être abandonnée ni négligée. Combien il est important aujourd’hui de «garder la foi»!

Ainsi toute la vie chrétienne, dont les jeux olympiques étaient le symbole, la lutte pour la foi, la course de la foi, la défense de la foi, voilà ce que l’apôtre avait accompli fidèlement jusqu’au bout de sa carrière.

Tout cela étant achevé, il y avait encore devant lui la couronne de justice, réservée à tous ceux qui, comme lui, auront gardé la foi. Cette couronne est incorruptible (1 Cor. 9:24-26). C’est le juste juge, c’est-à-dire Celui dont la justice est le caractère, qui la donne. Il présidera à la solennité et distribuera les récompenses «dans ce jour-là», jour de l’apparition du Seigneur que l’apôtre attendait (2 Tim. 1:12, 18; 2 Thess. 1:10). La venue (Parousie) du Seigneur en pure grâce pour enlever les siens ne manifestera pas la fidélité des serviteurs; c’est à Son apparition que ce qu’ils auront fait et souffert pour Lui sera mis en pleine lumière et récompensé. Alors l’apôtre ne sera pas seul. Tous ceux qui désirent être approuvés de Lui, après la victoire remportée, tous ceux qui ne craignent pas d’affronter les difficultés, pourvu qu’à la distribution des prix le Seigneur leur exprime sa satisfaction, tous ceux-là aiment Son apparition. Cependant, pour eux, le but du combat et le motif de la course n’est pas la récompense, mais la gloire et la satisfaction de Celui qui a ordonné ce spectacle et le préside.

C’est ici que se termine le sujet capital de cette épître que l’on pourrait intituler ainsi: Les diverses responsabilités et les ressources du fidèle au milieu des ruines de la chrétienté professante.

 

V. 9-13

Empresse-toi de venir bientôt auprès de moi, car Démas m’a abandonné, ayant aimé le présent siècle; et il s’en est allé à Thessalonique, Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie; Luc seul est avec moi. Prends Marc et amène-le avec toi, car il m’est utile pour le service. Or j’ai envoyé Tychique à Éphèse. Quand tu viendras, apporte le manteau que j’ai laissé en Troade chez Carpus, et les livres, spécialement les parchemins.

Nous revenons maintenant aux circonstances de l’apôtre qui nous représentent clairement la dernière phase de l’Église responsable, montrée en abrégé et vue par anticipation, et comme prophétiquement, dans les derniers événements de la vie de Paul.

Si tous ceux qui étaient en Asie s’étaient détournés de lui au moment de sa capture et de son second emprisonnement, combien il lui était plus douloureux encore de voir un Démas, son collaborateur dans l’œuvre (Col. 4:14; Philém. 24), associé jusque-là avec Luc qui maintenant reste seul compagnon de l’apôtre, de voir, dis-je, Démas l’abandonner. Hélas! la cause de cet abandon nous est donnée: Démas avait aimé le présent siècle. Peut-être ambitionnait-il dans le monde quelque position que ses relations avec Paul auraient pu compromettre. Nous ne le savons pas, mais ce qui est certain, c’est qu’en abandonnant l’apôtre il était en contradiction absolue avec le but de l’œuvre de Christ pour les siens. (Gal. 1:4). Démas avait quitté Rome dans ce dernier emprisonnement de Paul et s’en était allé à Thessalonique. La persécution mentionnée en 2 Thessaloniciens avait sans doute cessé alors. Quels étaient les motifs de Crescens et de Tite? Une chose semble certaine, c’est que l’apôtre ne les avait pas envoyés comme Tychique (v. 12). Ces motifs nous sont inconnus. Peut-être étaient-ils en rapport avec l’œuvre du Seigneur. C’est ce qu’on peut inférer du silence de Paul; mais, pour nous, une sérieuse leçon s’en dégage. Nous pouvons avoir plus d’un motif sérieux qui nous sollicite quant à notre activité chrétienne. Défions-nous du motif qui nous fait éviter un danger et des difficultés quand il s’agit de l’œuvre. N’était-il pas de première nécessité, et comme un motif primant tous les autres, de se tenir aux côtés de l’apôtre devant le tribunal? N’en était-il pas de même pour les disciples lors du jugement de leur Seigneur? On peut avoir des motifs très plausibles d’activité dans l’œuvre et cependant n’être pas à la hauteur d’un réel dévouement pour Christ. L’attitude de Marie qui ne la mettait aucunement en relief n’était-elle pas mille fois supérieure à celle de Marthe, et cependant, qui aurait pu dire que Marthe ne devait pas servir? «Luc seul est avec moi». Depuis le jour où il avait associé son sort à celui de l’apôtre (Actes 16:10), Luc semble ne plus l’avoir quitté; service désintéressé, prouvé par le fait que Luc ne parle jamais de lui-même, tandis que c’est l’apôtre qui parle de lui (Col. 4:14; Philém. 24). Combien la défection de Démas dut être douloureuse à Luc lui-même! Mais de quel honneur la fidélité de ce dernier ne fut-elle pas récompensée quand, à lui qui n’était pas apôtre, fut confiée la rédaction inspirée de deux des livres principaux du Nouveau Testament! «Prends Marc et amène-le avec toi, car il m’est utile pour le service». Touchante recommandation! C’est Marc, autrefois entraîné loin de l’apôtre par Barnabas, qui est de nouveau ramené par l’apôtre lui-même. Le voilà réhabilité et restauré, retrouvant publiquement la communion avec Paul et par conséquent avec le Seigneur. (voyez Actes 15:35-38). Mais déjà les Colossiens avaient précédemment reçu des ordres à son sujet qui le réhabilitaient auprès de l’Assemblée (Col. 4:10). Ce fait aussi nous donne une instruction très utile. Un acte, jugé de tous, et jetant un jour défavorable sur un frère (nous ne parlons pas, cela va sans dire, d’un cas de retranchement) ne doit pas amener un jugement durable sur son caractère. Paul nous en fournit la preuve dans la manière dont il apprécie Marc. Son aptitude au service n’avait pas été mise en question par le fait que ce service avait été, pour ainsi dire, dévoyé.

Il y avait néanmoins des départs qui ne pouvaient encourir aucune désapprobation: celui de Tychique, par exemple. Si l’apôtre l’avait envoyé à Éphèse, c’était pour les besoins d’un service approuvé du Seigneur. Tychique entre en scène après le tumulte d’Éphèse (Actes 20:4). Il est de la province d’Asie, frère bien-aimé, fidèle serviteur, envoyé par l’apôtre pour réconforter l’assemblée d’Éphèse où Paul avait tant souffert (Éph. 6:21-22); envoyé de même auprès des Colossiens (Col. 4:7-9) pour consoler leurs cœurs; toujours envoyé par l’apôtre en Tite 3:12. Tychique était donc un frère particulièrement doué pour porter de fidèles messages, pour encourager, pour affermir. Nous pourrions l’appeler le consolateur des assemblées. Précieuse fonction, surtout dans un temps de déclin!

Comme dans toutes les autres «Écritures», l’apôtre était inspiré, ne fût-ce que pour parler de son manteau, des livres, des parchemins. Cette simplicité est très remarquable dans un pareil écrit. Comme son Maître, l’apôtre ne planait pas au-dessus des têtes des hommes. Il partageait les mêmes circonstances; il avait besoin de se garantir du froid, ce qui, en passant, nous initie à la rigueur de sa seconde captivité; il lui fallait un matériel durable pour écrire; «les livres» étaient des portions de la Parole (Dan. 9:2). Les circonstances de sa vie de chaque jour étaient ainsi amenées, conduites ou supprimées sous la direction du Saint Esprit.

 

V. 14-18

Alexandre, l’ouvrier en cuivre, a montré envers moi beaucoup de méchanceté; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. Garde-toi aussi de lui, car il s’est fort opposé à nos paroles. Dans ma première défense, personne n’a été avec moi, mais tous m’ont abandonné: que cela ne leur soit pas imputé. Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié, afin que par moi la prédication fût pleinement accomplie et que toutes les nations l’entendissent; et j’ai été délivré de la gueule du lion. Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise œuvre, et me conservera pour son royaume céleste. À lui la gloire, aux siècles des siècles! Amen.

Il est possible, mais nullement prouvé, que cet Alexandre, l’ouvrier en cuivre, soit celui qui est mentionné en 1 Tim. 1:20 comme associé à Hyménée pour avoir prononcé des blasphèmes. On pourrait avoir quelque raison de le penser, parce que sa grande méchanceté envers l’apôtre pourrait provenir de ce que celui-ci l’avait livré à Satan, enfin à cause de la sentence finale, prononcée sans appel, et terrible dans la bouche d’un apôtre: «Le Seigneur lui rendra selon ses œuvres». Cette sentence s’expliquerait du fait que cet homme ne s’était pas repenti. Timothée est aussi exhorté à se garder de lui parce qu’il s’est fort opposé aux paroles de Paul. Or ces paroles étaient la parole de la prédication dont l’apôtre dit qu’elle est véritablement la parole de Dieu (1 Thess. 2:13). Si ces deux Alexandre sont un seul personnage cela donnerait à ce passage une solennité particulière. D’autres font avec moins de raison de cet Alexandre celui d’Actes 19:33.

Paul, libéré d’abord de sa première captivité, puis repris, reconduit à Rome et emprisonné, avait comparu devant le tribunal pour une première défense où personne ne s’était tenu à son côté, où tous l’avaient abandonné. N’en avait-il pas été de même pour son Seigneur et Maître? (Matt. 26:56; Marc 14:50). Et quel contraste avec le commencement de la carrière de Celui-ci, où ses disciples avaient tout quitté pour le suivre! (Luc 5:11).

L’abandon où l’apôtre était laissé peut, à bon droit, fendre le cœur, mais je me demande si celui du Seigneur nous affecte de la même manière. Tel sera le cas si nous réalisons la perfection de son humanité, de sa sainteté et de son amour divin. Quant à Paul, si semblable à son Sauveur, personne ne s’était tenu près de lui pour plaider en sa faveur, pour se porter garant de son caractère, de ses intentions, de sa conduite. Mais quel contraste entre ce qu’il demande pour ses frères, si lâches dans leur conduite, et ce qu’il a proféré contre Alexandre! «Que cela, dit-il, ne leur soit pas imputé!» Il intercède pour eux, comme fit le Seigneur pour le peuple, comme fit Étienne pour ceux qui le lapidaient. N’est-ce pas le triomphe de la grâce?

Dans cette première défense, néanmoins, Paul n’était pas seul. «Le Seigneur», dit-il, «s’est tenu près de moi et m’a fortifié». Si son cœur souffrait de cet abandon, sa force allait en augmentant, parce que le Seigneur, source de toute miséricorde et de toute force, était avec lui. «Bienheureux l’homme dont la force est en toi... il marche de force en force» (Ps. 84). Le Seigneur accomplissait ses desseins de grâce jusqu’au bout et honorait son apôtre en faisant de lui l’agent de ces desseins. «La prédication était pleinement accomplie» par lui. Il était en exemple à son cher Timothée, auquel il avait dit: «Accomplis pleinement ton service» (v. 5). Il ne restait désormais plus rien à ajouter à sa prédication. D’autres la reprendraient par milliers, après l’apôtre, mais il n’y avait plus de sujet nouveau à présenter; tout cela avait été fait par l’apôtre; en sorte que tout ce qu’on chercherait à y ajouter plus tard, non seulement n’avait aucune valeur, mais était en pure et simple opposition avec la pensée de Dieu1. Il fallait en outre, comme le Seigneur l’avait dit à son cher serviteur, que toutes les nations entendissent la prédication de l’Évangile (Actes 26:17-18).

1 Il va sans dire que nous ne faisons pas allusion ici aux écrits composant «l’Écriture» dont la liste n’était pas close lors de la seconde épître à Timothée.

L’apôtre ajoute: «J’ai été délivré de la gueule du lion». Le lion rugissant qui rôdait autour de lui fut cette fois réduit au silence, pour revenir bientôt accomplir son œuvre meurtrière sur le corps de l’apôtre bien-aimé, qui suivait ainsi jusqu’au bout les traces de son Maître (Ps. 22:22); mais Satan ne put empêcher, non, pas même un seul instant, que la prédication fût pleinement accomplie.

Ce retour de l’Ennemi dont la Parole ne nous entretient pas, sauf pour nous dire que le temps du départ était arrivé pour Paul, n’avait aucune influence sur la confiance et sur la joie triomphante de l’apôtre. Il savait que si le Seigneur ne le délivrait pas du martyre, il le délivrerait, jusqu’au bout, «de toute mauvaise œuvre» et le conserverait pour son royaume céleste. Ainsi son activité pourrait glorifier Dieu jusqu’au dernier moment et s’il était retranché de ce monde, c’était pour jouir éternellement du royaume céleste que le Seigneur établirait à son apparition avec tous les saints. «À Lui soit la gloire aux siècles des siècles. Amen!» dit l’apôtre en pensant à la gloire future de Christ pour le royaume duquel il sera conservé.

 

V. 19-22

Salue Prisca et Aquilas et la maison d’Onésiphore. Éraste est demeuré à Corinthe, et j’ai laissé Trophyme malade à Milet. Empresse-toi de venir avant l’hiver. Eubulus et Pudens, et Linus et Claudia, et tous les frères, te saluent. Le Seigneur Jésus Christ soit avec ton esprit. Que la grâce soit avec vous!

Timothée devait saluer Prisca et Aquilas. Ces chers compagnons de l’apôtre étaient retournés à Éphèse où Timothée pouvait les voir, quelque nouvel édit les ayant chassés de Rome (Actes 18:1-3, 26; 1 Cor. 16:19; Rom. 16:3; 2 Tim. 4:19). Il semblerait qu’Onésiphore n’était pas rentré dans sa famille. Éraste, quand Paul fut de nouveau saisi, était resté à Corinthe, ce qui n’implique pas un blâme. Paul avait laissé Trophyme (Actes 20:4; 21:29) malade à Milet, ce qui prouve que 2 Timothée a été écrit après la première et lors d’une seconde captivité de Paul. Ce fait montre encore que la puissance miraculeuse des apôtres était exercée au service du Seigneur et non pour leurs intérêts particuliers. La recommandation de venir avant l’hiver est touchante et fait penser au manteau laissé en Troade. — Eubulus, Pudens, Linus, Claudia, ne sont pas nommés autre part dans la Parole. Tout ce qui a été dit sur leur compte par les commentateurs ne mérite aucune créance.