2 Timothée

Chapitre 3

V. 1-5

Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance. Or détourne-toi de telles gens.

Comme Timothée avait été averti prophétiquement, dans la première épître (4:1), de l’apostasie des derniers temps, il l’est, prophétiquement aussi, dans ce chapitre, de la ruine morale qui caractérise les jours de la fin. Ces temps fâcheux ne sont pas encore le bouleversement et l’ébranlement final dont parlent les prophètes et qui précédera le règne de justice et de paix du Christ, mais l’état moral qu’auront à la fin ceux qui portent le nom de Christ et professent maintenant lui appartenir. Aujourd’hui nous devons, plus encore que Timothée, ne pas fermer les yeux sur le bouleversement moral qui se prépare, car des siècles ont passé dès lors. Si nous fermons les yeux nous sommes en danger de dire: Paix et sûreté, et de porter, comme Lot, ne fût-ce que dans une mesure, les conséquences de l’infidélité générale.

La profession du christianisme dégénérera de plus en plus, de manière à reproduire l’affreux tableau de l’état moral du paganisme d’autrefois d’où l’Assemblée chrétienne était sortie. (Voyez Rom. 1). N’est-il pas frappant que l’apôtre n’appelle pas les gens dont il parle: «la profession chrétienne», mais: «les hommes»?

Chose terrible, quand c’est Dieu qui se met à dresser la liste de ce que contient le cœur de l’homme et de ce qui en sort! Nous rencontrons fréquemment des listes diverses dans l’Écriture (voyez, par exemple, Matt. 15:19; Marc 7:21; Gal. 5:19; Col. 3:5-9; 1 Tim. 1:9; Tite 3:3), mais combien est-il comparativement rare d’en rencontrer quand il s’agit des manifestations de l’Esprit dans le cœur des chrétiens! (voyez Gal. 5:22-23; Col. 3:12-15). Ici, nous avons surtout le pendant de Rom. 1:24-31, passage où la condition morale du paganisme est décrite de manière à faire rougir les plus endurcis. Mais dans notre passage où l’apôtre décrit l’état des hommes professant le christianisme en des temps fâcheux, il se trouve, chose effrayante, que cet état est plutôt pire que l’état païen, et voici pourquoi: «Ils ont la forme de la piété, mais en ont renié la puissance». Ce terme: «forme» (morphôsis) ne se retrouve qu’en Rom. 2:20 où il est traduit par «formule». C’est plutôt «le pouvoir formatif de la piété». Ces gens possèdent la vérité, puissance par laquelle la piété est formée.

Quand la maison qui est l’assemblée du Dieu vivant est en ordre on y trouve un secret pour produire la piété (1 Tim. 3:15-16). Ce secret, c’est la connaissance de la vérité, de la vérité qui se trouve tout entière dans la révélation de la personne de Christ, et c’est la puissance de la piété. Or dans la grande maison ces personnes possèdent «la forme de la piété» ou plutôt sa formule. La vérité est dans leurs mains; elles portent le nom de Christ. Qu’en font-elles? Se servent-elles de cette connaissance pour vivre dans la séparation du mal et rendre à Christ un témoignage fidèle? Non seulement ces gens ignorent la puissance de la vérité, non seulement ils n’en font aucun usage, mais ils ont renié sa puissance; ils nient qu’elle puisse produire la séparation du mal. Il en était de même, mais à un degré infiniment moindre, des païens en Rom. 1:18-20; ils possédaient la vérité du Dieu créateur, «tout en vivant dans l’iniquité». Mais ici, ce qui est bien pire, c’est que, dans le christianisme, ces hommes ont la formule par laquelle toute piété peut être produite. Dans la maison de Dieu le secret de la piété était professé, connu et réalisé; ici, il est connu, ce secret qui se résume dans la révélation de la personne de Christ, et ces gens-là le renient, en ne lui accordant pas la puissance de produire la piété!

En reprenant toute cette liste qui n’a d’égale en nombre que celle de Rom. 1, on est frappé de l’aggravation produite par le fait que le christianisme, y étant connu et extérieurement pratiqué, laisse les âmes sans aucune excuse. En Rom. 1 les païens, avec leur conscience naturelle, connaissaient le bien et le mal. La juste sentence de Dieu ne leur était donc pas étrangère: «ils savaient que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort» et leurs propres lois témoignaient contre eux, puisqu’elles prononçaient un jugement, au moins partiel, sur ceux qui faisaient ces choses. Mais, dans notre passage, il y a bien plus pour condamner le professant du christianisme, que la voix de la conscience; il y a la connaissance extérieure de tout ce que comportent des rapports établis par la grâce entre Dieu et l’homme; il y a le mépris des rapports connus avec le Père et le Fils dont on porte le nom; il y a l’abandon de toute pensée de maintenir ces relations par la condamnation du vieil homme et de ce qui provient de lui; il y a une existence volontairement asservie à tous les éléments de la vieille nature pécheresse et s’y abandonnant, complètement indifférente au jugement de Dieu que ces hommes réaliseront quand il sera trop tard!

En considérant cette liste nous y trouvons un certain groupement des traits du professant, revenu à tout ce qui constitue le vieil homme, tandis que le chrétien le considère comme crucifié avec Christ. En premier lieu l’égoïsme, vice capital de l’homme naturel, qui, au lieu d’avoir trouvé, comme le chrétien, un centre en dehors de lui, se fait et s’est toujours fait centre à lui-même. De là sort l’avarice qui accumule des biens pour soi-même — la vanterie qui exalte le moi aux dépens des autres — l’orgueil qui s’élève au-dessus du prochain. De là l’insoumission et la désobéissance envers ceux que Dieu a établis pour être honorés, commandement auquel est adjointe la promesse pour en souligner l’importance; l’ingratitude envers ceux auxquels nous devons un tribut de reconnaissance; le mépris du maintien des relations de famille; le rejet, enfin, des affections naturelles rencontrées même chez des brutes sans intelligence, mais absentes chez ces hommes. De là l’esprit de vengeance, poursuivant le prochain, sans tenir compte d’engagements par lesquels on devrait être lié; la calomnie qu’on appelle à son aide pour ruiner plus complètement son prochain; le refus d’exercer aucune restriction sur ses passions. De là la cruauté qui bannit tout sentiment de compassion et aime, sans motif, à faire souffrir, produit de cœurs auxquels toute inclination vers le bien est étrangère. De là l’esprit de trahison se donnant des apparences d’aménité afin de tromper plus aisément la victime pour la livrer à ses ennemis; la témérité n’ayant pour motif que l’orgueil d’affronter des dangers inutiles pour être exalté aux yeux des autres. De là enfin les voluptés s’emparant de tout l’être de celui qui s’y adonne et lui faisant abandonner même la faveur de Dieu afin de jouir momentanément des délices du péché. Tout se résume enfin, comme nous l’avons vu, dans cette chose affreuse: «la forme de la piété».

Timothée est exhorté à «se détourner de telles gens». Il n’y avait rien chez eux qui pût être une attraction pour le fidèle; rien à quoi il pût s’associer pour plaire à Dieu; rien non plus à améliorer dans leur condition morale; le mal était définitif. Ces gens ne sont pas à moitié corrompus, mais chez eux tout est du vieil homme; tout est déjà jugé et condamné sans retour. N’est-ce pas le christianisme renversé? En 1:15, l’apôtre est seul; tous l’abandonnent; ici, Timothée seul doit se détourner d’eux tous. Mais, quoique seul, Dieu lui fait trouver des compagnons avec qui invoquer le Seigneur. Cela ne veut pas dire que le chrétien doive vivre en ermite dans la chrétienté professante, mais qu’il doit se tenir entièrement à part de ceux qui mettent de pareils principes en pratique et les enseignent.

Ayons cela nous-mêmes à cœur. Non pas, comme nous venons de le voir, que nous devions nous isoler au milieu d’une profession qui aboutit à l’apostasie finale. Non certes; car nous trouverons jusqu’à la venue du Seigneur ceux qui l’invoquent d’un cœur pur; mais, pour nous associer à ces derniers, il nous faut avoir rompu avec une profession sans vie, avec l’esprit qui, de fait, renie la vérité chrétienne.

 

V. 6-7

Car d’entre eux sont ceux qui s’introduisent dans les maisons et qui mènent captives des femmelettes chargées de péché, entraînées par des convoitises diverses, qui apprennent toujours et qui ne peuvent jamais parvenir à la connaissance de la vérité.

L’apôtre note ici une classe spéciale de professants dont il faut se détourner. Ce sont ceux qui exercent des fonctions ecclésiastiques dans cette maison corrompue. Leur immunité cléricale leur permet de s’introduire dans les maisons, de «changer la grâce de Dieu en dissolution» (Jude 4), de s’adresser, pour en faire leurs créatures, à des femmes sans caractère, sans développement moral, chargées de péché, et entraînées loin du chemin de Dieu par des convoitises diverses, dont ces gens se servent comme d’appât pour s’emparer d’elles. Nous voyons ici où l’état charnel et sans crainte de Dieu qui vient d’être décrit, conduit ceux qui en sont les représentants: à la corruption morale. C’est à elle qu’aboutit l’état du cœur qui croit pouvoir se passer de Dieu. L’apôtre ajoute à la description de ces femmes impures, qu’elles «apprennent toujours et ne peuvent jamais parvenir à la connaissance de la vérité». Ce qui est encore pire que la corruption, c’est de prétendre s’intéresser aux choses de Dieu et s’y faire instruire par de tels conducteurs! Jamais la connaissance de la vérité ne peut sortir de cet enseignement suspect. L’âme reste stérile en apprenant toujours et il ne sort de tout cela que le néant; la vérité reste entièrement cachée. Croyant apprendre quelque chose, ces femmes ignorent absolument leur état devant Dieu et courent, les yeux fermés, à l’abîme. Elles ignorent de même en quoi consiste la vie de Dieu. Elles ignorent enfin Dieu lui-même, tout en prétendant apprendre à le connaître.

 

V. 8-9

Or de la même manière dont Jannès et Jambrès résistèrent à Moise, ainsi aussi ceux-ci résistent à la vérité, hommes corrompus dans leur entendement, réprouvés quant à la foi: mais ils n’iront pas plus avant, car leur folie sera manifeste pour tous, comme a été celle de ceux-là aussi.

La Parole, en décrivant ces hommes corrompus de la fin, ne se borne pas à nous présenter des docteurs se servant de leur enseignement pour favoriser la corruption morale chez le sexe féminin et satisfaire ainsi leurs propres passions charnelles; il est une autre corruption qui les caractérise: ce sont des hommes corrompus dans leur entendement. Leur intelligence est pervertie; ils ne sont pas seulement des docteurs immoraux, mais aussi des ennemis de la vérité, à laquelle ils résistent quand elle se présente devant eux pour être acceptée; mais ils lui résistent en la copiant, ce qui est le comble de l’iniquité. Ils se posent en prophètes et en conducteurs comme Moïse, prétendant à la même puissance miraculeuse que lui, usant, pour se faire valoir, d’une puissance occulte de mensonge qui en impose aux personnes étrangères à la vie de Dieu. Ils se revêtent ainsi de la robe du prophète pour «résister à la vérité» et la rendre de nul effet sur les âmes. C’est, quant à l’enseignement, la seconde grande ruse de Satan dans cette épître. Au chap. 2:18, il s’agissait de doctrines qui renversaient la foi en dépouillant le chrétien du ciel et en le rabaissant à la jouissance perpétuelle de la vie terrestre. Ici nous rencontrons une opposition ouverte à la vérité, par l’assimilation de la puissance mensongère de Satan à la puissance de Dieu. L’adversaire imite la forme extérieure de la chose divine, tout en cachant sous des dehors mensongers un manque absolu de réalité. Dans l’œuvre des magiciens la puissance manque complètement. C’est ainsi qu’ils peuvent changer leurs verges en serpents, mais celle de Moïse les engloutit; c’est ainsi qu’ils changent l’eau en sang, et font monter des grenouilles sur le pays d’Égypte, sans avoir ensuite la puissance de les supprimer. En outre ils ne peuvent produire ni moustiques, ni mouches venimeuses. La moindre création les trouve absolument impuissants. Alors ils disent: «c’est le doigt de Dieu» (8:19) et toute leur action s’arrête. Ces hommes sont «réprouvés quant à la foi»; il n’y a aucun espoir pour eux. Dieu les rejette; ils sont perdus: corrompus de mœurs, corrompus d’entendement, adversaires de la vérité.

Mais, dit l’apôtre: «ils n’iront pas plus avant». C’est ce qui eut lieu pour les devins. Ils durent reconnaître le doigt de Dieu, mais trop tard, et comme leur folie fut manifeste pour tous, par leur incapacité à créer ou à faire cesser aucune plaie, il en sera de même de ces faux docteurs corrompus. Il arrivera un temps où leur imposture sera connue et manifeste aux yeux de tous.

 

V. 10-13

Mais toi, tu as pleinement compris ma doctrine, ma conduite, mon but constant, ma foi, mon support, mon amour, ma patience, mes persécutions, mes souffrances, telles qu’elles me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystre, quelles persécutions j’ai endurées; — et le Seigneur m’a délivré de toutes. Et tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le christ Jésus seront persécutés, mais les hommes méchants et les imposteurs iront de mal en pis, séduisant et étant séduits.

Après avoir fait ce sombre tableau du mal, l’apôtre s’adresse au fidèle Timothée. Mais toi, lui dit-il; il répète ce mot trois fois (3:10, 14; 4:5). L’apôtre fait ainsi ressortir le contraste entre la part du vrai disciple et celle de ces réprouvés. Quelle heureuse condition que celle de ce fidèle témoin! Dieu lui-même lui rend témoignage, par la bouche de l’apôtre, qu’il a pleinement compris ce qui lui a été enseigné et a suivi l’exemple donné par Paul. Nous voici de nouveau en présence d’une liste, liste d’une vie selon Dieu, d’un service et d’un témoignage qui Lui sont agréables. Nous parcourons la liste précédente pour nous en détourner avec horreur et celle-ci, pour l’imiter fidèlement: «Tu as pleinement compris!» (voyez 1 Tim. 4:6, où le même mot est traduit: comprise). Quel beau et encourageant témoignage rendu à Timothée! Non seulement il avait compris, mais, tel est le sens: pleinement compris et suivi ce que l’apôtre avait enseigné, et la conduite de Paul en rapport avec son enseignement.

Et d’abord, quelle était sa doctrine? Comme en Gal. 2:20, la fin du vieil homme et une vie nouvelle en Christ. C’est particulièrement de cette doctrine qu’il parle ici, comme offrant le contraste le plus absolu avec tout ce qui précède dans ce chapitre. Aussi sa conduite en découlait entièrement. Il marchait dans le jugement complet du vieil homme et dans la puissance du nouvel homme. Son but constant était de vivre Christ et de l’atteindre, comme but céleste. Sa foi s’élevait au-dessus des difficultés, son support ou sa constance (Col. 1:11) les lui faisait traverser et endurer, son amour dominait tout le reste et l’étreignait dans le service de l’Évangile parce que c’était l’amour de Christ. — Mais il y avait encore autre chose, dont toute cette épître nous rend témoignage. L’apôtre avait traversé des persécutions et des souffrances de toute espèce et dans ces souffrances pour l’Évangile il avait montré la patience qui endure tout. À Antioche de Pisidie, lui et Barnabas avaient subi la persécution (Actes 13:50): À Iconium, ils avaient manqué d’être lapidés, ayant Juifs et nations contre eux (Actes 14); à Lystre, Paul avait été positivement lapidé (Actes 14:19). Chose frappante! À la fin de sa carrière il revoit ses premières étapes, tristes souvenirs pour d’autres, bienheureux souvenirs pour lui, parce que, dès les premiers pas de son ministère auprès des nations, il avait souffert pour Christ et n’avait jamais interrompu cette carrière, — mais, dit-il, «le Seigneur m’a délivré de toutes» ces épreuves. S’Il ne lui avait jamais manqué au début, lui manquerait-il à la fin? Telle était, par excellence, la ressource de l’apôtre. Dans ce mot triomphant se trouve le secret de sa force. Il n’attend rien de lui-même, rien des circonstances, rien des hommes. La Toute-Puissance du Seigneur, en grâce, lui suffit. Au reste, «tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le christ Jésus, seront persécutés».

La vraie piété, en contraste avec la forme de piété du vers. 5, s’attache au Seigneur Jésus qui en est le seul ressort et le seul objet. Or il est impossible que cette vraie piété évite le mépris et la haine du monde et nous pouvons souvent nous demander avec humiliation si c’est à cela que nous expose habituellement notre témoignage.

Les hommes décrits au commencement de ce chapitre: «les méchants et les imposteurs» iront de mal en pis. L’apôtre les a montrés comme séduisant les femmes, comme séduits eux-mêmes par elles, comme résistant au bien et croissant dans cette opposition mêlée de tromperies. Le mal croîtra de plus en plus dans ces deux sens, et cela à la veille même du jugement. Il en est de même au chap. 2:16: les discours vains et profanes conduisent toujours plus avant dans l’impiété. Tel est le rôle que joue l’absence de piété dans toute la vie de l’homme; on y progresse de plus en plus; tandis que la vraie piété qui a trouvé son centre, son bonheur et sa joie dans le Seigneur, ne rencontre ici-bas que persécutions, mais reçoit ici-bas aussi cent fois autant que tout ce qu’elle a perdu pour Lui, et, dans le siècle qui vient, la vie éternelle (Marc 10:28-30).

 

V. 14-15

Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l’enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le christ Jésus.

Au v. 10, Paul encourageait Timothée en lui exprimant sa satisfaction de voir qu’il avait compris et suivi exactement l’exemple que l’apôtre lui avait donné. Quelle joie et quelle consolation pour celui-ci de voir son cher enfant suivre le même chemin de fidélité, d’abnégation, de souffrances, de témoignage que son père dans la foi. Ici, au v. 14, l’apôtre exhorte Timothée à demeurer dans les choses qu’il a apprises, en opposition directe avec les méchants qui ne restent pas stationnaires, mais vont de mal en pis. Quand il s’agit de la vérité divine, il n’y a aucun développement à atteindre; elle reste immuable. Nous pouvons y croître en connaissance, mais elle-même a son caractère absolu d’éternité; il nous suffit d’y demeurer. C’est une position acquise. Ces choses, Timothée les avait jadis apprises devant plusieurs témoins et était capable de les présenter à d’autres. Il était en opposition absolue avec ceux qui «apprennent toujours», car il avait été «pleinement convaincu» de ces choses. Il savait «de qui il les avait apprises». Ces mots sont de toute importance. Timothée les avait reçues directement de la bouche de l’apôtre inspiré. De même nous les recevons directement des écrits inspirés de ce même apôtre. Ce n’est pas que Dieu ne nous enseigne pas par ses serviteurs non inspirés, mais nous sommes tenus de contrôler leur enseignement par la Parole elle-même et, si nous ne le faisons pas, nous devenons facilement la proie de doctrines erronées que nous aurions évitées si, au lieu de mettre notre confiance dans l’homme qui nous les présente, nous les avions passées au crible de la Parole.

Mais Dieu n’avait pas seulement eu soin de mettre Timothée en rapport avec le porteur inspiré de sa parole; il l’avait, dès l’enfance, nourri des «saintes lettres» (Jean 7:15). Ces saintes lettres sont tout le contenu de l’Ancien Testament. Comme cela nous est montré dans les Proverbes (4:1-9), il pouvait y puiser la sagesse à salut, c’est-à-dire être préservé, sauvé des innombrables pièges placés sur les pas du croyant, dans ces temps périlleux de la fin. Dans ce but il faut que les choses apprises dans la Parole aient été reçues par la foi. Christ est l’objet de la piété (v. 12) comme il est l’objet de la foi (v. 15). Ce dernier verset s’appuie sur l’Ancien Testament tel qu’un enfant peut le lire et affirme qu’il est suffisant pour rendre sage à salut celui qui entre en contact avec lui par la foi qui est dans le christ Jésus.

 

V. 16-17

Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre.

Mais, s’il y a ces moyens employés et ordonnés de Dieu, tels que l’éducation chrétienne, le contact avec les serviteurs de Dieu, la connaissance des saintes lettres, c’est-à-dire de la Bible, pour préparer dès l’enfance l’homme de Dieu à son service, la ressource suprême pour toute sa vie et toujours plus urgente, à mesure que se dessine davantage la décadence et la ruine, c’est l’Écriture, toute l’Écriture. Timothée avait saisi par la foi la vérité qui a Christ pour objet. Les Écritures qui contiennent cette vérité pouvaient lui fournir tous les éléments de son ministère en le rendant accompli pour toute bonne œuvre.

Notez que le terme employé ici n’est pas «la Parole», mais l’Écriture. Cette remarque réduit à néant la subtilité rationaliste, que la Parole est contenue dans les Écritures, et que c’est la Parole et non pas l’Écriture qui est inspirée. Or, dans la Parole elle-même ce terme l’Écriture ou les Écritures a la même portée, la même valeur, le même sens, la même puissance, la même inspiration divine que cet autre terme: la Parole, ou la parole de Dieu. Citons Rom. 3:10; 4:3; 10:11; Luc 24:27, 45, 46; Jean 5:47; 6:45; 10:35; enfin 2 Pierre 3:16. Ce dernier passage, comme celui que nous considérons en ce moment, envisage spécialement les Écritures au point de vue de la pleine révélation du Nouveau Testament. Paul lui-même qualifie ses propres écrits d’écrits prophétiques (Rom. 16:26).

Au v. 16, l’apôtre commence donc par établir l’inspiration divine de toute Écriture1, et nous avons vu ce que la Parole elle-même entend par ce mot. L’apôtre ne nous présente pas ici le rôle de l’Écriture inspirée pour apporter la lumière divine dans l’âme, pour convaincre de péché, pour faire connaître le salut à des pécheurs perdus; — il fait ressortir la Ressource suprême et absolue que l’Écriture offre à «l’homme de Dieu» — en un temps où l’Assemblée, maison de Dieu, est en ruine — pour être parfaitement accompli, en sorte qu’il glorifie Dieu dans toute sa marche.

1 Nous ne tenons aucun compte de l’effort des rationalistes pour prouver que ce passage qui les condamne d’une manière si absolue ne signifie pas que toute l’Écriture soit inspirée parce que le mot «est» manque dans le premier membre de la phrase et qu’il faut traduire «Toute écriture inspirée de Dieu est utile». Or il n’y a pas plus de «est» dans le second membre de la phrase que dans le premier.

Détaillons maintenant ce qui nous est présenté dans ce passage. D’abord il n’y a pas une seule partie de l’Écriture (toute) qui ne soit utile. Ensuite elle est utile pour quoi? 1° Pour enseigner, c’est-à-dire pour établir la doctrine dans l’esprit de celui qui est mis en rapport avec la Parole. 2° Pour convaincre, c’est-à-dire pour parler à la conscience et l’atteindre, en sorte que le croyant ait une base ferme pour ses rapports avec Dieu. 3° Pour corriger: l’Écriture exerce une discipline éducatrice comme cela nous est montré d’une manière si frappante dans les Proverbes. 4° Pour instruire dans la justice. Nous retrouvons ici de nouveau le grand sujet des Proverbes. Il s’agit de nous faire connaître et suivre un chemin dont le péché soit exclu, une marche à l’abri de chutes, et caractérisée par la justice pratique ici-bas.

Dans le dernier verset nous trouvons les conséquences de l’enseignement des Écritures pour l’homme de Dieu, c’est-à-dire pour le croyant appelé à représenter Dieu dans ce monde1. Ces conséquences sont qu’il sera «accompli et entièrement accompli (ou formé) pour toute bonne œuvre». Avant de les appliquer aux autres, l’homme de Dieu commence par s’appliquer à lui-même les enseignements de la Parole; or c’est une vérité capitale pour l’exercice de son ministère. Sans cette application individuelle aucun effet ne peut être produit. La Parole nous forme pour que nous soyons le modèle et la présentation vivante (1 Tim. 1:16) de ses résultats, quand nous sommes appelés à en exercer le ministère.

1 Voyez: Étude sur 1 Timothée, chap. 6:11.

Telle est la suprême ressource en des temps fâcheux, et remarquons-le bien, c’est avec elle que proprement cette épître se termine. Le dernier chapitre développera encore les formes du mal chez ceux qui auraient dû assister l’apôtre, les exhortations à Timothée de se maintenir comme témoin fidèle, la manière dont l’apôtre envisage la fin de son propre témoignage, mais il ne nous parle plus de Ressources depuis qu’il a établi la Ressource suprême dans les versets 16 à 17 de ce chapitre.