2 Timothée

Chapitre 2

V. 1-2

Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le christ Jésus; et les choses que tu as entendues de moi devant plusieurs témoins, commets-les à des hommes fidèles qui soient capables d’instruire aussi les autres.

À mesure que nous avançons dans cette étude nous constatons toujours plus que, dans l’état de ruine de l’Église responsable, le témoignage est surtout individuel. De là découle l’exhortation, plus souvent répétée que partout ailleurs, de se fortifier et de prendre courage. L’activité dans le service ne pouvait s’exercer efficacement que si Timothée «se fortifiait dans la grâce», c’est-à-dire s’il y croissait en y puisant des forces. Cette grâce «étant dans le Christ Jésus», il ne pouvait y croître qu’en connaissant toujours mieux sa personne adorable. Or cette connaissance de Sa personne était elle-même à la base de l’activité de Timothée pour former des serviteurs utiles dans l’œuvre. Son devoir n’était pas la surveillance de l’ordre dans la maison de Dieu, comme dans la première épître. L’histoire de l’Église nous apprend que la ruine s’étant précipitée de plus en plus, après le départ du dernier apôtre, on crut remédier par des défenses légales au relâchement général; mais ici rien de semblable: il fallait se fortifier dans la grâce. Elle est le plus sûr moyen de résister à l’envahissement du mal, car, pour la connaître, il faut connaître Christ qui en est la source et la plus parfaite expression. «La grâce et la vérité», est-il dit en Jean 1, «vinrent par Jésus Christ». Or nous verrons, dans le courant de ces chapitres, qu’il est tout aussi important, en un temps de déclin, de maintenir la vérité, que de s’appuyer sur la grâce (voyez 2:16, 18, 25), car c’est à la «vérité» que l’Adversaire s’attaquera toujours (3:7, 8; 4:4).

Une ressource capitale est ainsi indiquée au serviteur de Christ pour le temps de la fin. Ce ne sont plus des charges dans l’Église, que seuls les apôtres et leurs délégués étaient en droit et tenus d’établir afin de maintenir l’ordre, mais la parole de Dieu se trouve être pleinement suffisante pour atteindre ce but. Les choses que Timothée avait entendues de l’apôtre, il devait les commettre à des hommes fidèles; ceux-là, bien instruits dans la Parole, seraient capables d’instruire aussi les autres. Timothée lui-même, comme intermédiaire, n’étant pas inspiré pour les communiquer, avait besoin de contrôle dans son enseignement, aussi est-il dit: «Les choses que tu as entendues de moi devant plusieurs témoins». C’était une garantie qu’il n’altérait en rien les paroles de l’apôtre. Ces choses nous les avons maintenant dans la Parole écrite qui, comme nous l’avons vu plus haut, n’était pas encore complétée et avait besoin d’une transmission orale pour être communiquée. Cette nécessité, pour le serviteur de Dieu, de transmettre à d’autres l’enseignement divin subsiste encore aujourd’hui quoique les conditions où ce ministère s’exerce soient différentes; mais, nous le demandons, y a-t-il là la moindre analogie avec un clergé officiel et des écoles de théologie?

 

V. 3-6

Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ. Nul homme qui va à la guerre ne s’embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé pour la guerre; de même si quelqu’un combat dans la lice, il n’est pas couronné s’il n’a pas combattu selon les lois; il faut que le laboureur travaille premièrement, pour qu’il jouisse des fruits.

L’activité à laquelle le fidèle disciple était appelé n’était pas exempte de souffrance. De là cette exhortation nouvelle. Timothée devait prendre sa part des souffrances. Il devait les considérer non seulement comme une nécessité, mais comme un privilège. Déjà mentionnées deux fois au chapitre précédent, les souffrances le sont encore trois fois dans notre chapitre. Timothée avait un motif d’y participer volontairement s’il voulait être «un bon soldat de Jésus Christ». Un tel soldat qui entre au service du chef d’armée et a été enrôlé par lui, ne s’embarrassera jamais dans les affaires de la vie. Il ne traînera pas après lui un bagage inutile et ne se laissera pas arrêter par les obstacles en apparence les plus légitimes. Il appartient désormais à son chef et n’a qu’une pensée: de «plaire à celui qui l’a enrôlé». Tel doit être, en effet, notre premier but: lui plaire, à Lui qui a acquis tout droit sur nous en nous prenant à son service. Ce dernier n’est pas l’accomplissement d’un devoir légal, mais un service de dépendance et d’affection. Le bon soldat est représenté ici comme n’ayant d’autre but que l’approbation du chef vénéré qu’il désire satisfaire et dont il reconnaît les droits sur lui. Ce n’est pas encore le combat, car c’est au capitaine seul d’en déterminer le moment, mais il s’agit des relations de dépendance et d’amour entre le soldat et son chef, sans lesquelles il n’y a pas de victoire possible et qui doivent céder la place à toute autre affection. C’est là ce que la Parole appelle un bon soldat.

L’apôtre donne à Timothée un autre exemple de ce que doit être l’activité dans le service. C’est le combat dans la lice, dont nous avons déjà parlé en 1 Tim. 6:12. Qu’il s’agisse de la course ou de la lutte, il faut que les pensées soient fixées sur un seul objet, le but à atteindre, le prix à remporter. Ce n’est pas la récompense proprement dite, mais la victoire qui est l’objet de l’effort. Ce but à atteindre c’est un Christ céleste (Phil. 3:12-14). Il s’agit d’être couronné. Mais cela ne peut avoir lieu que si toute propre volonté est exclue. Il y a des lois, des règlements à observer, et nous ne devons pas nous en écarter, ni fixer nous-mêmes la forme et la manière de notre lutte. Tout ce qui s’écarte de ces lois nous disqualifie pour obtenir le prix. Nous perdrions ainsi la proclamation publique d’avoir atteint le but.

L’apôtre nous donne ensuite comme troisième exemple celui du laboureur. La première condition pour ce dernier est le travail; il ne cherche pas à s’épargner les efforts ou la peine. La jouissance des fruits n’aura jamais lieu pour ceux qui se sont adonnés à la paresse spirituelle. Christ lui-même, notre modèle, sera rassasié du fruit du travail de son âme.

Nous avons ainsi trois puissants motifs pour prendre notre part des souffrances comme serviteurs de Christ: le désir de lui être agréable, dépendant d’une vraie et profonde affection pour lui; le but à atteindre, et la jouissance éternelle des fruits de notre travail. Puissions-nous jusqu’au bout faire preuve d’un cœur libre de toute entrave dans un joyeux service, dans l’obéissance aux règles que le Seigneur nous a prescrites, dans la patience à obtenir enfin le fruit de notre travail!

 

V. 7

Considère ce que je dis; car le Seigneur te donnera de l’intelligence en toutes choses.

Timothée devait considérer toutes ces choses pour lui-même, après les avoir enseignées à d’autres, et Paul exprime sa confiance dans le Seigneur qui lui donnera de l’intelligence sur toutes les choses qui lui sont présentées. Cette intelligence est donnée, comme nous allons le voir, à celui qui a le Seigneur pour objet. Quelque confiance qu’il ait dans son disciple, l’apôtre n’a pas confiance dans l’intelligence de celui-ci, mais dans le Seigneur qui la donne. Il dit: «En toutes choses», car tout se tient dans la marche et le témoignage chrétiens. Il faut l’intelligence de la Parole pour honorer le Seigneur dans la vie pratique; il faut la réalisation de la vie pratique pour comprendre les enseignements de la parole de Dieu.

 

V. 8-10

Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, de la semence de David, selon mon évangile, dans lequel j’endure des souffrances jusqu’à être lié de chaînes comme un malfaiteur; toutefois la parole de Dieu n’est pas liée. C’est pourquoi j’endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le christ Jésus, avec la gloire éternelle.

L’apôtre vient d’affirmer que le Seigneur donnera à Timothée de l’intelligence en toutes choses. Il montre ici ce qui est à la base de toute intelligence. C’est de «se souvenir de Jésus Christ». En Lui se concentrent toutes les pensées, toute la sagesse de Dieu. Les deux caractères de Christ, mentionnés ici, et dont Timothée doit se souvenir, sont un Christ ressuscité d’entre les morts et un Christ de la semence de David. Ces deux caractères étaient le sujet de l’Évangile de Paul et résumaient, de fait, la Bible tout entière.

Comme Fils de David, le Seigneur accomplit les promesses de Dieu, premièrement à son peuple, ensuite aux nations, enfin à l’Église en ce qui concerne sa part au règne de Christ sur la terre, car c’est à l’Église qu’il dit: «Moi, je suis la racine et la postérité de David» (Apoc. 22). C’est dans le vrai Isaac, la racine de David, que les nations seront bénies, et dans le vrai Salomon, la postérité de David, que sera établi le règne de sagesse, de justice et de paix, le règne millénaire de Christ. La racine de David, remontant à Abraham, nous parle de la grâce. David lui-même, sorti de cette racine, est le roi de grâce. La postérité de David, représentée par Salomon, nous parle de justice, de paix, de puissance et de gloire, en rapport avec l’établissement du royaume de Christ et avec le règne de son Épouse, la nouvelle Jérusalem, sur la terre. Ainsi l’Évangile de l’apôtre n’était pas étranger à toutes les promesses de Dieu quant à l’établissement futur du règne de Christ ici-bas.

Mais il est un caractère de Christ plus important que celui-là, dont Timothée devait se souvenir tout d’abord: aussi est-il placé au premier rang devant ses yeux. L’Évangile de Paul était basé sur un Christ ressuscité d’entre les morts. La résurrection, vérité capitale du christianisme, était le point de départ de tout le ministère de l’apôtre. Comme la semence de David ouvrait une perspective sur toutes les bénédictions terrestres, la résurrection l’ouvrait sur le ciel, les relations célestes avec le Père et avec le Fils, la jouissance éternelle de la gloire. Mais l’apôtre ajoute: «ressuscité d’entre les morts». La résurrection ne pouvait avoir lieu sans la mort qui a mis fin à tout l’ancien état de choses introduit par le péché. Sans la mort, aucun salut, aucune délivrance ne sont possibles, mais, d’autre part, sans la résurrection, Christ serait mort en vain. C’est la résurrection qui a introduit le glorieux état de choses nouveau. C’est par la résurrection, comme nous l’avons vu au chap. 1:10, que Christ a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’Évangile. La résurrection est la grande, l’incommensurable vérité de l’Évangile, si grande, que Paul était prêt à tout endurer pour annoncer cet Évangile au monde entier, à être considéré et traité comme un malfaiteur, pourvu qu’il en fût le messager.

Or Satan avait déployé toutes ses ruses et toute sa puissance pour entraver cette bonne nouvelle et la rendre inefficace. Quel meilleur moyen pouvait-il avoir, que d’en annuler le porteur? Il pouvait réussir à lier ce dernier, mais la Parole, sortant de sa prison, ne pouvait être liée comme lui. La chaîne de l’apôtre était le moyen merveilleux entre les mains de Dieu pour répandre sa Parole dans le monde entier et depuis lors elle a continué à obéir à l’impulsion que Dieu lui a donnée.

Pour faire connaître cet Évangile et manifester les élus de Dieu, l’apôtre endurait tout. Aucune souffrance n’était trop grande à son estimation, pour que les élus fussent participants du salut qui est dans le Christ Jésus, c’est-à-dire de la délivrance du joug de Satan, de la justification par la foi, de l’introduction dans la faveur de Dieu comme ses enfants bien-aimés, et enfin de la gloire! Avec quel sentiment de la valeur de celle-ci, l’apôtre s’écrie: la gloire éternelle! Rien de passager dans ces bénédictions que la grâce nous à acquises. Elles sont établies pour l’éternité!

 

V. 11-13

Cette parole est certaine; car si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui; si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui; si nous le renions, lui aussi nous reniera; si nous sommes incrédules, lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même.

«Cette parole est certaine». Combien de fois ne la rencontrons-nous pas dans la première épître à Timothée et dans celle à Tite? «Cette parole est certaine et véritable» affirme les vérités évangéliques; la phrase que nous avons ici, affirme la vérité chrétienne. Elle est l’affirmation d’un avenir parfaitement assuré pour le chrétien, par le fait de son association avec Christ dans sa mort et dans la participation à ses souffrances ici-bas. D’un côté, les choses annoncées dans l’Évangile nous sont aussi entièrement assurées qu’à Christ lui-même. Il est mort et ressuscité (v. 8); si nous sommes morts avec lui, ayant accepté par la foi le jugement exécuté sur nous en un Christ mort, nous partageons aussi sa vie puisque ce même Christ est ressuscité. C’est ce qui fait dire à l’apôtre: «Je suis crucifié avec Christ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi». (Gal. 2:20). Mais le passage que nous considérons va plus loin que cela; il considère notre vie avec lui, notre gloire avec lui, notre règne avec lui, comme une chose future, mais aussi certaine, aussi immuable pour nous, qu’elle l’est pour lui.

«Si nous souffrons» (ou endurons), et l’on voit au v. 10 pour qui l’apôtre souffrait: Il endurait pour Christ, pour l’Évangile, pour les élus — il y aura une réponse pour tous ceux qui suivront le même chemin de dévouement; ils régneront avec Lui.

Au vers. 13 l’apôtre présente la contrepartie de cette glorieuse perspective: «Si nous le renions», dit-il, «lui aussi nous reniera». S’Il ne faisait pas cela il renierait son caractère de justice et l’immutabilité de sa propre nature. Il est de toute importance de maintenir ce principe dans toute sa rigueur. Il est énoncé dans cette épître où, comme nous le verrons, la maison de Dieu a pris l’aspect d’une grande maison, composée d’éléments vivants et d’éléments qui n’ont que l’apparence de vivre. Ces éléments forment un tout, extérieurement reconnu de Dieu, ce qui oblige l’apôtre à dire: «Si nous le renions, lui aussi nous reniera». Le renier, c’est déclarer expressément ne pas le connaître, et c’est vers quoi tend rapidement la chrétienté actuelle. Ce sont ceux-là que le Seigneur reniera. «En vérité», dira-t-il, «je ne vous connais pas». (Matt. 25:12). Il les reniera; leur sort sera fixé pour toujours; il appartient à l’immutabilité de sa nature qu’il en soit ainsi.

Mais n’oublions pas que cette formule absolue n’épargne nullement un enfant de Dieu, comme le cas de l’apôtre Pierre nous l’enseigne. Le Seigneur avait dit: «Celui qui m’aura renié devant les hommes sera renié devant les anges de Dieu» (Luc 12:9). Pierre le renie trois fois, et certes c’est un reniement absolu. Il avait été averti et désormais il n’y a plus de remède pour lui... et cependant il en reste encore un: la grâce souveraine qui avait choisi ce pauvre disciple et qui s’élève au-dessus du jugement. Comment y faire appel? Les pleurs amers de la repentance y ont fait appel chez Pierre quand déjà l’intercession de l’Avocat l’avait devancé. Dès lors la restauration était possible et nous savons comment elle eut lieu. Combien de tels faits doivent nous rendre sérieux et nous faire marcher dans la crainte continuelle de Lui déplaire!

Ensuite nous trouvons encore une affirmation. «Si nous sommes incrédules (ou plutôt infidèles), lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même». Christ est aussi immuablement fidèle qu’il est immuablement juste. S’il a affaire à l’infidélité, au manque de foi chez ceux qui font profession de lui appartenir, reniera-t-il son propre caractère en les rejetant? Non, lui demeure fidèle, sa promesse, basée sur la grâce, ne peut nous faire défaut. Sans doute, elle ne traite pas légèrement nos infidélités. Nous nous sommes souillés en les commettant et nous avons à être purifiés par la confession. Alors nous trouvons le Dieu des promesses qui ne peut rien changer à sa fidélité envers nous puisque c’est à Christ qu’Il a fait ces promesses pour nous. Bien plus, s’il était juste envers nous il nous condamnerait, mais il est juste envers Christ, et par là même sa fidélité et sa justice s’accordent pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité, afin que notre communion avec lui soit rétablie (1 Jean 1:9). Seulement notre infidélité amène nécessairement la confession et qui dit confession dit humiliation pour retrouver la précieuse communion perdue. Ainsi, d’un côté Christ est conséquent avec lui-même en reniant celui qui le renie et, de l’autre, en demeurant fidèle à son caractère de grâce.

 

V. 14-18

Remets ces choses en mémoire, protestant devant le Seigneur qu’on n’ait pas de disputes de mots, ce qui est sans aucun profit, et pour la subversion des auditeurs. Étudie-toi à te présenter approuvé à Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte, exposant justement la parole de la vérité; mais évite les discours vains et profanes, car ceux qui s’y livrent iront plus avant dans l’impiété, et leur parole rongera comme une gangrène, desquels sont Hyménée et Philète qui se sont écartés de la vérité, disant que la résurrection a déjà eu lieu, et qui renversent la foi de quelques-uns.

«Remets ces choses en mémoire». C’est la seconde recommandation de l’apôtre à Timothée au sujet de sa mission. Nous trouvons la première au commencement de ce chapitre. Il fallait d’abord que Timothée s’appliquât à ce que la Parole pût être communiquée à d’autres et tout serviteur de Dieu, appelé à enseigner, doit aussi avoir à cœur cela. Ensuite il devait «remettre en mémoire» ce dont lui-même avait à se souvenir (v. 8), c’est-à-dire toute l’étendue de l’Évangile, édifié sur la mort et la résurrection de Christ, et tout l’accomplissement des promesses de Dieu en Lui. S’il était exhorté à sonder ces choses pour lui-même, et à endurer les souffrances de l’Évangile qu’il prêchait, comme l’apôtre les endurait lui-même, il lui fallait rappeler ces choses à ceux qui les avaient reçues une fois, mais étaient en danger de les perdre dans des disputes stériles. Timothée avait à protester contre ces résultats d’une période de décadence où les vérités salutaires étaient abandonnées pour des disputes de mots, telles qu’elles ont eu lieu dans le monde chrétien après le départ des apôtres. Hélas! aujourd’hui le mal a terriblement empiré et tout nous annonce que la venue de l’homme de péché et l’apostasie finale ne tarderont pas à se produire. Cependant, actuellement encore, les disputes de mots sont fréquentes chez des chrétiens qui se sont laissé gagner par la mondanité, et manquant de la piété et du ressort moral nécessaires pour tenir tête et protester contre cette tournure donnée au christianisme et à son enseignement, non seulement ils exercent un ministère qui est sans aucun profit pour les âmes mises en rapport avec lui, mais ils vont plus loin et renversent moralement ceux qui les écoutent.

L’activité de Timothée devait offrir un contraste absolu avec celle de ces soi-disant docteurs et nous avons ici un beau tableau du ministère chrétien dans une période de déclin. Grâce à Dieu, s’il est rare de le rencontrer, il n’en existe pas moins. Le premier caractère auquel on peut le reconnaître, c’est le soin qu’il a de chercher l’approbation de Dieu, l’approbation des hommes ne jouant aucun rôle dans l’activité d’un vrai serviteur. Sachant qu’il a l’approbation de son Maître, un tel serviteur marche indépendant des hommes, ne pensant pas à lui-même, mais, conscient que son Dieu est avec lui, il n’a d’autre arme entre les mains que la parole de la vérité. Mais encore cette parole doit-elle être «exposée justement», ou, plus littéralement, «découpée droit». Souvent les pires hérésies sont tirées de quelque doctrine scripturaire sortie de sa place, de quelque vérité qui n’est pas présentée dans son équilibre avec d’autres et l’on peut même dire que toutes les sectes de la chrétienté ont ce faux principe pour origine.

Les versets 16 à 18 vont nous le prouver. Timothée devait éviter les discours vains et profanes. Il ne devait pas entrer en contact avec eux, car lui n’était nullement en danger de les partager; mais il avait à avertir ceux qui s’y livraient et qui, au lieu de se laisser ramener de leur mauvaise voie, se plongeraient plus avant dans l’impiété et seraient par leur parole une gangrène rongeante, une cause de mort pour l’âme de ceux auxquels ils s’adressaient. Hyménée et Philète (souvent les faux docteurs vont deux à deux: 1 Tim. 1:20; 2 Tim. 3:8, se soutiennent l’un l’autre dans l’impiété et se rendent ainsi d’autant plus dangereux) étaient dans ce cas. S’appuyant, sans doute, sur la vérité que nous sommes ressuscités avec Christ, ils enseignaient que la résurrection avait eu lieu. Le chrétien n’avait pas, en conséquence, à attendre une résurrection de son corps qui l’introduirait dans le ciel. Il était appelé à trouver son Paradis ici-bas. De plus, par le fait de sa résurrection, il était introduit dans un état de perfection sur la terre. Beaucoup de fausses doctrines étaient comprises dans celle-là et nous les voyons pulluler de nos jours. La foi de quelques-uns était renversée et la gangrène menaçait de s’étendre d’une manière générale. Par ces fausses doctrines Satan cherche à ravir aux enfants de Dieu leur caractère céleste. C’est ainsi qu’en 1 Cor. 15:12, la doctrine qu’il n’y a pas de résurrection des morts nous garde sur la terre et a pour conséquence que Christ n’est pas ressuscité. La vérité fondamentale du christianisme est ainsi attaquée et réduite à néant. C’est ainsi encore que Satan, qui n’avait pas réussi à lier la parole, cherchait à la détruire par les faux docteurs. De nos jours, ce mal mortel s’étend de plus en plus, ajoutant aux sectes de nouvelles sectes, corrompant toujours plus ce qui est déjà si fortement ébranlé. Heureux ceux qui, au milieu de ce désordre, évitent d’écouter de tels discours et restent dans la simplicité de la foi et d’une doctrine saine enseignée par l’Esprit de Dieu!1

1 On a supposé que l’Hyménée dont il est ici question est le même que celui de 1 Tim. 1:20 et que, livré à Satan, au lieu de se repentir, il serait allé plus avant dans l’impiété, mais cette supposition est sans fondement certain.

 

V. 19

Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau: Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et: Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur.

Ces doctrines qui renversent la foi n’atteignent encore, dans cette épître, que quelques-uns. Le temps viendra, comme nous le verrons au chap. 3, où la chrétienté professante tout entière sera entraînée par ce courant et il semble que nous approchons de cette dernière période qui sera établie et régnera pour un temps dès que le Seigneur aura enlevé son Église. En attendant, le chrétien a des ressources parfaitement suffisantes à mesure que le mal grandit et s’étend, et il a en outre le moyen d’échapper à son influence tout en maintenant intact le témoignage du Seigneur.

«Toutefois le solide fondement de Dieu demeure». Oui, il demeure vis-à-vis de la puissance du mal, déchaîné par Satan pour renverser la foi. Rien ne peut renverser, ni même ébranler ce fondement. Il est muni d’un sceau, qui, semblable à une médaille, a son endroit et son revers. Sur l’endroit est reproduite la pensée de Dieu et comme son image; sur le revers la responsabilité de l’homme, tenu de correspondre à cette pensée.

Le «solide fondement» est en contraste avec l’édifice confié à la responsabilité de l’homme et dont l’apôtre avait mis tant de sagesse à poser la base. De son vivant même, cet édifice se lézardait et menaçait ruine. C’était déjà la même vérité que David proclamait quant à l’avenir de la maison d’Israël. «Si les fondements sont détruits», dit-il, «que fera le juste?» La réponse est la même qu’ici: «L’Éternel est dans le palais de sa sainteté, l’Éternel a son trône dans les cieux; ses yeux voient, ses paupières sondent les fils des hommes. L’Éternel sonde le juste et le méchant» (Ps. 11:3-5). Dieu distingue entre les justes et les méchants; son œil repose sur les premiers. «Sa face regarde l’homme droit» (v. 7). «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens». Pas un ne sera perdu; ses desseins sont garantis sûrement; rien ne pourra les changer ni les altérer. Ce qui trouble notre vue c’est la profession chrétienne, donnant l’illusion de la vie, mais peut-elle troubler la vue de Celui qui sonde les cœurs et les reins? Nous pouvons nous y laisser tromper, Dieu pas. Il sait même découvrir l’or parmi les scories ou le faire sortir dans son éclat en le mettant au creuset. Jamais ce que Dieu a fondé ne peut être renversé! Assurance heureuse pour nos âmes, quand, devant l’ébranlement graduel mais rapide de l’édifice, même un Timothée serait en danger de perdre courage et de se demander: Que restera-t-il, à la fin, de la maison de Dieu? Ce qui restera, c’est tout ce que Dieu lui-même a fondé! Lui ne change pas; le palais de sa sainteté où il habite, ne peut être détruit. Ce fondement demeure, parce qu’étant divin il est immuable et que Celui qui l’a posé, Dieu, est immuable lui-même. Dieu a scellé ce fondement, personne ne pourra jamais l’ébranler. Sur ce sceau vous voyez d’un côté ce que Dieu est à l’égard des siens: Il les connaît car ils sont édifiés par Lui. Dans ce que les hommes ont bâti, tout peut être renversé ou brûlé; mais ce que Dieu a bâti demeure. Ici nous nous trouvons donc à la fois devant l’Assemblée telle que Dieu la bâtit et devant l’Assemblée responsable et ébranlable en tant que confiée à l’homme. Combien il est important, en présence de la confusion que les hommes ont faite entre ces deux choses, d’en comprendre la différence et de s’attacher à ce que Dieu a établi, à ce que Dieu reconnaît, à ce qu’aucune force humaine ou satanique ne peut réussir à détruire!

Mais cela n’annule en rien la responsabilité de l’homme, ni de ceux qui ont été édifiés sur le fondement divin. Voici ce qu’on trouve au revers du sceau: «Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur». Les professants peuvent être de deux sortes. Ils peuvent appartenir au cortège des vierges sages ou à celui des vierges folles. Pour appartenir au Seigneur, la profession est aussi indispensable que la foi: «Si tu confesses de ta bouche Jésus comme Seigneur et que tu croies dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé». (Rom. 10:9). Mais, pour faire partie du solide fondement, cette profession doit avoir un caractère que la profession sans vie n’a jamais: Se retirer du mal, quand on prononce le nom du Seigneur comme lui appartenant, quand on déclare le reconnaître et porter son nom dans ce monde. Il y a une séparation qui distingue la profession vivante de la profession extérieure et vaine. Il faut SE RETIRER. Il n’est question en cela, ni de ne pas tenir compte du mal, ni de l’excuser, et encore moins de le corriger. C’est ce dernier parti qu’adoptent des chrétiens, dépourvus d’une vraie conscience, qui restent liés aux doctrines corrompues de la chrétienté, sentant fort bien que c’est un terrain souillé, mais qui voudraient (du moins les plus consciencieux d’entre eux) garder au moins, comme Lot, quelque poussière de cette terre réprouvée à la semelle de leurs chaussures. Mais, se retirer de l’iniquité, c’est n’en rien emporter avec soi; c’est la laisser entièrement derrière soi. Le cas d’Abram avec son père a montré que même les liens les plus approuvés sont une entrave, quand Dieu a dit: Retire-toi.

Le croyant a là un devoir individuel qui restera toujours tel. La responsabilité de la séparation de l’iniquité n’est pas collective; chaque conscience individuelle doit être d’abord à l’œuvre et c’est alors qu’un témoignage collectif peut se former. Mais, direz-vous, qu’est-ce donc que l’iniquité (idakia) dont il faut se retirer? C’est tout ce qui s’écarte de la vérité (v. 18) et se met en contradiction avec le caractère de notre Dieu. La sainteté et la justice pratiques, consistent à n’avoir aucune communion avec ces choses. Au revers du sceau, la responsabilité chrétienne est donc laissée en son entier. Nous devons nous retirer de tout mal, mais en particulier dans ce passage, des fausses doctrines reçues dans la profession chrétienne, et qui caractérisent aujourd’hui la maison de Dieu, devenue une grande maison.

Au milieu de la confusion qui existe, le croyant est heureux de tout laisser entre les mains du Seigneur. Il n’a ni à s’angoisser, ni à vouloir modifier l’état de choses existant dans la chrétienté, car la ruine est irrémédiable, mais chacun est tenu individuellement de se retirer de l’iniquité. Seulement il faut prendre garde que l’on peut se retirer de deux manières; soit de l’iniquité, soit du terrain de Dieu. La mondanité conduit à la seconde possibilité et cette séparation ne peut être que la non-séparation de l’iniquité, car à ceux-là, Dieu déclare: «Si quelqu’un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui» (Héb. 10:38).

 

V. 20-21

Or, dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre; et les uns à honneur, les autres à déshonneur. Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre.

L’apôtre ne se borne pas à engager ceux dont la profession se joint à la foi à marcher individuellement dans un chemin de séparation du mal; il exhorte les croyants à se purifier des vases à déshonneur qui se trouvent, hélas! dans la maison même où Dieu habite par son Esprit. Cette maison de Dieu, primitivement édifiée comme l’Assemblée du Dieu vivant, colonne et soutien de la vérité, était devenue dès lors une grande maison. Primitivement restreinte, elle ne contenait d’abord que des vases précieux, mais à mesure qu’elle s’agrandit elle contint côte à côte des vases d’or et d’argent, des vases de bois et de terre. Telle est actuellement la condition de la maison de Dieu: à côté de vases à honneur, elle en contient à déshonneur. Ce triste changement consiste avant tout en ce qu’elle s’est mise en opposition avec le caractère de Dieu qu’elle était appelée à maintenir; c’est pourquoi il est tant insisté dans ces chapitres sur l’abandon de la vérité. En effet, dans les versets précédents, nous avons vu que ces vases à déshonneur sont avant tout de faux docteurs. Chacun doit se purifier de ceux-ci, car il s’agit en tout cela, et aussi au chap. 3:5, de l’activité individuelle et de la purification du croyant.

Remarquez que l’apôtre ne dit pas de se retirer de la maison, mais de l’iniquité; qu’ensuite il ne dit pas de se purifier de la maison en en sortant, mais de se purifier des vases à déshonneur en n’ayant aucune communion avec eux. Ce n’est qu’en se séparant de ceux qui souillent la maison par un enseignement antiscripturaire, que nous serons approuvés de Dieu et capables de le servir. C’est ainsi que Paul agit à Éphèse en séparant les disciples (Actes 19:9). Cet acte de se purifier des vases à déshonneur rend ceux qui l’accomplissent capables d’être des vases à honneur, car la valeur du vase aux yeux de Dieu consiste en ces deux choses: «se retirer» et «se purifier» pour Lui. En agissant ainsi on est un vase à honneur, sanctifié, mis à part pour Dieu; utile au Maître, propre à son service, car c’est par la purification que doit commencer la carrière d’un serviteur utile; préparé pour toute bonne œuvre. En effet, le terrain où les bonnes œuvres peuvent fleurir pour Dieu est un terrain de séparation. Ceci est de toute importance: il n’y a de puissance dans le service, il n’y a d’œuvres agréées de Dieu, qu’en conséquence du fait que l’on se purifie en refusant toute communion avec les vases à déshonneur qui souillent la maison de Dieu.

Tout ce que nous venons de voir est la conséquence de la recommandation adressée à Timothée au v. 15. Il devait s’étudier à se présenter dans son ouvrage comme approuvé de Dieu et défenseur de la vérité. Ce que Dieu avait fondé demeurait à toujours, mais aussi la responsabilité du serviteur demeurait invariable; il devait se purifier des mauvais ouvriers.

 

V. 22-23

Mais fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur; mais évite les questions folles et insensées, sachant qu’elles engendrent des contestations.

Les choses énumérées plus haut ne suffisaient pas. Timothée devait exercer une surveillance rigoureuse sur toutes les tendances de son propre cœur. Il s’agit ici de les fuir. Le cœur des jeunes gens est enclin aux convoitises de leur âge; mais ici l’apôtre parle, me semble-t-il, de cette partie de la famille de Dieu à laquelle appartenait Timothée et qui n’est ni les pères, ni les petits enfants, mais les jeunes gens appelés à entrer, avec la puissance de la parole de Dieu dans le combat contre Satan (1 Jean 2:14-17).

Or ce combat et cette victoire peuvent être compromis et même réduits à néant par les convoitises, appelées ici les convoitises de la jeunesse, qui nous ramènent au monde. Ce sont «la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie». Or le chrétien ne doit fuir le mal que pour être à même de poursuivre le bien. Quel beau tableau d’un croyant, en chemin pour atteindre à la stature de l’homme fait! Ayant fui le mal qui le sollicite, il peut s’occuper tout entier à poursuivre des choses excellentes: la justice pratique qui renie le péché, la foi qui s’attache à la personne de Christ; l’amour embrassant tous ceux qui sont nés de Dieu; la paix, c’est-à-dire un cœur qui s’est approprié l’œuvre de Christ de manière à n’avoir plus aucune question entre Dieu et lui, un cœur qui apporte la paix et la répand autour de lui.

Dans ce chemin le croyant ne se trouvera jamais seul; il ne tardera pas à rencontrer, dans cette «grande maison» dont il n’est pas appelé à sortir, environné de vases à déshonneur dont il est appelé à se purifier — car le chrétien ne peut, en même temps, honorer le Seigneur dans sa marche et marcher avec ceux qui le déshonorent — il rencontrera, dis-je, des âmes qui poursuivent les mêmes objets que lui et avec lesquelles il pourra se réunir pour invoquer ensemble le Seigneur d’un cœur pur. Nous trouvons au Ps. 51, vers. 9 et 12, ce qu’est un cœur pur et comment un cœur le devient; au Ps. 32, vers. 2, 5, ce qu’est une conscience pure et comment on l’acquiert. Or avec ceux qui n’invoquent pas le Seigneur par les lèvres d’une vaine profession, mais que leur foi met en rapport avec les réalités éternelles; avec ceux qui ont le Seigneur seul et sa gloire pour but et pour motif, le croyant trouvera des bénédictions compensant toutes les souffrances que lui occasionnent les ruines dont il est témoin. Ses ressources seront tout aussi précieuses que si la ruine n’existait pas; son témoignage, tout aussi agréable à Dieu qu’aux temps les plus bénis de l’Église. C’est pourquoi la Parole a soin de nous montrer à quels signes un chrétien fidèle peut être reconnu, dans un temps comme celui que nous traversons et que cette épître nous décrit: Là où l’incrédulité et la corruption dominent, il se sépare. En rapport avec les individus, il se purifie; avec les convoitises, il les fuit; avec le bien, il le poursuit; avec les croyants, il les recherche, se joint à eux, et rend culte à Dieu avec eux. Au commencement il n’était point besoin de recommander cela; c’était ainsi que tous les croyants invoquaient ensemble le Seigneur. Maintenant tout était changé; pour réaliser le culte, le croyant était obligé de se purifier des vases à déshonneur et de se retirer de l’iniquité.

 

V. 23-26

Mais évite les questions folles et insensées, sachant qu’elles engendrent des contestations. Et il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il soit doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support; enseignant avec douceur les opposants, attendant si Dieu, peut-être, ne leur donnera pas la repentance pour reconnaître la vérité, et s’ils ne se réveilleront pas du piège du diable, par qui ils ont été pris, pour faire Sa volonté.

Au v. 16, Timothée devait éviter dans son ministère les discours vains et profanes qui caractérisent les temps de déclin dans la maison de Dieu, car c’est par eux que Satan réussit à renverser la foi. Nous trouvons ici un second danger par lequel l’Ennemi réussit à introduire le désordre dans la maison de Dieu. Ce n’est pas que Timothée risquât de s’y laisser entraîner lui-même, mais il devait éviter de se trouver sur leur chemin et d’avoir aucun contact avec ceux qui soulevaient des «questions folles et insensées», lesquelles n’étaient pas autre chose que le produit d’esprits adonnés à leur propre sens et suivant, dans leurs opinions, leur propre volonté, au lieu d’être soumis à celle de Dieu. De tels discours sont non seulement stériles, mais engendrent des contestations dans lesquelles le caractère de l’esclave de Dieu est compromis et c’est un des résultats auxquels tend l’effort de l’ennemi pour jeter du discrédit sur la vérité. Or l’esclave du Seigneur doit se garder de ce piège et il ne le pourra qu’en suivant journellement le modèle d’un vrai serviteur dont son Maître lui a donné l’exemple. Ce service se montre ici surtout dans l’enseignement, caractère spécial du don de Timothée. Sans ces traits moraux, l’enseignement ne sera d’aucun effet. Ils sont avant tout la douceur envers tous, même envers les opposants, vis-à-vis desquels il pourrait être tenté d’user de son autorité. Il faut en même temps que sa capacité d’enseigner s’affirme par son enseignement même, car l’Ennemi triompherait s’il réussissait à lui fermer la bouche. Il doit avoir du support. Un docteur selon Dieu sortirait facilement des bornes quand il se trouve devant une opposition qu’il sait injustifiée et contraire à la volonté de Dieu. Il doit encore profiter de l’opposition même pour redresser avec douceur les vues erronées des opposants. Quel beau tableau et qu’il est difficile de le réaliser quand on est appelé du Seigneur à l’enseignement de la Parole! Mais, en suivant ce chemin, toute contestation pourra être évitée.

«Attendant..». Nous gâtons souvent notre œuvre auprès des âmes, parce que, ayant la conscience que nous présentons la vérité, nous voulons les obliger à la recevoir, ce qui n’est en somme qu’un acte de propre volonté. Ces fonctions exigent beaucoup de patience, de dépendance. Il faut laisser Dieu agir. Nous ne savons ni si, ni quand (de là l’expression: «peut-être») il agira dans le cœur des adversaires pour y produire la repentance, car alors leur volonté soumise ne s’opposera plus à la vérité. Avec la repentance on se réveille, on ouvre les yeux pour voir le piège du diable dans lequel on était pris, et l’on rentre dans le chemin de Dieu et dans l’obéissance à Sa volonté. En 1 Tim. 3:7, le chrétien lui même, s’il est nouveau converti, est en danger de tomber dans ce piège; ici, il y est tombé et s’y est endormi de telle manière qu’il s’est opposé à la vérité et à la volonté de Dieu présentée par un de ses serviteurs.