2 Samuel

Chapitre 22

Le cantique de la délivrance

Nous voici arrivés à la délivrance définitive de David. Tous ses ennemis, dont Saül faisait partie (v. 1), ont disparu. Ce cantique qui prendrait place, historiquement, au commencement du chap. 7 (v. 1), est placé ici, parce que le dernier des adversaires de David et de son peuple vient d’être anéanti (21:21), et que, dès lors, cette puissance hostile ne relèvera plus la tête. De fait, ces paroles que nous retrouvons au Ps. 18, n’ont pu être prononcées à cette occasion, car elles mentionnent un temps où David n’était pas sous la discipline, mais avait été, par grâce, préservé de chute au milieu des poursuites de son cruel ennemi. Mais, même en ces temps de force et de sainteté qui avaient caractérisé la première période de sa carrière, jamais David, comme nous le verrons, n’aurait pu s’appliquer toutes les paroles de ce Psaume. David était prophète; ses chants prophétiques sortaient de ses expériences personnelles, mais ils n’auraient pas été prophétiques, s’ils n’avaient pas eu Christ pour objet. Dans ses expériences, David est un reflet de Christ et c’est un immense privilège, mais ce reflet n’est que la lumière affaiblie, une reproduction atténuée du modèle parfait.

Ce Ps. 18 se divise en trois parties.

La première (v. 1-19), célèbre la délivrance de la main de Saül: «Il me délivra de mon puissant ennemi» (v. 18). Cette délivrance rappelle celle d’Israël, sauvé de la poursuite du Pharaon, à travers la mer Rouge: «Les lits de la mer parurent, les fondements du monde furent mis à découvert, quand l’Éternel les tançait par le souffle du vent de ses narines. D’en haut, il étendit sa main; il me prit, il me tira des grandes eaux» (v. 16, 17). Cependant ce tableau ne correspond exactement, ni à la délivrance de David, ni à celle d’Israël hors d’Égypte. Il s’agit d’un temps futur et prophétique. C’est la délivrance du résidu de la fin, quand Dieu interviendra ouvertement et visiblement en sa faveur (v. 8-15). Il sera amené aux portes du sépulcre, et alors Dieu se montrera pour lui, et en un instant dispersera ses ennemis. Avant cette délivrance le résidu apprendra que son Messie, le fils de David, a traversé seul ces angoisses et les a portées, s’associant ainsi à la détresse future de son peuple, afin de pouvoir le délivrer. David n’a pu réaliser qu’en une faible mesure ces paroles, qui nous font penser aux angoisses de Gethsémané: «Les vagues de la mort m’ont environné, les torrents de Bélial m’ont fait peur; les cordeaux du shéol m’ont entouré, les filets de la mort m’ont surpris» (v. 5, 6).

La seconde partie du Psaume (v. 20-30) est encore plus frappante, sous ce rapport, que la première. La cause de la délivrance de David est que Dieu prend plaisir en son oint, selon toute la perfection du caractère de ce dernier. Or, pas même avant sa chute, et combien moins après, le caractère de David n’a correspondu exactement à ces versets: «Et il me fit sortir au large, il me délivra, parce qu’il prenait son plaisir en moi. L’Éternel m’a récompensé selon ma justice, il m’a rendu selon la pureté de mes mains; car j’ai gardé les voies de l’Éternel, et je ne me suis point méchamment détourné de mon Dieu; car toutes ses ordonnances ont été devant moi; et de ses statuts, je ne me suis pas écarté; et j’ai été parfait envers lui, et je me suis gardé de mon iniquité. Et l’Éternel m’a rendu selon ma justice, selon ma pureté devant ses yeux. Avec celui qui use de grâce, tu uses de grâce; avec l’homme parfait, tu te montres parfait; avec celui qui est pur, tu te montres pur; et avec le pervers, tu es roide» (v. 20-27). C’est d’un autre que lui, qu’il célèbre la perfection: «L’Éternel m’a rendu selon ma justice, selon ma pureté devant ses yeux». Christ seul pouvait donner un motif à son Père pour l’aimer et pour le sauver — mais son salut est devenu celui de son peuple (v. 28).

Dans la troisième partie du Psaume (v. 31-51), David célèbre ce que Dieu avait fait pour lui. Dieu lui a répondu en le délivrant «des débats de son peuple» (ce qui correspond dans l’histoire de David, à 2 Sam. 20), et en le faisant «chef des nations» qu’ils avaient subjuguées (v. 44). Les fils d’Ammon, les Philistins, les Syriens, Édom, ont dû se courber sous son joug. Mais comme tout cela nous parle d’un plus grand que David! Il sort de l’épreuve pour être déclaré roi d’Israël et chef des nations. «Les fils de l’étranger» se soumettent à lui en dissimulant (v. 45). Dieu lui donne des vengeances et amène les peuples sous lui (v. 48). Il s’élève au-dessus de ceux qui s’élèvent contre lui (v. 49; conf. Ps. 2:2, 6).

Néanmoins David pouvait célébrer ces choses avec un cœur plein de reconnaissance. La grâce reposait alors sur lui, à cause de l’intégrité et de la perfection de sa conduite. Il était au bout du chemin des difficultés, et ce chemin était celui de la marche avec Dieu. Il célébrait avec un cœur tranquille et joyeux la délivrance que la grâce accorde à la fidélité. Du côté de David, tout est joie, liberté, puissance, actions de grâces; du côté de Dieu, tout est faveur et grâce.

Qu’allons-nous trouver dans le chapitre suivant, où il est question de la responsabilité du roi?