2 Samuel

Chapitre 13

Amnon

L’âme de David est restaurée, sa conscience purifiée, son cœur humilié; — malgré cela, il faut que les voies du gouvernement de Dieu à son égard aient leur cours. Ce que Nathan a prédit: «L’épée ne s’éloignera pas de ta maison, à jamais... je susciterai de ta propre maison un mal contre toi... je ferai cette chose-là devant tout Israël et devant le soleil», tout cela doit infailliblement s’accomplir: David en subira la nécessité, avec un cœur brisé.

Les choses rapportées dans ce chapitre sont odieuses. C’était «une infamie en Israël» (v. 12, 13). La parole de Dieu les relate, parce qu’elle est «la vérité», et nous dépeint l’homme tel qu’il est, dans toute sa laideur, pour nous faire horreur de sa corruption. Ces faits affreux d’immoralité et de violence sont le fait de deux fils de David, Amnon et Absalom, aussi éloignés de Dieu l’un que l’autre. Un ami, parent et conseiller, Jonadab, se trouve là pour pousser Amnon dans le bourbier (v. 4, 5); ce même homme connaîtra plus tard le complot d’Absalom sans s’y opposer (v. 32).

Combien sont courtes et vaines les délices du péché! À peine a-t-on trempé ses lèvres dans la coupe, que déjà l’on en goûte l’intolérable amertume! «Amnon haït Tamar d’une très grande haine, car la haine dont il la haït était plus grande que l’amour dont il l’avait aimée» (v. 15). Il a immédiatement horreur de cette pauvre victime involontaire de son acte infâme. Il juge tout, excepté lui-même. Absalom, violent et fourbe, se venge par le fratricide du déshonneur de sa sœur.

Cependant, chez David restauré, une chose me frappe, comme étant d’une application plus générale. Il manque d’un certain discernement spirituel qui n’était pas dans son caractère avant sa chute. Déjà tout était en règle entre son âme et Dieu quand, au chap. 12:26-31, il était allé faire le siège de Rabba. Le jugement des fils d’Amnon était juste et selon les pensées de Dieu, mais il semble que David mêle ses impressions personnelles, soit à la victoire, soit à la vengeance. Son sens spirituel n’a plus le ressort d’autrefois. Il prend la couronne du roi et la met sur sa tête, tandis que jadis (ch. 8:11; conf. 1 Chron. 20:2) il avait consacré à l’Éternel tous les trésors des nations. Il exerce sur le peuple une vengeance cruelle, dont 1 Chron. 20:3, qui nous présente le roi selon les conseils de Dieu, omet au moins une partie. Jamais en d’autres temps David n’avait fait de telles choses.

Mais il y a plus. Dans notre chapitre 13, toutes les intentions bienveillantes de David, ses désirs de concorde entre ses enfants, tournent contre lui. Il agit involontairement en sens inverse de ce qu’il faudrait. Ainsi c’est lui qui, au v. 7, envoie Tamar dans la maison d’Amnon. Plus tard, quand Absalom mûrit la pensée du meurtre, David cherche d’abord à résister, pensant que, s’il cède à la prière de son fils, il pourrait en résulter du mal; mais il cède, envoyant, pour sauvegarder Amnon, ses autres fils avec lui. Tout cela ne dénote peut-être pas un jugement spirituel bien affiné.

Le v. 39 nous apprend en outre que le méchant Absalom était le fils du cœur de David. «Le roi David languissait d’aller vers Absalom, car il était consolé à l’égard d’Amnon, parce qu’il était mort». Dans le chapitre suivant, David se laisse facilement persuader de faire rentrer Absalom à Jérusalem, et cette décision est la cause immédiate de tous les désastres qui surviennent ensuite. Sans doute, Dieu accomplit par là ses desseins, mais tous ces faits nous offrent une sérieuse instruction. Quand un croyant est tombé en se livrant à sa propre volonté, son âme, même restaurée, a perdu un certain ressort spirituel; s’il lui est arrivé de mépriser ou de considérer comme peu importante la communion avec le Seigneur et qu’il l’ait perdue, il lui faut un certain temps pour retrouver l’intelligence spirituelle qui accompagne cette communion. C’est comme si la chute avait amené chez le croyant un arrêt de croissance spirituelle.

Toute âme qui s’expose à la discipline du Seigneur et à celle de l’Assemblée, en donne fréquemment l’exemple. Elle peut être restaurée, retrouver la communion de Dieu et des saints; une force secrète a fui sous l’action du péché, et peut-être ne la retrouvera-t-elle jamais.

Que Dieu nous donne d’estimer sa communion comme une chose très précieuse, si précieuse que nous soyons jaloux de ne pas la perdre, ainsi que la force et le discernement qui l’accompagnent.