2 Samuel

Chapitre 8

Nouvelles victoires

Après le chapitre 7 qui est, au moral, le point culminant de toute l’histoire de David, le chap. 8 relate une série de victoires. Les victoires de notre chapitre ont pour point de départ la communion de David avec son Dieu, comme celles du chap. 5 étaient le fruit de sa dépendance et de son obéissance. Quand nous sommes en communion avec Lui, Dieu n’a pas besoin de nous discipliner, comme il le fit dans le cas d’Uzza. La communion nous permet de marcher en avant, certains d’être dans le chemin de Dieu, sans avoir besoin d’une instruction spéciale qui nous le fasse connaître, et nous pouvons réaliser cette parole: «Je t’instruirai, et je t’enseignerai le chemin où tu dois marcher; je te conseillerai, ayant mon œil sur toi». Notre chemin devient celui de Dieu, parce que nos pensées ne diffèrent pas des siennes. Aussi est-il dit à deux reprises dans ce chapitre: «L’Éternel sauvait David partout où il allait1» (v. 6, 14).

1 Il faut aussi remarquer que les victoires du chap. 5 suivent l’établissement de la royauté en Sion, et celles du chap. 8, l’établissement du trône de Dieu au même lieu. Dans le premier cas, Dieu revendique vis-à-vis des nations le caractère et la dignité de son oint, dans le second, sa propre gloire comme Dieu d’Israël. Les nations devront se courber sous cette double suprématie. Je ne doute pas que des événements pareils ne précèdent l’établissement définitif des bénédictions millénaires.

Comme le Seigneur à la fin, quand il jugera les nations, David leur applique diversement le jugement, soit selon le caractère de ses ennemis, soit suivant la façon dont ils se sont conduits envers son peuple.

Il frappe d’abord les Philistins et les subjugue (v. 1), en s’emparant de leur capitale MéthegAmma1, et ces ennemis jurés d’Israël sont privés par là de ce qui était le boulevard de leur force.

1 «Le frein de la capitale».

Moab est l’ennemi orgueilleux, s’élevant contre Dieu et contre son oint, le peuple cruel et sans pitié pour Israël. David en détruit les deux tiers, mais il fait grâce à un résidu auquel il conserve la vie: «Il en mesura... un plein cordeau pour les laisser vivre». «Ils devinrent serviteurs de David: ils lui apportèrent des présents» (v. 2).

De même les Syriens de Damas, venus au secours d’Hadadézer, roi de Tsoba, vaincus par la puissance de David, «devinrent ses serviteurs: ils lui apportèrent des présents» (v. 3-6).

Aux v. 13-14, Édom est entièrement subjugué. En 1 Chron. 18:12, c’est par la main d’Abishaï, frère de Joab; au Ps. 60, par Joab lui-même. Quels que soient les instruments employés, la victoire est attribuée ici à David. Édom est la seule de toutes les nations, renaissant à la fin pour le jugement, dont aucun «reste» ne sera conservé. Dieu le jugera sans merci pour la manière dont il s’est comporté vis-à-vis de son peuple, car il était le plus méchant et le plus ardent à le vouloir détruire. N’avait-il pas jadis «refusé de laisser passer Israël par ses limites» pour entrer en Canaan? (Nomb. 20:21). «Éternel!» dit le résidu affligé de Babylone, «souviens-toi des fils d’Édom, qui, dans la journée de Jérusalem, disaient: Rasez, rasez, jusqu’à ses fondements!» (Ps. 137:7). Le prophète Abdias, dont l’unique sujet est le jugement d’Édom, dit: «La maison de Jacob sera un feu, et la maison de Joseph, une flamme; et la maison d’Ésaü sera du chaume; et elles y mettront le feu et la dévoreront; et il n’y aura pas de reste de la maison d’Ésaü, car l’Éternel a parlé» (v. 18); tandis que toutes les autres nations conserveront un «reste». Ainsi s’accomplira à la fin cette parole terrible de l’Éternel: «J’ai haï Ésaü» (Mal. 1:3), car, dit Abdias, «l’Éternel a parlé».

Un autre événement a lieu, au v. 9 de notre chapitre. Tohi, roi de Hamath, apprenant que David avait frappé Hadadézer qui était continuellement en guerre avec lui, envoie au roi son fils Joram avec des vases d’argent, d’or et d’airain. Tohi reconnaît de sa libre et franche volonté la délivrance que Dieu a opérée par David et n’offre pas ses présents par contrainte (conf. v. 2, 6).

Tout ceci nous montre que les nations auront des caractères très divers au temps de la fin. Les unes seront brisées avec une verge de fer et forcées de se soumettre; d’autres se donneront l’apparence de la soumission, comme il est dit: «Les fils de l’étranger se sont soumis à moi en dissimulant» (Ps. 18:45; 2 Sam. 22:45); d’autres enfin, non pas comme un Tohi isolé, mais une grande foule que personne ne pourra dénombrer (Apoc. 7:9, 10), se soumettant au joug du Christ, accepteront sa victoire comme leur délivrance.

Tout le butin de la victoire sur l’ennemi (v. 11, 12), aussi bien que les offrandes volontaires de Tohi sont consacrés par David à l’Éternel. Il ne s’en attribue quoi que ce soit. À quoi ces richesses serviront-elles? 1 Chron. 18:7, 8, nous montre qu’elles furent apportées à Jérusalem et que, de la grande quantité d’airain, Salomon fit pour le temple de l’Éternel «la mer d’airain, et les colonnes, et les vases d’airain». Au chapitre 6, David avait donné au trône de l’Éternel la place qui lui était due dans le gouvernement du royaume. Dès lors, sa seule pensée c’est que le fruit de toutes ses victoires soit employé à orner l’habitation définitive et immuable de son Dieu au milieu d’Israël. Les victoires du chap. 5 avaient servi à l’affermissement du trône de David; celles du chap. 8, à la glorification du trône de Dieu qui siège entre les chérubins.

Deux ou trois Psaumes se rattachent, d’une manière spéciale, aux événements de ce chapitre. Il est intéressant de voir comment les chants prophétiques de David sont le fruit de ses expériences personnelles ou s’y relient, mais aussi comment ces expériences ne sont qu’un faible facteur dans le cours prophétique des événements, une image atténuée des souffrances de Christ et des gloires qui suivront.

Le Psaume 60, se rapportant à notre chapitre, nous prouverait, si cela était nécessaire, que ces événements ne sont pas simplement l’histoire de David, mais représentent en type l’établissement futur, sur la terre, du royaume de Christ.

La suscription de ce Psaume1 nous annonce qu’il est un «témoignage de David pour enseigner; quand il fit la guerre contre les Syriens de Naharaïm (Mésopotamie) et contre les Syriens de Tsoba, et que Joab revint et frappa les Édomites dans la vallée du Sel, au nombre de douze mille». Le début de ce Psaume est remarquable: «Ô Dieu! tu nous as rejetés, tu nous as dispersés, tu t’es irrité; ramène-nous. Tu as fait trembler la terre, tu l’as fendue: répare ses brèches, car elle chancelle. Tu as fait voir à ton peuple des choses dures, tu nous as donné à boire un vin d’étourdissement» (v. 1-3). Aucune circonstance du second livre de Samuel ne correspond à ces paroles, mais c’était bien là l’histoire d’Israël dans le premier livre. À la suite de son infidélité sous la sacrificature et sous la royauté de Saül, Israël avait, en effet, bu le vin d’étourdissement à la fin de ce livre; il le boira, bien plus mortel encore, sous l’Antichrist.

1 Le second livre des Psaumes, auquel appartient le Ps. 60, a trait aux circonstances futures du résidu quand il sera chassé de Jérusalem, et nous amène jusqu’à l’établissement du royaume de David et à la victoire sur les nations. Le Ps. 72 termine ce livre par le règne de Salomon établi sur son peuple comme roi de justice et de paix.

«Tu as donné une bannière à ceux qui te craignent, pour la déployer à cause de la vérité, afin que tes bien-aimés soient délivrés» (v. 4, 5). Quelle est cette bannière! C’est David, comme nous le voyons en Ésaïe 11:10. «Et, en ce jour-là il y aura une racine d’Isaï, se tenant là comme une bannière des peuples: les nations la rechercheront, et son repos sera gloire». Cette bénédiction n’est que partielle dans notre chapitre: elle aura son plein accomplissement en «Jéhovah-Nissi» (l’Éternel mon enseigne), en Christ, vraie racine d’Isaï, avant son établissement comme vrai Salomon dans son règne. Lui sera la bannière autour de laquelle Israël se rassemblera pour marcher de victoire en victoire. «Afin que tes bien-aimés soient délivrés»: en effet, ces victoires du vrai David seront la délivrance du résidu d’Israël.

(v. 6). «Dieu a parlé dans sa sainteté: je me réjouirai; je partagerai Sichem et je mesurerai la vallée de Succoth». Sichem, Succoth, nous rappellent le commencement de l’histoire d’Israël, dans la personne de Jacob, son père (Gen. 33:17-20). Ce sont les premiers endroits où il s’établit quand, après avoir erré en pays étranger, il rentre sur la terre de la promesse. Il en sera de même pour le résidu d’Israël, entourant le vrai David, et rentrant à sa suite en possession de son pays.

(v. 7). «Galaad est à moi, et Manassé est à moi, et Éphraïm est la force de ma tête; Juda est mon législateur». Toutes les tribus d’Israël reconnaîtront le vrai roi.

(v. 8). «Moab est le bassin où je me lave; sur Édom j’ai jeté ma sandale. Philistie, pousse des cris de triomphe à mon sujet!» Le Messie ayant été reconnu, les trois grands ennemis de notre chap. 8 sont subjugués; la Philistie reconnaît hautement la suprématie de l’oint de l’Éternel.

Aux v. 9-12, le résidu demande: «Qui me conduira dans la ville forte! Qui me mènera jusqu’en Édom?» et répond: «Ne sera-ce pas toi, ô Dieu, qui nous as rejetés et qui n’es pas sorti, ô Dieu, avec nos armées». Un plus grand que David, leur Messie, Dieu lui-même, sera là pour les conduire. Ce Psaume, provoqué par les expériences de David et les faits de son histoire, s’applique donc d’une manière positive à la personne du Seigneur Jésus.

Nous retrouvons ce même Ps. 60, en partie du moins, au Ps. 108:7-14, du cinquième livre. Les premiers versets (v. 1-5) sont empruntés au Ps. 57:7-11 du deuxième livre. Le Ps. 57 fut composé lors de la fuite de David devant Saül, dans la caverne. Aux v. 7 à 11, David se réjouit des résultats de la délivrance que l’Éternel a opérée en sa faveur. Il passe en quelque sorte du premier au second livre de Samuel et dit: «Mon cœur est affermi, ô Dieu! je chanterai et je psalmodierai... Éveille-toi, mon âme! Éveillez-vous, luth et harpe! Je m’éveillerai à l’aube du jour. Je te célébrerai parmi les peuples, ô Seigneur! je chanterai tes louanges parmi les peuplades; car ta bonté est grande par-dessus les cieux, et ta vérité atteint jusqu’aux unes. Élève-toi, ô Dieu! au-dessus des cieux; que ta gloire soit au-dessus de toute la terre».

Les vers. 6-13 du Ps. 108 sont les mêmes qu’au Ps. 60, mais la pensée y diffère de celle de ce dernier; c’est-à-dire que David remporte la victoire, afin que l’Éternel soit célébré parmi les nations et aussi que ses bien-aimés soient délivrés, tandis qu’au Ps. 60, il n’est question que de la délivrance de ses bien-aimés.

Les circonstances du cinquième livre des Psaumes, dont le Ps. 108 fait partie, sont le retour d’Israël dans son pays, non pas encore sous le règne de Salomon, type de Christ pendant le millénium, mais sous le règne de David, le roi de grâce, et en des temps troublés (comme en 2 Sam. 8) par l’apparition de l’Assyrien qui veut s’emparer de la terre d’Israël, à l’aube de la période millénaire. Lorsque tous les ennemis sont défaits et que le roi «a poussé, des cris de triomphe sur la Philistie» (conf. Ps. 60:10), le résidu demande qui le conduira jusqu’en Édom (vers. 10). Ésaïe 63:1-6, nous donne la réponse: «Qui est celui-ci qui vient d’Édom ...? J’ai été seul à fouler le pressoir, et d’entre les peuples pas un homme n’a été avec moi... Car le jour de la vengeance était dans mon cœur, et l’année de mes rachetés était venue... Et j’ai foulé les peuples dans ma colère».

Ce sera la dernière des victoires successives du Messie sur ses ennemis: tout seul, il les foulera aux pieds.

Combien il est intéressant de rapporter toute l’histoire de l’Ancien Testament à son antitype, et de ne pas s’en tenir aux enseignements moraux que l’on peut en tirer, car la Parole tout entière nous parle du Seigneur Jésus. C’est Lui qu’il nous faut y chercher avant tout. Si nous étudions la Parole avec prière, sous le regard du Seigneur, elle nous amène nécessairement à la connaissance de sa Personne. Nous avons besoin d’être occupés de Lui, avant tout. Alors la gloire de son royaume, sa victoire sur les nations, la reprise de ses relations avec son peuple, seront pour nous d’un immense intérêt, bien que ces choses ne nous concernent pas personnellement. Nous nous réjouirons à la pensée de le voir occuper la place qui lui est due, car l’Éternel établira ce règne de gloire sur la terre pour Celui qui a accompli l’œuvre merveilleuse de la rédemption, œuvre par laquelle Dieu a été pleinement glorifié, et nous a sauvés pour toujours.

Nous sommes arrivés ici à l’une des divisions du livre. Cette division est marquée par les v. 15 à 18 de notre chapitre. Nous les retrouverons avec quelques modifications, au chap. 20:23-26. Ces versets nous présentent l’ordre du règne de David, et le chap. 8 termine proprement l’histoire de l’établissement du roi comme type du Messie. Mais la présence de Joab à la tête de l’armée, l’exercice de la sacrificature par deux souverains sacrificateurs, nous prouvent que l’ordre définitif n’est pas encore fondé, comme il le sera sous le règne de Salomon.