2 Samuel

Chapitre 5

Chapitres 5 à 24 — Royauté sur Israël

V. 1-10 — La forteresse de Sion

Par esprit de vengeance contre Ish-Bosheth, Abner avait recommandé David aux onze tribus: «L’Éternel a parlé touchant David, disant: Par la main de David, mon serviteur, je délivrerai mon peuple Israël de la main des Philistins et de la main de tous ses ennemis» (3:18). Abner était, en un sens, le messager de l’Éternel pour ramener à son oint le cœur du peuple; mais il y avait un abîme entre ses fonctions et son état moral. Nous devons en tirer une instruction pour nous-mêmes. Dieu peut agir par un homme qui annonce des vérités selon Dieu alors que son cœur n’a aucun rapport avec Lui. Il convenait qu’Israël prêtât l’oreille aux paroles d’Abner, mais non qu’il s’attachât à sa personne. Lorsque nous écoutons ceux qui présentent la parole de Dieu, il nous faut prendre garde de distinguer la personne de ce qu’elle annonce, et de ne pas lui attribuer une importance qui n’appartient qu’aux Écritures; heureux si nous pouvons constater que la conduite de celui qui parle est conséquente avec sa doctrine et ne s’en sépare pas. Il en était ainsi de Timothée vis-à-vis de l’apôtre Paul; il avait pu comprendre et suivre sa doctrine, sa conduite (2 Tim. 3:10), tant ces deux choses étaient d’accord chez le grand apôtre des gentils. Il est bon d’insister sur ce point: le don est distinct de l’état moral. Lorsqu’un homme a un don, il est nécessaire qu’il se juge continuellement devant Dieu, afin de mettre son état moral en rapport avec ce qui lui est confié. S’il y a un grand danger pour les auditeurs à suivre l’homme à cause de son don, il y a un égal danger pour celui qui parle à agir sans que son cœur et sa marche soient en rapport avec les vérités qu’il présente.

De fait, les paroles d’Abner n’eurent aucun résultat réel pour le peuple, parce que l’Esprit de Dieu n’agissait pas dans les cœurs. Ils ne changèrent en rien leur conduite jusqu’à ce qu’Ish-Bosheth eût été supprimé et seulement, quand leur appui leur fut ôté, «toutes les tribus d’Israël vinrent vers David à Hébron» (v. 1).

L’état des tribus a ceci de remarquable qu’elles connaissaient et avaient toujours connu ce que Dieu pensait de David. Le peuple dit: «Autrefois, quand Saül était roi sur nous, c’était toi qui faisais sortir et faisais entrer Israël; et l’Éternel t’a dit: Tu paîtras mon peuple Israël, et tu seras prince sur Israël» (v. 2). Ils savaient cela parfaitement, mais cette connaissance n’exerçait aucune action sur leurs consciences. Le même phénomène se produit aujourd’hui parmi les chrétiens. La parole de Dieu leur est familière; ils connaissent les pensées de Dieu au sujet de son Fils et de son Église, mais ces vérités restent pour eux sans résultat pratique. Elles ne sont pas descendues dans leurs consciences. C’est là qu’il faut chercher la principale raison des divisions entre les enfants de Dieu. L’un suit une secte, l’autre une autre; l’un accepte telle doctrine, l’autre telle doctrine opposée; l’un se réclame d’un homme, l’autre d’un autre homme. Ces divergences proviennent moins de l’état de leur connaissance que de celui de leur conscience, et ils ne sentent pas la nécessité de marcher selon la vérité qu’ils connaissent.

Les trois premiers versets de notre chapitre nous montrent qu’une autre chose encore manquait à Israël. Ils n’avaient pas d’affection pour David; leur affection était pour Ish-Bosheth. Quand le cœur est du côté du monde, il ne peut être du côté de l’homme selon Dieu. Comment réunirait-on les chrétiens autour de Christ, quand leurs pensées sont aux choses de la terre et que la grâce et la beauté du Seigneur n’ont pas atteint leurs cœurs? Sa personne a peu de valeur pour un cœur partagé; il ne la recherche pas. Mais si les consciences sont atteintes, les cœurs le seront bientôt: «Voici, nous sommes ton os et ta chair» (v. 1). Maintenant ces Israélites proclament leur relation avec David; ils la connaissaient bien, mais ne la reconnaissaient pas comme un fait qui dominait tout le reste. Alors ils se ressouviennent tout à coup de ce que Dieu avait dit au sujet de son bien aimé. Quand l’Esprit commence à agir dans les âmes, la conscience parle, le cœur se porte vers Christ, et l’on est amené à reconnaître sa souveraineté et ses droits. «Ils oignirent David pour roi sur Israël» (v. 3). «David fait alliance avec eux à Hébron, devant l’Éternel», et par ce pacte il reconnaît Israël comme étant désormais son peuple.

Ce chapitre inaugure la seconde période du règne de David. Désormais il sera roi sur tout Israël à Jérusalem. Le Saint Esprit accentue cette distinction au vers. 5: «David régna à Hébron, sur Juda, sept ans et six mois; et à Jérusalem, il régna trente-trois ans sur tout Israël et Juda».

Il en sera de même du Christ: comme histoire typique de l’établissement de son règne, ce livre, commenté par la prophétie, est d’un intérêt particulier. Il ne s’agit pas, dans le second livre de Samuel, répétons-le, de la royauté établie; elle ne le sera qu’en Salomon; mais de l’établissement de la royauté en David, ce qui est autre chose. Nous trouvons donc ici les voies de Dieu pour fonder le trône de David, rassembler autour de lui les douze tribus, et lui soumettre les nations, en subjuguant ses ennemis.

David ayant été reconnu roi sur tout Israël, on voit se dérouler une série d’événements en rapport avec cette proclamation.

Le premier de ces événements est d’une importance capitale (v. 6-9). Souvent des faits d’une immense portée sont traités par la Parole en quelques versets. Nous ne pouvons mesurer à la longueur du récit la valeur que Dieu met à tel événement. Une courte parenthèse contient parfois une somme de vérités infinies, celle par exemple du premier chapitre aux Éphésiens qui déroule les conseils de Dieu à l’égard de Christ et de l’Église (Éph. 1:20-23). De même, les trois premiers versets d’Apoc. 21, nous font entrer dans toutes les gloires de l’éternité. De même encore, le Ps. 23 nous donne en six versets toute la vie, toute la conduite, toutes les expériences du croyant ici-bas, depuis la croix jusqu’à l’introduction dans la maison de l’Éternel. On multiplierait à l’infini ces exemples. Nous en trouvons un dans le passage qui nous occupe. Il traite de la prise de Jérusalem. C’est le début d’une manière d’agir toute nouvelle de la part de Dieu: c’est l’établissement de sa grâce dans la personne du roi, la puissance unie à la grâce pour accomplir les intentions de Dieu, lorsque, du côté de l’homme, tout a manqué.

Le livre des Juges et le premier livre de Samuel (sans parler des livres de Moïse) nous ont présenté cette dernière vérité, la ruine complète, entre les mains de l’homme, de tout ce que Dieu avait confié à sa responsabilité. Israël, placé sous la loi, était ruiné comme peuple, ruinés les juges, ruinée la sacrificature, ruinée la royauté selon la chair; tout cela terminé sans retour. En présence de toutes ces ruines, «qu’est-ce que Dieu a fait?» (Nombres 23:23). Sa grâce se manifeste quand la fin de l’histoire du peuple sous la loi est déjà manifestée; elle ne serait pas la grâce si elle ne s’occupait pas d’êtres déchus. Sa plénitude éclate, lorsque l’histoire du peuple responsable a abouti à une ruine irrémédiable. Dieu choisit le moment où la royauté selon son cœur est proclamée, pour occuper Jérusalem et la donner à David.

Quelle raison Dieu avait-il de s’intéresser à cet endroit plus qu’à un autre? Aucune, sinon d’avoir aimé cette ville qui était au pouvoir des Jébusiens, des ennemis de l’Éternel et de son Oint. Mais son cœur était attaché à ce lieu, car il voulait y établir définitivement le trône de sa grâce ici-bas. «L’Éternel a choisi Sion; il l’a désirée pour être son habitation: C’est ici mon repos à perpétuité; ici j’habiterai, car je l’ai désirée» (Ps. 132:13, 14). «La fondation qu’il a posée est dans les montagnes de sainteté. L’Éternel aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob» (Ps. 87:1, 2).

Voilà ce que Dieu dit de Sion: il l’aimait. Quand ses yeux parcouraient la terre, ils se sont arrêtés sur cette place spéciale pour en faire son habitation. «Pourquoi, montagnes à plusieurs sommets, regardez-vous avec jalousie la montagne que Dieu a désirée pour y habiter? Oui, l’Éternel y demeurera pour toujours» (Ps. 68:17). C’est donc l’endroit choisi de Dieu, le lieu de son bon plaisir, parce qu’il y introduit et établit son roi en grâce. N’est-ce pas là aussi que le Fils de David devait poser le fondement du salut éternel? Jésus, la racine de David, est le roi de grâce quand tout est ruiné, comme Jésus, la postérité de David, vrai Salomon, sera le roi de gloire.

La montagne de Sion offre le contraste le plus absolu avec celle de Sinaï. En Héb. 12:22, l’apôtre dit aux Juifs, affranchis de la loi et devenus chrétiens: «Vous êtes venus à la montagne de Sion, et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste». C’est un changement absolu dans les voies de Dieu envers Israël. Les versets 6 à 9 de notre chapitre 5, nous indiquent le moment historique où ce changement a eu lieu, où Dieu choisit une nouvelle montagne, en contraste avec Sinaï, pour y établir à jamais la forteresse de David. De fait, la chose n’a pu être réalisée alors pour Israël, à cause de l’infidélité du roi responsable, et il faudra que le peuple attende l’établissement du règne de Christ pour être introduit dans les bénédictions de cette nouvelle alliance. Pour nous, chrétiens, la chose a eu lieu. «Vous êtes venus à la montagne de Sion», dit l’apôtre. Aucune des exigences, ni des terreurs de Sinaï, n’existe plus pour ceux qui croient. Nous avons trouvé ici-bas la montagne de la grâce au lieu où fut érigée la croix de Christ, et notre pied s’est posé sur ce sûr fondement, premier échelon pour monter dans toutes les bénédictions célestes, depuis la «cité du Dieu vivant» jusqu’à «l’assemblée des premiers-nés, écrits dans les cieux». Toutes ces choses nous appartiennent maintenant; bientôt nous les posséderons dans la gloire.

Les divers passages de ce chapitre correspondent à d’autres passages du premier livre des Chroniques, qui nous donnent parfois des détails supplémentaires sur ces événements. La prise de Jérusalem y est relatée au chap. 11:4-9. Dans notre chapitre, les Jébusiens disent à David: «Tu n’entreras point ici mais les aveugles et les boiteux te repousseront» (v. 6). Ils comptaient si bien sur leurs murailles et sur leur forteresse imprenable, qu’ils ne jugeaient pas nécessaire d’employer des hommes valides pour repousser l’attaque du roi; les infirmes même, pensaient-ils, suffiraient amplement à cette tâche. «Mais David prit la forteresse de Sion» (v. 7). Pas un mot de plus; la chose a lieu, aussi simple que si elle n’avait rien coûté. En effet, cette victoire ne coûte rien à Dieu. C’est ainsi qu’il combattra toute l’inimitié de l’homme contre Lui et contre son Oint. Quelle divine ironie! «Rompons leurs liens, disaient-ils, et jetons loin de nous leurs cordes!» Dieu répond: «Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux, le Seigneur s’en moquera» (Ps. 2:4).

David se montre indigné de ces paroles outrageantes des Jébusiens, et son indignation est selon Dieu. Quand nous voyons le monde occuper le domaine de Dieu, tout en étant ennemi de Christ, nos cœurs, animés par le Saint Esprit, peuvent bien être remplis d’indignation. Nous pouvons désirer ardemment que le Seigneur ait finalement la place qui lui revient de droit, qu’il ne soit plus bafoué par un monde qui l’a rejeté et que son règne s’établisse sur la terre, après le jugement des vivants. Ce sentiment est légitime.

Mais nous trouvons un autre sentiment, moins avouable, dans le cœur de David. Il est, à côté du personnage typique, l’homme énergique auquel Dieu a confié la puissance. Son autorité est contestée; il est saisi d’une indignation humaine et ses paroles le prouvent (1 Chr. 11:6): «Quiconque frappera le premier les Jébusiens, sera chef et capitaine». Qu’arrive-t-il? «Joab, fils de Tseruïa, monta le premier, et fut chef». Joab, l’homme dont nous avons vu les ruses dès le commencement , Joab, dont David a reconnu la méchanceté, qu’il a stigmatisé devant tout le peuple du nom de «fils d’iniquité», sur la tête duquel il a invoqué le jugement de Dieu (3:28-30), qu’il a déclaré être «trop dur pour lui», Joab est l’homme auquel la parole de David fournit l’occasion d’être général en chef.

Le fait que Joab se trouve porté à la tête de l’armée, est un des plus fâcheux du règne de David, et nous constatons ici la faiblesse du roi. Une seule parole qui n’était pas dictée par le Saint Esprit et tendait à l’émulation de la chair, suffit pour porter de telles conséquences. Combien facilement l’homme abuse de la puissance que Dieu lui a confiée, pour s’en servir d’une manière indépendante! Ce fait devrait nous donner à réfléchir. Une parole selon la chair porte souvent des fruits plus pernicieux qu’une mauvaise action.

À la fin du vers. 8, nous lisons: «Les boiteux et les aveugles qui sont haïs de l’âme de David! ... C’est pourquoi on dit: L’aveugle et le boiteux n’entreront pas dans la maison». Qui parle ainsi? C’est David lui-même. Comme il diffère en cela de Christ! Le Seigneur Jésus, entrant dans ce monde, fait exactement le contraire: «Les aveugles recouvrent la vue et les boiteux marchent» (Matt. 11:5); il ne peut rencontrer un seul de ces déshérités sans que son amour et sa puissance s’accordent pour le guérir. Même dans le cas où sa colère, une colère divine, se donne cours, n’est-il pas merveilleux de la voir, ouvrant les écluses à sa grâce? «Jésus entra dans le temple de Dieu, et chassa dehors tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; et il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes; et il leur dit: Il est écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Et des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit» (Matt. 21:12-14). Sa colère et son indignation se montrent dans le zèle de la maison de Dieu qui le dévore (Ps. 69:10), mais il purifie sa maison, non pas pour empêcher, comme David, les aveugles et les boiteux d’y entrer, mais pour les y introduire en les guérissant. Nous en trouvons un second exemple dans la parabole du souper. Tous les invités se sont excusés de n’y pas venir. «Alors le maître de la maison, en colère, dit à son esclave: Va-t’en promptement dans les rues et dans les ruelles de la ville, et amène ici les pauvres, et les estropiés, et les aveugles, et les boiteux» (Luc 14:21). La colère du maître contre les invités a pour résultat de faire asseoir les aveugles et les boiteux à la table de son grand festin.

Il nous en est arrivé de même. L’indignation du maître envers ce peuple qui n’a pas voulu son appel de grâce, a ouvert la porte du souper des noces à de pauvres gentils, étrangers à ses promesses, incapables de le voir ou d’aller à Lui.

Tous ces faits nous prouvent combien il importe, pour une vraie intelligence de cette partie des Écritures, de maintenir la différence entre David homme et David type de Christ.

 

V. 10-25 — Victoires

L’établissement du trône sur la montagne de Sion a pour premier résultat de faire reconnaître David par les nations. «Hiram, roi de Tyr, envoya des messagers à David, et des bois de cèdre, et des charpentiers, et des tailleurs de pierre pour les murailles; et ils bâtirent une maison à David» (v. 11), car Hiram voulait contribuer, dans sa mesure, à l’éclat du règne qui commençait. Plus tard, sous Salomon, ce même Hiram travaille à l’édification du temple. Il joue, dans cette histoire, un rôle important comme représentant des nations amies qui viendront, de bonne volonté, se soumettre au règne du Messie.

L’histoire de David, type de Christ, continue à se dérouler dans ce chapitre. Parmi les nations, il y en aura qui ne reconnaîtront point sa suprématie et chercheront à secouer son joug. Les Philistins montent contre David; la révolte commence par l’ennemi du dedans qui occupe l’héritage du peuple. Nous verrons plus loin les nations situées sur les confins d’Israël, Moab et les fils d’Ammon, puis la Syrie et l’Assyrie, se révolter à leur tour. La victoire sur les nations, comme la soumission des tribus, a lieu d’une manière graduelle. La Philistie est subjuguée, et le Seigneur dira d’elle, par la bouche de David: «Sur la Philistie je pousserai des cris de triomphe» (Ps. 108:10), car il ne faut pas oublier — la prophétie est très explicite à ce sujet — que les anciens ennemis d’Israël, maintenant disparus en partie, renaîtront au temps de la fin, soit pour subir leur jugement définitif, soit pour avoir part, avec le peuple de Dieu, aux bénédictions millénaires. Les Philistins sont subjugués, leurs idoles anéanties.

En même temps que l’histoire de David, type du Messie, celle de David, roi responsable, continue aussi à se dérouler. Elle nous présente mainte faiblesse, nécessitant une discipline qui amène David à se juger lui-même, afin que, restauré, il retrouve la communion avec Dieu. Il nous est infiniment profitable d’apprendre à nous reconnaître dans cette histoire, et de comprendre les exigences de la sainteté de Dieu et ses voies envers nous.

La fin de ce chapitre nous donne une instruction particulière. Lorsque Hiram vient se soumettre au roi, il se passe un fait touchant et caractéristique. Un trait particulier du caractère de David est l’absence complète de confiance en lui-même; il était humble et avait gardé ce caractère depuis que Dieu l’avait «pris d’auprès des parcs des brebis». Tout en appréciant la faveur que Dieu lui faisait en lui donnant un trône glorieux, il n’avait pas une haute opinion de lui-même. «David connut que l’Éternel l’avait établi roi sur Israël, et qu’il avait élevé son royaume à cause de son peuple Israël» (v. 12); à cause, non pas de lui-même — il disparaît à ses propres yeux — mais à cause de son peuple Israël. Sachant que ce royaume, dont il est le chef, est élevé, parce que Dieu pensait à son peuple dont il avait en vue la bénédiction, il ne se place pas au-dessus du peuple pour le dominer, par la revendication de ses droits, mais au-dessous de lui, n’ayant en vue que son bonheur. Il voit la place qu’Israël possède dans le cœur de Dieu et reconnaît que Dieu a conduit toutes choses en vue de son peuple. Notre modèle parfait, le Seigneur Jésus, a acquis par ses souffrances une place dans la gloire, mais il l’a prise pour nous, son peuple, son Église bien-aimée. Ainsi le caractère de David, comme homme, répond à celui de Christ, ce qui devrait toujours être notre cas.

Mais voici que ce qui s’était produit à Hébron (3:2-5), se reproduit à Jérusalem (v. 13-16). Nous avons dit plus haut que les marques d’indépendance chez David, résultaient du fait qu’il était investi de l’autorité souveraine. Il emploie sa puissance pour lui-même et agit ainsi en opposition avec les pensées de Dieu (Deut. 17:17-19). David, outre ses raisons politiques et autres pour prendre un grand nombre de femmes, pouvait avoir oublié la défense de Dieu. Il n’aurait pas l’oublier: «Il arrivera», avait dit l’Éternel, «lorsqu’il sera assis sur le trône de son royaume, qu’il écrira pour lui, dans un livre, une copie de cette loi, faite d’après le livre qui est devant les sacrificateurs et les lévites. Et il l’aura auprès de lui; et il y lira tous les jours de sa vie». La plus grande partie de nos désobéissances provient de ce que nous ne restons pas en contact vivant et journalier avec la parole de Dieu. Suivre nos propres pensées en négligeant cette direction positive et absolue, c’est la désobéissance.

Deux choses doivent caractériser la marche de tout enfant de Dieu. La carrière de David, au premier livre de Samuel, illustre la première qui est la dépendance. Mais il est un second caractère auquel nous ne sommes pas habitués à donner l’importance du premier, c’est l’obéissance. La dépendance et l’obéissance ne devraient jamais être séparées chez l’enfant de Dieu.

Nous venons de voir David désobéissant, nous allons le voir dépendant, sans que, pour le moment, ce désaccord influe sur sa vie spirituelle. Mais si David est à l’école de Dieu, il apprendra à ne jamais dissocier à l’avenir ces deux caractères. À la fin de notre chapitre, Dieu l’oblige, pour ainsi dire, à les joindre l’un à l’autre et lorsque, plus tard, dans le chapitre suivant, manquant à cette obligation, il ne suit pas la volonté de Dieu, exprimée dans sa Parole, nous le voyons tomber sous la discipline.

Les Philistins montent contre David (v. 17-21); le roi l’apprend et descend dans la forteresse. Sa retraite était le lieu où Dieu voulait habiter. «David interrogea l’Éternel, disant: Monterai-je contre les Philistins? Les livreras-tu en ma main!» (v. 19). Le voici dépendant de Dieu, selon son habitude. S’agit-il de monter contre l’ennemi, il ne sait que faire; Dieu seul peut le savoir, et il s’adresse à Lui: «Que ferai-je?» immédiatement Dieu lui répond: «Monte, car certainement je livrerai les Philistins en ta main». David monte; une brèche est faite dans la digue que l’ennemi cherche à lui opposer, et David et son armée se répandent comme un torrent débordé qui engloutit les Philistins et leurs idoles. En 1 Chron. 14:11-22, nous voyons ce que le roi fit de ces idoles: «Ils laissèrent la leurs dieux, et David commanda qu’on les brûlât au feu». Ainsi seront détruites, à la fin, les idoles des nations (És. 2:18).

Mais tout n’est pas terminé; l’attaque de l’ennemi se renouvelle dans les conditions de la première, par le même peuple, de la même manière, au même endroit. David aurait pu se dire: Puisqu’il en est ainsi, j’agirai comme à la première attaque. Loin de là; il se fie entièrement à la direction de l’Éternel. Bien lui en prend, car l’Éternel lui donne, cette fois-ci, une tout autre réponse: «Tu ne monteras pas». Pourquoi donc, les circonstances de l’attaque étant les mêmes, Dieu indique-t-il à David une tout autre manière de combattre? «Tourne-les par derrière, et tu viendras contre eux vis-à-vis des mûriers; et aussitôt que tu entendras sur le sommet des mûriers un bruit de gens qui marchent, alors tu t’élanceras, car alors l’Éternel sera sorti devant toi, pour frapper l’armée des Philistins» (v. 23, 24). C’est que Dieu veut réunir, dans le cœur de son serviteur, ces deux choses qu’il avait de la tendance à séparer plus ou moins, comme nous l’avons vu dans ce qui précède. Il s’agissait pour David, non seulement de dépendre de Dieu, mais d’obéir à sa parole, qu’il la comprît ou non. Il devait obéir en suivant l’ordre donné par Dieu, afin d’obtenir une victoire nouvelle. «David fit ainsi, comme l’Éternel lui avait commandé; et il frappa les Philistins depuis Guéba jusqu’à ce que tu viennes vers Guézer.»

C’est ainsi que, dans sa bonté, Dieu donne à David l’expérience des bénédictions qui accompagnent la dépendance unie à l’obéissance. David aurait pu s’attribuer quelque mérite de cette seconde victoire et peut-être s’enorgueillir, mais Dieu ne le veut pas. Il faut que son serviteur comprenne qu’il doit obéir et, dans ce but, Dieu lui donne certains signes à observer. L’armée en marche, dont on entend le bruit sur le sommet des mûriers, c’est l’Éternel lui-même et son armée. Lorsque David entendit ce bruit, il pouvait, du poste qui lui était assigné, s’élancer en avant, car, à la parole de Dieu, il prenait l’ennemi à dos. Vis-à-vis de lui s’élevaient les mûriers. Il savait que l’Éternel allait attaquer l’ennemi de front et lui, se lançant sur ses arrières, la déroute était complète. Le rôle principal était à l’Éternel; David restait dans l’humilité. Il écoute, accomplit ce que l’Éternel lui a commandé: c’est l’obéissance. Il remporte la victoire.

Combien cela est important pour nous! Il faut que notre dépendance et notre obéissance se manifestent, non seulement, comme ici, dans les grandes circonstances, mais dans le détail journalier de la vie. Si nous y manquons, nous nous exposons à des châtiments, et David va nous en donner l’exemple.