2 Corinthiens

Chapitres 6:11-18 et 7:1

Le verset 11, par lequel commence notre lecture d’aujourd’hui, se relie, pour ainsi dire, au verset 1, où l’apôtre exhorte les Corinthiens à n’avoir pas reçu la grâce de Dieu en vain. Le résultat pratique de la réception de la grâce se résume en un seul mot: la sainteté. En effet, la sainteté pratique comprend toute la vie chrétienne, comme témoignage dans ce monde. À la Pâque, les Israélites étaient mis à l’abri du jugement de Dieu par le sang de l’agneau. Un autre type de la mort de Christ nous est donné à la mer Rouge où le peuple n’est pas seulement mis à l’abri du jugement, mais amené à Dieu. Mais, dès qu’ils eurent offert la Pâque, les Israélites n’avaient plus qu’une seule chose à faire: la Fête, qui était la célébration de la Fête des pains sans levain, type d’une vie de sainteté pratique, partant du sacrifice et continuant sans interruption pendant sept jours. Le nombre sept est le chiffre de la plénitude, image du cours complet de notre vie ici-bas.

Il est important pour nous de comprendre en quoi consiste dans ce passage l’exhortation de l’apôtre à la sainteté. La sainteté pratique a trois caractères: le premier est la sainteté quant à nos associations avec le monde; le deuxième, la sainteté quant à nos associations religieuses; le troisième, la sainteté individuelle. Si nous avons bien compris ces trois points, nous trouvons que la sainteté pratique pénètre, pour ainsi dire, toute notre vie chrétienne. Le 19° chapitre du Lévitique, v. 19, nous les montre clairement. 1° «Tu n’accoupleras pas, parmi ton bétail, deux espèces différentes». C’est l’association avec le monde, dont il est parlé dans notre passage aux v. 14 et 15. 2° «Tu ne sèmeras pas ton champ de deux espèces de semences». C’est le type de l’association religieuse dont il est parlé au v. 16. Nous ne pouvons employer des semences diverses dans le champ de Dieu; il faut que nous semions une semence unique. 3° «Tu ne mettras pas sur toi un vêtement d’un tissu mélangé de deux espèces de fil». C’est le type de la sainteté individuelle dont il est parlé au chap. 7:1.

Comme nous venons de le dire, nous trouvons ces trois points dans notre chapitre. Mais l’apôtre dit, avant de les aborder: «Notre bouche est ouverte pour vous, ô Corinthiens! notre cœur s’est élargi». Il avait vu les fruits de l’Esprit produits chez eux à la suite de sa première épître et, au lieu d’avoir ses sentiments refoulés dans son cœur, il était maintenant en liberté à leur égard. Il ajoute: Que votre cœur s’élargisse aussi. En quoi devait-il s’élargir? Il fallait désormais que leur marche soit une marche sainte.

D’abord (v. 14), ils ne devaient pas se mettre «sous un joug mal assorti avec les incrédules». C’est une allusion à ce que nous avons lu dans le Lévitique. «Car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité?» Il n’y a pas un seul trait d’union entre le monde et les enfants de Dieu. Ce sont deux espèces différentes; or, quoi qu’en disent les savants, il n’y a jamais eu dans le monde de transformation des espèces. Combien cette parole est de saison pour le temps présent! Lorsque le témoignage actuel de Dieu commença à être connu au milieu de nous, n’y avait-il pas une séparation beaucoup plus complète d’avec le monde? Dans quelle mesure sommes-nous restés fidèles à ce témoignage? Est-ce que, faire des affaires avec le monde, l’employer pour ses propres affaires, ne caractérise pas beaucoup d’entre nous, chrétiens, surtout parmi les jeunes? S’il y avait plus de fidélité, je ne doute pas que cette parole de l’apôtre produirait les mêmes fruits qu’elle produisait autrefois. Nous avons à courber la tête avec humiliation, en pensant que cela se réalise si peu parmi les générations nouvelles. «Quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres? et quel accord de Christ avec Bélial?» C’est un contraste tout du long, une opposition absolue entre l’élément chrétien et l’élément du monde. Du côté chrétien est la lumière. Ce n’est pas seulement que la lumière a lui sur nous, mais il nous est dit: «Vous êtes lumière dans le Seigneur». Si lui-même est «la lumière du monde», ses disciples, en son absence, sont aussi «la lumière du monde» (Éph. 5:8; Jean 9:5; Matt. 5:14). Qu’est-ce que les ténèbres ont fait de la lumière? Si dans une chambre complètement noire vous allumez une simple allumette, vous dissipez les ténèbres dans une mesure; mais, au point de vue moral, lorsque la lumière du monde vint ici-bas, les ténèbres ne l’ont pas comprise ou saisie, et n’ont été en aucune manière imprégnées par elle. Cela fait ressortir l’état incurable de l’homme, et cet état reste aujourd’hui le même en présence de ceux qui sont la lumière du monde depuis le départ de leur Sauveur.

«Quel accord de Christ avec Bélial, ou quelle part a le croyant avec l’incrédule?» (v. 15). Comme cela atteint nos consciences! Il y a Christ d’un côté, le diable de l’autre. Peut-il y avoir un accord entre les deux, entre l’Ennemi de Christ et ceux qui représentent Christ dans ce monde? Il y a la foi d’un côté, et l’incrédulité de l’autre, et aucun point de contact possible entre ces deux pôles contraires.

L’apôtre passe maintenant à la seconde question, mentionnée en type au chap. 19 du Lévitique: «Quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles? Car vous êtes le temple du Dieu vivant» (v. 16). Chose inouïe, n’est-ce pas, que nous, chrétiens, l’Assemblée de Dieu, nous soyons le temple du Dieu vivant! Au chap. 26 du Lévitique, Dieu dit: «Si vous gardez mes commandements ... je mettrai mon tabernacle au milieu de vous ... et je marcherai au milieu de vous; et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple» (v. 3, 11, 12); c’est-à-dire qu’il fait dépendre de leur conduite le fait qu’ils seront le lieu où Dieu habite. Pour nous, c’est le contraire! Nous sommes ce temple, en vertu du don du Saint Esprit, et c’est parce que nous le sommes que nous sommes appelés à être saints, pratiquement séparés pour Dieu dans ce monde. Ne nous associons en aucune manière avec la religion du monde qui nous entoure. Ce principe n’a pas changé depuis que l’idolâtrie a disparu du monde chrétien, l’éloignement de Dieu n’ayant fait que revêtir une forme moins grossière; mais s’y associer serait perdre le vrai caractère de peuple de Dieu. «C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai» (v. 17). C’est une citation du chap. 52 d’Ésaïe. Il s’agit là, pour le peuple de Dieu, qui va être introduit dans la terre promise, de sortir de toute association avec Babylone, mère de l’idolâtrie, afin d’avoir part aux bénédictions de la terre d’Israël. Pour nous, la séparation a lieu aujourd’hui d’avec «la grande Babylone», la chrétienté apostate, pour entrer dans notre Canaan céleste. La séparation est à la base même du témoignage chrétien, mais il ne suffit pas de dire: «la séparation», car il peut y en avoir une très mauvaise. La sainteté consiste dans la séparation pour Dieu, et pas pour autre chose. Voilà ce qui nous sépare de la religion du monde; notre sainteté est pour Dieu. Une très grande bénédiction s’y rattache. Il dit: «Je vous serai pour Père, et vous, vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant» (v. 18). Cela ne signifie pas que, si nous ne sortons pas du milieu d’eux, nous ne soyons pas des enfants de Dieu, mais la jouissance des relations de famille avec le Père, comme pour Israël celle des rapports avec l’Éternel et le Tout-Puissant, provient du degré de notre séparation pour Dieu. Si, pareil à la famille de Kéhath, nous sommes employés à porter les ustensiles du sanctuaire, pouvons-nous associer le monde avec nous, pour le faire? Aurait-il jamais été permis à un étranger de porter l’arche et le propitiatoire, l’encensoir, le chandelier, l’autel d’or ou l’autel d’airain lui-même? Personne ne pouvait toucher à ces choses s’il ne faisait pas partie de la tribu de Lévi, à laquelle étaient attribuées ces fonctions saintes en Israël.

Ayant dit ces choses, l’apôtre arrive à la sainteté individuelle, au vêtement d’un tissu mélangé, de Lév. 19. C’est une chose très sérieuse à considérer: «Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu» (7:1). Je pense que ces deux mots, «souillure de chair et d’esprit», indiquent d’un côté la sainteté quant à la conduite individuelle, telle qu’elle se montre au-dehors dans notre marche, et de l’autre, la sainteté quant à l’état de nos propres cœurs. On peut être séparé de la souillure quant à son témoignage extérieur, de manière à être en apparence irréprochable, mais si quelqu’un pouvait voir dans nos cœurs, combien de choses contraires à la pureté n’y découvrirait-il pas? Nous avons à mettre d’accord ces deux côtés de notre sanctification personnelle, à tenir égaux ces deux plateaux de la balance. Comme individus, notre marche extérieure, nos actes et nos paroles, doivent correspondre à ce qu’il y a dans nos cœurs, afin que nous puissions répéter, avec notre Sauveur bien-aimé: «Ma pensée ne va pas au-delà de ma parole» (Ps. 17:3).

Si les trois caractères de sainteté pratique que nous venons d’énumérer se trouvent chez les enfants de Dieu, c’est la preuve qu’ils ont été attentifs aux exhortations de la Parole. Marcher contrairement à ces principes, c’est avoir reçu la grâce de Dieu en vain.

Que Dieu nous donne à tous d’avoir, dans nos vies chrétiennes, beaucoup plus de réalité que nous n’en avons. Qu’il nous donne, quant à nous-mêmes, un esprit d’humiliation et de repentance pour que nous devenions des témoins plus fidèles de Celui dont la grâce a tout fait pour nous, et qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres et nous a introduits dans le royaume du Fils de son amour!