2 Chroniques

Chapitre 34

Chapitres 34 et 35 — Josias

La parole de Dieu retrouvée

Nous arrivons enfin au règne de Josias, dernière clarté que jette un lumignon près de s’éteindre, laissant après lui une nuit profonde jusqu’à ce que le jour renaisse avec l’apparition du vrai roi des conseils de Dieu. Cependant, par un effet de la grâce, cette lampe de David brille d’un éclat suprême avant de disparaître et fait pressentir les bénédictions futures. La Parole nous dit: «Josias fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, et marcha dans les voies de David, son père, et ne s’en écarta ni à droite ni à gauche» (v. 2). «Les voies de David, son père»: pareille chose avait été dite de ses deux grands prédécesseurs, Josaphat et Ézéchias (17:3; 28:2). La parole de Dieu n’est pas libérale de cet éloge qui fait remonter les voies des rois fidèles aux débuts glorieux de la royauté d’Israël. Mais, s’il en était ainsi du roi, le peuple ne méritait pas le même éloge. D’une manière générale, sous les rois, la nation est allée se corrompant de plus en plus, se réveillant par moments sous l’influence d’un roi énergique et fidèle, mais, après lui, retombant bien vite dans l’idolâtrie que, de fait, elle n’avait jamais abandonnée depuis sa sortie d’Égypte. Jérémie qui commença à prophétiser dans les jours de Josias dit, précisément au sujet de ce règne: «Juda, la perfide, n’est pas revenue à moi de tout son cœur, mais avec mensonge, dit l’Éternel» (Jér. 3:10). Cette citation, entre beaucoup d’autres, suffit à dévoiler l’état moral de Juda, même aux meilleurs jours du royaume.

Les v. 3 à 7 de notre chapitre décrivent l’activité de Josias pour purifier Juda et Jérusalem de l’idolâtrie, et cela, dès le début de son règne, quand il était encore un jeune garçon. Le second livre des Rois (23:4-20 et 24-27) décrit l’activité de Josias, après dix-huit ans de règne, pour purifier le temple. Ces deux récits nous offrent deux instructions également intéressantes. Celui des Rois rattache la purification du temple et de la ville (et ensuite la démolition de l’autel de Béthel) à la découverte du livre de la loi, la dix-huitième année du règne de Josias (2 Rois 22:3). La lecture du «livre de l’alliance» (23:2) poussa le roi à entreprendre cette œuvre (Jér. 11:1-8). Le récit des Chroniques a une autre portée que celui-ci. D’accord avec le récit des Rois, le livre de la loi fut trouvé dans le temple la dix-huitième année du règne de Josias; d’accord avec lui encore, cette découverte eut pour conséquence le renouvellement de l’alliance du roi et de tout son peuple avec Dieu. Seulement, à la suite de cette alliance, les Chroniques ne mentionnent pas l’abolition de l’idolâtrie dans le temple et à Jérusalem, mais la célébration de la Pâque. Cette dernière n’est mentionnée qu’en passant en 2 Rois 23:21-23, tandis qu’elle occupe tout le chap. 35 des Chroniques.

Donc, un fait commun, la découverte du livre de la loi, a pour conséquence, dans les Rois, le rejet complet de l’idolâtrie, à commencer par le temple et ce qui l’entoure, et dans les Chroniques la solennité de la Pâque. Cette divergence est simple, quand on considère le caractère du livre que nous étudions. Tout ce qui a trait au culte et à la sacrificature est inséparable, comme nous l’avons souvent fait remarquer, de l’institution de la royauté selon les conseils de Dieu. Pour la dernière fois Dieu en donne l’exemple en Juda et montre, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, quelles bénédictions se rattachent à la célébration de la Pâque.

Mais le fait est que la découverte et la mise en lumière des Écritures, si longtemps ensevelies dans la poussière d’un sanctuaire abandonné, entraîne avec elle ces deux choses capitales du témoignage en Israël: le rejet de l’idolâtrie et la fête de la rédemption, comme de nos jours elle entraîne, pour le témoignage chrétien, la séparation du monde et du mal, et le rassemblement des enfants de Dieu autour de Christ, leur pâque, et autour du mémorial de son œuvre.

Comme nous l’avons vu (v. 3-7), le dévouement pour l’Éternel avait commencé de très bonne heure, entre 16 et 20 ans, chez Josias. Il était encore très ignorant quant aux pensées de Dieu et aux conséquences de la culpabilité du peuple, mais il avait l’ardent désir de voir le pays et la ville de l’Éternel purifiés de tant de souillures. Les bénédictions accordées à la foi de ses ancêtres, la restauration de Manassé, son grand-père, devaient sans doute être pour lui de puissants motifs de marcher dans cette voie, joints à l’horreur causée par l’abominable exemple donné par son père Amon, et au sort terrible qui en avait été pour lui la conséquence.

Dieu bénit le zèle de Josias en lui faisant découvrir sa Parole. Si, comme nous le voyons ici, ayant eu à cœur de purifier Israël, il s’était borné à cela, sans éprouver le besoin de réparer les brèches de la maison de Dieu et de lui redonner son importance, la découverte du livre de la loi n’aurait pas eu lieu. De nos temps pareille chose est arrivée maintes fois à des chrétiens, pleins de zèle contre les pratiques idolâtres de l’Église romaine, et dont les efforts n’ont pas été couronnés de succès, parce qu’ils n’avaient pas à cœur l’Église, la vraie Assemblée de Christ.

La lecture de ce livre atteint puissamment la conscience de Josias: «Et il arriva, quand le roi entendit les paroles de la loi, qu’il déchira ses vêtements» (v. 19). Il sent immédiatement le besoin de consulter l’Éternel, car il reconnaît sa culpabilité et celle de «ce qui est de reste en Israël et en Juda». Il constate que le mal remonte aux «pères qui n’ont pas gardé la parole de l’Éternel». C’est la confession de la ruine complète de tous, fruit de la désobéissance commune. Reste-t-il encore quelque espoir? Consultée, la prophétesse Hulda donne la réponse définitive: Toutes les malédictions prononcées par la loi, ne peuvent être révoquées. La fureur de l’Éternel atteindra Jérusalem comme un feu inextinguible, mais, quant au roi, il sera l’objet de la grâce, car — la prophétesse y insiste par deux fois — il s’est «humilié devant Dieu» (v. 27), a déchiré ses vêtements en signe de deuil et d’affliction, a pleuré les larmes de la repentance. À cause de cela, il sera retiré devant le mal, comme il est dit en Ésaïe: «Le juste périt, et personne ne le prend à cœur; et les hommes de bonté sont recueillis sans que personne comprenne que le juste est recueilli de devant le mal. Il est entré dans la paix: ils se reposent sur leurs couches, ceux qui ont marché dans leur droit chemin» (És. 57:1-2).

Il pourrait sembler, devant cette déclaration catégorique de la part de Dieu, que Josias n’avait autre chose à faire que d’attendre la délivrance sans s’inquiéter de ce qui suivrait. C’est exactement l’effet contraire qui se produit chez cet homme de Dieu. La connaissance qu’il a reçue par la Parole, «combien le Seigneur doit être craint», le pousse à s’efforcer de mettre le peuple à l’abri pendant qu’il en est temps encore. Il fait alliance avec l’Éternel et «fait entrer dans l’alliance tous ceux qui se trouvaient à Jérusalem et en Benjamin» (v. 32), seul moyen de revenir à Dieu sous la loi, tant qu’une nouvelle alliance, n’engageant que Dieu seul, n’avait pas été établie. Josias oblige «même tous ceux qui se trouvaient en Israël à servir l’Éternel leur Dieu» (v. 33). C’était le zèle pour ces âmes, la crainte pour elles du jugement à venir, qui le faisaient agir ainsi. Josias accomplissait la parole dite par le maître à son esclave: «Contrains les gens d’entrer» (Luc 14:23). Ce qui le poussait à cette activité était la connaissance de la grâce pour lui-même, annoncée par la parole de la prophétesse et la révélation des jugements qui tout en épargnant le roi devaient atteindre le peuple. Pourquoi la grâce ne serait-elle pas aussi pour d’autres, pouvait-il se demander, lui qui avait reconnu, à la lecture du livre de la loi, que ce jugement aurait dû l’atteindre aussi lui-même?