2 Chroniques

Chapitre 22

Achazia

Les détails de ce chapitre se rencontrent pour la plupart au second livre des Rois (8:25-29; 9:27-28; 10:13-14; 11:1-3).

Joram était l’aîné des fils de Josaphat; jusque là la lignée des rois suivait; pour ainsi dire, la voie normale, mais il ne reste à Joram que son plus jeune fils, Achazia. Les habitants de Jérusalem l’établissent roi; ainsi l’ordre divin est entamé de tous côtés; la lampe est près de s’éteindre, mais Dieu qui avait parlé par les prophètes ne peut mentir. N’a-t-il pas dit, en parlant de Jérusalem: «Là je ferai germer une corne à David, j’ai préparé une lampe à mon oint» (Ps. 132:17). Quelle lampe, hélas! que ce rejeton des rois! Épargné dans une scène de meurtre et de carnage, témoin des jugements terribles de Dieu sur son père, n’aurait-il pas dû élever les yeux vers l’Éternel et reprendre contact avec le Dieu d’Israël? Au lieu de cela il obéit à toutes les mauvaises influences qui l’entourent, sans écouter les avertissements d’en haut; il se confie en sa mère, Athalie, fille d’Omri, femme ambitieuse et cruelle. «Elle était sa conseillère à mal faire» (v. 3); il prend pour conseillers les gens de la maison d’Achab qui le conduisent «à sa ruine». C’est sur leur avis qu’il fait alliance avec Joram, fils d’Achab. Ramoth de Galaad, possession d’Israël, était restée au pouvoir du roi de Syrie, depuis la vaine entreprise d’Achab pour la recouvrer, en compagnie de Josaphat, grand-père d’Achazia. Ce dernier n’hésite pas à venir en aide au méchant (cf. 19:2), tellement son cœur est étranger à la crainte de l’Éternel.

Mais, si pour Josaphat c’était une faute, atténuée par le zèle que, d’autre part, il montra pour l’Éternel, ce péché, renouvelé sans vergogne, malgré la condamnation prononcée sur Josaphat par le prophète, n’a plus même ici de circonstance atténuante. Joram, roi d’Israël, blessé par les Syriens, se retire à Jizreël pour y panser ses plaies. Achazia vient l’y visiter et y rencontre son sort: «Ce fut, de la part de Dieu, la ruine complète d’Achazia, d’être venu vers Joram». Il sortit avec ce dernier «contre Jéhu, fils de Nimshi, que l’Éternel avait oint pour retrancher la maison d’Achab». Joram meurt, les fils des frères d’Achazia et les princes de Juda sont massacrés par Jéhu; Achazia s’enfuit pour se cacher dans la Samarie. Il est découvert, poursuivi, blessé, se sauve à Meguiddo, y est découvert de nouveau, amené à Jéhu et mis à mort (v. 9: cf. 2 Rois 9:27-28). Ses serviteurs emmenèrent son corps à Jérusalem où il fut enterré dans les sépulcres des rois, ses pères, car ils dirent: «Il est fils de Josaphat, qui rechercha l’Éternel de tout son cœur» (v. 9). Le seul témoignage qui pût lui être donné, la seule raison pour laquelle l’Éternel ne le livre pas aux chiens, comme Achab, est que Dieu se souvient de son grand-père. C’est à cause de lui qu’une grâce est accordée à cet indigne descendant, ne fût-ce que dans la mort, car sa vie avait fini sous le jugement de Dieu.

Et voici encore une scène affreuse de meurtre qui se déroule. Joram avait massacré ses frères; les ennemis de Juda massacrent tous les fils de Joram, sauf Achazia; Jéhu tue Achazia et massacre tous les fils de ses frères; enfin Athalie extermine toute la semence royale afin de régner seule. Et malgré tout la lampe de l’Oint de l’Éternel n’est pas éteinte. Dieu garde, au milieu de cette scène de meurtre un faible nourrisson qui est, dans la première partie de son règne, le type du Messie attendu. Préservé, comme le sera Jésus plus tard, lors du massacre des enfants à Bethléem; caché loin de tout regard, comme Jésus lors de la fuite en Égypte, tel Joas se présente à nos yeux. Il s’élève, dans la pureté de son enfance, hors d’une race condamnée, seul rejeton sur l’épaule duquel soit mise la clef de David, germe sortant d’une terre aride; élevé dès sa jeunesse sous l’œil de Dieu dans son temple, il nous apparaît comme Celui qui disait: «Ne me faut-il pas être aux affaires de mon Père?» C’est ainsi que Joas débute dans la carrière.

Mais, remarquons-le, il est en même temps le type du Seigneur prenant en mains les rênes du gouvernement de son royaume. C’est en la septième année, l’année sabbatique, année du repos de la terre, qu’il paraît aux yeux de tous. Jusque-là, Joas avait été caché six ans dans la maison de Dieu, comme l’est le Seigneur avant sa manifestation future. Quand les portes du temple s’ouvriront, quand il sortira du ciel qui l’avait contenu jusque-là, ce sera pour être à la fois vengé de ceux qui avaient comploté sa perte, et proclamé d’une commune voix le vrai Roi de son peuple, le seul qui ait le droit de porter la couronne.