2 Chroniques

Chapitre 17

Chapitres 17 à 20 — Josaphat

L’enseignement de la loi

Le règne de Josaphat offre bien des particularités instructives. D’abord, comme ses prédécesseurs, il «se fortifie contre Israël». Le vrai moyen d’être en paix avec l’adversaire est d’organiser la résistance contre lui d’une manière efficace. Dès lors Satan nous laisse en repos, mais nous ne devons jamais le traiter autrement que comme adversaire. La suite de l’histoire de Josaphat nous apprend qu’il ne garda pas toujours cette attitude, et cela à son grand dommage. Être en paix avec le roi d’Israël, tout en se défendant de lui, est tout autre chose que rechercher son alliance, comme Josaphat le fit plus tard à sa confusion. Au début de son règne tout est conforme aux pensées de Dieu: «Et l’Éternel fut avec Josaphat, car il marcha dans les premières voies de David, son père, et ne rechercha point les Baals, mais il rechercha le Dieu de son père, et marcha dans ses commandements, et non comme faisait Israël. Et l’Éternel affermit le royaume dans sa main; et tout Juda fit des présents à Josaphat, et il eut beaucoup de richesses et de gloire. Et il prit courage dans les voies de l’Éternel, et de plus, il ôta de Juda les hauts lieux et les ashères» (v. 3-6).

Le premier livre des Rois (22:44) semble nous dire le contraire: «Seulement, les hauts lieux ne furent pas ôtés; le peuple sacrifiait encore et faisait fumer de l’encens sur les hauts lieux». Ce passage, en apparence contradictoire, semble confirmé par notre livre même, qui dit: «Seulement, les hauts lieux ne furent pas ôtés, et le peuple n’avait pas encore disposé son cœur à rechercher le Dieu de ses pères» (20:33). Cela prouve seulement qu’au début de son règne Josaphat entreprit cette abolition et la maintint personnellement, mais que le peuple, dont la conscience n’était pas atteinte, retomba bien vite dans ces pratiques idolâtres, contre lesquelles Josaphat, affaibli par son alliance avec le roi d’Israël, ne sut pas réagir en faisant valoir son autorité pour conduire le peuple dans la voie du bien. Il en avait été de même pour Asa: Nous avons vu, au chap. 14:5, qu’il «ôta de toutes les villes de Juda les hauts lieux et les colonnes consacrées au soleil», puis, chap. 15:17, que «les hauts lieux ne furent pas ôtés d’Israël». D’autre part encore, qu’il «fit disparaître les choses abominables de tout le pays de Juda et de Benjamin, et des villes qu’il avait prises de la montagne d’Éphraïm» (15:8), puis, au premier livre des Rois (22:47) qu’il était resté dans les jours d’Asa des hommes voués à la prostitution et que Josaphat «les extermina du pays». Tout cela s’explique aisément, et souvenons-nous que Dieu ne se contredit jamais. Sous le règne de ces rois, la purification n’était que partielle et temporaire; partout le mal renaissait, la conscience du peuple n’ayant jamais été réellement atteinte.

Mais ces v. 3 à 6 nous apprennent encore une autre vérité, en accord avec le caractère des Chroniques. Ce livre qui met la grâce en avant comme seul moyen de maintenir la descendance royale, lors de la pleine décadence de la royauté, fait toujours ressortir le bien que la grâce a produit, ne fût-ce que pour un moment, et montre qu’elle couvre une multitude de péchés. Il en est autrement quand il s’agit de la responsabilité, comme dans le livre des Rois. Dieu dévoile alors le mal dans toute son étendue et nous montre pourquoi l’exécution du jugement était nécessaire.

Ici donc, la fidélité de Josaphat est spécialement notée et Dieu la fait ressortir, non seulement pour exalter sa propre grâce, mais pour nous montrer les conséquences de la fidélité et du retour à Dieu. La force et le repos en avaient été la suite au commencement du règne d’Asa; l’affermissement du royaume, la paix, les richesses et la gloire, furent les conséquences de la fidélité de Josaphat (v. 5).

Mais Josaphat ne se borne pas à se séparer du mal; il a à cœur d’établir le bien, et celui-ci ne peut l’être que par la connaissance des pensées de Dieu. Il fallait que la loi, la parole de Dieu, fût enseignée en tout lieu et que le peuple se familiarisât avec elle. Chefs, lévites, sacrificateurs, s’y emploient partout avec un grand zèle (v. 7-9). Israël, avec sa religion mixte, ne semble pas avoir été gagné par la connaissance de la loi qu’il voit en Juda, et, de fait, la même chose a lieu dans tous les temps. Il est plus difficile de convaincre de la vérité ceux qui, au milieu de l’erreur, en ont conservé quelques restes, parce que cette connaissance, toute mélangée qu’elle soit, maintient chez eux l’illusion qu’ils possèdent la vérité. Les nations, au contraire, qui n’avaient ni lien, ni relation avec le peuple de Dieu, sont convaincues par la puissance que la Parole possède, et s’y soumettent. Elles reconnaissent le peuple de Dieu; il y eut même des Philistins qui s’empressèrent de se déclarer tributaires du roi de Juda (v. 10-11). De même, quand les Corinthiens prophétisaient, on voyait les incrédules tomber sur leurs faces et reconnaître que Dieu était réellement au milieu de l’assemblée (1 Cor. 14:25). La fidélité à la parole de Dieu amena l’affermissement du royaume de Josaphat. Outre toute sa prospérité, il possédait une armée immense comparée à celle d’Asa, son père. L’un des chefs, Amasia, «s’était volontairement donné à l’Éternel» (v. 16), et Dieu lui en rend témoignage. Il était sans doute un des fruits de l’enseignement de la loi en Juda. Le besoin de se vouer au Seigneur naît dans le cœur quand on a goûté combien il est bon, et la révélation de cette bonté nous est donnée dans la Parole (1 Pierre 2:2-3). Alors on en reconnaît l’autorité et l’on sait qu’Il a le droit d’attendre l’entière consécration de nos cœurs.