1 Timothée

Chapitre 3

V. 1-7

Cette parole est certaine, que si quelqu’un aspire à la surveillance, il désire une œuvre bonne: il faut donc que le surveillant soit irrépréhensible, mari d’une seule femme, sobre, sage, honorable, hospitalier, propre à enseigner, non adonné au vin, non batteur, mais doux, non querelleur, n’aimant pas l’argent, conduisant bien sa propre maison, tenant ses enfants soumis en toute gravité. (Mais si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’assemblée de Dieu?) Qu’il ne soit pas nouvellement converti, de peur qu’étant enflé d’orgueil, il ne tombe dans la faute du diable. Or il faut aussi qu’il ait un bon témoignage de ceux de dehors, afin qu’il ne tombe pas dans l’opprobre et dans le piège du diable.

Tandis que le chap. 2 traitait d’une manière générale de la conduite des hommes et des femmes dans la maison de Dieu, le chapitre que nous avons sous les yeux entre dans le détail de l’organisation proprement dite de cette maison. Il ne faut pas oublier que Timothée n’avait pas, comme Tite, pour mission spéciale d’établir des anciens, mais devait veiller sur l’ordre et sur la doctrine. Or la doctrine avait affaire à toute la conduite de ceux qui composaient la maison. L’apôtre n’enseigne pas d’abord à Timothée comment lui, Timothée, doit se conduire, mais comment il faut (1 Tim. 3:15) que les divers éléments qui constituent la maison se conduisent, Timothée lui-même en faisant partie et ayant, comme nous le verrons, par le fait qu’il possède un don, certains devoirs et certaines responsabilités dans ce milieu.

Au sujet de la «parole certaine» du vers. 1 nous renvoyons le lecteur à l’«Étude sur Tite», p. 86 et 87. — Il est incontestable que celui qui aspire à la surveillance de la maison de Dieu «désire une œuvre bonne» (v. 1). Le surveillant ou évêque (episcopos) est identiquement le même homme que l’ancien (presbyter). En Actes 20, dans cette même assemblée d’Éphèse où l’apôtre laissait Timothée dans notre épître, ce même apôtre convoque les «anciens» et les appelle «surveillants» au v. 28. Ici, «celui qui aspire à la surveillance désire une œuvre bonne», une œuvre qui a l’approbation de Dieu, une œuvre faite pour Dieu et pour Christ et accomplie dans l’intérêt des saints1. Toutefois elle n’a ce caractère qu’en tant qu’elle répond aux qualités détaillées ici. On pourrait aspirer à cette position par ambition, par orgueil, comme nous le voyons dans ce passage même et, dans ce cas, cette aspiration, n’ayant pour but que la satisfaction de la chair serait, non pas une bonne, mais une mauvaise œuvre.

1 À ce sujet il peut être utile de remarquer que le grec a deux termes pour désigner les bonnes œuvres, là où nos versions n’en ont qu’un. C’est le «ergon agathon» et le «ergon kalon». Ces deux termes ne sont pas identiques. Le premier (ergon agathon) désigne toutes les choses bonnes qui découlent de l’état moral du cœur purifié par le Seigneur: amour pour les frères, sympathie, support, tact, etc. Le second (ergon kalon) est un acte louable et visible aux yeux des hommes: aumônes, visites, soins aux malades, etc.

Citons pour les lecteurs que ce sujet intéresse tous les passages où se trouvent ces deux termes:

Ergon agathon: Actes 9:36; 2 Cor. 9:8; Éph. 2:10; Col. 1:10; 2 Thess. 2:17; 1 Tim. 2:10; 5:10; 2 Tim. 2:21; 3:17; Tite 1:16; 3:1; Héb. 13:21; 1 Thess. 5:15.

Ergon kalon: Matt. 5:16; 26:10; Marc 14:6; Jean 10:32; 1 Tim. 3:1; 5:10, 25; 6:18; Tite 2:7, 14; 3:8, 14; Héb. 10:24; 1 Pierre 2:12.

Dans notre «Étude sur Tite», nous avons fait remarquer que l’épître à Timothée mentionne quatorze qualités requises de l’ancien ou surveillant. Ce chiffre 14, chiffre de double plénitude, semble insister doublement sur les qualités morales requises de l’ancien quand la maison de Dieu est en ordre. L’apôtre reviendra plus tard (5:17) sur certaines qualités accessoires du surveillant, qui sont aussi mentionnées dans Tite (1:9).

Ici le mot «irrépréhensible» est, comme en Tite, mis en tête de la liste, parce qu’il résume toutes les autres qualités. Nous trouvons ensuite: «mari d’une seule femme» que Tite ne mentionne pas. Cette phrase fait allusion à la coutume d’avoir plusieurs femmes, reçue parmi les païens, tolérée par la loi de Moïse, non sanctionnée par la loi divine, mais qui, si elle n’empêchait pas l’introduction du nouveau converti dans l’Assemblée chrétienne, le disqualifiait néanmoins d’une manière absolue pour l’administration de cette maison. Le trouble introduit dans la conduite de la famille par la présence de deux femmes est assez souvent rapporté dans l’Écriture pour que l’on puisse comprendre cette interdiction. Pour les autres qualités requises de l’ancien, le lecteur se référera à l’«Étude sur Tite». L’épître à Timothée met un accent particulier sur le fait que le surveillant devait «conduire honnêtement sa propre maison» et «tenir ses enfants soumis en toute gravité»; puis elle ajoute: «Mais si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Assemblée de Dieu?» Devant cette tâche auguste: les soins à donner à l’Assemblée de Dieu, qu’est-ce que ma propre maison? Mais si, dans ce dernier cas, et dans ce domaine petit et restreint, je n’ai pas su montrer mes aptitudes d’administrateur, comment les montrerais-je dans le premier? Ce passage montre en même temps l’immense importance qu’a pour Dieu sa maison ici-bas. Elle est le témoignage de toutes les vertus chrétiennes devant un monde qui les ignore. C’est ainsi qu’elle met en lumière l’ordre, la discipline, la dépendance, la soumission, l’obéissance, l’humilité, mais avant tout la vérité divine.

Il faut donc que le surveillant ou ancien tienne d’abord sa propre famille dans la discipline du Seigneur. Et quelle négligence de ces principes élémentaires de la Parole ne voit-on pas là où, contrairement à la Parole, les anciens sont établis par la congrégation. Il lui arrive, entre autres actes de désobéissance, de se choisir, comme anciens, des gens non mariés ou des gens sans enfants qui, par conséquent, n’ont jamais eu l’occasion de prouver qu’ils étaient accrédités de Dieu pour cet office!

L’apôtre ajoute deux caractères indispensables au surveillant, et qui, s’ils n’existaient pas, risqueraient d’introduire, chose terrible, des éléments sataniques dans la maison de Dieu. 1° Le surveillant ne doit pas être nouvellement converti. Dans cet état il n’a pas eu suffisamment l’occasion d’exercer devant Dieu le jugement de lui-même et n’a pas assez l’expérience de ce que peut la chair chez le chrétien, pour ne pas s’enorgueillir de la position éminente qu’il occupe dans la maison de Dieu. Or l’orgueil est la faute du diable qui a estimé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu et a engagé l’homme dans le même chemin, ce qui a été sa perte. 2° Mais il y a encore un second danger pour le surveillant, c’est de ne pas avoir «un bon témoignage de ceux de dehors». Il ne suffit pas qu’il soit entouré de l’estime et de l’affection de ses frères. Il faut que le monde, habitué à médire des chrétiens comme de gens qui font le mal, soit confus en présence de leur bonne conscience et de leur bonne conduite et se trouve obligé, malgré sa haine, à leur rendre un bon témoignage.

Outre les qualités énumérées en premier lieu, nous voyons donc que l’ancien ne peut être choisi parmi les nouveaux convertis et doit avoir un bon témoignage de la part du monde, sinon il tomberait dans le piège du diable qui est de semer l’opprobre sur le non de Christ en le discréditant par la conduite réelle ou supposée des siens (cf. 2 Tim. 2:26) qui n’est pas accompagnée d’une bonne conscience.

 

V. 8-13

De même, il faut que les serviteurs soient graves, non doubles en paroles, non adonnés à beaucoup de vin, non avides d’un gain honteux, gardant le mystère de la foi dans une conscience pure; et que ceux-ci aussi soient premièrement mis à l’épreuve; ensuite, qu’ils servent, étant trouvés irréprochables. De même, que les femmes soient graves, non médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. Que les serviteurs soient maris d’une seule femme, conduisant bien leurs enfants et leurs propres maisons; car ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré pour eux et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le christ Jésus.

Il est digne de remarque que dans l’épître à Tite, délégué de l’apôtre pour établir des anciens, il ne soit fait aucune mention des serviteurs de l’assemblée ou diacres. La raison en est simple. En Actes 6, nous voyons les serviteurs choisis, non par un délégué des apôtres, mais par les frères, et ensuite établis par les douze. Ils ne rentraient donc pas dans le mandat confié à Tite. Dans la première épître à Timothée il s’agit, non pas tant de l’établissement des anciens, que des qualités requises de ceux qui remplissent des charges dans la maison de Dieu, aussi les serviteurs et les servantes ou diaconesses y trouvent largement leur place.

Ces qualités ont trait avant tout à leur tenue morale. Les serviteurs doivent être graves. Le serviteur doit être connu comme représentant, dans son service, la dignité de son maître et pénétré lui-même de sa responsabilité à cet égard. Il ne doit pas être double en paroles, car il fait partie d’un ensemble destiné à témoigner de la vérité et à la soutenir. Il ne doit pas être adonné à beaucoup de vin qui lui ferait perdre l’attention soutenue qu’il doit vouer à son service. Il ne doit pas être «avide d’un gain honteux», car il est honteux de convertir le service du Seigneur en un moyen de gagner de l’argent. Il doit enfin «garder le mystère de la foi dans une conscience pure».

Un mystère est toujours une chose jadis cachée, mais maintenant révélée. Le mystère de la foi est l’ensemble des vérités qui constituent le christianisme, et qui ont été pleinement mises en lumière par la mort et la résurrection de Christ. Toutes les vérités relatives à la position céleste du chrétien, révélées pour la première fois à Marie de Magdala; toutes les vérités dépendant d’un Christ glorieux et assis à la droite de Dieu, vérités confiées à Paul, concernant l’Église, son union en un seul corps avec Christ, sa Tête glorieuse dans le ciel, sa dignité d’Épouse de Christ et l’espérance de la venue du Seigneur, toutes ces vérités, et d’autres encore constituent «le mystère de la foi».

Combien les chrétiens qui occupent des places, dirions-nous subalternes, dans la maison de Dieu, sont loin de ce qui est exigé ici des serviteurs (ou diacres) dans l’assemblée! Il n’en avait pas été ainsi d’Étienne, ni de Philippe, qui étaient d’entre «les sept» choisis pour le service par les frères de Jérusalem (Actes 6). Tous deux avaient acquis dans leur service «un bon degré et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus»; le premier, rendant témoignage de tout l’enseignement donné par le Saint Esprit envoyé du ciel, le second annonçant puissamment dans le monde l’Évangile du salut. Ainsi la prédication de l’ensemble de la Révélation divine fut remise à deux serviteurs qui s’étaient acquis un bon degré dans les humbles fonctions qui leur avaient été confiées.

Ce n’est pas seulement du reste la connaissance des vérités célestes et du mystère de l’Église qui leur est demandée, mais ils doivent la garder «dans une conscience pure». Il faut qu’un état irréprochable devant Dieu corresponde à cette connaissance et qu’elle ne soit pas affaire d’intelligence, mais soit inséparable d’une conscience exercée devant Dieu. Il faut un état moral qui recommande la vérité que l’on présente.

Les serviteurs, comme les surveillants, devaient être «premièrement mis à l’épreuve». Il ne s’agit pas ici, je pense, d’une certaine période d’initiation après laquelle les diacres ou les anciens pouvaient être révoqués, mais d’une épreuve et enquête minutieuse et pratique au moment où ils entrent dans leur service, afin que toutes les qualités requises soient reconnues correspondre au tableau que la Parole nous fait ici des charges dans la maison de Dieu. Après cette enquête, les serviteurs pouvaient entrer dans leur service.

L’apôtre passe ensuite aux traits qui doivent caractériser les femmes. Il ne dit pas leurs femmes, car, d’un côté, toutes les femmes des «diacres» pouvaient ne pas être des «diaconesses»; de l’autre il comprend peut-être aussi sous cette appellation les femmes des anciens ou surveillants. Il leur est comparativement peu demandé, mais il s’agit surtout de choses dans lesquelles la femme serait plus que d’autres en danger de faillir. Leur gravité doit s’accorder avec celle de leur mari. Combien souvent le désaccord entre mari et femme, quant au sérieux à apporter dans la vie habituelle, a nui au témoignage qu’ils étaient appelés à rendre!

La «médisance» est devenue chez les femmes la conséquence de leur tendance à un vain babil, mais peut dépendre aussi du fait qu’étant peut-être présentes aux confidences que leurs maris reçoivent, elles ne savent pas s’imposer une réserve doublement nécessaire dans un service qu’elles partagent avec leur époux. La sobriété peut avoir trait aux aliments vers lesquels une certaine gourmandise pourrait porter la femme, mais plutôt à la retenue qui l’empêche de se livrer à ses impressions. Enfin les «servantes» doivent être «fidèles en toutes choses»; elles doivent montrer dans leur service une stricte fidélité, ne profitant de rien pour elles-mêmes et n’avantageant pas l’un au détriment de l’autre.

Après avoir parlé des femmes, l’apôtre revient aux serviteurs dans leurs rapports avec leur famille. Leur devoir à l’intérieur de la maison est le même que celui des anciens ou surveillants. Il faut que l’ordre de la maison de Dieu soit représenté dans le domaine restreint de nos propres demeures. Quelque subalterne que soit en apparence l’office du diacre, il a une grande importance dans le témoignage. On voit, en Actes 6, le prix que les apôtres mettaient à ce service. Il fallait que ces hommes eussent «un bon témoignage» et qu’ils fussent «pleins de l’Esprit Saint et de sagesse». Il en sera des serviteurs comme il en fut d’Étienne et de Philippe. S’ils servent bien «ils acquièrent un bon degré pour eux (autrement dit, ils montent en grade) et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le christ Jésus».

 

V. 14-16

Je t’écris ces choses, espérant me rendre bientôt auprès de toi; mais si je tarde, — afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité. Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand: — Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru, au monde, a été élevé dans la gloire.

Après avoir montré quels doivent être le caractère moral et la conduite des surveillants, des serviteurs et des servantes dans la maison de Dieu: dans ce milieu dont, à l’origine, les principes sont absolument opposés à ceux du monde; dans ce domaine de la foi et de la profession chrétienne, dont les habitants sont appelés à manifester devant le monde un bel ordre moral selon Dieu — après avoir, dis-je, exposé ces choses, la pensée de l’apôtre revient à son cher fils Timothée. Quoique Timothée soit appelé à surveiller l’ordre de la maison de Dieu jusqu’au retour de l’apôtre, et au milieu de tous ceux qui sont appelés à observer cet ordre, il doit savoir, lui-même aussi, comment il doit se conduire dans cette maison, et quel rôle il doit y tenir. Or c’est la conduite individuelle de Timothée que nous présentera particulièrement le chap. 4 qui va suivre.

Il y eut un moment, décrit dans les premiers chapitres des Actes, où, par suite de l’effusion du Saint Esprit à la Pentecôte, il n’existait pas de différence entre les matériaux dont Dieu édifiait sa maison, et ceux avec lesquels l’homme la bâtissait, Dieu ayant confié ces matériaux à la responsabilité de l’homme, qu’il s’agît de personnes ou de doctrines. Ce moment fut de peu de durée. Au début la foi vivante et la profession étaient inséparables. Tous les membres de la famille chrétienne avaient part aux privilèges de la maison de Dieu, de l’assemblée du Dieu vivant. Mais à peine fut-elle confiée à la responsabilité de ceux qui en faisaient partie, que le déclin commença et qu’elle fut gâtée de mille manières. Les exemples d’Ananias et de Sapphira, mentant au Saint Esprit qui habite cette maison, ensuite les murmures, les divisions, les sectes, l’impureté, le légalisme, les mauvaises doctrines, furent les éléments de ce déclin. Plus tard vinrent «les loups redoutables», «les doctrines perverses» et graduellement, même du temps des apôtres, l’état mentionné dans la seconde épître à Timothée, en Jude, en 2 Pierre, état que nous avons aujourd’hui sous les yeux, seulement beaucoup plus développé et qui aboutira à l’apostasie finale sous la forme de «la grande prostituée» de l’Apocalypse.

En 1 Timothée et Tite, la force pour combattre le mal, ainsi que la fidélité chrétienne, se trouvent encore là chez le grand nombre; et ceux qui s’opposent à la saine doctrine dans l’assemblée ne sont que quelques-uns (1 Tim. 1:3; 4:1). L’apôtre peut enseigner à son fidèle disciple «comment il faut se conduire dans la maison de Dieu». Ce terme caractérise de fait tout le contenu de la première épître à Timothée.

Cependant il ne faut pas penser que, parce que le mal a tout envahi et que la maison de Dieu est devenue «une grande maison» (2 Tim. 2:20), le chrétien ne puisse pas réaliser ce que «la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant», doit être, malgré l’abandon général de la vérité qui la caractérise aujourd’hui. Le conseil de Dieu est immuable; ce qu’il a décrété, il l’établira pour toujours. Qui pourra détruire l’Unité de l’Église, corps de Christ? Qui pourra empêcher l’Église d’être l’Épouse de Christ? Si l’unité de l’Église n’est plus visible dans ce monde, elle peut y être manifestée par deux ou trois, réunis à la table du Seigneur. Si l’Église, comme Épouse de Christ, lui est devenue infidèle, ces mêmes deux ou trois peuvent réaliser par la foi cette parole: «L’Esprit et l’Épouse disent: Viens!» Si l’Église, habitation de Dieu par l’Esprit, est en ruines, quelques-uns peuvent réaliser son bon ordre, comme Dieu l’a établi, et continuer à rendre témoignage à la vérité dont elle est la colonne et le soutien.

De cette manière, les exhortations contenues ici sont aussi réalisables qu’aux plus beaux jours de l’Église. Appliquons-nous en donc sérieusement le contenu. Répondons au vœu de l’apôtre qui désire que nous sachions comment nous conduire dans cette maison. Grâce à Dieu, elle existe; l’Esprit de Dieu y habite; la vérité s’y trouve; la parole de Dieu y est prêchée; ceux qui maintiennent ces vérités sont bienheureux et éprouvent ce que c’est d’avoir la puissance de Dieu comme secours au milieu de leur extrême faiblesse. Détournons nos regards de ce que l’homme en a fait; contemplons-la avec les yeux de Dieu; voyons comment il l’établira quand tous ses conseils à son égard seront réalisés.

Nous apprenons par la Parole de Dieu comment nous devons nous y conduire. Suivons scrupuleusement, consciencieusement, chacune de ces instructions et, quand même nous ne serions que deux ou trois pour les mettre en pratique, nous resterions encore, semblables à Philadelphie, le témoignage, devant le monde, de ce qu’est cette maison.

Elle est «la maison de Dieu». La maison de Dieu est bâtie et établie ici-bas, car il n’est pas question ici, comme nous l’avons dit en commençant, du corps de Christ et de sa position céleste en union avec sa Tête glorieuse dans le ciel. La maison de Dieu est établie afin que le monde qui l’entoure apprenne ce que Dieu est, en voyant cet organisme fonctionner normalement selon les pensées de Dieu.

Elle est «l’Assemblée du Dieu vivant». C’est de cette assemblée, formée de pierres vivantes, que le Fils du Dieu vivant est «la pierre angulaire». C’est là que la puissance de la vie divine agit par le Saint Esprit; c’est là qu’il habite. Christ qui bâtit cette assemblée l’a fait en vertu de sa résurrection d’entre les morts, comme Fils du Dieu vivant.

Elle est «la colonne et le soutien de la vérité». Cette maison a un témoignage public à rendre devant le monde. Ce témoignage est la vérité, non pas certains côtés de la vérité, mais la vérité tout entière. Donc ces deux choses, la présence du Dieu vivant, dans la personne de Christ, par le Saint Esprit, et la vérité sont ce qui la caractérise. Notons encore une fois que c’est l’Église, telle que Dieu l’a établie ici-bas pour rendre témoignage devant le monde, dont il est question ici, et non pas l’Église corrompue et travestie telle que l’homme l’a faite. Dieu a donné cette mission à son assemblée, et cette mission subsiste. Il veut, par elle, faire connaître ses pensées dans le monde. Cette maison est donc l’endroit où la vérité est proclamée et où sa «profession» est maintenue, et nulle part ailleurs. Tout ce que l’Ennemi a fait pour ébranler la vérité ne sert qu’à la mettre en lumière.

La vérité est la pensée de Dieu sur toutes choses, sur ce qu’Il est Lui-même, sur ce qu’est l’homme, sur ce qu’est le ciel, la terre et l’enfer, et Satan, et le monde. En un mot la vérité embrasse toutes choses aux yeux et dans les pensées de Dieu. Cette vérité nous est pleinement révélée dans la personne de Christ, par sa Parole et par son Esprit. C’est pourquoi Christ, la Parole, et l’Esprit sont appelés «la vérité», mais la vérité se résume dans cette personne, proclamée et révélée (voyez Jean 14:6; 17:17; 1 Jean 5:7). Le monde doit voir dans et par l’assemblée tout ce que celle-ci connaît de Christ, tout ce qui fait d’elle son témoin.

L’assemblée est la colonne sur laquelle le nom de Christ, la vérité, est écrit, pour le faire connaître au monde entier. Quelle vaste mission! C’est en cela que consiste le témoignage de l’Église. Même au cas où la Parole serait entièrement inconnue, l’Assemblée devrait, par toute sa conduite, faire resplendir la vérité, Christ, à tous les yeux. L’assemblée est le soutien de la vérité. Elle est la plateforme sur laquelle la vérité est édifiée, la base sur laquelle Dieu l’a placée.

Comme est l’ensemble, l’Assemblée du Dieu vivant, tel aussi l’individu. Si le Christ habite par la foi dans nos cœurs, nous devenons individuellement ses témoins dans le monde, une lettre de Christ, connue et lue de tous les hommes, en sorte que, comme disait un frère, celui qui s’approche de cette habitation voie, au premier coup d’œil, Christ à la fenêtre. L’apôtre, parlant de lui-même, dit: «Nous recommandant nous-mêmes à toute conscience d’homme devant Dieu, par la manifestation de la vérité» (2 Cor. 4:2).

Après avoir parlé de la vérité qui, comme nous l’avons vu, est concentrée dans la personne de Christ, de sa Parole et de son Esprit et qui est proclamée par l’Assemblée du Dieu vivant sur laquelle la vérité est écrite et établie, l’apôtre aborde un sujet qui se lie intimement au sujet précédent, c’est-à-dire celui de la piété, des relations de l’âme avec Dieu, et montre ce qui produit ces relations et les entretient. Car ce n’est pas tout que d’appartenir à cette maison de Dieu, colonne et soutien de la vérité; il faut aussi chez ceux qui composent cette maison la piété, c’est-à-dire les rapports individuels de leur âme avec Dieu. Comment ces rapports peuvent-ils être produits et maintenus? C’est là le mystère, ou secret de la piété. Notez que, dans le Nouveau Testament un mystère n’est jamais une chose cachée, mais, au contraire, un secret pleinement révélé.1

1 Ceux qui désireraient étudier ce sujet: le mystère, en trouveront tous les éléments dans les passages suivants: Matt. 13:11; Rom. 11:25; 16:25; 1 Cor. 2:7; 4:1; 13:2; 15:51; Éph. 1:9; 3:3; 4:9; 5:32; 6:19; Col. 1:26-27; 2:2; 4:3; 2 Thess. 2:7; 1 Tim. 3:9, 16; Apoc. 1:20; 10:7; 17:5, 7.

La piété est un composé de deux sentiments qui vont grandissant dans l’âme, à mesure que ses relations avec Dieu deviennent plus habituelles et plus intimes; aussi le chrétien est-il tenu de «s’y exercer» (4:7). Ces sentiments sont, en premier lieu, la crainte de Dieu1. L’âme, dès qu’elle est admise dans la pleine lumière de Sa présence, apprend à haïr le mal, parce que Dieu le hait, et à aimer le bien, parce que Dieu l’aime. Cette crainte, loin de nous faire fuir la présence de Dieu, nous rapproche de Lui et nous remplit de confiance, car nous savons que Lui seul est capable de nous conduire et de nous maintenir jusqu’au bout dans cette voie. Toutes les bénédictions de notre marche chrétienne dépendent de la piété; de là l’importance d’en connaître le secret et de quelle manière elle peut être produite et s’accroître chez les siens.

1 Voyez Héb. 5:7 l’identification de la piété avec la crainte de Dieu.

Ce secret consiste à n’être occupé que d’un seul objet, de Dieu «venu en chair», de Christ-homme.

La doctrine qui est selon la piété (6:3) contient beaucoup de choses, et il est à désirer que nous n’en négligions aucune; mais la piété elle-même n’a qu’un objet: l’homme Christ Jésus, connu personnellement; elle découle de cette connaissance.

Nous avons déjà vu ce qu’est «le mystère de la foi» (3:9). Malgré son immense étendue et sa richesse, ce dernier n’est pas appelé grand comme celui de la piété. Il est composé de toutes les vérités qui sont la conséquence de la rédemption. Le mystère de la piété n’est pas un ensemble de doctrines; c’est la révélation d’une personne, la révélation de Dieu, autrefois le Dieu invisible, mais maintenant rendu visible dans la personne d’un homme.

Ce mot: «la piété» se rencontre, d’une manière presque exclusive dans la seconde épître de Pierre et dans les épîtres pastorales, mais, avant tout dans l’épître que nous étudions. La piété ne peut se former que sur ce qui a été révélé dans la personne de Christ

Dieu, lumière et amour, a été manifesté en chair, c’est-à-dire dans la personne d’un homme. Dieu, manifesté de cette manière, a été justifié en Esprit. D’abord l’évidence de l’absence, chez lui, de tout péché a été démontrée pendant sa vie par la puissance du Saint Esprit; ensuite Il a été justifié, selon ce même Esprit, par sa résurrection d’entre les morts.

S’agit-il pour moi de connaître Dieu, d’apprendre ce qu’est sa justice, de le voir, de l’entendre, de croire en Lui, je trouve tout cela en Christ homme; c’est sur cet homme que sont fondées toutes les relations entre Dieu et les hommes.

«A été vu des anges». Dieu a été rendu visible aux anges quand Il s’est manifesté en chair, dans un homme. Les anges ne peuvent voir le Dieu invisible. Du moment qu’Il est venu ici-bas, comme petit enfant dans une crèche, ils le voient. Étendu dans le sépulcre, les anges le contemplent. Ils sont les premiers à sa naissance, les premiers à sa résurrection.

«Prêché parmi les nations». Dieu venu en chair est le sujet du témoignage, non seulement parmi les Juifs, mais dans le monde entier.

«Cru au monde», ce Dieu manifesté en chair est un objet de foi, non de vue, dans ce monde.

«Élevé dans la gloire». Venu comme homme ici-bas, il est monté comme homme dans la gloire. C’est maintenant là que la piété le voit, le connaît, s’entretient avec Lui, cherche à lui plaire, s’adresse à Lui. Tous les sentiments de la piété tournent autour de Lui qui en est le centre.

Le secret de la piété, des relations de l’âme avec Dieu, basées sur la crainte de Dieu et la confiance en lui, nous le retrouvons donc dans la connaissance de la personne de Christ. En 2 Thess. 2:7, on trouve, terrible contraste, le mystère d’iniquité qui est précisément la négation de Jésus Christ, venu en chair, auquel Satan substituera l’Antichrist (1 Jean 4:12).

Dans les trois premiers chapitres de notre épître, nous avons trouvé en 1:15, l’œuvre de Christ pour les croyants; en 2:4 son œuvre pour tous les hommes; en 3:15 sa personne comme étant la vérité elle-même; en 3:16, sa personne comme base unique de toute piété.