1 Timothée

Chapitre 2

V. 1-7

J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des supplications, des prières, des intercessions, des actions de grâces pour tous les hommes, — pour les rois et pour tous ceux qui sont haut placés, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté; car cela est bon et agréable devant notre Dieu sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité; car Dieu est un, et le médiateur entre Dieu et les hommes est un, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous, témoignage qui devait être rendu en son propre temps, pour lequel moi, j’ai été établi prédicateur et apôtre (je dis la vérité, je ne mens pas), docteur des nations dans la foi et dans la vérité.

Nous entrons ici dans le sujet propre de cette épître qui est l’administration et l’ordre de la maison de Dieu basée sur la doctrine qui est selon la piété.

N’est-il pas frappant que la première exhortation adressée aux gens de la maison de Dieu soit la prière? C’est à elle qu’on peut reconnaître à première vue l’Assemblée du Dieu vivant, ou, quand elle est une maison ruinée, ce qui la représente. Son ordre est lié aux rapports habituels des saints avec Dieu par la prière. La prière elle-même a divers caractères: 1° Les supplications. Ce sont des prières instantes montant vers Dieu de cœurs qui sentent profondément l’importance vitale de ce qu’ils demandent. 2° Les prières sont une forme plus habituelle et reflètent les désirs, les besoins, les préoccupations journalières du cœur. 3° Les intercessions sont plus intimes. Elles proviennent d’un commerce personnel de proximité et de confiance avec Dieu. Nous retrouvons ce même mot au chap. 4:5, traduit par «la prière». 4° La dernière forme de la prière consiste en actions de grâces, car celui qui s’adresse à Dieu par la foi, sait qu’il a les choses qu’il a demandées.

Ces demandes s’adressent à Dieu pour tous les hommes. Aucun n’est excepté. On voit ici quel rôle l’Évangile doit occuper dans le fonctionnement de la maison de Dieu. N’est-ce pas, en effet, le premier caractère de l’Évangile, qu’il s’adresse à tous, par la bouche de ceux qui font partie de cette maison et que le Seigneur envoie dans ce but? Non pas que ce soit l’Assemblée elle-même qui évangélise; le Seigneur a confié cette fonction aux dons qu’Il a suscités, mais l’Assemblée participe par les prières à toute l’œuvre précieuse que le Dieu Sauveur fait dans le monde par l’Esprit Saint.

Quel vaste champ d’activité pour nos âmes! Toutes les formes de l’intercession y sont employées. S’il y a beaucoup d’autres bonnes œuvres, toute prière adressée à Dieu pour le salut des âmes, en est une. Combien de fois prions-nous dans la journée, ayant ce but devant nous? Dans quelle mesure réalisons-nous ce mot: «Priez sans cesse» quand il s’agit de «prier pour tous les hommes»?

«Pour les rois et pour ceux qui sont haut placés», dit l’apôtre. Les autorités du monde ne font que trop rarement partie des prières de l’Assemblée, et pourtant elles sont placées ici au premier rang quand il est parlé de tous les hommes. N’est-ce pas à elles que nous devons, par l’intervention divine en grâce, de pouvoir mener une vie paisible et tranquille, dans laquelle nous puissions faire connaître au monde ce qu’est «la piété» envers Dieu, et «l’honnêteté» envers les hommes, qualités qui ne pourront se développer que dans une atmosphère tranquille? En des temps de persécution, ce témoignage paisible est entravé ou perdu. La foi et la fidélité qui peuvent aller jusqu’à la mort, sont alors mises à l’épreuve par la tribulation. Dieu qui dirige comme il veut l’esprit des hommes (et d’hommes qui sont souvent pareils aux bêtes féroces) peut réprimer leurs instincts les plus cruels pour donner la paix à son peuple et favoriser l’extension normale de l’Évangile dans une atmosphère de tranquillité.

Il est bien remarquable que la recommandation de prier pour ceux qui sont en dignité soit faite aux chrétiens sous le règne de Néron, le plus odieux, le plus cruel ennemi des saints, celui sous lequel tant de témoins de Christ, et Paul lui-même, ont subi le martyre. Pas un mot de blâme contre cet homme ne sort de la bouche de l’apôtre, qui ne le nomme même pas. Il ne proteste point contre sa violence dont à l’occasion Dieu s’est servi pour remplir d’assurance le cœur de ses bien-aimés (Apoc. 2:8-10) et les encourager par la récompense de la couronne de vie, en les préservant, pour un moment du moins, des dangers du déclin.

Mais ce n’est pas seulement en vue de jouir de la paix pour eux-mêmes ou pour rendre témoignage au monde de l’ordre qui régit la maison de Dieu, que les chrétiens sont exhortés à prier pour tous les hommes. L’apôtre ajoute: «car cela est bon et agréable devant notre Dieu Sauveur». C’est aussi en vue d’obtenir son approbation à Lui que les saints font ces demandes. «Notre Dieu Sauveur» le veut ainsi. L’apôtre ne dit pas: Le Dieu Sauveur. Il est Celui qui a commencé par se faire connaître à nous comme tel; c’est à Lui que nous appartenons; Il est entièrement pour nous. Nous avons donc toute hardiesse pour lui faire ces demandes. Quand nous demandons le salut du pire d’entre les pécheurs, nous savons que nous demandons une chose parfaitement agréable à notre Dieu. Il veut que tous les hommes soient sauvés. Il ne s’agit pas ici de ses conseils et de son propos arrêté, mais de ses voies d’amour envers tous les hommes sous l’Évangile. Il veut. Nous l’avons déjà dit: le seul obstacle au salut de tous les hommes n’est pas du côté de Dieu, mais provient, chez l’homme, d’une volonté qui repousse résolument celle de Dieu et s’y oppose (Luc 13:34; Jean 5:40). Dieu veut, non seulement que tous soient sauvés, mais arrivent à la connaissance de la vérité. Connaître la vérité, c’est, à la fois, connaître Christ, connaître la Parole qui nous le révèle, connaître ce que Dieu est, connaître ce que nous sommes. Cette connaissance nous force à nous jeter dans ses bras, comme de pauvres êtres perdus, et à trouver en Lui notre seule ressource comme Dieu Sauveur.

Or cette vérité était, dans une mesure, déjà connue sous la loi qui proclame un seul Dieu. C’est à ce Dieu-là que le pécheur doit venir; mais comment venir à Lui? L’homme pécheur est incapable de s’approcher de Dieu. Ici intervient la vérité chrétienne, proclamant qu’il y a «un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus». Il est venu ici-bas comme homme, pour rendre Dieu accessible à tous. Cet arbitre, Job déclarait qu’il n’existe pas: «Il n’y a pas entre nous un arbitre (ou médiateur) qui mettrait sa main sur nous deux» (Job 9:33). Mais il faut que Job apprenne, en type du moins, que cet arbitre existe: «S’il y a pour lui un messager», dit Élihu, «un interprète, un entre mille, pour montrer à l’homme ce qui, pour lui, est la droiture, Il lui fera grâce, et il dira: Délivre-le pour qu’il ne descende pas dans la fosse: J’ai trouvé une propitiation» (Job 33:23-24). Or ce Médiateur est venu dans la personne de Christ, l’homme Christ Jésus qui a entrepris la cause des pécheurs et a trouvé une propitiation, s’étant «donné en rançon pour tous».

Il était le seul qui pût remplir les conditions requises pour nous réconcilier avec Dieu, car 1° Il est devenu homme pour rendre le «seul Dieu» accessible à tous. 2° Il est devenu homme pour se donner lui-même en rançon pour tous, et c’est la propitiation. 3° Il a laissé sa vie en rançon pour plusieurs (Math. 20:28) et c’est l’expiation. — Quant à la propitiation, elle est faite pour tous. Tous peuvent s’approcher de Dieu. Christ a donné une rançon, une somme entière, totale, égale en nombre et en valeur à la dette qu’il s’agit de payer. Tous peuvent venir et s’en prévaloir. Dieu a accepté la rançon. Il ne s’agit plus pour le pécheur que de venir et de le croire. Quant à l’expiation, elle n’est la part que des plusieurs qui ont cru. Dans ce cas, la rançon est considérée comme ayant été payée pour chaque croyant individuellement, ce qui l’assimile à l’expiation et à la substitution.

Cette vérité (v. 4), Dieu l’avait confiée à l’apôtre (v. 7) qu’Il avait établi pour cela. Elle est ensuite appuyée et soutenue par la conduite de l’Assemblée dans ce monde (3:15). Le temps était venu pour rendre ce témoignage au milieu des nations et Paul avait été établi comme prédicateur, apôtre et docteur, pour proclamer que ces choses pouvaient être acquises par la foi et que la vérité, toutes les pensées de Dieu, avait maintenant été révélée en Christ.

 

V. 8-15

Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement. De même aussi, que les femmes se parent d’un costume décent, avec pudeur et modestie, non pas de tresses et d’or, ou de perles, ou d’habillements somptueux, mais par de bonnes œuvres, ce qui sied à des femmes qui font profession de servir Dieu. Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission, mais je ne permets pas à la femme d’enseigner ni d’user d’autorité sur l’homme; mais elle doit demeurer dans le silence; car Adam a été formé le premier, et puis Ève; et Adam n’a pas été trompé; mais la femme, ayant été trompée, est tombée dans la transgression; mais elle sera sauvée en enfantant, si elles persévèrent dans la foi et l’amour et la sainteté, avec modestie.

En disant: «Je veux donc», l’apôtre revient à ce qu’il a dit d’une manière générale au premier verset. Il ne demande plus «qu’on fasse des supplications», mais il spécifie qui doit les faire, c’est-à-dire les hommes et non pas les femmes. Ces dernières ne peuvent pas se produire au dehors. Leur attitude est tout autre; celle des hommes en revanche est publique. La prière n’est pas l’exercice d’un don, car beaucoup d’hommes ne possèdent pas ce dernier et Dieu ne leur en recommanderait pas l’exercice. La prière est une attitude et l’expression d’un état d’âme devant Dieu, lequel peut s’exercer en présence de tous, mais seulement de la part des hommes. Ces mots: «en tout lieu» indiquent qu’il s’agit bien ici de prières en public, et (comme le sujet de cette épître est l’ordre divin de la maison de Dieu quand il était encore, comme au temps des apôtres, dans sa plénitude originelle) qu’il s’agit de prières dans tous les lieux où cette maison se rassemble. Il va sans dire qu’il n’est aucunement question ici de la maison, foyer et abri de la famille, car les prières de l’homme aussi bien que celles de la femme y ont une entière liberté de s’exercer, la femme gardant du reste en cela, comme en toutes choses, la position de dépendance que Dieu lui a assignée vis-à-vis de son mari. Il va sans dire, encore, qu’une telle prescription n’a rien à faire avec les «églises» d’aujourd’hui, ainsi nommées par les hommes, et où la «volonté» de l’apôtre exprimée ici ne serait ni tolérée, ni même d’exécution possible.

L’apôtre ajoute: «Élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement». Ces paroles indiquent qu’il est certains états d’âme qui sont incompatibles avec la prière dans la maison de Dieu qui est l’assemblée du Dieu vivant. La sainteté de Dieu ne pourrait admettre de telles prières, car tout ce qui est en contradiction avec la pureté, la paix et la foi dans le cœur, rend inapte à la prière et ne peut trouver accès devant Dieu.

L’apôtre en vient maintenant au rôle des femmes dans la maison de Dieu. La pudeur et la modestie doivent être représentées chez elles par un costume décent et non par les ornements luxueux que recherchent les femmes du monde. Ainsi la tenue de la femme chrétienne la fait reconnaître aussitôt et ce témoignage est bien autrement important que des paroles. À cette attitude, pour ainsi dire négative, s’ajoute le témoignage actif des «bonnes œuvres». Sur ce dernier sujet nous en référons à ce qui en est dit dans notre «Étude sur l’épître à Tite», p. 33-35. Bornons-nous à répéter qu’une bonne œuvre peut être faite envers Christ, envers les saints, ou envers tous les hommes et que les bonnes œuvres sont exclusivement le fait du nouvel homme, des membres de la famille de Dieu. Toute œuvre accomplie par l’homme inconverti ne peut être qu’une «œuvre morte» ou une «mauvaise œuvre».

La tenue et les bonnes œuvres conviennent donc «à des femmes qui font profession de servir Dieu». C’est ici que l’on peut saisir un des côtés du grand sujet de cette épître. Il s’agit de la profession chrétienne; seulement dans la première épître à Timothée elle n’est nullement séparée, comme dans la seconde épître, de la réalité de la vie divine dans l’âme. La réalité de cette profession doit se montrer chez la femme dans sa tenue et dans son activité. Nous trouvons en 1 Pierre 3:1-6, un tableau et des exhortations semblables. Ici, au v. 11, nous trouvons d’autres recommandations adressées à la femme chrétienne; elle est appelée à faire des progrès dans la connaissance de la Parole: «Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission». Beaucoup de femmes chrétiennes manquent aujourd’hui à cette injonction, préférant une activité extérieure plus ou moins agitée à l’attitude silencieuse d’une Marie, assise aux pieds de Jésus pour l’écouter. Marthe parlait et se faisait reprendre, Marie apprenait en toute soumission. Ah! combien peu ces choses sont réalisées à mesure que le mal qui aboutira à l’apostasie finale, gagne et s’étend comme une lèpre dans la maison de Dieu! Des femmes chrétiennes «parlent en tout lieu», s’enorgueillissent d’enseigner au lieu de s’en humilier comme d’une coupable usurpation et d’une désobéissance positive au commandement du Seigneur. Pour qui est soumis à la parole de Dieu, c’est la plus audacieuse violation par la femme de l’ordre prescrit pour la maison de Dieu. Nous ne parlons ici, cela va sans dire, que de la femme chrétienne ou tout au moins de la femme professant le christianisme et, par conséquent, responsable de se soumettre à la Parole. Quant à la femme du monde, comment songer à l’astreindre à une règle divine qu’elle ignore et ne peut suivre? La femme «doit demeurer dans le silence»; c’est son devoir et son obligation. L’apôtre en donne deux raisons péremptoires. La première est la prééminence d’Adam sur Ève. Il a été «formé le premier». Ensuite est venue la femme, tirée de lui, et formée comme une aide qui lui corresponde, car, dit l’Éternel Dieu, «il n’est pas bon que l’homme soit seul». Ainsi la femme est devenue os des os et chair de la chair d’Adam.

La seconde raison, c’est que ce n’est pas Adam qui a été trompé, mais Ève, et que cette dernière est tombée dans la transgression. Au lieu d’être une aide pour l’homme, elle a été l’instrument de Satan pour le séduire et l’amener à désobéir.

Mais, ajoute l’apôtre, la femme (non les femmes croyantes) sera sauvée en enfantant. Il y a salut pour elle, quoiqu’elle porte, dans le travail et les douleurs de l’enfantement, une conséquence perpétuelle de sa faute. Mais les douleurs de l’enfantement ne sont pas un arrêt prononcé sur la vie de la femme. En mettant un enfant au monde, cette vie, loin d’être condamnée, est plutôt préservée. Mais il y a des promesses positives pour les femmes chrétiennes (de là ce mot: «si elles persévèrent), une vie de persévérance dans la foi qui se prévaut des promesses de Dieu; dans l’amour qui est le caractère même de Dieu montré dans notre vie pratique; enfin dans la sainteté qui est la séparation pour Dieu de tout mélange avec le caractère du monde; une vie présentant les caractères précieux de modestie qui sont dépeints dans ce passage, est une garantie donnée par Dieu lui-même que la femme chrétienne sera préservée au milieu des dangers de l’accouchement. Toutefois n’oublions pas que, si les femmes chrétiennes ne persévèrent pas dans ces choses, il peut y avoir envers elles une discipline qui les prive des avantages que Dieu leur accorde en vue des dangers de l’enfantement.