1 Thessaloniciens

Chapitre 2

V. 1-10 — Comment retrouver le premier amour

Nous avons vu l’autre jour que l’Église n’a pas mieux gardé son premier amour qu’Israël ne l’avait fait. En vertu de son infidélité, la menace: «J’ôterai ta lampe de son lieu», prononcée dans l’Apocalypse sur l’Église d’Éphèse, sera sûrement exécutée sur l’Église responsable. Cette dernière prendra fin, sera vomie de la bouche du Seigneur, puis détruite, alors que tous ses éléments vivants, l’Église corps de Christ, épouse de Christ, auront été recueillis dans la gloire.

La pensée d’une restauration, d’une reconstruction de l’Église responsable ici-bas, est entièrement antiscripturaire. Elle ne sera pas réédifiée; toute son histoire se terminera par l’apostasie finale de la profession chrétienne.

Cependant la Parole nous montre qu’au milieu de cet état de ruine, conséquence inévitable de l’abandon du premier amour, un Résidu fidèle, que nous voyons se former à Thyatire — «les autres qui sont à Thyatire», les seuls que Jésus approuve — rendra témoignage au Seigneur jusqu’à sa venue. Sans que «le premier amour» soit réalisé par ce Résidu, comme il l’était au commencement, nous trouvons chez lui (Apoc. 2:19) «un amour» plus précieux et plus près de sa source que «le travail» d’Éphèse; «une foi» qui, s’adressant directement à Christ, a plus de valeur que «les œuvres» d’Éphèse. Toutefois, à Thyatire, «la patience» n’est pas plus «la patience d’espérance» qu’elle ne l’était à Éphèse. Cet état de Thyatire montre donc le Réveil incomplet d’un Résidu au milieu du déclin, mais un réveil dont le Seigneur tient compte, en promettant sa venue et la possession de l’Étoile du matin (v. 28) à celui qui vaincra.

Si nous passons à l’Église de Philadelphie, nous y rencontrons de nouveau quelques traits du premier amour, accompagnés d’un sensible progrès sur l’état du Résidu de Thyatire. Jésus trouve en Philadelphie, malgré son extrême faiblesse, quelque réalisation de ce que l’Assemblée devrait être, sans que ce soit une réédification de l’Assemblée elle-même. Philadelphie, sans force, sans autorité, trouve ces choses dans Celui qui, avec l’autorité, possède la force pour la soutenir. Philadelphie réalise dans son abaissement les caractères moraux de l’Assemblée, et en porte les fruits, non pas complets, comme dans l’Église à son début, mais propres à attirer l’approbation du Seigneur. C’est ainsi que nous y trouvons, non pas l’œuvre complète de la foi, mais la foi en la Parole de Christ et en son nom pendant son absence; non pas le travail d’amour, mais l’amour des frères, inscrit dans ce nom de Philadelphie, et la connaissance de l’amour de Christ: «Moi, je t’ai aimé». Cependant Philadelphie est caractérisée plus spécialement par «la patience d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ» qui manquait totalement à Éphèse et était encore inconnue au Résidu de Thyatire lors de sa formation. «Tu as gardé la parole de ma patience», lui dit le Seigneur, et il ajoute: «Je viens bientôt; tiens ferme ce que tu as».

L’état actuel d’un Réveil dans le christianisme n’est donc pas «le premier amour» retrouvé, mais une réalisation partielle de ce qu’il doit être, quant à l’espérance de la venue de Christ. Si le Résidu actuel avait la prétention, en réunissant les enfants de Dieu, de rétablir ici-bas l’unité visible du corps de Christ, il commettrait une grande erreur. Historiquement, Philadelphie est en voie de dégénérer en Laodicée, et n’a rien d’autre à attendre. Les enfants de Dieu, conviés à se rassembler sur la base de l’unité du corps de Christ, dont tous sont membres, ont refusé de le faire. Le témoignage de Philadelphie durera jusqu’à la fin, mais si, comme ensemble, il pouvait faire naître au début, chez les ignorants, des illusions de restauration ecclésiastique, ces espérances ont été bien vite déçues. Pas plus qu’Israël (És. 49:5), l’Église ne s’est rassemblée, ni ne se rassemblera. Sous ce rapport, le témoignage actuel de Philadelphie n’est pas autre chose qu’un témoignage de la ruine. Nous en sommes là aux jours où nous vivons. Laodicée qui sera finalement rejetée, se rassemble sur un principe diamétralement opposé à celui du corps de Christ. Mais une chose reste, comme caractérisant toujours plus la piété dans le temps actuel. Le Seigneur a dit: «Je viens bientôt», et les saints de Philadelphie, gardant la parole de Christ, réalisent cette attente avec «la patience d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ».

Les mots: «Tu as abandonné ton premier amour» s’adressent donc à nous, aujourd’hui aussi bien que jadis, et combien nous avons raison d’en être profondément humiliés et de confesser cette ruine, car nous faisons aussi partie de l’Église responsable ici-bas. En serons-nous découragés? Ne pourrons-nous jamais retrouver les fruits bénis qui brillaient d’un si vif éclat aux jours de l’assemblée de Thessalonique? La réponse est très consolante. Si, comme ensemble, même en tenant compte de tous les Réveils, nous avons entièrement failli et sommes tous retombés au même niveau, le premier amour peut être retrouvé et maintenu individuellement. Nous constatons cela dans le deuxième chapitre de notre épître que nous avons lu ce soir. L’apôtre Paul en est l’exemple: il n’avait jamais abandonné son premier amour. Il est donc possible à chacun d’entre nous de réaliser les fruits de sa conversion, comme cela eut lieu au début de la vie chrétienne dans l’Assemblée des Thessaloniciens.

Nous trouvons dans ce chapitre «l’œuvre de foi» chez Paul. Prêtons l’oreille à ce qu’il nous dit: Il avait souffert après avoir été outragé à Philippes; il avait eu toute hardiesse pour annoncer l’évangile de Dieu avec beaucoup de combats; il n’avait pas cherché à plaire aux hommes, mais à Dieu qui éprouve les cœurs; Dieu lui était témoin qu’il n’avait jamais usé de parole de flatterie, ni de prétexte de cupidité; il n’avait pas cherché la gloire qui vient des hommes. D’un bout à l’autre de sa carrière, son œuvre de foi avait eu Jésus Christ pour point de départ.

Son «travail d’amour» était tout aussi remarquable. «Nous avons été doux au milieu de vous», dit-il. «Comme une nourrice chérit ses propres enfants, ainsi, vous étant tendrement affectionnés, nous aurions été tout disposés à vous communiquer... nos propres vies, parce que vous nous étiez devenus fort chers. Car vous vous souvenez, frères, de notre peine et de notre labeur; c’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à charge à aucun de vous, que nous vous avons prêché l’évangile de Dieu». Ce travail d’amour à l’égard des Thessaloniciens se montrait même dans les occupations extérieures et journalières de l’apôtre. Paul était au milieu d’eux comme un père qui aime ses propres enfants, comme une nourrice qui les chérit. Il avait à la fois un amour tendre et un amour puissant, capable d’entreprendre ce que la tendresse seule n’aurait pu faire.

Dans les derniers versets du chapitre, nous trouvons sa «patience d’espérance». «Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous glorifions?» N’est-ce pas bien vous qui l’êtes devant notre Seigneur Jésus, à sa venue? «Car vous, vous êtes notre gloire et notre joie» (v. 19, 20). L’apôtre avait à attendre patiemment la réalisation de son espérance quand tous ses chers Thessaloniciens seraient la couronne glorieuse de son service à la venue du Seigneur. Il attendait constamment cette venue pour voir les fruits de son ministère. Sa patience d’espérance était telle, qu’il lui suffisait de remettre l’heure de sa récompense à un avenir, toujours présent à ses yeux, mais très éloigné peut-être, où le Seigneur qu’il attendait viendrait réunir auprès de Lui tous ses bien-aimés. Cette patience d’espérance caractérisait toute la carrière de l’apôtre, si bien qu’au moment de déposer sa tente il espérait encore et pouvait dire: «Désormais m’est réservée la couronne de justice... et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition». Il allait entrer dans la présence du Seigneur où il n’aurait la récompense de son fidèle service que lors de cette apparition qui constituera le second acte de la venue de Christ.

Efforçons-nous de répondre individuellement, avec fidélité, au but du Seigneur: il veut que nous portions les fruits du premier amour pour Dieu et pour Lui, jusqu’à l’heure, journellement attendue, où il viendra nous recueillir auprès de Lui.

 

V. 11, 12 — La marche

Je reviens aux versets 11 et 12 du chap. 2 pour vous entretenir de la marche, et en vérité nous ne pouvons jamais assez nous pénétrer des principes qui doivent la gouverner.

Le témoignage chrétien, qu’il soit individuel ou collectif, revêt les aspects divers du combat, de la course, de la marche et de la conduite.

Le combat est la lutte contre une partie adverse ou ennemie qui cherche à nous dominer ou à asservir nos frères, ou à retenir les hommes en esclavage — ou enfin à nous ravir nos biens et à nous empêcher d’en prendre possession. La course est l’effort énergique qui nous porte en avant, méprisant la fatigue et surmontant tous les obstacles, pour atteindre le but et remporter le prix. La marche n’est pas l’effort, ni la lutte, mais une progression constante dans une même direction. Cet acte se passe en public et le public le juge ou l’apprécie; aussi celui qui marche évite par habitude les faux pas ou des chutes qui le compromettraient ou auraient des conséquences dangereuses. Appliquez cette notion à la marche chrétienne, vous trouverez qu’elle comprend notre témoignage journalier, notre manière de nous comporter dans ce monde en présence des hommes. De même que la conduite, la marche a pour but de faire honorer le nom que nous portons, le caractère que nous représentons en public. Suivre ou marcher à la suite de quelqu’un est quelque peu différent. C’est prendre un autre pour guide de notre marche, sans le perdre de vue, suivre la direction qu’il prend, régler notre pas sur le sien, conformer notre marche à la sienne, le prendre en un mot pour modèle. La conduite a un aspect plus général que la marche, sans cependant en être séparée habituellement. Elle est la manière de nous comporter envers les hommes avec lesquels nous entrons en relation ou dans les diverses circonstances que nous traversons.

Or, je trouve, dans la parole, que notre marche chrétienne doit être régie en premier lieu par les caractères de la vie divine que nous possédons. En nous donnant la vie et en faisant de nous ses enfants par la foi en Jésus, Dieu nous a communiqué sa propre nature et c’est elle qui doit nous diriger. Nous possédons d’abord, et c’est le premier caractère de notre vie, la puissance de cette vie, qui est le Saint Esprit. En conséquence, l’apôtre oppose, dans le chap. 5 de l’épître aux Galates, versets 19 à 21, «les œuvres de la chair», fatales à ceux qui les accomplissent, et «le fruit de l’Esprit» que peut toujours porter le chrétien affranchi, car il a «crucifié la chair avec les passions et les convoitises». Ce fruit doit caractériser notre marche, aussi Paul ajoute: «Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit». Cela nous donne à réfléchir et nous juge quant à notre vie journalière. «L’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance», ce «fruit de l’Esprit», notre marche le met-elle en lumière? Si tel n’est pas le cas, humilions-nous et demandons instamment à Dieu qu’il nous donne de le porter. — Au chap. 5 de l’épître aux Éphésiens (v. 2), nous trouvons l’amour comme second caractère de la vie divine que nous possédons: «Marchez dans l’amour». Nous sommes participants de la nature divine qui est amour et cet amour est versé dans nos cœurs par le Saint Esprit. Ici je fais de nouveau un retour sérieux sur moi-même. Ai-je aujourd’hui marché dans l’amour, dans cet amour qui est «plein de bonté, sans envie, sans vanterie, sans orgueil, sans égoïsme, dans cet amour qui supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout»; ou bien dans l’égoïsme, dans la recherche de mes intérêts, dans la critique de mes frères, dans l’indifférence quant à l’état des pécheurs? Quel est donc le moyen d’être débarrassé de tout ce qui, en cela, entrave ma marche? Le moyen est de suivre Christ, de voir comment «il nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous», de le prendre pour modèle. Tout le secret d’une marche fidèle se trouve dans un attachement réel du cœur à Christ. Être occupé de lui, avec une affection sincère, nous transforme à son image. — Au verset 8 de ce même chapitre 5 des Éphésiens, nous trouvons un troisième caractère de la vie que nous possédons. Dieu est non seulement amour, mais aussi lumière, et nous sommes lumière dans le Seigneur, aussi l’apôtre dit: «Marchez comme des enfants de lumière». Comme Jésus avait dit: «Je suis la lumière du monde» (Jean 8:12), il dit à ses disciples: «Vous êtes la lumière du monde» (Matt. 5:14). Nous avons donc à faire luire cette lumière comme Lui. Il ne peut y avoir aucune communion entre elle et les ténèbres. Un quatrième caractère de la vie divine est la vérité. Or, la vérité c’est Christ, sa Parole et son Esprit. Aussi avons-nous à manifester ce caractère. L’apôtre Jean l’appréciait bien haut, quand il disait: «Je me suis fort réjoui d’avoir trouvé de tes enfants marchant dans la vérité» (2 Jean 4).

Mais voici un second point de toute importance: Notre marche chrétienne doit être digne de nos relations. C’est ce que vous trouvez en premier lieu dans l’épître qui fait le sujet de nos entretiens. L’apôtre exhorte ses enfants dans la foi, au chap. 2:12, à «marcher d’une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire». N’est-ce pas là une vérité très élevée? Le Dieu souverain, Créateur et Conservateur de toutes choses, nous appelle à la dignité suprême de partager son royaume et sa gloire! Notre caractère doit être le reflet du sien et nous avons à marcher dans la conscience d’une dignité qui nous élève au-dessus de notre entourage autant que le ciel est élevé au-dessus de la terre. Mais jamais, notez-le bien, la dignité n’exclut l’humilité. Si, d’une part, les Thessaloniciens avaient à marcher dans la dignité de fils de Dieu, héritiers de sa gloire suprême, ils avaient, de l’autre, à servir le Dieu vivant et véritable avec l’humble caractère qui convient à des serviteurs (1:9). Telle était leur première relation.

Une seconde relation les caractérisait, comme nous l’avons vu au chapitre 1. Ils avaient Jésus comme Seigneur et il avait tous les droits sur eux. Mais l’épître aux Colossiens (1:10) nous présente cette relation dans ses rapports avec notre marche. Dans l’épître aux Thessaloniciens, la relation avec Dieu était la première qui fût connue de ces petits enfants dans la foi; les Colossiens étaient beaucoup plus avancés en connaissance. L’Église, corps de Christ, n’était point pour eux un mystère, mais ils couraient le risque de perdre de vue le Chef du corps, aussi l’apôtre ne leur parle-t-il que du Seigneur, et leur devoir consistait à «marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu».

Voici enfin un troisième point: Notre marche doit être digne des privilèges que nous possédons. Le premier chapitre de l’épître aux Éphésiens nous dit que nous avons été «élus avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant Lui, en amour» (v. 4). Dieu nous destine à être éternellement tels que Christ lui-même en sa présence. Nous n’avons pas encore atteint cette perfection, mais Jésus la possède, tandis que le chrétien le plus avancé ne pourra jamais y prétendre ici-bas. Mais le moment est proche, où nous serons en la présence de Dieu, tels que Christ lui-même, non pas seulement, comme aujourd’hui, en Christ, mais avec Christ devant Dieu, et partageant ses propres perfections, car nous lui serons semblables. C’est pourquoi l’apôtre exhorte les Éphésiens au chapitre 4, verset 1, à «marcher d’une manière digne de l’appel» dont ils ont été appelés. Il leur enjoint de répondre par leur conduite, dans ce monde, aux privilèges dans la jouissance définitive desquels ils vont entrer, pareils à quelque prince héritier qui, avant de prendre possession de sa dignité royale, est déjà considéré par tous comme digne d’en avoir les honneurs. Nous avons besoin d’être exhortés à réaliser cela constamment. — Vous trouvez encore, en Phil. 1:27, quelque chose de semblable: «Conduisez-vous d’une manière digne de l’Évangile du Christ». Les Philippiens avaient le privilège d’être dépositaires de l’Évangile, de cette bonne nouvelle merveilleuse qui part du pardon des péchés pour aboutir à la gloire, et ils avaient à se conduire en conséquence.

Nous devons donc avoir continuellement en vue nos caractères, nos relations et nos privilèges, et en comprendre le prix et la grandeur, pour que notre marche y corresponde. Qu’il est beau de voir un chrétien marcher dans ce monde d’une manière conforme à toutes ces bénédictions: un jour il entendra Jésus lui dire: Tu marcheras avec moi en vêtements blancs, car tu en es digne! (Apoc. 3:4). N’est-il pas vrai que nous devrions avoir beaucoup plus le sentiment de la hauteur de nos bénédictions? Ce sentiment n’exclut nullement, avons-nous dit, l’humilité, car elle fait partie de la marche du chrétien à la suite de son Maître; mais la dignité chrétienne est le partage de celui dont les relations, le caractère et les intérêts sont entièrement hors du monde qu’il traverse comme un étranger céleste, sur les pas de son Sauveur. Jésus n’avait aucune patrie dans ce monde. Il y avait un lieu de naissance, mais sa patrie était le ciel. Il était «le fils de l’homme qui est dans le ciel» et marchait en conséquence. Faisons comme Jean-Baptiste: «Regardons-le marcher» et suivons-le avec la conscience de notre dignité céleste.