1 Samuel

Chapitre 30

Une marche selon les pensées de son cœur naturel avait privé David de la communion avec son Dieu. Il ne pouvait pas, dans le chemin qu’il suivait, recevoir comme Énoch «le témoignage d’avoir plu à Dieu». Livré à lui-même, lui, un des excellents de la terre, il avait été en danger de faire naufrage quant à la foi, tout comme un autre, et d’embrasser la cause des pires ennemis de son peuple. Leur chef reconnaissait en lui un caractère intègre et irréprochable, mais c’était un danger de plus pour son âme. Au milieu de ces écueils, alors qu’abandonné à ses propres forces il aurait certainement sombré, Dieu, ne pouvant le guider de son œil, avait employé «la bride et le mors» (Ps. 32:9), c’est-à-dire un concours de circonstances contraires à la volonté de son serviteur, pour le garder d’une chute irrémédiable.

Dans notre chapitre, nous voyons comment Dieu restaure David en se servant de la discipline que son manque de sainteté avait rendu nécessaire. Mais là, en pleine discipline, Dieu, chose infiniment précieuse, peut être avec lui. Dieu, qui était absent au jour de la faveur d’Akish, est présent maintenant au milieu du désastre. David est frappé dans ce qu’il a de plus cher et c’est une cause de grande tristesse, mais le fruit paisible de justice est produit. Comment regretter alors, que la main de Dieu se soit appesantie sur son serviteur? Le caractère de cet homme de Dieu, formé par la discipline, est d’une grande beauté et plein d’instruction pour nos âmes.

En l’absence de David, Amalek, pour se venger sans doute (conf. 27:8), s’était emparé de Tsiklag, ville de David (27:6), et après l’avoir incendiée, avait emmené toute la population captive, avec le butin, mais «ils n’avaient fait mourir personne». Quelle grâce de Dieu! Dans ce cruel assaut d’un ennemi sans pitié, tous les captifs avaient été épargnés. C’est ainsi que Dieu jugeait son serviteur avec mesure et d’un jugement qui avait sa restauration pour but. Cependant il faut que la discipline soit sentie profondément, pour porter ses fruits: «David et le peuple qui était avec lui élevèrent leurs voix et pleurèrent, jusqu’à ce qu’il n’y eut plus en eux de force pour pleurer» (v. 4). Les êtres les plus chers à David sont parmi les captifs: la noble Abigaïl, associée par la foi à la vie errante et aux souffrances de son époux, innocente de sa conduite à la cour d’Akish, est emmenée en captivité. Et, pour que la coupe d’amertume déborde, les compagnons qu’il a dirigés jusqu’ici, pleins d’irritation à cause de leurs fils et de leurs filles, le rendent responsable de cette calamité, se tournent contre lui, et parlent de le lapider (v. 6).

Mais la discipline est, pour l’homme de Dieu, un cordial amer qui fortifie l’âme au lieu de l’affaiblir. Quand tout vient à lui manquer, David retrouve Dieu comme ressource. Il «se fortifia en l’Éternel, son Dieu» (v. 6). Ce Dieu fidèle, connu de lui, qui l’avait jadis aidé dans toutes ses angoisses, n’avait pas changé, et il le retrouve aujourd’hui le même qu’hier et pour l’éternité.

Et voici David qui retrouve aussi ce qui l’avait caractérisé jadis. «Il dit à Abiathar... Je te prie, apporte-moi l’éphod. Et Abiathar apporta l’éphod à David. Et David interrogea l’Éternel» (v. 7). Comme Samuel était l’homme de prière et d’intercession, David, au temps de sa force, était l’homme dépendant qui consulte et interroge l’Éternel. Il y revient. L’Éternel qui avait refusé de répondre à Saül, répond à David. «Poursuivrai-je cette troupe? l’atteindrai-je?» Et l’Éternel lui dit: «Poursuis, car tu l’atteindras certainement, et tu recouvreras tout» (v. 8).

Fort de cette réponse, David se met en campagne sans hésiter. Au torrent de Besçor deux cents hommes, trop fatigués pour suivre la troupe, s’arrêtent et sont laissés à la garde du bagage. La force leur manquait; cependant leur fonction était utile à David et à leurs frères, et ne devait pas être méprisée. Celle de combattants actifs nous met en vue et nous expose bien davantage à l’orgueil spirituel qu’une position plus humble. Les compagnons de David nous le prouvent dans la suite de ce récit en s’attribuant la victoire qui leur a été préparée, puis donnée par Dieu seul (v. 22).

Un esclave égyptien, abandonné comme expirant, fait trouver à David la piste de l’ennemi. On voit la main de Dieu dans cette circonstance. Sans ce pauvre homme, mourant de faim, l’expédition échouait misérablement. Quand nous sommes fortifiés en l’Éternel, notre Dieu, quel puissant secours il nous accorde, et combien inattendu! (v. 11-15).

Tandis que l’ennemi mange, boit et danse, «une ruine subite vient sur eux». «David recouvra tout ce qu’Amalek avait pris, et David recouvra ses deux femmes. Et il n’y eut rien qui leur manquât, petits ou grands, fils ou filles, butin, ou quoi que ce fût qu’on leur avait pris: David ramena tout» (v. 18, 19) avec une abondance de dépouilles (v. 20).

L’épreuve est terminée; la discipline a porté ses fruits; mais, par la grâce de Dieu, elle continue à en porter. Voyez avec quelle sagesse David restauré tient tête aux hommes méchants et iniques d’entre ceux qui étaient allés avec lui (v. 22), comme il les reprend, en donnant à l’Éternel toute la place, tout le mérite: «Vous ne ferez pas ainsi mes frères, avec ce que nous a donné l’Éternel, qui nous a gardés et a livré entre nos mains la troupe qui était venue contre nous» (v. 23). Dieu répartit les divers services entre les siens; il est seul juge de l’activité qu’ils y déploient; il ne mesure pas la récompense à la valeur du don, mais à la fidélité dans l’administration de ce qu’il nous confie. Voilà pourquoi la part de celui qui demeure auprès du bagage est telle qu’est la part de celui qui descend à la bataille (v. 24). Ce principe, établi par David, est devenu un statut et une «ordonnance en Israël jusqu’à ce jour» (v. 25). C’était le principe de la grâce alliée à la justice, que proclamait David restauré, et comment s’étonner qu’il ait eu des conséquences durables!

Dans sa prospérité (v. 26-31), David n’oublie aucun de ceux qui l’ont aidé au temps de son adversité. Il les comble, et je ne vois guère que les Ziphiens qui soient exclus et n’aient aucune part à ses largesses, eux les délateurs, qui avaient voulu livrer le roi d’Israël. La libéralité de David apporte à tous les fidèles une preuve palpable que l’Éternel est avec lui et qu’il est bon de l’accepter comme maître et de se ranger sous sa loi — tandis que l’infidélité à l’égard de Christ porte un jour, longtemps après, peut-être, ses inévitables conséquences. Et en revanche, un verre d’eau, donné à David dans le désert, est enregistré dans le livre de Celui qui apprécie tous nos actes selon le plus ou moins d’utilité qu’ils ont pour Christ.