1 Samuel

Chapitre 22

«David partit de là, et se sauva dans la caverne d’Adullam» (v. 1). C’est là qu’il composa ce beau Ps. 142, qui exprime les sentiments dont son âme était remplie dans sa solitude. «Il n’y a personne qui me reconnaisse; tout refuge est perdu pour moi; il n’y a personne qui s’enquière de mon âme» (v. 4). «Sur le chemin par lequel je marchais, ils m’ont caché un piège» (v. 3), quand, ô dérision! c’était Saül qui audacieusement osait l’accuser, en disant: «Mon fils a soulevé contre moi mon serviteur pour me dresser des embûches» (22:8). Mais David a trouvé, précisément parce que tout refuge humain lui manquait, un refuge assuré pour son âme: «J’ai crié vers toi, Éternel! j’ai dit: Tu es mon refuge» (v. 5). Il peut compter sur le Dieu d’Israël pour être délivré de ses persécuteurs, car ils sont plus forts que lui (v. 6). David pourra-t-il jamais regretter de s’être trouvé dans une extrémité pareille, abandonné de tous, puisque c’est là que son âme a connu et apprécié le souverain refuge que l’on trouve en Dieu. Aussi le Psaume se termine par l’assurance dont son âme est remplie, que le temps de son abandon et de sa solitude prendra fin. «Les justes», dit-il, «m’environneront» (v. 7).

Après cette effusion de son âme, David reçoit, dans la caverne même d’Adullam, la réponse de l’Éternel comme prémices de sa confiance. Il ne se trouve plus seul. «Ses frères et toute la maison de son père l’apprirent, et descendirent là vers lui» (v. 1). David, type de Christ rejeté, devient un centre d’attraction pour ses frères. Sa famille, tous ceux qui étaient de sa race, se groupe autour de lui. C’étaient pour David, comme pour Christ, les «excellents de la terre». Ils reconnaissaient en lui l’oint de l’Éternel, celui par qui le Seigneur voulait sauver son peuple, l’instrument de la grâce en Israël. Ils savaient ne pouvoir rien attendre du monde que mépris et persécution, ainsi que leur chef de famille; aussi leur seule ressource était de se réfugier auprès de celui qui, à vue humaine, était lui-même sans ressource.

Mais une autre classe de personnes se réfugie auprès de David dans la caverne d’Adullam: «Et tout homme qui était dans la détresse, et tout homme qui était dans les dettes, et tout homme qui avait de l’amertume dans l’âme, s’assembla vers lui, et il fut leur chef» (v. 2). Ce n’étaient pas seulement ceux qu’une même origine avait déjà mis en relation avec lui, mais ceux qu’aucun lien n’unissait à David. Leur caractère commun, c’est qu’ils avaient tout perdu. Les uns étaient «dans la détresse», ne sachant de quel côté se tourner, d’autres «dans les dettes», sans pouvoir s’acquitter, d’autres enfin avaient «de l’amertume dans l’âme», des chagrins auxquels il n’y avait pas de remède, créés par l’état de choses en Israël.

Ceux-là trouvent auprès de David un refuge assuré, comme ils le rencontrent aujourd’hui auprès d’un Christ rejeté. Mais ils trouvent bien plus encore. David est capable de créer, de former à son image les plus misérables. Le reflet de sa beauté morale tombe sur ceux qui n’ont rien à lui apporter que leur misère. Dans la sombre caverne d’Adullam, la lumière qui rayonne de David resplendit sur ces quatre cents hommes qui l’entourent, et ce que la grâce a fait d’eux au jour des tribulations, sera reconnu par tous les yeux, acclamé de toutes les bouches, au jour, prochain déjà, de la gloire. Tous ces gens hors la loi, entoureront le trône du roi et seront appelés «les hommes forts de David» (2 Sam. 23:8).

Mais ce n’étaient pas là toutes les ressources que la caverne d’Adullam renfermait pour les compagnons du fils d’Isaï: Gad, le prophète (v. 5), le porteur de la parole et du témoignage de Dieu, était auprès de lui. La révélation des pensées de Dieu, absente de la cour et du peuple de Saül, s’était réfugiée là. Enfin, l’acte meurtrier du roi envers Nob, pousse Abiathar, le sacrificateur, vers David (22:20). Il se rend plus tard vers lui avec l’éphod en sa main (23:6). Le moyen de s’approcher de Dieu, de le consulter en tout temps, d’entrer en communion avec Lui, est l’heureux privilège de ces gens sans aveu que le monde honnit et méprise.

Cher lecteur, vous êtes-vous réfugié auprès d’un Christ rejeté? On ne le fait que lorsqu’on est à l’extrémité et qu’on a perdu tout espoir de se secourir soi-même. Le monde, en ce cas, vous méprisera, mais pas autant que vous vous méprisez vous-même. Et néanmoins rien ne vous manquera. La présence du Seigneur Jésus sentie, éprouvée par l’âme, les trésors de sa Parole mis à votre disposition et connus, comme même un Jonathan, retenu à la cour de Saül, n’a jamais pu les connaître, enfin le moyen de s’approcher de Dieu, fourni par la sacrificature de Christ qui nous met en communion avec Lui, tels sont les bienfaits que dispense notre David au temps où il est rejeté.

Il ne lui manque plus que d’être manifesté en gloire aux yeux de tous, car il l’est déjà comme centre de son Assemblée, alors même qu’elle ne comprendrait, comme ici, que quatre cents fidèles réunis autour de Lui.

Au v. 5, David obéit à la parole que Gad lui apporte: «Ne demeure pas dans ce lieu fort; va, et entre dans le pays de Juda». Le voici donc sur le territoire même de l’ennemi, mais qu’a-t-il à craindre et que lui peut Saül? L’Éternel est avec lui. Qu’importe, s’il agit contre toute prudence humaine! Dieu a des vues de grâce et de bénédiction dans ce qu’il commande; notre affaire, c’est d’obéir.

Saül convoque Akhimélec et accuse David de «conspirer contre lui» et de lui «dresser des embûches» (v. 7, 8, 13). Akhimélec, plein de noble franchise, dit ouvertement la vérité et rend témoignage à David, à l’homme incomparable, «fidèle, gendre du roi, ayant accès à ses audiences privées, et honoré dans sa maison». Certes, ce n’est pas une parole d’outrage, mais c’est une sévère leçon donnée à Saül. La délicatesse de ses sentiments empêche Akhimélec de mentionner le mensonge par lequel David s’était fait donner le pain et l’épée, mensonge qui l’aurait compromis aux yeux de Saül. Mais c’est en somme ce mensonge qui entraîne dans la ruine le sacrificateur et toute sa maison. David le sent bien, quand il dit à Abiathar: «Moi je suis cause de la mort de tous ceux de la maison de ton père» (v. 22). Il se juge ainsi lui-même. Mais le voici, en même temps, de la part de Dieu, le type de Celui qui est la sauvegarde des fidèles: «Demeure avec moi, ne crains point; car celui qui cherche ma vie, cherche ta vie, et près de moi tu seras bien gardé» (v. 23). C’est une compensation parfaite à ce qu’Abiathar et la maison de son père ont eu à souffrir pour l’oint de l’Éternel.

C’est ici que se place le Ps. 52. David avait appris que «Doëg l’Édomite, avait rapporté à Saül: David est venu dans la maison d’Akhimélec». Aussi annonce-t-il le jugement sans merci de l’Édomite, ennemi juré d’Israël. Mais cela ne détruit en rien la confiance et l’assurance de l’homme de Dieu. Bien au contraire, sur le fond noir de cette méchanceté, ressort dans tout son éclat, l’heureuse part du croyant: «Mais moi, je suis dans la maison de Dieu comme un olivier vert. Je me confierai en la bonté de Dieu, pour toujours et à perpétuité. Je te célébrerai à jamais, parce que tu l’as fait; et je m’attendrai à ton nom, car il est bon devant tes saints» (v. 8, 9).