1 Samuel

Chapitre 18

Nous entrons ici dans une troisième période de l’histoire de Jonathan.

Au chap. 13, il avait remporté une victoire sans profit pour le peuple de Dieu. Au chap. 14, une grande délivrance avait été opérée par l’énergie de sa foi, déployée dans le combat contre l’ennemi. Ici, Jonathan entre en relation personnelle avec David, le vainqueur de Goliath. En type, il est celui qui connaît un Christ ayant vaincu Satan par la mort, et cependant rejeté du monde. Cette connaissance correspond à celle que les chrétiens ont aujourd’hui, bien que Jonathan soit proprement le type du résidu d’Israël, auquel le Seigneur se fera connaître avant de prendre le royaume, et qui aime Christ, quoiqu’il soit encore le rejeté du peuple.

Jonathan avait jusqu’ici le caractère du jeune homme fort dans la foi qui avait livré combat à l’ennemi; il va maintenant plus loin; son âme se lie à l’âme de David en l’entendant parler. Il apprécie bien moins ses avantages extérieurs que la beauté morale dont ses paroles sont empreintes; il trouve en David une âme à laquelle répond la sienne; entre eux se forme soudain un lien spécial d’amour et de communion, produit par le charme de la parole de David.

La puissance de Dieu ayant aidé Jonathan, il aurait pu être induit à s’attribuer quelque force; il voit et entend David, et réalise aussitôt qu’il n’est rien. Ce qu’il possède n’est bon qu’à être présenté en hommage au vainqueur; il se dépouille de ce qui lui appartient pour en parer David qui seul en est digne à ses yeux; à lui, la robe et les vêtements de Jonathan, signes de sa dignité royale; à lui, son épée, agent de ses victoires; à lui, l’arc et la ceinture de sa force, car toute force appartient au fils d’Isaï! (v. 4).

Non seulement il lui donne tout, mais «il l’aime comme son âme» (v. 1). Ce ne sont plus la force et l’énergie qui sont en jeu chez lui, mais des affections attirées par cet aimant tout puissant, le caractère parfait de l’oint de l’Éternel. À cet amour de Jonathan répond celui de son ami. «Tu étais pour moi plein de charmes», s’écriera David, dans le deuil de son cœur, au jour sombre où son frère lui sera enlevé (2 Sam. 1:26).

Saül croit avoir des droits sur David; il «ne lui permit pas de retourner à la maison de son père» (v. 2), tandis que Jonathan qui a l’intelligence de la foi, fait alliance avec David (v. 3), cherche sa protection, reconnaît qu’il n’y a de sécurité qu’auprès de lui. La foi est à la base de l’amour de Jonathan; il le montre bien, en saluant David comme le vrai roi.

La suite de ce chapitre nous présente les progrès de David et de Saül, progrès de l’un en bien, de l’autre en mal. Un sentiment d’animosité produit par Satan, conduit nécessairement à d’autres; il suffit que l’ivraie soit semée par l’ennemi dans le mauvais cœur de l’homme, pour qu’elle croisse ensuite d’elle-même et finisse par envahir tout l’être. «Saül fut très irrité... et il dit: On en a donné à David dix mille, et à moi, on m’a donné les mille: il n’y a plus pour lui que la royauté» (v. 8). Ce n’est pas encore l’irritation contre David, mais contre l’opinion des hommes qui élèvent celui-ci en rabaissant le roi, au moment même où la foi de Jonathan sacrifiait tout pour le bien-aimé. C’est que la chair ne supportera jamais de n’être rien en la présence de Christ.

Dès lors Saül eut l’œil sur David (v. 9). Le lendemain le fond de son cœur se montre; le mauvais esprit le saisit. Quand il était parmi les prophètes, il avait pu en imposer comme étant sous la dépendance de l’Esprit de Dieu; livré à Satan, les fruits de son mauvais cœur se montrent instantanément, et cet homme qui «prophétise dans l’intérieur de la maison», jette sa lance pour «frapper David et la paroi» (v. 10, 11).

Au v. 12, Saül a peur de David et, ne pouvant supporter sa présence, «l’éloigne de lui», tout en lui donnant un honneur apparent, car il l’établit «chef de millier». Cet honneur, et c’est ce qu’il désire, ôte David de devant ses yeux, mais livre le pauvre roi à toutes les suggestions de l’orgueil et de la haine, quand il n’a plus en sa présence son serviteur, modèle d’humilité et de grâce. Malheureux Saül! il se prive volontairement de la seule personne qui puisse le soulager et lui être un rempart contre les assauts de Satan.

Bientôt le roi, déjà meurtrier dans son cœur, l’est en réalité (v. 11) et cherche, d’une manière insidieuse, à se débarrasser de l’objet de sa haine. Il promet sa fille Mérab à David, mais cela n’est qu’apparence. «Combats les combats de l’Éternel», lui dit-il, plein de respect extérieur, tandis qu’au fond bouillonne la haine et le désir que «la main des Philistins soit sur lui» (v. 17-19).

Mical, seconde fille de Saül, aime David. Saül se dit: «Je la lui donnerai, et elle lui sera en piège, et la main des Philistins sera sur lui» (v. 21). Dans sa pensée, cette union est un nouveau moyen de perdre son futur gendre. Il use de dissimulation et commande à ses serviteurs de parler secrètement à David, en disant: «Voici, le roi prend plaisir en toi, et tous ses serviteurs t’aiment» (v. 22). Il s’attribue des sentiments d’affection, afin de pousser plus sûrement le fils d’Isaï à sa perte.

La grande humilité de David, devant les offres du roi, ne fait qu’engager ce dernier plus avant dans son mauvais dessein. Jamais la haine et l’orgueil de l’homme ne pourront comprendre l’humilité et l’amour de Christ.

David ayant remporté la victoire et acceptant pour femme la fille du roi, parce qu’on lui demande en échange la destruction des ennemis de l’Éternel, les ruses de l’adversaire sont définitivement déjouées.

Le résultat pour Saül, c’est que sa peur grandit et que sa haine devient une inimitié constante: «Saül eut encore plus peur de David; et Saül fut ennemi de David tous ses jours» (v. 29).

Durant cette période, nous constatons les progrès de David en toutes choses et dans toutes les directions: «David allait partout où Saül l’envoyait, et il prospérait... et il était agréable aux yeux de tout le peuple, et même aux yeux des serviteurs de Saül» (v. 5). «L’Éternel était avec lui... Et David sortait et entrait devant le peuple. Et David était sage dans toutes ses voies; et l’Éternel était avec lui... Et tout Israël et Juda aimaient David, car il sortait et entrait devant eux» (v. 12-16). Toutes ces qualités rendent nécessairement David estimable; mais il ne faut pas oublier que l’amour des hommes a beaucoup de caractères divers, et qu’un seul de ces caractères a quelque valeur aux yeux de Dieu.

Les filles d’Israël, le peuple, les serviteurs de Saül, aiment David pour ses délivrances. Saül même, à un moment donné (16:21), «aime beaucoup» David, à cause du soulagement qu’il apportait à ses maux. Mical aime David selon la nature, ce qui ne l’empêche pas de le mépriser dans la suite (2 Sam. 6:16). Jonathan l’aime enfin de l’amour seul vrai, seul bon, seul durable; il l’aime comme son âme; il le chérit pour ce que David est en lui-même.

David prospérait donc, plus que tous les serviteurs de Saül, et son nom fut en grande estime (v. 30) belle image du Seigneur au début de sa carrière (Luc 4:15).