1 Samuel

Chapitre 11

À peine la royauté est-elle établie que Nakhash l’Ammonite entre en scène, l’ennemi redouté d’Israël, mais non pas son grand ennemi intérieur, comme le Philistin, établi au coteau de Dieu, dont l’Éternel avait dit: «Saül sauvera mon peuple de la main des Philistins» (9:16). Pour éviter le combat, les gens de Jabès de Galaad proposent une alliance à l’ennemi en échange de leur asservissement. Nakhash ne répond à cette proposition que par le mépris; c’est tout ce que nous pouvons retirer de nos lâches concessions au monde et de notre manque de foi! Les gens de Jabès ne pensent pas même au libérateur que Dieu vient de leur donner, car le peuple n’avait reconnu Saül qu’en des choses que la chair accepte: la beauté extérieure et les qualités naturelles.

Les messagers de Jabès annoncent aux tribus l’extrémité à laquelle leur ville est réduite; Saül, d’occasion, se trouve sur les lieux. «L’Esprit de Dieu le saisit lorsqu’il entendit ces paroles, et sa colère s’embrasa fortement» (v. 6). Chose très sérieuse à considérer: sans un travail de conscience, l’Esprit de Dieu, agissant en puissance, ne sauve pas l’homme. Saül, sous l’influence de l’Esprit, avait «le cœur changé en un autre», était «changé en un autre homme»1, et se trouve être plus tard réprouvé, quand il manifeste le vrai fond de son cœur naturel. Toutes les qualités de la nature, et même un don de prophétie conféré par l’Esprit, n’ont pas fait de lui un homme de Dieu! Balaam et Judas en sont d’effrayants exemples; Samson, quoique son état prête à quelques doutes, donne lieu aux mêmes remarques; et de même le serviteur inutile de la parabole (Matt. 25:30).

1 Ce n’est pas, remarquons-le, le nouvel homme du Nouveau Testament.

Saül est donc saisi par l’Esprit de Dieu, mais je suis porté à croire que la colère ardente de la chair décèle son état personnel; il menace, au lieu de gagner la confiance et de faire appel à la foi: «Celui qui ne sortira pas après Saül et après Samuel, on fera ainsi à ses bœufs» (v. 7).

Quoi qu’il en soit, «la frayeur de l’Éternel tombe sur le peuple». Jabès est délivré; Samuel renouvelle la royauté déjà établie au chap. 10, mais qui maintenant a donné ses preuves. Ce renouvellement doit se faire à Guilgal (v. 14), lieu de la circoncision, où la chair fut retranchée. Moralement, Saül n’était pour rien dans cet acte. D’après l’injonction de Samuel, au chap. 10:8, la foi chez lui devra plus tard être mise à l’épreuve à Guilgal. Saül fait montre de générosité, reconnaît même la main de l’Éternel dans la délivrance accordée au peuple (v. 13). Ainsi Dieu, dans sa condescendance envers l’homme naturel, est avec lui et accorde à la chair les moyens et les secours nécessaires pour marcher en sa présence.

Dans ce chapitre, nous trouvons le peuple (11:11, 12) distingué des vrais croyants dont Dieu a touché le cœur (10:26) et des fils de Bélial (10:27). «Le peuple» n’appartient ni aux uns, ni aux autres. Il disparaît au jour où le cœur est mis à l’épreuve, mais parle hautement pour Saül et contre les fils de Bélial (v. 12), quand il trouve du profit à s’associer au roi. L’ensemble de la nation n’est jamais du côté d’un Saül méprisé (10:27), ou d’un David rejeté, comme nous le verrons plus tard. Aujourd’hui il n’en est pas autrement, et même dans le millénium, les nations inconverties ne se soumettront à Christ que pour y trouver du profit.