1 Samuel

Chapitre 9

Chapitres 9 à 15 — Saül ou le roi selon la chair

Saül entre en scène. Dans ces circonstances nouvelles, le caractère de Samuel brille d’un éclat incomparable. Dieu lui avait dit: «Établis sur eux un roi»; Samuel attend encore pour l’établir que Dieu le désigne. C’est là le vrai caractère d’un serviteur, la dépendance dans l’obéissance, le même caractère qui paraît dans le Seigneur à la mort de Lazare (Jean 11:6). Cela est d’autant plus frappant que Samuel sert au sujet d’une chose qui répugne à son cœur, mais si Dieu agit de même, comment Samuel ferait-il autrement! Dieu se met au service de son peuple pour lui choisir un roi selon les principes de l’homme. Il dit bien, en Osée 13:11: «Je t’ai donné un roi dans ma colère, et je l’ai ôté dans ma fureur», mais si Dieu exerce ainsi un jugement sur son peuple, il n’en est pas moins vrai qu’il a aussi un but de grâce. «Il sauvera», dit l’Éternel, «mon peuple de la main des Philistins; car j’ai regardé mon peuple, car son cri est parvenu jusqu’à moi» (v. 16).

D’autre part, ce choix était l’épreuve d’Israël. Dans la chair, il demande un roi selon la chair; ni Dieu, ni Samuel, n’y mettent obstacle; au contraire, Dieu fait choix du plus excellent sujet que la chair puisse désirer, et Samuel le reconnaît comme tel: «Vers qui est tourné tout le désir d’Israël? N’est-ce pas vers toi!» (v. 20).

Saül possède toutes les qualités naturelles d’un conducteur de peuple. Il est fort et vaillant, beau, grand, homme d’élite (v. 1, 2). Ses qualités morales ne sont pas moins remarquables: il est soumis, affectueux envers son père (v. 5), disposé à écouter les conseils de ses inférieurs (v. 10), petit à ses propres yeux, soit dans sa tribu, soit dans sa famille (v. 21). Si, avec un tel homme, l’essai que Dieu va faire ne réussit pas, c’est, bien décidément, que l’état de l’homme en général ne laisse pas d’espoir.

Ajoutons encore que, sans cette épreuve du roi selon la chair, les voies de Dieu envers David, son oint, n’auraient pas été complètes. Où auraient été les souffrances et toute l’affliction de David, prélude nécessaire de sa gloire, si Saül n’avait pas été suscité?

Revenons maintenant au beau caractère de Samuel. Dans les chapitres précédents, il prie, il intercède, il consulte l’Éternel; nous le voyons ici dans une relation d’intimité plus grande encore avec Dieu. En lui, Dieu réalise ce que nous trouvons au Ps. 32:8: «Je t’instruirai, et je t’enseignerai le chemin où tu dois marcher; je te conseillerai, ayant mon œil sur toi». Tandis que Saül n’est qu’un instrument aveugle des desseins de Dieu, Samuel en a la conscience, et est le confident de Son secret. «Un jour avant que Saül vînt, l’Éternel avait averti Samuel, disant: Demain, à cette heure, je t’enverrai un homme du pays de Benjamin, et tu l’oindras pour être prince sur mon peuple Israël» (v. 15). La communication lui en est faite sans qu’il la demande. Rien ne vient de lui; il reçoit directement, sans aucun intermédiaire, les pensées de Dieu: «Voilà l’homme dont je t’ai parlé; c’est lui qui dominera sur mon peuple» (v. 17). Samuel a conscience de son don (v. 19), mais c’est pour communiquer la pensée de Dieu à Saül. Avant que ce dernier l’ait rencontré, il a déjà ordonné d’avance sa portion (v. 23). Aucune jalousie, quand il aurait pu en ressentir, lui, mis de côté par les anciens; la volonté de Dieu lui suffit, et il s’en réjouit. L’établissement d’un roi selon la chair est un mal, mais Samuel, chose assurément difficile, a appris dans la communion avec le Seigneur, à ne pas s’opposer au mal lorsque Dieu ne s’y oppose pas.

Remarquez encore dans ce chapitre, comment tous les événements les plus insignifiants concourent à l’accomplissement des desseins de Dieu, du but qu’il s’est proposé: la perte des ânesses, les démarches inutiles de Saül dans la terre d’Israël, la pensée qui vient au serviteur, les jeunes filles allant à la fontaine, la présence de Samuel ce jour-là dans la ville, le sacrifice de prospérités, enfin chaque pas, chaque décision, chaque parole du prophète, agissant en communion avec son Dieu.