1 Samuel

Chapitre 8

«Et il arriva que, lorsque Samuel fut vieux, il établit ses fils juges sur Israël... Et ses fils ne marchaient pas dans ses voies; mais ils se détournaient après le gain déshonnête, et prenaient des présents, et faisaient fléchir le jugement». v. 1-3).

L’histoire des juges, comme celle de la sacrificature, se termine par une ruine complète. Samuel lui-même manque ici de discernement spirituel. Il établit ses fils sans une direction de l’Éternel, comme si la fonction que Dieu lui avait confiée pouvait être transmise à d’autres, car il n’y a pas de transmission de dons ou même de charges par succession.

Les anciens d’Israël (v. 4) désapprouvent avec raison la conduite des fils de Samuel, mais en prennent occasion pour demander un roi (v. 5): «Établis sur nous un roi pour nous juger, comme toutes les nations». Le mal dont ils se plaignent ne les pousse pas vers l’Éternel, mais vers les gentils; ils cherchent un secours humain pour remédier à la ruine de l’homme, croyant échapper ainsi à leur propre misère comme peuple de Dieu.

Vouloir un roi, c’était au fond abandonner l’Éternel et renier son gouvernement immédiat par les juges, mais le péché capital était de demander un roi comme les nations. Le conseil de Dieu n’était-il pas de leur en donner un selon son cœur, un oint qu’il leur aurait choisi Lui-même! (1 Sam. 2:35; 13:14). Vouloir un roi comme toutes les nations, c’était abandonner leur titre de peuple de Dieu et s’assimiler au monde, lorsque, grâce à leur infidélité, un système, établi de Dieu, avait périclité entre leurs mains. La chrétienté, en voie d’apostasie, n’a pas agi autrement, quand, au lieu de s’humilier et de mener deuil, elle a cherché l’appui du monde pour se maintenir.

Samuel, tout répréhensible qu’il eût été à l’occasion de ses fils, ne les avait pas, comme Éli, honorés plus que l’Éternel. La demande des anciens: «Donne-nous un roi pour nous juger» (v.6), fut mauvaise à ses yeux. C’est le mépris du gouvernement direct et de la gloire de Dieu qui le touche. Dans son affliction il a recours à la prière (v. 6); Que ne suivons-nous, en toutes circonstances et journellement, cet exemple!

Et l’Éternel dit à Samuel: «Écoute la voix du peuple en tout ce qu’ils te disent; car ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté, mais c’est moi qu’ils ont rejeté, afin que je ne règne pas sur eux. Selon toutes les actions qu’ils ont commises depuis le jour où je les ai fait monter d’Égypte, jusqu’à ce jour, en ce qu’ils m’ont abandonné et ont servi d’autres dieux: ainsi ils font aussi à ton égard» (v. 7, 8). Encouragement précieux, donné par Dieu à son serviteur, au moment où il subissait personnellement une discipline dont les anciens d’Israël étaient devenus les instruments. Rien de plus consolant pour son cœur, que l’assurance d’être, après tout, du côté de l’Éternel et, ce dernier étant rejeté, de devoir l’être aussi. N’est-ce pas un honneur de partager l’opprobre que le monde jette sur notre Seigneur en le repoussant! Est-il étonnant qu’il en agisse de même à notre égard! Tout en le disciplinant, Dieu identifie Samuel avec Lui, alors que son peuple, ayant l’apparence de juger le mal, s’identifiait avec les nations. Il vaut mieux être un Samuel humilié, méconnu, seul avec un Dieu rejeté, qu’un Israël, muni d’une puissante organisation extérieure qui lui donne l’illusion de pouvoir se passer de Dieu et agir à sa guise, tandis qu’il est au fond l’esclave du monde et de Satan.

«Et maintenant, écoute leur voix; seulement tu leur rendras clairement témoignage, et tu leur annonceras le régime du roi qui régnera sur eux» (v. 9). Le rejet de Samuel le qualifie pour un office nouveau: il rend un témoignage très clair de ce qui devait arriver au peuple. Le roi, selon le cœur des hommes, allait faire d’eux ses instruments pour accomplir ses desseins, joug intolérable, mais qu’ils ne pourraient secouer (v. 10-18). De même le monde dépossède entièrement les chrétiens qui cherchent son appui et ne leur donne en échange que le sentiment de leur misère sans aucune compensation. Il n’accorde son appui que si l’on consent à le servir. Ce n’est pas le joug aisé et le fardeau léger de l’esclave de Christ, mais l’angoisse d’une cruelle servitude.

Le peuple averti refuse d’écouter la voix de Samuel et préfère suivre son propre chemin; Samuel n’a que l’Éternel pour ressource, et rapporte toutes les paroles du peuple à Ses oreilles (v. 21).

Ainsi Dieu se sert de la discipline pour affermir son serviteur dont il veut faire, dans la suite, un instrument de bénédictions nouvelles. Ayant reçu l’enseignement divin, lui qui avait établi ses fils sans consulter l’Éternel, il attend que Dieu lui ait dit: «Écoute leur voix, et établis sur eux un roi» (v. 22).