1 Samuel

Chapitre 7:2-17

S’il plaît à l’Éternel que son arche remonte en grâce au milieu d’Israël, il faut que l’état moral de celui-ci se mette d’accord avec une telle faveur. «Depuis le jour où l’arche demeura à Kiriath-Jéarim, il se passa un long temps, vingt années». L’arche était donc, sur le territoire d’Israël, en un lieu sanctifié, sans que les communications de Dieu avec son peuple fussent rétablies. Vingt ans s’écoulent dans cette attente, alors que le jugement n’avait duré que sept mois (6:1). L’état qui devait rétablir la communion du peuple avec Dieu, ne pouvait être produit que par la repentance. Cette repentance elle-même, combien lui faut-il de temps pour se manifester? Les dieux étrangers et les Ashtoreths demeuraient encore au milieu d’Israël, alors que l’arche séjournait à Kiriath-Jéarim. Cette dernière pouvait-elle s’associer aux idoles en Israël, quand elle ne le faisait pas en Philistie? Il faudra trente-quatre fois le temps qu’a duré le jugement pour amener le peuple à rejeter un mal aussi grossier. À la grâce doit correspondre un travail de conscience, comme nous le voyons dans l’histoire du fils prodigue. C’est une chose solennelle, et d’observation journalière, que le croyant a besoin d’un temps beaucoup plus long pour être relevé que pour s’abandonner au mal.

Israël commence à «se lamenter après l’Éternel» (v. 2), et c’est déjà un signe favorable. Quelque chose lui manquait donc; la présence de l’Éternel lui était devenue nécessaire: premier symptôme d’une œuvre de Dieu dans l’âme du peuple. Samuel est comme la bouche de l’Éternel (v. 3) pour appeler le peuple à la repentance: «Samuel parla à toute la maison d’Israël». C’est toujours la parole de Dieu qui nous apporte la conscience de notre état; sans elle aucune œuvre réelle de l’Esprit n’a lieu dans le cœur.

«Si de tout votre cœur vous retournez à l’Éternel, ôtez du milieu de vous les dieux étrangers, et les Ashtoreths, et attachez fermement votre cœur à l’Éternel, et servez-le lui seul; et il vous délivrera de la main des Philistins» (v. 3). Il en est du retour du croyant à l’Éternel comme de sa conversion première. L’âme commence par se séparer des idoles ou du mal: «Vous vous êtes convertis des idoles à Dieu», est-il dit aux Thessaloniciens (1 Thess. 1); puis elle s’attache à l’Éternel pour le servir, «pour servir le Dieu vivant et vrai». Le résultat, c’est la délivrance; Dieu n’est plus obligé de discipliner le croyant.

Dans cette œuvre, l’activité de Samuel, ce fidèle serviteur de Dieu, est particulièrement remarquable et bénie. Après avoir parlé au peuple, il ajoute (v. 5): «Assemblez tout Israël à Mitspa, et je prierai l’Éternel pour vous». Rassembler le peuple de Dieu est la fonction de tout serviteur de l’Éternel qui comprend son ministère. Mais en outre Samuel est intercesseur; la prière, fruit de son intimité avec Dieu, le caractérise. N’est-il pas dit de lui: «Moïse et Aaron, parmi ses sacrificateurs, et Samuel, parmi ceux qui invoquent son nom, crièrent à l’Éternel, et il leur a répondu»! (Ps. 99:6).

Il fallait rassembler Israël à Mitspa. Comme Guilgal était le lieu de rassemblement sous Josué, le lieu de la circoncision, du jugement de la chair, pour obtenir la victoire, Mitspa est, sous les juges, le lieu habituel de rassemblement, après que l’ange fut monté de Guilgal à Bokim, lieu des pleurs, où la ruine définitive était constatée. Mitspa est le lieu de la repentance sans laquelle il n’y a pas non plus de victoire. À Mitspa (4:1) Israël, sous Éli, n’avait trouvé que la défaite, car il s’y rendait sans un travail de conscience qui pût le relever. Dans la ruine, Mitspa, il faut nous en souvenir, est tout aussi précieux, quoique bien plus humiliant, que Guilgal; on y apprend tout de nouveau à ne mettre sa confiance en rien qui soit de l’homme, mais uniquement dans la force de l’Éternel.

«Ils s’assemblèrent à Mitspa, et ils puisèrent de l’eau et la répandirent devant l’Éternel; et ils jeûnèrent ce jour-là, et dirent là: Nous avons péché contre l’Éternel». Ces choses ne purent avoir lieu qu’à la suite de ce qui nous est rapporté au v. 4: «Les fils d’Israël ôtèrent les Baals et les Ashtoreths, et servirent l’Éternel seul». Les fruits de la repentance sont autres que ceux de la conversion; ici, nous en avons trois: l’eau répandue, c’est-à-dire l’affliction jointe au sentiment de leur irrémédiable faiblesse devant Dieu (2 Sam. 14:14; Ps. 22:15); le jeûne, car dans le deuil on ne nourrit pas la chair; enfin une véritable confession du mal: «Nous avons péché contre l’Éternel».

Ces fruits sont le résultat de l’intercession de Samuel pour le peuple. Il en fut de même pour l’apôtre Pierre lors de sa chute: «J’ai prié pour toi», lui dit Jésus. Sur cette base, le peuple peut être restauré: «Samuel jugea les fils d’Israël à Mitspa».

«Et les Philistins apprirent que les fils d’Israël s’étaient assemblés à Mitspa, et les princes des Philistins montèrent contre Israël» (v. 7). Le rassemblement du peuple de Dieu ne peut convenir à l’ennemi. Sans doute, il ne connaît point le travail de conscience qui l’a produit, et ne voit, dans ce rassemblement, que le danger d’une force opposée à la sienne et dont il faut empêcher l’essor à tout prix. «Les fils d’Israël l’apprirent, et eurent peur des Philistins». Au chap. 4:7, quand sa conscience n’était pas atteinte, Israël n’avait aucune peur, et c’étaient les Philistins qui étaient remplis de crainte. Aujourd’hui, ayant fait l’expérience de sa faiblesse, le peuple s’effraie, car il n’a pas encore la certitude que Dieu est pour lui. En un sens, cette crainte est misérable sans doute, mais on aime à la constater sur le chemin du relèvement. N’est-elle pas meilleure que les «grands cris» poussés jadis par Israël et dont la terre frémissait! (4:5).

«Et les fils d’Israël dirent à Samuel: Ne cesse pas de crier pour nous à l’Éternel, notre Dieu, afin qu’il nous sauve de la main des Philistins» (v. 8). Ils sentent que leur avenir, leur salut, dépendent de l’intercession de Samuel. Celui-ci, leur médiateur, «prit un agneau de lait, et l’offrit tout entier à l’Éternel en holocauste», car son office ne pouvait être efficace qu’en vertu de l’acceptation du sacrifice. Sur cette base, il pouvait être l’avocat du peuple de Dieu. Nous aussi, nous avons un Avocat auprès du Père, et il est la propitiation pour nos péchés (1 Jean 2:1, 2). «Samuel cria à l’Éternel pour Israël, et l’Éternel l’exauça» (v. 9). Dieu écoute la demande de Samuel, laquelle a l’holocauste pour point de départ. Dieu est pour nous et nous accorde toutes choses, Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous. Aux v. 10-11, l’Éternel frappe et met en déroute les ennemis de son peuple qui n’a pas autre chose à faire qu’à poursuivre un adversaire battu. S’il est vrai que le secours tout entier vient de Dieu, la victoire ne pourrait être complète sans le déploiement de l’énergie de la foi.

Samuel constate cette intervention divine. «Il prit une pierre et la plaça entre Mitspa et le rocher, et il appela son nom Ében-Ézer (pierre de secours) et dit: L’Éternel nous a secourus jusqu’ici» (v. 12). Ében-Ézer, déjà mentionné au chap. 4:1, ne reçoit son nom qu’à la suite de cette victoire. «Jusqu’ici»: cette base étant posée, l’ennemi ne cherche plus à lever la tête (vers. 13). La restauration, pour le moment du moins, est complète.

Nous avons vu Samuel prophète, sacrificateur, intercesseur et juge; précieux caractères chez cet homme de Dieu. Son activité pour le Seigneur et pour son peuple ne se ralentit pas: «Samuel jugea Israël tous les jours de sa vie. Et il allait d’année en année, et faisait le tour, à Béthel, et à Guilgal, et à Mitspa» (lieux qui caractérisaient son activité selon Dieu), «et jugeait Israël dans tous ces lieux-là». Même à Rama, où était sa maison, il n’était occupé que du bien-être du peuple de l’Éternel. La Parole ajoute: «Et il bâtit là un autel à l’Éternel» (v. 17). Se prosterner devant l’Éternel avait été la première expression de son service (1:28); l’autel de l’adorateur en est la dernière. Cette vie de foi n’est-elle pas bien encadrée par ces deux actes!