1 Samuel

Chapitre 4

Chapitres 4 à 8 — Samuel, juge et prophète

Ce chapitre nous présente non seulement la ruine de la sacrificature, mais celle du peuple tout entier; aussi le jugement les atteint-il l’un et l’autre. «Ce que Samuel avait dit arriva à tout Israël» (v. 1). Ce que Samuel avait dit, la parole prophétique, a un caractère infaillible. Le jugement prononcé par elle aura lieu certainement.

«Israël sortit en bataille à la rencontre des Philistins, et ils campèrent près d’Ében-Ézer» (v. 2). Ében-Ézer n’est mentionné ici que pour nous indiquer l’emplacement du camp d’Israël, car il ne reçut ce nom que plus tard (7:12). Or cet endroit se trouvait à Mitspa (7:6), fait d’une haute importance pour apprécier l’état moral du peuple. Guilgal sous Josué, Mitspa sous les juges, étaient pour Israël le lieu de rassemblement devant Dieu. Aujourd’hui le nom de Mitspa ne disait plus rien au cœur du peuple et n’était pas même prononcé (conf. Juges 11:11; 20:1; 21:1, 5). L’oubli de la présence de Dieu a pour conséquence naturelle que le peuple ne le consulte pas. Le résultat immédiat est «qu’Israël fut battu devant les Philistins» (v. 2).

Ils disent: «Pourquoi l’Éternel nous a-t-il battus aujourd’hui devant les Philistins?» Ils ne comprennent pas la cause de leur défaite, n’ayant aucune conscience de leur condition. Pour se relever du coup qui les atteint, ils cherchent à associer l’arche, le trône de Dieu, à leur état de ruine, comme elle s’était associée avec eux au début de leur histoire. Ils ne songent pas à se présenter devant Dieu, afin d’apprendre de Lui pourquoi il abandonnait son peuple. Ils tirent Dieu à eux, pour ainsi dire. Le même fait se constate aujourd’hui. Deux nations chrétiennes se combattent et disent des deux parts: Dieu doit être avec nous.

Il se laisse amener par Israël, ce Dieu qui siège entre les chérubins, mais c’est comme juge et non pas comme libérateur. Il juge tout; la sacrificature d’abord, puis le peuple, enfin leurs adversaires après que sa gloire s’en est allée d’Israël.

Le peuple semble reconnaître hautement la puissance de Dieu; à l’arrivée de l’arche il pousse de si grands cris «que la terre en frémit». De même la chrétienté se sert du nom de Christ pour s’exalter au milieu d’une iniquité non jugée. Le signe extérieur de la présence de Dieu lui suffit; elle dit: Nous avons l’arche. Israël pense que Dieu ne peut l’abandonner sans se livrer Lui-même à l’opprobre. Or voici Dieu qui se livre à l’opprobre; il permet que le monde devienne en apparence son vainqueur. En réalité, c’est l’accomplissement de la parole de l’Éternel par Samuel, mais Dieu, livré aux mains des ennemis, est Celui qui juge. Il en est de Christ comme de l’arche. Celui qui est rejeté, méprisé, auquel les hommes ont fait tout ce qu’ils ont voulu, est établi de Dieu juge des vivants et des morts.

Que sont devenus les cris de triomphe du v. 5? Un «bruit de tumulte» les remplace. Israël battu, la sacrificature détruite, la honte et l’impuissance, la gloire de Dieu livrée aux mains de l’ennemi!

La piété du pauvre, du coupable Éli, brille dans ce désastre. La fin de sa carrière nous parle d’autre chose que du jugement de Dieu, quelque réel et terrible que fût ce dernier. Cœur jugé, il avait accepté humblement ce jugement sur lui et ses fils (3:18); maintenant il n’a de pensée que pour l’arche de l’Éternel. «Son cœur tremblait pour l’arche de Dieu» (v. 13). Quand le messager la mentionne, Éli tombe de son siège et meurt (v. 18). Ce n’est pas le jugement de sa famille qui le tue, mais le déshonneur infligé à l’Éternel et son départ du milieu de son peuple.

De quelle lumière consolante brillent aussi les derniers moments de la femme de Phinées! La catastrophe amène prématurément le terme de sa grossesse et cause sa mort, mais en mourant elle appelle son fils I-Cabod: «la gloire s’en est allée». Dans la personne de son propre enfant, elle proclame la ruine d’Israël et ses conséquences. Les témoins de la fin se reconnaissent à cela. Le déshonneur fait à Dieu par notre infidélité, nous humilie, et, au lieu de chercher à remédier à l’état de choses qu’elle a provoqué, nous courbons la tête sous le jugement, car nous y reconnaissons la sainteté de l’Éternel.