1 Rois

Chapitre 10

V. 1-13 — La reine de Sheba

Le chapitre précédent nous a montré les rapports de Salomon avec les représentants des nations soumises à son règne. Tyr, le Liban, le Pharaon d’Égypte, sa fille, épouse de Salomon, et encore le pays d’Édom où il organise sa flotte, Ophir, le désert où il bâtit Tadmor, les rois d’Arabie (10:15), les Cananéens dont il assujettit les restes, tous ces divers éléments gravitent autour de lui, comme centre, et contribuent à la renommée de son royaume.

Voici, en dernier lieu, la reine de Sheba, cette «reine du Midi qui vint des bouts de la terre pour entendre la sagesse de Salomon» (Matt. 12:42). Ce qui la distingue en effet de tous les autres, c’est qu’elle est attirée par la renommée de sagesse du roi. Elle en avait entendu parler (v. 1), ce qui avait produit chez elle un désir intense de voir ce monarque extraordinaire, désir qui lui fait vaincre la distance immense qui séparait son pays de Jérusalem et les obstacles nombreux d’un pareil voyage. Cet acte était un acte de foi. Elle croyait à la parole qui lui avait été dite; elle croyait à l’excellence de Salomon, n’ayant, pour en juger, que la parole qu’elle avait entendue. Il en est toujours ainsi de la foi. Elle est attirée par la personne et les perfections de Christ. Rebecca, persuadée de l’amour d’Isaac dont Éliézer lui a parlé, se met en route, pour aller à sa rencontre. Le désert ne l’effraye pas, car elle désire atteindre son époux. Abigaïl, quand le jugement est à la porte, se met en marche pour rencontrer celui qu’elle aurait dû fuir. Pourquoi? Parce qu’elle connaît par ouï-dire la gloire morale de David. Elle devient plus tard la compagne de sa gloire royale. Rebecca est attirée par l’amour, Abigaïl par la perfection de la grâce, la reine de Sheba par la sagesse. C’est ce qui arrive aux âmes qui font la connaissance de Christ. Il est impossible à un être fini d’embrasser une perfection infinie; tout au plus sommes-nous attirés par une connaissance limitée d’un des côtés de ce caractère divin, n’importe lequel; tous nous amènent à faire la connaissance de sa personne, et c’est de Lui que la foi se nourrit.

«Elle vint pour entendre la sagesse de Salomon». La reine pouvait être, était en effet une personne d’une intelligence remarquable, à laquelle rien n’échappait, et qui aimait à se rendre un compte exact de toutes choses; mais du moment qu’elle a entendu parler de Salomon, elle n’a qu’une pensée: éprouver sa sagesse. Pour elle-même la sagesse consiste à n’en point avoir et à la chercher auprès d’un autre. Des questions obscures, voilà ce qu’elle lui apporte. Certes elles ne lui manquent pas: le monde est plein d’énigmes auxquelles jamais homme n’a trouvé une solution. Depuis les mystères de la création, aux plus simples desquels Job n’avait pas de réponse, jusqu’aux mystères de la vie corporelle; depuis le mystère de l’âme jusqu’à celui du bien et du mal dans ce monde; depuis l’au-delà voilé, jusqu’à la vie d’éternité, tout est mystère, énigme obscure. L’homme ne peut déchiffrer l’écriture inconnue de ce livre. Il faut que Dieu en révèle les secrets, et s’il n’y a pas de révélation divine, positive et directe, le pauvre esprit limité de l’homme se trouve, dès la première question, acculé au pied d’un mur infranchissable. Il peut se vanter, s’exalter lui-même, mais toute sa science ne le fait jamais pénétrer au-delà de la constatation des faits dont la cause première lui échappe complètement.

La reine de Sheba venait apporter ses énigmes à Salomon, et par elles éprouver sa sagesse. Mais quelle était la raison de sa confiance? Elle avait entendu parler de la renommée de Salomon en relation avec le nom de l’Éternel. Si cette renommée était basée sur la présence de l’Éternel à Jérusalem, la reine n’était-elle pas assurée d’avance qu’elle ne se mettait pas inutilement en route pour ce long voyage? Si Salomon répond aux énigmes, c’est que sa sagesse n’est pas autre que celle de l’Éternel qui se révèle à lui. La reine vient donc à Salomon, et que remportera-t-elle de cette entrevue? La connaissance de Dieu par lui!

Elle vient avec un grand train, tout ce que son royaume peut produire de plus précieux, et une abondance d’aromates, comme il n’en vint plus à Jérusalem, car elle estime ce monarque auguste digne de tout hommage. Notons ici qu’il sied, non pas seulement à une reine, mais à la plus infime des pécheresses de l’aborder avec son parfum, car ce n’est pas un échange que l’âme vient solliciter en s’approchant de Lui; elle ne peut que lui présenter l’hommage qui lui revient. C’est le genou qui se ploie devant Lui, le signe de l’obéissance de la foi, de l’adoration d’un cœur trouvant en Lui toutes les ressources qu’il désire et dont il a besoin.

Mais la reine apporte mieux encore que ses offrandes; elle vient «lui parler de tout ce qu’elle avait sur son cœur. Et Salomon lui expliqua toutes les choses dont elle parlait: il n’y eut pas une chose cachée pour le roi, pas une chose qu’il ne lui expliquât» (v. 3). Elle ouvre son cœur à Salomon; les «secrets de son cœur sont rendus manifestes» (1 Cor. 14:25); mais ils trouvent une parfaite réponse de la part de celui auquel pas une chose n’est cachée. En rencontrant Salomon, elle a trouvé Dieu lui-même. Dieu est réellement là, s’occupant, avec une bonté pleine de condescendance, à porter la pleine lumière dans cette âme, à ne pas y laisser place pour un doute ou pour une énigme sans solution. Le roi a le secret de toutes choses; il ne le garde point pour lui; il montre que son secret est pour ceux qui le craignent (Ps. 25:14).

La reine voit ensuite toute la sagesse de Salomon dans la prospérité et l’ordre parfait de sa maison (v. 4, 5). Tel sera aux yeux des nations l’ordre merveilleux du royaume millénaire de Christ.

La reine de Sheba reconnaît (v. 6) la vérité de ce qu’elle avait entendu dire de Salomon. De la personne elle a passé aux paroles de sa bouche, de celles-ci à tout ce qui est sorti de ses mains, à tout ce qui l’entoure, et elle n’a trouvé que perfections. C’est ainsi que toute âme fait la connaissance de Christ. On entend parler de Lui: cela excite l’intérêt d’un cœur qui a des besoins; on va le trouver, car il est d’un accès facile; on entre en rapport avec Lui; il répond aux besoins du cœur. On l’admire, on l’adore avec chants de louanges. On dit comme la reine: «Mes yeux ont vu»; tu surpasses tout ce que j’avais entendu de toi. On estime heureux ses gens et ses serviteurs qui se tiennent continuellement devant Lui et entendent sa sagesse. Et, suivant ce chemin, l’âme se glorifie en Dieu qui a pris plaisir en son Roi, et qui a trouvé ses délices en Christ pour le placer sur le trône. Et c’est aussi la preuve de l’amour de Dieu envers son peuple qu’il lui ait donné un tel roi pour faire droit et justice (v. 6-9).

Ce cantique est plutôt un cantique du royaume. L’Église entonnera aussi le sien autour de l’Agneau immolé, et son cœur et sa bouche seront remplis de son amour plus encore que de sa sagesse et de sa justice.

La reine de Sheba donne au roi toutes les richesses qu’elle a apportées. Les aromates dont on faisait l’encens étaient les plus prisées de toutes à la cour de Salomon. Jamais il ne s’en était vu une telle abondance à Jérusalem (v. 10). Le cœur de l’heureuse reine déborde ainsi dans ses dons.

Mais combien les dons de Salomon dépassent ceux de la reine! Il ne se contente pas de lui donner en retour de ses dons (cf. 2 Chron. 9:12, note); il lui octroie «tout son désir, tout ce qu’elle demande» (v. 13). Ah! certes, nous avons à faire à Celui qui ne nous demande pas, mais dont la gloire est d’être et de rester le souverain donateur de tout bien. Demandez et vous recevrez. Demandez; vous ne les épuiserez jamais, toutes les richesses de son royaume, ces «richesses insondables du Christ». Son royaume n’est pas maintenant de ce monde, en sorte que vous ne remporterez pas de sa présence les biens temporels dont fut comblée la reine. Ces trésors inférieurs seront réservés pour le règne millénaire du Messie. Nos biens, nos trésors sont spirituels; le monde les méprise; le chrétien digne de ce nom les appelle les vraies richesses (Luc 16:11).

La reine s’en retourne dans son pays avec un trésor dans son cœur, mille fois supérieur à ceux qu’emportent ses caravanes. Ses yeux ont vu! Elle connaît maintenant le roi de gloire!

 

V. 14-29 — Le trône

Les v. 14 à 22 décrivent les richesses et la splendeur du royaume. L’or, emblème de la justice divine, domine partout sous le règne de Salomon, depuis le temple jusqu’au trône. Le trône était merveilleux: «Il ne s’en était point fait de pareil dans aucun royaume». C’était le trône de justice et de puissance, et il en portait les emblèmes.

Lorsqu’il fut élevé à la dignité royale, Salomon, selon l’ordre de David lui-même (1:35), s’assit sur le trône de son père. Nous le voyons maintenant sur son propre trône, dans cette merveilleuse «maison de la forêt», parée de ses cinq cents boucliers d’or, et où il juge avec justice.

Il en sera de même du Christ. Actuellement il est assis sur le trône de son Père, à sa droite, selon cette parole: «Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds» (Ps. 110:1). Par ces mots: «Assieds-toi à ma droite», Dieu le Père exprime sa complète satisfaction de l’œuvre accomplie par le Fils de l’homme. C’est comme s’il lui disait: Prends cette place suprême et glorieuse, toi, mon Fils, jusqu’à ce que je t’aie préparé un trône pour toi-même. Il faut qu’il dépasse tout autre trône. «Jamais il n’en sera fait de pareil dans aucun royaume». Pas un de ceux qui se sont élevés contre toi ne sera épargné, ils seront écrasés. Ta victoire sur eux sera la première marche sur laquelle tu monteras au trône. Le trône du Fils de l’homme victorieux ne sera pareil à nul autre, après l’abaissement volontaire qui l’a fait descendre au-dessous du dernier des pécheurs. Alors tout genou se ploiera, toute bouche le proclamera hautement Seigneur, sur son trône de gloire. En attendant, cet homme qui a bu du torrent par le chemin est assis sur le trône du Dieu souverain, à la droite de la Majesté; mais c’est le trône de son Père; il y prend place comme Fils, témoignage de la parfaite satisfaction du cœur paternel en Lui!

La reine de Sheba n’était pas seule à venir à Salomon: «Toute la terre recherchait sa face pour entendre sa sagesse» (v. 23-29). Temps heureux, où tous pourront venir puiser à cette source divine, certains d’y trouver la pensée de Dieu tout entière! Ces versets contiennent encore l’énumération des richesses du roi. Ici, les incrédules branlent la tête. Pour eux, tout ce que dit l’homme paraît vraisemblable, et tout ce que Dieu dit ne peut être que mensonge. Telle est de fait leur manière de raisonner. En une année, Salomon recevait environ cent millions d’or; la reine de Sheba lui en avait donné pour dix-huit millions; c’était aussi la somme que le roi de Tyr lui avait offerte. Y a-t-il donc là quelque chose d’invraisemblable en comparaison des revenus actuels des royaumes du monde, et faut-il rappeler que, sous ce règne, tous les rois de la terre lui payaient le tribut?

Aux v. 26-29, nous trouvons la puissance du roi, caractérisée par ses chars et ses cavaliers. Tout s’unissait donc pour la gloire du règne de Salomon.