1 Pierre

Chapitre 5

J’exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux, et témoin des souffrances de Christ, qui aussi ai part à la gloire qui va être révélée: paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau; et quand le souverain pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire. (v. 1-4)

La pensée de souffrir en faisant le bien conduit l’apôtre à s’adresser (chapitre 5:1) à ceux qui, parmi eux, avaient le soin de paître le troupeau. Pierre était en communion spéciale avec eux, lui que le Seigneur lui-même avait désigné pour cet office. Il y avait, dans ces assemblées de la dispersion, sorties du judaïsme et ayant échangé leur nom contre celui de chrétiens (4:16) des anciens. On ne voit pas qu’ils fussent spécialement nommés ou institués; ils étaient parmi le troupeau et l’apôtre était ancien avec eux. Il les exhorte à s’acquitter de leurs fonctions envers le troupeau qui était avec eux. Il ne dit pas: «sur lequel vous êtes établis». Ce qui caractérisait Pierre comme ancien avec eux, c’étaient deux choses: la première qu’il était «témoin des souffrances de Christ», la seconde, qu’il avait «part à la gloire qui allait être révélée». Ce n’était pas proprement ce qui le qualifiait comme apôtre. Comme tel il avait commencé, ainsi que tous les apôtres, au baptême de Jean et avait vu le Seigneur monter au ciel (Act. 1:22). Mais ce qui le plaçait à la tête des anciens, c’est qu’il était témoin des souffrances de Christ et pouvait embrasser ce sujet tout entier, et qu’il pouvait parler de la gloire future avant même qu’elle fût révélée. Cette pensée est d’accord avec tout le contenu de l’épître. La gloire ne leur appartenait pas encore, elle ne leur serait révélée que plus tard, en sorte qu’ils ne possédaient rien de fait que les souffrances et l’espérance.

Le troupeau était avec les anciens, non pas eux avec le troupeau. Cela leur assignait leur place et leur importance relative, le troupeau étant plus important que les surveillants du troupeau. Mais eux, les anciens, ne devaient pas surveiller par contrainte. Le danger n’était pas ici ce qu’il est devenu dans les assemblées des nations: de s’attribuer une place à part au-dessus du troupeau, triste caractéristique de tout clergé, mais de considérer leur tâche comme imposée et non volontaire, et de perdre ainsi le bénéfice de libre dévouement pour le Seigneur et son troupeau. Pierre avait appris cela pour lui-même quand, humilié et restauré, il avait reçu le soin du troupeau comme signe de confiance spéciale du Seigneur qui le lui donnait à paître.

Il pouvait y avoir, dans le cœur de ces anciens, d’autres sentiments que celui de la contrainte. Ils pouvaient remplir leurs fonctions pour le gain. Le gain est qualifié ici de honteux (voyez Tite 1:11) et le sera toujours quand il sera, non pas seulement le but, mais un motif quelconque du service. Les choses honteuses doivent nous faire rougir et nous voiler la face, tant elles sont incompatibles avec le service du Seigneur. Je n’entends nullement dire ici: incompatibles avec les droits du chrétien dans ce service. La troisième chose est ce que Pierre appelle: «dominer sur des héritages». Il veut dire: Comme des hommes dominant sur les héritages qui leur appartiennent, en considérant les saints comme leur possession. Au lieu de cette attitude, les anciens devaient être les modèles du troupeau, lui donnant l’exemple d’une vie de soumission, d’obéissance, de sainteté, de confiance, qualités qui distinguent des brebis accoutumées à suivre, non pas les anciens, mais le souverain Berger qui les conduit. Tout cela nous est dit en vue de la manifestation future du Souverain pasteur. L’ancien lui-même se contente de servir le troupeau sans récompense immédiate, mais porte les yeux en avant vers le moment de la manifestation future de Christ. Lui-même n’est qu’un pasteur, avec beaucoup d’autres, auxquels des couronnes et des récompenses seront données; mais sa récompense sera une couronne qui n’est pas assimilable aux couronnes temporelles, car rien ne pourra jamais lui ravir cet ornement glorieux qui ne se flétrira jamais!

 

Pareillement, vous, jeunes gens, soyez soumis aux anciens; et tous, les uns à l’égard des autres, soyez revêtus d’humilité; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles. Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand le temps sera venu, rejetant sur lui tout votre souci, car il a soin de vous. (v. 5-7)

L’apôtre s’adresse maintenant aux jeunes gens qui, sous la conduite des anciens, constituent le troupeau. Ils doivent être soumis aux anciens qui (v. 3) ne doivent pas les dominer. Une telle habitude mutuelle nous garde dans l’humilité (Prov. 3:34), et c’est notre seule attitude dans ce monde. La main qui est sur nous est puissante (Jacq. 4:6). Notre part, ici-bas, est de le reconnaître, de n’aspirer à aucune autre place, avant que le temps ne soit venu, mais il viendra. Tout cela, en rapport avec la pensée capitale de l’épître. En attendant, nous marchons en avant chargés de soucis vers un but que nous n’avons pas atteint. Quel fardeau, direz-vous! Mais non, bien au contraire, entièrement libres de tout souci, puisqu’Il nous autorise à le rejeter tout entier sur Lui. Quelle liberté! Nous avons la conscience qu’Il a soin de nous, et nous sommes remplis d’une espérance qui ne peut nous tromper!

 

Soyez sobres, veillez; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer. Résistez-lui, étant fermes dans la foi, sachant que les mêmes souffrances s’accomplissent dans vos frères qui sont dans le monde. Mais le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus, lorsque vous aurez souffert un peu de temps, vous rendra lui-même accomplis, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur un fondement inébranlable. À Lui la gloire et la puissance, aux siècles des siècles! Amen. (v. 8-11)

«Soyez sobres, veillez!» Que de choses dans ces deux mots! Ne les retrouve-t-on pas continuellement dans les épîtres, et particulièrement dans celle-ci? Sobres: ne pas nous laisser enivrer par les attraits du monde qui nous entoure. Si nous goûtons à ce que le monde nous offre, la juste appréciation des choses de Dieu, de la Parole, de la personne de Christ, nous manquera. Nos cœurs sont ouverts à toutes les tentations; nous avons prêté l’oreille aux insinuations du serpent, toujours prêt à nous séduire. Mais notre adversaire a d’autres armes à sa disposition. Il cherche à dévorer. Notre Sauveur bien-aimé eut affaire au commencement de sa carrière avec le serpent, à la fin, avec le lion rugissant qui ne put, ni le séduire, ni l’épouvanter.

Ce que nous avons à faire, c’est: Résistez-lui! Le vainqueur de Satan est avec nous; il a combattu pour nous; mais notre combat est basé sur sa victoire. Notre foi nous assure que cette victoire est déjà remportée et ainsi nous sommes plus que vainqueurs dans Celui qui nous a aimés. «Sachant que les mêmes souffrances s’accomplissent dans vos frères qui sont dans le monde». On voit ici que le combat avec l’Adversaire appartient à ce groupe si nombreux de souffrances qui attendent le chrétien dans son pèlerinage. Ces souffrances «s’accomplissent dans nos frères qui sont dans le monde». Pierre se représente ces chrétiens juifs comme étant près d’arriver au terme de la course, tandis que leurs frères n’en sont pas encore là, mais traversent le combat et ce qui y appartient, alors qu’eux sont sur le point d’entrer dans le repos. Il les a pour ainsi dire suivis pas à pas jusqu’au repos définitif. On voit qu’il considère ces chrétiens comme n’ayant plus à souffrir qu’un peu de temps. Le Dieu de grâce les a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ Jésus, mais jusque-là Pierre ne suppose pas que résister à Satan puisse être autre chose qu’une souffrance. Seulement, jusqu’à ce qu’ils aient atteint cette gloire, le Seigneur fera bien des choses à leur égard: 1° Il les rendra Lui-même accomplis. Lui seul peut faire cette œuvre; Dieu les rendra semblables à Christ en tout point. Selon Paul, nous sommes accomplis en Lui; selon Pierre nous atteindrons la perfection au bout du voyage; elle est devant nous comme but à atteindre. 2° Il les affermira, ils pourront tenir ferme. 3° Il les fortifiera. Alors, il ne s’agira plus de marcher de force en force. La force sera complète. 4° Il les établira sur un fondement inébranlable. Ils auront enfin atteint Celui en qui il ne peut y avoir d’insécurité, de changement, d’ébranlement quelconque, le Rocher des siècles, sur lequel ces pauvres pèlerins seront désormais établis pour l’éternité.

Devant un tel tableau de gloire future où nous aurons enfin atteint le but parfait dans la personne de Christ, la doxologie sort de nouveau abondante pour s’épanouir dans l’éternité. «À Lui la gloire et la puissance, aux siècles des siècles! Amen» (cf. 4:11).

 

Je vous ai écrit brièvement par Silvain, qui est un frère fidèle, comme je le pense, vous exhortant et attestant que cette grâce dans laquelle vous êtes est la vraie grâce de Dieu. Celle qui est élue avec vous à Babylone, vous salue, et Marc, mon fils. Saluez-vous les uns les autres par un baiser d’amour. Paix soit à vous tous qui êtes en Christ! (v. 12-14)

Pour l’apôtre, cette lettre serait plutôt brève par son sujet que par ses dimensions: Obéir, suivre la marche chrétienne, faire le bien et souffrir en suivant les traces de Christ dans un monde où nous ne possédons rien; avancer vers le ciel sans y rien avoir, comme part actuelle, qu’une espérance; suivre Jésus, plein de confiance, sans l’avoir atteint, tel est son sujet.

Silvain portait cette lettre et ces exhortations qui attestaient que la grâce dans laquelle se trouvait ce Résidu souffrant, pauvre, méprisé, était la vraie grâce de Dieu! Quelle assurance les paroles de l’apôtre devaient communiquer à ces témoins persécutés! Surtout qu’ils n’aillent pas retourner en arrière, puisqu’ils possédaient la vraie grâce de Dieu, celle dans laquelle toute la pensée du Dieu de vérité et d’amour se trouvait résumée! Ils n’avaient qu’à continuer, ils allaient atteindre cette grâce elle-même dans la personne du Sauveur! — La femme élue de Pierre les saluait ainsi que son fils Marc. Quelle communion entre eux tous, les dispersés! Paix à vous tous qui êtes en Christ! C’est la première fois que cette locution, si familière à l’apôtre Paul, soit mentionnée pour désigner ces chrétiens. Toute l’épître se termine par la paix.