1 Pierre

Chapitre 4

Christ donc ayant souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette même pensée, que celui qui a souffert dans la chair s’est reposé du péché, pour ne plus vivre le reste de son temps dans la chair pour les convoitises des hommes, mais pour la volonté de Dieu. Car il nous suffit d’avoir accompli, dans le temps déjà écoulé, la volonté des nations, alors que nous marchions dans la débauche, les convoitises, l’ivrognerie, les excès dans le manger et le boire et les criminelles idolâtries, en quoi ils trouvent étrange que vous ne couriez pas avec eux dans le même bourbier de corruption, vous disant des injures; et ils rendront compte à Celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. Car c’est pour cela qu’il a été évangélisé à ceux aussi qui sont morts, afin qu’ils fussent jugés, selon les hommes, quant à la chair; et qu’ils vécussent, selon Dieu, quant à l’Esprit. (v. 1-6)

Après la digression des versets 19 à 22 du chapitre 3, l’apôtre revient au fait, mentionné au v. 18, que Christ a été mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit. La première vérité donc à laquelle notre verset 1 se rattache, c’est que Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort en chair. Christ a donc souffert pour nous dans la chair, jusqu’à la mort, mais nous avons à nous armer de cette pensée que celui qui a souffert dans la chair s’est reposé du péché. Ce principe est vrai pour Christ et pour nous. Ce qui n’est vrai que pour Christ, c’est qu’il a souffert pour nos péchés et s’en est reposé après s’en être chargé dans sa chair, sans trace de péché. Ce qui est vrai pour nous, c’est que la souffrance dans la chair à laquelle le péché s’attache étant terminée, nous en avons fini avec le péché. Les souffrances sont pour nous un moyen de délivrance du péché qui sera dans notre chair jusqu’au bout, mais qui ne s’attaquera pas de préférence à un homme trop absorbé par ses souffrances pour être tenté de chercher sa distraction dans le péché. Dans ce sens nous nous en sommes reposés, tandis que Christ s’en est reposé en l’abolissant pour d’autres. Le verset 2 nous prouve que c’est bien là le sens du passage. Le repos ne peut être que partiel pour nous, mais il sera d’autant plus complet que la souffrance nous amène à ne plus vivre le reste de notre temps dans la chair, pour les convoitises auxquelles les hommes sont liés par Satan. Nous comprenons, puisque, à la suite de la souffrance, cet ennemi ne peut plus nous séduire, comme par le passé, que nous devons obéir à une autre volonté que la sienne, à celle de Dieu. Quelle heureuse condition pour le chrétien que celle des souffrances!

Ne suffit-il pas d’avoir suivi dans le temps passé (toute l’histoire d’Israël le prouve), la volonté des nations au lieu de celle de Dieu, et voudrions-nous recommencer? Remarquez qu’il ne parle pas ici de suivre la volonté du peuple juif incrédule, mais celle des nations qui les entouraient avec toute leur débauche. Les nations, voyant que ces chrétiens s’étaient séparés du judaïsme, pouvaient se faire illusion en pensant que ces convertis allaient marcher avec elles. Elles trouvaient étrange leur abstention de ces mauvaises mœurs et les injuriaient. De cette manière, ils souffraient de tous côtés. C’est ainsi que, de plus en plus, la question des souffrances du chrétien est mise en lumière dans cette épître. Mais ceux des nations auraient à rendre compte, devant le Dieu juge, de leurs injures proférées contre les chrétiens. Vivants ou morts, lors de l’apparition du Seigneur ou devant le grand trône blanc, ils auront affaire au jugement divin. Mais l’apôtre revient à ce qu’il a dit précédemment. Lors du déluge, ceux qui ont péri dans ce jugement avaient été évangélisés par les quelques-uns que la grâce avait épargnés. Là leur sort avait été fixé, car il y avait pour eux cette alternative: ou le jugement attiré sur les hommes par leur condition dans la chair, ou bien la vie selon Dieu par l’Esprit d’un Christ mort et ressuscité.

 

Mais la fin de toutes choses s’est approchée; soyez donc sobres, et veillez pour prier; mais, avant toutes choses, ayant entre vous un amour fervent, car l’amour couvre une multitude de péchés; étant hospitaliers les uns envers les autres, sans murmures. Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu. Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu; si quelqu’un sert, qu’il serve comme par la force que Dieu fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ, à qui est la gloire et la puissance, aux siècles des siècles! Amen. (v. 7-11)

La mention du déluge conduit l’apôtre à annoncer un événement bien autrement important et tragique que celui-là: «La fin de toutes choses s’est approchée». Quelle attitude doivent avoir les chrétiens devant l’imminence de cet événement? Être sobres. Éviter tout enivrement des choses du monde dont une partie vient d’être décrite aux versets 3 et 4. De toutes ces choses qui doivent se dissoudre et dont l’apôtre déclare dans sa seconde épître qu’il ne restera rien, même des choses les plus aimables, les plus nobles et les plus attractives en apparence, vaut-il la peine de se préoccuper, si rien n’en pourra subsister? Le sommeil spirituel, fruit de la mondanité, est ce qui nous expose le plus au danger d’être séduits par ces choses: Veillons donc. Mais à quoi doivent s’employer nos veilles? Aux prières. L’objet que la prière met constamment devant nos yeux, ce ne sont pas seulement nos besoins, c’est avant tout Dieu lui-même, c’est la personne du Seigneur Jésus, notre Sauveur bien-aimé. La prière est donc un moyen d’échapper aux attractions du monde. Mais il y a un remède préventif plus important encore, c’est la pratique de l’amour: «Avant toutes choses, ayant entre vous un amour fervent»: l’amour entre les frères. Heureuse position! D’un côté une vie d’intimité avec Dieu, de l’autre la pratique de l’amour. Et pourquoi ce dernier? L’amour nous garde; l’amour couvre la multitude des péchés de nos frères, comme il recouvre de leur part les nôtres. N’est-ce pas ce que l’amour de Christ a fait envers nous? Nous trouvons cette même pensée en Jacques 5:20.

L’amour se montre de bien des manières dans la pratique: l’hospitalité mutuelle, l’absence de plainte d’être dérangé ou mis à contribution en exerçant cette hospitalité. Remarquez cette entrée dans le détail de la vie pratique qu’on retrouve si largement à la fin de l’épître aux Hébreux (chap. 13:2, etc.). Il y avait sans doute une cause spéciale à ces exhortations: les frères hébreux étaient pauvres, ayant été dépouillés de leurs biens, et l’on voit dans les épîtres de Paul à quel degré! Tout cela touchait à leurs relations d’amour les uns envers les autres.

Il en est de même des dons de grâce reçus au milieu des saints. Ils doivent être «employés par eux les uns pour les autres». La grâce est variée, mais nous en sommes les dispensateurs. Nous avons donc à prendre garde comment et pour qui nous l’employons.

Au v. 11, l’apôtre continue à entrer dans les détails du service. Il ne faut pas que celui qui parle, parle de lui-même ou pour lui-même. S’il en était ainsi, il ferait mille fois mieux de se taire. Quelle leçon pour ceux que Dieu appelle à prêcher! C’est Dieu qui doit parler par notre bouche. Il n’est pas question ici d’inspiration, mais d’une action de l’Esprit de Dieu, complètement indépendante des facilités ou des talents humains. Tel était l’apôtre Paul, en dehors de l’inspiration (1 Cor. 2:1-5).

Même dans le service, nos propres forces naturelles ne sont rien. Il faut que ce soit «la force que Dieu fournit» qui soit à la base de toute notre activité pour le Seigneur. Il y a donc deux choses dans ce domaine: la Parole et le Service. Cela met l’homme entièrement de côté. De cette manière seulement Dieu est glorifié en toutes choses par Jésus Christ qui est dans le ciel, mais que ses serviteurs représentent ici-bas. Cette exhortation rappelle en abrégé celle de Rom. 12:9-21.

Après ces paroles, nous trouvons ce que les hommes appellent une doxologie, ou «discours de gloire». Le cœur, saisi par la puissance de ce qu’il vient de présenter, remonte en accents de louanges vers Celui qui en est la source et se perd dans la contemplation de ses gloires éternelles: «À Jésus Christ est la gloire et la puissance, aux siècles des siècles. Amen!» Combien il est à désirer que nos cœurs, s’oubliant eux-mêmes, soient plus souvent emportés par la contemplation d’un tel objet! Outre cet exemple, le Nouveau Testament nous en présente d’autres. Le premier en Rom. 11:36: «Car de Lui, et par Lui, et pour Lui, sont toutes choses! À Lui soit la gloire éternellement! Amen». — Le second en Éph. 3:20, 21: «Or, à Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous, à Lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles! Amen». Le troisième en Apoc. 1:6: «À Lui la gloire et la force aux siècles des siècles! Amen». Le quatrième est en 1 Pierre 5:11: «À Lui la gloire et la puissance, aux siècles des siècles! Amen». C’est par cette louange glorieuse que se terminent dans l’Ancien Testament les quatre premiers livres des Psaumes qui ont porté nos pensées vers les souffrances de Christ et vers les gloires qui devaient les suivre. Voici ces passages:

«Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, de l’éternité jusqu’en éternité! Amen, oui, Amen!» (Ps. 41:14).

«Béni soit l’Éternel, Dieu, le Dieu d’Israël, qui seul fait des choses merveilleuses! Et béni soit le nom de sa gloire, à toujours; et que toute la terre soit pleine de sa gloire! Amen! oui, Amen! (Ps. 72:18, 19).

«Béni soit l’Éternel, pour toujours! Amen, oui, Amen! (Ps. 89:53).

«Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, de l’éternité jusqu’en éternité! et que tout le peuple dise: Amen! Louez Jah!» (Ps. 106:48).

 

Bien-aimés, ne trouvez pas étrange le feu ardent qui est au milieu de vous, qui est venu sur vous pour votre épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire; mais en tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport. Si vous êtes insultés pour le nom de Christ, vous êtes bienheureux, car l’Esprit de gloire et de Dieu repose sur vous: [de leur part, il est blasphémé, mais quant à vous, glorifié]. Mais que nul de vous ne souffre comme meurtrier, ou voleur, ou comme faisant le mal, ou s’ingérant dans les affaires d’autrui; mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait pas honte, mais qu’il glorifie Dieu en ce nom. (v. 12-16)

L’apôtre revient aux souffrances qu’il considère dans cette épître sous toutes leurs faces. Ici, elles sont envisagées comme le feu ardent de l’épreuve. Ils n’avaient pas à les tenir comme une chose extraordinaire, car ils ne devaient pas oublier qu’elles étaient pour eux une part aux souffrances de Christ. On pouvait donc trouver ces deux choses dans les mêmes souffrances: l’épreuve et la communion des souffrances de Christ. Ces chrétiens pouvaient donc se réjouir tant qu’elles avaient ce dernier caractère; mais quelle sera leur joie, quels seront leurs transports quand eux, son peuple, auront atteint la révélation de Sa gloire! Remarquez que cette révélation, ils ne l’avaient pas plus atteinte que le salut qui, dans cette épître, reste un salut d’âmes, comme au chap. 1. Mais, loin de nous estimer pauvres et dénués de tout, cela nous suffit, notre avenir étant parfaitement assuré. Si nous avons des souffrances maintenant, nous avons la certitude de transports de joie quand la gloire sera manifestée!

Insultés pour ce nom précieux et magnifique, nous sommes bienheureux. On voit que le bonheur n’est nullement troublé par le fait que la souffrance est une épreuve. La souffrance pour Christ est une source de bonheur spéciale, car elle est la preuve que l’Esprit de gloire et de Dieu repose sur nous.

On peut envisager, ce qui est tout autre chose, la souffrance comme une punition de nos mauvaises actions. L’apôtre en cite quatre exemples dont le dernier, quelque peu différencié des premiers, est qualifié de ce terme: «s’ingérer dans les affaires d’autrui». C’est le caractère d’un homme qui prétend avoir un droit de contrôle sur les affaires privées des autres qui ne le regardent en rien. Un caractère pareil est haïssable et dénote une appréciation charnelle de la dignité chrétienne, absolument étrangère à l’humilité et à la grâce.

L’apôtre oppose à de telles prétentions nos souffrances comme chrétiens. Il n’y a que deux autres cas où le chrétien soit revêtu de ce titre (Act. 11:26; 26:28). Doit-il en avoir honte? Bien au contraire. C’est la gloire de Dieu que nous soyons appelés à le glorifier dans ce nom merveilleux!

 

Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu; mais s’il commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu? Et si le juste est sauvé difficilement, où paraîtra l’impie et le pécheur? Que ceux donc aussi qui souffrent selon la volonté de Dieu, remettent leurs âmes en faisant le bien, à un fidèle Créateur. (v. 17-19)

N’oublions pas, en nous occupant des souffrances, qu’elles sont aussi la preuve du jugement qui tombe en premier lieu sur la maison de Dieu. L’apôtre ajoute ici cette pensée du jugement sur nous qui l’a déjà occupé. Mais quelle sera la fin de ceux qui désobéissent à l’Évangile de Dieu? L’obéissance ou la désobéissance sont toujours ce qui caractérise dans cette épître le chrétien ou le monde. Et si le juste, chrétien juif auquel il parle, est sauvé difficilement, comme le sera le Résidu futur d’Israël dans la grande tribulation, où paraîtra l’impie et le pécheur? Voilà le cycle complet des souffrances parcouru dans cette épître: Souffrances de Christ en rédemption, en sympathie, en vertu de sa perfection absolue; souffrances endurées par ceux qui le suivent, mais aussi comme épreuve et comme discipline; souffrances tombant enfin sur les impies et les pécheurs.

Il faut donc que les chrétiens qui souffrent, de quelque manière que ce soit, selon la volonté de Dieu, lui remettent leurs âmes comme à un Dieu fidèle qui, dès le commencement, a ordonné toutes choses, en sorte qu’elles nous amènent finalement à ressembler à Christ dans toute notre marche. Cette marche se résumait pour Christ et doit se résumer pour nous par deux seules paroles: «Il a passé de lieu en lieu, faisant du bien» et: «Il a souffert».